L'accord Canada-États-Unis-Mexique

L'élite dominante au Canada, au Mexique et aux États-Unis hâte l'intégration continentale pour servir ses intérêts privés

Le président des États-Unis Donald Trump a promulgué la version amendée de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) lors d'une cérémonie à la Maison-Blanche le 29 janvier. Quatre cents membres de l'élite dominante, avec en arrière-plan des travailleurs américains des secteurs manufacturiers et pétroliers portant des salopettes et des casques de travail ont assisté à l'adoption formelle de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM) que le Mexique a déjà ratifié. Aucun représentant des rivaux acharnés de Trump de la faction politique de l'oligarchie financière du Parti démocrate n'a été autorisé à participer à la cérémonie.

Avec sa façon inimitable d'étaler son immense richesse sociale et son origine de classe, l'oligarchie financière, comme si celle-ci conférait aux riches le droit de dominer la classe ouvrière, Trump a déclaré à la foule, dans l'hilarité générale : « Nous avons mis là-dedans tout notre coeur – c'est probablement la raison numéro un pour laquelle j'ai décidé de mener cette vie folle, par opposition à cette belle et simple vie de luxe que je menais avant. »

Au début des pourparlers pour remplacer l'ALÉNA en 2017, Trump avait agressivement condamné l'accord qu'il avait qualifié de « désastre » pour les États-Unis. Mais voilà que le nouvel accord n'apporte aucun changement substantiel. L'ACEUM consolide la base de l'accord de libre-échange initial. Il donne aux oligarques financiers des pouvoirs supranationaux leur permettant de manipuler l'économie des trois pays au profit de leurs intérêts privés étroits, d'exploiter la classe ouvrière, de vider sans restriction ces pays de leurs ressources naturelles, de contrôler le 1,2 billion de dollars en commerce annuel de biens produits par les travailleurs, et de mener la guerre avec impunité dans leur course à l'hégémonie mondiale tout en se moquant éperdument des conséquences de leurs actes irresponsables.

L'élargissement de la portée du contrôle des riches oligarques sur les trois pays et leur économie et leur intégration à la Forteresse Amérique du Nord doit également être vu dans son rapport avec la construction de corridors sécurisés de commerce et de communication partout sur le continent, le pouvoir élargi de la police frontalière des États-Unis au Canada et au Mexique, et le fait que les trois peuples seront liés malgré eux à la sécurité intérieure des États-Unis, à l'économie de guerre en expansion continue et à la quête d'hégémonie mondiale de l'oligarchie financière américaine.

La loi habilitante de l'ACEUM est déposée au parlement

Le jour même de la cérémonie de signature de Trump, la vice-première ministre Chrystia Freeland a déposé un projet de loi au parlement canadien pour mettre en oeuvre l'ACEUM. Les médias de masse de l'oligarchie financière se sont activés pour exiger que le parlement minoritaire dirigé par les libéraux adopte rapidement le projet de loi et que les partis politiques de l'opposition n'entravent pas son passage rapide.

Les organisations d'affaires de l'élite dominante ont aussi laissé entendre qu'on ne devait d'aucune façon ralentir l'adoption de l'ACEUM, mettant en garde le gouvernement et l'opposition. Le Conseil canadien des affaires, l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, la Chambre de commerce du Canada et les Manufacturiers et Exportateurs du Canada ont fait parvenir un message au parlement exhortant « les parlementaires de tous les partis politiques de soutenir les de marches visant une ratification et une mise en oeuvre rapides de l'Accord Canada-États-Unis-Mexique (ACEUM). Après trois ans d'incertitude dans ce dossier, il est plus que temps de rétablir la prévisibilité à long terme au sein des chaînes d'approvisionnement de l'Amérique du Nord. [...] Il est ici question de stabilité ainsi que de la capacité de l'Amérique du Nord à concurrencer les marchés mondiaux à titre de marché intégré. Il est temps que le Canada emboite le pas et ratifie l'accord. »

L'ACEUM et l'ALÉNA représentent l'affirmation du contrôle de l'oligarchie financière sur la vie des peuples de l'Amérique du Nord et la négation de leur droit d'avoir un mot à dire et un contrôle sur ce qui touche leur vie de près, l'économie en particulier. L'ACEUM rend le contrôle de l'économie et de l'environnement social et naturel encore plus difficile à atteindre. Il représente le pouvoir des oligarques à contourner et à annuler tout règlement ou toute restriction adopté par le passé ou qui pourrait l'être à l'avenir pour atténuer les conséquences et les répercussions de leur objectif socialement irresponsable de profit privé maximum et la tendance inquiétante de l'économie impérialiste à la concentration de la richesse sociale entre les mains d'un groupe plus en plus restreint de personnes, tandis que les riches s'enrichissent et les pauvres s'appauvrissent.

Les peuples du continent se doivent de dénoncer haut et fort l'ACEUM et les forces politiques qui leur ont imposé cet accord. La classe ouvrière de l'Amérique du Nord n'a pas le pouvoir politique ni n'est suffisamment organisée pour se constituer en opposition efficace en ce moment. Toutefois, elle doit se rendre compte que cette direction de l'économie soumise au contrôle et aux objectifs de l'oligarchie financière n'est pas soutenable et qu'elle ne peut qu'engendrer des crises économiques récurrentes, la guerre et une plus grande dégradation de la Terre Mère.

Une nouvelle direction de l'économie sous le contrôle et avec l'objectif socialement responsable de la classe ouvrière est non seulement possible, elle est nécessaire. Pour arriver au contrôle de l'économie et de l'objectif de servir le peuple et d'humaniser l'environnement social et naturel, la classe ouvrière doit tout mettre en oeuvre pour s'organiser elle-même pour s'investir du pouvoir par le renouveau démocratique et, de sa propre voix, parler avec audace et clarté dans ses propres intérêts et pour un avenir prometteur pour la jeunesse et la société.

Pour un aperçu des principaux changements à l'ALÉNA et aux ajouts contenus dans l'ACEUM, lire les articles suivants du LML :

- « Le bruit autour du nouvel accord de libre-échange entre les États-Unis, le Mexique et le Canada », K.C. Adams, 6 octobre 2018

- « L'ordre du jour commercial agressif des États-Unis ébranle les arrangements en place », K.C. Adams, 15 juin 2019

- « Rondes six et sept des négociations de l'ALÉNA », 3 mars 2018

(Photos: LML, B. Proulx)


Cet article est paru dans

Volume 50 Numéro 5 - 1er février 2020

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