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Les travailleurs parlent de leurs réalisations en 2021 et de leurs défis pour la nouvelle année
Les soins de santé
– Nathalie Savard, présidente du Syndicat des intervenantes et des intervenants de la santé du Nord-Est québécois (SIISNEQ) –
Le SIISNEQ-CSQ représente les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de la Côte-Nord et du Nord-du-Québec. L’année 2021 a été assez occupée et difficile. On a travaillé beaucoup à s’occuper de ceux qui soignent, donc de nos membres. On doit prendre soin d’eux si on veut prendre soin de la population et les employeurs ont une grande responsabilité à ce sujet. Les conditions de travail sont très difficiles.
Le fait d’avoir créé de gros établissements de santé, et nous on couvre toute la Côte-Nord qui forme un seul employeur, a déshumanisé les soins. Au lieu d’être considérés comme des personnes humaines, nous sommes comme des matricules avec nos numéros d’employés, et dépendamment des quarts de travail, tu travailles à Baie-Comeau, en Minganie, à Chibougamau, etc. Nos conventions collectives ont été mises de côté à cause des arrêtés ministériels du premier ministre François Legault et compagnie. Ils se sont donnés le droit de tout faire, du déplacement de personnel, mettre des gens qui étaient à temps partiel pour des raisons familiales à temps complet, etc . On a eu à se battre beaucoup contre cela et en même temps on a eu à négocier une convention collective nationale qui était échue, pendant cette pandémie où il était difficile d’aller voir les gens et de mobiliser les membres.
En même temps, on se bat aussi au niveau social pour s’assurer que les soins de santé dans notre région demeurent des soins de proximité, de qualité et accessibles à tous. C’est important d’avoir des soins de santé dans les dispensaires un peu partout. Avec la fusion des CISSS (Centres intégrés de santé et de services sociaux) cela a été difficile. Il y aussi le problème de la pénurie de personnel, cela n’a pas été facile.
En 2022, on souhaite que la pandémie va être derrière nous, mais avec le début de l’année on n’a eu que des défis avec le variant Omicron dans nos régions. Sur la Côte-Nord et dans le Nord-du-Québec, lors des vagues précédentes il y avait eu peu ou pas de cas de COVID. Et maintenant il y en a beaucoup et quand on a déjà de la difficulté à gérer le quotidien cela devient très difficile avec tout ce qu’on vit.
Ce qu’on a comme priorité depuis avant les Fêtes c’est la santé et la sécurité au travail de notre personnel. On le voit partout, il y a 15 000 membres du personnel de la santé au Québec qui ont contracté la COVID. Nous avons eu des rencontres avec le gouvernement récemment et nous avons clairement indiqué que pour garder nos gens et amener des gens dans le réseau, la priorité c’est la santé et la sécurité au travail. Cela fait longtemps qu’on demande que les membres qu’on représente travaillent avec des masques N95. La COVID-19 se propage de façon aérienne et les masques de procédure ne sont pas suffisants. Nos hôpitaux sont vieux, tout ce qui est système de ventilation n’est pas adéquat pour protéger le personnel de la santé. On a revendiqué que les masques N95 soient fournis, que les uniformes soient fournis et lavés, que les employeurs remplissent tout de suite les demandes au niveau de la CNESST. On a dû se battre sur cette question aussi parce que les employeurs disent aux gens de partir en congé de maladie au lieu de les mettre en CNESST. Nos femmes enceintes, nos personnes immunosupprimées, il faut encore se battre pour les sortir du milieu.
On part de loin. On veut protéger les membres du personnel, s’assurer que nos gens demeurent dans le réseau de la santé, rapatrier dans le réseau public les gens de la main-d’oeuvre indépendante, avoir des soins de santé gratuits et égaux pour tout le monde. Un de nos grands défis dans nos régions cette année sera de lutter pour garder nos services publics de proximité.
Il faut que le système de santé soit humain mais les changements qui ont été faits rendent cela difficile. Par exemple nos PDG avant venaient de la région et défendaient notre système de santé et les gens – les citoyens – qui y habitent. Maintenant ils viennent souvent de l’extérieur de nos régions.
Il va falloir s’unir, se battre et se battre en société, côte-à-côte avec les maires, les préfets, les députés, les citoyens de nos régions pour défendre notre système de santé et les services de proximité. Quand on entend le gouvernement du Québec parler de notre réseau de la santé, on se dit que peut-être il est en train de le détruire pour mieux le vendre et ce serait terrible pour les citoyens du Québec.
(Forum ouvrier, affiché le 25 janvier 2022)