Le Marxiste-Léniniste

Numéro 41 - 17 novembre 2018

Deux conférences de guerre à Halifax

Vive opposition aux préparatifs de guerre impérialistes à Halifax

Deux conférences de guerre à Halifax
Vive opposition aux préparatifs de guerre impérialistes à Halifax
Les commanditaires de la Conférence de guerre à
Halifax - Entrevue, Tony Seed

À titre d'information
À propos du Forum d'Halifax sur la sécurité internationale
Assemblée parlementaire de l'OTAN

Projet de loi C-87 - un miroir aux alouettes préélectoral
La loi de lutte à la pauvreté du gouvernement libéral - d'importantes leçons à tirer de 1989 - Phil Fernandez
Le «eux versus nous» du projet de loi C-87- KC. Adams


À titre d'Information
La réduction de la pauvreté vue des rangs de l'élite dominante
Campagne 2000

La légalisation de la marijuana par le gouvernement libéral
La nouvelle législation fédérale sur le cannabis - Entrevue avec John Akpata, intervenant de la paix du Parti marijuana du Canada
Informations pertinentes sur le sujet

Le référendum en Colombie-Britannique
Voter Oui! à la représentation proportionnelle
Le Camp du Non use de sophisme contre la représentation
proportionnelle - Peter Ewart
Très bonne discussion sur la proportionnelle à Prince George

Commémorations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale
Des discussions et des rencontres partout au Canada contre les préparatifs la guerre impérialiste
Le rôle des femmes canadiennes dans la lutte pour mettre fin à
la guerre - Diane Johnston

101e anniversaire de la Déclaration Balfour
Joignons-nous aux Palestiniens pour exiger la réalisation du droit de Retour! L'occupation sioniste du territoire palestinien doit cesser!
La campagne « Non à la colonisation, nous ne céderons pas le droit
de retour » - Conférence du peuple des expatriés palestiniens


Deux conférences de guerre à Halifax

Vive opposition aux préparatifs de guerre impérialistes à Halifax

LML félicite tous ceux et celles qui contribuent à l'expression de l'opposition des Canadiens aux préparatifs de guerre impérialiste lors des conférences guerrières qui ont lieu à Halifax cette semaine, soit le Forum d'Halifax sur la sécurité internationale, dans sa dixième édition, du 16 au 18 novembre, et l'Assemblée parlementaire de l'OTAN du 16 au 19 novembre. Un merci spécial à l'organisation No Harbour for War, qui a pris l'initiative de veiller à ce que la ville de Halifax et son port ne soient pas utilisés à des fins de promotion de la guerre impérialiste ou de participation des Canadiens à la préparation de la guerre impérialiste. Il faut également remercier tous les militants de tous horizons qui voient la nécessité de s'exprimer sur les questions importantes de la guerre et de la paix alors que de graves dangers menacent l'humanité, dangers que seuls les peuples unis sur la base de leurs propres projets d'édification nationale et de l'affirmation de leur propre conscience peuvent éviter.



Manifestation devant le Forum sur la sécurité internationale d'Halifax le 17 novembre 2012. Des actions de protestation sont organisées chaque année depuis le premier forum en 2009.

Mis à part le fait qu'il emprunte le nom d'Halifax, le Forum d'Halifax sur la sécurité internationale n'a aucun lien organique avec Halifax. Tout est organisé depuis Washington, où le Forum a son siège depuis 2011 en tant qu'entité distincte. Le ministère canadien de la Défense a versé quelque 30 millions de dollars en taxes aux organisateurs américains depuis 2009. Il soutient que le but de la « discussion » est « d'apprendre les uns des autres, d'échanger des opinions, de générer de nouvelles idées et de les mettre en oeuvre ».

Les points de l'ordre du jour ont tous à voir avec la confrontation du gouvernement américain avec le monde qu'il cherche à dominer. Ils constituent un mécanisme spécialisé pour la mobilisation de hauts responsables américains, canadiens et internationaux, en particulier de militaires, ainsi que d'idéologues choisis, de journalistes et d'organisations vouées à l'hégémonie et à la guerre. À cet égard, l'ordre du jour du forum de cette année révèle que les forces impérialistes tentent de dissimuler les objectifs de guerre menés par l'OTAN. Le ton général de la réunion de cette année, qui coïncidait avec le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, est donné par ce thème de la session plénière : « 100 ans après : sommes-nous fatigués de gagner ? » C'est un indice éloquent de la conception du monde promue par les organisateurs.[1]

Parallèlement au Forum sur la sécurité cette semaine se tient l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Elle réunit 600 responsables politiques des 29 pays membres du bloc de l'OTAN ainsi que des délégués des pays partenaires « pour discuter de questions de sécurité internationale ». C'est le Parlement canadien qui organise cette conférence guerrière mais l'ordre du jour n'a rien à voir avec les besoins du corps politique du Canada en ce moment. Il est décidé à l'étranger, dans le secret, dans les coulisses du pouvoir de l'alliance militaire agressive dirigée par les États-Unis qu'est l'OTAN.

« Ce n'est pas par hasard qu'ils sont ici la même fin de semaine, a dit Peter Van Praagh, président du Forum d'Halifax sur la sécurité internationale. Cette Assemblée parlementaire de l'OTAN a choisi Halifax ce week-end précisément à cause des personnes qui participeraient au Forum sur la sécurité internationale. Certains de nos experts et conférenciers vont informer les législateurs et discuter avec eux pendant leur séjour à Halifax. »

« Un événement majeur sera le débat parlementaire et l'adoption des résolutions présentées aux comités sur le Grand Nord, la guerre hybride, le partage du fardeau, la dissuasion, l'espace, l'énergie, le Sud, l'innovation dans le domaine de la défense et la médiatisation des élections en Russie. »

Selon leur site, la présidente de l'Assemblée, Rasa Jukneviciene, la secrétaire générale adjointe de l'OTAN, Rose Gottemoeller, ainsi que d'autres hauts fonctionnaires informés par son département des médias, prendront la parole à la séance plénière du 19 novembre.

Entre autres choses, l'OTAN est actuellement engagée dans une campagne de grande envergure pour célébrer le 70e anniversaire de sa fondatioSn, le 4 avril 2019. L'ordre du jour du Forum d'Halifax et de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN sont des exemples des événements à venir, car l'OTAN utilise chaque occasion pour promouvoir les objectifs de guerre de cette alliance agressive dirigée par les États-Unis au nom de la paix, de la liberté et de la démocratie.

L'OTAN exige la collaboration des gouvernements et a toujours contribué à la formulation des structures politiques à autoriser non seulement en Europe, aux États-Unis et au Canada, mais, depuis la chute de l'ancienne Union soviétique et des anciennes démocraties populaires, dans tous les pays dits démocratiques et non soumis à un changement de régime par le bloc de l'OTAN. En 2017, une réunion des ministres de la Défense des pays de l'OTAN qui s'est tenue à Bruxelles les 8 et 9 novembre a approuvé les grandes lignes d'une structure de commandement adaptée et a officiellement lancé l'extension du programme de cyberguerre de l'OTAN et l'inclusion des cyberattaques dans les dispositions relatives à la défense collective de l'article 5 de la Charte de l'Alliance. Cela concerne les points de l'ordre du jour en cours de discussion entre les représentants des plus grands intérêts privés, les groupes de réflexion, les commandants militaires et les parlementaires dont la mission principale est de fournir des arguments pour les guerres en faveur des impérialistes américains et de leurs alliés.

L'objectif déclaré de la nouvelle structure de commandement est « d'améliorer le mouvement des troupes à travers l'Atlantique et en Europe ». L'accent a été mis sur la soumission de la planification et des infrastructures des pays membres aux objectifs de déploiement rapide des troupes et du matériel militaire, y compris à travers les frontières nationales de ses membres et partenaires. Bien que présenté comme étant à des fins de défense, il montre clairement que l'OTAN se prépare à déplacer ses troupes et son équipement contre ceux qu'elle déclare ennemis. La réunion a souligné la nécessité d'actualiser les exigences militaires en matière d'infrastructures civiles, telles que les routes, les voies ferrées et les aéroports. LML a souligné à ce moment-là : « Cela veut dire qu'on va intensifier la pression pour que les gouvernements nationaux des États membres et candidats membres de l'OTAN soumettent l'infrastructure civile, actuelle et à venir, au commandement de l'OTAN. » De plus, l'OTAN avait précisé à l'époque qu'en plus des gouvernements, les secteurs privés et l'Union européenne ont aussi « des rôles clés à jouer ».[2]

Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a déclaré lors d'une conférence de presse après la réunion des ministres de la Défense de l'OTAN de 2017 que depuis 2014 « nous avons fait d'immenses progrès dans l'amélioration des législations nationales. Nous avons supprimé de nombreux obstacles bureaucratiques pour pouvoir déplacer des forces à travers le territoire des Alliés. Mais il reste beaucoup à faire. Nous devons nous assurer que la législation nationale qui facilitera le franchissement des frontières soit pleinement mise en oeuvre. Nous avons besoin d'avoir à notre disposition une capacité suffisante de transport, laquelle provient en grande partie du secteur privé. Nous devons améliorer les infrastructures telles que les routes, les ponts, les voies ferrées, les pistes d'atterrissage et les ports. L'OTAN est en train de mettre à jour les exigences militaires pour les infrastructures civiles. »

Il a expliqué plus tard que l'OTAN allait en fait dicter les changements dans les lois des États membres pour servir le déploiement rapide lors d'une guerre, en déclarant : « Il est question de législation et, bien sûr, il est question de faire en sorte que les alliés de l'OTAN mettent en oeuvre ces normes et ces exigences. Nous formulons les exigences et les normes, mais bien sûr, ce sont les pays qui doivent les mettre en oeuvre lorsqu'ils investissent dans les infrastructures, lorsqu'ils prennent des dispositions, par exemple, avec des fournisseurs privés de transport. »

LML avait également souligné à ce moment-là : « Cela soulève la possibilité que l'OTAN demande aux monopoles privés du transport, dans le secteur ferroviaire par exemple, de se placer sous son contrôle militaire pour transporter l'équipement et les troupes de l'OTAN. Les travailleurs qui s'opposeront au déploiement de troupes étrangères dans leur pays seront qualifiés d'agents étrangers ou de quelque chose de pire encore. Le Canada serait sans doute visé parce que les États-Unis le considèrent comme un point de transit pour le déploiement de leurs forces en Europe. Il se peut que dans la construction des nouveaux corridors de transport, des standards soient imposés pour que les routes, les ponts et d'autres voies de transport soient capables de transporter de l'équipement militaire américain pour qu'il soit déployé pour la guerre en Europe. »[2]

Depuis 2017, les arrangements pris par l'OTAN et que les gouvernements adoptent vont très vite. Les réformes que le gouvernement Trudeau a apportées à la Loi électorale du Canada en ce qui concerne le financement par des tiers et qui décide quelle conscience les Canadiens ont le droit d'exprimer sans être criminalisés et considérés comme un agent ennemi sont en train d'être légiféré sous nos yeux. Les partis politiques qui forment le système du gouvernement des cartels participent sans exception à cette militarisation de la vie elle-même et ne doivent pas s'en sortir impunément. Cela pose la grave question de savoir comment et pourquoi les gouvernements et les partis politiques qui n'ont aucun lien avec la volonté du peuple, y compris leur opposition à la guerre et à l'agression, sont-ils autorisés à prendre leurs ordres de l'alliance militaire agressive OTAN.

L'Assemblée parlementaire de l'OTAN fait partie de la militarisation généralisée de la vie à laquelle sont confrontés les peuples des pays membres de l'OTAN. Les peuples de ces pays sont déjà affaiblis par le recours à des lois électorales, à des élections et à des systèmes politiques qui les empêchent d'avoir leur mot à dire sur les questions qui les concernent. L'Assemblée parlementaire de l'OTAN affirme qu'elle constitue « un lien essentiel entre l'OTAN et les parlements de ses pays membres » et « oeuvre à un consensus parlementaire et public en faveur des politiques menées par l'Alliance. L'AP-OTAN traite de questions sociales, culturelles, politiques et économiques, ainsi que de sujets militaires d'importance primordiale pour les pays membres de l'OTAN. Les parlementaires se réunissent afin de partager des informations lors de sessions régulières, tenues en Amérique du Nord et en Europe. »

C'est vrai. C'est ce que fait l'Assemblée parlementaire de l'OTAN. Que les peuples du monde se le tiennent pour dit !

Piquetage contre les conférences de guerre devant le bureau de circonscription de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland, à Toronto le 17 novembre 2018

Notes

 1. Agenda thématique du 10e Forum sur la sécurité internationale d'Halifax :

Séances plénières (enregistrées)
100 ans plus tard : sommes-nous fatigués de gagner ?
Le présent : trahison dans la technologie, problèmes dans le commerce
Les valeurs asiatiques : un indo-pacifique libre et ouvert
Sécurité inclusive : jouer avec l'équipe gagnante
Les envies de Pékin, les diablotins du Kremlin : les ennemis de la liberté
Aggravation des flux migratoires : les États en déroute inondent leurs frontières
Spécifique à l'ONU : institutions vieillissantes, solutions modernes
Le futur : notre monde en dix

Sessions informelles (hors micro)
Afghanistan : pivot de l'Asie
Afrique : la prochaine grande histoire de la sécurité mondiale
Après le Brexit : EUphoria ou EUlogie ?
Conséquences climatiques : la fin du monde telle que nous la connaissons
Lutte contre la corruption : Magnitsky mondial
Démographie : l'enfant du destin
Énergie : Quoi de neuf sous le soleil ?
L'Allemagne et ses alternatives
Mondialiser la dignité : la démocratie fonctionne
Comment résoudre un problème comme la Corée ?
Sécurité indo-pacifique : bataille des milliards
Iran : La protection par le retrait ?
Désordre, massacre, misère : relooking du Moyen-Orient
La doctrine de Monroe exhumée
ALÉNA mon amour : Amis avec quels avantages
OTAN Plus 2 %
Océans 1 : notre ressource collective
Populisme : populaire ?
La brigade quadruple : les défenseurs de la démocratie en Asie
Syrie : désolé
Cibler les terroristes de demain
Technologie : Les grandes inventions de l'Amérique, les véritables intentions de ses ennemis
Test de Turing : mise à jour de l'IA
USA: USA! USA! USA!
Initiatives de maintien de la paix de Vancouver : Mali et plus
Venin au Venezuela
De l'eau partout : où peut-on boire une goutte ?
Les hésitations sur les Ouïghours, plus ferme avec la Birmanie : où les musulmans sont des minorités

2. « Dangereuse expansion des pouvoirs et de l'autorité de l'OTAN », LML 2 décembre 2017

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Les commanditaires de la Conférence
de guerre à Halifax

LML : Tony, en tant que journaliste indépendant et recherchiste dont l'une des spécialités est l'OTAN et les exercices et préparatifs de guerre partout dans le monde, vous avez fait des recherches sur les commanditaires et les partenaires du Forum d'Halifax sur la sécurité internationale (FHSI). Pourriez-vous nous en parler ?

Tony Seed : On peut trouver une certaine information sur les commanditaires et les partenaires mais peu d'informations sont disponibles sur ce que veut dire exactement commanditer un tel événement. Aussi, les détails sur les « partenariats » ne sont pas connus. Rappelons par ailleurs que les deux tiers des délibérations se passent en huis clos. Mais les faits sont très éloquents.

Le site Web du Forum fait état de 14 monopoles privés qui agiraient en tant que partenaires et commanditaires. Huit d'entre eux sont américains, trois sont canadiens, deux sont turcs et un est français, mais ils sont tous de nature supranationale.[1] Il est donc impossible de les identifier en fonction de leur pays d'origine.

Ce nombre ne représente pas tous les monopoles qui participent au Forum d'Halifax puisqu'un grand nombre d'entreprises et de puissantes sociétés de lobby telles que Hill & Knowlton n'y ont délégué que des représentants individuels. D'autres acteurs puissants restent dans l'ombre, par exemple l'État américain, le Conseil sur les Relations étrangères (CRÉ), l'Institut McCain, les groupes de réflexion militaires, etc.

Ces monopoles supranationaux individuels sont aussi organisés en cartels internationaux. Cet aspect de la finance internationale est camouflé. C'est ainsi que les travailleurs du Canada se font prendre dans des batailles entre les fabricants d'armements supranationaux et dans l'agression impérialiste qui se mène dans le monde. Il y a le cas par exemple de United Technologies qui possède Pratt & Whitney et qui est devenu un nouveau commanditaire du FHSI à la toute dernière minute. Ce conglomérat d'armements géant participe dans un cartel qui comprend aussi le rival de Boeing, Airbus, à qui il fournit des moteurs d'avions. Il est également associé au F-15 de Lockheed Martin pour l'achat prochain par le Canada d'une flotte d'avions de chasse évaluée à plus de 15 milliards $. Pratt & Whitney Canada est un des monopoles d'armements qui approvisionnent l'Arabie saoudite. Il le fait subrepticement par le biais de l'accord de coopération en matière de défense entre le Canada et l'Ukraine, alors que l'entreprise d'État ukrainienne Ukroboronprom participe dans un arrangement de cartel avec l'Armée de l'air de l'Arabie saoudite.

L'orateur principal du 17 novembre est Joseph Dunford Jr., président du Comité des chefs d'États-majors interarmées — l'officier militaire ayant le poste le plus élevé aux États-Unis et un conseiller du président Donald Trump. Cette participation de haut niveau est typique des conférences antérieures.[2] Le sénateur John McCain, qui y a livré des discours inauguraux bellicistes de 2009 à son décès, est perçu comme le saint patron du Forum d'Halifax. Plusieurs membres bien en vue de l'Institut McCain et de l'Institut républicain international y occupent des postes de direction tout en étant membres du Conseil sur les relations étrangères. La fondation créée et appuyée par le CRÉ est depuis longtemps le lien entre Wall Street, les grandes entreprises, le monde universitaire, les médias et les législateurs américains sur les questions d'affaires étrangères et militaires. En examinant de plus près le profil des individus qui participent au Forum — les participants sont identifiés sur une base individuelle et non en tant que membres d'institutions — chacun est directement ou indirectement lié à l'État américain, au Pentagone, au National Endowment for Democracy et aux agences de renseignement d'une façon ou d'une autre.

Aussi cette liste ne comprend pas d'anciens commanditaires, par exemple, Lockheed Martin (dont un des bureaux est situé directement sur la base des Forces canadiennes à Statacona), Northrop Grunman, General Dynamics et Irving Shipbuilding. Étrangement, aucun de ces monopoles n'est représenté au Forum de 2018. Par contre, grâce à un nouvel arrangement conclu par les organisateurs de Washington, le monopole géant de l'aérospatial Boeing est commanditaire pour la première fois. Son président, Marc Allen, ainsi que six cadres supérieurs participent au forum et ont déployé l'artillerie lourde en tant qu'invités d'honneur cette année. Lockheed Martin (un concurrent direct de Boeing) et Irving viennent de marquer des points liés au programme canadien des navires de guerre, mais leur absence collective est en soi une leçon 1) sur comment fonctionne le trafic d'influence, 2) sur l'exacerbation du conflit entre ces géants pour les marchés et le financement 3) sur un possible effet boomerang pour les libéraux de Trudeau et le ministre de la Défense Harjit Sajjan depuis que Boeing est le commanditaire d'une conférence financée par la ministère canadien de la Défense. Sajjan avait publiquement déclaré qu'on « ne pouvait faire confiance » à Boeing, un des commanditaires du Forum d'Halifax. Le 12 décembre 2017, le gouvernement n'a pas retenu Boeing pour un contrat d'avions de chasse de plusieurs milliards de dollars suite à l'attaque conjointe du régime Trump et de Boeing contre Bombardier, qui a eu comme conséquence la mise à pied de 12 000 travailleurs du secteur aérospatial et possiblement davantage en moins de deux ans, un bel exemple de destruction nationale. Curieusement, le Forum d'Halifax et Boeing partagent la même compagnie de relations publiques, Summa Strategies. Qui les a convoqués à la table ? Que se passe-t-il dans les coulisses où, selon les organisateurs, les vraies « discussions » ont lieu ? Tout cela ne peut être que de mauvais augure pour les peuples du Canada, des États-Unis et du monde.

LML : Merci Tony. Puisque l'année prochaine marquera le 70e anniversaire de la fondation de l'OTAN, il y a beaucoup de pain sur la planche en termes d'identifier ces relations et qui elles servent. Nous sommes convaincus que nous nous reparlerons d'ici là.

Notes

1. Les partenaires du Forum d'Halifax sur la sécurité internationale

- Ministère de la Défense nationale (représenté par 25 participants du ministère, de l'armée de terre, de la marine et de la force aérienne, de collèges militaires et du SCRS (le réseau de renseignement « Cinq yeux »). Le ministre de la Défense nationale Harjit Sajjan a expliqué ce week-end à quel point le « Canada pèse de tout son poids » dans la participation aux déploiements de l'OTAN et à d'autres aventures comme au Mali, tout cela au nom du maintien de la paix et de la défense des « valeurs canadiennes »)

- Agence de promotion économique du Canada atlantique (APECA)

- OTAN (représentée par 9 hauts fonctionnaires représentant ses branches militaire, diplomatique [de propagande] et diplomatique.)

Halifax Canada Club (un « partenariat public-privé »)

- MEG Energy (Canada)
- ATCO (monopole de l'énergie, Canada)
- Boeing (États-Unis)
- OYAK (fonds de pension des forces armées turques)
- Çalik Holding AS (Turquie)
- Ipsos Group S.A. (France)

Commanditaires du Forum d'Halifax 2018

- Air Canada (Canada)
- CAE Inc. (société aérospatiale, Canada)
- DLA Piper (cabinet d'avocats américain)
- Gartner (société d'études et de conseil, États-Unis)
- Pratt & Whitney (division aérospatiale de United Technologies, États-Unis)

Partenaires médias (aucun canadien)

- Foreign Affairs, revue du Council on Foreign Relations (États-Unis)
- Foreign Policy (États-Unis)
- Politico (États-Unis)

2. Lors de conférences précédentes, l'armée américaine et des officiers de haut rang du Pentagone étaient représentés par les commandants du US Southern Command, du US Northern Command (NORAD/Sécurité intérieure) et du Commandement suprême allié, de l'Europe. La délégation de cette année est le reflet des préoccupations des États-Unis et de l'OTAN sur le front naval, du Pacifique, de l'Asie et de l'Afrique. Avec à leurs côtés le général Dunford, les forces militaires américaines étaient également représentées par :

- Richard Spencer, secrétaire de la marine américaine
- James Baker, directeur du Bureau de l'évaluation complète (« Bureau of Net Assessment »), auprès du département américain de la Défense
- Philip Davidson, commandant du Commandement indo-pacifique américain
- Richard Berry, assistant spécial auprès du Commandement indo-pacifique américain
- Katherine Graef, directrice de la logistique, Commandement des opérations spéciales pour l'Afrique, Commandement des opérations spéciales des États-Unis (Africom)
- Karl Schultz, commandant, garde côtière américaine
- Nirmal Verma, chercheur international émérite auprès du Chef des opérations navales, au US Naval War College
- Janet Wolfenbarger, général, Forces aériennes américaines

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À titre d'information

À propos du Forum d'Halifax
sur la sécurité internationale

Le Forum d'Halifax sur la sécurité internationale fait partie d'une série internationale de « forums sur la sécurité » organisés chaque année à Munich, Berlin (Forum du Bundestag), Kiev, Bucarest, Bruxelles et Tbilissi et, surtout, en marge des sommets de l'OTAN (Riga, Istanbul, Bucarest, etc.). Le German Marshall Fund des États-Unis (CMFUS) était l'organisateur avec l'OTAN en tant que partenaire. Le financement de chacun des forums s'est fait sur une base individuelle. C'est le GMFUS qui a organisé le premier Forum d'Halifax en 2009 et de nouveau en 2010 comme étant l'un de ses programmes financé par le ministère de la Défense nationale et l'Agence de promotion économique du Canada atlantique, qui ont fourni respectivement 90 et 10 %,alors que l'OTAN agit comme partenaire.

Le budget du GMFUS, qui est largement financé par le gouvernement des États-Unis, des institutions allemandes et américaines et les gouvernements des pays de l'OTAN et reflète leurs intérêts. Selon les chiffres sous-estimés et publiés sur leur site Web, les deux principaux commanditaires financiers, représentant chacun plus d'un million de dollars par an, sont l'Agence américaine pour le développement international (USAID) et le ministère allemand des Affaires étrangères (Auswärtiges Amt). En réalité, ses programmes reçoivent des subventions de plusieurs millions de dollars de USAID et des fondations privées américaines (et, dans une moindre mesure, allemandes), qui disposent même de budgets de plusieurs millions de dollars [1]. Le département d'État des États-Unis verse également plus d'un demi-million de dollars par an, de même que le ministère allemand de la Coopération économique et du développement et les ministères des Affaires étrangères de Suède et de Norvège. Il reçoit au moins un quart de million de dollars par année de l'OTAN.

En juin 2011, le GMF est disparu de la scène, remplacé par le Forum nouvellement créé sur la sécurité internationale d'Halifax, dont le siège est à Washington, DC. De son conseil d'administration, des quatre membres énumérés, un seul provient du Canada, les autres viennent des États-Unis. De la même manière, des 10 membres du personnel de HISF, seulement Peter Van Praagh est un Canadien. Il semble que la plus grande partie de sa carrière a été auprès du National Endowment for Democracy, du National Democratic Institute et du GMFUS. Van Praagh a travaillé pour le GMFUS lorsqu'il a organisé les forums de 2009 et 2010 pour le GMFUS et il a reçu une rémunération de 228 134 $, en date de 2012. En 2006-2007, il était auparavant conseiller principal du ministre des Affaires étrangères, Peter MacKay. Le secrétaire du Forum d'Halifax était David Kramer, ancien adjoint en 2008-2010 du secrétaire d'État américain, alors « chercheur émérite » auprès du GMFUS avant dêtre nommé en 2010 président de Freedom House, puis directeur en 2014 des « droits de l'homme » auprès de l'institut McCain et membre en 2018 du conseil d'administration du International Republican Institute du sénateur John McCain.

Par qui et comment les personnes qui dirigent le Forum d'Halifax ont été nommées à l'origine n'est pas connue publiquement, pas plus que les accords de financement. On sait que le rôle du Canada est défini par les États-Unis. Même le gouvernement du Canada n'a pas de voix indépendante, sans parler du peuple canadien. Par exemple, au Forum de 2009 le secrétaire américain à la Défense, Robert Gates, annonçait que les Marines américains s'exerceraient désormais dans l'Arctique pour « défendre la souveraineté du Canada ». En 2013, son secrétaire à la Défense, Chuck Hagel, a annoncé que le Canada avait signé un protocole toujours secret pour se joindre à la stratégie du pivot d'Obama visant la Chine et la République populaire démocratique de Corée.

Au forum de 2017, le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a tenté de donner le crédit aux libéraux de Trudeau pour les activités de l'OTAN visant à convaincre les femmes de « l'égalité des chances » offerte au recrutement de soldats, de policiers ou d'espions au nom de l'OTAN et de ses membres, et renforçant ses efforts pour rendre la guerre et l'agression « progressistes ».

Le Forum d'Halifax a également annoncé la création d'une bourse « Halifax Peace with Women » : « Ce programme de trois semaines sera initialement proposé à 6 à 10 femmes des forces armées alliées. Il leur donnera l'occasion de visiter Ottawa, Waterloo, la Silicon Valley et Washingtok dans le but d'étudier la façon dont le Canada et les États-Unis abordent les défis stratégiques. »

Le forum de 2018 inaugure le « Prix John McCain pour le courage dans la fonction publique », le qualifiant de « phare moral ». Le défunt sénateur américain, qui a participé à neuf reprises au Forum d'Halifax, n'a rien à envier à la conférence pour défendre les guerres d'agression contre la Libye, la Syrie et l'Iran. Ses références en tant que champion de l'agression impérialiste américaine remontent à sa participation en tant que pilote à la guerre du Vietnam.[2]

Notes

 1. Selon Bloomberg, le German Marshall Fund (GMFUS) gère plus de 233 millions de dollars d'actifs et fournit des fonds et des cadres pour la série de « révolutions de couleur » en Yougoslavie, en Ukraine, en Géorgie, en Biélorussie, entre autres. Il est parfois faussement décrit comme une « organisation philanthropique » par les médias en évoquant le rôle central joué dans la mise en place d'institutions et de réseaux internationaux en Europe, en tant qu'instrument de l'intervention américaine et de l'expansion de l'OTAN. Outre son siège à Washington, GMFUS compte sept bureaux en Europe : Berlin, Bruxelles, Paris, Belgrade, Ankara, Varsovie et Bucarest. GMFUS a des représentations plus petites à Bratislava, Turin et Stockholm.

Le GMFUS entretient des liens étroits avec le renseignement américain. Suzanne Woolsey, épouse de l'ancien directeur de la CIA, James Woolsey, qui a assisté au HISF en 2009 et 2010 et qui a conseillé Donald Trump, est membre du conseil d'administration. La présidente de GMFUS, Karen Donfried, membre du Council on Foreign Relations, connue sous le nom de « brain trust », a travaillé pour la planification des politiques du département d'État américain de 2003 à 2005, puis comme officier national du renseignement pour l'Europe au Conseil national du renseignement, puis au Conseil national de sécurité en qualité d'assistante spéciale du président Obama à la Maison-Blanche et de directrice des affaires européennes.

2. Selon son propre témoignage qu'il a livré quand il était prisonnier de guerre au Vietnam, McCain a participé à l'opération « Rolling Thunder » pendant laquelle environ 500 bombes ont été larguées sur Hanoi en 27 bombardements. Plus de 70 000 résidents d'Hanoi ont été tués dans les bombardements américains de la ville. Les États-Unis croyaient que les bombardements par saturation, les opérations occultes de pacification comme le programme Phoenix et la guerre chmique allaient amener les dirigeants du Vietnam à hisser le drapeau blanc de la reddition. Cinq cent milliards de dollars et les vies de plus de 60 000 soldats américains ont été engloutis dans cette entreprise qui s'est terminée par la défaite ignominieuse des impérialistes américains. En dépit de cela, McCain est qualifié de héros, y compris par le Canada qui est soi-disant resté neutre pendant la Guerre du Vietnam. Rien ne saurait justifier le grave crime contre l'humanité qu'a été la Guerre du Vietnam, laquelle, parmi toutes les pertes qu'elle a causées, a causé 3 millions de décès et de blessures, qui sont encore actives aujourd'hui alors que des enfants de la troisième génération continuent de souffrir des effets de l'Agent orange.

(Sources: Tony Seed, OTAN, GMFUS, agences de nouvelles)

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Assemblée parlementaire de l'OTAN

Le Parlement du Canada accueille la 64e session annuelle de l'Assemblée parlementaire de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord du vendredi 16 au lundi 19 novembre à Halifax, parallèlement au Forum sur la sécurité internationale de Halifax. La session réunit des parlementaires des 29 pays membres de l'OTAN, ainsi que des délégués de pays partenaires et des observateurs pour débattre des « questions de sécurité internationale » censées affecter l'OTAN.

Les 17 et 18 novembre seront consacrés aux réunions des cinq comités de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN : politique, défense et sécurité, science et technologie, dimension civile de la sécurité et économie et sécurité.

Rasa Jukneviciene, présidente de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, Rose Gottemoeller, secrétaire générale adjointe de l'OTAN, et d'autres hauts fonctionnaires du Parlement européen, prendront la parole lors de la séance plénière du 19 novembre.

Selon un communiqué de presse de l'Assemblée parlementaire de l'OTAN, « la session aura pour temps forts les débats parlementaires et l'adoption des résolutions discutées en commissions, concernant le Grand Nord, la guerre hybride, le partage des charges, la dissuasion, le domaine spatial, le Sud, l'innovation en matière de défense et l'ingérence électorale russe ».

(www.nato-pa.int)

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Projet de loi C-87 - un miroir aux alouettes en vue des élections

La loi de lutte à la pauvreté du gouvernement libéral et d'importantes leçons de 1989

Étant donné que les libéraux de Trudeau ont perdu toute crédibilité sur tous les fronts - le renouveau démocratique, les droits autochtones, les stratagèmes pour payer les riches, pour en nommer que quelques-uns -, il est difficile de ne pas conclure que le projet de loi C-87 pour lutter contre la pauvreté qui est introduit maintenant, moins d'un an avant la prochaine élection fédérale en octobre 2019, est une manoeuvre à peine voilée pour améliorer chances de réélection ce gouvernement. Cela rappelle le miroir aux alouettes du budget des libéraux de Wynn en Ontario - l'assurance médicaments, la promesse du salaire minimum à 15 $, etc. - dans un vain effort pour se faire réélire. Mais cela rappelle aussi et surtout la campagne cynique de lutte à la pauvreté lancée en 1989 par le gouvernement fédéral.

Le 6 novembre, Jean-Yves Duclos, le ministre fédéral de la Famille, des Enfants et du Développement social, a choisi d'annoncer le projet de loi C-87, Loi sur la réduction de la pauvreté , dans une mise en scène orchestrée à la banque alimentaire Parkdale à Ottawa. C'est évident quand on regarde la vidéo que les gens qui utilisent la banque alimentaire n'ont pas gobé les propos du ministre quand il a dit « C'est notre vision pour un Canada en tant que chef de file mondial dans l'élimination de la pauvreté. C'est notre vision d'un Canada sans pauvreté. »

Don Flynn, membre du conseil d'administration de la banque alimentaire Parkdale Food Center, qui était présent lors de l'annonce, était très sceptique quant à la façon dont la loi allait aider les pauvres et sans-abri, étant donné qu'aucun nouveau financement pour les programmes sociaux et aucune mesure tangible sont inclus, seulement « une nouvel outil de mesure ».

« Le montant du revenu que ces personnes [les utilisateurs de la banque alimentaire] obtiennent du programme Ontario au travail et du POSPH [Programme ontarien de soutien aux personnes handicapées] n'a pas changé de façon significative depuis quelques années et je ne vois rien aujourd'hui qui va changer cela », a déclaré Flynn.

Du déjà vu : les grands énoncés de principe de 1989

L'annonce du projet de loi C-87 nous rappelle la résolution adoptée à l'unanimité par le Parlement canadien en 1989 prenant l'engagement d'éradiquer la pauvreté chez les enfants canadiens d'ici l'an 2000. La résolution a été présentée par Ed Broadbent, alors chef du NPD, qui a déclaré au Parlement : « Pendant trop longtemps, nous avons fermé les yeux sur la misère effroyable au milieu de l'abondance. C'est une horreur nationale. C'est une honte nationale. C'est une horreur et une honte et nous devons y mettre un terme. »

Puis, en 2000, on a constaté que la pauvreté des enfants au Canada était devenue pire en termes réels. Les conservateurs de Brian Mulroney, en signant l'ALÉNA, et les libéraux de Jean Chrétien qui a suivi, ont continué de sabrer dans les programmes sociaux pour le logement et la santé et les peuples autochtones. L'élite dirigeante a en pratique abandonné les enfants pauvres et leurs familles et a montré le ridicule de ce vote unanime au Parlement en 1989 par les partis cartellisés.

En 2014, 25 ans après sa résolution « historique », Broadbent a blâmé Mulroney et Jean Chrétien pour l'absence de résultats positifs. Il a noté : « En rétrospective, je pense que nous aurions dû dire que le gouvernement fédéral devait fixer des objectifs à tous les deux ans à compter de 1989 pour réduire de tant la pauvreté chez les enfants ... et avoir un ministre qui rend des comptes sur l'objectif à atteindre - et lui ou elle aurait pu faire rapport annuellement à la Chambre des communes. »

Il semble que les libéraux de Trudeau, avec leurs nouvelles cibles, font précisément cela. Sur la question d'être redevables et des conséquences, ils continuent toutefois de promouvoir des versions de leurs absurdités sur la « livraisonlogie » pour dissimuler que sur la question de fond de l'atteinte des objectifs qui améliorent dans les faits la vie de ceux qui sont appauvris, rien n'est proposé.[1]

Duclos a annoncé la création d'un Conseil consultatif national sur la pauvreté composé de personnes nommées et rémunérées qui auront comme tâche de « conseiller le ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social sur la réduction de la pauvreté et de faire rapport publiquement, chaque année, sur les progrès accomplis vers la réduction de la pauvreté ». L'énoncé de politique libéral parle de cibles à atteindre pour réduire le taux de pauvreté de 20 % d'ici 2020 par rapport au seuil de 2015 et de 50 % d'ici 2030. Aucune mesure concrète pour atteindre ces objectifs n'est prévue dans le projet de loi et aucune conséquence n'est énoncée s'ils ne sont pas atteints.

Le cynisme libéral est plus que méprisable parce qu'il est possible de prédire avec certitude que le projet de loi C-87 sera un échec lamentable, tout comme la résolution en 1989 de tous les partis contre la pauvreté des enfants Ces mesures ne tiennent pas compte du simple fait que les mêmes libéraux sont les facilitateurs d'économie où les riches deviennent plus riches, ce qui signifie que les pauvres s'appauvrissent. Les Canadiens ne contrôlent pas l'économie de leur pays et encore moins contrôlent-ils les gouvernements au service des riches qui sont amenés au pouvoir par un système électoral de cartel de partis corrompus et non représentatifs, et qui agissent alors en toute impunité contre le peuple sans avoir à rendre des comptes de leurs actions.

Le projet de loi n'atténue pas la réalité que l'oligarchie financière exproprie la richesse sociale que les travailleurs créent par leur labeur, ni le fait que les gouvernements paient les riches grâce au remboursement de la dette due aux prêteurs, distribuent des milliards soutirés à même les fonds de l'État aux sociétés supranationales telles que les banques, les monopoles de l'auto et d'autres comme Bombardier. Sans aborder ces questions et prendre des mesures concrètes pour atténuer la destruction causée par la mainmise des riches oligarques sur le pouvoir et la richesse du pays, le projet de loi C-87 finira dans la poubelle, à côté de la résolution déshonorante de 1989 de tous les partis.

Les travailleurs doivent prendre des mesures concrètes pour contrôler l'économie et se donner un processus électoral par lequel ils peuvent exercer un contrôle sur ceux qui siègent au Parlement en leur nom. Les gouvernements remettent tant d'argent aux oligarques riches, comme avec le marché conclu pour renflouer Kinder Morgan et tant d'autres stratagèmes odieux pour payer les riches, il ne fait aucun doute que le sort des pauvres au Canada serait réglé en un clin d'oeil si c'était une véritable préoccupation du gouvernement.

Pendant ce temps, ce sont les travailleurs qui portent le fardeau de l'incertitude économique et de l'impuissance face à l'économie ainsi que la pauvreté qui en résulte lorsque des crises éclatent. Ils sont ceux qui ont véritablement intérêt à résoudre le problème puisqu'ils souffrent des actions de l'oligarchie financière, qui refuse de le résoudre une fois pour tout.

La résolution de 1989 de tous les partis contre la pauvreté des enfants prouve que les partis cartellisés sont habiles à faire de la réduction de la pauvreté un énoncé politique mais ils sont incapables de résoudre le problème. Pourquoi ? Parce qu'ils sont les représentants politiques de la riche minorité qui a usurpé le pouvoir au Canada et a déclenché une offensive antisociale cruelle contre le peuple. Aller contre cette riche minorité et prendre des mesures concrètes qui la privent du pouvoir et de la richesse sociale nécessite un engagement de principe envers les travailleurs qui s'opposent directement aux oligarques. Il faut des actes et non des mots et des méthodes bidon basées sur une escroquerie appelée « livraisonlogie », de soi-disant points de repère pour enregistrer les résultats. Le stratagème cynique qui consiste à réduire les listes d'attente dans les hôpitaux en inscrivant les personnes sur une liste pour pouvoir accéder à la liste d'attente, en est un bon exemple.

Pour résoudre les problèmes sociaux, économiques et politiques auxquels le pays est confronté, il est nécessaire que les travailleurs mènent le peuple dans des actions organisées sur la base d'une analyse de la réalité, et non des appels aux riches à faire preuve de bienveillance. Avec des lois comme le projet de loi C-87, les libéraux montrent qu'ils entrevoient de mener une campagne pour l'élection générale de 2019 comme une série des tours de passe-passe dont le seul effet sera d'accroître la crise de crédibilité dans laquelle le système de gouvernement de parti cartellisé est embourbé. Les intérêts des travailleurs ne seront servis que s'ils s'engagent à construire une alternative qui concrétise leur propre initiative sur la base de leur propre politique indépendante et leur donne le pouvoir de résoudre la crise en leur faveur. Remettre à plus tard ce travail ne fera qu'accroître les dangers que les libéraux et les autres partis cartellisés plongeront le pays.

La question de l'élimination de la pauvreté est inscrite à l'ordre du jour national des travailleurs. Ils sont déterminés à n'abandonner personne à son sort dans ce pays ou dans le monde. Ce problème exige une solution urgente qui ne peut être trouvée que lorsque les travailleurs eux-mêmes prennent en main le programme politique de créer une société qui affirme les droits de tous comme principe fondamental.

Note

 1. La livraisonlogie a été fondée par Michael Barber, ancien conseiller de Tony Blair. L'idée, telle que décrite par le Globe and Mail en octobre 2015 consiste à établir « des unités de livraison de haut niveau chargées de faire avancer certains dossiers clés dans l'ensemble de la fonction publique, souvent en outrepassant la hiérarchie des ministères et des administrations, en fusionnant des ministères sous l'oeil attentif, ou parfois par la contrainte, de nouvelles instances qui se rapportent directement au premier ministre et qui imposent leurs objectifs et mesures prioritaires à l'ensemble du gouvernement ».

Michael Barber a expliqué comment son modèle établi sous Tony Blair établissait « un ensemble d'objectifs spécifiques dans les catégories de la santé, de l'éducation, du crime et des transports ». Celles-ci incluaient notamment « la réduction des temps d'attente... l'amélioration de la ponctualité des trains », etc. Ils définissent ipso facto ce que l'on entend par succès, puis les ministères concernés sont invités à planifier pour atteindre cet objectif.

En novembre 2015, le Parti marxiste-léniniste du Canada a écrit dans Renouveau à quoi s'attendre du gouvernement libéral de Trudeau nouvellement élu. Il souligne qu'« en Ontario, le gouvernement libéral a mis en pratique la « livraisonlogie ». Pour réduire les temps d'attente, on donne des primes aux PDG qui y réussissent et des primes aux hôpitaux qui renvoient le plus vite les patients à la maison. Même l'entretien des hôpitaux a été modelé sur ces « cibles » avec comme résultat le scandale qui a éclaté en 2012 après que le réseau CBC ait exposé l'état sordide qui régnait dans les hôpitaux et a contribué à des épidémies, entre autres celle du c. difficile . » (« Le nouveau gouvernement: À quoi faut-il s'attendre?», Le Renouveau, 3 novembre 2015)

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Le «eux versus nous» du projet de loi C-87


À Québec le 29 septembre 2018

Jean-Yves Duclos, ministre de la Famille, des Enfants et du Développement social, a présenté le 6 novembre le projet de loi anti-pauvreté du gouvernement libéral Trudeau, qui est actuellement en première lecture au Parlement.

Selon le gouvernement, le projet de loi C-87 « vise à soutenir les efforts continus visant à réduire la pauvreté au Canada et à en assurer le suivi continu ».

Le projet de loi fixe comme objectifs un niveau inférieur de 20 % au niveau de pauvreté en 2015 à être atteint en 2010 et à 50 % inférieur en 2030. La nouvelle loi surveillera régulièrement le « seuil de pauvreté officiel » au Canada tel que déterminé par Statistique Canada. Un nouveau point de repère pour mesurer la pauvreté sera « le coût d'un panier de biens et services dont les personnes vivant seules et les familles ont besoin pour répondre à leurs besoins fondamentaux et atteindre un niveau de vie modeste au sein des communautés canadiennes ».

Le projet de loi stipule qu'« un Conseil consultatif national sur la pauvreté sera constitué, composé de huit à dix membres, dont le président et un membre ayant des responsabilités particulières en ce qui touche les questions relatives aux enfants ». Les membres sont nommés pour des mandats de trois ans au maximum.

Le Conseil est chargé :
« a) de conseiller le ministre sur la réduction de la pauvreté au Canada, notamment en ce qui touche les programmes, le financement et les activités qui contribuent à cette réduction ;

« b) de mener des consultations auprès du public, notamment auprès du milieu universitaire et d'autres experts, des autochtones et des personnes ayant vécu dans la pauvreté ;

« c) dans les six mois suivant la fin de chaque exercice, de présenter au ministre un rapport sur :

« (i) les progrès réalisés en vue d'atteindre les cibles prévues à l'article 6 et les progrès vers la réduction de la pauvreté mesurés notamment par les outils de mesure énumérés à l'annexe,
« (ii) les conseils qu'il a fournis au titre de l'alinéa a) au cours de l'exercice ;

« d) d'exercer toute activité que le ministre précise. »

Les documents d'information qui accompagnent le projet de loi C-87 indiquent que, depuis qu'il a reçu sa « lettre de mandat » du premier ministre et a été chargé de créer une initiative nationale de lutte contre la pauvreté, le ministre Duclos a parlé à des milliers de Canadiens lors de réunions publiques et de réunions de groupes d'experts, et a rencontré des autochtones et de nombreux autres groupes et personnes.

Le ministre affirme : « Ces Canadiens nous ont parlé de la nécessité d'offrir une chance à tous. Ils ont parlé de dignité, d'inclusion, de sécurité, de résilience et d'autonomie. Ils ont aussi parlé des dommages causés par les attitudes, les politiques et le langage fondés sur l'idéologie ‘nous versus eux'. »

Il convient de noter l'inclusion des « dommages causés par les attitudes, les politiques et le langage fondés sur l'idéologie ‘nous versus eux'. Duclos dénigre les luttes politiques que mènent les Canadiens depuis des décennies pour le droit collectif de tous les Canadiens et de tous les autochtones de vivre sans pauvreté et avec dignité. Au lieu de s'attaquer à la cause fondamentale de la pauvreté, qui se trouve dans l'objectif de l'économie impérialiste, le ministre jette des pierres sur les « attitudes, les politiques et le langage » de ceux qui résistent aux effets de l'objectif de l'économie. Cet objectif est mis en oeuvre par le biais d'institutions étatiques qui encouragent ceux qui contrôlent l'économie à exproprier le plus possible de valeur possible pour le compte d'intérêts privés de ce que produit la classe ouvrière. Cet objectif a pour tendance la plus fondamentale la concentration de la richesse dans moins de mains, une tendance de plus en plus riche, l'enrichissement des riches et l'appauvrissement des pauvres aux dépens des droits de tous et de l'intérêt général de la société.

Le « nous versus eux » est la contradiction inévitable dans les relations humaines dans une société de classes divisée. La contradiction se manifeste par la concentration sans cesse croissante de la richesse et du pouvoir entre les mains d'un petit nombre de riches au Canada et à l'étranger, généralement appelée l'oligarchie financière. Le ministre et son gouvernement protègent les oligarques dont les demandes insatiables en matière d'économie entraînent des crises inévitables et la destruction des forces productives. Licenciements, vols de fonds de pension, pressions à la baisse sur les salaires et les conditions de travail, privatisation des avoirs publics, dons du trésor public pour payer les riches, paiements sans fin des intérêts sur les dettes de l'État et refus d'utiliser les richesses produites pour la reproduction l'économie, l'édification nationale et l'intérêt général de la société sont la cause de la pauvreté au Canada.

Que peut-il y avoir d'autre que « nous versus eux » quand une telle contradiction objective dans les relations humaines émerge spontanément de l'objectif du système économique et est renforcée et soutenue par le pouvoir de l'État et la richesse sociale et les moyens de production entre les mains des oligarques pour satisfaire leurs intérêts privés étroits ? « Nous contre eux » est une réalité objective de la vie, pas le produit de l'imagination de quiconque. Or, ce discours a pour effet de détourner l'attention du devoir du gouvernement d'assurer la résolution des conflits naturels qui existent entre les individus et entre les intérêts individuels et collectifs et entre les collectifs, d'humaniser l'environnement social pour que les intérêts individuels et collectifs et les intérêts généraux de la société puissent être harmonisés. Tant que le « nous » continuera de se plaindre du « eux » et d'exiger que le « eux » prenne soin du « nous », rien ne sera gagné. Le seul intérêt des « eux » pour les « nous » est de les tromper et de les tenir à l'écart. C'est le cynisme même. Il est normal que les riches et leurs représentants nourrissent une méfiance et une aversion profondes envers les êtres humains et leur société, qui enfreignent leurs droits et domaines usurpés. Le fait d'essayer d'utiliser les « voies ensoleillées » pour tenir les gens à distance ne change rien à l'essence du problème. Il est temps que les gens passent à autre chose et développent eux-mêmes leur propre politique de responsabilité sociale.

Duclos et son projet de loi C-87 veulent nous faire croire que le gouvernement est « pour le peuple » et au-dessus des intérêts de la classe et de la lutte constante du « nous versus eux » pour les droits du peuple et une nouvelle direction prosociale pour une économie qui éliminerait la pauvreté et même la classerait comme un crime contre l'humanité, une forme particulièrement vile de maltraitance à enfant.

Lorsque des mesures concrètes seront prises ici et maintenant pour réduire la pauvreté, les oligarques financiers vont se mettre à hurler, comme nous le voyons dans divers pays d'Amérique latine qui ont adopté des politiques sociales concrètes pour s'attaquer aux conséquences de l'objectif néolibéral de payer les riches. Les oligarques financiers et leurs hommes de main ne lâcheront jamais leur contrôle de la richesse sociale et de l'économie socialisée. Ils parlent d'énoncés de principe et répètent des platitudes à propos d'un « travail en cours pour réduire la pauvreté » et un « conseil consultatif » élitiste chargé de réduire la pauvreté d'ici 2050. Ce genre de discours doit être traité avec le mépris qu'il mérite et les citoyens et résidents doivent s'organiser pour s'assurer que personne n'est laissé pour compte et que personne ne soit criminalisé pour avec une idéologie de « nous versus eux » lorsqu'une position est prise pour la défense des droits de tous. C'est un piège et il faut le déjouer. Cela peut se faire en discutant de ces questions dans nos entourages et en rejetant ce discours avec mépris. C'est la première étape nécessaire pour avancer.

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À titre d'information

La réduction de la pauvreté vue des rangs
de l'élite dominante


Manifestation à Montréal le 15 mai 2017

L'information qu'a fournie le gouvernement Trudeau sur le projet de loi C-87 de réduction de la pauvreté de moitié d'ici 2050 contient une déclaration de Miles Corak, économiste en résidence à Emploi et Développement social Canada. Miles Corak est décrit comme une personnalité académique et un consultant international qui a travaillé entre autres à la Banque mondiale et à l'Institut C.D. Howe. Il est inscrit sur la liste des consultants du Bureau du premier ministre et décrit comme un des principaux participants à l'élaboration du projet de loi C-87.

Miles Corak écrit : « Je suis professeur à l'Université d'Ottawa, invité pendant l'année 2017 à travailler au bureau du sous-ministre à titre d'économiste en résidence. J'ai fait partie de l'équipe qui a aidé le ministre Duclos à élaborer la toute première stratégie canadienne de réduction de la pauvreté.

« Pendant ma carrière universitaire, j'ai acquis un immense respect pour les idées de l'économiste Amartya Sen, gagnant du Prix Nobel. L'un de ses livres les plus déterminants s'intitule Development as Freedom (Le développement comme liberté). Je crois qu'il a utilisé le terme 'développement' à deux fins : faire référence à la croissance économique et à la prospérité, et parler de croissance personnelle et de bien-être.

« Nous nous 'développons' en tant que personnes et en tant que citoyens lorsque nous avons la liberté de choisir la vie qui nous convient. »

Qui est Amartya Sen ?

En 1998, l'Académie royale des sciences de Suède a décerné le Prix Nobel de l'économie à Amartya Sen « pour avoir restauré une dimension éthique dans la discussion de problèmes économiques vitaux ».

Sen est né au Bengale, a travaillé au Bangladesh et a été professeur d'économie aux universités Harvard et Cambridge et consultant auprès de plusieurs organisations supranationales comme la Banque mondiale et le Fonds monétaire international. Il est promu depuis longtemps dans les cerces impérialistes pour sa propagation de théories qui ne remettent pas en cause le système anglo-américain d'États et ses politiques de mondialisation impérialiste d'exploitation, de vol et de guerre qui sont la cause de l'accroissement de la pauvreté et du déplacement des peuples à l'échelle du globe.

Sen mentionne cinq libertés distinctes dans son livre de 1996 Development as Freedom, que cite Miles Corak : les libertés politiques, la capacité économique, les opportunités sociales, les garanties de transparence et la sécurité protectrice.

Dans une analyse critique du livre de Sen, le professeur de sociologie de l'Université de Binghamton, Dennis O'Hearn, écrit : « La liberté, selon Sen, est un principe déterminant de l'initiative individuelle et de l'efficience sociale ; elle est quelque chose de positif d'abord parce qu'elle améliore la capacité des individus à s'aider eux-mêmes, une capacité que Sen décrit comme la « caractéristique d'agent » de l'individu (Sen, 1999 :19). Il s'ensuit que sa définition de la pauvreté est individuelle. Celle-ci est la privation des capacités fondamentales, toujours définies comme des capacités individuelles. Une fois qu'il a établi les prérequis de la liberté et de la capacité comme des choses individuelles, Sen ne cherche jamais à déterminer les origines sociales de l'éthique, ou leur spécificité historique ou culturelle, ou les façons par lesquelles certains types de capacités peuvent être organisés socialement plutôt qu'être une simple somme de capacités individuelles. »[1]

La notion de capacité « des individus à s'aider eux-mêmes » se réfère d'abord et avant tout à l'abandon des individus à leur sort, en contradiction avec la réalité d'une économie qui est entièrement socialisée et avec le fait qu'à l'ère moderne tous les êtres humains naissent en société. Sen essaie de donner une assise théorique à l'offensive antisociale néolibérale de politiciens voyous comme l'ex-première ministre britannique Margaret Thatcher, selon qui « il n'existe rien de tel qu'une société : il n'existe que des hommes et des femmes individuels et des familles ».

Sen introduit des concepts abstraits de liberté qui sont dépourvus d'objectivité de considération, des concepts qui n'ont pas de fondement objectif dans l'ici et le maintenant, qui sont dépourvus de tout contenu matériel et historique qui reconnaisse ce qui est nécessaire aux humains pour survivre en tant que peuple et espèce, dans un temps et un espace historique défini, et qui peut ouvrir une porte au progrès.

Il n'est donc pas surprenant qu'on retrouve chez Sen, entre autres influences, celle de l'économiste anticommuniste Friedrich Hayek qui s'est ouvertement opposé à toute forme de responsabilité de l'État envers le bien-être de ses citoyens parce qu'il la considérait comme une intrusion dans la « liberté personnelle ». Hayek a passé plusieurs années de sa vie, dans la période post-Deuxième Guerre mondiale aux États-Unis, à propager ses idées au service de l' « endiguement du communisme » des impérialistes anglo-américains. Entre autres choses, il a dit que tout État qui a adopté la planification centralisée de l'économie et des programmes sociaux en tant que devoir envers ses citoyens était « totalitaire ».

Le fait qu'un des principaux consultants et contributeurs de l'élaboration de la loi anti-pauvreté des libéraux soit un champion des idées d'Amartya Sen nous dit clairement que les libéraux n'ont pas l'intention de proposer des mesures concrètes pour priver les riches oligarques de leur pouvoir sur la richesse sociale et sur l'économie socialisée, bien que cela soit la seule voie pour faire des progrès dans la lutte à la pauvreté.

Note

 1. La citation de O'Hearn dans Focus (en anglais) peut être trouvée ici.

(Sources : www.gc.ca, CBC, Toronto Star)

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Campagne 2000

Campagne 2000 est une coalition nationale d'organisations anti-pauvreté qui a pris forme lorsque les partis cartellisés au Parlement ont unanimement appuyé une résolution déposée par Ed Broadbent du NPD en 1989 pour l'éradication de la pauvreté infantile avant l'an 2000. Dix-huit ans après l'échéancier de l'an 2000, en juin 2018, Campagne 2000 affirme dans un rapport : « Pendant près de 30 ans, Campagne 2000 a documenté l'échec des bonnes intentions sur l'élimination de la pauvreté. Alors que le gouvernement fédéral se prépare à dévoiler sa première Stratégie de réduction de la pauvreté, Campagne 2000 dépeint l'ampleur alarmante de la pauvreté infantile dans chaque circonscription fédérale. Les plus récentes données révèlent une situation sombre d'inégalité au Canada alors que des familles à revenus supérieurs et inférieurs vivent dans la proximité bien que séparées par des différences sociales et économiques qui laissent trop d'enfants dans la faim, malades et prématurément stressés. »

Selon le rapport, les peuples autochtones, les minorités nationales et les familles monoparentales sont les plus vulnérables puisqu'ils sont les plus frappés par les hauts taux de chômage et de sous-emploi, le mal-logement, la santé précaire et les autres problèmes engendrés par le système économique et politique qui sévit au pays.

De toute évidence, le problème de la pauvreté ne peut être réduit à une question de définir la pauvreté autrement, ou à changer les paramètres de mesure de la pauvreté ou de brandir des dates comme des objectifs politiques à long terme, comme nous le retrouvons au coeur du projet de loi C-87.

Pour traiter concrètement de la pauvreté en tant que manifestation de la base économique et des relations humaines existantes, il faut que les citoyens reconnaissent la nécessité de renouveler la démocratie et de s'investir eux-mêmes du pouvoir de décider. Leur liberté réside dans la reconnaissance de cette nécessité.

Le peuple a le pouvoir de priver ceux qui sont au pouvoir de leur capacité de consolider le statu quo et de leur refus de résoudre les problèmes économiques et sociaux de la société pour la simple raison qu'une telle démarche nuirait à leurs intérêts privés étroits. Le peuple doit s'engager dans la lutte collective pour ses droits et mener cette lutte jusqu'à sa conclusion matérielle en réclamant l'économie par laquelle il produit la richesse sociale. Il doit instaurer les mesures prosociales requises pour veiller à ce que les Canadiens et les autochtones puissent vivre dans la dignité et la sécurité et jouir d'un avenir prospère où les intérêts généraux de la société sont garantis.

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La légalisation de la marijuana par le gouvernement libéral

La nouvelle législation fédérale sur le cannabis

LML s'est entretenu récemment avec John Akpata, intervenant de la paix du Parti marijuana, concernant la nouvelle loi fédérale légalisant le cannabis. Artiste de la création parlée basé à Ottawa et membre de longue date du Parti marijuana du Canada, John est candidat fédéral à Ottawa à chacune des élections depuis 2004.

* * *

Le Marxiste-Léniniste : La nouvelle législation du gouvernement fédéral sur la marijuana est composée des projets de loi C-45 et C-46, qui ont reçu la sanction royale en juin de cette année. Pouvez-vous décrire brièvement en quoi consistent ces lois ?

John Akpata : Les projets de loi C-45 et C-46 constituent ensemble la Loi concernant le cannabis . La Loi C-45 constitue le cadre réglementaire. Elle énonce les règlements applicables aux producteurs autorisés, comme les produits chimiques, les pesticides qu'ils peuvent utiliser, comment ils peuvent cultiver, etc. En vertu des anciennes règles, ils ne pouvaient pas cultiver du cannabis en extérieur au soleil, mais avec loi ils peuvent. La loi précise également qu'ils ne sont pas autorisés à faire de la publicité, à avoir des logos, à se trouver à moins de 250 mètres d'une école, etc. La Loi C-45 définit également le cadre régissant la distribution et la vente de marijuana au public. La Loi C-46 est la partie de la Loi sur le cannabis qui porte sur l'application de la loi. C-46 énonce les règles et les droits, les amendes et les pénalités qui seront imposés au public. Elle comprend toutes les nouvelles amendes et les attentes liées à la conduite, notamment les nouvelles directives concernant le temps d'emprisonnement pour la culture ou le trafic.

LML : Le gouvernement et les médias donnent l'impression que la légalisation de la marijuana et la décriminalisation sont la même chose. Le Parti marijuana fait une distinction claire entre les deux. Pouvez-vous expliquer ?

JA : La légalisation concerne la régulation et le contrôle d'un marché. La décriminalisation, c'est la suppression d'activités du Code criminel. La Loi sur le cannabis contient 45 infractions relevant du Code pénal. Le cannabis est légalisé et vous devez respecter certaines lois et certains règlements pour être légal. Et si vous les enfreignez, il y a des sanctions pénales.

Le Parti marijuana a toujours dit que le cannabis ne devrait pas être criminalisé. Les opposants au mouvement de la marijuana ont semé la confusion dans l'esprit des gens quant à la signification réelle de ces deux mots au sens de la loi. Le cannabis est toujours criminalisé. Avec la légalisation, on peut vous donner des contraventions, des amendes, des frais et des pénalités qui ne pouvaient pas être imposés avant, car avant cette loi, les infractions relevaient uniquement du Code criminel. Maintenant que le cannabis est légalisé, vous pouvez être accusé de possession même si ce que vous avez est légal. Vous pouvez être accusé de trafic même si vous avez acheté quelque chose de légal et que vous l'avez donné à quelqu'un d'autre. Si j'achète une voiture, je peux la vendre. Ce n'est pas illégal pour moi de vendre ma propriété. Mais la vente de votre cannabis est devenue illégale. J'aimerais que les gens sachent que le cannabis est toujours criminalisé. Et au Parti marijuana, nous sommes unis par une idée : le cannabis ne devrait pas donner lieu à des sanctions pénales.

Par exemple, regardez les dispensaires. Ils sont illégaux, tous. Tous les dispensaires au Canada sont illégaux. Mais la plupart des gens soutiennent les dispensaires. Ils veulent acheter du cannabis sans la violence qui y est associée. Tous les dispensaires sont illégaux et toutes les personnes qui y sont allées pour acheter ont enfreint la loi. Il en coûte jusqu'à 300 000 dollars pour fermer un dispensaire.

Les municipalités devront payer pour cela, pas le gouvernement fédéral, et pas les gouvernements provinciaux. Beaucoup de gens qui ont l'argent, l'infrastructure, les compétences et l'expertise des affaires disent : « Si vous me laissiez ouvrir un dispensaire, j'ouvrirais un dispensaire. Je vendrais au public. Je paierais pour une permis. » Il y a trop de barrières à l'entrée. Pour obtenir un permis pour ouvrir un dispensaire, vous devez obtenir deux permis. Ces permis n'ont pas été distribués et ne seront pas approuvés avant le 1er avril 2019. Les besoins et les désirs du public ne sont pas satisfaits. Les personnes qui souhaitent se démarrer une entreprise ne le peuvent pas, car la procédure pour obtenir un permis est si stricte que la majorité des personnes ne peuvent pas satisfaire aux exigences.

Jusqu'à ce que les dispensaires obtiennent leur permis, tout ce qu'ils font est illégal. Ils peuvent être condamnés à une amende allant jusqu'à 100 000 $ par infraction. Si vous souhaitez devenir un producteur autorisé, vous avez besoin d'au moins 5 millions de dollars. Vous devez disposer de 5 millions de dollars en banque tout au long du traitement de votre demande. Vous devez avoir un magasin de vente au détail, vous devez payer un loyer, vous devez avoir une assurance.

À l'heure actuelle, pour acheter du cannabis légalement, selon la province où vous habitez, vous devez acheter dans un magasin du gouvernement ou en ligne. Les magasins du gouvernement ont déjà vendu 100 % de leur stock. Ils sont en rupture de stock. Dans plusieurs provinces, les magasins du gouvernement ne sont ouverts que quelques jours par semaine. Si les magasins du gouvernement sont fermés et les dispensaires ouverts, tout le monde va enfreindre la loi. Le gouvernement essaie de se débarrasser du crime organisé et il a donné à 100 % de sa clientèle aucune autre possibilité que de se tourner vers le crime organisé.

LML : Pour aller plus loin sur cette question, vous avez évoqué le fait que la nouvelle loi conduira à une utilisation accrue des pouvoirs discrétionnaires des forces de police contre la population. Pouvez-vous nous en dire plus ?

JA : Auparavant, toutes les infractions relevaient du Code pénal. Pour un policier, porter des accusations en vertu du Code criminel est une tâche énorme. C'est une tâche énorme pour le policier, pour les personnes impliquées dans le processus d'enquête et pour les tribunaux. Pour de nombreux Canadiens, lorsqu'ils ont eu affaire avec la police alors qu'ils conduisaient et qu'ils avaient de l'herbe dans la voiture ou dans un parc et qu'ils avaient de l'herbe, la police, au lieu de s'embarrasser de toute la paperasserie d'accuser quelqu'un d'une infraction criminelle, faisait juste confisquer leur herbe, et les laisser partir.

Maintenant, parce que c'est légalisé, ils peuvent imposer une amende ou une contravention pour toute infraction.

Au Canada, environ 800 policiers sont formés comme expert en reconnaissance de drogues. En vertu de la Loi C-46, le gouvernement dépensera 274 000 000 $ pour l'application de la loi. Il va former et équiper des policiers pour appliquer la Loi sur le cannabis, qui comprend des modifications aux lois sur la conduite. Cela signifie que la police n'a plus besoin d'un motif raisonnable pour intercepter un conducteur. La police peut dire que le cannabis est légal et je fais un test de facultés affaiblies. Les policiers peuvent intercepter n'importe qui pour vérifier si vous avez les facultés affaiblies. Le niveau de facultés affaiblies a été défini à 5 nanogrammes de THC par millilitre de sang Le THC est le tétrahydrocannabinol, l'ingrédient actif du cannabis qui vous fait planer.

Les policiers peuvent maintenant vous intercepter et vous faire passer un test de salive, un test de salive obligatoire, pour vérifier si vous avez les facultés affaiblies. Si vous refusez le test de salive, ils peuvent vous arrêter sur place. Ils peuvent vous arrêter, saisir votre voiture, la fouiller votre voiture et quand ils vous arrêtent, ils peuvent vous forcer à donner du sang. Ils peuvent prendre votre sang sans votre consentement, sans votre permission. Ce sont des pouvoirs discrétionnaires autorisés par la loi. Déterminer que les facultés sont affaiblies avec 5 nanogrammes de THC dans le sang est ridicule.

Vos facultés ne sont pas affaiblies avec cette quantité dans votre sang. Ce n'est pas comparable à l'alcool.

De plus, nous savons que la police porte des accusations criminelles contre les Canadiens de race noire à un taux trois fois plus élevé que leur représentation dans la population, et que ce taux est cinq fois plus élevé pour les Premières Nations. Sous l'ancien régime, de manière sélective, la police laissait aller certaines personnes et en accusait d'autres. Je soupçonne que la police va cibler les Noirs, qu'elle va continuer de procéder avec partialité et préjugés comme elle l'a fait dans le passé. Avec la légalisation, les lois sur la conduite automobile vont être utilisées pour cibler des personnes et les traiter de manière discriminatoire. Je crains également qu'ils ciblent les dispensaires des Premières Nations, car de nombreuses Premières Nations envisagent de cultiver du cannabis et de le vendre sur leurs territoires, qui sont des territoires souverains. La police pourrait le faire sous prétexte de faire enquête sur le crime organisé.

LML : Vous dites également que la loi sur le cannabis a créé une situation de monopole dans le secteur du cannabis. Pouvez-vous nous en dire davantage ?

JA : Nous assistons à l'émergence d'un secteur commercial institutionnel qui durera tant que le Canada existera. L'industrie du cannabis, les revendeurs et la police étaient tous des groupes de lobbying qui ont contribué à créer le cadre de la Loi sur le cannabis. La police, par exemple, a obtenu ce qu'elle voulait. La loi a été faite pour que certaines personnes puissent définitivement faire ce qu'elles veulent, alors que d'autres sont complètement exclues. La loi favorise la police et les grands joueurs de l'industrie.

Je ne suis pas contre en soi. Ils doivent d'abord créer les grands magasins, une industrie réglementée. Le gouvernement a mis en place une loi pour que cela se produise. En même temps, le citoyen canadien moyen est soumis à des restrictions légales. Par exemple, les gens sont autorisés à cultiver quatre plantes de cannabis à domicile. Et si je veux faire pousser 100 plantes, pas un million de plantes, mais certainement plus de quatre plantes ? La loi crée un monopole pour les gens riches, les initiés politiques riches et les policiers qui sont actifs dans toute l'industrie.

En même temps, je ne pense pas que nous devrions mener une guerre contre eux. Nous devrions développer nos propres entreprises, notre propre infrastructure, notre propre système au niveau local ou municipal. Nous ne pouvons pas faire cela pour le moment, car tout est encore illégal. Ce sont les riches qui sont les vrais bénéficiaires de cette loi.

LML : Quelle est la position du Parti Marijuana sur le cannabis ?

JA : Le cannabis ne devrait pas être criminalisé. Si vous ne faites de mal à personne, si vous ne détruisez pas des biens, si vous ne commettez pas de fraude, cela ne devrait pas être criminalisé. S'il n'y a pas de tort ou de préjudice, il ne devrait y avoir aucune sanction pénale. Vous devez laisser les gens agir dans un marché libre et, oui, il faut que les gens agissent avec prudence, ils doivent être honnêtes dans leurs transactions. Jeter des gens en prison, imposer des amendes de 100 000 dollars n'est pas la solution. Menacer les gens de prison ou les priver de leurs moyens de transport parce qu'ils ont quelque chose dans le sang est insultant. Empêcher les gens de participer à l'activité économique crée un monopole, un monopole soutenu par le gouvernement.

LML : Voulez-vous ajouter quelque chose en conclusion ?

JA : Malgré tous les problèmes et toutes les limites, nous voyons là un développement positif. Pour tous ceux qui ont déjà cultivé ou utilisé du cannabis, nous devons être fiers, car nous gagnons la guerre contre la drogue. La guerre ne sera pas terminée tant que tous les casiers judiciaires n'auront pas été effacés et que tout le monde ait été libéré de prison ou de leur assignation à résidence. Tous les casiers judiciaires pour des infractions liées au cannabis doivent être effacés. Les gens devraient pouvoir traverser la frontière américaine et ne pas être détenus. Les gens devraient pouvoir travailler et avoir un emploi. Ils ne devraient pas vivre avec cette horrible stigmatisation.

Malgré les critiques que tout le monde a à propos de ce système, il reste que le Canada a légalisé le cannabis, ouvert de nombreux magasins, le vend en ligne et que les gens peuvent l'acheter par la poste. Les chercheurs peuvent faire des recherches sur toutes les questions médicales. Le plus important, c'est que, grâce à sa légalisation, les chercheurs peuvent désormais faire les recherches médicales et scientifiques qu'ils auraient dû faire depuis 20 ans sur le traitement de l'épilepsie, de la sclérose en plaques, du cancer, de l'arthrite, etc., et utiliser le cannabis comme médicament. De plus en plus de gens peuvent l'utiliser et l'utiliseront, et en retireront les avantages. C'est un développement positif.

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Informations pertinentes sur le sujet

Extrait de l'article « Il y a des façons justes et des façons injustes de légaliser la marijuana » de John Akpata du 16 janvier 2016.

***

[...] En 2001, le Portugal a décriminalisé l'héroïne, la cocaïne et le cannabis. Tirer profit de la vente ou de la distribution de drogues illicites reste un crime, mais l'utilisateur n'est pas criminalisé pour possession. Si une personne est trouvée avec moins de 10 jours d'approvisionnement, elle doit rencontrer une Commission de la dissuasion de la toxicomanie composée de trois personnes, généralement un avocat, un médecin et un assistant social. La commission recommandera un traitement, une amende mineure ou, dans la plupart des cas, aucune sanction.

En 1990, 1 % de la population portugaise était dépendant de l'héroïne. Le Portugal a maintenant le taux de dépendance aux drogues illicites le plus bas de toute l'Europe. Après 14 ans de décriminalisation, les taux globaux de consommation de drogue, de toxicomanie, de surdose de drogue, de VIH et de décès accidentel ont tous diminué. Suivant l'exemple du Portugal, les gouvernements espagnol et italien ont également dépénalisé. Le gouvernement municipal de Copenhague a annoncé en 2014 le lancement d'un projet pilote de trois ans visant à déterminer si les municipalités pourraient prendre en charge la culture et la distribution de cannabis. En 2015, l'Irlande a également annoncé son intention de dépénaliser sur la base du modèle portugais.

En décembre 2013, l'Uruguay est devenu le premier pays à légaliser la marijuana. Les citoyens de ce pays sont autorisés à cultiver six plantes chez eux et peuvent adhérer à des clubs de culture privés s'ils souhaitent en cultiver davantage. Toutes les ventes doivent passer par des dispensaires administrés par le gouvernement, tandis que les consommateurs, qui ne peuvent acheter que 40 grammes par mois, doivent s'inscrire à une base de données du ministère de la Santé. Afin de réduire le crime organisé, le prix de la marijuana est maintenu à l'équivalent de 1 dollar par gramme.

Le 6 février 2015, à l'occasion du 70e anniversaire de la naissance de Robert Nesta Marley, la Jamaïque a dépénalisé la ganja. La possession de 56 grammes (deux onces) peut entraîner une amende de 5 $, mais sans arrestation ni casier judiciaire. Les citoyens peuvent faire pousser cinq plantes à la maison et les rastafariens adultes peuvent utiliser la ganja à des fins sacramentelles pour la première fois de l'histoire. Les étrangers qui ont une ordonnance ou un permis pour la marijuana à des fins médicales pourront obtenir un permis leur permettant d'acheter deux onces de marijuana à des fins thérapeutiques locales qui seront utilisées pendant leur séjour. Bien que l'infrastructure et les politiques en Jamaïque soient imprécises, un Groupe de travail sur le commerce et les médicaments à base de cannabis travaille sur les détails de la loi.

Et bien sûr, il y a les États-Unis d'Amérique. Déjà 17 États ont légalisé la marijuana à des fins médicales. L'Oregon, l'Alaska, Washington et le Colorado ont tous adopté la marijuana à des fins récréatives au niveau des États. Remercions Washington d'abord.

En 2013, la police de Washington a arrêté 1 215 personnes pour possession de marijuana, dont plus de 90 % étaient noires alors que les Noirs consomment de la marijuana au même taux que le reste du monde. C'est devenu une question de droits civils, les militants ont fait des pressions pour la décriminalisation en juillet 2014 puis ont adopté la revendication de la légalisation. En 2014, la police de Washington a arrêté sept personnes pour possession de drogue.

Le Colorado a suivi cet exemple et a autorisé la marijuana à des fins récréatives. En 2014, le Colorado, un État de près de 5,5 millions d'habitants, a perçu des recettes fiscales de 44 millions de dollars américains de la vente de la marijuana. En 2015, le Colorado percevait environ 10 millions de dollars par mois en taxe sur la marijuana, plus que de la vente d'alcool.

L'industrie canadienne de la marijuana illégale a été estimée à plus de 7 milliards de dollars par année, certaines estimations vont jusqu'à 21 milliards. Vingt pour cent des Canadiens admettent avoir consommé de la marijuana au cours de l'année écoulée ; plus de 30 % disent qu'ils en consommeraient si elle était légalisée. Au Canada, en 2014, la police a signalé un cas de possession de marijuana toutes les neuf minutes, une augmentation de 30 % [depuis que] Stephen Harper est arrivé au pouvoir en 2006. [...]

(Traduction : LML)

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Le référendum en Colombie-Britannique

Voter Oui! à la représentation proportionnelle

Nous approchons de la fin de la campagne référendaire en Colombie-Britannique sur la représentation proportionnelle (RP), qui a commencé le 1er juillet. Les bulletins de poste envoyés par courrier doivent être reçus par Élections Colombie-Britannique au plus tard le 30 novembre.

Le 7 novembre, le chef du NPD, John Horgan, et chef du Parti libéral de la Colombie-Britannique, Andrew Wilkinson, ont participé à un « débat des chefs » télévisé d'une demi-heure. Morgan a parlé au nom du camp du Oui alors que Wilkinson a plaidé pour le camp du Non. Ce soi-disant débat a non seulement omis d'informer le public des avantages et désavantages de changer la manière que les votes seront dépouillés en Colombie-Britannique, mais il a aussi contribué à approfondir la crise de confiance envers la classe politique qui domine les affaires politiques et économiques de la province.

Durant le débat, Wilkinson était agressif, partisan et alarmiste, tandis que Morgan semblait peu enthousiaste et présentait sans véritable conviction les raisons pour lesquelles un vote en faveur de la représentation proportionnelle serait favorable au corps politique à ce moment-ci. Qu'un débat télévisé se tienne entre ces deux personnes qui n'ont rien ajouté qui vaille à la discussion est une indication de la crise de crédibilité dans laquelle le système de la démocratie représentative est embourbé.

Selon divers sondages, le camp du Oui et le camp du Non sont à égalité. Cependant, beaucoup de gens n'ont pas encore voté. Durant la période du vote comme celle qui l'a précédé, le camp du Non a beaucoup compté sur les médias monopolisés pour propager la désinformation et des mensonges éhontés au sujet de la représentation proportionnelle ainsi que sur les trois options offertes (proportionnel à double candidature, représentation proportionnelle mixte et représentation proportionnelle rurale-urbaine). En outre, les organisations des grandes entreprises ont financé de la publicité très trompeuse et sensationnaliste.

D'autre part, le camp du Oui, composé principalement de bénévoles de tous les horizons, a engagé activement la population dans des discussions partout dans la province grâce à la distribution de dépliants, de tables de littérature, des réunions communautaires, le porte-à-porte et la sollicitation téléphonique, les réseaux sociaux, les discussions en petits groupes et d'autres moyens.

LML appelle les Colombo-Britanniques à défaire les forces de l'establishment dans ce référendum en brisant avec le statu quo, en votant oui en faveur de la représentation proportionnelle puis de demeurer actif afin d'avoir un mot à dire dans ce qui adviendra ensuite. Comme beaucoup de gens n'ont pas encore voté, il est encore temps de faire appel à des collègues de travail, aux voisins, aux familles et amis à voter oui et de s'assurer d'envoyer leurs bulletins de vote.

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Le Camp du Non use de sophisme contre la représentation proportionnelle

Le Camp du Non dans le référendum sur la représentation proportionnelle (RP) en Colombie-Britannique a recours à des arguments manipulateurs, trompeurs et alarmistes. Il le fait pour créer de la confusion et priver les Britanno-Colombiens d'une vision qui leur permette de déterminer s'il faut oui ou non changer la façon de compter.

Une des prétentions les plus farfelues du camp du Non a été que l'adoption d'un mode de scrutin de RP va créer une situation où les néonazis et les racistes vont marcher dans les rues et gagner des sièges à l'Assemblée législative de la Colombie-Britannique. Il a même produit une vidéo sensationnaliste qui illustre cette affirmation. Il donne l'exemple de l'Allemagne des années 1930 qui possédait un système de représentation proportionnelle lorsque les nazis sont arrivés au pouvoir, comme si l'un avait causé l'autre.

Le Camp du Non préconise des sophismes « post hoc », par lesquels on confond phénomènes corrélationnels et causals. Comme « B » suit « A », « A » doit avoir causé « B ». Selon ce genre de fausse logique, on dit par exemple qu'à mesure que la vente de crème glacée augmente, le taux de noyades augmente de façon importante. Conclusion : la consommation de crème glacée entraîne la noyade. Évidemment, cette affirmation ne tient pas compte du fait que les ventes de crème glacée augmentent pendant les mois chauds d'été, période de l'année où les gens vont aussi se baigner. Le premier phénomène a un lien de corrélation avec le second, mais il n'en est pas la cause.

Cela étant dit, la montée du nazisme et du fascisme pendant les années 1920 et 1930 a été causée par plusieurs facteurs complexes, dont le plus important était la domination des sections les plus réactionnaires de l'oligarchie financière dans plusieurs pays. C'est cette oligarchie financière qui a entretenu le fascisme et joué un rôle décisif dans la propulsion de Hitler et des nazis au pouvoir pour écraser les forces progressistes et démocratiques en Allemagne et dans d'autres pays, et pour mener une guerre prédatrice à l'étranger.

Suggérer que l'accession au pouvoir du nazisme et du fascisme aurait pu être évitée si l'Allemagne avait adopté un autre mode de scrutin est simpliste et absurde.

Malgré tout, le Camp du Non continue de piger ici et là dans l'histoire pour présenter ses arguments, ce qui n'est pas très difficile à faire parce que plus de 100 pays dans le monde ont une forme ou une autre de représentation proportionnelle. Il prétend entre autres que seuls les pays ayant la représentation proportionnelle ont élu des gouvernements fascistes en Europe pendant les années 1930, à la différence de la Grande-Bretagne et des autres pays qui avaient le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour. Il dissimule ainsi le fait que l'Allemagne nazie était l'épicentre du fascisme et qu'elle tenait littéralement un fusil sur la tempe des pays avoisinants et appuyait ouvertement les cinquièmes colonnes traîtresses dans plusieurs pays d'Europe.

En fait, le Camp du Non oublie de mentionner ce que les nazis eux-mêmes ont à dire au sujet des deux modes de scrutin. S'il est vrai que la RP peut rendre plus facile aux petits partis d'obtenir des sièges à une Assemblée législative, le système majoritaire uninominal à un tour permet aux partis ayant obtenu un appui minoritaire de 35 % ou de 40 % du vote de saisir 100 % du pouvoir.

Par exemple, le criminel de guerre nazi Hermann Goering a dit ceci lors de son témoignage au procès de Nuremberg en 1946 : « Si le système électoral démocratique (majoritaire uninominal) de l'Angleterre ou des États-Unis avait existé en Allemagne, le Parti nazi aurait déjà, à la fin de 1931, été légalement en possession de tous les sièges du Reichstag, sans exception », ce qui se serait produit plus rapidement qu'avec un système de représentation proportionnelle.[1]

Aussi, pour ce qui est des gouvernements racistes et fascistes, le Camp du Non omet de mentionner comment le système raciste de l'apartheid en Afrique du Sud est arrivé au pouvoir en 1948. Les supporters de l'apartheid l'ont fait par le biais d'une « fausse majorité » en vertu du mode de scrutin majoritaire uninominal qui a permis à un parti ayant une minorité de votes d'obtenir 100 % du pouvoir. Comme l'explique Wikipédia, à l'Assemblée nationale de l'Afrique du Sud, « en raison d'une singularité du système majoritaire uninominal, le Parti nationaliste (PN) a emporté un plus grand nombre de sièges, même si l'UP avait obtenu 11 % plus de votes. La coalition nationaliste a ainsi formé le nouveau gouvernement, ce qui a marqué le début d'une ère d'apartheid officielle et juridiquement contraignante. » Il en a résulté 40 ans de racisme, d'oppression et de servitude pour la majorité africaine.[2]

C'est la raison pour laquelle, après la Deuxième Guerre mondiale, les puissances britannique et américaine victorieuses n'ont pas imposé à d'autres le système uninominal majoritaire qui existait dans leur pays, mais ont maintenu en place des systèmes de représentation proportionnelle en Italie et dans la zone qu'ils contrôlaient dans l'Allemagne vaincue, pour freiner ce qu'ils ont appelé l' « extrémisme ». Le danger persistait que des partis fascistes ou nazis reconstitués reprennent vie, surtout en Allemagne de l'ouest, mais la préoccupation principale des autorités britanniques et américaines était les partis communistes qui jouissaient d'un appui significatif. La logique était que la RP permettrait plus facilement d'isoler ces partis au moyen d'un recours à des coalitions proaméricaines anticommunistes. En revanche, le système uninominal majoritaire à un tour aurait pu en théorie permettre à ces partis de constituer une majorité à la législature avec aussi peu que 35 ou 40 % des votes.

Pour l'oligarchie, il est vital d'avoir le dernier mot en ce qui concerne le mode de scrutin qui est en place. Elle cherche à garder le peuple aussi loin que possible de la prise de décision. En ce moment, le système uninominal majoritaire à un tour est celui qui favorise le plus l'élite dominante en Colombie-Britannique et celle-ci veut le maintenir. Cela explique que cette élite et les grands médias monopolisés vocifèrent aussi fort en appui au Camp du Non et au système uninominal majoritaire à un tour.

Cela fait longtemps, cependant, qu'un grand nombre de résidents de la Colombie-Britannique veulent avoir un mode de scrutin plus proportionnel et plus précis et veulent avoir le pouvoir de prendre cette décision et de la mettre en pratique. La représentation proportionnelle n'est pas un remède pour tous les problèmes du processus électoral. Cependant, voter Oui à la représentation proportionnelle pendant le référendum permet de traiter certains de ces problèmes, de prendre l'initiative et de faire progresser la politique dans la province.

Notes

 1. Hermann Goering, sessions du matin du 80e jour, le mercredi 13 mars 1914. Procédures du Procès de Nuremberg (vol. 9), École de droit de Yale, Projet Avalon.

 2. Élections générales sud-africaines de 1948, Wikipedia ( lu le 7 novembre 2018)

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Très bonne discussion sur la représentation proportionnelle à Prince George

Le 7 novembre, l'organisation Fair Vote Prince George a parrainé une autre rencontre dans une série de séances d'information à Prince George sur le référendum sur la représentation proportionnelle (RP) présentement en cours en Colombie-Britannique. Cette rencontre s'est tenue dans la foulée des récentes réunions communautaires réussies à Williams Lake et Quesnel.

Des orateurs, dont Jay Sanders de Fair Vote Prince George, ont présenté un diaporama sur la RP et Peter Ewart du comité Stand Up for the North a répondu à certaines des idées fausses qui sont propagées par le camp du Non. La réunion a été présidée par l'activiste locale Dawn Hemingway, avec environ 45 personnes présentes.

Les participants ont partagé leurs points de vue et ont posé de nombreuses questions pertinentes. La discussion était à la fois animée et instructive et reflète le sérieux avec lequel les Britanno-Colombiens profitent de cette occasion du référendum sur la proportionnelle pour soupeser un changement au mode de scrutin qui soit plus représentatif de la volonté des électeurs. Avec le vote par la poste, les bulletins de vote de toute la province doivent être soumis au plus tard le 30 novembre.

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Commémorations du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale

Des discussions et des rencontres partout au Canada contre la guerre impérialiste

À l'occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, des militants du Parti marxiste-léniniste du Québec (PMLQ) et du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) ont organisé des réunions à Halifax, Montréal, Toronto, Edmonton, Calgary et Vancouver. Les participants à ces événements ont commémoré les vies perdues lors de la Première Guerre mondiale dans laquelle les travailleurs ont été mobilisés pour s'entretuer dans un conflit entre puissances impériales pour des territoires coloniaux et leurs ressources humaines et naturelles. Les événements ont mis en lumière les conditions qui ont mené à la guerre et les multiples forces qui s'y sont opposées sur la base de leur conscience ou parce qu'elles rejetaient les objectifs interimpérialistes de la guerre. Ces réunions ont contribué à donner aux gens, en particulier les jeunes, une perspective d'ensemble sur cette guerre. On y a exposé la désinformation des cercles dominants aujourd'hui selon laquelle la participation du Canada dans cette guerre lui avait permis d'entrer dans une nouvelle ère et que cela ferait partie de son identité nationale. On a aussi souligné le danger de guerre qui existe aujourd'hui et les tentatives de se servir du centenaire comme propagande pour des guerres impérialistes injustes aujourd'hui. D'autres événements commémoratifs auront lieu. Voir le calendrier.

Montréal

Le 9 novembre, le PMLQ a tenu la première de ses trois réunions commémoratives à son local à Montréal. Dans une salle comble, les participants ont été fiers d'apprendre des choses à propos de la résistance unie et courageuse du peuple québécois qui ne voulait pas que sa jeunesse serve de chair à canon pour l'empire britannique.

À l'ouverture de la réunion, un représentant du PMLQ, Fernand Deschamps, a fait valoir comment les conditions d'aujourd'hui, comme il y a 100 ans, sont aussi dangereuses et pourraient engendrer une guerre en raison des contradictions et des rivalités entre intérêts supranationaux. Les participants ont ensuite observé une minute de silence en mémoire des victimes de la Première Guerre mondiale et de tous ceux qui se sont héroïquement opposés à la guerre.

Ensuite Martine Éloy du Collectif Échec à la guerre a pris la parole. Elle a souligné les prises de position antiguerre adoptées massivement par les Québécois dans l'histoire récente, dont la grande manifestation de 250 000 personnes à Montréal en 2003 en opposition à la guerre contre l'Irak dirigée par les États-Unis, la plus grande manifestation de l'histoire du Québec. Elle a expliqué le travail de son organisation pour s'opposer à la propagande belliciste, par exemple, la campagne du coquelicot blanc du Collectif qui réaffirme que le Jour du Souvenir ne doit pas servir à la glorification de la guerre.

Des jeunes de la région ont contribué à la soirée avec une lecture touchante de poèmes contre la conscription et contre la guerre : À bas la conscription de Pat King, Le petit conscrit de Loïc Le Gouriadec et Un foyer, une Patrie, un passage du poème L'Emballement d'Apollinaire Gingras.

Après les poèmes, il y a eu la présentation d'une vidéo mettant en vedette l'historien québécois Jean Provencher qui y raconte avec détails et fougue la grande opposition à la conscription au printemps de 1918 à Québec.

Ensuite le film La guerre oubliée de Richard Boutet, de 1987, a été visionné.[1] Par les paroles, les chansons et les propos de témoins oculaires, le film raconte l'expérience des hommes qui ont combattu dans la Première Guerre mondiale, ceux qui ont échappé à la conscription et les hommes et les femmes qui ont abrité et offert de l'aide à ceux qui avaient refusé la conscription et avaient affronté la répression brutale de l'État.

Le PMLQ a tenu une deuxième soirée le 16 novembre sur le thème de la contribution et du sacrifice des peuples coloniaux pendant la guerre. La troisième et dernière soirée aura lieu le 22 novembre.

Des membres du PMLQ participent à la vigile du Jour du Souvenir du Collectif Échec à
la guerre en opposition à la guerre et à la mémoire de toutes les victimes de la guerre, Montréal, 11 novembre 2018.

Toronto

La réunion de Toronto pour commémorer la fin de la Première Guerre mondiale a eu lieu le 11 novembre. Il y a eu des présentations sur les différents aspects de la guerre, des poèmes, des chansons et une discussion vivante sur la nécessité de rendre significatifs les mots « Plus jamais ! » en luttant pour la paix et pour un gouvernement antiguerre au Canada aujourd'hui.

Windsor

La Coalition de Windsor pour la paix, en collaboration avec des artistes et des résidents locaux, a été l'hôte de plusieurs événements qui ont souligné le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale.


Le 9 novembre, il y a eu la projection du film Outskirts sorti en 1933. L'action a lieu dans une petite ville de la Russie de 1914 à 1917 et on y aborde les répercussions de la guerre entre les empires russe et allemand sur les travailleurs et leurs familles. Grâce à l'organisation et au leadership que l'époque elle-même a fait naître, les travailleurs conscrits pour se battre dans l'armée du tzar en sont venus à constater que leurs ennemis n'étaient pas les travailleurs d'autres pays, mais bel et bien leurs propres dirigeants. C'est ce qui a fait que les travailleurs ont fini par se rebeller contre leurs oppresseurs, accédant ainsi au pouvoir et retirant la Russie de la guerre, ce qui a contribué à y mettre fin.


Le 10 novembre, la Coalition de Windsor pour la paix a tenu son piquet hebdomadaire contre la guerre. Les participants ont affirmé que l'opposition à la guerre aujourd'hui est l'expression vivante du souvenir et du mot d'ordre « Plus jamais ! ».

Le service du Jour du Souvenir de la Légion canadienne du 11 novembre était un événement militarisé. Il y a eu des coups de canons et de carabine, et des tireurs d'élite étaient stationnés sur les toits tandis que les représentants des trois paliers de gouvernement chantaient les louanges des guerres passées et présentes dont le Canada est partie intégrante, et ont prétendu que ces guerres avaient été menées avec de nobles objectifs tels « défendre nos libertés ». Deux initiatives ont rompu l'atmosphère proguerre qui dominait, des gestes qui ont souligné que la conception du peuple du Jour du Souvenir en est une de paix et de volonté de mettre fin à toutes guerres d'agression et aux préparatifs de nouvelles guerres.

D'abord, une chorale d'enfants a interprété une chanson pour la paix et pour mettre fin à toutes les guerres, qui a d'ailleurs été accueillie par des applaudissements chaleureux. Plus tard, une délégation représentant la génération qui a connu la Guerre froide et les générations du futur ont placé une couronne portant le mot d'ordre Plus jamais sur le cénotaphe au nom de la Coalition de Windsor pour la paix.

Suite à l'événement de la légion, une réception et un buffet ont été offerts par le studio des artistes du centre-ville, le One Ten Park. Dans les vitrines du studio, il y avait une exposition d'affiches de la Première Guerre mondiale pour souligner l'occasion. Les enfants d'école ont à nouveau chanté des chansons pour la paix et des gens ont lu des poèmes au message antiguerre. Un de ces poèmes, Aujourd'hui n'est pas une bonne journée pour une guerre, a été lu par un membre de la Légion et une ancienne combattante, qui est depuis longtemps une activiste pour la paix.

Edmonton

La Coalition d'Edmonton contre la guerre et le racisme a organisé une commémoration du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale le 10 novembre. C'était une occasion de se souvenir de ceux qui sont morts et dont la vie a changé à tout jamais, et auxquels les participants ont rendu hommage en gardant le silence pendant 100 secondes. Plusieurs se sont exprimés et ont partagé des poèmes et des chansons pour exprimer leur conscience et leurs convictions antiguerre. L'interprète-compositeur d'Edmonton, Bill Bourne, a lu la poésie antiguerre de son arrière-grand-père, Stephan G. Stephansson, le fermier canadien d'origine islandaise qui a vécu en Alberta presque toute sa vie.

Le 11 novembre, une discussion animée a eu lieu sur le sujet de « Faire nôtre la revendication Plus jamais ! ». L'allocution d'ouverture a été donnée par Peggy Morton et Dougal Macdonald a été l'orateur principal. Tous deux ont soulevé la nécessité d'un gouvernement antiguerre aujourd'hui. Une discussion enthousiaste s'est ensuivie. Une soirée cinématographique aura lieu dans deux semaines afin de poursuivre la discussion.

Calgary


Une réunion et une discussion animée ont eu lieu le 10 novembre pour commémorer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Kevan Hunter a souhaité la bienvenue aux personnes présentes et a souligné la signification du centenaire avec une lecture du poème Battle-Pause de Stephan G. Stephannson. Il a présenté l'orateur principal Dougal MacDonald. Suite à la présentation, plusieurs personnes sont intervenues pour parler des ravages de la Première Guerre mondiale pour l'humanité, d'exemples de résistance contre la guerre à cette époque et du travail que les activistes antiguerre doivent accomplir aujourd'hui.

Vancouver


Lors de la réunion du 9 novembre à Vancouver, la principale oratrice a souhaité la bienvenue aux participants et a fait valoir qu'à l'encontre du désir des peuples du monde de réaliser la paix et de mettre fin à la guerre, les rivalités interimpérialistes continuent de créer de graves dangers d'une nouvelle guerre mondiale cataclysmique. Elle a répudié l'historiographie des cercles dirigeants pour qui la guerre a « fait entrer le Canada dans la nouvelle ère » en tant que pays et a souligné comment cela visait à cacher la réalité des rivalités interimpérialistes qui ont engendré ce massacre d'une ampleur sans précédent et que la guerre n'a pas mis fin aux causes de cette guerre. Ainsi, immédiatement après la guerre, les puissances impérialistes se sont tournées vers le nouvel État ouvrier en Union soviétique pour tenter de l'anéantir. Aussi, l'historiographie des cercles dirigeants tient sous silence la résistance du peuple, en particulier au Québec, à la guerre et à la conscription. Elle a appelé les gens à commémorer le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale en poursuivant dans les conditions actuelles le travail pour un gouvernement antiguerre qui mettra fin à la participation et à l'intégration du Canada à la machine de guerre des États-Unis par le biais de l'OTAN, NORAD, le Homeland Security américain et les Services frontalières.

Note 

1. Le regretté cinéaste québécois Richard Boutet est renommé pour ses documentaires, tels que L'amiante ça tue et La turlute des années dures, sur la crise économique des années trente. La présentation par le PMLQ de La guerre oubliée a eu lieu grâce à Lucille Veilleux, la productrice du film et compagne de Richard Boutet. Une version remastérisée du film sera publiée dès l'année prochaine.

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Le rôle des femmes canadiennes dans la lutte
pour mettre fin à la guerre

Congrès international des femmes, La Haye, 1915

Des milliers de femmes ont joué un rôle vital dans la lutte pour la paix lors de la Première Guerre mondiale. Les femmes, qui n'étaient pas forcées au service militaire par la conscription à cette époque, ont joué un rôle clé dans le mouvement antiguerre.

Les femmes de conscience de plusieurs pays dont le Canada ont organisé le Congrès international des femmes pour la paix à La Haye en 1915, précurseur de la Ligue internationale des femmes pour la Paix et la Liberté.[1] Voici l'histoire de deux femmes canadiennes et de leur rôle inégalé dans le mouvement pour la paix.

Julia Grace Wales

Julia Grace Wales, 1916

Née dans les Cantons de l'Est au Québec en 1881, Julia Grace Wales était une universitaire qui a d'abord étudié à l'Université McGill à Montréal et puis à l'Université de Wisconsin à Madison, où elle a enseigné la littérature anglaise.

En décembre 1914, Wales a rédigé une ébauche de ce qui allait devenir le célèbre document intitulé « La médiation continue sans armistice »[2], qu'on nommerait plus tard Plan de Wisconsin. Il était proposé que les États-Unis organisent une conférence réunissant des intellectuels de tous les pays neutres qui joueraient le rôle de médiateurs. Ces individus proposeraient des solutions qui tiendraient compte des solutions proposées aussi par les pays en guerre.

Le travail de Wales a été appuyé par le Parti de Wisconsin pour la Paix qui venait d'être fondé, par plusieurs mouvements antiguerre et pour la paix ainsi que par l'Assemblée législative du Wisconsin. Des représentants gouvernementaux partout aux États-Unis l'ont aussi appuyé. Son plan avait à tel point impressionné le Parti national pour la Paix que celui-ci a envoyé une délégation à Washington présenter l'idée au président Woodrow Wilson et au Congrès.

Comme déléguée au Congrès international des Femmes, Wales a représenté la Société de Wisconsin pour la Paix. Elle a présenté le Plan au Congrès, et les membres l'ont unanimement adopté comme solution à la guerre et l'ont fait imprimer en quatre langues et distribuer aux quatre coins de l'Europe et de l'Amérique du Nord.

Wales est devenue membre fondatrice de la Ligue internationale des femmes pour la Paix et la Liberté. En tant que membre de l'ambassade de la Conférence, Wales a soumis sa proposition, qui avait été adoptée en tant que résolution à la Conférence, aux gouvernements européens. Son plan n'a jamais reçu l'appui officiel du gouvernement des États-Unis, qui est entré en guerre en avril 1917.

Dès son retour d'Europe en 1917, Wales a poursuivi sa carrière académique, mais aussi son intérêt pour le mouvement pour la paix. Elle a publié des articles sur le sujet ainsi qu'un livre. Elle est retournée au Québec en 1947 pour sa retraite où elle est décédée en 1957 à l'âge de 76 ans.

Laura Hughes

Laura Hughes, Congrès international des femmes, La Haye, 1915

Laura Hughes, née à Toronto, était une socialiste. Au printemps de 1915, après que le Comité national pour le Service patriotique, l'organisation chapeautant toutes les organisations des femmes canadiennes en temps de guerre, eut refusé l'invitation officielle à participer au Congrès international des Femmes à La Haye, elle y a participé en tant que déléguée non officielle. Dès son retour, elle a travaillé avec d'autres femmes intéressées, dont la plupart étaient membres de l'Association de Toronto pour le Suffrage et la Ligue sociale-démocrate des femmes, pour promouvoir le programme du Comité international pour la Paix permanente (qui deviendrait plus tard la Ligue internationale des femmes pour la Paix et la Liberté — LIFPL). La branche canadienne du Congrès international des femmes pour une paix permanente (appelé parfois le Parti canadien des femmes pour la paix) a été fondée lors d'une réunion au YMCA de Toronto en juin 1915. Le groupe de la LIFPL se réunissait mensuellement pour y tenir des sessions d'étude et y inviter une panoplie d'oratrices. Le groupe a fait parvenir une lettre au premier ministre Robert Borden qui contenait les résolutions de La Haye et lui demandait de les prendre en compte pour sa proposition d'entente de paix. Les conseillers de Borden n'étaient guère impressionnés, disant : « Il n'y a certes rien de pratique à des suggestions de ce genre dans le contexte actuel. »

Les activités pacifistes de Hugues mettaient aussi dans l'embarras son oncle, le ministre de la Milice, Sir Sam Hughes, qui lui a offert la moitié d'une terre de prairie si elle abandonnait son intérêt pour le travail pacifiste.

En 1915, le Conseil du travail du district de Toronto a embauché Hughes pour qu'elle mène une enquête sur les conditions de travail dans les usines de guerre. En tant qu'employée dans l'usine Joseph Simpson Knitting, elle a produit des rapports qui ont servi de preuve dans la démarche du Congrès du travail de Toronto (CTT) auprès du ministère du Travail. En 1916, elle est devenue deuxième vice-présidente du Parti du travail du district de Toronto en Ontario.

Hughes a été la principale organisatrice de la branche canadienne de la LIFPL, la liaison entre les branches canadiennes et d'outre-mer. Elle et ses associées voulaient faire participer les femmes de toutes les régions du Canada, dans le but d'établir des branches de l'organisation dans chaque province. Elle écrivait aux femmes, les invitant à s'engager dans des activités de la LIFPL et elle participait à la propagation de la littérature appelant les femmes à lire les Résolutions de La Haye, à commander la littérature sur la paix et à s'informer et à informer les autres des questions liées aux efforts pour arrêter la guerre.

Pour Hughes, la guerre était motivée et prolongée par le mercantilisme et devait forcément se répéter. Aussi avait-elle compris que la guerre donnait aux forces au pouvoir l'occasion de resserrer leur contrôle non seulement sur l'économie, mais sur toutes les dimensions de la société. Elle pensait que la perte de libertés civiles au nom de lutter pour la liberté représentait une menace à long terme et n'était pas qu'une mesure temporaire prise en temps de guerre.

Hughes soutenait que la course aux profits était ce qui maintenait la guerre en vie et s'est opposée publiquement à la conscription lorsque celle-ci a été imposée en 1917.

En décembre 1917, Laura a épousé Erling Lunde de Chicago, un objecteur de conscience, et a déménagé dans cette ville. Lorsque son conjoint a été arrêté pour sa prise de position (il a été incarcéré pendant un an), elle a travaillé à l'appui de tous les objecteurs de conscience de 1918 à 1920. Elle a fait campagne pour l'adoption de lois pour réglementer le travail des enfants, pour la sécurité d'emploi des enseignantes, l'assistance gouvernementale à l'éducation et les réformes électorales. À la fin de ses jours, elle a enseigné aux femmes leurs droits et leurs responsabilités en tant que citoyennes. Elle est décédée en 1966.

Notes

 1. Voir LML No. 38, 27 octobre 2018 pour l'article sur le Congrès international des femmes pour la Paix à La Haye

 2. Continuous Mediation Without Armistice, Bibliothèque du Congrès, Fondation Sloan

(Sources : LML  27 octobre 2018 No. 38, Bibliothèque et Archives Canada, la Bibliothèque du Congrès, la Fondation Sloane, Les premières femmes écrivaines du Canada — université Simon Fraser, collections numérisées, L'Institut canadien de recherche sur les femmes (ICREF), Ligue internationale des femmes pour la Paix et la Liberté (LIFPL). Photos : Bibliothèque britannique de science politique et économique, Bibliothèque et Archives Canada.)

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101e anniversaire de la Déclaration de Balfour

Joignons-nous aux Palestiniens pour exiger la réalisation du droit de retour! L'occupation sioniste du territoire palestinien doit cesser!

Piquetage à Mississauga lors du 100e anniversaire de la Déclaration de Balfour, novembre 2017

Le 2 novembre était le 101e anniversaire de la Déclaration de Balfour, une lettre envoyée en 1917 par le ministre britannique des Affaires étrangères à un sioniste britannique bien en vue, lui promettant des terres en Palestine pour la colonisation étrangère.

Cet acte criminel de l'Empire britannique qui consiste à « donner » le territoire volé à un autre peuple durant la Première Guerre mondiale aux fins de colonisation a créé les conditions pour des atrocités innombrables contre les Palestiniens ainsi que la proclamation subséquente de l'État sioniste, du génocide et de la mainmise continue des terres palestiniennes.

Il serait important de garder à l'esprit les objectifs et la stratégie géopolitique de l'empire britannique à l'époque. Le premier ministre Lloyd George et son secrétaire colonial Winston Churchill informaient le chef de la fédération sioniste Chaim Weizmann en 1921 que pour eux la Déclaration Balfour « a toujours signifié la création éventuelle d'un État sioniste ». Pour s'assurer que la minorité sioniste ait l'avantage, Lloyd George a dit à Churchill : « Vous ne devez pas donner un gouvernement représentatif à la Palestine. » Le chercheur Nu'man Abd al-Wahid note : « Les nouveaux colons juifs européens devaient être la garde prétorienne de l'Égypte et spécifiquement du canal de Suez. En tant que tels, dans les mots de Winston Churchill, les Juifs européens seraient alors ‘particulièrement en harmonie avec les intérêts véritables de l'empire britannique' plutôt que d'être des ‘résidents non assimilés dans tous les pays'. »[1]

Il est important de garder à l'esprit la collusion des gouvernements canadiens successifs dans l'édification d'empire, le projet sioniste, son agression délibérée et ses guerres préventives. Durant la Première Guerre mondiale, le gouvernement Borden, à la requête de Lloyd George, facilitait le recrutement en Ontario par David Ben-Gurion pour la « légion juive », qui marchait sur Jérusalem avec la force expéditionnaire anglo-égyptienne du général Edmund Allenby seulement cinq semaines plus tard, le 9 décembre 1917. On rapporte qu'Allenby s'est promené dans la vieille ville fortifiée et a déclaré : « Aujourd'hui les Croisades ont pris fin. »

En 1947-48, la contribution du ministre canadien des Affaires étrangères Lester B. Pearson à la légalisation de l'occupation de la Palestine historique aux Nations unies lui a valu le titre ignominieux de « Balfour canadien » et son rôle durant l'invasion tripartite de l'Égypte, l'occupation du canal de Suez et l'invasion de l'Égypte lui a valu un prix pour le « maintien de la paix ». Puis le 18 mai 1948, le conseil des ministres du Canada décidait de reporter le débat sur l'application de la Loi sur l'enrôlement à l'étranger à la Palestine pour faciliter le recrutement militaire des Canadiens par la Haganah, une organisation paramilitaire établie pour supprimer la résistance palestinienne.[2]

Aujourd'hui le gouvernement de Justin Trudeau poursuit la criminalisation de toute opposition au sionisme et au terrorisme d'État d'Israël au Canada et à l'étranger sous prétexte que c'est de l'« antisémitisme ». Il l'a répété concernant la résolution du 13 octobre 2017 de l'UNESCO, l'organisation culturelle des Nations unies, qui condamnait Israël pour les restrictions d'accès à la mosquée Al-Aqsa par les musulmans à Jérusalem et reconnaissait Israël comme un occupant étranger. Et pendant qu'il tient ce discours, le gouvernement Trudeau prétend être contre l'islamophobie et en faveur de la tolérance.

Les Canadiens ont maintes fois exprimé leur dégoût de ce type d'« amitié » avec le sionisme israélien. Nous nous joignons aux peuples du monde pour exiger que cesse l'occupation, que le droit de retour des Palestiniens soit reconnu et que des réparations leur soient faites.

À l'occasion de l'anniversaire de la Déclaration Balfour que l'État d'Israël affirme être « le jour de l'Indépendance », la ministre canadienne des Affaires étrangères était en Israël pour prononcer des discours qui cautionnent Israël et son appareil d'État colonialiste, l'apartheid et le nettoyage ethnique des Palestiniens. C'est rendre service à ceux qui permettent à Israël d'agir en toute impunité et cela les encourage à continuer de refuser au peuple palestinien ses droits fondamentaux à l'autodétermination et au retour dans son foyer d'origine d'où lui ou ses ancêtres ont été déracinés en 1948.

La catastrophe du peuple arabe palestinien en 1948 se poursuit entre les mains d'Israël, aidé par les États-Unis, avec les mêmes vieilles politiques et des lois établies par les Britanniques comme les lois de confiscation des terres, de la démolition de maisons, la détention « administrative », la déportation, la violence, la répression et la poursuite de l'expulsion d'environ 7,9 millions de Palestiniens qui se voient refuser leurs droits nationaux et humains fondamentaux, en particulier leur droit au retour et de vivre normalement dans leur patrie. Cette catastrophe du peuple palestinien ne pouvait pas continuer sans le soutien à Israël par les États-Unis, la Grande-Bretagne et les pays comme le Canada.

Le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) condamne l'acte infâme connu sous le nom de Déclaration Balfour et les crimes qui continuent d'être perpétrés contre le peuple palestinien. Le 29 novembre est la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien. À cette occasion, LML publie des informations sur la campagne « Non à un règlement, nous ne céderons pas le droit de retour » par la Conférence populaire des ressortissants palestiniens.

Notes

 1. Nu'man Abd al-Wahi, « The Empire's Balfour Declaration and the Suez Canal », Churchill's Karma, le 20 décembre 2012

 2. La Haganah était une organisation paramilitaire juive qui existait de 1920 à 1948 sous le mandat britannique de la Palestine. Elle continuerait à devenir le noyau des Forces de défense israéliennes (FDI). Il est mentionné qu'elle a été fondée sur la base de la légitime défense parce qu'on ne pouvait compter sur les Britanniques pour assurer la sécurité de la population juive. En pratique, elle faisait partie de la machine sioniste en Palestine qui coopérait avec les Britanniques pour servir les objectifs sionistes. Bien qu'elle ait commencé comme une organisation clandestine, elle a pris de l'ampleur au point d'inclure presque tous les jeunes et les adultes dans les colonies de peuplement ainsi que plusieurs milliers de membres de chacune des villes.

De 1936 à 1939, quand les Palestiniens se sont soulevés pour rejeter le mandat britannique, la Haganah s'est développée à partir d'une milice en un corps militaire. L'administration britannique n'a pas reconnu officiellement l'organisation, mais dans la pratique, les forces de sécurité britanniques ont coopéré avec elle en établissant des milices civiles dans le cadre de réprimer la révolte arabe.

La Haganah ne fonctionnait pas seulement en Palestine. Il avait des branches dans d'autres parties du monde, y compris aux États-Unis, en Pologne, en Allemagne, en Italie, en France et au Maroc. Elle a conclu des contrats d'armement pour faire venir des armes des États-Unis, de l'Europe occidentale et de la Tchécoslovaquie, ainsi que produire ses propres armes.

Au printemps 1947, le futur premier ministre israélien David Ben Gourion a commencé à diriger la politique générale de la Haganah. Le 26 mai 1948, à la suite de la Nakba, durant laquelle l'État sioniste d'Israël a été fondé par la dépossession du peuple palestinien, le gouvernement provisoire d'Israël a décidé de transformer la Haganah en une armée régulière de l'État, appelée « Le Zeva Haganah Yisrael » - les Forces de défense israéliennes.

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La campagne « Non à la colonisation,
nous ne céderons pas le droit de retour »


Les Palestiniens se dirigent vers la frontière Est de la bande de Gaza pour participer aux manifestations hebdomadaires de marches de protestation en faveur du retour sous le slogan « La normalisation avec Israël est un crime et une trahison. »

Devant les cimetières des martyrs de notre peuple palestinien à Sabra et Shatila, et en mémoire du massacre douloureux dans les camps de la ténacité à Beyrouth, la capitale fraternelle du Liban, les membres de la conférence du peuple des expatriés palestiniens saluent les âmes de nos martyrs et apprécient la ténacité de notre peuple dans les camps ici et à l'étranger, qui a contribué à la survie de la cause pendant sept décennies avec ses sacrifices et sa patience face aux épreuves de la vie, et qui a donné des modèles d'héroïsme et de rédemption.

Le peuple palestinien se retrouve confronté à une attaque renouvelée des États-Unis et leur soutien au projet sioniste, incarné par la nouvelle administration américaine, en la personne du président Donald Trump, par de nombreuses décisions et actions qui ont commencé le sixième jour de décembre de l'année précédente par la reconnaissance de Jérusalem comme capitale éternelle de l'entité sioniste. Cela a été suivi par le transfert de l'ambassade américaine de Tel Aviv à Jérusalem, par le ciblage de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA), qui a contribué à maintenir la question des réfugiés en vie en préservant leur statut de réfugiés, l'héritage laissé aux nouvelles générations et la prestation des services humanitaires. L'occupation a donné suite à des procédures qui ont abouti à l'adoption de la loi de l'État-nation par la Knesset, ainsi que la politique de colonisation et d'appropriation des terres. Compte tenu de tout cela, la Conférence du peuple des expatriés palestiniens, dans le cadre du mouvement général palestinien et de ce qu'il exprime de la volonté et des aspirations du peuple palestinien à l'étranger, annonce l'adoption d'une série de mesures et d'actions qui reflètent le rejet de ces projets qui ne signifient rien au peuple palestinien, ne reposent sur aucun principe juridique et n'ont donc comme fondement que celui qui les a émis.

- Nous lançons un appel au peuple palestinien dans tous les lieux où il est présent de mener des activités pacifiques et légales pour exprimer son rejet des actions américaines sur le droit de retour et le transfert de l'ambassade de Washington à Jérusalem et qu'elle soit considérée comme la capitale unique de l'entité sioniste.

- Nous appuyons les grandes marches pour le droit de retour dans la bande de Gaza en tenant des sit-in et des activités hebdomadaires pour faire en sorte que notre droit de retour soit défendu.

- Nous appelons le peuple palestinien à l'étranger à initier des rassemblements populaires de masse pour exprimer son adhésion au droit de retour et rejeter les mesures américaines qui vise à le saper.

- Nous appelons les familles palestiniennes à mener parallèlement des activités qui reflètent leur appartenance à la Palestine, leur héritage du droit de retour ainsi que le rejet de la colonisation, et de les populariser par le biais des médias et des réseaux sociaux.

La commémoration de plusieurs événements nationaux et internationaux importants dans le calendrier palestinien, la Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien, le 29 novembre, et trois événements consécutifs durant quatre jours en décembre, soit le soixante-neuvième anniversaire de la fondation de l'UNRWA le 8 décembre, suivi par deux jours consécutifs, les 10 et le 11 décembre, soulignant l'anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme et l'adoption par l'Assemblée générale des Nations unies de la Résolution 194, qui prévoit le retour des réfugiés dans leurs foyers et leurs villes d'où ils ont été déplacés en 1948. La Conférence du peuple des expatriés palestiniens tiendra une conférence publique du peuple suivie d'une conférence politique internationale en faveur des droits palestiniens.

La Conférence du peuple appelle toutes les forces et factions palestiniennes à consolider et accélérer la construction d'une unité nationale globale pour faire face à l'occupation et la colonisation, et de contrecarrer le projet américain.

La Conférence du peuple appelle les pays arabes, en particulier ceux qui accueillent les Palestiniens, à prendre acte du sérieux du projet.

La Conférence appelle à la formation d'une coalition mondiale pour défendre le droit de retour et de tous les instruments et institutions internationaux qui le préservent.

Le Congrès populaire de 2019 annonce la défense de l'Office de secours et de travaux des Nations unies (UNRWA) et le renforcement de sa présence.

La Conférence du peuple fait appel à notre peuple dans les camps à faire de chaque camp un symbole de l'adhésion au droit de retour et à rejeter le projet américain en organisant des marches symboliques vers la frontière qui expriment l'adhésion au droit de retour.

La Conférence appuie tous les projets émanant de l'intérieur, dont le plus important est la marche importante du retour dans la bande de Gaza pour faire respecter les droits et mener des activités de soutien.

Ces mesures sont basées sur le principe selon lequel le droit de retour est un droit individuel et collectif non soumis à des prescriptions. Ce droit est notre héritage qui est inaliénable et compatible avec le peuple palestinien à l'étranger qui, depuis son expulsion en 1948, a déclaré son adhésion absolue à tous ses droits établis en Palestine historique et sa résolution à ne pas les abandonner. Entreprendre les efforts dans tous les endroits où il est possible de rétablir ces droits et se tenir ferme devant toutes les conspirations qui ont essayé de les affaiblir, et de sauter sur toutes les occasions pour mettre l'accent sur la libération de la Palestine, de toute la Palestine.

(Traduction : LML)

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