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Trois ans de violence d’État contre les défenseurs de la terre des Wet’suwet’en
Victoria, 7 février 2020
Le 7 janvier 2022 a été le troisième anniversaire du premier recours à la violence d’État contre les défenseurs de la terre sur les territoires non cédés de la nation wet’suwet’en et de ses clans membres. Durant cette période, au moins 75 personnes ont été arrêtées lors de multiples raids de la GRC pour imposer le projet de gazoduc Coastal GasLink (CGL) aux Wet’suwet’en qui refusent catégoriquement de donner leur consentement à une telle activité sur leurs terres. En ce moment, le 4 janvier, les défenseurs de la terre ont entrepris une retraite stratégique d’un site utilisé par CGL en réponse à la GRC qui a clairement augmenté sa présence dans la région au début de l’année.
Dans un communiqué de presse du 4 janvier 2022, le clan Gidimt’en explique :
« Deux semaines après que les protecteurs de l’eau wet’suwet’en aient expulsé les travailleurs de Coastal GasLink et occupé un site crucial de la construction du gazoduc, les protecteurs de l’eau ont effectué un repli stratégique afin d’éviter des arrestations et des violences de la part des dizaines d’agents militarisés de la GRC. Avant une mobilisation à grande échelle de la police, les protecteurs de l’eau ont disparu dans la forêt, échappant ainsi à la violence policière et à la criminalisation. Nous nous attendons à une attaque imminente contre notre peuple dirigée par Coastal GasLink, si nous continuons d’occuper et utiliser notre yintah.
« ‘Nos guerriers ne sont pas ici pour être arrêtés. Nos guerriers sont ici pour protéger la terre et l’eau, et nous continuerons à tout prix de le faire’, a déclaré Sleydo (Molly Wickham), une dirigeante des Cas Yikh. Chaque fois que la GRC, le GISCI [Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et l’industrie], est venu faire respecter l’injonction de CGL, ils ont commis des actes violents contre nos femmes. Ils ont emprisonné nos femmes autochtones et nos guerriers. Nous ne laisserons pas les nôtres être des prisonniers politiques.’
« Pour la quatrième fois en quatre ans, la GRC a semblé se mobiliser pour un assaut à grande échelle contre les terres non cédées des Wet’suwet’en. Elle, réserve des dizaines de chambres d’hôtel pour faire venir des policiers de toute la province afin de faciliter la construction du gazoduc et forcer le contrôle des terres non cédées sous la menace des armes. Les protecteurs de l’eau ont bloqué le forage sous les eaux d’amont des Wet’suwet’en pendant plus de 70 jours. Au cours des derniers jours, les patrouilles de la GRC non locale et du GISCI se sont multipliées et une surveillance par hélicoptère au-dessus des résidences privées des Wet’suwet’en, loin de tout chantier.
« Après les premiers 56 jours d’occupation, la GRC a effectué 30 arrestations avant d’escorter les travailleurs de Coastal GasLink dans le camp de Coyote pour raser au bulldozer et brûler plusieurs cabanes, habitations et structures. Un mois plus tard, les défenseurs de la terre ont repris le site, expulsant à nouveau les travailleurs de CGL et bloquant le site de forage. Des arrestations ont également eu lieu au poste de contrôle de Gidimt’en, une réoccupation du site de notre village traditionnel dans le yintah des Cas Yikh qui n’entrave pas les travaux de Coastal GasLink.
« Nous savons que nous devons assumer nos responsabilités, et quoi qu’ils fassent pour nous abattre, nous n’oublierons jamais qui nous sommes en tant que peuple wet’suwet’en. Nous honorerons toujours nos responsabilités envers Wedzin Kwa [la rivière Morice], envers notre yintah et envers toutes les générations futures », a déclaré Sleydo’.
« Les Wet’suwet’en n’ont jamais cédé ou renoncé aux 22 000 kilomètres carrés de terres traditionnelles wet’suwet’en en Colombie-Britannique ou au Canada, et ont prouvé devant la Cour suprême du Canada que la propriété des Wet’suwet’en de ces terres n’a jamais été éteinte. Nos chefs héréditaires ont combattu pendant des années devant des tribunaux coloniaux pour protéger notre yintah comme ils l’ont fait sur ce territoire depuis des temps immémoriaux. Selon l’Anuc nu’at’en (loi wet’suwet’en), les chefs des maisons qui représentent chaque groupe wet’suwet’en touché ont interdit les terres wet’suwet’en à Coastal GasLink et, en 2020, ils ont émis un avis d’éviction toujours en vigueur, à l’entreprise.
« Depuis 2019, la GRC a dépensé plus de 20 millions de dollars pour criminaliser l’autorité des Wet’suwet’en sur nos terres, en se déployant en tenue militaire avec des drones, des hélicoptères, des véhicules tout-terrain, des motoneiges, des centres de commandement mobiles et des unités canines. La GRC a pointé des fusils de tireur d’élite et des armes d’assaut sur des autochtones non armés, et utilisé des techniques de torture physique et psychologique contre des protecteurs de l’eau engagés dans la désobéissance civile non violente. À ce jour, la police a procédé à 79 arrestations, dont celles de quatre chefs héréditaires des Wet’suwet’en.
« ‘Je ne pense pas que Coastal Gaslink, le gouvernement ou la police comprennent que les Wet’suwet’en sont là depuis des milliers d’années. En dépit de tout l’argent et de tous les efforts du GISCI et de CGL pour se débarrasser de nous, nous ne partirons jamais. Jamais ‘, dit Sleydo’. »
Il est urgent que les Canadiens trouvent les moyens d’obliger les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique à rendre des comptes, non seulement parce qu’ils refusent de reconnaître les droits ancestraux des autochtones, mais aussi parce qu’ils permettent que leur résistance soit criminalisée et que leur peuple soit agressé, arrêté et maltraité par les forces de l’ordre.
Aujourd’hui, ces gouvernements affirment plus fort que jamais qu’ils défendent les droits des autochtones, mais les faits sont têtus. Ils doivent mettre fin à ces abus et rendre des comptes.
Le yintah des Wet’suwet’en leur appartient de droit. Eux seuls ont le droit de décider de ce qui s’y passe.
Vancouver, 19 décembre 2018
Edmonton, 22 janvier 2019
Ottawa, 10 janvier 2020
Hamilton, 21 novembre 2021
Territoire mohawk de Kanesatake, 24 février 2020
Montréal, 25 février 2020
Halifax, 21 novembre 2021
(Photos : LML, Unis’tot’en Camp, C. Smith, Climate Justice Edmonton, HDLC, F. Lopez, Shades Green)