100e anniversaire de la fin de la
Première Guerre mondiale
L'importance de donner un sens
aux commémorations
- Pauline Easton -
Dans les clos
d'abattoirs pestilentiels d'Europe
Ils dépècent les corps des hommes assassinés,
Tandis que les marchands ignobles, le groin dans l'auge,
Se gavent des profits ensanglantés!
- En temps de guerre, Stephan
G. Stephansson, 1916
À la onzième heure du onzième jour
du onzième mois de cette année, cent ans se seront
écoulés depuis la fin des combats de la Première
Guerre mondiale, après la signature d'un armistice entre les
Alliés et l'Allemagne.
La Première Guerre mondiale a été
un massacre d'une ampleur sans précédent. Le nombre total
de pertes militaires et civiles est estimé à
environ 40 millions de personnes - 15 à 19
millions de morts et environ 23 millions de militaires
blessés. Parmi les morts, on compte environ 8 millions de
civils,
dont 6 millions
seraient morts de la famine et de la maladie liées à la
guerre comme la pandémie de grippe de 1918 et la maladie qui a
emporté de nombreux prisionniers de guerre.
Du
Canada seulement, plus de 600 000 hommes et femmes ont
traversé l'Atlantique pour se rendre sur le théâtre
de la guerre en Europe avec le Corps expéditionnaire canadien.
Plus de 60 000 d'entre eux ne sont pas
revenus et des milliers d'autres sont revenus chez eux blessés
et mutilés.
La guerre a duré de 1914
à 1918. Elle aurait commencé le 28
juillet 1914 lorsque l'Autriche-Hongrie a déclaré la
guerre à la Serbie. La Russie a ensuite déclaré la
guerre à l'Autriche-Hongrie et, six jours plus tard,
l'Angleterre et la France étaient officiellement en guerre
contre l'Allemagne. Le Canada, en tant que
dominion autonome de l'empire britannique, est entré
automatiquement en guerre dès que la Grande-Bretagne a
déclaré la guerre.
L'horrible conflit entre les pays belligérants a
fait éclater les empires russe, austro-hongrois, ottoman et
allemand. Au Canada et dans tout l'Empire britannique, le massacre a
mis fin à l'euphorie de ceux qui disaient que l'appartenance
à l'Empire britannique était la situation la plus
convoitée qui soit.
La fin de la guerre n'a pas mis fin à la
cupidité des hommes assoiffés de pouvoir qui l'avait
déclenchée. Immédiatement, les forces canadiennes
ainsi que des troupes de dix autres pays, à l'initiative de la
Grande-Bretagne et de la France, ont été envoyées
pour envahir la Russie soviétique dans une vaine tentative de
maintenir les privilèges du
régime tsariste niés par la création du premier
État socialiste au monde.
Au Canada, la guerre a été
utilisée comme prétexte pour réprimer la
résistance à la guerre impérialiste et l'objection
de conscience à la participation à la guerre et pour
attaquer les syndicats et la politique révolutionnaire. La Loi
sur
les
mesures
de
guerre
est restée en vigueur plus d'un an
après la fin de la guerre et a été utilisée
contre les
organisateurs de la grève générale de Winnipeg
en 1919.
La rue Main, le 4 juin 1919, pendant la grève
générale de Winnipeg. La Loi sur les mesures
de guerre a été utilisée contre les
organisateurs de la grève.
La désinformation est
généralisée quant aux causes de la Première
Guerre mondiale et à ses conséquences. On parle souvent
de la réalité d'un massacre d'une ampleur sans
précédent. On parle parfois de la fin de l'euphorie de la
classe dirigeante pour l'Empire qui régnait sur le monde avant
la guerre. Or, l'historiographie officielle du
Canada cite le plus souvent la participation du Canada à la
Première Guerre mondiale et à la bataille de la
crête de Vimy en particulier, comme le moment qui a «
marqué l'avènement du Canada ». Cela signifie
que le Canada a gagné le droit d'être
considéré comme l'une des « grandes
puissances » par son sacrifice. Le Canada a
participé aux négociations de Versailles pour
décider des conditions de la paix et depuis à des
coalitions de toutes sortes pour garantir la défense des
intérêts anglo-américains dans le monde entier.
L'historiographie officielle
met en évidence le
Statut de Westminster de 1931 qui accordait au Canada la
souveraineté dans les affaires extérieures. Lorsque la
Deuxième Guerre mondiale a éclaté en 1939, le
Parlement canadien, et non le Parlement impérial en
Grande-Bretagne, a décidé de déclarer la guerre
aux puissances de
l'Axe dirigées par l'Allemagne et d'envoyer de nouveau des
troupes à l'étranger.
On nous dit que si les Canadiens ont consenti tant de
sacrifices pendant la Première Guerre mondiale, c'était
pour aller défendre la liberté et la démocratie,
alors qu'il s'agissait d'une guerre pour le repartage du monde entre
empires coloniaux et grandes puissances.
Cette année, dans son message du jour de l'Action
de grâce, le premier ministre Justin Trudeau a repris le
thème en disant : « Aujourd'hui, nous rendons
également hommage aux anciens combattants et aux membres des
Forces armées canadiennes. Chaque jour, ils font des sacrifices
pour aider à bâtir un monde plus sûr et plus
pacifique
pour tous. »
La propagande que la Première Guerre mondiale
était une guerre pour la liberté, la démocratie et
les droits et que le sacrifice des soldats et des
richesses du Canada servait donc une noble cause, est le pire type
de désinformation. En 2010, à la mort de John
Babcock, le dernier
ancien combattant canadien connu de la Première Guerre mondiale,
le premier ministre de l'époque, Stephen Harper, a
déclaré que la Première Guerre mondiale avait
« marqué l'avènement du Canada » en tant
que nation et que les anciens combattants avaient « payé
cher la liberté dont nos enfants et nous jouissons tous les
jours ».
Cette interprétation de l'histoire du Canada a
pour objectif de priver les Canadiens d'une conception du monde
à partir de laquelle bâtir une nation moderne. La
défense de l'Empire britannique contre ses grands rivaux, dont
beaucoup étaient dirigés par des parents royaux de la
reine Victoria, dont le Kaiser de Prusse et le tsar de Russie, n'avait
rien d'une grande cause. On y voit plutôt le caractère
consanguin et dangereux de la monarchie européenne et le
caractère dépravé de cette guerre pour le
repartage du monde entre
leurs empires qu'elle contrôlait.
Lénine, le grand dirigeant de la
révolution de Russie, a décrit la Première Guerre
mondiale comme une lutte entre deux coalitions de la bourgeoisie
impérialiste pour le partage du monde, pour le partage d'un
butin et pour la spoliation des peuples petits et faibles.
Il a dit que cette guerre pour le partage des colonies
et le partage du butin entre capitalistes signifierait une
rupture complète avec les toutes dernières
réalisations de la civilisation et de la culture.
Cette guerre « pourrait ruiner et ruinerait inévitablement
les conditions mêmes de l'existence de la société
humaine. Car, c'est la première
fois dans l'histoire que les plus puissantes réalisations de la
technique sont utilisées avec une telle ampleur, de façon
aussi destructive et avec une telle énergie, à
l'extermination de millions de vies humaines. Quand tous les moyens de
production sont ainsi mis au service de la guerre, nous voyons que les
plus amères prophéties s'accomplissent
pleinement et qu'un nombre de plus en plus grand de pays deviennent la
proie de la sauvagerie, de la famine et de la déchéance
totale des forces productives. »
Nous sommes témoins aujourd'hui d'une situation
semblable
bien que pas du tout la mème. Des coalitions constituées
d'oligopoles parcourent le monde entier pour s'enrichir par tous les
moyens possibles. On parle de défense de l'intérêt
national pour justifier les stratagèmes pour payer les riches et
criminaliser le mouvement de résistance du peuple, le mouvement
pour investir le peuple du pouvoir souverain et le mouvement contre la
guerre.
Les
cercles
dirigeants
et
leurs
médias
ne
disent rien de cette
réalité lors des commémorations de la fin de la
Première Guerre mondiale. Pas un mot sur
les dangers semblables que font planer les guerres en cours et pa sun
mot sur les
dangers des guerres encore plus grandes qu'ils préparent. Ils
disent que la guerre et les préparatifs de guerre sont
nécessaires pour défendre la paix et la
démocratie. Ils ont recours au même chauvinisme qu'ils ont
utilisé contre les peuples du monde pendant la Première
Guerre mondiale pour priver les pepules d'une conception du monde qui
leur permette d'avancer.
De plus, le Parti libéral
au pouvoir et les autres partis siégeant à la Chambre des
communes promulguent des lois
qui ciblent ceux qui s'opposent aux guerres d'agression et
d'occupation de l'OTAN et aux guerres impérialistes et les
présentent comme des
agents d'une puissance étrangère ou leurs dupes, tout
cela au nom de la protection du processus électoral canadien
contre « l'influence étrangère ». Ces
actions de l'élite dirigeante sont une négation
inconcevable du fait que le système politique est composé
de citoyens et de résidents qui ont des droits en tant
qu'êtres humains, que rien n'est plus humain que l'affirmation du
droit à la conscience et que rien n'est plus inhumain que la
violation de ce droit.
Que les commémorations de la Première
Guerre mondiale soient l'occasion de se renseigner sur ce qui est en
jeu dans la façon dont les milieux officiels décrivent
cette guerre horrible et sur les guerres actuelles qui sont en cours et
se préparent. Laissons les êtres humains
affirmer leur conscience en exprimant leurs pensées sans
crainte de représailles. Faisons en sorte que le mot d'ordre Plus jamais !
ait un sens qui soit favorable aux peuples du monde.
Un gouvernement antiguerre est une nécessité pour les
Canadiens. Un
gouvernement antiguerre prêterait l'attention voulue au
développement
d'une nouvelle personnalité démocratique fondée
sur la satisfaction des
besoins du peuple dans les conditions du XXIe siècle.
Aujourd'hui, nous devons crier haut et fort :
Démantelez
l'OTAN !
Ramenez toutes les troupes canadiennes à la maison
maintenant !
Démantelez toutes les bases militaires américaines du
monde et celles de l'OTAN et de ses membres, y compris le Canada !
Mettons fin à toutes les guerres d'agression et d'occupation et
aux dépenses consacrées aux armes de destruction massive
et à la vente d'armes !
À propos du centenaire de la fin
de le Première Guerre mondiale
- Enver Villamizar -
Le 11
novembre 2018 à 11 heures sera le 100e
anniversaire de la fin de la Première
Guerre mondiale. La façon dont on commémorera
l'événement est une question importante. Souvent, ces
événements font l'objet d'efforts de réprimer la
pensée et la conscience du peuple par ceux qui aujourd'hui
utilisent la force et la
menace du recours de la force pour régler les différends
entre les nations et les peuples. Ils utilisent ces
événements commémoratifs importants pour justifier
leur domination et leur exigence envers le peuple de se ranger
derrière
eux contre leurs rivaux et ceux qu'ils ont déclarés
être leurs ennemis. Ils ne veulent pas que les
événements commémoratifs
servent à ouvrir la voie au progrès dans le
présent et à analyser le passé pour aider à
résoudre les problèmes du présent.
À l'approche du centenaire, le premier ministre
Trudeau a dit dans sa déclaration à l'occasion de
l'Action de grâce : « Aujourd'hui, nous rendons
également hommage aux anciens combattants et aux membres des
Forces armées canadiennes. Chaque jour, ils font des sacrifices
pour aider à bâtir un monde plus sûr et plus
pacifique pour
tous. »
Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a
déclaré la même chose le 11 septembre :
« Les membres des Forces armées canadiennes figurent parmi
les véritables héros de la guerre en Afghanistan et le
monde d'aujourd'hui est plus sûr grâce à leur
service et à leur sacrifice. »
Les deux gouvernements cherchent à cacher le
rôle agressif et belliciste que le Canada joue sur la
scène internationale en prétendant que tout ce que le
Canada fait sert la paix, peu importe la réalité. Peut-on
dire que les Forces armées canadiennes sont
déployées de manière à créer un
« monde plus sûr et plus pacifique pour
tous » ? Non. En premier lieu, cette déclaration
masque le fait que les Forces armées canadiennes et le
ministère de la Défense nationale du Canada ne sont pas
indépendants, mais sont intégrés à la
sécurité intérieure des États-Unis. Ils ne
sont pas organisés pour défendre les frontières du
Canada, mais en tant que force expéditionnaire
de l'armée impérialiste américaine - qu'elle soit
à l'intérieur ou à l'extérieur de l'OTAN,
à l'intérieur ou à l'extérieur de l'ONU.
Étant totalement intégré à la machine de
guerre américaine, notamment par NORAD, le Canada ne peut
d'aucune manière jouer un rôle indépendant qui
contribue à la paix à l'échelle internationale.
Ce sont des alliances comme celles que nous voyons
aujourd'hui qui ont entraîné les pays les uns après
les autres dans le grand massacre que fut la Première Guerre
mondiale, au cours duquel les travailleurs de tous les pays en guerre
ont
été utilisés comme chair à canon dans la
lutte des puissances belligérantes pour se repartager le monde.
La «
guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres »
n'a rien fait de tel. Le peuple russe a mené à bien sa
révolution bolchevique en pleine guerre et a contribué
à la paix en retirant la Russie de la guerre et en
précipitant sa fin. Cela a montré que lorsque les
travailleurs se mettent en position de décider des questions de
la guerre et de la paix, ils
peuvent contribuer à la paix sur le plan international. La
Russie soviétique a été envahie par la
Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, le Canada et d'autres
puissances qui ont tenté de renverser le premier gouvernement
antiguerre du monde.
Les revendications du peuple russe pour la paix, la terre et le pain,
exprimées à l'occasion
de manifestations, comme celle-ci lors de la Journée
internationale de la femme de 1917,
se sont concrétisées avec la
victoire de la Grande Révolution d'Octobre qui a sorti la Russie
de la
guerre impérialiste.
Aujourd'hui, des gouvernements comme celui du Canada
continuent de mener une politique étrangère de division
du monde en blocs militaires et économiques. Qu'il s'agisse du
rôle du Canada dans le commandement du groupement tactique de
l'OTAN en Europe de l'Est pour encercler la Russie, de sa participation
au blocus naval dirigé par
les États-Unis contre la République populaire
démocratique de Corée afin de contrecarrer les efforts du
peuple coréen pour la réunification et la paix dans la
péninsule coréenne, le soutien qu'il fournit à la
guerre au terrorisme dirigée par les États-Unis contre le
gouvernement syrien, ou son intégration dans la
sécurité intérieure des États-Unis et sa
soumission aux diktats des États-Unis sur son économie,
son armée, son territoire et son processus décisionnel,
le Canada fait partie du système impérialiste
d'États qui prépare une guerre dévastatrice de
proportions mondiales.
Le gouvernement Trudeau prétend que le Canada est
« de retour » à l'ONU parce qu'il a
accepté de mobiliser les forces militaires canadiennes pour
appuyer la mission de « stabilisation » de l'ONU au
Mali. En même temps, le Canada intervient en dehors des Nations
unies lorsqu'il ne parvient pas à obtenir un consensus, comme
le montre son rôle dans le « Groupe des amis »
orchestré par les États-Unis, connu sous le nom de
« Groupe de Lima », qui complote un changement de
régime au Venezuela au nom des droits de l'homme, ou l'autre
groupe créé par le Canada et les États-Unis, le
Groupe de Vancouver, pour tenter d'appliquer le blocus maritime de la
République populaire démocratique de Corée par les
États-Unis.
Les travailleurs du Canada et du Québec ne
veulent pas que le Canada contribue aux conflits mondiaux ou aux
guerres d'agression contre des peuples frères. Pour cette
raison, il est important que les travailleurs agissent et
déclarent en leur propre nom que le centenaire de la fin de la
Première Guerre mondiale ne doit pas être
commémoré d'une
manière qui étouffe leur désir de paix et de fin
des guerres d'agression ou qui divise leurs rangs sur la base qu'ils
sont « pour » ou « contre » les
troupes. Le danger d'une autre guerre mondiale catastrophique est
réel. Le droit de réfléchir et de tirer des
conclusions qui s'imposent sur les questions de la guerre et de la paix
est essentiel
pour que les Canadiens puissent renforcer leur mouvement antiguerre et
prendre des mesures pour l'établissement d'un gouvernement
antiguerre dans lequel le peuple, et non les riches, pourra
décider du rôle que le Canada devrait jouer sur la
scène internationale et s'il doit faire partie des alliances
militaires comme l'OTAN et des autres alliances
militaires des États-Unis avec tout ce que cela implique dans
les domaines de la politique et de l'économie.
Des
initiatives
pour
le
jour
du Souvenir
Appels à porter le coquelicot blanc à la
mémoire
de toutes les victimes de la guerre
Le coquelicot blanc est le symbole de toutes les
victimes de la guerre. Des appels sont lancés dans le monde
entier pour porter le coquelicot blanc le 11 novembre, jour du
Souvenir. Le coquelicot blanc est porté depuis au moins 80
ans en symbole de trois choses : le souvenir de toutes les
victimes de la guerre, un
engagement envers la paix et un défi aux tentatives de glorifier
ou de célébrer la guerre.
À l'occasion du 100e anniversaire de la fin
de la Première Guerre mondiale, différents
événements sont organisés pour tirer les
leçons de ce qui s'est passé depuis, et voir pourquoi
cette guerre qui devait « mettre fin à toutes les
guerres » n'a pas atteint cet objectif et comment doit se
poursuivre le combat pour la paix.
La campagne du coquelicot blanc
appelle les peuples à se mobiliser pour la paix. Selon la Peace
Pledge Union de
Grande-Bretagne, celui-ci « symbolise la conviction qu'il existe
de meilleurs moyens de résoudre les conflits que par le recours
à la violence. Il incarne le refus de tuer des êtres
humains pour quelque raison que ce soit. Près
de 100 ans après la fin de 'la guerre qui devait mettre fin
à toutes les guerres', nous avons encore un long chemin à
parcourir pour mettre fin à une institution sociale qui,
même au cours de la dernière décennie, a
contribué à la mort de millions de personnes. »
La Peace Pledge Union dénonce la
dépendance économique aux ventes d'armes et le
renouvellement de tous les types d'armes. « Le résultat
des récentes aventures militaires met en évidence leur
inefficacité et leurs conséquences
dramatiques », déclare la Peace Pledge Union qui
ajoute :
« Le meilleur moyen de respecter les victimes de
la guerre est de travailler à la prévention de la guerre
dans le présent et l'avenir. La violence ne fait qu'engendrer
davantage de violence. Nous devons nous attaquer aux causes
sous-jacentes de la guerre, telles que la pauvreté, les
inégalités et la concurrence pour le gain de ressources.
L'absence
de violence ne suffit pas. La paix est beaucoup plus profonde et plus
large, elle nécessite des changements sociaux majeurs pour nous
permettre de vivre plus en coopération. »
Au Québec, le Collectif Échec à la
guerre demande à tous et à toutes de porter le coquelicot
blanc le jour du
Souvenir. Il publiera également un message dédié
à la mémoire de toutes les victimes de la guerre dans
l'édition du samedi 3 novembre du journal Le Devoir
à l'occasion du jour du Souvenir. Le message se lit comme
suit :
À la mémoire
de toutes les victimes des guerres.
Parce que, depuis plusieurs
décennies, les guerres font beaucoup plus de victimes civiles
que de victimes militaires et que ces millions de femmes, d'hommes et
d'enfants sont oublié-e-s dans les commémorations
officielles du Jour du Souvenir.
Parce que, pour la 5e
année consécutive, le nombre total de personnes
déracinées dans le monde par les guerres, les violences
et les persécutions continue d'augmenter pour atteindre un
nouveau record de 68,5 millions de personnes.
Parce que le soi-disant
« nouveau rôle » du Canada dans le monde n'est
que foutaise : le Canada accroit ses déploiements en
Lettonie et en Irak, il annonce une augmentation de 70 % de
ses dépenses militaires sur 10 ans, il réalise des
ventes records d'armements à l'Arabie saoudite, un des pires
pays en matière
de respect des droits de la personne, engagé de surcroît
dans une guerre atroce au Yémen qui a entraîné,
selon l'ONU, « la pire crise humanitaire au monde ».
Parce que nous exigeons un
changement radical de la politique internationale du Canada, qui se
traduirait notamment par la fin de l'aplaventrisme face à
l'empire étasunien, le retrait de l'OTAN et la non-participation
au commerce mondial des armes.
Nous soussigné-e-s
portons le coquelicot blanc en signe d'opposition aux politiques
militaristes du Canada et à la mémoire de toutes les
victimes des guerres.
L'objectif d'Échec à la guerre est de
recueillir un très grand nombre de signataires individuels et
d'endossements d'organismes et de recueillir 7 000 $
d'ici le 31 octobre pour payer la page. La liste apparaîtra
sous la déclaration. Si le montant est dépassé, le
Collectif l'utilisera pour donner encore plus de visibilité
médiatique à la campagne.
Pour plus d'informations, pour appuyer la campagne,
endosser la déclaration et pour contribuer
financièrement, rendez-vous au site : echecalaguerre.org.
Plus jamais! -
Thème des
commémorations à Windsor
La Coalition pour la paix de Windsor a convoqué
le 27 septembre une réunion de tous ceux qui souhaitent que
la conscience antiguerre des travailleurs de Windsor-Essex soit
affirmée lors des commémorations du 100e
anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Des
militants de longue date de la Coalition pour la
paix étaient présents à la réunion ainsi
que des militants de Women in Black et du Parti
marxiste-léniniste du Canada, des anciens combattants des Forces
armées canadiennes et américaines, une membre de la
Légion royale canadienne, des enseignants actifs
et retraités, des artistes et d'autres personnes.
La réunion a débuté par la lecture
de la déclaration de la Coalition pour la paix à
l'occasion de la fête du Travail, qui a attiré l'attention
sur la manière dont le gouvernement Ford de l'Ontario tente
d'invoquer la mémoire de ceux qui sont morts à
la guerre en Afghanistan en cette année du centenaire de la fin
de la Première Guerre
mondiale, en tant que prélude pour mettre aujourd'hui le Canada
au service des guerres d'agression américaines, ce qui est
totalement inacceptable. Tous les participants ont été
invités à dire pourquoi ils étaient venus et
à donner leur point de vue sur la façon de
commémorer le centenaire, et pratiquement tout le monde l'a
fait. Dans les commentaires, tous souhaitent voir l'anniversaire
célébré de manière à affirmer la
conscience des Canadiens contre la guerre et ne veulent pas que ce soit
une occasion de réprimer cette conscience. Au cours de la
discussion, divers aspects de ce que le jour du Souvenir est devenu ont
été évoqués, et les personnes
présentes ont donné leur opinion sur ce qui doit
être exprimé cette année. Certains ont
rappelé que la
journée avait été utilisée par le
passé pour rappeler à la jeunesse les horreurs de la
guerre et que, conformément au slogan Plus jamais !,
la
guerre
ne
devait
plus
jamais
être
le moyen de régler
les conflits entre les nations.
La membre de la Légion a expliqué que les
anciens combattants ne glorifient ni la guerre ni leur participation
à celle-ci. Souvent, ils ne font que parler de leurs
expériences personnelles avec leurs compagnons d'armes, mais pas
de la guerre elle-même. Elle a ajouté qu'il importait que
nous sachions que de nombreux anciens combattants ne
sont pas favorables à une interprétation du jour du
Souvenir qui glorifie la guerre ou utilise le sacrifice de ceux qui
sont morts pour justifier de nouvelles guerres. D'autres ont
exprimé des préoccupations importantes au sujet de la
situation actuelle dans laquelle le président américain
lance ici et là la menace d'une guerre nucléaire
et qu'avec des
armes nucléaires, ce serait toute l'humanité qui y
perdrait, pas seulement le pays attaqué. Ce que l'on appelle la
guerre moderne n'est pas une « frappe chirurgicale »
telle qu'on nous la présente, avec peu de pertes,
a dit une intervenante. Cette façon de parler des agresseurs
dissimule la véritable étendue de la destruction et de la
dévastation qu'ils causent.
D'autres ont souligné que les armes
utilisées aujourd'hui détruisent l'environnement naturel
et rendent le monde invivable pour les générations
futures et que, de ce fait, les guerres devraient être
interdites. L'importance de discuter des conditions nécessaires
à la paix a également été
évoquée, car il s'agit d'assurer les besoins du peuple en
matière d'alimentation, de logement, d'éducation et de
soins de santé, plutôt que de se contenter d'une
définition étroite de la paix, considérée
simplement comme la fin des hostilités. Des questions et des
opinions ont également été exprimées sur la
façon de s'assurer que la guerre menée par les peuples et
les
pays au cours de la Deuxième Guerre
mondiale pour la défense de l'humanité ne soit pas
assimilée aux visées impériales de la
Première Guerre mondiale ou aux nouvelles guerres de
conquête d'aujourd'hui. À cet égard, des
participants ont souligné l'importance de prendre clairement
position contre toute tentative de présenter la guerre en
Afghanistan comme une guerre juste ou qui
instaurerait la paix, alors qu'il n'y a pas de paix et que la situation
ne fait qu'empirer pour le peuple afghan.
D'autres ont parlé du coquelicot et de la
façon dont il est utilisé par
certains pour promouvoir la guerre et le militarisme par opposition
à ce qu'il représente réellement et de la
pertinence de porter le coquelicot blanc comme symbole de la paix
plutôt que
le rouge. Les discussions ont ensuite porté sur les actions et
événements
possibles pouvant être organisés pour que la discussion
entamée à la réunion se poursuive dans le
public, pour faire de la commémoration et de la réflexion
une action collective. Tout le monde s'est mis d'accord pour dire
qu'une
commémoration serait organisée dans le cadre
du centenaire de la Première Guerre mondiale pour affirmer
la position Plus jamais ! comme fondement du souvenir, de
façon large, pour ne pas permettre à certains de dire que
c'est « contre les soldats » du passé ou du
présent, ce qui nie le message de l'action.
Lors d'une réunion de suivi tenue une semaine
plus tard, il a été décidé d'organiser les
activités et événements suivants :
- Une soirée cinéma sera organisée
le vendredi 9 novembre avec la projection du film Outskirts
qui se déroule dans une petite ville de Russie au cours des
années 1914-1917.
- La Coalition pour la paix de Windsor tiendra son
piquet hebdomadaire le samedi 10 novembre sur le thème du
Souvenir basé sur Plus jamais !
- La Coalition achètera une couronne avec une
banderole sur laquelle sera écrit Plus jamais !
à déposer au cénotaphe de Windsor lors de la
cérémonie du jour du Souvenir de la Légion, le
dimanche 11 novembre.
- Des épingles circulaires noires seront
produites sur lesquelles seront gravés les mots Plus
jamais ! en blanc. Ils peuvent être placés au
centre de coquelicots rouges pour permettre aux gens d'affirmer leur
conscience. Le produit de la vente des épingles servira à
couvrir le coût de la couronne et toute autre activité.
Les premières
commandes sont arrivées juste après l'annonce de la part
du Conseil du travail du district de Windsor.
- Les artistes organiseront une réception
à One Ten Park après la cérémonie du jour
du Souvenir de la Légion. Un vitrail représentant le
centenaire sera dévoilé et il y
aura des lectures de poésie et d'autres formes de
commémorations.
48e anniversaire de la Proclamation de la
Loi sur les mesures de guerre
Le danger de mesures de guerre en violation
des droits persiste
- Fernand Deschamps -
Des soldats dans les rues de Montréal en octobre 1970,
après la promulgation de la Loi
sur les mesures de guerre
Le 16 octobre est le 48e anniversaire de la
proclamation de la Loi sur les mesures de guerre par le
gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau en 1970.
Trudeau a déclaré une « insurrection
appréhendée » en réponse aux
enlèvements et à l'explosion de boîtes aux lettres
au Québec. Cette loi a donné aux
corps policiers le pouvoir de faire des arrestations sans mandat et de
détenir des personnes sans accusation ni procès pour une
période indéfinie.
Manifestation à Ottawa contre la Loi sur les mesures de
guerre en octobre 1970.
Même avant la proclamation, la police avait
déjà effectué plus de mille descentes entre
le 7 et le 10 octobre. Le 12 octobre, l'armée
était dans les rues d'Ottawa, le gouvernement canadien ayant
invoqué les dispositions de la Loi de la défense
nationale, et dans les rues de Montréal trois jours plus
tard. Le 13
octobre, à l'entrée du parlement, quand un journaliste
lui a demandé jusqu'où il irait dans la suspension des
droits, le premier ministre a répondu : « Just watch
me » (« Regardez-moi faire »).
Après le décret de la Loi sur les
mesures de guerre, au petit matin du 16 octobre,
on a commencé à voir des soldats dans les rues du
Québec en tenue de combat. La police a
effectué 3 068 autres descentes et perquisitions
et 465 autres arrestations sans mandat. La majorité des
personnes
arrêtées ont été relâchées sans
accusation après 21 jours, mais certaines d'entre elles ont
été détenues plus longtemps.
Tous ces événements sont passés
sous silence. On nous dit que tout cela c'est du passé.
Cela ne sert à rien de « remuer la cage ».
Alors pourquoi l'armée canadienne continue-t-elle d'effectuer
des exercices comme celui du mois de septembre en plein coeur de la
ville de Montréal ?[1]
La Loi sur les mesures de guerre a
été adoptée par le parlement canadien en 1914
alors que le Canada faisait partie de l'empire britannique et que la
Grande-Bretagne, la France, la Russie tsariste et l'empire
austro-hongrois voulaient se repartager l'Europe et les colonies
rattachées à ces puissances coloniales.
Ces mesures de guerre ont été de nouveau
invoquées en 1917 quand la Grande-Bretagne, de concert avec
la France, tentait de briser l'impasse sur les champs de bataille en
Europe, surtout depuis que les troupes de la Russie tsariste,
l'allié de la France, désertaient en masse le front
oriental.
L'État canadien a envoyé des milliers de soldats à
Québec le 1er avril 1918 pour réprimer les manifestations
contre la conscription. Cinq personnes ont perdu la vie dans les
affrontements.
Le gouvernement canadien a utilisé ces mesures
pour imposer la conscription, ce à quoi les
Québécois se sont opposés en s'organisant en
mars 1918 dans la ville de Québec. De grandes
manifestations de près de 10 000 personnes ont
éclaté pour s'opposer à l'enlèvement des
jeunes par les policiers fédéraux pour les enrôler
de
force.[2]
La Loi sur les mesures de guerre a
été remplacée le 21 juillet 1988 par la
Loi
sur
les
mesures
d'urgence. Dans la section de la loi
intitulée « Champ d'application et
interprétation », on entend par « crise
nationale » un « sinistre » qui est une
« situation de crise comportant le risque de pertes
humaines et matérielles, de bouleversements sociaux ou d'une
interruption de l'acheminement des denrées, ressources et
services essentiels d'une gravité telle qu'elle constitue une
situation de crise nationale ». Dans une telle situation,
« le gouverneur en conseil peut par proclamation, s'il croit,
pour des motifs raisonnables, qu'il se produit un
sinistre justifiant en l'occurrence des mesures
extraordinaires » « prendre à titre temporaire
des mesures extraordinaires peut-être injustifiables en temps
normal ».[3]
Il est important de se rappeler qu'avant l'adoption de
la Loi sur les mesures d'urgence
en 1988, la Charte canadienne des
droits et libertés de 1982 enchâssait les
prémisses tant de la Loi des
mesures de guerre que de la Loi sur les mesures d'urgence.
La
Charte
stipule
les
droits qui y sont proclamés sont sujets
à des limites « raisonnables ». Elle introduit
également clause nonobstant qui permet de retirer tous les
droits
à
l'exception du droit de voter au moins aux cinq ans. Mais même ce
droit d'élire et d'être élu peut être
suspendu « en cas de guerre, d'invasion ou d'insurrection
réelle ou appréhendée». En d'autres mots, la
Charte des droits et
liberéts nie la l'inviolabilité des droits et
libertés.
À titre d'information - La Loi sur les mesures
de guerre
Le camp de Petawawa, un des nombreux camps partout au pays où
les «
étrangers ennemis » étaient emprisonnés
durant la Première Guerre
mondiale sous les dispositions de la Loi sur les mesures de guerre.
La Loi sur les mesures de guerre est une loi
fédérale adoptée par le parlement le 22
août 1914, après le début de la
Première Guerre mondiale. La Loi accorde des pouvoirs
d'exception considérables au cabinet fédéral pour
gouverner par décret s'il perçoit qu'il
existe une « guerre, une invasion, ou une
insurrection réelle ou appréhendée ».
La Loi a été utilisée pour suspendre les
libertés individuelles des personnes au Canada qui
étaient considérées « des sujets d'un pays
ennemi », ce qui a entraîné des arrestations et
des détentions en masse sans que des accusations ne soient
portées ou sans la tenue d'un procès. La Loi est
demeurée en
vigueur au Canada de 1914 à 1920.
Avec la victoire de la révolution
bolchévique en 1917, des règlements et des
décrets additionnels ont été introduits dans la
Loi, interdisant d'adhérer à des organisations
communistes ou socialistes.
La Loi sur les mesures de guerre a
été utilisée de nouveau durant la Seconde Guerre
mondiale.
Le Québec a aussi subi en 1937 la Loi
protégeant la province contre la propagande communiste,
mieux connue sous le nom de « Loi du cadenas ». Elle
visait à mettre un terme aux activités communistes dans
la province et son surnom provient du fait que les autorités
pouvaient « ordonner la fermeture de la
maison » et, ainsi, la cadenasser afin d'en empêcher
l'accès.
Dans le texte de la « Loi du cadenas »
on peut lire :
« Il est illégal pour toute personne qui
possède ou occupe une maison dans la province de l'utiliser ou
de permettre à une personne d'en faire usage pour propager le
communisme ou le bolchevisme par quelque moyen que ce soit. »
La Loi a été déclarée
inconstitutionnelle en 1957 par la Cour suprême du Canada.
La seule fois que la Loi sur les mesures de guerre
a été promulguée en temps de paix a
été en octobre 1970 lorsque le premier ministre
Pierre Elliott Trudeau l'a utilisée pour mener des perquisitions
et des
arrestations durant la Crise d'octobre. Elle a été depuis
ce temps remplacée par la Loi sur les mesures d'urgence
qui a
été adoptée le 21 juillet 1988.
Les peuples autochtones affirment leurs
droits ancestraux
La décision de la Cour suprême dans le
recours
en appel de la nation crie Mikisew illustre
le besoin du renouveler la constitution
- Peggy Morton -
La nation crie Mikisew tient une conférence de presse à
Edmonton le 11
octobre 2018 suite
au jugement de la Cour suprême pour faire savoir
qu'elle va continuer de défendre
sa souveraineté.
Le 11 octobre, la Cour suprême du Canada a
rendu un jugement de grande portée qui dit que le gouvernement
n'a pas le
devoir de consulter les nations autochtones lorsqu'il prépare
des textes de loi qui affectent les droits ancestraux, constitutionnels
et issus des traités des peuples autochtones. La décision
a été immédiatement condamnée par
la nation crie Mikisew et par les dirigeants et les organisations
autochtones, qui ont juré de continuer à défendre
leur souveraineté et leur droit d'être, à
défendre
les intérêts des Premières Nations et des Canadiens
et à s'acquitter de leur devoir de protéger la Terre
Mère.
La décision dans la cause de Mikisew Cree
First Nation c. Canada (Gouverneur général en conseil)
(SCC2018-40) est le résultat de la contestation judiciaire
en 2012 de la nation crie Mikisew de la législation omnibus
de Harper. Le projet de loi C-38 a apporté des changements
radicaux au régime canadien d'évaluation
environnementale en vertu de la Loi canadienne sur
l'évaluation environnementale, ainsi que la
législation relative à l'approbation environnementale et
réglementaire, dont la Loi sur les pêches, Loi
sur
les
espèces en péril, et la Loi sur la
protection des eaux navigables (maintenant Loi sur la
protection de la
navigation). Cela a entraîné des actions et des
manifestations à l'échelle du pays et la naissance du
mouvement Idle No More.
La nation Mikisew a demandé un examen judiciaire
en faisant valoir que la Couronne avait l'obligation de la consulter
dans la préparation de la loi, car elle risquait de porter
atteinte à ses droits issus de traités de chasser, de
piéger et de pêcher en vertu du Traité no 8,
des droits qu'elle a farouchement défendus.
Le juge de la Cour fédérale qui a
procédé à l'examen a statué que les Mikisew
avaient le droit de recevoir un avis des dispositions pertinentes des
projets de loi, ainsi que la possibilité de faire valoir leur
point de vue. Le gouvernement fédéral a fait appel de la
décision et la Cour d'appel fédérale a
statué que l'examen judiciaire n'aurait pas dû
être effectué et était contraire à la Loi
sur
les
cours
fédérales. La cour a conclu que la
création d'une loi était à l'abri d'un examen
judiciaire et que la décision était incompatible avec les
principes de la souveraineté parlementaire, de la
séparation des pouvoirs et du privilège parlementaire.
Les Mikisew ont fait appel. La Cour suprême a
maintenant rejeté l'appel dans une décision unanime selon
laquelle la Loi sur les cours fédérales ne
confère pas à la Cour fédérale la
compétence de recevoir la demande d'examen judiciaire.
La majorité est également allée
beaucoup plus loin, en décidant que « l'honneur de la
Couronne », fondement de l'obligation de consulter, ne
s'applique qu'aux mesures exécutives de la Couronne, et non aux
mesures législatives. Selon la cour, si des mesures
législatives avaient été incluses, cela
constituerait une ingérence injustifiée du
pouvoir judiciaire dans le fonctionnement du parlement, une violation
de la suprématie du parlement et de la séparation des
pouvoirs, et causerait en tout cas beaucoup de complications.
L'ancien chef Mikisew, Steve Courtoreille, qui avait
lancé la contestation judiciaire, a répondu :
« Comment vont-ils savoir s'ils ont une incidence sur nos droits
issus de traités s'ils ne nous parlent pas, s'ils ne nous
consultent pas ? Comment sauraient-ils cela ? Vont-ils
révoquer la loi s'ils découvrent que cela a une
incidence sur nos droits ? Ce qui est triste, c'est que cela
n'affecte pas seulement les Premières Nations, mais le reste du
Canada. Quand ils ont présenté la loi environnementale,
ils voulaient essentiellement détruire l'environnement. Ils
voulaient aller de l'avant à toute allure. Ils ne voulaient pas
rencontrer sur leur chemin les Premières
Nations et nous étions le problème, parce que nous
voulions être consultés sur nos territoires, nous voulions
protéger nos habitats de poisson. Et ils ne s'en souciaient pas,
ils voulaient passer par-dessus nos têtes, avoir des usines,
avoir des projets qui rentrent en production aussi vite que possible.
À ce jour, si on réfléchit à tout cela, une
personne
raisonnable dirait que c'est une décision simple à
prendre : vous devez consulter avant de rédiger toute
législation, vous devez parler aux gens, aux
propriétaires des terres, les membres des Premières
Nations, et ensuite vous saurez si vous allez avoir une incidence sur
nos droits. Je ne sais pas comment ils pensaient. Il est très
regrettable que le
système de justice ait encore une fois laissé tomber les
Premières Nations. »
Il les a défiés en disant : «
Nous sommes toujours là. Ils nous ont placés dans des
pensionnats indiens, ils ont essayé de sortir l'Indien de nous.
Cela ne s'est pas produit et nous sommes toujours là. Nous
serons toujours là pour aller de l'avant. Merci, Canada, vous
venez de rendre notre peuple plus fort, merci pour cela. »
Le chef Archie Waquan a déclaré que la
décision n'était pas la fin de leur combat pour
défendre les droits issus de traités, qui pourrait
comprendre renvoyer la question devant les Nations unies, le Canada
étant un signataire de la Déclaration des Nations
unies sur les droits des peuples autochtones.
La décision de la cour signifie que les nations
autochtones ne disposent d'aucun recours juridique tant qu'un projet de
loi n'est pas devenu loi. Alors seulement, si la nouvelle loi peut
avoir un impact négatif sur les droits ancestraux ou issus de
traités, une nation autochtone peut-elle contester la loi devant
les tribunaux.
Les arguments avancés par la majorité des
juges nient que les nations autochtones sont des peuples souverains
dotés de droits qui leur appartiennent du fait qu'ils existent.
Ils nient le fait que les traités ont été
signés par des peuples souverains sur la base de nation à
nation.
La conception selon laquelle l'honneur de la Couronne
doit être contrebalancé par la souveraineté du
Parlement ne reconnaît pas que les traités sont
négociés de nation à nation et ne reconnaît
pas les lois et les institutions de gouvernance des Premières
Nations. Le Canada a besoin d'une nouvelle constitution fondée
sur cette reconnaissance et
le droit de tous les Canadiens, Québécois et peuples
autochtones, d'exercer le pouvoir décisionnel souverain.
À
titre d'information
Qu'ont dit les juges
La cour a rejeté l'appel de la première
nation crie Mikisew dans un jugement unanime selon lequel la Cour
d'appel fédérale n'avait pas compétence pour faire
l'objet d'un examen judiciaire, car la définition de « la
Couronne » dans la Loi sur les cours
fédérales ne s'applique que lorsque la Couronne
exerce des fonctions
exécutives. Lorsque l'exécutif - le premier ministre et
le Cabinet - exerce des fonctions liées à la
législation à soumettre au Parlement, ces actes sont
à l'abri d'un contrôle juridictionnel.
Une majorité de juges sont allés beaucoup
plus loin. Ils ont statué que « L'obligation de consulter
découle de l'honneur de la Couronne, un principe fondamental du
droit des autochtones qui régit la relation entre la Couronne et
les peuples autochtones. Elle oblige la Couronne à consulter les
peuples autochtones avant de prendre des mesures
susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur les droits
protégés par l'art. 35 de la Loi
constitutionnelle de 1982 qu'ils revendiquent ou dont
l'existence a été établie, en plus de garantir que
la Couronne agit honorablement en l'empêchant d'agir
unilatéralement d'une façon qui porte atteinte aux droits
visés à l'art. 35.
Bien que l'obligation de consulter ait été reconnue dans
divers contextes, il a été jugé que la conduite de
la Couronne suffisante pour déclencher cette obligation englobe
uniquement les actes accomplis par l'exécutif, ou en son
nom. »[1]
Plusieurs juges ont indiqué qu'il serait sage
que les gouvernements entament des consultations lorsqu'une
législation est susceptible d'avoir une incidence sur les
« groupes » autochtones, mais ils ne sont pas
obligés de le faire.
Trois juges font référence à des
précédents pertinents qu'ils ont commentés en
partie : « Quand une loi est adoptée, les parties qui
soutiennent qu'elle a pour effet de porter atteinte aux droits
protégés par l'art. 35 disposent de recours
fondés sur le cadre d'analyse relatif à l'atteinte et
à la justification exposé dans l'arrêt R. c.
Sparrow, [1990] 1 R.C.S. 1075. Celles qui
prétendent qu'une décision prise par le gouvernement en
vertu du pouvoir que lui confère cette loi nuira à un
droit qu'elles revendiquent peuvent invoquer l'obligation de consulter
reconnue pour la première fois dans l'arrêt Nation
haïda c. Colombie-Britannique (Ministre des
Forêts), 2004 CSC 73, [2004] 3 R.C.S. 511.
Lorsque surviennent de nouvelles situations où il faut adapter
ou étendre la jurisprudence existante, les tribunaux constituent
un moyen de faire évoluer le droit davantage. Le besoin de le
faire n'a toutefois pas été démontré au vu
des faits de l'espèce. »
Les juges Rosalie Abella et Sheila Martin ont
été en dissidence par rapport à la décision
majoritaire sur ce qu'il fallait faire pour
« préserver l'honneur de la Couronne ». Abella
écrit :
L'honneur de la Couronne
régit la relation qui unit le gouvernement du Canada et les
peuples autochtones. Ce principe fait naître une obligation de
consulter applicable à toutes les mesures gouvernementales
envisagées susceptibles d'avoir un effet préjudiciable
sur les droits ancestraux et issus de traités,
revendiqués ou établis, y compris aux
mesures législatives.
L'honneur de la Couronne est
toujours en jeu lorsque cette dernière transige avec les peuples
autochtones, que ce soit en exerçant ses pouvoirs
législatifs ou ses pouvoirs exécutifs. Il s'agit d'un
impératif constitutionnel qui donne naissance à des
obligations de la Couronne que les tribunaux sont appelés
à faire respecter. Lorsque le
gouvernement envisage une mesure susceptible d'avoir un effet
préjudiciable sur des droits ancestraux ou issus de
traités, l'honneur de la Couronne fait naître une
obligation de consulter et d'accommoder. Cette obligation de consulter
est plus qu'un simple moyen de respecter le principe de l'honneur de la
Couronne. Il ne s'agit pas de savoir si
l'obligation de consulter convient dans les circonstances, mais de
savoir si l'obligation de consulter s'applique à la
décision.
Comme l'honneur de la
Couronne imprègne l'ensemble des rapports du gouvernement avec
les peuples autochtones, l'obligation de consulter doit s'appliquer
à l'exercice de tous les pouvoirs qui sont assujettis à
un examen fondé sur l'art. 35. Ces pouvoirs comprennent
l'adoption des lois. Cette conclusion découle de
l'évolution
jurisprudentielle de l'obligation de consulter, qui est passée
d'un aspect de l'analyse de l'atteinte et de la justification dans
l'arrêt R. c. Sparrow, [1990] 1 R.C.S. 1075,
à une obligation indépendante dans Nation haïda
c. Colombie-Britannique (Ministre des Forêts), 2004
CSC 73, [2004] 3
R.C.S. 511. N'étant plus limitée au contexte de la
justification, l'obligation de consulter fait désormais partie
du cadre juridique essentiel du droit des Autochtones et exige une
consultation chaque fois que des mesures sont susceptibles d'avoir un
effet préjudiciable sur les droits revendiqués ou
établis qui sont protégés par l'art. 35.
Cette approche reconnaît que la sphère législative
n'échappe pas au principe de l'honneur de la Couronne. Approuver
une telle lacune dans le principe de l'honneur de la Couronne
créerait également un vide dans le cadre d'analyse
régissant l'art. 35, laissant les titulaires de droits
ancestraux vulnérables aux mêmes objectifs gouvernementaux
réalisés grâce à des mesures
législatives plutôt qu'exécutives.
Même si les concepts de
souveraineté et de privilège parlementaires sont
fondamentaux pour assurer que la branche législative du
gouvernement soit en mesure de s'acquitter de son travail sans
interférence indue, ils ne peuvent pas supplanter le principe de
l'honneur de la Couronne. Les questions soulevées par le
présent appel exigent que la
Cour concilie la protection du processus législatif contre
l'interférence des tribunaux et la protection des droits
autochtones contre le processus législatif, plutôt que de
choisir entre elles. Le droit des groupes autochtones d'être
consultés quant aux décisions susceptibles d'avoir un
effet préjudiciable sur leurs intérêts n'est pas
simplement politique. Il
s'agit d'un droit juridique ayant force constitutionnelle. Les
décisions qui préconisent une protection contre
l'ingérence dans le processus parlementaire doivent donc
être interprétées dans le contexte d'une obligation
qui ne constitue pas seulement un impératif constitutionnel,
mais qui consiste en une reconnaissance des limites de la
souveraineté de
la Couronne elle-même. La souveraineté parlementaire ne
saurait être interprétée de manière à
écarter des obligations découlant de l'honneur de la
Couronne. Comme tous les principes constitutionnels, la
souveraineté parlementaire doit être mise en balance avec
d'autres aspects de l'ordre constitutionnel, dont l'obligation de
consulter. »
Un juge a déclaré que « Tout ce
qu'un citoyen canadien peut exiger, sur le plan procédural,
c'est qu'un projet de loi fasse l'objet de trois lectures à la
Chambre des communes et au Sénat et qu'il reçoive la
sanction royale. »
Note
1. Toutes les citations proviennent de la
décision dans la cause Mikisew Cree First Nation c. Canada
(Gouverneur général en conseil), 2018-10-11,
SCC2018-40, cause no 37441.
La Première Nation crie Mikisew
La Première Nation crie Mikisew (PNCM) est
située dans le nord-est de l'Alberta. Le delta Paix-Athabasca,
qui se trouve au centre de leurs terres traditionnelles, constitue un
écosystème unique dans lequel les Cris Mikisew vivent
depuis des temps immémoriaux.
Les terres traditionnelles de la Première Nation
crie Mikisew s'étendent sur une grande partie de la
région où les gisements de sables bitumineux de
l'Athabasca ont été découverts. La Première
Nation crie Mikisew partage ce territoire avec quatre autres
Premières nations qui composent le conseil tribal de l'Athabasca.
Les Cris Mikisew ont signé le Traité
no 8 en 1899. L'histoire orale, y compris des entretiens avec
des peuples autochtones encore en vie au moment de la signature des
traités nos. 6, 7 et 8, a clairement
montré que le Traité no. 8 n'était pas un
traité de cession de terres, mais un accord de nation à
nation
de partager la terre avec les colons. Cependant, la Cour suprême
et les gouvernements successifs continuent d'affirmer qu'en
créant le Traité no. 8, les Premières Nations
ont cédé 840 000 kilomètres
carrés de l'actuel nord de l'Alberta, du nord-est de la
Colombie-Britannique, du nord-ouest de la Saskatchewan et du sud des
Territoires du Nord-Ouest. En 1986, les Cris Mikisew ont
signé avec le Canada les droits fonciers reconnus par le
traité, qui ont créé plusieurs réserves
dans et autour de la région de Fort Chipewyan et dans la
région située au nord du lac Athabasca.
La mise en valeur massive des sables bitumineux dans la
région de la basse Athabasca a considérablement
modifié certaines parties de leur territoire traditionnel, ainsi
que le barrage W.A.C. Bennett.
Le parc national Wood Buffalo, situé directement
au nord des sables bitumineux d'Athabasca, fait partie du territoire
traditionnel des Mikisew et des autres Premières Nations cries
et dénés. Il a été découpé
dans le territoire du Traité no. 8. Le parc
couvre 44 807 kilomètres carrés et est le
deuxième plus grand parc national
au monde. La réserve Mikisew est située dans le parc.
En 2005, la Première Nation crie Mikisew a
remporté un
procès historique devant la Cour suprême du Canada, selon
lequel la Couronne devait mener des consultations sérieuses et
prendre en compte les préoccupations des autochtones avant de
prendre des décisions importantes qui affectent les droits
reconnus dans le Traité. La décision Mikisew Cree
First Nation c. Canada (ministre du Patrimoine canadien
), 2005 CSC69 a contraint le gouvernement fédéral
et Parcs Canada à mener des consultations sur la construction de
routes dans le parc national Wood Buffalo. En 2000, le
gouvernement fédéral a approuvé la construction
d'une route d'hiver,
traversant la réserve sans aucune consultation. La
PNCM a également contesté le fait que BC Hydro n'ait pas
tenu compte des répercussions du barrage de Site C sur le delta
Paix-Athabasca et a demandé une révision judiciaire de
l'approbation du site C par le gouvernement fédéral.
La PNCM n'a pas d'égale dans la défense
de l'intégrité du parc au nom de tous les peuples
autochtones, des Canadiens et de la Terre Mère. Le parc est un
site du patrimoine mondial de l'UNESCO. L'UNESCO souligne:
« Le parc national Wood Buffalo est un exemple
exceptionnel de phénomènes écologiques et
biologiques permanents qui comprend certaines des plus vastes prairies
d'herbe et de carex vierges en
Amérique du Nord, et qui abrite le plus gros troupeau de bisons
des bois du monde, une espèce menacée. Les vastes
étendues de
forêt boréale constituent également un habitat
vital pour une grande diversité d'autres espèces, dont la
grue blanche, en voie de disparition. L'évolution continue d'un
vaste delta intérieur d'eau douce, de plaines salées et
de karsts gypseux ajoute aux valeurs exceptionnelles du
parc. » C'est aussi la plus grande réserve de ciel
étoilé au
monde.
En 2014, la PNCM a présenté une
pétition au Comité du patrimoine mondial en 2014
demandant que le parc soit ajouté à la liste des sites du
patrimoine mondial en péril, ce qui a conduit le Comité
du patrimoine mondial à demander officiellement au Canada
d'élaborer un plan d'action pour le site du patrimoine mondial
du
parc national Wood Buffalo. Onze nations autochtones participent
maintenant à l'élaboration du plan pour Wood Buffalo.
À l'heure actuelle, la plupart des membres de la
Première Nation crie Mikisew résident à Fort
McMurray, à Edmonton, à Fort Smith, Territoires du
Nord-Ouest, et à Fort Chipewyan.
La nation Heiltsuk intente un procès contre
le gouvernement et Kirby Corporation à l'occasion du
deuxième anniversaire de la marée noire
Manifestation organisée par la nation Heiltsuk pendant la visite
de
Marc Garneau
en novembre 2016, peu après que le remorqueur Nathan E.
Stewart se soit échoué
sur leur territoire
À l'occasion du deuxième anniversaire du
naufrage du Nathan R. Stewart, les chefs heiltsuk ont
entamé une procédure civile à la Cour
suprême de la Colombie-Britannique. Le Nathan E. Stewart,
un remorqueur-chaland, s'est échoué le 13
octobre 2016. Il a coulé et a
déversé 110 000 litres de
carburant diesel et d'autres polluants dans les eaux de Gale Pass,
près de Bella Bella.
Le territoire des Heiltsuk est situé au centre
de la forêt tropicale de Great Bear, et on y trouve d'immenses
régions terrestres et marines, y compris des eaux
côtières le long de Goose Island Group and Banks, Campbell
Island, et Bella Bella, ainsi que vingt-trois réserves.
La nation Heiltsuk demande un dédommagement pour
la perte de récoltes commerciales de ressources marines et pour
la violation des droits autochtones liés à l'alimentation
et à l'importance sociale et cérémoniale des
ressources marines — des facteurs qui ne sont pas compris dans le cadre
actuel des responsabilités liées au déversement.
La
poursuite compte soulever des questions fondamentales, telles que le
titre ancestral aux fonds marins et aux littoraux, le cadre
d'intervention national et provincial, et l'obligation de consulter les
nations autochtones touchées par les déversements. Les
Heiltsuk font valoir que dans le cadre actuel d'intervention suite
à un déversement, le pollueur ainsi
que le gouvernement ne sont pas tenus entièrement responsables
des répercussions des déversements d'hydrocarbures sur
les droits autochtones, qui sont protégés par la
constitution. La nation Heiltsuk demandera aux tribunaux
d'évaluer la constitutionnalité du régime actuel
de responsabilités liées aux déversements
d'hydrocarbures.
« Si je ne suis pas en train de faire les
récoltes dans Gale Pass pour nourrir ma famille, j'y travaille
en tant que pêcheur commercial, ce qui me permet de gagner un
revenu pour soutenir ma famille — et nous sommes
plusieurs », dit Robert Johnson, pêcheur et
intervenant volontaire
suite au déversement d'hydrocarbure. « En
dépit de
notre grande dépendance envers Gale Pass, les gouvernements de
la Colombie-Britannique et du Canada ainsi que le pollueur Kirby ne
sont pas du tout intéressés à s'informer des
répercussions de ce déversement sur la santé de
notre communauté, de l'environnement et de notre
économie. »
Lors du procès, on cherchera aussi à
examiner les actions illégales de la compagnie américaine
de remorqueurs-chalands, par exemple le fait que seulement une personne
était au poste de guetteur alors que normalement il doit y en
avoir deux.
Gale Creek et la région marine près de
l'île Athlone sont un riche écosystème dont vivent
traditionnellement les Heiltsuk au moyen de pratiques durables. La
région est riche en espèces propices à
l'alimentation des Heiltsuk mais aussi à des fins sociales,
cérémoniales et commerciales. Pas moins de 25
espèces comestibles étaient récoltées
dans la région, y compris des récoltes commerciales de
palourdes japonaises, d'oursin rouge géant, de concombre de mer,
de saumon et d'oeufs de hareng sur varech. Pendant deux ans la nation
Heiltsuk a mené une enquête indépendante sur les
causes du déversement, de l'intervention et des
répercussions. Lorsqu'il a annoncé la poursuite
judiciaire
lors du premier anniversaire, le premier répondant et chef
héréditaire Harvey Humchitt a dit : « Les
représentants du gouvernement se rendent partout dans la
province, au pays et dans le monde pour y prêcher la
réconciliation et les relations nation à nation avec les
Premières Nations. Pendant ce temps, chez nous, ils ne
répondent pas à nos
appels ni à nos courriels, ils ne nous invitent pas à
leurs réunions et ils ignorent nos droits. Si c'est aux
tribunaux d'expliquer que cette façon de faire n'a rien à
voir avec les relations nation à nation et la
réconciliation, ainsi soit-il. »
Le conseiller en chef Slett a affirmé :
« La préparation du procès est en soi une
énorme réalisation puisque le Canada, la
Colombie-Britannique et Kirby ont rejeté ou ignoré nos
demandes d'information, de consultation et de soutien. Nous
espérons que ce procès établira un nouveau
précédent pour les interventions suite aux
déversements
pour la province et pour le pays. Je ne souhaiterais à personne
ce que nous avons vécu depuis deux ans. »
L'enquête a confirmé que les Heiltsuk
avaient réagi immédiatement et avaient tout fait pour
limiter l'expansion du déversement. Par contre, la
réaction de la Garde côtière et du monopole
agissant au nom de Kirby a été lente et chaotique,
notamment en raison de l'absence d'un poste de commandement sur le
site. Lorsqu'enfin les barrages
flottants sont arrivés, il y en avait très peu et ils ne
pouvaient résister à la puissance des courants. Les
autres équipements de confinement étaient inefficaces et
ont dû être retirés. Les répondants Heiltsuk
n'ont reçu aucune instruction ni équipement de
sécurité.
Les conséquences des insuffisances dans
l'intervention suite au déversement ont été
dévastatrices, et cela comprend la perte totale de la
pêche commerciale aux palourdes qui est fermée depuis le
déversement. « Lorsque le Nathan E. Stewart a
coulé, il a emporté avec lui notre gagne-pain, nos
pêcheries de palourde, et une grande partie
de ce qui fait qu'ici c'est chez nous », a dit le chef
ancestral et premier répondant Harvey Humchitt. «
C'était pénible de constater l'ampleur des
dégâts suite au déversement pendant que nous
attendions de l'appui et des approvisionnements. C'était encore
plus pénible de constater que les équipes et le
matériel, une fois arrivés, étaient
désorganisés, inefficaces et, finalement, incapables de
protéger nos eaux et nos territoires. »
Les Heiltsuk affirment que les efforts pour se remettre
de ce désastre ont ravivé leurs intentions de tracer une
voie différente, durable et juste dans les moments difficiles,
se fondant sur les lois ancestrales et des pratiques de gestion des
écosystèmes enracinées dans les connaissances
transmises par 700 générations. « Depuis le
début des
temps, nous avons suivi Ǧviḷás, la loi ancestrale des Heiltsuk.
Celle-ci nous explique comment équilibrer la santé de
l'eau et de la terre et les besoins de notre peuple et de veiller
à ce qu'il y ait toujours amplement de ressources. Aujourd'hui,
Gale Pass est en danger à cause des agissements du Canada, de la
Colombie-Britannique et de
Kirby. Notre loi a été violée et notre
démarche judiciaire aujourd'hui auprès de la Cour
suprême de la Colombie-Britannique est notre garantie que nous
allons les en tenir responsables », a dit Frank Brown, chef
héréditaire Heiltsuk.
Tandis que le gouvernement se sert de ses pouvoirs
policiers au service des monopoles, la loi Heiltsuk est conforme
à la nécessité d'humaniser l'environnement social
et naturel. Elle reconnaît que nous venons de la Terre
Mère et que nous devons la protéger. Contrairement au
pouvoir des oligarques motivés par leur soif de profit et leurs
intérêts étroits, la loi Heiltsuk est la
reconnaissance et l'activité consciente pour équilibrer
les besoins du peuple et la protection de l'environnement naturel dont
nous sommes issus.
LML appelle tous les Canadiens à
appuyer de tout coeur la nation Heiltsuk. Sa souveraineté, ses
droits ancestraux et ses lois doivent être reconnus et une
nouvelle relation basée sur le droit international reconnu
d'autodétermination doit être établie. Vous pouvez
consulter le rapport de la décision de la nation Heiltsuk ici
(en anglais).
La nation Asubpeeschoseewagong Anishinabek (Grassy
Narrows) affirme son droit d'être
Les Grassy Narrows organisent des barrages routiers depuis 2002
pour
empêcher la coupe
des arbres sur leurs terres. Ci-dessus : un barrage
de 2006.
Le mercredi 10 octobre 2018, les
Asubpeeschoseewagong Anishinabek Aaki (Première Nation de Grassy
Narrows du Traité no. 3) ont publié une
déclaration territoriale, qui interdit toute exploitation
forestière étrangère sur leur territoire
traditionnel et affirme leur droit de prendre des décisions
souveraines concernant
l'utilisation de leurs terres et territoires. Les Asubpeeschoweewagon
font partie des 26 Premières Nations du nord-ouest de
l'Ontario et des deux Premières Nations du sud-est du Manitoba,
soit environ au total 25 000 personnes autochtones, qui ont
signé le Traité no. 3.
La déclaration publiée par le chef et le
conseil s'appuie sur un référendum communautaire tenu
en 2015 et constitue un « document collectif affirmant les
droits des autochtones, plutôt que d'attendre que le gouvernement
ou les tribunaux le lui accordent. Ce faisant, la Première
Nation de Grassy Narrows promulgue sa souveraineté
inhérente ».
La déclaration est une réponse directe
aux projets du gouvernement ontarien des progressistes-conservateurs
d'ouvrir le secteur du nord de l'Ontario à l'industrie, en
particulier une autre décennie d'exploitation forestière
dans les forêts qui sont sous la tutelle de la Première
Nation de Grassy Narrows.
La déclaration fait suite à plus
de 150 ans d'abus commis par l'État canadien qu'ont
vécu les peuples autochtones du Traité no. 3, depuis
la signature du traité le 3 octobre 1873 entre les
Saulteaux ojibways et la Couronne.
Lorsque les Saulteaux ojibways ont
négocié ce traité, ils l'ont fait en tant que
partie égale et souveraine avec la Couronne. Les peuples
autochtones des terres visées par le Traité no. 3, y
compris la Première Nation de Grassy Narrows, affirment que,
bien que leurs ancêtres qui ont signé le traité
aient consenti à partager leurs terres et
leurs ressources naturelles, ils n'ont pas cédé leurs
terres à la Couronne et leur souveraineté en tant que
nations indépendantes.
En revanche, le but de la Couronne dans les
négociations de traités était de revendiquer les
terres et les ressources des Saulteaux ojibways. En 1888, dans
l'affaire St. Catherines Mills c. The Queen, un conflit de
compétences opposant le gouvernement de l'Ontario et le
gouvernement du Canada concernant l'octroi de permis
d'exploitation forestière à des entreprises de sciage
privées sur le territoire du traité no. 3, le
Conseil privé en Angleterre, la plus haute cour d'appel, a
souligné que, bien que les peuples autochtones aient un titre
ancestral sur les terres, il s'agissait « d'un droit personnel et
usufruitier (c'est-à-dire limité), qui dépend de
la bonne volonté du
souverain ».
Il convient de noter que par la défense de leur
souveraineté - en résistant à l'empiétement
de leurs terres et de leurs ressources traditionnelles, en se livrant
à des batailles juridiques, en organisant pour empêcher
depuis 2002 que les camions forestiers pénètrent sur
leur territoire, en risquant d'être arrêtés et
emprisonnés - les
Asubpeeschoseewagong Anishinabek ont également défendu
les intérêts de la classe ouvrière et du peuple
canadiens en s'opposant au pillage par les monopoles étrangers
et nationaux des ressources appartenant aux peuples autochtones et
à tous les Canadiens.
Dans une lettre ouverte adressée en
janvier 2007 à la gouverneure générale
Michaëlle Jean, au premier ministre Stephen Harper, au premier
ministre ontarien Dalton McGuinty, à Abitibi Consolidated,
à Weyerhaeuser Corporation et à d'autres, le chef et le
conseil des Asubpeeschoseewagong Anishinabek dénoncèrent
la fermeture de
l'usine d'Abitibi à Kenora. Ce qui a « mis à pied
des centaines de travailleurs. Avec la fermeture de l'usine, Abitibi a
coupé les derniers brins de sa revendication à des droits
de coupe sur ces terres. Abitibi a détruit nos forêts et a
maintenant violé un contrat de base pour l'exploitation
forestière au Canada en abandonnant ses
travailleurs. »
Malgré une décision de la Cour
suprême à leur encontre en juillet 2014 dans une
affaire où la Première Nation de Grassy Narrows avait
contesté « la compétence de l'Ontario d'octroyer
unilatéralement des licences d'exploitation forestière et
d'exploitation minière sur une vaste étendue de terres du
Traité no. 3 situées au nord de la
rivière English (les terres de Keewatin) » les
Asubpeeschoseewagong Anishinabek Aaki n'ont « pas
cédé » et, avec la Déclaration
territoriale d'octobre 2018, affirment leur détermination
à lutter pour leur droit d'être.
Les Asubpeeschoseewagong Anishinabek appellent tous les
Canadiens à appuyer ce combat important et courageux pour leurs
droits issus de traités et leurs droits
héréditaires. Tous les Canadiens épris de paix et
de justice doivent être à leurs côtés. Trop
c'est trop !
(Sources : www.freegrassy.net,
CBC, Toronto Star, www.canadian encyclopedia.ca..)
À
titre d'information
Déclaration des Asubpeeschoseewagong Anishinabek
Aaki
Préambule
1. Nous sommes le peuple autochtone de cette terre.
2. Nous
aimons notre
terre et notre mode de vie.
3. Notre terre et notre mode de vie sont
menacés.
4. L'exploitation industrielle des forêts est en
train d'aggraver
notre crise actuelle du mercure
5. Nous défendons les
décisions de notre
peuple.
6. Nous déclarons notre territoire anishinabe une
aire protégée où
s'exerce la souveraineté autochtone. Nous prendrons nos propres
décisions et il n'y aura pas d'exploitation industrielle des
forêts sur
notre territoire anishinabe.
7. Nous exerçons notre droit à
l'autodétermination en interdisant
certaines utilisations de nos terres sur notre territoire autochtone et
en autorisant d'autres.
8. Nous reconstituerons nos moyens de subsistance
et nous jouirons à nouveau de notre mode de vie anishinabe.
9. Nous exigeons d'être dédommagés
pour nos pertes et d'être soutenus pour de bons emplois afin de
guérir notre peuple et notre forêt.
10. Nous ferons respecter notre Déclaration en
vertu
de notre propre
autorité. Nous appelons l'Ontario et le Canada à
reconnaître cette
Déclaration.
La souveraineté inhérente et les droits
qui s'y rattachent
Nous sommes le peuple autochtone de cette terre.
Depuis les temps immémoriaux, nous, les
Asubpeeschoseewagong
Anishinabek (Première Nation de Grassy Narrows, ANA), avons
vécu selon
notre mode de vie sur notre territoire anishinabe. En tant que peuple
autochtone, nous préservons notre langue, notre culture, notre
terre,
notre forme de gouvernance et notre spiritualité.
Nous affirmons notre souveraineté
inhérente et notre droit
inaliénable à l'autodétermination sur notre
territoire autochtone.
Notre terre et nos droits nous sont donnés par le
Créateur et seul le
Créateur peut les retirer.
Certains de ces droits sont reconnus en vertu du
Traité no. 3, la Loi constitutionnelle de 1982,
la
Charte canadienne des droits et libertés, des
textes
législatifs et du common law canadiens, et en vertu
de
droits humains internationaux dont les conventions sont contraignantes
pour le Canada.
La terre et le mode de vie
Nous aimons notre terre et notre mode de vie.
Notre relation avec la terre est notre valeur
fondamentale et
constitue la base de notre identité en tant que peuple
anishinabe. La
terre nous soutient et nous permet de vivre pleinement notre mode de
vie sain anishinabe — la chasse, la pêche, le trappage et toute
forme
de cueillette ancestrale — vivant des forêts et des cours d'eau
comme
nos familles le font depuis d'innombrables générations.
Nous continuons de suivre les enseignements de nos
aînés d'assumer
nos responsabilités envers la terre et de veiller à ce
qu'elle reste
saine et qu'elle puisse maintenir des générations de vie
à venir.
Manaachitootaa Aki — protégez la terre. Nous veillons au
maintien de
notre terre et elle nous maintient. Nous prenons seulement ce dont nous
avons besoin et nous laissons ce qui reste pour nos relations avec le
monde des animaux, des plantes, des oiseaux, des poissons et des
esprits.
Notre relation avec la terre nous soutient
physiquement,
mentalement, émotionnellement et spirituellement en tant que
peuple
anishinabe.
Nous avons besoin de la terre pour survivre en tant que
peuple.
Les attaques contre notre terre sont des attaques
contre
notre mode de vie
Notre terre et notre mode de vie sont menacés.
Notre souveraineté et nos droits ont
été violés de façon
répétée
par des décisions néfastes imposées à notre
peuple par le
gouvernement et l'industrie.
Notre mode de vie a été menacé par
les pensionnats, les
inondations, la délocalisation, la pollution par le mercure et
le
racisme. Ce qui reste de ce mode de vie est menacée par
l'industrie forestière.
Depuis des décennies, l'industrie
forestière a causé des dommages à
notre territoire anishinabe malgré nos objections. Maintenant,
nos
poissons sont dangereux, l'orignal et le caribou sont presque
disparus, nous avons moins de martres, de riz sauvage et de bleuets.
Nos plantes et animaux à des fins médicinales ont
été contaminés. En
désespoir
de cause, nos trappeurs ont trouvé refuge dans les rues des
villes où
ils sont devenus des sans-abri qui grossissent les rangs des soupes
populaires.
Notre capacité traditionnelle de récolter
pour nourrir et soutenir
nos familles, comme nous l'avons fait pendant des millénaires
est en péril. Cela menace de mettre fin à notre existence
même en tant que
peuple. Nous ne pouvons plus accepter cela.
Nous refusons de regarder passivement pendant que notre
forêt et
notre avenir disparaissent sous nos yeux, emportés par de gros
camions
qui transportent les billes de bois. Nous refusons de regarder
passivement pendant que des étrangers jalonnent et exploitent
des mines
sur notre territoire anishinabe.
La crise du mercure
L'industrie forestière aggrave la crise actuelle
du mercure.
Après que notre rivière ait
été empoisonnée par le mercure de
l'usine à papier de Dryden, nous avons tenté de
protéger ce qui était
encore sain dans notre mode de vie ancestral — nos activités
liées à la
forêt : la chasse, le trappage, les services de guide et la
cueillette. À l'encontre de nos efforts, le gouvernement a
intensifié
la coupe à
blanc et la détérioration de nos forêts, s'en
prenant à un autre aspect
essentiel de notre mode de vie. Cela a porté un dur coup
à notre
communauté, qui souffre déjà de l'empoisonnement
au mercure.
La coupe à blanc a libéré le
mercure qui était retenu en toute
sécurité dans le sol des forêts, augmentant
davantage les niveaux de
mercure dans nos lacs, nos rivières et nos poissons.
La coupe à blanc a intensifié notre crise
du mercure qui perdure
depuis plus de cinq décennies. Une plus grande industrie
forestière
exacerberait davantage notre crise actuelle.
Notre affirmation
Nous défendons les décisions de notre
peuple.
Depuis plusieurs décennies nous avons
tenté de faire respecter nos
droits et notre mode de vie sur notre territoire anishinabe. Nous avons
constamment exprimé nos préoccupations et avons
travaillé de bonne foi,
mais nous avons vu très peu de progrès. Nous savons qu'il
y a d'autres
projets de coupe à blanc à l'horizon.
Nous affirmons notre moratoire du 17
janvier 2007 sur toute future
activité industrielle dans notre territoire autochtone. Nous
n'avons
pas accordé notre consentement à l'industrie
forestière de venir sur
notre terre et notre moratoire tient toujours.
Nous respectons le référendum mené
auprès de notre communauté en
septembre 2015 où nous avons décidé qu'il n'y
aurait plus
d'exploitation industrielle des forêts sur notre territoire
anishinabe.
Nous allons honorer et appliquer cette directive de notre peuple.
Notre déclaration
Nous déclarons notre territoire anishinabe une
aire protégée où s'exerce la souveraineté
autochtone.
Nous prendrons nos propres décisions, nous
déterminerons notre
propre avenir et comment nous allons traiter notre territoire
autochtone.
Il n'y aura pas d'exploitation industrielle de la
forêt sur notre territoire anishinabe.
Nous appelons le gouvernement de l'Ontario à
empêcher les activités
de Planification de la gestion forestière et le jalonnement
minier sur
notre territoire anishinabe et à annuler tout engagement
d'approvisionnement de bois à partir de notre territoire
anishinabe,
décisions qui ont été prises sans notre
consentement. Nous exigeons que
le
gouvernement de l'Ontario retire de l'exploitation forestière
(les zones ontariennes disponibles
à
l'industrie forestière) le secteur de la forêt Whiskey
Jack situé sur le territoire anishinabe.
Nous appelons Weyerhaeuser Corporation, Kenora Forest
products,
Domtar et toutes les autres compagnies à s'engager sans
équivoque à ne
pas utiliser et à ne pas vendre le bois du territoire anishinabe.
Utilisation des terres
Nous exerçons notre droit à
l'autodétermination d'interdire
certaines utilisations de nos terres sur notre territoire autochtone et
d'en autoriser d'autres.
A) Nous interdisons les utilisations suivantes de nos
terres sur notre territoire anishinabe :
-L'exploitation industrielle de la forêt
-L'approvisionnement des usines à papier
-La coupe par des individus venus de l'extérieur
-Le jalonnement et l'exploitation minière
-Les barrages hydroélectriques
-L'extraction et le transport d'hydrocarbures
-L'extraction de la biomasse
-L'exploitation minière, le transport, l'entreposage et
l'élimination de matériel radioactif
-Tout autre usage qui n'a pas le consentement libre,
éclairé et informé de l'ANA
B) L'utilisation suivante par notre peuple est
autorisée sur notre territoire anishinabe :
-Toute cueillette traditionnelle y compris la chasse, la pêche et
le trappage
-La cueillette de bois de chauffage
-La construction de cabanes, de maisons, de camps et de
quais
-La fabrication de raquettes, de tikinagen, de canoës et d'autres
produits traditionnels
-Une coupe sélective à petite échelle pour notre
propre usage
-La récolte de plantes et d'animaux à des fins
médicinales, alimentaires, cérémoniales, ou pour
offrir en cadeau, etc.
-La récolte durable de plantes et d'animaux pour la vente (par
exemple, les fourrures, le poisson, les thés, le riz sauvage,
etc.)
-Les activités liées aux sueries et à des camps
-L'entretien de routes, de ponts, de sentiers, de ponceaux, de
quais de débarquement, de camps, de portage, etc., appartenant
à ANA
par le peuple ANA et nos assistants
C) Les utilisations suivantes sont autorisées
sur notre territoire anishinabe en vertu d'un permis octroyé par
l'ANA :
-Le déplacement dans la région
-La chasse, la pêche, les excursions de bateau et le camping par
des personnes non ANA
-Les camps et les cabanes pour la pêche, la chasse, le tourisme,
la guérison et la récréation par des personnes
non-ANA
-L'écotourisme
-Les études et les enquêtes scientifiques
-L'assainissement et la remise en bon état
Une économie culturelle durable
Nous allons prendre des mesures pour raviver nos moyens
de
subsistance et jouir pleinement à nouveau du mode de vie
anishinabe.
Depuis de nombreuses générations nous
avons été une nation
vitale et autosuffisante. En tant que peuple, nous réaffirmons
notre
résilience et notre détermination à
réclamer notre santé et notre mode
de vie. Nous cherchons à contrôler notre territoire afin
de guérir et
de reprendre ce que nous avons perdu en termes de santé, de
culture, de
moyens
de subsistance et d'environnement.
Nous gérerons notre faune, nous émettrons
des permis, nous
surveillerons, maintiendrons, conserverons, remettrons en bon
état et
ferons respecter pour veiller à une utilisation
appropriée de notre
territoire anishinabe et pour rétablir la santé de notre
forêt. Nous
allons créer du travail pour notre peuple, un travail en
harmonie avec
notre système
de croyances et notre relation sacrée avec notre territoire
anishinabe.
Nous accueillerons des invités sur notre territoire selon les
conditions ahinabe. Nous guérirons nos forêts et nos cours
d'eau. Nous
jouirons à nouveau du mode de vie anishibabe.
Pour qu'il y ait réconciliation, le Canada et
l'Ontario doivent
nous appuyer dans la reconstruction au sein de notre territoire
anishinabe de nos moyens de subsistance durables et harmonieux sur le
plan culturel.
Réconciliation, rétablissement et
dédommagements
Nous exigeons d'être dédommagés
pour les pertes et demandons de bons emplois afin de guérir
notre peuple
et notre forêt.
Depuis plusieurs siècles, nous partageons la
terre avec d'autres.
Mais le gouvernement et l'industrie ont abusé de notre
générosité et
ont agi de manière irresponsable. Ils nous ont pris et ont
dégradé
notre territoire en toute impunité. Nous en avons grandement
souffert.
Nous réclamons un nouvel avenir dans lequel les
normes d'attention
les plus strictes sont appliquées pour éviter de nouveaux
impacts
négatifs sur notre terre et notre peuple et pour réparer
ce qui a été
brisé. Pour progresser dans le bon sens, il faut que les erreurs
du
passé soient corrigées.
La réconciliation commence par reconnaître
et réparer les dommages
causés et continuer à appuyer notre vision de notre
avenir. Cela exige
de rétablir nos droits et de dédommager pour nos pertes.
Ensemble, nous devons rétablir le respect de
notre souveraineté,
notre rôle de gardiens de nos terres, de la santé de nos
forêts et de
nos voies navigables, l'abondance de nos espèces sauvages et de
nos
pêcheries, la force de notre mode de vie, nos moyens de
subsistance et
notre santé.
Nous demandons d'être dédommagés
pour compenser les torts causés à
notre peuple et à notre environnement par des décennies
d'exploitation
forestière contre notre volonté. Environ 20 millions
d'arbres ont été
enlevés de notre territoire anishinabe contre notre
volonté depuis 20
ans.
Faire respecter
Nous ferons respecter notre déclaration sou
notre
propre autorité. Nous appelons l'Ontario et le Canada à
reconnaître
notre déclaration.
Nous invitons l'Ontario et le Canada à se
joindre à nous autour
d'une nouvelle table pour reconnaître et mettre en oeuvre cette
déclaration sous notre leadership. Nous pouvons marcher ensemble
sur un
nouveau chemin.
Nous appelons les gouvernements du Canada et de
l'Ontario à
respecter notre déclaration au moyen d'une législation et
à nous soutenir pour prendre soin de notre territoire
anishinabé et le remettre en bon
état, ainsi que pour rétablir notre mode de vie
anishinabe.
Nous appelons toutes les entreprises et tous les
citoyens à respecter notre déclaration.
Nous appelons toutes les nations à se joindre
à nous pour affirmer
et faire respecter notre souveraineté et la présente
déclaration sur
notre territoire anishinabé.
Nous sommes impatients de travailler avec vous pour
concrétiser la volonté de notre peuple.
Si vous ne respectez pas cette déclaration, nous
n'aurons d'autre
choix que de prendre des mesures pacifiques, avec le soutien de nos
alliés, dans les forêts, les marchés, les
législatures, les rues et les
tribunaux pour faire valoir notre souveraineté et nos droits en
tant
que peuple autochtone de ce pays.
Gaa Ki Ki Ke Kamik.
Amendement
Cette déclaration est irrévocable mais
elle peut être modifiée,
si nécessaire, par un référendum approprié
(75 % + 1 des voix
favorables et une participation de 50 % ou plus des
électeurs admissibles) tenu parmi la communauté et un
quorum du
Conseil.
Signé par :
Le chef et le conseil des Asubpeeschoseewagong Netum
Anishinabek
(Le 10
octobre 2018)
Le nouveau gouvernement du Québec
intensifie l'offensive antisociale
Quand la négation des droits est
présentée
comme la défense des droits
- Pauline Easton -
L'anniversaire de la proclamation de la Loi sur les
mesures de guerre est une occasion appropriée de parler
de la
clause de dérogation de la Charte canadienne des droits et
libertés que le gouvernement Legault menace d'utiliser. Le
nouveau premier ministre a annoncé qu'il invoquera cette clause
pour faire adopter d'ici un an une loi sur les
signes religieux qui contreviendrait à la Charte et serait
contestée devant les tribunaux. Il dit que c'est
nécessaire pour défendre les droits et le Québec
en tant que « société distincte ».
La clause de dérogation est l'article 33 de
la Charte canadienne des droits et libertés, aussi
appelée « clause nonobstant ». La charte
elle-même est la première partie de la Loi
constitutionnelle de 1982, la constitution «
rapatriée » du gouvernement de Pierre Elliott Trudeau
qui entre autres choses ne reconnaît pas les
droits ancestraux et issus de traités des peuples autochtones ni
le droit du Québec à l'autodétermination. C'est
sans
compter que le Québec ne l'a jamais signée.
On tente ainsi de diviser le corps politique entre ceux
qui défendent la Charte canadienne des droits et libertés
et la conception des droits qu'elle contient, et ceux qui veulent
invoquer la clause dite « nonobstant » au nom de la
défense des droits du Québec, selon l'idée que
c'est une société distincte. Bref, personne ne parle des
droits
que nous avons besoin de reconnaître dans une
société
moderne du XXIe siècle, sans parler de ce que devrait être
un État de droit.
Il faut savoir que cette Charte des droits et
libertés contient une clause qui stipule que tous les droits et
libertés officiellement reconnus sont soumis à des
« limites raisonnables ». Aujourd'hui ces limites sont
utilisées de plus en plus par les pouvoirs de police dans des
cas dits de sécurité nationale. C'est le cas des lois
dites de sécurité
nationale qui nous soumettent au département de la
Sécurité intérieure des États-Unis. Ces
« limites raisonnables » sont invoquées
également dans le cas des travailleurs qui s'opposent aux lois
ou règlements qui invalident certaines clauses de leurs
conventions collectives, qui ont pourtant force de loi. Ces lois et
règlements portent atteinte à
leur liberté d'association et à leur droit de conscience.
Les tribunaux tendent en effet à dire que cette imposition
respecte la clause des « limites raisonnables ». Ils
disent que les exécutifs gouvernementaux — les pouvoirs de
police — ont la responsabilité supérieure de prendre
des décisions au nom de l'intérêt public, ce que,
bien sûr, ils ne font
pas car leurs décisions servent les grands intérêts
privés.
En ce qui concerne la clause nonobstant, elle n'annule
pas la clause sur les « limites raisonnables » de la
Charte. Comme ces dernières, elle est un mécanisme de
prérogative des pouvoirs exécutifs pour violer les droits
du peuple. La clause nonobstant permet au parlement
fédéral ou à une assemblée
législative provinciale ou à l'Assemblé
nationale au Québec d'adopter des lois qui annulent les droits
proclamés par la Charte, tels qu'ils se retrouvent à
l'article 2 ou aux articles 7 à 15 de cette
charte. Elle permet l'annulation essentiellement de tous les droits
proclamés dans la Charte sauf le droit de vote et la limite de
cinq ans par mandat pour les gouvernements
fédéral et provinciaux.
Avec cet exercice de désinformation à
propos d'une loi sur les signes religieux, le nouveau gouvernement du
Québec prépare les conditions d'un conflit fratricide
alors que la situation requiert l'unité du peuple entier contre
les institutions démocratiques archaïques qui ne sont pas
des instruments de défense des droits du peuple et ne sont pas
contrôlées par lui. La situation montre la
nécessité de s'opposer aux mesures de la classe
dirigeante qui privent le peuple de son droit et de sa capacité
de déterminer lui-même, selon ses propres
considérations, sa conduite en tant que nation moderne.
C'est absurde de dire qu'on peut défendre une
société au moyen d'une constitution qui considère
les droits comme des privilèges pouvant être
retirés suivant les caprices du chef du parti au pouvoir, que
ça soit au niveau fédéral ou au niveau provincial.
Tous ceux qui se préoccupent de l'avenir du
Québec et du Canada doivent dénoncer cette manoeuvre, peu
importe où ils se situent sur l'échiquier politique et
quelles que soient leurs convictions idéologiques, leurs
croyances religieuses ou autres.
Les arguments non fondés du premier ministre
- Pierre Chénier -
Deux jours après avoir formé un
gouvernement « majoritaire » avec 37,4 % des
suffrages exprimés, ce qui représente moins
de 25 % des électeurs inscrits, le gouvernement
Legault a déclaré avoir le mandat d'interdire le port de
signes religieux aux personnes en position d'autorité. Par
personnes en position
d'autorité, il entend les policiers, les procureurs de la
couronne, les juges et les gardiens de prison et les enseignants.
Non seulement le premier ministre Legault
déclare-t-il avoir obtenu le mandat de procéder de la
sorte, mais il dit que cela correspond à un «
consensus » qui existerait parmi les Québécois
d'en finir avec le port de signes religieux qui causerait un malaise
lors de la prestation des services publics.
Manifestation au Saguenay le 30 janvier 2017, une des multiples actions
qui ont suivi la tuerie à la mosquée de Québec
Selon le premier ministre, ces employés de
l'État seront déplacés vers du travail de bureau
s'ils refusent de se dépouiller de ce que le gouvernement
appelle leurs signes religieux et, s'ils refusent d'être
déplacés de la sorte, ils seront congédiés.
Le premier ministre a ajouté qu'il est prêt à
invoquer la clause de dérogation qui est
l'article 33 de la Charte canadienne des droits et
libertés, laquelle fait partie de la Constitution
canadienne, pour protéger son éventuelle loi des
contestations juridiques.
Le premier ministre ignore et rejette les grands
exemples de solidarité sociale donnés par tous les
Québécois envers les minorités religieuses et
autres. Un des exemples les plus éloquents s'est produit lorsque
des personnes ont été tuées et blessées
lors de la tuerie à la mosquée de Québec
le 29 janvier 2017. Les Québécois, toutes
origines confondues, ont exprimé en masse leur appui à la
communauté attaquée dans de grands rassemblements
à l'échelle du Québec et se sont opposés
à toute violence et discrimination contre elle.
Dire que son gouvernement sait ce que pensent les
Québécois est sans fondement. Le recours à la
politique de diviser pour régner des Britanniques et de
n'importe quel voyou opportuniste, pour détourner l'attention du
peuple des vrais défis auxquels la société fait
face, ne va pas réussir.
Le gouvernement Legault ne représente pas les
Québécois quand il s'engage à déposer son
projet de loi ignorant et source de division et de diversion des vrais
problèmes de la société. Il n'a ni le mandat ni
des arguments fondés pour le faire.
(Chantier politique)
À propos des valeurs et des symboles religieux
Le gouvernement Legault s'est engagé à
présenter et à adopter au cours de l'année
à venir une loi sur la laïcité qui interdira le port
de symboles religieux par ceux qui sont considérés comme
étant en position d'autorité dans la fonction
publique : policiers, procureurs de la Couronne, juges, gardiens
de prison et enseignants. Le premier
ministre Legault affirme que son gouvernement a reçu un mandat
majoritaire fort et clair lui permettant d'adopter une telle
législation, comme toute loi ou mesure qu'il juge
appropriée. Le premier ministre dit qu'il répond au
consensus qu'il croit, selon lui, exister au Québec et qu'il ne
fait qu'exprimer les valeurs des Québécois. Pourtant,
selon le
premier ministre, il est temps de laisser cette question des symboles
religieux « derrière nous ». Les médias
monopolisés lui ont fait écho en affirmant qu'une telle
loi pourrait avoir pour effet de mettre fin aux tensions qui existent
sur cette question parmi la population et résoudre la question
une fois pour toutes.
Il s'agit d'un des premiers projet de loi que le
gouvernement
Legault veut déposer, suite au processus électoral
partial et non démocratique que les Québécois
viennent de vivre, avec une majorité frauduleuse composée
de 37,7 % des suffrages exprimés et
de 24,5 % des électeurs inscrits. C'était une
élection où toutes les questions
électorales étaient définies et imposées
par les partis cartellisés à l'Assemblée
nationale, leurs agences de marketing privées et les
médias monopolisés. Il est révélateur que
la première mesure invoquée soit celle dont le but est
de provoquer le plus de tension, de division et de diversion possible
chez les Québécois. Ce faisant, le gouvernement
prépare le terrain pour la privatisation accrue des services
publics et la vente accélérée du Québec
à des monopoles et oligopoles supranationaux privés au
nom de la prospérité.
Cela nous montre à quel point le processus
politique actuel est un obstacle à la résolution de tout
problème. Cela prive le peuple de tout pouvoir pour
décider des questions dans une atmosphère sereine
où le peuple discute et met en avant la nécessité
de l'unité politique pour résoudre les problèmes
de la société. Cette démocratie non
représentative doit être renouvelée et
remplacée par une démocratie de masse dans laquelle le
pouvoir décisionnel est entre les mains du peuple
lui-même,
comme il se doit, car ce sont ses intérêts et ses droits
qui sont en jeu.
Les Ontariens s'unissent à la
défense des programmes sociaux
Les investissements de l'Ontario dans les soins
de santé et les programmes sociaux
- les faits et la fiction
Le mardi 23 octobre 2018, des Ontariens de
toute la province se rendront à Queen's Park pour tenir un
rassemblement organisé par la Coalition ontarienne de la
santé sous le slogan : « Rebâtir et
améliorer les soins de santé publics - interdire les
compressions et la privatisation ». Ce rassemblement est
l'expression
de l'opposition de la population de l'Ontario au programme
néolibéral du gouvernement réactionnaire de Doug
Ford, qui
a engagé EY (anciennement Ernst and Young) pour justifier la
privatisation encore plus poussée des services de santé.
EY est l'un
des quatre monopoles mondiaux qui fournit des services de
comptabilité et de conseil néolibéraux aux
gouvernements réactionnaires afin de soutenir l'offensive
antisociale des riches.
Le Bureau de la responsabilité financière
de l'Ontario du gouvernement de l'Ontario a fourni des informations
détaillées et actualisées sur la situation
financière de la province. Il a notamment publié une
analyse actualisée des dépenses en santé de
l'Ontario-Hiver 2018. Elle montre que le programme
néolibéral a limité les dépenses et
déjà considérablement aggravé les
conditions de travail et de vie des travailleurs du secteur de la
santé en réduisant leurs salaires réels et en
obligeant nombre d'entre eux à travailler de plus longues heures
pour un salaire inférieur[1].
Mais les faits ne correspondent pas à
l'argumentaire et au programme que le gouvernement Ford a imposé
pour intensifier l'offensive antisociale. EY a donc
été embauché pour produire une histoire
appropriée. Le gouvernement Ford, à l'instar du
gouvernement libéral avant lui et de tous les gouvernements
depuis que Mike Harris a déclaré
que l'Ontario est « ouvert aux affaires »
en 1995, suit le précepte pragmatique rendu
célèbre par Ivanka Trump, qui a tenté de
l'attribuer à Albert Einstein : « Si les faits ne
correspondent pas à la théorie, il faut changer les
faits. »
EY a maintenant terminé son « Examen ligne
par ligne des dépenses du gouvernement de l'Ontario
de 2002-2003 à 2017-2018 ». Le titre
même du rapport trahit sa mission :« Gestion de la
transformation -- Un plan d'action pour la modernisation de
l'Ontario ». Exercice de relations publiques du
gouvernement Ford dès le début pour promouvoir son
programme antisocial du gouvernement Ford, le rapport est loin
d'être un examen sérieux des finances de l'Ontario qui
ne requièrent pas de nouvelles compressions du financement des
programmes sociaux et davantage de privatisation.
L'exemple des dépenses consacrées aux
programmes sociaux en Ontario suffit à montrer qu'EY
sélectionne des faits et les présente de manière
intéressée afin de soutenir la théorie
néolibérale. L'examen « ligne par
ligne » nous apprend que « la part la plus importante
se situe dans les 'trois grands' secteurs :
Santé,
Éducation, Services à l'enfance et Services sociaux et
communautaires ». Il utilise ensuite des graphiques en
couleur pour montrer que l'Ontario dépense plus en soins de
santé que la Colombie-Britannique et le Québec, mais ne
remarque pas que ces trois provinces figurent au bas de la liste en ce
qui concerne les dépenses de santé par
habitant au Canada.
EY découvre également le fait bien connu
que ces secteurs de services sont à forte intensité de
main-d'oeuvre et, en tant que serviteurs de l'impérialisme, EY
considère la valeur de la capacité de travail comme un
coût. « Les salaires et les traitements représentent
une part importante, et parfois croissante, des
dépenses », indique le
rapport, et « le nombre d'heures supplémentaires dans les
secteurs de la santé et de la sécurité
communautaire atteint des niveaux importants et coûte cher, bien
qu'il serve à maintenir des niveaux de soins. »
EY rapporte également un autre fait connu sous
forme d'avertissement : « la portion des dépenses
provinciales allouée aux soins de santé par le
gouvernement fédéral a diminué par rapport
à ce qu'elle était par le passé et continuera de
le faire. » Outre le fait que les gouvernements
fédéraux ont des ordres du jour antisociaux
néolibéraux similaires à ceux des provinces et
refusent de s'acquitter de leurs responsabilités sociales, il
s'agit d'un exercice de désinformation visant à priver
les gens d'une perspective parce qu'il repose sur l'affirmation qu'il
n'y aurait pas d'alternative
à la privatisation.
Selon EY, « ce n'est pas, néanmoins,
un cas de situation désespérée, mais plutôt
une occasion de tirer profit » des avantages d'une «
approche numérique », de la transformation de la
main-d'oeuvre et d'« optimiser les compétences des
fonctionnaires et de réduire les dépenses superflues
associées aux heures
supplémentaires ».
Piquet à Windsor durant l'élection provinciale en
Ontario, le 2 mai 2018, à la
défense du droit aux soins de santé
La Coalition ontarienne de la santé a
condamné le rapport d'EY et l'objectif du gouvernement. Les
travailleurs et leurs organisations exigent une augmentation des
investissements dans les soins de santé et les programmes
sociaux, pas moins, et certainement pas plus de stratagèmes pour
payer les riches.
La Coalition ontarienne de la santé
écrit : « La Coalition note que l'Ontario a
déjà coupé et réduit ses hôpitaux
publics depuis des décennies. En fait, aucune autre province du
Canada et pratiquement aucun autre pays développé n'a
effectué tant de compressions que cette province. L'Ontario a
déjà le plus faible financement pour les
hôpitaux publics au pays. Il reste moins de lits dans les
hôpitaux que dans toute autre province et l'Ontario enregistre le
plus faible niveau de soins infirmiers par patient, avec des taux
d'occupation (surpeuplement) dans les hôpitaux qui n'ont pas
d'équivalent ailleurs au Canada et en Europe. Ici, les patients
sont renvoyés des hôpitaux plus
rapidement que dans les autres provinces et, par conséquent,
l'Ontario affiche le taux de réadmission à
l'hôpital le plus élevé au pays : un patient
sur dix finit par revenir à l'hôpital. Le surpeuplement a
atteint le seuil de crise et la violence dans les hôpitaux s'est
accrue : 30 000 personnes attendent d'être
placées dans un
établissement de soins de longue durée et les niveaux de
soins sont devenus si bas qu'ils ne répondent pas aux besoins.
La coalition demande au gouvernement de reconstruire et de
rétablir les services, pas d'effectuer des compressions et de
privatiser. »
Selon le président du Conseil des syndicats
d'hôpitaux de l'Ontario (SCFP—CSHO), Michael Hurley, le rapport
d'EY commandé par le gouvernement
progressiste-conservateur n'est pas une analyse détaillée
du financement des programmes provinciaux. C'est plutôt «
l'oeuvre de mercenaires visant à rationaliser les services
publics, vendre des actifs provinciaux rentables, imposer des frais aux
usagers et accélérer la privatisation. » Il
souligne que ce rapport a coûté 500 000 $
à l'État.
Lors des consultations
prébudgétaires 2018, l'Association des
infirmières et infirmiers de l'Ontario a soumis un
mémoire qui dit notamment : « L'AIIO recommande une
augmentation de 5,3 % des fonds de fonctionnement des
hôpitaux afin de couvrir l'ensemble des coûts liés
à l'inflation, à la croissance
démographique et au vieillissement, ainsi qu'au renforcement de
la demande de services hospitaliers. Nous demandons au gouvernement de
mettre en oeuvre un moratoire sur toute érosion
ultérieure des emplois infirmiers, ce qui doit comprendre une
directive du ministre de la Santé aux hôpitaux de prendre
des décisions appropriées en matière de dotation
de positions en personnel infirmier, qui ne portent pas atteinte aux
soins prodigués aux patients. »
Le rassemblement provincial de la Coalition ontarienne
de la santé à Queen's Park, à Toronto, se tient le
mardi 23 octobre 2018, de midi à 13 heures, sous
le thème: Non ! aux compressions et à la privatisation.
Rebâtir et améliorer le système de santé
public. Pour plus d'informations, voir
À
titre d'information
Analyse actualisée des dépenses en
santé
de l'Ontario pour l'hiver 2018 (extraits)
Voici des extraits du rapport du Bureau de la
Responsabilité financière du gouvernement de
l'Ontario :
« Le secteur de la santé constitue le
poste de dépenses le plus important du budget ontarien. Dans
l'exposé annuel d'automne de 2017, les dépenses du
secteur sont estimées à 57,9 G$
pour 2017-2018, soit 42 % du total des dépenses
de programmes... les deux principaux étant les hôpitaux et
l'assurance-santé de l'Ontario, qui représentent
ensemble 34,8 G$, ce qui équivaut
à 60 % du total pour 2017-2018. »
(p. 4)
« Toutefois, après la récession
de 2008-2009, limiter la croissance de ces dépenses est
devenu une part essentielle du plan du gouvernement de l'Ontario pour
atteindre l'équilibre budgétaire en 2017-2018.
De 2011-2012 à 2015-2016, les dépenses
annuelles en santé ont augmenté de
seulement 2,4 % en
moyenne. » (p. 5)
« Entre 2011-2012 et 2016-2017, la
croissance des dépenses du secteur était invariablement
plus lente que celle de ses principaux inducteurs de
coûts. » (La croissance de la population, l'effet du
vieillissement de la population et l'inflation des coûts sont les
trois principaux inducteurs de coûts.) (p.1)
« Depuis 2012, la province a freiné
la croissance des dépenses en santé principalement par un
gel des subventions de fonctionnement de base des hôpitaux
pendant quatre ans, par des gains d'efficience dans les hôpitaux
et par des restrictions salariales dans le secteur de la
santé. » (p.2)
« Gains d'efficience dans les hôpitaux
« Durant la période de quatre ans allant
de 2011-2012 à 2015-2016, la province a gelé
les subventions de fonctionnement de base des hôpitaux. [...]
De 2012-2013 à 2015-2016, la restriction des
subventions des hôpitaux et la réforme du financement ont
fait baisser le coût d'un séjour normal à
l'hôpital
de 1,8 % en Ontario, tandis que la moyenne nationale a
augmenté de 5,4 %. Selon l'Association des
hôpitaux de l'Ontario, ces économies sont le fruit de
gains d'efficience, comme la réduction de la durée des
séjours, ainsi que de mesures temporaires comme le report des
activités d'entretien et des achats
d'équipement. » (p. 17-18)
« Restrictions salariales dans le secteur de la
santé
« [...]les restrictions salariales ont
joué un rôle important dans le ralentissement des
dépenses du secteur. [...] depuis 2012, il a crû plus
lentement que le reste de l'économie et n'a pas suivi
l'inflation. » (p. 18)
« Depuis 2012, le gel des subventions de
fonctionnement de base versées aux hôpitaux et les
restrictions salariales ont considérablement
modéré la croissance des dépenses en santé.
Malgré les dépenses supplémentaires prévues
dans le budget de 2017, les dépenses allouées aux
hôpitaux et à l'Assurance-santé de l'Ontario
devraient
progresser moins vite que les principaux inducteurs de coûts
connexes. » (p. 19)
Il a été beaucoup question des
dépenses supplémentaires dans le secteur de la
santé inscrites dans le budget préélectoral
de 2017 des libéraux. Là encore, le Bureau de la
Responsabilité financière explique en détail que
sur les 6,9 milliards de dollars de nouveaux financements
cumulés du secteur de la santé budgétisés
pour la
période de trois ans allant de 2017-18
à 2019-2020, 20 % de ce montant était en
réalité un « redressement comptable (1,2 milliard
de dollars) qui n'entraîne aucune dépense
supplémentaire ».
La majeure partie des nouvelles dépenses (4,2
milliards de dollars) est destinée « à
alléger la pression sur les programmes existants »,
ce qui permet de mieux comprendre à quel point la prestation des
services de soins de santé existants est devenue difficile et le
reste (1,5 milliard de dollars) est destiné à financer de
nouvelles initiatives,
principalement l'introduction de OHIP +. Le Bureau de la
Responsabilité financière écrit : « Par
ailleurs, même si le plan budgétaire de 2017
annonce 6,9 G$ de nouvelles dépenses en
santé..., on estime que la croissance des dépenses
dépassera
celle des principaux inducteurs de coûts sur une seule
année,
soit 2018-2019. » (p.15)
La lutte contre l'offensive antisociale
en Nouvelle-Écosse
La nécessité de renouveau
démocratique — l'exemple de la Nouvelle-Écosse
Les enseignants encerclent le parlement provincial à la
défense de l'éducation publique,
le 17 février 2017.
En Nouvelle-Écosse, comme dans le reste du
Canada, la classe ouvrière est tenue à l'écart du
processus de prise de décision. L'année dernière,
les enseignants sont descendus dans la rue d'un bout à l'autre
de la province et ont encerclé l'Assemblée
législative et fait part de leurs opinions, de
leurs besoins, de leurs préoccupations et
de leurs propositions de changements dans leurs milieux de travail. Les
libéraux de Stephen McNeil ont démontré un
semblant
d'intérêt aux propos des enseignants, mais une fois de
plus, ayant recours à leur arme préférée,
ils ont commandé un autre rapport d'un soi-disant expert
trié sur le volet. Ils ont centré la discussion sur le
rapport de l'expert, s'il était valable ou non, si on devait
l'appliquer ou non. On a empêché les enseignants de
diriger un vaste
débat sur leurs propres propositions, lesquelles sont totalement
absentes des plans qui ont été adoptés.
Ceux qui détiennent le privilège et qui
ont pris contrôle du pouvoir par le biais d'un processus
anachronique de démocratie non représentative
déclarent qu'ils ont un « mandat » du peuple.
En réalité, ils n'ont réussi à se
mériter que très peu d'appui de la classe ouvrière
qu'ils ont ciblée par leur microciblage, leur
désinformation et même
par leurs efforts pour empêcher les gens de voter.
En Nouvelle-Écosse, McNeil a consolidé
son « mandat » par un maigre 39,6 % des
votes dans une élection où le taux de participation des
Néo-Écossais était de seulement 53,4 %.
Comment une victoire électorale peut-elle être si
médiocre qu'elle ne réussit que de justesse à
obtenir un taux de participation de la
moitié des électeurs inscrits ? Comment les
libéraux de McNeil peuvent-ils invoquer une victoire aussi
ridicule et non représentative pour prétendre avoir le
mandat d'imposer un ordre du jour étroit et
intéressé aux travailleurs et à l'ensemble des
Néo-Écossais ?
Le blocage des travailleurs, ce qui les empêche
d'avoir un mot à dire sur leurs conditions au travail, dans
leurs communautés et dans l'économie élargie, est
avant tout dû à un processus électoral qui sert
à écarter le peuple du pouvoir. Les partis
cartellisés ne manifestent aucune gêne à
déclarer des victoires malgré une maigre participation
parce qu'ils n'ont aucune intention de politiser et de faire participer
le peuple ; ils veulent seulement s'en servir comme bétail
électoral. Le rôle du processus électoral en ce
moment semble être d'empêcher les citoyens d'avoir un mot
à dire et un rôle décisif à jouer dans leurs
milieux de travail et dans la société en
général. Par ce processus,
on ne vise aucunement à faire participer la majorité du
corps politique à la politique.
La percée qui doit être faite en
Nouvelle-Écosse est que les travailleurs doivent s'engager dans
un mouvement pour s'investir du pouvoir de décider de leurs
affaires. Ils doivent devenir les preneurs de décisions en
organisant le
renouveau démocratique du mouvement politique. Les programmes
des partis cartellisés comme ceux des libéraux de McNeil
pour
payer les riches et nier au peuple ce qui lui revient de droit
seront vaincus par les travailleurs qui s'organisent pour
répondre aux besoins d'une société moderne qui
assume ses responsabilités sociales.
Brisons les barrières des prises
de décision antisociales
- Kevin Corkill -
Piquetage à Windsor, en Nouvelle-Écosse, dans le cadre de
la journée
d'action sous
la bannière « Sauvons nos services de santé dans
les
régions rurales », le 13 octobre 2018
Comme partout au pays, les travailleurs de la
santé et de l'éducation luttent contre les attaques
contre les soins de santé et l'éducation en
Nouvelle-Écosse. On cherche des fautifs pour expliquer ce qu'on
appelle « la crise » dans ces deux secteurs
clés
de la vie moderne.
Certains prétendent que les problèmes
sont dûs à un sous-financement ou à la
négligence
des gouvernements successifs. Certains disent même que la faute
est imputable aux personnes âgées parce qu'elles sont
devenues un fardeau pour le système de santé !
D'autres accusent les enseignants parce qu'ils seraient trop gourmands
et trop
revendicateurs. On pourrait dire que l'offensive antisociale
menée maintenant par les libéraux de Stephen McNeil a
exacerbé la situation en Nouvelle-Écosse à un
point tel que le temps est venu de trouver les responsables et de
proposer d'autres solutions. Le gouvernement et les
médias se font un malin plaisir à répandre toutes
sortes de balivernes
pourvu que les solutions mises de l'avant par les travailleurs de
ces deux secteurs sont ignorées.
Le gouvernement libéral McNeil a annoncé
son intention de remplacer trois hôpitaux vieillissants par des
modèles PPP — partenariat public-privé — et de construire
une nouvelle policlinique à Bayers Lake. Le budget est
d'environ 2 milliards de dollars. Selon McNeil, le modèle
PPP de payer les riches est le plus certain car ainsi le projet
sera conforme au budget et aux plans. Cette affirmation des
libéraux de McNeil a été endossée par le
cabinet-comptable Deloitte qui a publié un rapport
intéressé commandé par nul autre que le
gouvernement lui-même.
Afin de priver le corps politique de l'information
pertinente et nécessaire pour tirer les conclusions qui
s'imposent, le gouvernement, les partis politiques, les médias
monopolisés et d'autres limitent la discussion à une
question à savoir si les PPP sont une bonne ou une mauvaise
chose, et d'où proviendra le financement nécessaire pour
la
construction de ces nouvelles institutions. Personne ne prétend,
et avec raison, que la province n'a pas besoin de nouvelles
installations. En fait, celles-ci sont attendues depuis longtemps. Dans
une sortie contre la solution privée, le chef
néodémocrate Gary Burrill a cité des exemples
où des constructions PPP en Ontario et en Colombie-Britannique
ont dépassé les budgets prévus. Le
président du Syndicat des employés et employées
généraux et gouvernementaux de la Nouvelle-Écosse
(SEEGGNÉ), pour sa part, a salué l'initiative tout en
faisant une mise en garde : « Les Néo-Écossais
ont déjà gaspillé des centaines de millions de
dollars dans d'autres projets PPP — plus de 30
écoles, des routes à péage et la prison Burnside,
pour ne nommer que ceux-là. »
Ainsi, la responsabilité sociale d'une
société moderne de respecter les réclamations de
ses membres devient embrouillée et ne fait plus partie de
l'équation. Le rôle fondamental de ceux qui font le
travail, ce rôle de discuter et de trouver les moyens d'aller de
l'avant pour résoudre les problèmes, est nié.
La caractéristique principale de l'offensive
antisociale est d'apporter des changements aux responsabilités
et aux arrangements de l'État pour payer les riches. Et pour
qu'on puisse y arriver, on doit priver la classe ouvrière d'une
perspective, ce qui rend ses positions ineffectives. C'est ce qui
permet constamment aux oligarques
financiers de servir leurs intérêts privés
étroits en s'accaparant de tous les aspects de
l'économie et en parasitant sur les besoins du peuple.
Les partis cartellisés au gouvernement agissent
pour faire en sorte que le mouvement du peuple pour
s'investir du pouvoir ne se concrétise pas. C'est un
problème qui doit être résolu si le peuple veut
contrôler les affaires qui touchent à sa vie et à
la société, y compris les services de santé et
l'éducation qui lui sont indispensables.
Des exercices de guerre d'une ampleur
inégalée
La Russie organise les exercices de guerre
Vostok 2018
La Russie a tenu les exercices de guerre
Vostok 2018 (Est 2018) du 11 au 17 septembre, qui
seraient les plus importantes manoeuvres militaires dans la
région depuis la fin de la guerre froide. Y ont
participé 300 000 soldats russes, avec plus
de 1 000 aéronefs, hélicoptères et
véhicules
aériens sans pilote, près de 36 000 chars
d'assaut, des transporteurs de personnel et d'autres véhicules,
ainsi que près de 80 vaisseaux et navires ravitailleurs.
Les exercices ont eu lieu dans toutes les régions de la
Sibérie, la région de l'Extrême-Orient de la Russie
et dans les eaux environnantes de l'Océan Pacifique. La
dernière
fois que la Russie a participé à des manoeuvres
militaires d'une telle envergure est en 1981 lorsque les exercices
Zapad 81 (Ouest 81) ont eu lieu dans les districts militaires
de la Biélorussie, de Kiev et des pays Baltes et de la Mer
Baltique avec la participation de 100 000 troupes.
Un communiqué de presse du Kremlin affirme que
les principaux objectifs des exercices Vostok 2018 sont de mettre
à l'épreuve le niveau de capacité de
réponse des corps de commandement militaire dans la
planification et la capacité de mener à bien le
regroupement de troupes sur de grandes distances et d'organiser
l'interaction entre
les troupes terrestres et navales. Ces exercices devraient aussi aider
les commandants et le personnel à améliorer leurs
compétences de commandement et de contrôle, est-il
écrit.
Le Kremlin a aussi informé qu'un commandant de brigade des
Forces armées mongoliennes et 87 observateurs en provenance
de 59 pays avaient aussi participé
aux manoeuvres.
La Mongolie, la Chine et la Turquie — cette
dernière étant membre de l'OTAN — ont été
invitées à y participer. Des unités des Forces
armées mongoliennes y ont participé tandis que la Chine y
a déployé 3 200 troupes, plus de 900
pièces d'équipement terrestre et 30 aéronefs
qui ont participé à des manoeuvres de
défense mobile et de contre-attaque au site d'entraînement
de Tsugol dans la région transbaïkalienne. Selon un
communiqué du département des Affaires
étrangères de la Chine : « Les exercices
visent à consolider et développer le partenariat
stratégique global de coordination Chine-Russie, à
développer la coopération pragmatique et amicale
entre les deux armées, et à consolider davantage leur
capacité de répondre collectivement aux diverses menaces
à la sécurité et de veiller à la
défense de la paix et de la sécurité
régionales. »
La coopération de « partenariat
stratégique » dont il est question ici entre la Chine
et la Russie est liée aux échanges de haut niveau qui ont
été amorcés ce printemps entre les deux pays afin
de s'opposer ouvertement à l'unilatéralisme des
États-Unis.
(Sources : Xinhua et autres
agences)
Les pays de l'OTAN se préparent pour les grands
jeux de guerre Trident Juncture
Les troupes des pays de l'OTAN se préparent
à prendre part aux exercices de guerre Trident
Juncture 2018 en
Norvège et dans d'autres parties de la Scandinavie, que cette
alliance agressive a qualifiée de « plus importants depuis
la guerre froide ». Cinquante mille soldats de 31 pays
(les 29 pays membres de l'OTAN
plus la Suède et la Finlande prétendument neutres)
participent à cet exercice de six semaines.
Quelque 10 000 véhicules militaires seront
impliqués, dont les premiers sont arrivés en
Norvège en août. Cent cinquante aéronefs et 60
navires y participeront également.
Trident Juncture est une expression de l'aspiration des
États-Unis à la domination du monde et de la
préoccupation de l'OTAN d'encercler de la Russie,
qu'elle tente de justifier en la décrivant comme une nation
agressive. C'est une menace particulière pour les peuples
d'Europe. Trident Juncture montrerait que l'OTAN s'adapte et
répond à « un environnement de
sécurité plus exigeant et plus difficile. »
Les objectifs immédiats de Trident Juncture consistent à
former conjointement les forces de l'OTAN et à les
entraîner à se déployer rapidement dans toute
l'Europe. Ce sont les deuxièmes jeux de guerre Trident Juncture,
les premiers ont eu lieu en Espagne et au
Portugal en 2015.
Les jeux de guerre débutent officiellement
le 25 octobre. Toutefois, des exercices préliminaires ont
eu lieu en Islande du 15 au 17 octobre, tandis que les
mouvements de troupes à destination de la Norvège servent
également à l'entraînement. Par exemple, le convoi
militaire britannique effectue actuellement un voyage
terrestre de 2 000 km du port de Hook of Holland en
traversant le nord de l'Europe jusqu'en Norvège. L'OTAN affirme
que son « passage par les Pays-Bas, l'Allemagne, le Danemark et
la Suède mettra à l'épreuve l'efficacité
des soldats et de l'équipement à se déplacer entre
les pays européens. Ils mettront également à
l'épreuve la
douane, la réglementation des frontières et la
capacité de l'infrastructure à faire face à des
mouvements de troupes rapides et lourds. » De même,
l'armée allemande a embarqué des chars Leopard et
d'autres véhicules militaires à bord d'un navire de
marchandises civil de la ville d'Emden dans le nord de l'Allemagne,
à Fredrikstad, en
Norvège, où ils sont arrivés le 11 octobre.
Pendant ce temps, les forces américaines se rendent en
Norvège par la mer via le groupe de frappe porte-avions USS
Harry S Truman.
« La mobilité militaire est essentielle,
en particulier pour renforcer lors d'une crise. C'est exactement
pourquoi nous l'exerçons, a dit la porte-parole de l'OTAN, Oana
Lungescu. Au cours des dernières années, l'OTAN a
considérablement amélioré sa capacité
à déployer rapidement des troupes en Europe. Nous
surmontons les obstacles
juridiques et réduisons la paperasse, notamment en
coopérant étroitement avec l'Union européenne.
Nous visons à réduire davantage les temps de passage des
frontières (autorisations dans les cinq jours d'ici la fin
de 2019), identifier des itinéraires d'approvisionnement
alternatifs et exercer davantage pour pratiquer la mobilité
militaire. »
Les préoccupations de l'OTAN concernant la
mobilité et la logistique ont été exprimées
lors de la conférence de presse Trident Juncture du 9
octobre. L'amiral américain James Foggo a indiqué que
« la force de réaction de l'OTAN et la force Spearhead de
plus de 5 000 personnes, également appelée la
VJTF ou la force
opérationnelle interarmées à très haut
niveau de préparation, sont au coeur de l'exercice ».
En réponse à une question de la presse, il a ensuite
expliqué que « l'Allemagne fait partie du corps
germano-néerlandais, qui fait partie intégrante de la
force Spearhead, forte de plus de 5 000 hommes et dont je
vous ai parlé, de la force
opérationnelle interarmées à haut niveau de
préparation, ce qui montre que l'OTAN peut agir rapidement. Une
partie de la discussion lors du sommet [de l'OTAN] en juillet portait
sur la proposition de pouvoir faire le point 30/30/30 [les «
Quatre Trente » ou « Initiative de préparation
européenne »], il fallait donc
déplacer 30 bataillons, 30 escadrons d'avions
ou 30 navires en 30 jours. L'alliance aspire à faire
extrêmement bien, et nous allons le démontrer avec la
lourde capacité logistique qui sera démontrée dans
cet exercice. Je pense l'avoir déjà dit : la
logistique est le sixième domaine de la guerre. Et vous pouvez
voir que
cela se joue par l'entremise de Trident Juncture. »
Une autre caractéristique de l'exercice est
l'imposition des forces de l'OTAN à la population locale et la
militarisation de la vie civile. Le lieutenant-général
norvégien Rune Jakobsen a déclaré : «
Au cours de l'exercice, les forces régionales coopéreront
étroitement avec les services civils d'urgence, la police, les
autorités des chemins de
fer, des ports et des transports, ainsi qu'avec les entreprises locales
et nationales. » Le lieutenant-général
canadien Christian Juneau a souligné qu'il y aura « plus
de 10 000 véhicules sur les routes
norvégiennes, ce qui posera un problème de contrôle
de la circulation qui mettra à rude épreuve le
système. »
Opposition à Trident Juncture
Rassemblement contre Trident Juncture à Sandnes en
Norvège, 13
octobre 2018. Sur la bannière : « Oui aux
exercices de paix. Non aux
exercices de guerre. »(Stopp
NATO)
Les travailleurs norvégiens sont très
préoccupés par la présence de ces forces
étrangères agressives dans leur pays et s'organisent pour
s'y opposer.
Un événement a eu lieu le 13 octobre
à Sandnes, dans l'ouest de la Norvège, au cours duquel
les organisateurs ont déclaré : « Nous disons
oui aux exercices de paix, non aux exercices de guerre et nous
protestons contre le renforcement de l'OTAN, qui constitue selon nous
des préparatifs de guerre et une menace pour les peuples
et le climat. »
Le groupe Facebook Aksjon mot Nato-øvelsen
Trident Juncture (Action sur les exercices de Trident Juncture de
l'OTAN) a été créé pour promouvoir et
coordonner les actions antiguerre. Les organisateurs expliquent que
leur « objectif est d'informer les gens sur les activités
dans le pays et de créer des manifestations nationales contre
Trident Juncture. » Ils soulignent également le
moment choisi par Trident Juncture, soit le 100e anniversaire de
la fin de la Première Guerre mondiale.
Ils notent que l'amélioration continue des
armements, tant conventionnels que nucléaires, « montre
que nous sommes dans une nouvelle course aux armements. Cet exercice
s'inscrit dans une militarisation à une époque de calme
et de mouvement actif pour la paix. Il est paradoxal que la
Norvège accorde le Prix [Nobel] de la paix
parallèlement à la tenue d'un exercice militaire qui
intensifiera la tension entre les États-Unis/l'OTAN et la Russie
et conduira à une militarisation accrue, y compris en sol
norvégien. »
De grandes manifestations contre Trident Juncture
auront lieu à Trondheim le 20 octobre et à Oslo
le 27 octobre.
(Avec des articles : OTAN,
Wikipedia, Xinhua)
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca