Fête du Travail 2019
Ontario
Toronto
Des milliers de travailleurs ont participé à la marche annuelle de la Fête du Travail à Toronto. Le mot d’ordre de l’événement, organisé par le Conseil du travail de la région de Toronto et de York, était « Organiser, éduquer, résister ! » en réponse à l’offensive antisociale du gouvernement conservateur de Doug Ford menée contre les travailleurs et la société.
Les travailleurs de plusieurs secteurs ont fait connaître leurs préoccupations. La section locale 113 du Syndicat du transport uni, qui représente 12 000 travailleurs du transport en commun, a exigé l’abrogation de la loi 107 du gouvernement Ford qui vise à privatiser le système de transport public de Toronto. Les enseignants et les travailleurs de l’éducation de la Fédération des enseignantes-enseignantes des écoles secondaires de l’Ontario (FEESO), l’Association des enseignantes et des enseignants catholiques anglo-ontariens (OECTA) et la Fédération des enseignantes et des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario ont fortement dénoncé les compressions du gouvernement Ford en éducation en Ontario et se sont engagés à intensifier leur résistance.
Les travailleurs des bibliothèques de Toronto organisés sous la bannière de la section 4948 du Syndicat canadien de la fonction publique ont dénoncé l’introduction de « succursales sans personnel » qui élimine le facteur humain dans les services bibliothécaires. Deux succursales de Toronto fonctionnent déjà « sans personnel » en dépit de l’opposition du personnel et du public.
L’Alliance des travailleurs migrants pour le changement a mis en lumière la politique raciste d’immigration de l’État canadien qui continue de nier les droits fondamentaux des travailleurs migrants en santé et en éducation, les oblige à travailler dans des emplois non sécuritaires et mal payés et leur nie le droit de rester au Canada.
L’humeur des travailleurs à vouloir changer la situation s’est reflétée dans leur enthousiasme à recevoir la déclaration de la Fête du travail du Centre ouvrier du Parti marxiste-léniniste du Canada intitulée « Défendons la dignité du travail ! Défendons les droits de tous et toutes ! »
Hamilton
Des milliers de travailleurs ont participé à la marche de la Fête du Travail à Hamilton en Ontario. Avec bannières et pancartes, les travailleurs ont défendu leur droit à des conventions collectives négociées, à la sécurité à la retraite et à la justice pour tous et toutes.
L’événement annuel a été perturbé lorsque le premier ministre Trudeau a tenté de se joindre à la manifestation à la suite d’une invitation lancée par un des syndicats. Les travailleurs de Hamilton ne sont pas portés à percevoir Trudeau comme un ami des travailleurs. Ils ne pensent pas que celui-ci puisse s’immiscer comme bon lui semble dans un tel événement et tenter de faire oublier sa longue liste d’engagements non respectés de la dernière élection ni les actions antiouvrières de son gouvernement, tel que la criminalisation des postiers en novembre dernier par une loi interdisant leurs grèves rotatives. Un mur humain s’est rapidement formé pour empêcher Trudeau de se joindre à la marche quand elle allait débuter.
Les défenseurs de Grassy Narrows ont soulevé le problème de l’intoxication au mercure de leurs eaux et exigé que quelque chose soit fait pour résoudre le problème et faire en sorte que les responsables du désastre et des décennies d’inaction qui ont suivi rendent des comptes. Des activistes antiguerre locaux et d’autres activistes se sont joints au mur humain pour bloquer Trudeau avec leurs bannières et leurs pancartes. Des membres du Syndicat canadien de la fonction publique ont confronté Trudeau et exigé un règlement juste et rapide de la convention collective de ses 140 000 membres, dont plusieurs ont été victimes de la débâcle du système de paie Phénix. La colère de plusieurs à la présence de Trudeau à la marche de la Fête du Travail de Hamilton était telle que le premier ministre a été obligé de se retirer du site de rassemblement avant que la parade ne commence pour ensuite s’y faufiler plus tard après que tous les contingents aient quitté le lieu du départ.
Les activistes du PMLC ont distribué la déclaration du Parti pour la Fête du Travail à tous les contingents participant à la parade et elle a été bien accueillie.
Windsor
Au début de la période de discours après que la parade de la Fête du Travail soit arrivée à Fogolar Furlan, où a lieu le pique-nique annuel, le président de la section locale 444 d’Unifor, Dave Cassidy, a annoncé à la foule que Nemak a décidé de fermer son usine d’aluminium de Windsor en 2020, plutôt que de respecter sa convention collective avec les travailleurs qui prévoit que l’usine restera ouverte au moins jusqu’en 2022. En réponse à cette violation de la convention., Cassidy a annoncé que les travailleurs et la direction du local 200 ont pris le contrôle de l’usine. « Nous avons pris possession de la technologie, des matériaux, de l’outillage. Nemak a une dette envers nous », a-t-il dit aux applaudissements des participants dont plusieurs avaient le poing levé.
Tout de suite après les discours, de nombreux travailleurs de sections locales d’Unifor et d’autres syndicats se sont dirigés vers l’usine d’aluminium de Windsor dans la partie ouest de la ville pour aller appuyer la ligne de piquetage des travailleurs de Nemak.
Pendant la dernière semaine du mois d’août, les membres de la direction nationale d’Unifor et les dirigeants de la section 200 se sont rendus au Mexique pour rencontrer le PDG de la compagnie Armando Tamez pour essayer de faire renverser la décision de fermeture prématurée. Com me il semblait que la réunion n’allait rien donner, Unifor a décidé d’entrer en action afin de faire pression sur la compagnie. Les travailleurs ont mis des chaînes aux portes de l’entreprise et sur la machinerie à l’intérieur de l’usine et le syndicat a dit que personne ne pourra entrer dans l’usine et qu’aucune technologie, ou machine et aucun produit n’en sortiront. Selon le syndicat, Nemak s’est préparé à fermer l’usine en essayant d’amener des ingénieurs du Mexique pour apprendre les processus et connaître davantage la machinerie de l’usine de Windsor afin de faciliter le déplacement de la production au Mexique. L’usine emploie présentement 270 personnes, dont 170 sont des travailleurs payés à l’heure membres de la section locale 200 d’Unifor. Le syndicat fait du piquetage 24 heures sur 24 devant l’usine.
Le dirigeant de la section locale 200 d’Unifor, John D’Agnolo, a tenu une conférence de presse après avoir fait son annonce au pique-nique de la Fête du Travail : « Nous ne devrions pas être ici à l’heure actuelle. Nous devrions être en train de célébrer la Fête du Travail avec nos familles. C’est Nemak qui nous a mis dans cette situation. Nous faisons cette protestation à cause de Nemak et de sa cupidité. Réfléchissez bien à cela : en 2016, les membres ont dû prendre une décision en ce qui concerne leur avenir. La compagnie nous a proposé l’accord suivant : nous vous accordons trois nouveaux produits si vous gelez vos salaires. Les travailleurs ont ratifié cette entente et la compagnie l’a reniée. C’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui. Nos membres ne peuvent plus dormir en ce moment. Ils doivent penser à leur avenir, à comment ils vont prendre soin de leurs enfants. À quand le moment où assez, ça veut dire assez ? »
Lorsqu’on lui a demandé si cette action est légale, Jerry Dias, le président national d’Unifor a dit :
« C’est certainement aussi légal que ce qu’ils font. Nemak agit comme s’il n’existait pas de collective, alors nous agissons selon la même prémisse qu’il n’existe pas de convention collective. Nous acceptons leur version, nous acceptons qu’il n’y a pas de convention collective en place et notre action est donc totalement légale. »
Le 4 septembre, la compagnie a obtenu une injonction de la Commission des relations de travail de l’Ontario qui ordonne au syndicat de cesser son « arrêt de travail illégal ». Le 5 septembre, alors que les travailleurs refusaient toujours de reprendre le travail et d’enlever les barricades qu’ils ont dressées pour bloquer toutes les entrées de l’usine, Nemak a demandé et obtenu une ordonnance de la cour. Le juge a ordonné aux travailleurs d’obéir immédiatement à la décision de la Commission des relations de travail et a ajouté que l’accès à l’usine « ne doit pas être entravé de quelque façon et par quelque personne que ce soit ». Unifor a dit qu’il s’opposera à l’ordonnance de la cour.
Selon le syndicat, pour se préparer à la fermeture, Nemak a amené des ingénieurs du Mexique pour apprendre les processus et connaître davantage la machinerie de l’usine de pièces automobiles, afin de faciliter le déplacement de la production au Mexique.
Depuis quatre ans, Nemak a reçu 1,5 million de dollars du gouvernement provincial et 3 millions du gouvernement fédéral pour maintenir les activités à l’usine. À cela s’ajoute la subvention pouvant atteindre 1,3 million de dollars que le Conseil municipal de Windsor a approuvée en 2016 dans le cadre de son « Plan de revitalisation économique pour l’amélioration de la communauté ». La compagnie n’aurait pas touché cet argent, selon des rapports, mais elle a reçu 3 millions de dollars en vertu du même programme en 2012-2013. Le maire de Windsor Drew Dilkens, qui s’est rendu sur la ligne de piquetage des travailleurs mardi, a dit, selon le Windsor Star, que ce geste de Nemak était une « claque au visage d’un grand nombre de personnes ».
Pendant ce temps, Unifor a demandé une réunion d’urgence avec Navdeep Bains, le ministre de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique, pour discuter de la décision de la compagnie de rompre le contrat qu’elle a signé avec les travailleurs et de quitter le pays après avoir reçu des millions de dollars d’appui de tous les niveaux de gouvernement, dont une subvention fédérale de 3 millions de dollars, qui devait, selon les mots du ministre à ce moment-là, contribuer à créer « les bons emplois de la classe moyenne de l’avenir ».
Nemak est une filiale du conglomérat industriel mexicain Alfa. Son usine de pièces automobiles de Windsor fournit présentement des blocs-moteurs à General Motors, principalement à l’intention de son usine qui produit des Cadillac à Shanghai en Chine. La compagnie a indiqué qu’elle a décidé de fermer l’usine de Windsor en 2020 plutôt qu’en 2022 en raison de la baisse de la demande provenant des opérations de GM en Chine. En même temps, Unifor a souligné que Nemak a remporté une soumission pour un nouveau contrat avec Fiat Chrysler. Cependant, bien que ce soit ses travailleurs de Windsor qui aient préparé la soumission, la conception et le développement du nouveau processus de production qui est requis, la compagnie a décidé d’envoyer le travail à une usine de Monterrey au Mexique.
Nemak possède 38 usines dans 16 pays. Il a annoncé des revenus de 4,7 milliards de dollars américains en 2018. À partir de 1996, la compagnie Ford Motor d’Essex et l’usine d’aluminium de Windsor ont fonctionné comme une co-entreprise entre Ford et Nemak. Ford s’est retiré plus tard et Nemak est devenu le propriétaire des deux usines. En 2008, Nemak a fermé l’usine de pièces automobiles d’Essex, licenciant 600 travailleurs. L’usine de pièces automobiles de Windsor est la seule usine canadienne qui lui reste.
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