Dans l’actualité
Encore sur la situation actuelle des prisonnières et des prisonniers politiques
Les poursuites pénales contre les prisonniers politiques du soulèvement social – dont la plupart était des jeunes et des mineurs sans aucun dossier criminel – ont commencé en 2020. Certains prisonniers ont été relâchés faute de preuves après avoir passé plusieurs mois et même près d’une année au complet en prison. C’est donc dire qu’ils ont été incarcérés, certains pendant près d’un an, pour ensuite être déclarés innocents des crimes dont ils avaient été accusés. Cette situation persiste même aujourd’hui. Des prisonniers politiques ont été condamnés à des peines de trois à cinq ans et certains risquent des peines de plus de vingt ans. Dans de nombreux cas, des prisonniers politiques ont été condamnés uniquement sur la base de preuves et de témoignages des carabineros (la police). Il y a eu de nombreuses accusations de coups montés par la police, particulièrement dans les cas liés aux prisonniers politiques mapuches, comme pour l’opération Huracan visant à espionner les défenseurs des droits humains autochtones et à fabriquer des preuves contre les activistes mapuches.
On rapporte aussi que des prisonniers politiques ont opté pour des « procès écourtés » et plaidé coupables afin qu’on les libère de prison. Des groupes de membres de la famille d’organisations des prisonniers politiques, des droits humains et de la société civile ont dénoncé l’absence de procédures judiciaires, le manque d’impartialité de la part du bureau du procureur public ainsi qu’une enquête bâclée. Le gouvernement du président Sebastian Pinera a même tenté de condamner des gens en vertu de la loi sur la sécurité intérieure du pays dans le but d’augmenter les peines de prison.
Entre 2020 et 2021, les Mapuches et les prisonniers politiques incarcérés pour leur participation au le soulèvement social ont mené plusieurs grèves de la faim dans différentes prisons du Chili. Le but de ces grèves était de dénoncer les irrégularités du processus judiciaire, le recours massif à la détention pré-procès et le recours à la torture dans les prisons. La situation des prisons au Chili est l’une des plus graves en Amérique latine et dans le monde, et le pays a un des taux d’incarcération le plus élevé au monde. Cela reflète les conditions déplorables de l’incarcération des prisonniers politiques et des conditions encore plus graves en raison du confinement dans le contexte de la pandémie de la COVID-19 (aucun droit à des visites pendant plus d’un an, des cas d’infection de COVID-19, le manque d’accès aux soins de santé, etc.). En plus du recours massif à la détention préventive, le recours à la détention à domicile et la présence quotidienne de la police dans les maisons des prisonniers politiques ont d’énormes répercussions sur l’environnement familial.
Références
1. Amnistie Internationale, Commission interaméricaine sur les droits de l’homme, Human Rights Watch, Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, Mission d’observation internationale pour les droits humains et de la société civile, Mission d’observation québécoise et canadienne sur les droits humains au Chili
2. « Observations finales concernant le sixième rapport périodique sur le Chili », Commission contre la torture (CCT) 2018
3. Commission interaméricaine sur les droits humains (2014). Caso « Norin Catriman y otros vs Chile », 29 mai 2014, p. 168-177
4. El Convenio 169 de la OIT sobre pueblos indígenas y tribales a 10 años de su ratificación por el Estado de Chile. Análisis crítico de su cumplimiento. (2018). Informe de la Central Unitaria de trabajadores de Chile, Observatorio Ciudadano, p.47
(Photos : SOA Watch)
[RETOUR]