L’ennemi du tyran, l’ami du peuple
À la mémoire de Robert Devet – 1955-2021
Le Parti marxiste-léniniste du Canada exprime ses condoléances à la famille, aux amis et aux collègues et à l’ensemble des Néo-Écossais pour la perte de Robert Devet. Une célébration commémorative de sa vie et de son oeuvre a eu lieu à Halifax le 14 octobre 2021.
Robert Devet est né en Hollande en 1955 dans une famille patriote et antifasciste. Sa belle-soeur, Carolyn van Gurp, nous informe que ses parents ont participé au mouvement de résistance qui combattait héroïquement la féroce occupation de l’Allemagne hitlérienne.
« Robert a suivi la voie tracée par son grand-père qui vivait ses idéaux de justice sociale de manière remarquable et par ses propres parents qui ont résisté activement à l’oppression nazie », explique Carolyn.
Après avoir émigré au Canada, Robert a travaillé comme fonctionnaire à Service Nouvelle-Écosse dans le domaine des technologies de l’information. En 2012, il a commencé à écrire pour la Halifax Media Co-op. Sa collègue Hilary Lindsay souligne qu’il a rédigé plus de 300 articles entre le 30 septembre 2012 et le 19 décembre 2015, sans doute motivé par le cours antisocial et néolibéral du gouvernement de la Nouvelle-Écosse qu’il a observé de près. Sa dernière série d’articles pour la Halifax Media Co-op était en soutien à la grève de près de deux ans du personnel de la salle de rédaction du Halifax Chronicle Herald, qui appartient au monopole médiatique Saltwire, grève qu’il a également appuyée en participant au piquet de grève.
Robert Devet (deuxième rangée) lors d’une manifestation de journalistes contre le Halifax Chronicle Herald, 2015.
En janvier 2016, Robert a fondé le journal d’actualités et de commentaires en ligne Nova Scotia Advocate. Disant qu’il s’agissait de sa « deuxième vie », il reconnaissait la nécessité d’un média indépendant qui briserait le silence sur la situation des travailleurs et des opprimés de la Nouvelle-Écosse et arrêterait l’émergence d’un État policier.
« Sur ce site, nous écrivons sur la pauvreté, le logement et la gentrification, les travailleurs et les patrons, l’hôtel de ville, l’environnement, le racisme, l’homophobie et la misogynie, les réfugiés, les personnes handicapées, les prisons, les arts et ainsi de suite. Nous aimons les articles que les autres médias d’information négligent, et nous nous concentrons sur la Nouvelle-Écosse et les provinces de l’Atlantique », a dit Robert.
Son dernier article, publié le 27 septembre 2021, portait sur la résistance à l’injustice coloniale et appelait le ministère fédéral des Pêches et des Océans à cesser de violer les droits issus de traités des Micmacs.
Son collègue Tony Seed, écrit : « Son journal a donné un espace aux militants politiques et sociaux pour partager des informations, présenter leurs points de vue sur des questions importantes pour la société afin de briser le silence sur ces questions importantes, pour défendre la dignité du travail et humaniser l’environnement social et naturel. Par exemple, Mike Keefe, du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes, nous informe que Robert a écrit quatre articles sur les luttes des travailleurs et travailleuses des postes pour leurs droits contre Postes Canada pour la Halifax Media Co-op et qu’il en a publié 21 dans l’Advocate. De même, pendant les élections, il a fourni un espace pour permettre aux petits partis, y compris les communistes, de faire connaître leur point de vue à la population et a défendu le droit de conscience contre l’islamophobie et le racisme.
« Robert était animé par les grands idéaux de l’humanité qui sont foulés aux pieds par les grandes puissances bellicistes qui entraînent la société dans une direction opposée à celle qu’exige l’être humain, qui est la raison pour laquelle aujourd’hui notre sécurité est dans la lutte à la défense des droits de toutes et tous. Bien que le champ d’action du Nova Scotia Advocate soit la province et la région, sa vision n’était ni étroite ni provinciale. Il s’opposait au recours à la force pour régler les problèmes entre les nations et au recours à la force contre les peuples autochtones de notre pays. Il s’opposait aux préparatifs de guerre impérialistes et à la militarisation générale de Halifax et il préconisait le retrait du Canada de l’OTAN et de NORAD et de faire de Halifax et du Canada une zone de paix.
![]() Robert Devet sur le piquet devant le chantier naval de Halifax lors d’une manifestation organisée par Voice of Women for Peace. (Photo courtoisie de Tamara Lorincz) |
« Chaque année, le Nova Scotia Advocate publiait des articles informatifs approfondis pour soutenir le travail du mouvement antiguerre mené par l’organisation No Harbour for War pour s’opposer au Forum d’Halifax sur la sécurité internationale, organisé par les États-Unis et parrainé par l’OTAN. Robert a participé à nombre d’actions et contribué photos et reportages : les rassemblements contre le Forum d’Halifax qui ont lieu chaque année depuis 2009 ; la campagne réussie des Micmacs et de leurs alliés pour enlever l’ignoble monument érigé à la mémoire du génocidaire Cornwallis ; et des manifestations contre les « visites » de navires de guerre des États-Unis et de l’OTAN et le programme canadien de construction de navires de guerre. Il a publié plusieurs articles historiques détaillés condamnant l’explosion de Halifax le 6 décembre 1917, à l’occasion de son centenaire, comme un crime de guerre. N’importe qui peut parler ou écrire avec assurance sur de tels dangers à distance, après que les gens soient entrés en action pour les affronter, mais seuls ceux qui ont du courage sont là pour affronter la situation en plein jour. Son esprit d’unité dans l’action a montré sa responsabilité dans cette cause importante pour la nation. »
Tony Seed poursuit : « L’élan d’hommages confirme le besoin d’un tel média publié par Robert et l’hommage commémoratif est une reconnaissance très pertinente et appropriée des principes que le journalisme de Robert a incarné et défendu. La défense du droit à la liberté d’expression et du droit de conscience est cruciale dans la lutte pour les droits humains. Reconnaître que cette défense est une qualité que certains journalistes défendent est aussi une contribution importante à la lutte pour affirmer les droits de tous. Le droit à la liberté d’expression et de conscience, d’avoir des opinions, de les exprimer et de les pratiquer, n’est pas seulement une idée, c’est un droit humain fondamental. C’est une question de science et de civilisation, de bien-être, de liberté et de progrès, d’avancée de la société. Ce n’est pas un hasard si seules les personnes progressistes traitent la question de la conscience de manière sincère, ouverte et honnête.
« La vie et l’oeuvre de Robert se perpétuent dans la lutte du peuple pour ses droits et pour une nouvelle société digne de l’être humain. »
La page Facebook Sharing Memories of Robert Devet a été créée en son honneur.