Amnistie Internationale appelle à la protection des droits des défenseurs de la terre wet’suwet’en
Monsieur le premier ministre Trudeau,
Premier ministre John Horgan,
Brenda Lucki, commissaire de la GRC ;
Amnistie Internationale vous écrit pour vous faire part de sa vive inquiétude quant à l’arrivée, les 17 et 18 novembre, de nouveaux contingents d’agents de la Gendarmerie royale du Canada sur le territoire des Wet’suwet’en, dans le nord de la Colombie-Britannique, pour rejoindre les agents de la GRC et du Groupe d’intervention pour la sécurité de la collectivité et de l’industrie déjà sur place. Cette présence policière accrue a suscité l’inquiétude et la peur au sein des communautés et a exacerbé les tensions existantes. On rapporte déjà de multiples arrestations effectuées par les agents qui sont arrivés aujourd’hui. Nous sommes préoccupés par le fait que d’autres arrestations sont probables et par les risques d’escalade que cette situation comporte.
Avant l’action d’aujourd’hui, les membres de la communauté ont rapporté que les agents de la GRC avaient établi un point de contrôle au kilomètre 28 du chemin forestier Morice et qu’ils empêchaient la nourriture et les médicaments de passer pour ceux qui en ont besoin, ainsi que les membres de la communauté de se déplacer sur le territoire.
Cette escalade est en contradiction avec les recommandations émises par le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale en décembre 2019, qui demandent au Canada de retirer la police et les forces de sécurité de la région.
Une présence policière accrue suscite de graves inquiétudes pour la sécurité des défenseurs de la terre Wet’suwet’en et de leurs sympathisants, compte tenu des arrestations précédentes et des informations selon lesquelles les agents déployés en 2019 ont été autorisés à recourir à la surveillance létale pendant l’exécution de l’ordonnance d’injonction.
Amnistie Internationale exhorte les gouvernements fédéral et provincial ainsi que la Gendarmerie royale du Canada à :
– se conformer sans délai à la recommandation formulée en 2019 par le Comité des Nations unies pour l’élimination de la discrimination raciale, selon laquelle le Canada doit retirer les services de sécurité et de police des terres traditionnelles des Wet’suwet’en ;
– garantir que la GRC et les forces de sécurité n’utilisent pas de force létale contre les défenseurs de la terre des Wet’suwet’en ;
– respecter les obligations internationales en matière de droits humains et garantir les droits humains internationalement reconnus des défenseurs de la terre wet’suwet’en et de leurs sympathisants ;
– permettre l’accès des communautés à la nourriture et aux médicaments essentiels et la libre circulation des personnes sur le territoire ;
– travailler avec les chefs héréditaires des Wet’suwet’en, les défenseurs de la terre et leurs sympathisants pour permettre l’acheminement de nourriture et de médicaments aux travailleurs bloqués de Coastal Gaslink jusqu’à ce qu’ils quittent ou puissent être évacués des campements de travail.
Nous attendons l’assurance que vous donnerez suite sans délai à ces recommandations et que vous protégerez les droits humains des Wet’suwet’en.
(18 novembre 2021)