Numéro 43 - 1er décembre 2018
Il est temps de donner une nouvelle
direction
à l'économie sous le contrôle des Canadiens!
La fermeture de GM et les pertes
d'emplois et de valeur manufacturière
doivent cesser
- K.C. Adams -
Il
est
temps
de
donner
une nouvelle direction à l'économie
sous le contrôle des Canadiens!
• La fermeture de GM et les pertes d'emplois et
de valeur manufacturière doivent cesser - K.C. Adams
Encore un effondrement
des prix du pétrole en Alberta
• Le besoin de la politique et de la vision
moderne de la classe ouvrière
- Dougal MacDonald
• Le gouvernement albertain et le mantra
néolibéral d'être «ouvert aux affaires»
• Le problème du contrôle et de la
vision dans le secteur énergétique
Tous ensemble,
défendons la dignité et les droits des
immigrants, des réfugiés et des travailleurs migrants
• Exigeons un moratoire sur les
déportations des personnes sans statut d'origine haïtienne!
- Entrevue avec Frantz André, Comité
d'action des personnes sans statut
• Le statut de résident doit être
accordé aux aides familiaux migrants et à leurs familles
dès leur arrivée!
L'état des
droits humains aux États-Unis aujourd'hui
• Les attaques criminelles de Trump contre le
droit d'asile
• Retirez immédiatement toutes les
troupes de la frontière : notre sécurité est dans
notre lutte pour les droits de tous - Voice of Revolution
198e anniversaire de
naissance de Friedrich Engels
• Friedrich Engels : grand défenseur et
éducateur de la classe ouvrière
Il est temps de donner une nouvelle
direction à l'économie
sous le contrôle des Canadiens!
La fermeture de GM et les pertes d'emplois et de valeur
manufacturière doivent cesser
- K.C. Adams -
Conférence de presse de la section locale 222 d'Unifor,
le 26
novembre 2018, pour demander que la production se poursuive
à l'usine
de GM à Oshawa
Les dirigeants de GM à Détroit ont
annoncé la fermeture d'une usine de montage d'automobiles qu'ils
contrôlent à Oshawa, en Ontario. La fermeture mettra fin
à l'emploi direct de 2 522 travailleurs de
l'automobile, membres de la section locale 222 d'Unifor et d'un
grand
nombre d'employés à salaire fixe, et entraînera une
perte de valeur considérable pour l'économie et les
communautés canadiennes.
Le secret bien gardé des oligarques
étrangers de GM a surpris la plupart des Canadiens et a
suscité l'indignation et un débat sur la manière
de réagir. Parmi toutes les réactions, deux sont
remarquables. La première est celle de l'impuissance totale. Le
premier ministre Trudeau et le
premier ministre Ford de l'Ontario semblent avoir accepté la
décision de GM comme définitive et ont centré
leurs remarques sur la manière d'aider les travailleurs
touchés à faire face à la crise du chômage
et à la perte de revenus. Dans sa conférence de presse
sur
le sujet, le premier ministre Ford a répété sa
devise néolibérale voulant que l'Ontario soit
« ouverte aux affaires » pour les mêmes
oligarques qui détruisent l'économie et attaquent les
travailleurs canadiens.
L'autre réaction est
l'indignation et le désir de faire quelque chose pour contrer la
décision des oligarques américains. La section
locale 222 d'Unifor et la plupart des travailleurs
interviewés dans les médias ont condamné cette
fermeture, considérée comme une attaque
contre le Canada, l'économie et la classe ouvrière. Ils
ont exprimé leur détermination à empêcher la
fermeture et les pertes d'emplois et de la valeur manufacturière.
Lundi le 26 novembre,
après avoir appris la
nouvelle officielle, les travailleurs du quart du matin à
l'usine d'automobiles étaient sous le choc, déplorant et
dénonçant l'annonce. Les travailleurs sont sortis de
l'usine et se sont rassemblés à l'extérieur et
dans la salle du
syndicat à Oshawa pour discuter de ce qu'il fallait faire face
à la situation. Des travailleurs ont déclaré que
le gouvernement devrait obliger GM à rembourser les milliards de
dollars en subventions et autres stratagèmes pour payer les
riches que l'entreprise a reçus au fil des ans, en particulier
après la crise économique de 2008. D'autres ont
amèrement rappelé que la fermeture de l'usine
était la façon de remercier les travailleurs pour toutes
les concessions dans leurs conventions collectives
qu'ils ont accordées à GM au cours des vingt
dernières
années, ce qui a créé une main-d'oeuvre à
trois niveaux de conditions de travail. Un ancien ouvrier a
déclaré que son
fils, récemment entré à l'usine d'Oshawa, ne
recevait que 2,11 $ de plus par heure qu'il ne recevait
en 1985. Pouvez-vous imaginer combien cela représente de
moins avec l'inflation des prix et malgré cela l'entreprise
n'est toujours pas satisfaite. Que cela serve d'avertissement aux
autres travailleurs canadiens de ne pas faire de concessions, a-t-il
dit.
Comment renverser la décision des oligarques
mondiaux et tracer une autre direction pour l'économie sont des
préoccupations sérieuses pour tous les Canadiens. La
décision des oligarques de détruire l'économie
avec une telle
ampleur l'économie cause des dommages indicibles dans l'ensemble
de
l'économie locale et bien au-delà. Une grande partie du
matériel et des pièces des véhicules à
assembler proviennent d'autres usines, aciéries et mines en
Ontario. Il va sans dire que les oligarques en contrôle ne vivent
même pas au Canada, encore moins dans les
communautés que leurs décisions affectent directement.
La base manufacturière a longtemps
été le pilier de l'économie du sud de l'Ontario,
mais elle est attaquée par les oligarques mondiaux depuis le
début du siècle. Au cours des dix dernières
années seulement, le pourcentage que l'industrie
manufacturière contribue au
produit intérieur brut (PIB) de l'Ontario a chuté
de 16 % à seulement 11,7 %.
Des attaques soudaines, telles que l'annonce de GM
à Oshawa, attirent immédiatement l'attention. D'une
certaine manière, elles mettent à l'épreuve le
courage de la classe ouvrière, sa situation actuelle et la
capacité de ses institutions et de sa conscience sociale
à se défendre
et à protéger le Canada de l'oligarchie financière
mondiale, à contrecarrer ces attaques contre l'économie
et le pays, et à tracer une nouvelle direction prosociale.
La capacité de la classe ouvrière
à
réagir avec force et à se défendre
dépend en grande partie du pouvoir de s'organiser
indépendamment des oligarques au pouvoir, de leurs institutions
et de leurs laquais au sein des organisations politiques et sociales du
Canada. Pour la classe ouvrière, être la proie des partis
politiques cartellisés
de l'oligarchie financière et ne pas avoir sa propre politique
et ses
institutions indépendantes, la laisse vulnérable à
ces attaques et incapable d'organiser une
résistance sérieuse.
La destruction de l'industrie
manufacturière en
Ontario et l'offensive antisociale
néolibérale dans son ensemble se sont produites sous
l'oeil bienveillant des
gouvernements des trois principaux partis cartelisés au
parlement et à la législature. Ils ont soit
participé volontairement à ces attaques,
soit n'ont rien fait de concret pour les empêcher.
La renégociation de
l'ALÉNA en ACEUM en est un exemple. Le mois dernier, la ministre
des Affaires étrangères du gouvernement libéral
Trudeau, Chrystia Freeland, s'est vantée du
« résultat équilibré » des
négociations commerciales
entre le Canada et Washington. Freeland a déclaré que le
gouvernement libéral Trudeau avait sauvé la production de
véhicules en Ontario des attaques de Trump.
« L'industrie automobile a maintenant une stabilité
et une marge de croissance et de prospérité »,
a-t-elle écrit. Cela a été dit malgré le
fait que pas un seul constructeur automobile ne soit une institution
nationale, aucune des décisions de leurs principaux oligarques
n'est prise pour renforcer l'édification nationale. Elles sont
prises
uniquement pour servir leurs intérêts privés
étroits
alors que l'ACEUM laisse en place les tarifs américains sur
l'acier et l'aluminium provenant du Canada au nom de la
sécurité nationale des États-Unis. La fermeture
d'Oshawa ne démontre pas la stabilité, la croissance ou
quelque fantasme libéral de ce que signifie être
prospère.
Le mouvement de la classe ouvrière à une
époque avait clairement compris que le libre-échange
serait un désastre pour la souveraineté du Canada et pour
les travailleurs, et il s'y opposait. Malgré une opposition
généralisée, les conservateurs et les
libéraux ont
imposé le libre-échange via le Parlement, ce qui est
devenu une victoire pour les oligarques américains et leur
détermination à éliminer tout obstacle à
leur contrôle. L'ALÉNA et la possibilité de rendre
le Canada « ouvert aux affaires » pour les
oligarques du monde ont détruit les derniers vestiges de
souveraineté et ont rendu les Canadiens vulnérables
à la destruction par l'oligarchie financière mondiale.
Quel contrôle les Canadiens exercent-ils
maintenant sur leur propre économie et leur vie ? La
décision par des étrangers de fermer l'usine GM d'Oshawa
n'est qu'un désastre qui s'est produit dans notre dos et sans
qu'on ait un mot à dire. Le démantèlement des
activités
commerciales de transport aérien de Bombardier est une attaque
directe par Boeing et le Pentagone américain. Ce manque de
contrôle doit changer pour que les travailleurs puissent se
défendre et défendre leur bien-être, et renverser
la situation. Une nouvelle direction pour l'économie ne peut
être atteinte qu'avec le contrôle par les travailleurs de
leurs propres organisations et de toutes les décisions qui
affectent leur vie.
Les travailleurs d'Oshawa fabriquent
des
véhicules depuis cent ans. À un moment donné, les
travailleurs de l'usine d'Oshawa ont construit à eux seuls un
million de véhicules en une seule année. Pourquoi la
valeur de cette production n'a-t-elle pas été
réinvestie dans la
fabrication en Ontario et dans la création d'un marché
national stable pour les véhicules produits au Canada, sans
parler de la création d'une économie plus
diversifiée et dynamique, non vulnérable aux crises, qui
puisse entreprendre des échanges commerciaux avec d'autres sur
une base
d'avantage et de développement réciproques ? La
réponse est simple : les Canadiens ne contrôlent pas
leur propre économie et sans ce contrôle, ils ne peuvent
contrôler leur vie ni bâtir leur pays pour assurer leur
bien-être. Ceux qui la contrôlent ne sont pas des
bâtisseurs de pays ; ils édifient un empire pour
satisfaire la demande insatiable des oligarques propriétaires
d'exproprier de plus en plus de profits à même la valeur
produite par les travailleurs.
Les
experts et les
politiciens de l'oligarchie financière disent que le Canada est
trop petit pour avoir son propre marché et doit compter sur le
marché impérialiste mondial pour survivre. Cette
désinformation est destinée à décourager
les enquêtes et discussions et à
déclarer qu'on ne peut rien faire pour changer la
réalité actuelle, à savoir que les Canadiens ne
contrôlent pas leur économie et ne peuvent même pas
commercer avec d'autres sur une base moderne d'avantages et de
développement réciproques. Les experts considèrent
comme inévitable que les oligarques du monde contrôlent
tout pour servir leurs propres intérêts privés et
ne se soucient pas des Canadiens.
Les Canadiens ont acheté environ deux millions
de véhicules l'an dernier et en ont produit à peu
près le même nombre. N'est-ce pas un marché
intérieur solide, que les échanges commerciaux pourraient
encore améliorer ? La valeur de ce marché national
pourrait constituer le fondement de la production de véhicules
dans une nouvelle ère de responsabilité sociale et
d'humanisation de l'environnement naturel et social. Mais ce
marché national et ce commerce international doivent être
sous le contrôle des Canadiens et non des oligarques
impérialistes
mondiaux.
Le moment est venu pour les travailleurs de s'organiser
de manière nouvelle pour faire face au défi et à
l'assaut des oligarques mondiaux. Le moment est venu d'une nouvelle
direction de l'économie. Le contrôle de l'économie
et de la politique du pays doit être entre les mains des
travailleurs
pour qu'elles servent leur bien-être et l'édification
nationale.
Les oligarques mondiaux attaquent la vie, le
bien-être et le tissu social des Canadiens. On ne peut rester les
bras croisés devant la fermeture de l'usine GM !
Unissons-nous à la défense des travailleurs de GM
à Oshawa et pour une nouvelle direction !
Non à la
destruction nationale !
Oui à la base manufacturière et
à l'édification nationale !
Encore un effondrement des prix du
pétrole en Alberta
Le besoin de la politique et de la vision
moderne de la classe ouvrière
- Dougal MacDonald -
Le gouvernement de l'Alberta semble avoir
décidé ou, pourrait-on dire, être pris dans la
vision impérialiste que son avenir dépendra de la
capacité du pétrole albertain d'atteindre les
marchés mondiaux à un prix qu'il espère plus
élevé. Toute autre considération a disparu. La
première ministre Notley utilise sa parole et ne ménage
aucun effort
pour imposer cette vision non seulement aux Albertains mais à
tous les Canadiens. Elle et son gouvernement considèrent que
leur rôle est de servir la façon de faire des oligarques
de l'énergie en position de contrôle et ils ne voient
aucune alternative possible. Les partis cartellisés n'ont pas de
vision moderne et manquent du courage nécessaire pour
faire face aux oligopoles mondiaux qui contrôlent le secteur
pétrolier et l'économie albertaine.
Adopter la vision de
l'oligarchie financière et servir ses intérêts
étroits signifie également s'aligner sur l'une ou l'autre
de ces puissantes sections et être un instrument qui se plie
à leurs quatre volontés. Que le gouvernement Notley
survive ou qu'il soit défait aux prochaines élections
l'an prochain peut très bien dépendre du prix du
pétrole brut,
en particulier de l'écart de prix qui affecte le Western Canada
Select, et de la capacité du gouvernement Trudeau à
imposer l'expansion de l'oléoduc Trans Mountain. Pour la classe
ouvrière, succomber à une telle paralysie de la
pensée et de l'action est suicidaire.
Les enjeux et l'ordre du jour présentés
par les partis cartellisés en lice lors des prochaines
élections albertaines et fédérales de 2019
servent en dernière analyse une section ou une autre de
l'oligarchie financière. Ils sont conçus pour faire en
sorte qu'aucune alternative n'est présentée ou
discutée. Ces partis cartellisés ne veulent pas que la
classe ouvrière développe sa propre politique
indépendante, ce qui signifie qu'aucune alternative aux points
de vue opposés de l'oligarchie financière ne doit
être discutée. Cette absence de la politique
indépendante de la classe ouvrière et son manque de
contrôle sur les problèmes qui affectent la vie des
Albertains et des Canadiens sont les
problèmes les plus pressants auxquels ceux-ci sont
confrontés.
C'est seulement en adoptant une vision moderne et des
solutions alternatives indépendantes des réclamations des
oligarques qui rivalisent pour le contrôle de l'économie
et en acquérant le pouvoir et le contrôle politiques pour
priver les oligarques de leur pouvoir, que les Albertains et les autres
Canadiens peuvent surmonter les problèmes de la
crise économique auxquels ils sont confrontés et
s'engager avec confiance dans une nouvelle direction qui favorise le
peuple.
Le gouvernement albertain et le mantra
néolibéral d'être «ouvert aux
affaires»
Les monopoles de l'énergie et le gouvernement
provincial de l'Alberta sont unanimes pour dire que le problème
auquel est confrontée l'industrie est un manque de
capacité de transport par oléoduc pour expédier le
pétrole vers les marchés mondiaux. On sait que le
gouvernement albertain revendique depuis un bon moment l'expansion de
l'oléoduc Trans Mountain - qui est maintenant la
propriété du gouvernement fédéral - de
l'Alberta jusqu'à la vallée du Bas Fraser en
Colombie-Britannique. Le gouvernement de l'Alberta a aussi
demandé au gouvernement fédéral d'aider à
accroître sa capacité de transporter le pétrole
brut par train comme solution à court terme.
Le 30 août, la Cour d'appel
fédérale du Canada a arrêté l'expansion de
Trans Mountain en raison de ce que la Cour a évalué comme
un manque de consultations raisonnables avec les peuples autochtones.
Les enjeux d'énergie et de revenus du gouvernement albertain se
sont encore compliqués quand l'Agence de réglementation
de
l'énergie de l'Alberta a annoncé récemment qu'il
en coûtera au trésor public de l'Alberta plus de 58
milliards de dollars pour nettoyer le désastre environnemental
de plusieurs décennies laissé par les monopoles
énergétiques, appartenant surtout à des
intérêts étrangers, qui ont pris leur argent et ont
déguerpi. Dans certains milieux, on estime
que le montant nécessaire pour la restauration environnementale
de puits abandonnés et d'autres formes de contamination se
situerait plutôt autour de 260 milliards de dollars.
L'opinion publique est plus que favorable à ce
que les monopoles énergétiques nettoient leurs propres
désastres. Cependant, les forcer à le faire serait
contraire au
mantra néolibéral des provinces et du Canada d'être
« ouverts aux affaires » en ayant recourt aux finances
publiques pour payer les riches et en laissant les monopoles libres
de faire ce qu'ils veulent. Aucun gouvernement de partis
cartellisés au Canada n'a eu le courage de contester ce mantra
impérialiste. La conciliation envers les enjeux relatifs
à la pollution n'est pas très différente de la
capitulation sur la question des prix du pétrole et elle montre
la nécessité impérieuse à long terme de
réinvestir la valeur de la
production énergétique dans l'économie albertaine
afin de la diversifier et de défendre le peuple contre les
crises économiques.
Falsification de la théorie économique
Les contradictions entre les monopoles de
l'énergie sont un autre problème dont la source est leur
contrôle de l'économie. Le niveau relativement faible de
revenu brut et de paiements de redevances au gouvernement en raison des
bas prix de marché du pétrole est utilisé pour
préconiser la réduction des investissements dans les
programmes
sociaux et dans les services publics, y compris l'infrastructure. Cette
assertion n'a rien à voir avec la science et est fondée
sur la falsification impérialiste que les programmes sociaux et
les investissements en éducation et en santé et en
infrastructures ne produisent pas de nouvelle valeur. Les monopoles de
l'énergie et d'autres secteurs font cette
désinformation chaque fois qu'on leur demande de payer la valeur
qu'eux et leurs entreprises consomment dans leurs opérations qui
provient des programmes sociaux et de l'infrastructure, alors que cette
valeur est transférée dans la valeur que les travailleurs
produisent.
Les oligarques qui possèdent et contrôlent
des sections de l'économie socialisée nient son
caractère interrelié et la nécessité d'une
planification consciente afin que tous les secteurs puissent
fonctionner ensemble pour le bien et la stabilité de tous. Une
économie moderne a besoin d'une base solide dans tous les
secteurs fondamentaux
d'exploitation des ressources, de l'industrie manufacturière,
des programmes sociaux et des services publics, y compris
l'infrastructure, et elle a besoin que la valeur que les travailleurs
produisent dans chaque secteur soit réalisée dans tous
les autres. Ce n'est pas ce qui se produit actuellement dans
l'économie impérialiste alors que les oligarques
perçoivent leur section ou secteur particulier comme
étant en concurrence avec les autres sections et secteurs dans
une quête anticonsciente pour le profit maximum aux
dépens des autres et du tout.
Par exemple, les barons des monopoles de
l'énergie refusent de réaliser (acheter) la valeur
produite socialement dans les secteurs de l'éducation et de la
santé par un échange acceptable et correct avec les
entreprises publiques qui produisent la valeur. De façon
générale, les monopoles consomment gratuitement la
nouvelle valeur que les
travailleurs produisent à partir d'investissements dans les
programmes sociaux et dans l'infrastructure ou du moins consomment la
valeur sans sérieusement comptabiliser le montant qu'ils
consomment et sans payer pour l'échange avec les institutions
qui produisent la valeur. En plus de refuser cela, ils exigent sans
arrêt ou exercent un chantage
pour ne pas payer d'impôts et, au contraire, se faire payer
à même les fonds publics sans quoi ils cesseront leurs
activités parce qu'une autre endroit leur aura offert une
meilleure entente pour payer les riches. Le récent «
concours » d'Amazon pour trouver l'endroit qui
offrirait au monopole la meilleure entente pour payer les riches
pour qu'il ouvre un deuxième siège social en est un
exemple plutôt déplorable.
Puisque l'économie est sous le contrôle
des riches oligarques, une plus grande production, de meilleurs profits
ou un PIB élevé provenant de
l'exploitation et de la production de matières premières
ne se traduit pas automatiquement en de plus grands
investissements dans les programmes sociaux ou même dans
l'industrie
manufacturière, et ceci est depuis longtemps un
problème et une pomme de discorde en Alberta. Après
toutes ces années pendant lesquelles les travailleurs ont
produit une énorme richesse sociale dans le secteur
énergétique, l'économie albertaine est loin
d'être diversifiée et stable. Les oligarques de
l'énergie qui sont aux commandes ont
siphonné la richesse sociale de la province et ont laissé
ses autres secteurs faibles et vulnérables.
Une comparaison des chiffres sur le PIB en Alberta et
à Terre-Neuve et au Labrador (les deux provinces avec le
pourcentage de PIB le plus élevé en extraction de
ressources) et des chiffres représentant le PIB en Ontario et au
Québec montre qu'il n'y a pas de lien automatique entre un
pourcentage élevé de PIB provenant de l'extraction de
ressources et de plus grands investissements dans les programmes
sociaux. En fait, il semblerait que c'est le contraire. Un
problème sérieux se produit lorsque le revenu brut des
ventes de ressources naturelles sort de la province, que le secteur ne
réalise
pas pleinement le produit social qu'il consomme des autres secteurs et
ne réinvestit pas la richesse sociale dans
l'économie provinciale pour bâtir une économie
durable à secteurs multiples, avec l'industrie
manufacturière, les programmes sociaux, les services publics et
l'extraction de ressources comme base diversifiée et de plus en
plus autonome. Cela laisse l'Alberta et les autres économies
dépendantes de l'extraction de ressources vulnérables
à de sérieuses difficultés lorsque le secteur des
ressources chancelle.
Le problème du contrôle et de la vision
dans le secteur énergétique
Le ralentissement
prolongé du secteur de l'énergie de l'Alberta, en
plus de frapper les travailleurs, aggrave les contradictions entre les
monopoles énergétiques qui dominent la province. L'un des
facteurs
importants du conflit est l'écart de prix du pétrole
entre le West
Texas Intermediate (WTI) et le Western Canadian Select (WCS) de
l'Alberta. Le WTI se vend actuellement à environ 52 $
le baril et est
utilisé comme référence du prix du pétrole
brut sur le New York
Mercantile Exchange. Le WCS est un pétrole brut lourd vendu
environ 20 $ le baril. Ces prix fluctuent, mais
l'écart
reste important.
L'écart de prix se traduit par un revenu moins
élevé
pour certains monopoles énergétiques et le gouvernement
de l'Alberta.[1]
Le gouvernement et certains monopoles énergétiques
veulent réduire
l'écart de prix et ont proposé un décret
gouvernemental visant à
réduire la production de pétrole de la province afin
d'augmenter le
prix du WCS.
La proposition de réduction de la production a
été accueillie avec le soutien
et l'opposition des principaux monopoles énergétiques,
principalement
en raison de la manière dont ils exproprient leurs profits.
Cenovus et
CNRL, dont les profits proviennent de la vente du pétrole brut
WCS,
sont favorables à un décret du gouvernement de l'Alberta
pour
réduire la production afin d'augmenter le prix du
pétrole. Suncor,
Imperial et Husky au contraire ne veulent pas d'intervention du
gouvernement, car ils profitent du faible prix du WCS, qui est devenu
l'alimentation de leurs activités de raffinage en aval aux
États-Unis.
Le 2 novembre, Tim McKay, président de
CNRL, a déclaré que « des
membres anonymes de l'industrie énergétique »
s'opposaient délibérément
aux tentatives visant à rendre les pipelines plus efficaces, car
ils
tiraient des « revenus exceptionnels » des bas prix
actuels du pétrole
de l'Ouest canadien. Apparemment, les
pipelines inefficaces créent une surabondance de WCS invendu en
Alberta. McKay n'a pas expliqué pourquoi une surabondance de
pétrole
invendu en Alberta, qui ne peut pas atteindre les clients,
entraînerait
une surproduction et un prix bas subséquent au terminal des
pipelines «
inefficaces ».
En revanche, le PDG de la Compagnie
Pétrolière Impériale, Rich
Kruger, a déclaré le même jour : « Dans
le contexte difficile actuel en
amont, nous sommes particulièrement bien placés pour
tirer parti de
l'écart grandissant des prix du brut. » Dans son cas,
l'Impériale se
réjouit d'acheter du WCS à bas prix, parfois même
à
elle-même, pour le raffinage aux États-Unis où le
pétrole raffiné est
vendu à des prix mondiaux beaucoup plus élevés,
une situation
intéressée en effet.
Ces positions opposées mettent en
évidence la vision des
oligarques, qui voient les problèmes de l'économie
socialisée sous un
angle déformé qui sert leurs intérêts
privés particuliers. Aucun
problème économique ne peut être résolu avec
cette mentalité dépassée.
Les problèmes de l'économie moderne
interdépendante de la grande
production
industrielle nécessitent une vision moderne prosociale qui les
considère tels qu'ils se présentent objectivement pour le
plus grand
bien de l'ensemble sans les manipuler pour les adapter aux notions
préconçues fondées sur des intérêts
privés étroits et le dogme
impérialiste.
Le problème des prix du marché du
pétrole brut provient du contrôle
et de la manipulation du secteur par l'oligarchie financière.
Les prix
ne sont pas déterminés scientifiquement selon une formule
moderne qui
sert l'économie et sa reproduction élargie et mène
au commerce basé sur
l'avantage réciproque et au développement, et non aux
crises
constantes actuelles et à la rivalité souvent violente
des grandes
puissances pour la domination mondiale.
Le prix du marché global du pétrole brut,
et pas seulement du WCS,
a encore une fois plongé. La chute spectaculaire récente
des prix du
marché en dessous de leurs prix de production est source de
difficultés, en particulier pour les travailleurs du secteur et
de
toute l'Alberta qui sont toujours durement touchés par les
crises
récurrentes. Elle
pose également des difficultés pour des pays, comme le
Venezuela, qui
dépendent fortement de la production et de la vente du
pétrole et sont
la cible de l'ingérence, de menaces d'invasion et de changement
de
régime de l'impérialisme américain.
Pour ce qui est de
l'écart de prix entre le WTI et le WCS, les
oligarques de l'énergie qui contrôlent la situation et
leurs
représentants au gouvernement ne présentent pas le
problème de façon
scientifique. Ils ne révèlent pas clairement quel est le
prix de
production du WTI ou du WCS à partir duquel un prix de
marché stable
adéquat pourrait
être établi et exigé. Cela s'explique en partie par
le dogme du «
laisser les forces du marché décider des
prix » et le fait que
l'oligarchie financière utilise son monopole pour manipuler les
prix
pour servir ses propres intérêts et pour attaquer ses
concurrents et
ses ennemis.
L'admission du PDG de l'Impériale, Rich Kruger,
que son monopole
est « particulièrement bien placé pour tirer parti
de l'écart
grandissant des prix du brut » montre la vraie nature de ces
oligarques. Kruger ne veut pas avoir un compte rendu scientifique des
prix et
encore moins l'intervention du gouvernement pour stabiliser les prix
parce
qu'en ce moment son monopole profite actuellement en aval du faible
prix du WCS.
Le président de CNRL, Tim McKay, et d'autres
oligarques souhaitent
que des mesures soient prises pour réduire l'offre du WCS dans
l'espoir
que le prix du marché augmentera. Une telle mesure favorisera
leurs
monopoles, s'ils parviennent à augmenter le prix du WCS.
Là encore, le
problème est considéré sous un angle étroit
de l'intérêt
particulier de certains monopoles énergétiques et ne
résout pas le
problème de la fluctuation des prix du pétrole en
général, comme
l'effondrement actuel généralisé.
En fait, McKay et le gouvernement se contredisent
lorsqu'ils
affirment que la réduction de l'offre est une solution et en
même temps
dénoncent « des membres anonymes de l'industrie
énergétique » qu'ils
accusent de s'opposer délibérément aux tentatives
visant à rendre les
pipelines plus efficaces. Des pipelines plus efficaces
augmenteraient sans doute l'offre de WCS pour les acheteurs et, selon
le dogme impérialiste, réduiraient encore davantage son
prix. Ni McKay
ni le gouvernement n'expliquent comment inonder le monde de
pétrole
albertain avec des pipelines nouvellement construits et plus efficaces
fera augmenter les prix du pétrole lourd.
Les problèmes d'approvisionnement, de livraison
et de prix du
pétrole de l'Ouest canadien viennent du contrôle de
l'industrie par les
oligarques énergétiques mondiaux, de leur
mentalité et de leur position
dominante. Les oligopoles énergétiques mondiaux
contrôlent tous les
aspects du secteur pétrolier canadien et le manipulent pour
servir
leurs
intérêts privés. Cela signifie que les
problèmes du secteur ne sont pas
considérés objectivement, comme ils se présentent,
mais dans la
perspective de servir les intérêts privés
particuliers de ceux qui
contrôlent le secteur.
Si les problèmes
étaient résolus d'une manière qui sert les
travailleurs albertains, les intérêts
généraux de la société et la
reproduction élargie d'une économie albertaine
diversifiée, les crises
économiques récurrentes pourraient être
évitées. La question est de
savoir qui décide : les oligarques en faveur de leurs
intérêts privés
étroits ou le
peuple en faveur des intérêts généraux de
tous, de l'ensemble de
l'économie et de la société.
Lorsque des gouvernements ou des travailleurs
s'alignent derrière
les intérêts privés de tel ou tel groupe
d'oligarques, cela indique
qu'ils sont atteints par la même vision arriérée
selon laquelle les impérialistes sont incapables de voir les
problèmes tels qu'ils se
présentent et
de trouver des solutions en faveur du peuple.
Une vision sans objectivité de
considération et
incapable de faire
l'analyse concrète de conditions concrètes empêche
tout gouvernement et
les travailleurs de trouver la source des problèmes, de trouver
des
solutions et de tracer une nouvelle voie pour surmonter les
difficultés
actuelles. Une nouvelle direction de l'économie exige une vision
moderne prosociale et le contrôle des travailleurs sur toutes les
questions économiques, politiques et sociales qui touchent leur
vie.
Note
1. Les profits du troisième
semestre 2018 (juillet à septembre) des monopoles de
l'énergie de l'Alberta
Les monopoles suivants semblent avoir tiré profit du prix plus
bas du
Western Canadian Select (WCS) de 20 $, comparativement au
prix
d'environ 52 $ le baril du West Texas Intermediate
(WTI). Le raffineur en aval Suncor a exproprié 1,6
milliard $ en profit
d'entreprise au troisième trimestre de 2018 (une
période de trois
mois), comparativement à 867 millions $ pendant le
même trimestre l'an
dernier. Imperial a exproprié 749 millions $ pendant
le même trimestre,
comparativement
à 371 millions $ l'an dernier, tandis que Husky a
exproprié 545
millions $ pendant le même trimestre, une forte hausse par
rapport
à 136 millions $ pendant le même trimestre l'an
dernier. Les oligarques
qui contrôlent ces monopoles s'opposent à toute
intervention du
gouvernement pour réduire l'offre du
WCS pour essayer d'en hausser le prix de marché.
D'autres monopoles veulent une réduction de
l'offre parce que
le bas prix du WCS leur a nui. Cenovus a rapporté une perte
de 241
millions $ pour le même troisième trimestre
de 2018. CNRL a dépassé les
attentes avec un profit de 1,8 milliard $, mais CNRL est plus
diversifié
que Cenovus. Une portion
importante des profits de troisième semestre de CNRL provient
des
ventes au prix mondial du pétrole de ses installations
internationales,
dont le forage en mer du Nord et au large de l'Afrique. Selon le site
web de CNRL, ces ventes « ont fourni certains des plus hauts
rendements
sur les projets en capital du portefeuille de la
compagnie. »
Tous ensemble, défendons la
dignité et les droits des immigrants, des
réfugiés et des travailleurs migrants
Exigeons un moratoire sur les déportations des
personnes sans statut d'origine haïtienne!
- Entrevue avec Frantz André,
Comité d'action des personnes sans statut -
Manifestation
contre l'expulsion des personnes
sans statut d'origine haïtienne
Dimanche 2 décembre - 14 h
Devant
les
bureaux
de
circonscription
du
premier ministre Justin Trudeau, 1100, boul. Crémazie Est
Organisé par le Comité
d’action des personnes sans statut
|
|
Chaque jour, des dizaines de personnes sont
déportées en Haïti. Les personnes sans statut
d'origine haïtienne en attente d'expulsion subissent un
harcèlement insupportable de la part du gouvernement canadien.
Un jour, le gouvernement les déporte, le lendemain, ce n'est pas
le cas. Un jour, leur demande d'asile est refusée, leur date
d'expulsion est fixée et le lendemain, elle est annulée
et on leur dit qu'ils seront rappelés dans quelques semaines.
C'est une situation inhumaine et intenable.
Le gouvernement a annoncé la suspension des
expulsions prévues pour la semaine du 19 au 25
novembre, puis les a reprises le 26 novembre. Le 27 novembre,
le
gouvernement canadien a annoncé un nouveau sursis d'expulsion
pour une durée indéterminée.
LML publie ci-dessous
une entrevue avec Frantz André qui est membre du Comité
d'action des personnes sans statut et accompagnateur des personnes
prises
dans cette terrible situation. L'entrevue a été
publiée dans Chantier politique, le journal en ligne du Parti
marxiste-léniniste du Québec.
* * *
Frantz André lors d'un rassemblement pour dénoncer
les déportations d'Haïtiens en demande d'asile, le 21
juillet 2018
Chantier politique : Bonjour Frantz. Vous
appelez à un moratoire sur les déportations. Peux-tu nous
en dire plus ?
Frantz André : Ce qu'il faut
comprendre, c'est qu'il y a une crise qui a été
provoquée entourant PetroCaribe alors que 3,8 milliards de
dollars ont disparu. PetroCaribe est une alliance
pétrolière avec le Venezuela pour acheter du
pétrole à des conditions de paiement
préférentiel. Les fonds épargnés devaient
servir
à des actions de développement pour la population.
Ces 3,8 milliards de dollars ont été un point de
départ. Celui qui a commencé à questionner est un
cinéaste d'origine haïtienne à Montréal,
Gilbert Mirambeau. Il s'est questionné, écoeuré de
ce qui se passe en Haïti ; il a mis sur un carton «
Kote kob petrocaribe a ? » (Où
est passé l'argent de PetroCaribe ?) et l'a fait circuler
sur Facebook. Cela a fait boule de neige. Tous les jeunes en Haïti
qui
dénoncent le gouvernement se sont mis à faire le
même mouvement.
Pour revenir en arrière sur ces argents
de 3,8 milliards qui ont disparu, on a demandé une
reddition de comptes. Il y a eu une commission sénatoriale, la
Commission sénatoriale sur la gestion des fonds PetroCaribe, qui
a été déclenchée et qui a soumis son
rapport en novembre 2017. Quelques personnes ont été
identifiées, mais pas
nécessairement les responsables. Et il n'y a jamais vraiment eu
de suite à cela. Le mouvement a demandé justice et
reddition. Mais évidemment le rapport n'a pas été
plus loin. On sait que même des sénateurs ont
bénéficié et profité des argents alors ils
n'ont aucun intérêt à ce que cela aille plus loin.
Maintenant, les manifestations de masse actuellement
ont créé des émeutes. Après PetroCaribe, le
gouvernement au début juillet a augmenté agressivement le
prix du pétrole de 50 %. Et naturellement, la
population a réagi. Il y a eu des émeutes
les 6, 7 et 8 juillet. Il y a eu des morts et des
dégâts matériels. Et à
ce moment-là, le gouvernement a démissionné. Et il
y a eu une autre tentative avec un nouveau gouvernement. Ce qu'il faut
dire c'est que les 6,7, et 8 juillet, le gouvernement
canadien avait fermé l'ambassade et avait demandé aux
Canadiens de ne pas voyager en Haïti si ce n'est essentiel et
à ceux qui sont en Haïti de revenir. Alors
sur la question des demandeurs d'asile qui doivent être
déportés, nous avons dit : si ce n'est pas bon pour
les Canadiens, pourquoi ce serait bon pour des gens qui ont
quitté à cause de l'insécurité ? C'est
à partir de là que j'ai fait une demande de moratoire.
C'est à partir de là que nous avons fait des
manifestations devant le bureau
d'Immigration Canada. Le 14, le 21 juillet, le 30 et
ensuite PetroCaribe.
Maintenant, en quoi cela affecte-t-il les demandeurs
d'asile qui sont ici, qui ont bénéficié la semaine
dernière d'un sursis de 7 jours ? Avec les
manifestations qui se tiennent à tous les jours en Haïti,
il y a eu plus de 30 personnes massacrées à coup de
machette, des gens tués dans les manifestations, une voiture a
foncé sur
les manifestants, 9 personnes sont mortes, donc c'est la
population qui en paie le prix. Selon des sources crédibles, ce
sont les gangs qui se battent entre eux et qui sont armés par le
gouvernement et entre autres par l'opposition. On veut donc
étouffer la question de reddition de comptes de PetroCaribe en
criant à cette instabilité. C'est à mon
avis une mini guerre civile. Et que le gouvernement ait
arrêté du 18 au 25 novembre les
déportations, est encore une fois, à l'intérieur
de 4 mois, une admission qu'Haïti n'est pas un pays qui est
sécuritaire. Alors, pourquoi arrêter, commencer,
arrêter, commencer, au lieu de mettre quelque chose de plus
permanent qui dirait aux
gens qu'on va prendre un an et voir si le nouveau gouvernement est
crédible et qui va prendre la question de PetroCaribe en main.
Alors nous, en tant que Canadiens, avons un devoir moral de ne pas
envoyer des gens comme cela et surtout aussi avec tout le fait
d'arrêter et commencer, arrêter et commencer,
arrêter. Cela amène des gens à avoir une
anxiété, l'incertitude qu'à n'importe quel moment,
ils vont être déportés.
Il y a une jeune dame qui est monoparentale dont le
fils est né ici au Canada qui devait être
déportée la semaine dernière. On l'appelle
le 20 et on lui dit tu ne partiras pas le 21. Mais elle a
cédé son appartement, elle a fait cadeau de ses meubles
car elle n'avait pas eu le temps de les vendre, et maintenant elle a
tout dans ses
valises, elle est chez quelqu'un, en attente qu'on la convoque car on
lui dit qu'on va vous rappeler dans 3-4 semaines pour choisir la
date de déportation. C'est comme des gens qui ont
été condamnés à mort et qui sont dans leur
cellule à attendre qu'on les exécute. C'est
l'équivalent du pouvoir de la mort aux États-Unis.
Un camp accueillant des réfugiés qui
sont
entrés au Canada en
provenance des États-Unis à Lacolle, au Québec,
le 17 août 2017. La
plupart des réfugiés sont des Haïtiens qui ont fui,
craignant que les
États-Unis ne les obligent à retourner en Haïti.
CP : Quelle est la situation ici
maintenant à Montréal ?
FA : Il faut voir que plusieurs des
audiences n'ont pas été tenues. Avec l'arrivée
massive des réfugiés l'année dernière, le
système d'accueil était débordé, autant
à la frontière qu'avec le manque de centres
d'hébergement. Avec l'aide juridique, on faisait du rattrapage
à perpétuité et jusqu'à présent
c'est beaucoup
d'improvisation. Les gens sont pris à ne pas avoir les services
juridiques entre autres avec des avocats qui vont vérifier
que les dossiers des demandeurs d'asile soient bien
préparés. Les avocats aujourd'hui sont
désarmés, ils baissent les bras. Il y a les
critères arbitraires laissés à la
discrétion de quelqu'un qui selon nous a reçu des quotas
de refus et
d'acceptation. Les quotas ont été plus ou moins
annoncés l'année dernière quand Emmanuel Dubourg a
été envoyé deux fois aux États-Unis pour
dissuader la communauté haïtienne. Il avait accepté
d'y aller. La première fois qu'il a été
envoyé, autant lui que M. Trudeau que Marc Garneau, qui a
été le premier à prendre la parole, ils disaient
que les
demandeurs d'asile haïtiens, c'était entre 40
et 50 % d'acceptation. Dubourg est retourné et la
deuxième fois il apporte le message que c'est
seulement 10 % d'acceptation, et ce, afin de dissuader les
Haïtiens mais aussi les Salvadoriens et d'autres
communautés. Le 10 % est basé sur une analyse
de 297 dossiers dont 29 seulement ont été
acceptés. Mais les 270 autres ont droit à des
recours au fédéral, humanitaires, etc. Et 297
dossiers sur environ 6000, ce n'est pas représentatif.
De 2012 à 2016, le taux d'acceptation a
été de 40 à 50 %. L'année
dernière on est tombé
à 22 %. Il y a deux semaines le taux était
de 17 %. Et maintenant je pense qu'on se rapproche
du 10 %.
J'ai commencé
à accompagner les gens au 1010 Saint-Antoine [Immigration,
Réfugiés et Citoyenneté Canada-Bureau du
Québec - Note de Chantier politique] depuis juin pour me rendre
compte de la manière dont les gens sont reçus, de
manière extrêmement disgracieuse, irrespectueuse,
agressivement pour voir si la personne risque de
résister et alors on les détient immédiatement. On
les envoie alors au centre de détention de Laval. Il s'y trouve
environ 150 personnes. Et maintenant ils ont décidé
de bâtir un autre centre de détention juste à
côté de l'actuel centre, supposément parce que le
centre actuel est désuet. Mais je pense que c'est pour augmenter
la capacité de
détention. Parce que le gouvernement canadien a annoncé
que d'ici mars 2019, il va augmenter à 10 000 le
nombre de déportations. En année
préélectorale, il se doit de montrer qu'il a le
contrôle. Donc il utilise une communauté
particulièrement précaire, les Haïtiens. Il les
déporte. Nous invoquons cette situation de guerre civile
pour demander ce moratoire. On les déporte aussi aux frais du
contribuable. Quand les gens n'ont pas d'argent pour acheter le
billet, le gouvernement va fournir le billet mais on dit aux gens que
s'ils veulent revenir, ils doivent rembourser ce billet. J'ai
trouvé des billets à 280 $ la semaine
derrière. Le gouvernement
demande 1500 $. En plus il y a plus de 550 $ de
frais pour demander de revenir. Alors cela coûte au
moins 2050 $ pour avoir le droit de revenir, en plus d'autres
frais.
CP : Qu'aimerais-tu dire pour
terminer ?
FA : J'invite les gens à venir
manifester ce dimanche 2 décembre à 14 h devant
les bureaux de circonscription du premier ministre Justin Trudeau
au 1100 boulevard Crémazie Est pour exiger un moratoire sur
les déportations maintenant.
(Photos :
Chantier politique, Haïti Progrès, Haïti
Liberté )
Le statut de résident doit être
accordé aux aides familiaux migrants et à leurs familles
dès leur arrivée!
Conférence de presse à Toronto le 18
novembre 2018
Les aides familiaux migrants ont tenu des
réunions et des conférences de presse à Toronto,
Edmonton, Vancouver, Ottawa et Montréal le 18 novembre pour
lancer leur rapport dans lequel ils demandent au gouvernement de
défendre leurs droits humains. Le rapport, intitulé Les
voix
des
aides
familiaux
pour le statut de résident et
la justice, a été préparé par 14
organisations qui représentent les aides familiaux migrants et
sert de document de référence à leur campagne
« Pour un statut de résident immédiat : les
aides familiaux s'organisent ! » [1]
Aux réunions et dans le rapport, les femmes qui
travaillent comme aides familiaux ont fait entendre leur voix. Elles
ont exprimé la fierté qu'elles ressentent à
accomplir un travail dont la société et l'économie
ont besoin pour fonctionner. Elles ont parlé et écrit
à propos de leur travail pour nourrir et s'occuper des enfants
pour que leurs parents
puissent aller travail, pour appuyer les aînés afin qu'ils
puissent passer la dernière portion de leur vie à la
maison et pour s'occuper des personnes ayant un handicap afin de
soutenir leur indépendance.
En même temps, elles ont dénoncé
les conditions de précarité dans lesquelles elles
travaillent. Elles blâment le système d'immigration et les
lois du travail du Canada pour cette situation. Par exemple, elles font
l'objet d'un processus d'immigration « en deux temps »
qui requiert qu'elles entrent au Canada avec un statut temporaire et un
contrat de travail et sans leur famille. Elles doivent compléter
leur contrat de travail avant de pouvoir demander la résidence
permanente. Ce statut temporaire a eu et a encore des effets
dommageables durables sur la santé physique et mentale de ces
femmes et sur leur famille. En plus du fait que cela a un impact
dévastateur, la détermination de ces
travailleuses comme étant temporaires n'a pas de sens parce que
l'aide familiale par des travailleuses étrangères,
comprenant le travail domestique, l'éducation des enfants et le
soin aux aînés, est un trait permanent de la
société canadienne depuis des décennies. Forcer
ces travailleuses à accepter un statut «
temporaire » ne fait que faciliter et
maintenir leur surexploitation et leur marginalisation.
Les rencontres ont été organisées
alors que le gouvernement fédéral est en train d'examiner
le programme d'Aides familiaux résidents qui doit se terminer en
novembre 2019. Les travailleuses qui oeuvrent comme aides
familiaux résidents ne veulent pas que ce programme soir
prolongé ou remplacé par un projet-pilote qui est lui
aussi
arbitraire. Elles réclament un nouveau Programme
fédéral pour les aides familiaux qui leur fournit le
statut de résident permanent dès leur arrivée,
pour elles et leur famille.
D'ici là, elles demandent des réformes
immédiates qui vont améliorer leur situation, parmi
lesquelles on trouve celles-ci :
Cliquer pour agrandir
|
- Les aides familiaux devraient pouvoir demander la
résidence permanente (RP) après une année de
travail (ou 1950 heures). À l'heure actuelle, elles doivent
travailler deux ans avant de pouvoir faire une demande. Une
période d'une année est la norme pour la plupart des
autres programmes d'immigration permanente au Canada.
- Tous les aides familiaux doivent obtenir des permis
de travail ouverts et avoir accès à la mobilité du
travail. Les aides familiaux en ce moment ne peuvent travailler que
pour l'employeur dont le nom est inscrit sur leur permis, ce qui rend
très difficile de quitter un employeur abuseur ou, dans le cas
des soins aux aînés, de changer
d'employeur lorsque la personne dont ils s'occupent
décède.
- Les nouvelles exigences en matière
d'instruction doivent être abrogées. Les aides familiaux
doivent présentement avoir terminé une
année d'équivalence postsecondaire canadienne avant de
faire une demande de RP, mais ils n'ont pas le droit de suivre des
cours pendant qu'ils travaillent.
- Le test d'anglais requis avant la RP doit lui aussi
être abrogé. De nouvelles exigences relatives à la
connaissance de l'anglais ont été introduites par le
programme-pilote, mais il n'existe pas de classes d'anglais gratuites.
- Le nouveau plafond qui limite
à 2 750 demandes de RP par année pour chaque
vague d'aides familiaux doit être abrogé. Plus
de 5 500 aides familiaux viennent chaque année au
Canada dans le domaine des soins aux enfants. Le plafond imposé
aux demandes de résidence permanente fait en sorte qu'au moins
la
moitié des aides familiaux ne sont pas en mesure de
présenter une demande même après avoir satisfait
à toutes les exigences.
- Les retards dans la résidence permanente
doivent être comblés. Des milliers de femmes oeuvrant
comme aides familiaux attendent depuis une période allant
jusqu'à 10 ans pour être réunies à leur
famille parce que personne ne fait le suivi des demandes concernant les
membres des familles.
- Les conjoints et les enfants des aides familiaux
devraient pouvoir les rejoindre en ayant eux-mêmes accès
à des permis de travail et d'études. L'unité de la
famille est la norme dans plusieurs autres programmes d'immigration
temporaire et cela permet d'améliorer la santé et de
renforcer les familles comparativement aux années de
séparation
forcée.
Les aides familiaux et leurs supporters entendent
organiser plus d'actions dans un proche avenir et demandent l'appui des
Canadiens pour leurs justes revendications.
« Nous demandons à tout le monde de nous
appuyer, de rencontrer leurs députés, de parler des aides
familiaux et de signer
la
pétition, a dit à Forum ouvrier
Kara Manso, coordonnatrice du Centre d'action des aides familiaux de
Toronto. Les
élections fédérales auront lieu bientôt.
Cela offre l'occasion aux Canadiens de prendre la parole à la
défense des aides familiaux. Nous ne demandons pas de traitement
spécial. Nous revendiquons nos droits humains fondamentaux, les
mêmes droits qu'ont les autres. »
Note
1. On peut lire le rapport en cliquant
ici.
L'état des droits humains aux
États-Unis aujourd'hui
Les attaques criminelles de Trump
contre le droit d'asile
La caravane de migrants centroaméricains à la
frontière des États-Unis,
à Tijuana, Mexique, le 22 novembre 2018
Le 9 novembre, le président Trump a
publié une proclamation attaquant le droit des
réfugiés de demander l'asile aux États-Unis. Il a
déclaré que seules les personnes entrant dans le pays par
les points d'entrée seraient autorisées à demander
l'asile. Il l'a fait à un moment où beaucoup sont
déjà arbitrairement et illégalement refusés
aux
points d'entrée situés le long de la frontière sud
avec le Mexique.
Les réfugiés ont le droit de demander
l'asile et de le faire, quel que soit le lieu où ils entrent
dans
le pays. Ceci est codifié à la fois dans le droit
américain et le droit international que le président est
tenu de respecter. Trump agit au contraire ouvertement contre les
droits et les lois, ce qui fait de la proclamation une attaque
criminelle. Il appuie
ses dires en déployant 5 200 soldats de l'armée
dans la région frontalière méridionale. Il
déclare : « C'est une invasion de notre pays et nos
militaires vous attendent » ! Il utilise des mots comme
« invasion » qui jettent les bases d'une
déclaration éventuelle de la loi martiale tout en ayant
les troupes pour la
faire respecter.
Trump tente de justifier la
proclamation et le déploiement militaire au nom de
l'intérêt national. La proclamation stipule : «
La migration de masse continue et menaçante d'étrangers
qui entrent aux États-Unis sans aucun fondement par la
frontière sud a précipité une crise et sapé
l'intégrité de nos frontières. Je dois donc
prendre des
mesures immédiates pour protéger l'intérêt
national... »
Les mesures prises consistent à refuser le droit
de demander l'asile aux réfugiés qui n'entrent pas par
les points d'entrée : « En vertu de cette suspension,
les étrangers qui franchissent la frontière sud,
même ceux qui ne possèdent pas de documents
d'identité, peuvent se prévaloir de notre système
d'asile, selon les termes de cette
proclamation, à condition qu'ils se présentent comme il
se doit à un point d'entrée, aux fins d'inspection...
Mais les étrangers qui entrent illégalement aux
États-Unis par la frontière sud en violation de la
présente proclamation ne pourront se voir accorder
l'asile. » Les ports d'entrée sont désormais
militarisés avec des clôtures surmontées de
barbelés et des camps de détention comprenant des tentes
sous contrôle militaire. La suspension est censée
durer 90 jours, mais peut être prolongée par Trump,
de
même que le déploiement des troupes.
Dans la proclamation, Trump a de nouveau
souligné que « l'entrée illégale d'un grand
nombre d'étrangers aux États-Unis entre les points
d'entrée de la frontière sud est contraire à
l'intérêt national et notre loi reconnaît depuis
longtemps que les étrangers cherchant à entrer
légalement aux États-Unis doivent le
faire aux points
d'entrée. »
Les faits montrent que la plupart des
réfugiés ont un « motif d'admission »,
par exemple une « peur crédible » d'être
persécutés, torturés ou tués s'ils
retournent dans leur pays d'origine. C'est également vrai que le
droit américain et le droit international obligent
spécifiquement les États-Unis à accepter les
réfugiés et à entendre
leur cause en audience, quel que soit l'endroit par lequel ils entrent
dans le pays. Trump lui-même admet que « la grande
majorité de ces étrangers satisfont au seuil de crainte
digne de foi », ce qui signifie que leurs
réclamations sont légitimes. Malgré cela,
plusieurs se voient refuser le droit d'asile à la fois parce que
la plupart n'ont pas
d'avocat (la plupart des personnes qui obtiennent l'aide d'un avocat
obtiennent l'asile), beaucoup se font berner et sont obligées de
signer des documents utilisés contre elles, et parce que les
États-Unis ne cessent d'élever arbitrairement le seuil
requis pour l'acceptation de l'asile. Cela inclut l'élimination
de
la violence domestique en tant que peur crédible. Les
États-Unis continuent d'agir en toute impunité et
continueront sans aucun doute de le faire, quelles que soient les
décisions des tribunaux.
Des migrants dans une caravane traversant
le Mexique en
direction de la frontière américaine
Les actions du gouvernement ont aussi pour
cible le mouvement de résistance aux États-Unis
Les actions prises par la classe dirigeante aux
États-Unis, y compris par ses médias, au sujet d'une
soi-disant invasion, telles celles de stationner l'armée
à
la
frontière sud et de se préparer à priver les gens
de
leur citoyenneté, représentent non seulement une
négation criminelle des droits, mais visent aussi à faire
obstacle au mouvement de résistance
héroïque du peuple des États-Unis et à le
briser.
Par ces discours au sujet d'une invasion et de menaces à la
sécurité et au mode de vie américains, on vise
à priver le peuple d'une conception du monde qui lui permette
d'avoir une vue d'ensemble de la situation pour identifier les
problèmes auxquels il est confronté et pour leur trouver
des
solutions. Cet effort concerté vise à maintenir le peuple
dans un état de désinformation au moment même
où la vue d'ensemble dont il a besoin est basée sur la
nécessité de changement, la nécessité
d'investir le peuple du pouvoir pour qu'il donne une nouvelle direction
à l'économie et qu'il engendre une démocratie qui
réponde aux exigences de
notre époque, non au désespoir des riches. Sinon, ce qui
constitue l'« intérêt national » est
précisément ce qui perpétue la situation de
l'enrichissement des riches et de l'appauvrissement des pauvres qui
menace la société et ses membres.
Les médias et les
autorités à tous les niveaux font tout ce qu'ils peuvent
pour inciter les gens à participer aux attaques contre les
droits de leurs semblables. Le fait d'annoncer une invasion, de
stationner des troupes et de se préparer à priver les
gens de leur citoyenneté n'est pas un développement que
le peuple américain appuie. Les milliers de
migrants qui ont marché des milliers de kilomètres pour
se rendre à la frontière dont le tiers sont des enfants
et un grand nombre de femmes et dont aucun participant ne
porte une arme ne constituent pas une force d'invasion. Dans une
entrevue avec le New York Times, même l'amiral James G.
Stavridis, l'ancien chef du
commandement sud de l'armée américaine, a ouvertement
dénoncé Trump et sa « fausse invasion de caravanes
de migrants ». Pourquoi, alors, tous ces propos, ces
proclamations et ce déploiement de troupes ? Pourquoi alors
menacer de retirer la citoyenneté à des personnes
nées aux États-Unis et du même souffle marteler la
question de
l'« intérêt national » ?
Par ces actions, on vise avant tout à justifier
le recours à la force contre la résistance populaire aux
atteintes aux droits qui sévissent des deux côtés
de la frontière. C'est le peuple américain qui en est la
cible et c'est la conscience grandissante que ce pays n'est pas celui
que le peuple veut qui est attaquée. Cela s'est manifesté
entre autres par
les actions de masse contre les séparations familiales, actions
qui ont rassemblé des gens de toutes les couches de la
société et de diverses opinions politiques pour dire
NON ! d'une seule voix.
Une caravane traversant le Honduras en octobre 2018 en direction nord
Retirez immédiatement toutes les troupes
de la frontière : notre sécurité est dans
notre lutte pour les droits de tous
- Voice of Revolution -
Le président Trump a ordonné à
près de 5 200 troupes en service actif de se masser
à la frontière sud entre les États-Unis et le
Mexique. Il y a déjà 2 092 soldats de la Garde
nationale à cet endroit. Selon le Pentagone, il y
a 2 800 soldats en service actif au Texas, 1 500 en
Arizona
et 1 300 en Californie. Un nombre inférieur de soldats
seront envoyés au Nouveau-Mexique. Le Pentagone affirme que le
nombre de soldats pourrait atteindre 7 000. Des troupes
seront
actives tout le long de la frontière, mais la plupart d'entre
elles sont stationnées dans des bases près de centres
à forte population comme El Paso
au Texas et San Diego en Californie. Déjà dans les
régions de points d'entrée et les petites villes
frontalières circulent des véhicules militaires, des
clôtures coiffées de barbelés à lames ainsi
que des soldats armés qui patrouillent.
Les troupes armées vont mener ce que
l'armée appelle des « formations de masse à grande
échelle sur l'usage de la force ». L'armée
munit Douanes et Protection des frontières (DPF) de
systèmes de reconnaissance et de renseignements et
d'hélicoptères
dotés
de détecteurs à vision de nuit. Elle fournira aussi aux
agents du DPF un nouvel équipement
militaire tel des boucliers antiémeutes, des
protège-tibias tactiques, des bâtons extensibles de trois
pieds et une panoplie de munitions « non
létales ». L'opération est menée sous le
commandement du général Terrence O'Shaughnessy, le chef
du Commandement Nord, qui est responsable des États-Unis, du
Canada et du Mexique.
Ce qui est non négligeable est qu'il s'agit de
troupes en service actif et non de nouveaux membres de la Garde
nationale. Le recours à la Garde nationale doit
généralement recevoir le consentement du gouverneur de
l'État en question. L'armée en service actif n'est pas
tenue de le faire et est entièrement sous le commandement du
Pentagone, y
compris pour décider du nombre d'intervenants, de la
durée du déploiement et des règles gérant
le recours à la force.
Un tel déploiement n'est
nettement pas nécessaire puisqu'il ne s'agit que de quelques
milliers de personnes dont le tiers est composé de femmes et
d'enfants et que tous sont sans armes et ont voyagé des milliers
de kilomètres surtout à pied pour chercher asile aux
États-Unis. L'occupation militaire et les exercices militaires
réels dans le pays
même sont plutôt à l'intention des peuples des
États-Unis et du Mexique, pour les habituer à la
présence de l'armée et faire en sorte qu'il soit
perçu comme normal pour l'armée d'être
présente et active en si grand déploiement. Aussi, le
DPF, l'État, le pays et les agents policiers locaux sont
assujettis au commandement militaire. Ce qui explique un
tel commandement unifié est le fait que les conflits entre ces
autorités et le gouvernement fédéral et entre
elles s'intensifient, en particulier dans les États sanctuaires
comme la Californie. Il est aussi nécessaire en cas de ce que le
président a qualifié d'« invasion », ce
qui justifierait non seulement la présence de troupes, mais
aussi
du décret de
la loi martiale.
En fait, il est interdit de déployer
l'armée à des fins policières et pour
détenir des personnes non militaires à l'intérieur
des États-Unis. En vertu de la Loi Posse Comitatus
(1878)
adoptée dans la période de reconstruction après de
la Guerre civile et de la
Reconstruction, il est interdit aux forces militaires d'accomplir des
tâches réservées aux autorités
policières civiles telles les arrestations, les
appréhensions, les interrogations et la détention
à moins d'être dument autorisées par le
Congrès.
Le Pentagone prétend que l'armée joue
uniquement un rôle d'« appui » et non
d'exécution. Les peuples du Mexique, de la Colombie, du
Honduras, du Salvador et du Guatemala, pour ne nommer que
ceux-là, connaissent très bien cet «
appui » offert par l'armée américaine. C'est
un prétexte pour que les forces militaires
américaines assument le contrôle, aient recours
régulièrement aux détentions, aux interrogations
et aux
confrontations armées sans égard aux lois ni à
l'autorité d'un pays donné. En toute probabilité,
ce déploiement fera de même, l'armée et le DPF
agiront ensemble avec impunité contre les peuples des deux
côtés de la frontière et sans
égard aux autorités locales et gouvernementales.
Les troupes et les camps de concentration
Le 87e Corps mécanique de
l'armée américaine déployé à la
frontière mexicaine
|
En même temps que Trump déploie
l'armée, il ordonne au Pentagone de construire des camps de
détention capables d'enfermer 200 000 personnes comme
point de départ — encore une fois un chiffre qui dépasse
de loin le nombre de réfugiés sans armes qui arrivent
à la frontière et qui demandent asile. On prévoit
des camps de
concentration aux bases des Forces aériennes de Fort Bliss,
Goodfellow et Dyess au Texas et il est fort probable que tout
équipement qui est présentement installé restera
à de telles fins, à la fois pour l'armée et
DPF. De tels camps sont aussi prévus en Californie et en
Arizona, où les troupes sont déployées, sans
oublier en Alabama et en
Arkansas. Et même si Trump prétend que les camps, comme
les troupes, sont là pour les immigrants et les
réfugiés, le nombre d'installations indique plutôt
que les futurs plans incluent tous ceux que l'exécutif juge une
« menace à la sécurité
nationale ». Si pour Trump des familles pauvres et sans
armes qui arrivent à pied représentent une «
invasion » et une menace à «
l'intérêt national », les travailleurs en
grève, les opposants à la guerre, les protecteurs de
l'eau, les organisateurs environnementaux et tous ceux qui
défendent les droits seront perçus de la même
façon.
Élargissement des pouvoirs policiers
Le recours à
l'armée au pays même, les camps de concentration,
l'interdiction de demandeurs d'asile, la séparation des
familles sont tous des exemples d'une expansion des pouvoirs policiers
par l'exécutif. Les actions sont ouvertement illégales et
sont prises en toute impunité. L'intention d'avoir recours au
décret exécutif pour éliminer la
citoyenneté de naissance serait un autre exemple de comment,
malgré le fait que c'est illégal, l'exécutif peut
avoir recours aux pouvoirs policiers pour mettre cette mesure en
oeuvre, comme cela se produit pour les détentions
illégales et la séparation des familles. Ces actions se
poursuivent en dépit des décisions de justice.
Le Bureau du Président se sert des pouvoirs
policiers au pays et à l'étranger pour usurper davantage
le pouvoir et le concentrer entre les mains de
l'exécutif pour priver le peuple de pouvoir et de droits. C'est
ce gouvernement de pouvoirs policiers qui représente un danger.
Le recours récent à l'armée, au DPF et à
l'Immigration and
Customs Enforcement (ICE) en témoigne - et toutes leurs
actions n'ont fait qu'accroître l'insécurité des
peuples, ici et ailleurs.
La solution est dans l'intensification de la lutte pour
les droits de tous, au pays et à l'étranger. Le travail
que font les vétérans militaires pour
encourager les troupes actuelles à refuser de respecter les
ordres et d'être au service des camps de concentration et
d'attaquer
les réfugiés, les nombreuses organisations de
défense des droits des immigrants
et des réfugiés des deux côtés de la
frontière, l'organisation antiguerre qui ne fait qu'un avec les
peuples qui luttent pour la paix et la justice contribuent toutes
à un monde plus sécuritaire. Ensemble, intensifions la
lutte pour nous investir du pouvoir et pour nos droits !
Retirez
immédiatement toutes les troupes de la frontière !
Notre sécurité est dans notre lutte pour les droits de
tous et toutes !
Voice of Revolution est une publication de l'Organisation
marxiste-léniniste des États-Unis.
198e anniversaire de naissance de
Friedrich Engels
Friedrich Engels : grand défenseur et
éducateur de la classe ouvrière
Friedrich Engels, le brillant éducateur et
dirigeant du prolétariat international est né il y
a 198 ans,
le 28 novembre 1820. Lui et Karl Marx, son proche ami et
camarade, ont fondé le socialisme scientifique, la
théorie indispensable du mouvement
émancipateur de la classe ouvrière. Son activité
révolutionnaire s'étend sur plus d'un
demi-siècle pendant lequel, avec Karl Marx, il a
démontré que la
lutte pour le socialisme n'est pas une utopie, un ensemble d'«
idées excellentes » dont il s'agirait seulement de
convaincre les maîtres et les classes gouvernantes de leur
bien-fondé, mais la
conséquence inévitable du développement des forces
productives de la société moderne et de la toute aussi
inévitable lutte de classe du prolétariat contre la
bourgeoisie que ce développement provoque.
Friedrich Engels est né à Barmen, en
Rhénanie prussienne. Déjà à l'école,
il avait acquis une haine profonde pour l'autocratie et le despotisme
politique. Disciple des enseignements révolutionnaires de Hegel,
comme Marx, il en vint tôt à rejeter, comme Marx
également, le point de vue idéaliste de Hegel, mais
adopta son approche dialectique
pour faire une analyse matérialiste du monde. Armé de
cette conception et de cette approche, il fit une étude
détaillée des conditions de la classe ouvrière
anglaise après s'être établi à Manchester,
dans le coeur de l'industrie britannique, en 1842, où il
fut témoin de la pauvreté et de la misère des
travailleurs. Le produit de ses études et
observations est dans son ouvrage La
situation de la classe laborieuse
en Angleterre, qui a une grande valeur révolutionnaire et
scientifique. Avec cet ouvrage, Engels fut le premier à
souligner le côté révolutionnaire de la condition
déplorable du prolétariat : que les conditions de la
classe ouvrière la mènent irrévocablement à
lutter pour son
émancipation complète. Le mouvement politique de la
classe ouvrière amènerait inévitablement les
travailleurs à la conclusion que leurs intérêts
exigent la destruction des fondements de la société
capitaliste, du pouvoir de la toute petite minorité
d'exploiteurs
et de la propriété privée, et que l'avenir passait
nécessairement par le socialisme. Engels
démontra également par l'analyse matérialiste
dialectique de la société humaine que le socialisme ne
deviendrait une force que lorsqu'il deviendrait le but de la lutte
politique de la classe ouvrière. C'est à cette
époque en Angleterre qu'il devint un socialiste.
Engels rencontra Marx en 1844. Les deux avaient
déjà commencé par correspondance leur
collaboration qui allait durer toute leur vie et qui allait donner
à la classe ouvrière la science révolutionnaire de
son émancipation. Cette année-là, ils
rédigèrent La Sainte
Famille ou Critique de la
critique
critique, qui jette les bases du socialisme
matérialiste révolutionnaire. Ils y présentent une
critique incisive de la philosophie des frères Bauer et leur
approche « critique » du monde, et écrivirent
que la question n'est pas de contempler le monde, mais de lutter pour
un
meilleur ordre de société.
Couverture de la première
édition
du Manifeste du Parti communiste,
en
allemand
|
De 1845 à 1847, Engels poursuivit son
oeuvre révolutionnaire parmi les travailleurs allemands à
Paris et à Bruxelles où lui et Marx s'étaient mis
en contact avec la Ligue communiste allemande clandestine, de laquelle
ils reçurent le mandat d'énoncer les grands principes du
socialisme tels qu'ils les avaient élaborés. En
novembre 1847, Engels compléta la première
ébauche du Manifeste du Parti
communiste. Dans cet ouvrage
immortel publié en 1848, Marx et Engels présentent
avec brio la doctrine du socialisme scientifique, le programme pour
l'émancipation de la classe ouvrière et
l'édification d'une société nouvelle, la
société communiste. Ils
placèrent le prolétariat au centre du
développement social en tant que dirigeant, inspirateur,
organisateur et mobilisateur de la lutte de classe
irréconciliable contre la bourgeoisie. Ils proclamèrent
le prolétariat le fossoyeur de la bourgeoisie, déclarant
que « sa chute et la victoire du prolétariat sont
également inévitables », que la classe
ouvrière
doit devenir la classe dominante, qu'elle doit recourir à la
violence pour contrer la violence de l'État bourgeois pour
réaliser la transformation de la société et qu'il
doit établir sa dictature pour s'émanciper et du
même coup émanciper l'humanité tout entière.
Marx et Engels lancèrent l'appel de clairon : «
Prolétaires de tous les pays,
unissez-vous ! » Il incarne les principes de
l'internationalisme prolétarien et montre le caractère
international de la lutte du prolétariat pour s'affranchir de
l'exploitation capitaliste et de l'esclavage salarié, pour
renverser l'ordre capitaliste et son pouvoir d'État à
l'échelle du monde.
Les révolutions de 1848 en Europe
ramenèrent Marx et Engels en Allemagne. À Cologne, en
Rhénanie prussienne, ils publièrent le journal
démocratique Neue Rheinische
Zeitung et devinrent les
personnages centraux de la lutte démocratique
révolutionnaire contre les forces de la réaction dans ce
pays. La réaction l'emporta et le journal
fut interdit et si Engels continua de se battre après
l'expulsion de Marx, en prenant une part active au soulèvement
armé populaire, dans trois batailles en particulier, il fut lui
aussi forcé de quitter le pays après la défaite
des forces révolutionnaires.
Peu après, Engels
s'établit en Angleterre où Marx s'était
exilé et ils poursuivirent leur proche collaboration
révolutionnaire jusqu'à la mort de Marx en 1883,
produisant un trésor de matériaux révolutionnaires
qui demeurent à ce jour un guide indispensable pour le
prolétariat international, n'ayant rien perdu de leur valeur et
validité.
C'est en Angleterre que Marx allait rédiger le plus grand
ouvrage jamais fait sur l'économie politique : Le Capital.
Pendant que Marx poursuivait cette analyse d'envergure des
phénomènes complexes de l'économie capitaliste,
Engels entreprit de développer la science et la conception du
monde révolutionnaires sur une grande variété de
sujets, produisant plusieurs oeuvres simples et concises dans un style
polémique. Parmi ses grandes contributions à la
théorie du socialisme scientifique durant cette période,
citons la célèbre polémique Anti-Duhring, dans
laquelle il aborde plusieurs questions fondamentales de la philosophie,
des sciences naturelles et des sciences sociales. Citons
aussi La question du logement
(1873), L'origine de la famille, de
la
propriété privée et de l'État (1884)
et Ludwig Feuerbach et la
fin de la philosophie classique allemande
(1890). C'est également à Engels que revint la grande
tâche de préparer et de publier les deuxième et
troisième tomes du Capital,
Marx
les ayant laissés
à l'état d'ébauche à sa
mort.
L'oeuvre révolutionnaire de Friedrich Engels va
toutefois au-delà de l'inestimable formulation de la
théorie révolutionnaire du prolétariat. Comme
Marx, il fut actif dans le mouvement ouvrier international, notamment
au sein de l'Association internationale des travailleurs fondée
par Marx en 1864. Puis après la dissolution de
l'Internationale et la mort de Marx, Engels continua de
s'intéresser de près au développement du mouvement
international de la classe ouvrière. La correspondance qu'il
entretint avec des communistes et des dirigeants ouvriers partout en
Europe et en Amérique du Nord compte parmi les trésors
qu'il a laissés au prolétariat international, riche en
principes et d'une grande valeur pour la formulation de la
stratégie et des tactiques révolutionnaires du
prolétariat.
L'essence révolutionnaire de ce brillant
combattant pour les intérêts de la classe ouvrière
est toujours présente dans son oeuvre. Il ne perdit jamais de
vue, ne serait-ce qu'un instant, les intérêts pour
lesquels il combattait, ne s'abandonna jamais à la phrase, ne
cessant de rappeler que le marxisme « n'est pas un dogme, mais un
guide pour
l'action ». Ces écrits constituent à ce jour
une composante intégrale et essentielle de la théorie du
socialisme scientifique, un guide inestimable et indispensable dans la
lutte de la classe ouvrière pour son émancipation, pour
le socialisme et le communisme.
Réunion de fondation de l'Association internationale des
travailleurs à Londres
en septembre 1864
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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