Anniversaire de la rébellion de 1837-1838
Journée des patriotes du Québec, 24 mai 2021
Le projet d’édification nationale
des patriotes du Québec
La Journée nationale des patriotes marque le soulèvement de 1837-1838 en hommage à la mémoire des patriotes qui ont donné leur vie ou qui ont été forcés à l’exile dans la lutte pour mettre fin au pouvoir britannique en établissant une République du Québec.
La Journée nationale des patriotes, nous célébrons l’effort du peuple pour affirmer son droit d’être. Dès le printemps de 1837, face au refus de la couronne britannique de répondre aux revendications de l’Assemblée législative du Bas-Canada, telles que formulées dans les 92 Résolutions de 1834, de grandes assemblées populaires éclatèrent spontanément dans tous les coins du Québec. C’est le peuple qui réclamait ses droits démocratiques.
L’Assemblée des Six Comtés les 23 et 24 octobre 1837, réunissant quelque 6 000 patriotes à Saint-Charles, Bas-Canada, malgré l’interdiction d’assemblées publiques par proclamation britannique
Au coeur de cette grande expression de la volonté populaire, les patriotes proclamèrent « par ordre du gouvernement provisoire » un important manifeste appelé « Déclaration d’indépendance de la République du Bas-Canada ». Ils y énoncèrent les principes et les droits démocratiques propres à une république. L’article 3 appelle à la défense des droits de tous : « 3. Que sous le gouvernement libre du Bas-Canada, tous les individus jouiront des mêmes droits : les sauvages ne seront plus soumis à aucune disqualification civile, mais jouiront des mêmes droits que tous les autres citoyens du Bas-Canada. » L’article 15 proclame que c’est le peuple qui rédigera sa constitution : « Que dans le plus court délai possible, le peuple choisisse des délégués, suivant la présente division du pays en comtés, villes et bourgs, lesquels formeront une convention ou corps législatif pour formuler une constitution suivant les besoins du pays, conforme aux dispositions de cette déclaration, sujette à être modifiée suivant la volonté du peuple. »
![]() Un soldat britannique lit l’ordre d’expulsion après la défaite de la rébellion des patriotes, à quoi les patriotes ont répondu le poing levé « Trahison ! » |
La Rébellion de 1837-1838 fut écrasée par la force des armes, avec la suspension des libertés civiles, des arrestations massives, l’incendie de demeures, la pendaison de 12 patriotes et l’exil forcé de 64 autres. Plus de 1 700 personnes furent jetées en prison. Rien qu’à Montréal, 816 personnes furent arrêtées en 1838, sur une population de 30 000 personnes. Par rapport à la population de Montréal aujourd’hui, ce serait l’équivalent de 40 000 personnes. De ce nombre, 108 furent traduits en cour martiale. C’est sans compter les centaines qui durent fuir aux États-Unis pour éviter la persécution, y compris dix accusés de « meurtre » qui faisaient face à la peine de mort s’ils revenaient au pays. Ces événements marquèrent la suppression de l’État-nation moderne du Québec dont l’existence continue d’être niée à ce jour en la privant de son droit à l’autodétermination en tant qu’entité légale indépendante, libre de former une union avec le reste du Canada si tel est son propre désir.
La Rébellion de 1837-1838 est un événement important dans l’histoire du Québec et du Canada et il faut en saisir la signification pour comprendre la situation aujourd’hui et ne pas se laisser détourner par les illusions que les institutions dites démocratiques sont le point final des institutions dont le peuple a besoin pour exprimer son pouvoir de décision – c’est-à-dire sa souveraineté. Au contraire, l’établissement d’un État moderne du Québec sur sa propre base demeure nécessaire pour résoudre la crise des institutions démocratiques en faveur du peuple, pour mettre fin à l’emprise des institutions issues de la répression du projet d’édification nationale des patriotes de 1837-1838. Les institutions dites démocratiques étaient basées sur des « accommodements raisonnables », c’est-à-dire les arrangements que les oligarques britanniques ont jugés « raisonnables » pour renforcer la domination coloniale britannique établie après la défaite de la France sur les plaines d’Abraham en 1759 et après que le Québec soit passé de colonie française à colonie anglaise. Le pouvoir britannique a divisé le peuple sur une base ethno-culturelle et enchâssé cette division dans l’Acte d’Union de 1840. Depuis, la stratégie de diviser pour régner a servi, d’abord à l’État britannique et ensuite à l’État anglo-canadien, à imposer le diktat des élites dominantes au peuple du Québec et au peuple du Canada, ainsi qu’aux Premières Nations. Il a toujours été clair qu’après la Rébellion de 1837-1838, tous les patriotes qui refusaient de se réconcilier avec ces soi-disant accommodements raisonnables ont été soit pendus, soit exilés et que les institutions démocratiques actuelles du « gouvernement responsable », sorties de l’infâme Acte d’Union, ont toujours eu pour but d’écarter le peuple de tout arrangement de partage du pouvoir.
Aujourd’hui, la cause pour laquelle les patriotes ont combattu en 1837-1838 met au premier plan la nécessité que la classe ouvrière devienne la nation et investisse le peuple du pouvoir souverain de décider de ses affaires politiques, économiques, sociales et culturelles et celles de la nation. C’est d’autant plus urgent à l’heure où les gouvernements du Québec et du Canada intensifient la braderie des ressources naturelles et humaines, et cherchent à établir de nouveaux arrangements pour faciliter l’annexion politique, économique et militaire du Canada et du Québec aux États-Unis des monopoles d’Amérique du Nord et restructurer l’État au service des monopoles les plus puissants comme partie de l’édification d’empire américain. Plus ils refusent de partager le pouvoir avec qui que ce soit, plus ils parlent d’« accommodements raisonnables ».
En conséquence de ce programme de destruction nationale, les élites dominantes ont plongé le Québec et le Canada dans une crise constitutionnelle et politique sans précédent. Leur refus d’ouvrir la voie au progrès de la société se voit dans les tentatives continuelles d’imposer la politique de divisions sur la base de la langue, de l’origine nationale, de la culture, des croyances, de la couleur de la peau et autres. Nous assistons au spectacle quotidien des factions politiques qui rivalisent pour savoir laquelle représentera le mieux les valeurs québécoises ou réduisent l’identité du peuple québécois à une affaire de langue ou divisent les gens sur une base ethnoculturelle pour pouvoir ensuite imposer de nouveaux « accommodements raisonnables » pour supprimer le droit d’être de la nation québécoise et le droit du peuple de décider lui-même quels genres d’arrangements il a besoin pour s’épanouir.
En cette occasion, le PCC(M-L) salue tous ceux et celles qui épousent la cause des patriotes du Québec, en particulier ceux qui sont résolus à élaborer un projet d’édification nationale qui réponde aux exigences de l’heure.
Que la classe ouvrière devienne la nation et
investisse le peuple du pouvoir souverain !
Souveraineté oui ! Annexion non !
(Archives du LML)
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