Visite de la ministre des Affaires étrangères en Ukraine
Le Canada joue à un jeu dangereux
La visite de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly en Ukraine est un exemple classique de servilité sans honte. Le 16 janvier, elle est partie pour une visite d’une semaine en Ukraine au milieu d’une vague de visites similaires des ministres des Affaires étrangères français et allemand et d’une délégation de sénateurs américains. Lors d’une conférence de presse qu’elle a donnée à Kiev aux côtés du premier ministre et du vice-premier ministre ukrainiens le 18 janvier, Mme Joly a déclaré : « L’objectif est de s’assurer que nous pouvons contribuer au renforcement des capacités de l’Ukraine face à la menace russe et à une nouvelle invasion de la Russie. La Russie est l’agresseur et nous devons nous assurer que nous sommes solidaires de l’Ukraine. »
Sa malhonnêteté sur la raison de sa visite ne suffisant pas, elle a tenu à préciser qu’elle parlait au nom des Canadiens et du gouvernement du Canada.
Au nom de quels Canadiens au juste ? Un bon nombre d’entre eux répondraient : « Pas en mon nom ! » Ils aimeraient que les problèmes soient réglés de manière pacifique et non violente, ce qui n’est pas la voie qu’a empruntée la classe dirigeante au Canada. Loin de voir l’OTAN s’étendre de plus en plus vers l’est et devenir une alliance belliciste qui incite activement et agressivement la lie des collaborateurs nazis en Ukraine à préparer des insurrections et des massacres dans les républiques de Donetsk et Luhansk et en Crimée pour y entraîner la Russie, ils aimeraient que le Canada se retire de l’OTAN, que tous les soldats canadiens, et en particulier les forces spéciales, rentrent au pays et que l’OTAN soit démantelée.
Avant son départ pour l’Ukraine, Mélanie Joly a déclaré dans un communiqué que la Russie mettait en péril la sécurité de toute la région et qu’il faut la dissuader de mener des « actions agressives » envers l’Ukraine. Elle a ajouté que le Canada travaillerait avec ses « partenaires internationaux » « pour faire respecter l’ordre international fondé sur des règles et préserver les droits de la personne et la dignité des Ukrainiens ».
Sa servilité envers l’OTAN et les États-Unis fait grincer les dents. L’État de droit international est fondé sur la Charte des Nations unies, et non sur les diktats émis par les États-Unis en fonction de leur propre intérêt. Alors que les États-Unis n’ont pas respecté leurs engagements envers la Russie au sujet de l’expansion de l’OTAN vers l’est, des rapports de presse indiquent que la Russie veut des assurances que l’Ukraine ne sera jamais autorisée à se joindre à l’OTAN, que les membres de l’OTAN n’auront pas de forces ou d’infrastructures permanentes basées en Ukraine et que les exercices militaires près de la frontière russe cessent.
Quant aux préoccupations concernant les droits humains des Ukrainiens dont parle le Canada, il s’agit là aussi d’une ruse. Des milliers de personnes ont perdu la vie et ont été blessées depuis 2014, il y a des dizaines de milliers de réfugiés dans la région à la suite des « révolutions de couleur » fomentées par les États-Unis et beaucoup d’autres seront massacrés si les plans des États-Unis se concrétisent.
Selon certaines informations, le Canada a également envoyé un nouveau contingent de forces spéciales pour rejoindre ses plus de 200 soldats déjà présents en Ukraine qui travaillent avec l’armée ukrainienne. Selon des « sources » citées dans les médias, les forces spéciales doivent aider à élaborer des plans d’évacuation du personnel diplomatique canadien en cas d’invasion russe, entre autres choses.
Le domaine d’expertise des forces spéciales canadiennes au moment où elles ont été envoyées dans la guerre contre l’Afghanistan était, dit-on, l’extraction d’otages. Elles ont même formé les forces spéciales ukrainiennes dans ce domaine d’expertise. Le Canada n’a jamais expliqué ce qu’il est advenu de ses forces spéciales lorsque les États-Unis ont abandonné l’Afghanistan, laissant en plan leurs partenaires et collaborateurs, et que les Ukrainiens qu’il avait formés ont dû aller secourir des collaborateurs canadiens. Peut-être qu’en mettant en place ses propres forces spéciales à l’avance, le Canada anticipe une répétition de cette situation où les États-Unis l’abandonnent une fois de plus, lui et d’autres soi-disant partenaires, et où chacun doit se débrouiller seul ?
Mélanie Joly a également annoncé que le Canada augmentait son aide financière au gouvernement ukrainien. Lorsqu’on lui a demandé si le Canada allait également fournir des armes à l’Ukraine, elle a répondu que le gouvernement discutait de la question et qu’il envisageait toujours ses options.
Voilà un gouvernement qui conclut des accords secrets avec les impérialistes américains et l’OTAN dans le dos des Canadiens. Même le Parlement, qui est devenu un canard boiteux, aussi inefficace et infructueux que possible, n’est pas au courant des décisions en matière de politique étrangère. Néanmoins, la ministre parle comme si elle représentait le peuple du Canada.
Comme elle et le premier ministre Justin Trudeau l’ont fait auparavant, Mélanie Joly a menacé la Russie et ses alliés de « conséquences graves », y compris des sanctions coordonnées, s’ils attaquent l’Ukraine, même si c’est l’OTAN qui annonce au monde entier qu’elle se prépare à attaquer la Russie et a stationné ses troupes aux frontières de la Russie. De son côté, la Russie nie avoir de telles intentions, et Vladimir Poutine exige que ce soit l’OTAN qui réduise ses troupes et ses armes dans la région.
Quel est l’objectif du Canada ? Certainement pas la paix. Mélanie Joly a déclaré que le Canada était fermement résolu à voir l’Ukraine rejoindre l’OTAN – une violation de l’engagement pris par les États-Unis envers la Russie au moment du démantèlement de l’Union soviétique. Quelques jours plus tôt, le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, a fait la même déclaration, affirmant qu’il rejetait toute proposition visant à stopper l’expansion continue de l’OTAN vers l’est ou à limiter le déploiement de troupes et d’armes dans la région.
Plus tard cette semaine, la ministre Joly se rendra en France et en Belgique pour rencontrer les ministres des Affaires étrangères d’autres pays de l’OTAN et de l’Union européenne ainsi que Jens Stoltenberg où, au nom de la « dissuasion » et même de la « désescalade », elle contribuera à la situation dangereuse déclenchée par les États-Unis et son alliance militaire agressive, l’OTAN. Les Canadiens peuvent s’attendre à de nouvelles agitations bellicistes contre la Russie. Si cela contribue à accroître les tensions et le danger de guerre, la vraie question est de savoir ce que les États-Unis et le Canada espèrent obtenir ? Quelle est leur stratégie de sortie si la Russie refuse de céder face à leur politique du bord de l’abîme ?
Le gouvernement du Canada n’a aucun mandat à cet égard de la part des Canadiens. Ce dont le gouvernement du Canada a besoin, c’est de désamorcer la situation dangereuse que les États-Unis et l’OTAN ont créée, et non de l’enflammer. Il n’y a pas d’honneur à être le serviteur des tentatives désespérées des États-Unis, qui les conduisent vers un abîme et entraînent l’humanité vers des désastres d’un genre encore jamais connu.
Exigeons que le Canada sorte de l’OTAN !
Aucune vente d’armes à l’Ukraine !
Pas de forces spéciales ou de troupes en Ukraine ou pour renforcer les forces de l’OTAN aux frontières de la Russie !
(Avec des informations d’agences de presse)
Publié le 19 janvier 2022