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La crise ukrainienne
Les États-Unis alimentent la crise ukrainienne et l’insécurité en Europe
Les États-Unis alimentent une crise en Ukraine dans le but de pousser la Russie à voir jusqu’où elle est prête à aller, à déstabiliser l’Europe et, dans son imagination, à contrôler l’Asie.
Depuis décembre 2021, l’administration Biden affirme qu’un mouvement des forces russes en Ukraine aurait des « conséquences graves ». Elle s’empresse d’ajouter qu’elle n’a pas de conséquences militaires à l’esprit mais des « conséquences économiques comme il (Poutine) n’en a jamais vues », comme l’a dit Joe Biden. Pourquoi les États-Unis pensent que de telles conséquences seront plus dommageables que les sanctions qu’ils ont imposées dans le passé, Joe Biden ne dit pas.
Les principales conséquences économiques évoquées publiquement jusqu’à présent comprennent, entre autres, des sanctions contre les institutions bancaires russes, l’arrêt de la distribution du gaz de Nord Stream 2 vers l’Europe avant même qu’elles ne commencent et même la coupure de l’accès de Moscou au système international de messagerie interbancaire SWIFT (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunications). SWIFT est utilisé par les banques et autres institutions financières pour envoyer et recevoir rapidement, précisément et en toute sécurité des informations, comme des instructions de transfert d’argent. En 2018, environ la moitié de tous les paiements internationaux de valeur élevée dans le monde ont utilisé le réseau SWIFT.
Bien que les sanctions causent beaucoup de problèmes à la Russie, elles causent encore plus de problèmes aux États-Unis. Elles ont amené la Russie à trouver des solutions de rechange et les pays européens à protester contre l’ingérence dans leurs relations avec des pays qui, selon les États-Unis, ils ne sont pas autorisés à avoir.
Les États-Unis font tout leur possible pour perturber la coopération économique entre les pays européens et la Russie, ainsi qu’avec l’Iran et d’autres pays, afin de contrôler l’Europe tout en entraînant la Russie dans tous les conflits imaginables. Les États-Unis ont saboté l’accord sur le nucléaire iranien et, dernièrement, l’accord de plusieurs milliards de dollars sur les sous-marins entre la France et l’Australie. Le soutien des États-Unis au retrait britannique de l’UE est un autre exemple. Les États-Unis exercent également des pressions pour obliger l’Europe à renoncer aux approvisionnements en gaz naturel de la Russie et à s’appuyer sur le gaz naturel liquéfié des États-Unis dont le coût est plusieurs fois supérieur.
Les États-Unis veulent empêcher l’Europe de se renforcer en ayant accès aux ressources là où elle le souhaite. Ils préféreraient que l’Europe s’appuie uniquement sur les États-Unis. Cependant, l’Allemagne, la France et d’autres pays européens, ainsi que l’Europe en tant qu’entité, se disputent le contrôle des sources de matières premières et de main-d’oeuvre bon marché, des marchés et des zones d’exportation de capitaux et des zones d’influence.
Les Européens paient déjà près de cinq fois ce qu’ils payaient l’an dernier pour le gaz naturel à cause des pressions exercées par les États-Unis pour que l’Europe ne conclue pas de nouveaux contrats à long terme pour l’approvisionnement en gaz en provenance de Russie. La fermeture totale du gazoduc Nord Stream 2 se heurte à des résistances, car cela nuirait non seulement à la société russe Gazprom, mais aussi à Shell, Engie, OMV et à d’autres monopoles pétroliers et gaziers européens qui ont fortement investis dans ce projet.
Les États-Unis ont étudié les moyens de couper les banques russes du réseau SWIFT. Les conséquences d’une telle exclusion sont considérables, mais là encore, l’autoritarisme des États-Unis se heurte à une nouvelle façon de faire les choses, comme les systèmes de paiement alternatifs mis en place par la Russie et la Chine, qui ne sont pas soumis à un contrôle des pays occidentaux.
Le quotidien économique allemand Handelsblatt a récemment cité des sources gouvernementales allemandes affirmant que l’exclusion du réseau SWIFT est maintenant écartée, car elle déstabiliserait les marchés financiers mondiaux. Le Conseil national de sécurité de la Maison-Blanche a toutefois rapidement rejeté l’article du Handelsblatt en déclarant : « Aucune option n’est exclue. Nous continuons de consulter très étroitement nos homologues européens sur les conséquences graves pour la Russie si elle envahit à nouveau l’Ukraine », indique Reuters.
On dit que toute action est provoquée par un motif. Les États-Unis ont des motifs clairs, qui servent des intérêts privés étroits, pour leurs actions qui alimentent le conflit avec la Russie à ses frontières. De plus, le vieil adage selon lequel qui contrôle l’Europe domine l’Asie appartient à une époque révolue. Les États-Unis n’ont pas encore saisi le fait que la Chine, la Russie et d’autres pays se tiennent debout et ont des intérêts propres qui ne s’accordent pas avec la soumission aux États-Unis. Seul le Canada se plie aux exigences des États-Unis parce qu’il est intégré dans leur économie de guerre.
(Le Marxiste-Léniniste, affiché le 25 janvier 2022)