Pourparlers sur la sécurité entre la Russie et les États-Unis
Les pourparlers révèlent la nécessité d’être proactif pour un gouvernement anti-guerre
Les 10 et 12 janvier, des discussions de haut niveau ont eu lieu à Genève et à Bruxelles entre la Russie et les États-Unis, ainsi qu’entre la Russie et l’OTAN, sur la sécurité européenne, à la suite de la demande de la Russie d’un engagement contraignant de la part des États-Unis et de l’OTAN pour mettre fin à l’expansion de l’OTAN vers l’est.
En décembre 2021, la Russie a proposé un traité avec les États-Unis obligeant les deux parties à « coopérer sur la base des principes de sécurité indivisible, égale et non diminuée » ; à ne pas « participer ou soutenir des activités qui affectent la sécurité de l’autre partie » ; à « s’abstenir de déployer des armes nucléaires en dehors de leurs territoires nationaux et à restituer les armes de ce type déjà déployées en dehors de leurs territoires nationaux » ; et à « ne pas utiliser les territoires d’autres États en vue de préparer ou de mener une attaque armée contre l’autre partie ou d’autres actions affectant les intérêts fondamentaux de sécurité de l’autre partie »[1].
Après ces réunions, le ministre russe des affaires étrangères, Sergeï Lavrov, a dit à Sky News que « la négociatrice américaine à Genève, la sous-secrétaire d’État Wendy Sherman, a déclaré dans une entrevue qu’il s’agissait davantage d’évaluer les positions que de discuter. C’est révélateur. Nous sommes arrivés à ces pourparlers avec les positions que nous avions formulées par écrit un mois avant la réunion de Genève. Pendant ce mois, les Américains n’ont pas étudié nos propositions afin d’arriver à une position spécifique. Ils se sont limités à des questions et à des explications verbales. Nous avons dépassé ce stade. » Il a ajouté que « nous attendons une réponse écrite » mais « nous n’attendrons pas éternellement ».
Du côté des États-Unis — avant, pendant et après ces réunions — il n’y a que la fébrilité et la panique des médias monopolisés et des politiciens bourgeois : « La Russie rassemble des troupes pour attaquer l’Ukraine ! »
Le 14 janvier, la secrétaire de presse de la Maison-Blanche, Jen Psaki, a dit que les services de renseignement américains pensaient que l’« évolution des activités » de la Russie pourrait annoncer une invasion terrestre de l’Ukraine dans les 30 prochains jours. Des vidéos provenant de « sources non confirmées » montrent des chars d’assaut et autres matériels militaires russes « se déplaçant vers l’ouest » en direction de l’Ukraine. Voilà la preuve selon les médias monopolisés. Cela nous rappelle les fausses nouvelles sur les soldats irakiens tuant des bébés à la baïonnette et les « armes de destruction massive » de Saddam Hussein.
Le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, fait partie de ce choeur américain. « Nous sommes lucides sur les perspectives mais aussi sur les risques d’un nouveau conflit armé en Europe », et pourtant il n’a pas jugé bon de convoquer ne serait-ce qu’une seule fois une réunion du Conseil OTAN-Russie au cours des deux dernières années !
Pour sa part, le Canada emboîte le pas aux États-Unis. Le Canada vient de déployer un contingent du Régiment d’opérations spéciales du Canada en Ukraine, geste qu’il justifie comme s’inscrivant dans le cadre des efforts plus larges des forces armées canadiennes pour soutenir les forces de sécurité de l’Ukraine. La ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a été dépêchée en Europe pour rencontrer directement plusieurs de ses homologues européens et réaffirmer le soutien du Canada à la souveraineté et à l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Pendant ce temps, les médias monopolisés canadiens publient des titres comme « L’OTAN doit répondre au bluff de la Russie en Ukraine » et répètent avec emphase le « message de Biden à la Russie » que « si elle décide à nouveau d’utiliser la force contre l’Ukraine, cela aura de graves conséquences pour elle ».
Note
1. Projet de Traité entre les États-Unis d’Amérique et la Fédération de Russie sur les garanties de sécurité, publié par la Fédération de Russie, 17 décembre 2021.
Publié le 19 janvier 2022