Le Marxiste-Léniniste

Numéro 37 - 20 octobre 2018

100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale

L'importance de donner un sens aux commémorations

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100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale
L'importance de donner un sens aux commémorations - Pauline Easton
À propos du centenaire de la fin de la Premiere Guerre mondiale - Enver Villamizar

Des initiatives pour le jour du Souvenir

Appels à porter le coquelicot blanc à la mémoire de toutes les victimes
de la guerre

Plus jamais! - Thème des commémorations à Windsor


48e anniversaire de la Proclamation de la Loi sur les mesures de guerre
Le danger de mesures de guerre en violation des droits
persiste
- Fernand Deschamps

Les peuples autochtones affirment leurs droits ancestraux
La décision de la Cour suprême dans le recours en appel de la nation crie Mikisew illustre le besoin du renouveler la constitution - Peggy Morton

À titre d'information
Qu'ont dit les juges
La Première Nation crie Mikisew

La nation Heiltsuk intente un procès contre le gouvernement et Kirby Corporation à l'occasion du deuxième anniversaire de la marée noire

La nation Asubpeeschoseewagong Anishinabek (Grassy Narrows) affirme
son droit d'être

À titre d'information
La déclaration Asubpeeschoseewagong Anishinabek Aaki

Le nouveau gouvernement du Québec intensifie l'offensive antisociale
Quand la négation des droits est présentée comme la défense
des droits
- Pauline Easton
Les arguments non fondés du premier ministre - Pierre Chénier
À propos des valeurs et des symboles religieux

Les Ontariens s'unissent à la défense des programmes sociaux
Les investissements de l'Ontario dans les soins de santé et les programmes sociaux - les faits et la fiction - Steve Rutchinski

À titre d'information
Analyse actualisée des dépenses en santé de l'Ontario pour
l'hiver 2018 (extraits)


La lutte contre l'offensive antisociale en Nouvelle-Écosse
La nécessité de renouveau démocratique – l'exemple de la Nouvelle-Écosse
Brisons les barrières des prises de décision antisociales - Kevin Corkill

Des exercices de guerre d'une ampleur inégalée
La Russie organise les exercices de guerre Vostok 2018
Les pays de l'OTAN se préparent pour les grands jeux de guerre
Trident Juncture



100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale

L'importance de donner un sens
aux commémorations

Dans les clos d'abattoirs pestilentiels d'Europe
Ils dépècent les corps des hommes assassinés,
Tandis que les marchands ignobles, le groin dans l'auge,
Se gavent des profits ensanglantés
!
- En temps de guerre, Stephan G. Stephansson, 1916

À la onzième heure du onzième jour du onzième mois de cette année, cent ans se seront écoulés depuis la fin des combats de la Première Guerre mondiale, après la signature d'un armistice entre les Alliés et l'Allemagne.

La Première Guerre mondiale a été un massacre d'une ampleur sans précédent. Le nombre total de pertes militaires et civiles est estimé à environ 40 millions de personnes - 15 à 19 millions de morts et environ 23 millions de militaires blessés. Parmi les morts, on compte environ 8 millions de civils, dont 6 millions seraient morts de la famine et de la maladie liées à la guerre comme la pandémie de grippe de 1918 et la maladie qui a emporté de nombreux prisionniers de guerre.

Du Canada seulement, plus de 600 000 hommes et femmes ont traversé l'Atlantique pour se rendre sur le théâtre de la guerre en Europe avec le Corps expéditionnaire canadien. Plus de 60 000 d'entre eux ne sont pas revenus et des milliers d'autres sont revenus chez eux blessés et mutilés.

La guerre a duré de 1914 à 1918. Elle aurait commencé le 28 juillet 1914 lorsque l'Autriche-Hongrie a déclaré la guerre à la Serbie. La Russie a ensuite déclaré la guerre à l'Autriche-Hongrie et, six jours plus tard, l'Angleterre et la France étaient officiellement en guerre contre l'Allemagne. Le Canada, en tant que dominion autonome de l'empire britannique, est entré automatiquement en guerre dès que la Grande-Bretagne a déclaré la guerre.

L'horrible conflit entre les pays belligérants a fait éclater les empires russe, austro-hongrois, ottoman et allemand. Au Canada et dans tout l'Empire britannique, le massacre a mis fin à l'euphorie de ceux qui disaient que l'appartenance à l'Empire britannique était la situation la plus convoitée qui soit.

La fin de la guerre n'a pas mis fin à la cupidité des hommes assoiffés de pouvoir qui l'avait déclenchée. Immédiatement, les forces canadiennes ainsi que des troupes de dix autres pays, à l'initiative de la Grande-Bretagne et de la France, ont été envoyées pour envahir la Russie soviétique dans une vaine tentative de maintenir les privilèges du régime tsariste niés par la création du premier État socialiste au monde.

Au Canada, la guerre a été utilisée comme prétexte pour réprimer la résistance à la guerre impérialiste et l'objection de conscience à la participation à la guerre et pour attaquer les syndicats et la politique révolutionnaire. La Loi sur les mesures de guerre est restée en vigueur plus d'un an après la fin de la guerre et a été utilisée contre les organisateurs de la grève générale de Winnipeg en 1919.


La rue Main, le 4 juin 1919, pendant la grève générale de Winnipeg. La Loi sur les mesures
de guerre
a été utilisée contre les organisateurs de la grève.

La désinformation est généralisée quant aux causes de la Première Guerre mondiale et à ses conséquences. On parle souvent de la réalité d'un massacre d'une ampleur sans précédent. On parle parfois de la fin de l'euphorie de la classe dirigeante pour l'Empire qui régnait sur le monde avant la guerre. Or, l'historiographie officielle du Canada cite le plus souvent la participation du Canada à la Première Guerre mondiale et à la bataille de la crête de Vimy en particulier, comme le moment qui a « marqué l'avènement du Canada ». Cela signifie que le Canada a gagné le droit d'être considéré comme l'une des « grandes puissances » par son sacrifice. Le Canada a participé aux négociations de Versailles pour décider des conditions de la paix et depuis à des coalitions de toutes sortes pour garantir la défense des intérêts anglo-américains dans le monde entier.

L'historiographie officielle met en évidence le Statut de Westminster de 1931 qui accordait au Canada la souveraineté dans les affaires extérieures. Lorsque la Deuxième Guerre mondiale a éclaté en 1939, le Parlement canadien, et non le Parlement impérial en Grande-Bretagne, a décidé de déclarer la guerre aux puissances de l'Axe dirigées par l'Allemagne et d'envoyer de nouveau des troupes à l'étranger.

On nous dit que si les Canadiens ont consenti tant de sacrifices pendant la Première Guerre mondiale, c'était pour aller défendre la liberté et la démocratie, alors qu'il s'agissait d'une guerre pour le repartage du monde entre empires coloniaux et grandes puissances.

Cette année, dans son message du jour de l'Action de grâce, le premier ministre Justin Trudeau a repris le thème en disant : « Aujourd'hui, nous rendons également hommage aux anciens combattants et aux membres des Forces armées canadiennes. Chaque jour, ils font des sacrifices pour aider à bâtir un monde plus sûr et plus pacifique pour tous. »

La propagande que la Première Guerre mondiale était une guerre pour la liberté, la démocratie et les droits et que le sacrifice des soldats et des richesses du Canada servait donc une noble cause, est le pire type de désinformation. En 2010, à la mort de John Babcock, le dernier ancien combattant canadien connu de la Première Guerre mondiale, le premier ministre de l'époque, Stephen Harper, a déclaré que la Première Guerre mondiale avait « marqué l'avènement du Canada » en tant que nation et que les anciens combattants avaient « payé cher la liberté dont nos enfants et nous jouissons tous les jours ».

Cette interprétation de l'histoire du Canada a pour objectif de priver les Canadiens d'une conception du monde à partir de laquelle bâtir une nation moderne. La défense de l'Empire britannique contre ses grands rivaux, dont beaucoup étaient dirigés par des parents royaux de la reine Victoria, dont le Kaiser de Prusse et le tsar de Russie, n'avait rien d'une grande cause. On y voit plutôt le caractère consanguin et dangereux de la monarchie européenne et le caractère dépravé de cette guerre pour le repartage du monde entre leurs empires qu'elle contrôlait.

Lénine, le grand dirigeant de la révolution de Russie, a décrit la Première Guerre mondiale comme une lutte entre deux coalitions de la bourgeoisie impérialiste pour le partage du monde, pour le partage d'un butin et pour la spoliation des peuples petits et faibles.

Il a dit que cette guerre pour le partage des colonies et le partage du butin entre capitalistes signifierait une rupture complète avec les toutes dernières réalisations de la civilisation et de la culture. Cette guerre « pourrait ruiner et ruinerait inévitablement les conditions mêmes de l'existence de la société humaine. Car, c'est la première fois dans l'histoire que les plus puissantes réalisations de la technique sont utilisées avec une telle ampleur, de façon aussi destructive et avec une telle énergie, à l'extermination de millions de vies humaines. Quand tous les moyens de production sont ainsi mis au service de la guerre, nous voyons que les plus amères prophéties s'accomplissent pleinement et qu'un nombre de plus en plus grand de pays deviennent la proie de la sauvagerie, de la famine et de la déchéance totale des forces productives. »

Nous sommes témoins aujourd'hui d'une situation semblable bien que pas du tout la mème. Des coalitions constituées d'oligopoles parcourent le monde entier pour s'enrichir par tous les moyens possibles. On parle de défense de l'intérêt national pour justifier les stratagèmes pour payer les riches et criminaliser le mouvement de résistance du peuple, le mouvement pour investir le peuple du pouvoir souverain et le mouvement contre la guerre.

Les cercles dirigeants et leurs médias ne disent rien de cette réalité lors des commémorations de la fin de la Première Guerre mondiale. Pas un mot sur les dangers semblables que font planer les guerres en cours et pa sun mot sur les dangers des guerres encore plus grandes qu'ils préparent. Ils disent que la guerre et les préparatifs de guerre sont nécessaires pour défendre la paix et la démocratie. Ils ont recours au même chauvinisme qu'ils ont utilisé contre les peuples du monde pendant la Première Guerre mondiale pour priver les pepules d'une conception du monde qui leur permette d'avancer.

De plus, le Parti libéral au pouvoir et les autres partis siégeant à la Chambre des communes promulguent des lois qui ciblent ceux qui s'opposent aux guerres d'agression et d'occupation de l'OTAN et aux guerres impérialistes et les présentent comme des agents d'une puissance étrangère ou leurs dupes, tout cela au nom de la protection du processus électoral canadien contre « l'influence étrangère ». Ces actions de l'élite dirigeante sont une négation inconcevable du fait que le système politique est composé de citoyens et de résidents qui ont des droits en tant qu'êtres humains, que rien n'est plus humain que l'affirmation du droit à la conscience et que rien n'est plus inhumain que la violation de ce droit.

Que les commémorations de la Première Guerre mondiale soient l'occasion de se renseigner sur ce qui est en jeu dans la façon dont les milieux officiels décrivent cette guerre horrible et sur les guerres actuelles qui sont en cours et se préparent. Laissons les êtres humains affirmer leur conscience en exprimant leurs pensées sans crainte de représailles. Faisons en sorte que le mot d'ordre Plus jamais ! ait un sens qui soit favorable aux peuples du monde.

Un gouvernement antiguerre est une nécessité pour les Canadiens. Un gouvernement antiguerre prêterait l'attention voulue au développement d'une nouvelle personnalité démocratique fondée sur la satisfaction des besoins du peuple dans les conditions du XXIe siècle.

Aujourd'hui, nous devons crier haut et fort :

Démantelez l'OTAN !
Ramenez toutes les troupes canadiennes à la maison maintenant !
Démantelez toutes les bases militaires américaines du monde et celles de l'OTAN et de ses membres, y compris le Canada !
Mettons fin à toutes les guerres d'agression et d'occupation et aux dépenses consacrées aux armes de destruction massive et à la vente d'armes !

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À propos du centenaire de la fin
de le Première Guerre mondiale

Le 11 novembre 2018 à 11 heures sera le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. La façon dont on commémorera l'événement est une question importante. Souvent, ces événements font l'objet d'efforts de réprimer la pensée et la conscience du peuple par ceux qui aujourd'hui utilisent la force et la menace du recours de la force pour régler les différends entre les nations et les peuples. Ils utilisent ces événements commémoratifs importants pour justifier leur domination et leur exigence envers le peuple de se ranger derrière eux contre leurs rivaux et ceux qu'ils ont déclarés être leurs ennemis. Ils ne veulent pas que les événements commémoratifs servent à ouvrir la voie au progrès dans le présent et à analyser le passé pour aider à résoudre les problèmes du présent.

À l'approche du centenaire, le premier ministre Trudeau a dit dans sa déclaration à l'occasion de l'Action de grâce : « Aujourd'hui, nous rendons également hommage aux anciens combattants et aux membres des Forces armées canadiennes. Chaque jour, ils font des sacrifices pour aider à bâtir un monde plus sûr et plus pacifique pour tous. »

Le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a déclaré la même chose le 11 septembre : « Les membres des Forces armées canadiennes figurent parmi les véritables héros de la guerre en Afghanistan et le monde d'aujourd'hui est plus sûr grâce à leur service et à leur sacrifice. »

Les deux gouvernements cherchent à cacher le rôle agressif et belliciste que le Canada joue sur la scène internationale en prétendant que tout ce que le Canada fait sert la paix, peu importe la réalité. Peut-on dire que les Forces armées canadiennes sont déployées de manière à créer un « monde plus sûr et plus pacifique pour tous » ? Non. En premier lieu, cette déclaration masque le fait que les Forces armées canadiennes et le ministère de la Défense nationale du Canada ne sont pas indépendants, mais sont intégrés à la sécurité intérieure des États-Unis. Ils ne sont pas organisés pour défendre les frontières du Canada, mais en tant que force expéditionnaire de l'armée impérialiste américaine - qu'elle soit à l'intérieur ou à l'extérieur de l'OTAN, à l'intérieur ou à l'extérieur de l'ONU. Étant totalement intégré à la machine de guerre américaine, notamment par NORAD, le Canada ne peut d'aucune manière jouer un rôle indépendant qui contribue à la paix à l'échelle internationale.

Ce sont des alliances comme celles que nous voyons aujourd'hui qui ont entraîné les pays les uns après les autres dans le grand massacre que fut la Première Guerre mondiale, au cours duquel les travailleurs de tous les pays en guerre ont été utilisés comme chair à canon dans la lutte des puissances belligérantes pour se repartager le monde. La « guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres » n'a rien fait de tel. Le peuple russe a mené à bien sa révolution bolchevique en pleine guerre et a contribué à la paix en retirant la Russie de la guerre et en précipitant sa fin. Cela a montré que lorsque les travailleurs se mettent en position de décider des questions de la guerre et de la paix, ils peuvent contribuer à la paix sur le plan international. La Russie soviétique a été envahie par la Grande-Bretagne, la France, l'Allemagne, le Canada et d'autres puissances qui ont tenté de renverser le premier gouvernement antiguerre du monde.


Les revendications du peuple russe pour la paix, la terre et le pain, exprimées à l'occasion
de manifestations, comme celle-ci lors de la Journée internationale de la femme de 1917,
se sont concrétisées avec la victoire de la Grande Révolution d'Octobre qui a sorti la Russie
de la guerre impérialiste.

Aujourd'hui, des gouvernements comme celui du Canada continuent de mener une politique étrangère de division du monde en blocs militaires et économiques. Qu'il s'agisse du rôle du Canada dans le commandement du groupement tactique de l'OTAN en Europe de l'Est pour encercler la Russie, de sa participation au blocus naval dirigé par les États-Unis contre la République populaire démocratique de Corée afin de contrecarrer les efforts du peuple coréen pour la réunification et la paix dans la péninsule coréenne, le soutien qu'il fournit à la guerre au terrorisme dirigée par les États-Unis contre le gouvernement syrien, ou son intégration dans la sécurité intérieure des États-Unis et sa soumission aux diktats des États-Unis sur son économie, son armée, son territoire et son processus décisionnel, le Canada fait partie du système impérialiste d'États qui prépare une guerre dévastatrice de proportions mondiales.

Le gouvernement Trudeau prétend que le Canada est « de retour » à l'ONU parce qu'il a accepté de mobiliser les forces militaires canadiennes pour appuyer la mission de « stabilisation » de l'ONU au Mali. En même temps, le Canada intervient en dehors des Nations unies lorsqu'il ne parvient pas à obtenir un consensus, comme le montre son rôle dans le « Groupe des amis » orchestré par les États-Unis, connu sous le nom de « Groupe de Lima », qui complote un changement de régime au Venezuela au nom des droits de l'homme, ou l'autre groupe créé par le Canada et les États-Unis, le Groupe de Vancouver, pour tenter d'appliquer le blocus maritime de la République populaire démocratique de Corée par les États-Unis.

Les travailleurs du Canada et du Québec ne veulent pas que le Canada contribue aux conflits mondiaux ou aux guerres d'agression contre des peuples frères. Pour cette raison, il est important que les travailleurs agissent et déclarent en leur propre nom que le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale ne doit pas être commémoré d'une manière qui étouffe leur désir de paix et de fin des guerres d'agression ou qui divise leurs rangs sur la base qu'ils sont « pour » ou « contre » les troupes. Le danger d'une autre guerre mondiale catastrophique est réel. Le droit de réfléchir et de tirer des conclusions qui s'imposent sur les questions de la guerre et de la paix est essentiel pour que les Canadiens puissent renforcer leur mouvement antiguerre et prendre des mesures pour l'établissement d'un gouvernement antiguerre dans lequel le peuple, et non les riches, pourra décider du rôle que le Canada devrait jouer sur la scène internationale et s'il doit faire partie des alliances militaires comme l'OTAN et des autres alliances militaires des États-Unis avec tout ce que cela implique dans les domaines de la politique et de l'économie.

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Des initiatives pour le jour du Souvenir

Appels à porter le coquelicot blanc à la mémoire
de toutes les victimes de la guerre

Le coquelicot blanc est le symbole de toutes les victimes de la guerre. Des appels sont lancés dans le monde entier pour porter le coquelicot blanc le 11 novembre, jour du Souvenir. Le coquelicot blanc est porté depuis au moins 80 ans en symbole de trois choses : le souvenir de toutes les victimes de la guerre, un engagement envers la paix et un défi aux tentatives de glorifier ou de célébrer la guerre.

À l'occasion du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale, différents événements sont organisés pour tirer les leçons de ce qui s'est passé depuis, et voir pourquoi cette guerre qui devait « mettre fin à toutes les guerres » n'a pas atteint cet objectif et comment doit se poursuivre le combat pour la paix.

La campagne du coquelicot blanc appelle les peuples à se mobiliser pour la paix. Selon la Peace Pledge Union de Grande-Bretagne, celui-ci « symbolise la conviction qu'il existe de meilleurs moyens de résoudre les conflits que par le recours à la violence. Il incarne le refus de tuer des êtres humains pour quelque raison que ce soit. Près de 100 ans après la fin de 'la guerre qui devait mettre fin à toutes les guerres', nous avons encore un long chemin à parcourir pour mettre fin à une institution sociale qui, même au cours de la dernière décennie, a contribué à la mort de millions de personnes. »

La Peace Pledge Union dénonce la dépendance économique aux ventes d'armes et le renouvellement de tous les types d'armes. « Le résultat des récentes aventures militaires met en évidence leur inefficacité et leurs conséquences dramatiques », déclare la Peace Pledge Union qui ajoute :

« Le meilleur moyen de respecter les victimes de la guerre est de travailler à la prévention de la guerre dans le présent et l'avenir. La violence ne fait qu'engendrer davantage de violence. Nous devons nous attaquer aux causes sous-jacentes de la guerre, telles que la pauvreté, les inégalités et la concurrence pour le gain de ressources. L'absence de violence ne suffit pas. La paix est beaucoup plus profonde et plus large, elle nécessite des changements sociaux majeurs pour nous permettre de vivre plus en coopération. »

Au Québec, le Collectif Échec à la guerre demande à tous et à toutes de porter le coquelicot blanc le jour du Souvenir. Il publiera également un message dédié à la mémoire de toutes les victimes de la guerre dans l'édition du samedi 3 novembre du journal Le Devoir à l'occasion du jour du Souvenir. Le message se lit comme suit :

À la mémoire de toutes les victimes des guerres.

Parce que, depuis plusieurs décennies, les guerres font beaucoup plus de victimes civiles que de victimes militaires et que ces millions de femmes, d'hommes et d'enfants sont oublié-e-s dans les commémorations officielles du Jour du Souvenir.

Parce que, pour la 5e année consécutive, le nombre total de personnes déracinées dans le monde par les guerres, les violences et les persécutions continue d'augmenter pour atteindre un nouveau record de 68,5 millions de personnes.

Parce que le soi-disant « nouveau rôle » du Canada dans le monde n'est que foutaise : le Canada accroit ses déploiements en Lettonie et en Irak, il annonce une augmentation de 70 % de ses dépenses militaires sur 10 ans, il réalise des ventes records d'armements à l'Arabie saoudite, un des pires pays en matière de respect des droits de la personne, engagé de surcroît dans une guerre atroce au Yémen qui a entraîné, selon l'ONU, « la pire crise humanitaire au monde ».

Parce que nous exigeons un changement radical de la politique internationale du Canada, qui se traduirait notamment par la fin de l'aplaventrisme face à l'empire étasunien, le retrait de l'OTAN et la non-participation au commerce mondial des armes.

Nous soussigné-e-s portons le coquelicot blanc en signe d'opposition aux politiques militaristes du Canada et à la mémoire de toutes les victimes des guerres.

L'objectif d'Échec à la guerre est de recueillir un très grand nombre de signataires individuels et d'endossements d'organismes et de recueillir 7 000 $ d'ici le 31 octobre pour payer la page. La liste apparaîtra sous la déclaration. Si le montant est dépassé, le Collectif l'utilisera pour donner encore plus de visibilité médiatique à la campagne.

Pour plus d'informations, pour appuyer la campagne, endosser la déclaration et pour contribuer financièrement, rendez-vous au site : echecalaguerre.org

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Plus jamais! - Thème des
commémorations à Windsor

La Coalition pour la paix de Windsor a convoqué le 27 septembre une réunion de tous ceux qui souhaitent que la conscience antiguerre des travailleurs de Windsor-Essex soit affirmée lors des commémorations du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Des militants de longue date de la Coalition pour la paix étaient présents à la réunion ainsi que des militants de Women in Black et du Parti marxiste-léniniste du Canada, des anciens combattants des Forces armées canadiennes et américaines, une membre de la Légion royale canadienne, des enseignants actifs et retraités, des artistes et d'autres personnes.

La réunion a débuté par la lecture de la déclaration de la Coalition pour la paix à l'occasion de la fête du Travail, qui a attiré l'attention sur la manière dont le gouvernement Ford de l'Ontario tente d'invoquer la mémoire de ceux qui sont morts à la guerre en Afghanistan en cette année du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, en tant que prélude pour mettre aujourd'hui le Canada au service des guerres d'agression américaines, ce qui est totalement inacceptable. Tous les participants ont été invités à dire pourquoi ils étaient venus et à donner leur point de vue sur la façon de commémorer le centenaire, et pratiquement tout le monde l'a fait. Dans les commentaires, tous souhaitent voir l'anniversaire célébré de manière à affirmer la conscience des Canadiens contre la guerre et ne veulent pas que ce soit une occasion de réprimer cette conscience. Au cours de la discussion, divers aspects de ce que le jour du Souvenir est devenu ont été évoqués, et les personnes présentes ont donné leur opinion sur ce qui doit être exprimé cette année. Certains ont rappelé que la journée avait été utilisée par le passé pour rappeler à la jeunesse les horreurs de la guerre et que, conformément au slogan Plus jamais !, la guerre ne devait plus jamais être le moyen de régler les conflits entre les nations.

La membre de la Légion a expliqué que les anciens combattants ne glorifient ni la guerre ni leur participation à celle-ci. Souvent, ils ne font que parler de leurs expériences personnelles avec leurs compagnons d'armes, mais pas de la guerre elle-même. Elle a ajouté qu'il importait que nous sachions que de nombreux anciens combattants ne sont pas favorables à une interprétation du jour du Souvenir qui glorifie la guerre ou utilise le sacrifice de ceux qui sont morts pour justifier de nouvelles guerres. D'autres ont exprimé des préoccupations importantes au sujet de la situation actuelle dans laquelle le président américain lance ici et là la menace d'une guerre nucléaire et qu'avec des armes nucléaires, ce serait toute l'humanité qui y perdrait, pas seulement le pays attaqué. Ce que l'on appelle la guerre moderne n'est pas une « frappe chirurgicale » telle qu'on nous la présente, avec peu de pertes, a dit une intervenante. Cette façon de parler des agresseurs dissimule la véritable étendue de la destruction et de la dévastation qu'ils causent.

D'autres ont souligné que les armes utilisées aujourd'hui détruisent l'environnement naturel et rendent le monde invivable pour les générations futures et que, de ce fait, les guerres devraient être interdites. L'importance de discuter des conditions nécessaires à la paix a également été évoquée, car il s'agit d'assurer les besoins du peuple en matière d'alimentation, de logement, d'éducation et de soins de santé, plutôt que de se contenter d'une définition étroite de la paix, considérée simplement comme la fin des hostilités. Des questions et des opinions ont également été exprimées sur la façon de s'assurer que la guerre menée par les peuples et les pays au cours de la Deuxième Guerre mondiale pour la défense de l'humanité ne soit pas assimilée aux visées impériales de la Première Guerre mondiale ou aux nouvelles guerres de conquête d'aujourd'hui. À cet égard, des participants ont souligné l'importance de prendre clairement position contre toute tentative de présenter la guerre en Afghanistan comme une guerre juste ou qui instaurerait la paix, alors qu'il n'y a pas de paix et que la situation ne fait qu'empirer pour le peuple afghan.

D'autres ont parlé du coquelicot et de la façon dont il est utilisé par certains pour promouvoir la guerre et le militarisme par opposition à ce qu'il représente réellement et de la pertinence de porter le coquelicot blanc comme symbole de la paix plutôt que le rouge. Les discussions ont ensuite porté sur les actions et événements possibles pouvant être organisés pour que la discussion entamée à la réunion se poursuive dans le public, pour faire de la commémoration et de la réflexion une action collective. Tout le monde s'est mis d'accord pour dire qu'une commémoration serait organisée dans le cadre du centenaire de la Première Guerre mondiale pour affirmer la position Plus jamais ! comme fondement du souvenir, de façon large, pour ne pas permettre à certains de dire que c'est « contre les soldats » du passé ou du présent, ce qui nie le message de l'action.

Lors d'une réunion de suivi tenue une semaine plus tard, il a été décidé d'organiser les activités et événements suivants :

- Une soirée cinéma sera organisée le vendredi 9 novembre avec la projection du film Outskirts qui se déroule dans une petite ville de Russie au cours des années 1914-1917.

- La Coalition pour la paix de Windsor tiendra son piquet hebdomadaire le samedi 10 novembre sur le thème du Souvenir basé sur Plus jamais !

- La Coalition achètera une couronne avec une banderole sur laquelle sera écrit Plus jamais ! à déposer au cénotaphe de Windsor lors de la cérémonie du jour du Souvenir de la Légion, le dimanche 11 novembre.

- Des épingles circulaires noires seront produites sur lesquelles seront gravés les mots Plus jamais ! en blanc. Ils peuvent être placés au centre de coquelicots rouges pour permettre aux gens d'affirmer leur conscience. Le produit de la vente des épingles servira à couvrir le coût de la couronne et toute autre activité. Les premières commandes sont arrivées juste après l'annonce de la part du Conseil du travail du district de Windsor.

- Les artistes organiseront une réception à One Ten Park après la cérémonie du jour du Souvenir de la Légion. Un vitrail représentant le centenaire sera dévoilé et il y aura des lectures de poésie et d'autres formes de commémorations.

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48e anniversaire de la Proclamation de la Loi sur les mesures de guerre

Le danger de mesures de guerre en violation
des droits persiste


Des soldats dans les rues de Montréal en octobre 1970, après la promulgation de la Loi
sur les mesures de guerre

Le 16 octobre est le 48e anniversaire de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre par le gouvernement libéral de Pierre Elliott Trudeau en 1970. Trudeau a déclaré une « insurrection appréhendée » en réponse aux enlèvements et à l'explosion de boîtes aux lettres au Québec. Cette loi a donné aux corps policiers le pouvoir de faire des arrestations sans mandat et de détenir des personnes sans accusation ni procès pour une période indéfinie.


Manifestation à Ottawa contre la Loi sur les mesures de guerre en octobre 1970.

Même avant la proclamation, la police avait déjà effectué plus de mille descentes entre le 7 et le 10 octobre. Le 12 octobre, l'armée était dans les rues d'Ottawa, le gouvernement canadien ayant invoqué les dispositions de la Loi de la défense nationale, et dans les rues de Montréal trois jours plus tard. Le 13 octobre, à l'entrée du parlement, quand un journaliste lui a demandé jusqu'où il irait dans la suspension des droits, le premier ministre a répondu : « Just watch me » (« Regardez-moi faire »).

Après le décret de la Loi sur les mesures de guerre, au petit matin du 16 octobre, on a commencé à voir des soldats dans les rues du Québec en tenue de combat. La police a effectué 3 068 autres descentes et perquisitions et 465 autres arrestations sans mandat. La majorité des personnes arrêtées ont été relâchées sans accusation après 21 jours, mais certaines d'entre elles ont été détenues plus longtemps.

Tous ces événements sont passés sous silence. On nous dit que tout cela c'est du passé. Cela ne sert à rien de « remuer la cage ». Alors pourquoi l'armée canadienne continue-t-elle d'effectuer des exercices comme celui du mois de septembre en plein coeur de la ville de Montréal ?[1]

La Loi sur les mesures de guerre a été adoptée par le parlement canadien en 1914 alors que le Canada faisait partie de l'empire britannique et que la Grande-Bretagne, la France, la Russie tsariste et l'empire austro-hongrois voulaient se repartager l'Europe et les colonies rattachées à ces puissances coloniales.

Ces mesures de guerre ont été de nouveau invoquées en 1917 quand la Grande-Bretagne, de concert avec la France, tentait de briser l'impasse sur les champs de bataille en Europe, surtout depuis que les troupes de la Russie tsariste, l'allié de la France, désertaient en masse le front oriental.


L'État canadien a envoyé des milliers de soldats à Québec le 1er avril 1918 pour réprimer les manifestations contre la conscription. Cinq personnes ont perdu la vie dans les affrontements.

Le gouvernement canadien a utilisé ces mesures pour imposer la conscription, ce à quoi les Québécois se sont opposés en s'organisant en mars 1918 dans la ville de Québec. De grandes manifestations de près de 10 000 personnes ont éclaté pour s'opposer à l'enlèvement des jeunes par les policiers fédéraux pour les enrôler de force.[2]

La Loi sur les mesures de guerre a été remplacée le 21 juillet 1988 par la Loi sur les mesures d'urgence. Dans la section de la loi intitulée « Champ d'application et interprétation », on entend par « crise nationale » un « sinistre » qui est une « situation de crise comportant le risque de pertes humaines et matérielles, de bouleversements sociaux ou d'une interruption de l'acheminement des denrées, ressources et services essentiels d'une gravité telle qu'elle constitue une situation de crise nationale ». Dans une telle situation, « le gouverneur en conseil peut par proclamation, s'il croit, pour des motifs raisonnables, qu'il se produit un sinistre justifiant en l'occurrence des mesures extraordinaires » « prendre à titre temporaire des mesures extraordinaires peut-être injustifiables en temps normal ».[3]

Il est important de se rappeler qu'avant l'adoption de la Loi sur les mesures d'urgence en 1988, la Charte canadienne des droits et libertés de 1982 enchâssait  les prémisses tant de la Loi des mesures de guerre que de la Loi sur les mesures d'urgence. La Charte stipule les droits qui y sont proclamés sont sujets à des limites « raisonnables ». Elle introduit également clause nonobstant qui permet de retirer tous les droits à l'exception du droit de voter au moins aux cinq ans. Mais même ce droit d'élire et d'être élu peut être suspendu « en cas de guerre, d'invasion ou d'insurrection réelle ou appréhendée». En d'autres mots, la Charte des droits et liberéts nie la l'inviolabilité des droits et libertés.

À titre d'information - La Loi sur les mesures de guerre 


Le camp de Petawawa, un des nombreux camps partout au pays où les « étrangers ennemis » étaient emprisonnés durant la Première Guerre mondiale sous les dispositions de la Loi sur les mesures de guerre.

La Loi sur les mesures de guerre est une loi fédérale adoptée par le parlement le 22 août 1914, après le début de la Première Guerre mondiale. La Loi accorde des pouvoirs d'exception considérables au cabinet fédéral pour gouverner par décret s'il perçoit qu'il existe une « guerre, une invasion, ou une insurrection réelle ou appréhendée ». La Loi a été utilisée pour suspendre les libertés individuelles des personnes au Canada qui étaient considérées « des sujets d'un pays ennemi », ce qui a entraîné des arrestations et des détentions en masse sans que des accusations ne soient portées ou sans la tenue d'un procès. La Loi est demeurée en vigueur au Canada de 1914 à 1920.

Avec la victoire de la révolution bolchévique en 1917, des règlements et des décrets additionnels ont été introduits dans la Loi, interdisant d'adhérer à des organisations communistes ou socialistes.

La Loi sur les mesures de guerre a été utilisée de nouveau durant la Seconde Guerre mondiale.

Le Québec a aussi subi en 1937 la Loi protégeant la province contre la propagande communiste, mieux connue sous le nom de « Loi du cadenas ». Elle visait à mettre un terme aux activités communistes dans la province et son surnom provient du fait que les autorités pouvaient « ordonner la fermeture de la maison » et, ainsi, la cadenasser afin d'en empêcher l'accès.

Dans le texte de la « Loi du cadenas » on peut lire :

« Il est illégal pour toute personne qui possède ou occupe une maison dans la province de l'utiliser ou de permettre à une personne d'en faire usage pour propager le communisme ou le bolchevisme par quelque moyen que ce soit. »

La Loi a été déclarée inconstitutionnelle en 1957 par la Cour suprême du Canada.

La seule fois que la Loi sur les mesures de guerre a été promulguée en temps de paix a été en octobre 1970 lorsque le premier ministre Pierre Elliott Trudeau l'a utilisée pour mener des perquisitions et des arrestations durant la Crise d'octobre. Elle a été depuis ce temps remplacée par la Loi sur les mesures d'urgence qui a été adoptée le 21 juillet 1988.

Notes

 1. Voir l'article intitulé « Préparatifs de guerre à Montréal, » Chantier politique, 9 septembre 2018.

 2. Voir l'article « 100e anniversaire des manifestations contre la conscription au Québec, » Chantier politique, 28 mars 2018.

 3. Loi sur les mesures d'urgence dont le titre au long est Loi visant à autoriser à titre temporaire des mesures extraordinaires de sécurité en situation de crise nationale et à modifier d'autres lois en conséquence

(Chantier politique)

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Les peuples autochtones affirment leurs droits ancestraux

La décision de la Cour suprême dans le recours
en appel de la nation crie Mikisew illustre
le besoin du renouveler la constitution


La nation crie Mikisew tient une conférence de presse à Edmonton le 11 octobre 2018 suite
au jugement de la Cour suprême pour faire savoir qu'elle va continuer de défendre
sa souveraineté.

Le 11 octobre, la Cour suprême du Canada a rendu un jugement de grande portée qui dit que le gouvernement n'a pas le devoir de consulter les nations autochtones lorsqu'il prépare des textes de loi qui affectent les droits ancestraux, constitutionnels et issus des traités des peuples autochtones. La décision a été immédiatement condamnée par la nation crie Mikisew et par les dirigeants et les organisations autochtones, qui ont juré de continuer à défendre leur souveraineté et leur droit d'être, à défendre les intérêts des Premières Nations et des Canadiens et à s'acquitter de leur devoir de protéger la Terre Mère.

La décision dans la cause de Mikisew Cree First Nation c. Canada (Gouverneur général en conseil) (SCC2018-40) est le résultat de la contestation judiciaire en 2012 de la nation crie Mikisew de la législation omnibus de Harper. Le projet de loi C-38 a apporté des changements radicaux au régime canadien d'évaluation environnementale en vertu de la Loi canadienne sur l'évaluation environnementale, ainsi que la législation relative à l'approbation environnementale et réglementaire, dont la Loi sur les pêches, Loi sur les espèces en péril, et la Loi sur la protection des eaux navigables (maintenant Loi sur la protection de la navigation). Cela a entraîné des actions et des manifestations à l'échelle du pays et la naissance du mouvement Idle No More.

La nation Mikisew a demandé un examen judiciaire en faisant valoir que la Couronne avait l'obligation de la consulter dans la préparation de la loi, car elle risquait de porter atteinte à ses droits issus de traités de chasser, de piéger et de pêcher en vertu du Traité no 8, des droits qu'elle a farouchement défendus.

Le juge de la Cour fédérale qui a procédé à l'examen a statué que les Mikisew avaient le droit de recevoir un avis des dispositions pertinentes des projets de loi, ainsi que la possibilité de faire valoir leur point de vue. Le gouvernement fédéral a fait appel de la décision et la Cour d'appel fédérale a statué que l'examen judiciaire n'aurait pas dû être effectué et était contraire à la Loi sur les cours fédérales. La cour a conclu que la création d'une loi était à l'abri d'un examen judiciaire et que la décision était incompatible avec les principes de la souveraineté parlementaire, de la séparation des pouvoirs et du privilège parlementaire. Les Mikisew ont fait appel. La Cour suprême a maintenant rejeté l'appel dans une décision unanime selon laquelle la Loi sur les cours fédérales ne confère pas à la Cour fédérale la compétence de recevoir la demande d'examen judiciaire.

La majorité est également allée beaucoup plus loin, en décidant que « l'honneur de la Couronne », fondement de l'obligation de consulter, ne s'applique qu'aux mesures exécutives de la Couronne, et non aux mesures législatives. Selon la cour, si des mesures législatives avaient été incluses, cela constituerait une ingérence injustifiée du pouvoir judiciaire dans le fonctionnement du parlement, une violation de la suprématie du parlement et de la séparation des pouvoirs, et causerait en tout cas beaucoup de complications.

L'ancien chef Mikisew, Steve Courtoreille, qui avait lancé la contestation judiciaire, a répondu : « Comment vont-ils savoir s'ils ont une incidence sur nos droits issus de traités s'ils ne nous parlent pas, s'ils ne nous consultent pas ? Comment sauraient-ils cela ? Vont-ils révoquer la loi s'ils découvrent que cela a une incidence sur nos droits ? Ce qui est triste, c'est que cela n'affecte pas seulement les Premières Nations, mais le reste du Canada. Quand ils ont présenté la loi environnementale, ils voulaient essentiellement détruire l'environnement. Ils voulaient aller de l'avant à toute allure. Ils ne voulaient pas rencontrer sur leur chemin les Premières Nations et nous étions le problème, parce que nous voulions être consultés sur nos territoires, nous voulions protéger nos habitats de poisson. Et ils ne s'en souciaient pas, ils voulaient passer par-dessus nos têtes, avoir des usines, avoir des projets qui rentrent en production aussi vite que possible. À ce jour, si on réfléchit à tout cela, une personne raisonnable dirait que c'est une décision simple à prendre : vous devez consulter avant de rédiger toute législation, vous devez parler aux gens, aux propriétaires des terres, les membres des Premières Nations, et ensuite vous saurez si vous allez avoir une incidence sur nos droits. Je ne sais pas comment ils pensaient. Il est très regrettable que le système de justice ait encore une fois laissé tomber les Premières Nations. »

Il les a défiés en disant : « Nous sommes toujours là. Ils nous ont placés dans des pensionnats indiens, ils ont essayé de sortir l'Indien de nous. Cela ne s'est pas produit et nous sommes toujours là. Nous serons toujours là pour aller de l'avant. Merci, Canada, vous venez de rendre notre peuple plus fort, merci pour cela. »

Le chef Archie Waquan a déclaré que la décision n'était pas la fin de leur combat pour défendre les droits issus de traités, qui pourrait comprendre renvoyer la question devant les Nations unies, le Canada étant un signataire de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones.

La décision de la cour signifie que les nations autochtones ne disposent d'aucun recours juridique tant qu'un projet de loi n'est pas devenu loi. Alors seulement, si la nouvelle loi peut avoir un impact négatif sur les droits ancestraux ou issus de traités, une nation autochtone peut-elle contester la loi devant les tribunaux.

Les arguments avancés par la majorité des juges nient que les nations autochtones sont des peuples souverains dotés de droits qui leur appartiennent du fait qu'ils existent. Ils nient le fait que les traités ont été signés par des peuples souverains sur la base de nation à nation.

La conception selon laquelle l'honneur de la Couronne doit être contrebalancé par la souveraineté du Parlement ne reconnaît pas que les traités sont négociés de nation à nation et ne reconnaît pas les lois et les institutions de gouvernance des Premières Nations. Le Canada a besoin d'une nouvelle constitution fondée sur cette reconnaissance et le droit de tous les Canadiens, Québécois et peuples autochtones, d'exercer le pouvoir décisionnel souverain.

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À titre d'information

Qu'ont dit les juges

La cour a rejeté l'appel de la première nation crie Mikisew dans un jugement unanime selon lequel la Cour d'appel fédérale n'avait pas compétence pour faire l'objet d'un examen judiciaire, car la définition de « la Couronne » dans la Loi sur les cours fédérales ne s'applique que lorsque la Couronne exerce des fonctions exécutives. Lorsque l'exécutif - le premier ministre et le Cabinet - exerce des fonctions liées à la législation à soumettre au Parlement, ces actes sont à l'abri d'un contrôle juridictionnel.

Une majorité de juges sont allés beaucoup plus loin. Ils ont statué que « L'obligation de consulter découle de l'honneur de la Couronne, un principe fondamental du droit des autochtones qui régit la relation entre la Couronne et les peuples autochtones. Elle oblige la Couronne à consulter les peuples autochtones avant de prendre des mesures susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur les droits protégés par l'art. 35 de la Loi constitutionnelle de 1982 qu'ils revendiquent ou dont l'existence a été établie, en plus de garantir que la Couronne agit honorablement en l'empêchant d'agir unilatéralement d'une façon qui porte atteinte aux droits visés à l'art. 35. Bien que l'obligation de consulter ait été reconnue dans divers contextes, il a été jugé que la conduite de la Couronne suffisante pour déclencher cette obligation englobe uniquement les actes accomplis par l'exécutif, ou en son nom. »[1]

Plusieurs juges ont indiqué qu'il serait sage que les gouvernements entament des consultations lorsqu'une législation est susceptible d'avoir une incidence sur les « groupes » autochtones, mais ils ne sont pas obligés de le faire.

Trois juges font référence à des précédents pertinents qu'ils ont commentés en partie : « Quand une loi est adoptée, les parties qui soutiennent qu'elle a pour effet de porter atteinte aux droits protégés par l'art. 35 disposent de recours fondés sur le cadre d'analyse relatif à l'atteinte et à la justification exposé dans l'arrêt R. c. Sparrow, [1990] 1 R.C.S. 1075. Celles qui prétendent qu'une décision prise par le gouvernement en vertu du pouvoir que lui confère cette loi nuira à un droit qu'elles revendiquent peuvent invoquer l'obligation de consulter reconnue pour la première fois dans l'arrêt Nation haïda c. Colombie-Britannique (Ministre des Forêts), 2004 CSC 73, [2004] 3 R.C.S. 511. Lorsque surviennent de nouvelles situations où il faut adapter ou étendre la jurisprudence existante, les tribunaux constituent un moyen de faire évoluer le droit davantage. Le besoin de le faire n'a toutefois pas été démontré au vu des faits de l'espèce. »

Les juges Rosalie Abella et Sheila Martin ont été en dissidence par rapport à la décision majoritaire sur ce qu'il fallait faire pour « préserver l'honneur de la Couronne ». Abella écrit :

L'honneur de la Couronne régit la relation qui unit le gouvernement du Canada et les peuples autochtones. Ce principe fait naître une obligation de consulter applicable à toutes les mesures gouvernementales envisagées susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur les droits ancestraux et issus de traités, revendiqués ou établis, y compris aux mesures législatives.

L'honneur de la Couronne est toujours en jeu lorsque cette dernière transige avec les peuples autochtones, que ce soit en exerçant ses pouvoirs législatifs ou ses pouvoirs exécutifs. Il s'agit d'un impératif constitutionnel qui donne naissance à des obligations de la Couronne que les tribunaux sont appelés à faire respecter. Lorsque le gouvernement envisage une mesure susceptible d'avoir un effet préjudiciable sur des droits ancestraux ou issus de traités, l'honneur de la Couronne fait naître une obligation de consulter et d'accommoder. Cette obligation de consulter est plus qu'un simple moyen de respecter le principe de l'honneur de la Couronne. Il ne s'agit pas de savoir si l'obligation de consulter convient dans les circonstances, mais de savoir si l'obligation de consulter s'applique à la décision.

Comme l'honneur de la Couronne imprègne l'ensemble des rapports du gouvernement avec les peuples autochtones, l'obligation de consulter doit s'appliquer à l'exercice de tous les pouvoirs qui sont assujettis à un examen fondé sur l'art. 35. Ces pouvoirs comprennent l'adoption des lois. Cette conclusion découle de l'évolution jurisprudentielle de l'obligation de consulter, qui est passée d'un aspect de l'analyse de l'atteinte et de la justification dans l'arrêt R. c. Sparrow, [1990] 1 R.C.S. 1075, à une obligation indépendante dans Nation haïda c. Colombie-Britannique (Ministre des Forêts), 2004 CSC 73, [2004] 3 R.C.S. 511. N'étant plus limitée au contexte de la justification, l'obligation de consulter fait désormais partie du cadre juridique essentiel du droit des Autochtones et exige une consultation chaque fois que des mesures sont susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur les droits revendiqués ou établis qui sont protégés par l'art. 35. Cette approche reconnaît que la sphère législative n'échappe pas au principe de l'honneur de la Couronne. Approuver une telle lacune dans le principe de l'honneur de la Couronne créerait également un vide dans le cadre d'analyse régissant l'art. 35, laissant les titulaires de droits ancestraux vulnérables aux mêmes objectifs gouvernementaux réalisés grâce à des mesures législatives plutôt qu'exécutives.

Même si les concepts de souveraineté et de privilège parlementaires sont fondamentaux pour assurer que la branche législative du gouvernement soit en mesure de s'acquitter de son travail sans interférence indue, ils ne peuvent pas supplanter le principe de l'honneur de la Couronne. Les questions soulevées par le présent appel exigent que la Cour concilie la protection du processus législatif contre l'interférence des tribunaux et la protection des droits autochtones contre le processus législatif, plutôt que de choisir entre elles. Le droit des groupes autochtones d'être consultés quant aux décisions susceptibles d'avoir un effet préjudiciable sur leurs intérêts n'est pas simplement politique. Il s'agit d'un droit juridique ayant force constitutionnelle. Les décisions qui préconisent une protection contre l'ingérence dans le processus parlementaire doivent donc être interprétées dans le contexte d'une obligation qui ne constitue pas seulement un impératif constitutionnel, mais qui consiste en une reconnaissance des limites de la souveraineté de la Couronne elle-même. La souveraineté parlementaire ne saurait être interprétée de manière à écarter des obligations découlant de l'honneur de la Couronne. Comme tous les principes constitutionnels, la souveraineté parlementaire doit être mise en balance avec d'autres aspects de l'ordre constitutionnel, dont l'obligation de consulter. »

Un juge a déclaré que « Tout ce qu'un citoyen canadien peut exiger, sur le plan procédural, c'est qu'un projet de loi fasse l'objet de trois lectures à la Chambre des communes et au Sénat et qu'il reçoive la sanction royale. »

Note

 1. Toutes les citations proviennent de la décision dans la cause Mikisew Cree First Nation c. Canada (Gouverneur général en conseil), 2018-10-11, SCC2018-40, cause no 37441.

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La Première Nation crie Mikisew

La Première Nation crie Mikisew (PNCM) est située dans le nord-est de l'Alberta. Le delta Paix-Athabasca, qui se trouve au centre de leurs terres traditionnelles, constitue un écosystème unique dans lequel les Cris Mikisew vivent depuis des temps immémoriaux.

Les terres traditionnelles de la Première Nation crie Mikisew s'étendent sur une grande partie de la région où les gisements de sables bitumineux de l'Athabasca ont été découverts. La Première Nation crie Mikisew partage ce territoire avec quatre autres Premières nations qui composent le conseil tribal de l'Athabasca.

Les Cris Mikisew ont signé le Traité no 8 en 1899. L'histoire orale, y compris des entretiens avec des peuples autochtones encore en vie au moment de la signature des traités nos. 6, 7 et 8, a clairement montré que le Traité no. 8 n'était pas un traité de cession de terres, mais un accord de nation à nation de partager la terre avec les colons. Cependant, la Cour suprême et les gouvernements successifs continuent d'affirmer qu'en créant le Traité no. 8, les Premières Nations ont cédé 840 000 kilomètres carrés de l'actuel nord de l'Alberta, du nord-est de la Colombie-Britannique, du nord-ouest de la Saskatchewan et du sud des Territoires du Nord-Ouest. En 1986, les Cris Mikisew ont signé avec le Canada les droits fonciers reconnus par le traité, qui ont créé plusieurs réserves dans et autour de la région de Fort Chipewyan et dans la région située au nord du lac Athabasca.

La mise en valeur massive des sables bitumineux dans la région de la basse Athabasca a considérablement modifié certaines parties de leur territoire traditionnel, ainsi que le barrage W.A.C. Bennett.

Le parc national Wood Buffalo, situé directement au nord des sables bitumineux d'Athabasca, fait partie du territoire traditionnel des Mikisew et des autres Premières Nations cries et dénés. Il a été découpé dans le territoire du Traité no. 8. Le parc couvre 44 807 kilomètres carrés et est le deuxième plus grand parc national au monde. La réserve Mikisew est située dans le parc.

En 2005, la Première Nation crie Mikisew a remporté un procès historique devant la Cour suprême du Canada, selon lequel la Couronne devait mener des consultations sérieuses et prendre en compte les préoccupations des autochtones avant de prendre des décisions importantes qui affectent les droits reconnus dans le Traité. La décision Mikisew Cree First Nation c. Canada (ministre du Patrimoine canadien ), 2005 CSC69 a contraint le gouvernement fédéral et Parcs Canada à mener des consultations sur la construction de routes dans le parc national Wood Buffalo. En 2000, le gouvernement fédéral a approuvé la construction d'une route d'hiver, traversant la réserve sans aucune consultation. La PNCM a également contesté le fait que BC Hydro n'ait pas tenu compte des répercussions du barrage de Site C sur le delta Paix-Athabasca et a demandé une révision judiciaire de l'approbation du site C par le gouvernement fédéral.

La PNCM n'a pas d'égale dans la défense de l'intégrité du parc au nom de tous les peuples autochtones, des Canadiens et de la Terre Mère. Le parc est un site du patrimoine mondial de l'UNESCO. L'UNESCO souligne:

« Le parc national Wood Buffalo est un exemple exceptionnel de phénomènes écologiques et biologiques permanents qui comprend certaines des plus vastes prairies d'herbe et de carex vierges en Amérique du Nord, et qui abrite le plus gros troupeau de bisons des bois du monde, une espèce menacée. Les vastes étendues de forêt boréale constituent également un habitat vital pour une grande diversité d'autres espèces, dont la grue blanche, en voie de disparition. L'évolution continue d'un vaste delta intérieur d'eau douce, de plaines salées et de karsts gypseux ajoute aux valeurs exceptionnelles du parc. » C'est aussi la plus grande réserve de ciel étoilé au monde.

En 2014, la PNCM a présenté une pétition au Comité du patrimoine mondial en 2014 demandant que le parc soit ajouté à la liste des sites du patrimoine mondial en péril, ce qui a conduit le Comité du patrimoine mondial à demander officiellement au Canada d'élaborer un plan d'action pour le site du patrimoine mondial du parc national Wood Buffalo. Onze nations autochtones participent maintenant à l'élaboration du plan pour Wood Buffalo.

À l'heure actuelle, la plupart des membres de la Première Nation crie Mikisew résident à Fort McMurray, à Edmonton, à Fort Smith, Territoires du Nord-Ouest, et à Fort Chipewyan.

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La nation Heiltsuk intente un procès contre
le gouvernement et Kirby Corporation à l'occasion du deuxième anniversaire de la marée noire


Manifestation organisée par la nation Heiltsuk pendant la visite de Marc Garneau
en novembre 2016, peu après que le remorqueur Nathan E. Stewart se soit échoué
sur leur territoire

À l'occasion du deuxième anniversaire du naufrage du Nathan R. Stewart, les chefs heiltsuk ont entamé une procédure civile à la Cour suprême de la Colombie-Britannique. Le Nathan E. Stewart, un remorqueur-chaland, s'est échoué le 13 octobre 2016. Il a coulé et a déversé 110 000 litres de carburant diesel et d'autres polluants dans les eaux de Gale Pass, près de Bella Bella.

Le territoire des Heiltsuk est situé au centre de la forêt tropicale de Great Bear, et on y trouve d'immenses régions terrestres et marines, y compris des eaux côtières le long de Goose Island Group and Banks, Campbell Island, et Bella Bella, ainsi que vingt-trois réserves.

La nation Heiltsuk demande un dédommagement pour la perte de récoltes commerciales de ressources marines et pour la violation des droits autochtones liés à l'alimentation et à l'importance sociale et cérémoniale des ressources marines — des facteurs qui ne sont pas compris dans le cadre actuel des responsabilités liées au déversement. La poursuite compte soulever des questions fondamentales, telles que le titre ancestral aux fonds marins et aux littoraux, le cadre d'intervention national et provincial, et l'obligation de consulter les nations autochtones touchées par les déversements. Les Heiltsuk font valoir que dans le cadre actuel d'intervention suite à un déversement, le pollueur ainsi que le gouvernement ne sont pas tenus entièrement responsables des répercussions des déversements d'hydrocarbures sur les droits autochtones, qui sont protégés par la constitution. La nation Heiltsuk demandera aux tribunaux d'évaluer la constitutionnalité du régime actuel de responsabilités liées aux déversements d'hydrocarbures.

« Si je ne suis pas en train de faire les récoltes dans Gale Pass pour nourrir ma famille, j'y travaille en tant que pêcheur commercial, ce qui me permet de gagner un revenu pour soutenir ma famille — et nous sommes plusieurs », dit Robert Johnson, pêcheur et intervenant volontaire suite au déversement d'hydrocarbure. « En dépit de notre grande dépendance envers Gale Pass, les gouvernements de la Colombie-Britannique et du Canada ainsi que le pollueur Kirby ne sont pas du tout intéressés à s'informer des répercussions de ce déversement sur la santé de notre communauté, de l'environnement et de notre économie. »

Lors du procès, on cherchera aussi à examiner les actions illégales de la compagnie américaine de remorqueurs-chalands, par exemple le fait que seulement une personne était au poste de guetteur alors que normalement il doit y en avoir deux.

Gale Creek et la région marine près de l'île Athlone sont un riche écosystème dont vivent traditionnellement les Heiltsuk au moyen de pratiques durables. La région est riche en espèces propices à l'alimentation des Heiltsuk mais aussi à des fins sociales, cérémoniales et commerciales. Pas moins de 25 espèces comestibles étaient récoltées dans la région, y compris des récoltes commerciales de palourdes japonaises, d'oursin rouge géant, de concombre de mer, de saumon et d'oeufs de hareng sur varech. Pendant deux ans la nation Heiltsuk a mené une enquête indépendante sur les causes du déversement, de l'intervention et des répercussions. Lorsqu'il a annoncé la poursuite judiciaire lors du premier anniversaire, le premier répondant et chef héréditaire Harvey Humchitt a dit : « Les représentants du gouvernement se rendent partout dans la province, au pays et dans le monde pour y prêcher la réconciliation et les relations nation à nation avec les Premières Nations. Pendant ce temps, chez nous, ils ne répondent pas à nos appels ni à nos courriels, ils ne nous invitent pas à leurs réunions et ils ignorent nos droits. Si c'est aux tribunaux d'expliquer que cette façon de faire n'a rien à voir avec les relations nation à nation et la réconciliation, ainsi soit-il. »

Le conseiller en chef Slett a affirmé : « La préparation du procès est en soi une énorme réalisation puisque le Canada, la Colombie-Britannique et Kirby ont rejeté ou ignoré nos demandes d'information, de consultation et de soutien. Nous espérons que ce procès établira un nouveau précédent pour les interventions suite aux déversements pour la province et pour le pays. Je ne souhaiterais à personne ce que nous avons vécu depuis deux ans. »

L'enquête a confirmé que les Heiltsuk avaient réagi immédiatement et avaient tout fait pour limiter l'expansion du déversement. Par contre, la réaction de la Garde côtière et du monopole agissant au nom de Kirby a été lente et chaotique, notamment en raison de l'absence d'un poste de commandement sur le site. Lorsqu'enfin les barrages flottants sont arrivés, il y en avait très peu et ils ne pouvaient résister à la puissance des courants. Les autres équipements de confinement étaient inefficaces et ont dû être retirés. Les répondants Heiltsuk n'ont reçu aucune instruction ni équipement de sécurité.

Les conséquences des insuffisances dans l'intervention suite au déversement ont été dévastatrices, et cela comprend la perte totale de la pêche commerciale aux palourdes qui est fermée depuis le déversement. « Lorsque le Nathan E. Stewart a coulé, il a emporté avec lui notre gagne-pain, nos pêcheries de palourde, et une grande partie de ce qui fait qu'ici c'est chez nous », a dit le chef ancestral et premier répondant Harvey Humchitt. « C'était pénible de constater l'ampleur des dégâts suite au déversement pendant que nous attendions de l'appui et des approvisionnements. C'était encore plus pénible de constater que les équipes et le matériel, une fois arrivés, étaient désorganisés, inefficaces et, finalement, incapables de protéger nos eaux et nos territoires. »

Les Heiltsuk affirment que les efforts pour se remettre de ce désastre ont ravivé leurs intentions de tracer une voie différente, durable et juste dans les moments difficiles, se fondant sur les lois ancestrales et des pratiques de gestion des écosystèmes enracinées dans les connaissances transmises par 700 générations. « Depuis le début des temps, nous avons suivi Ǧviḷás, la loi ancestrale des Heiltsuk. Celle-ci nous explique comment équilibrer la santé de l'eau et de la terre et les besoins de notre peuple et de veiller à ce qu'il y ait toujours amplement de ressources. Aujourd'hui, Gale Pass est en danger à cause des agissements du Canada, de la Colombie-Britannique et de Kirby. Notre loi a été violée et notre démarche judiciaire aujourd'hui auprès de la Cour suprême de la Colombie-Britannique est notre garantie que nous allons les en tenir responsables », a dit Frank Brown, chef héréditaire Heiltsuk.

Tandis que le gouvernement se sert de ses pouvoirs policiers au service des monopoles, la loi Heiltsuk est conforme à la nécessité d'humaniser l'environnement social et naturel. Elle reconnaît que nous venons de la Terre Mère et que nous devons la protéger. Contrairement au pouvoir des oligarques motivés par leur soif de profit et leurs intérêts étroits, la loi Heiltsuk est la reconnaissance et l'activité consciente pour équilibrer les besoins du peuple et la protection de l'environnement naturel dont nous sommes issus.

LML appelle tous les Canadiens à appuyer de tout coeur la nation Heiltsuk. Sa souveraineté, ses droits ancestraux et ses lois doivent être reconnus et une nouvelle relation basée sur le droit international reconnu d'autodétermination doit être établie. Vous pouvez consulter le rapport de la décision de la nation Heiltsuk ici (en anglais).

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La nation Asubpeeschoseewagong Anishinabek (Grassy Narrows) affirme son droit d'être


Les Grassy Narrows organisent des barrages routiers depuis 2002 pour empêcher la coupe
des arbres sur leurs terres. Ci-dessus : un barrage de 2006.

Le mercredi 10 octobre 2018, les Asubpeeschoseewagong Anishinabek Aaki (Première Nation de Grassy Narrows du Traité no. 3) ont publié une déclaration territoriale, qui interdit toute exploitation forestière étrangère sur leur territoire traditionnel et affirme leur droit de prendre des décisions souveraines concernant l'utilisation de leurs terres et territoires. Les Asubpeeschoweewagon font partie des 26 Premières Nations du nord-ouest de l'Ontario et des deux Premières Nations du sud-est du Manitoba, soit environ au total 25 000 personnes autochtones, qui ont signé le Traité no. 3.

La déclaration publiée par le chef et le conseil s'appuie sur un référendum communautaire tenu en 2015 et constitue un « document collectif affirmant les droits des autochtones, plutôt que d'attendre que le gouvernement ou les tribunaux le lui accordent. Ce faisant, la Première Nation de Grassy Narrows promulgue sa souveraineté inhérente ».

La déclaration est une réponse directe aux projets du gouvernement ontarien des progressistes-conservateurs d'ouvrir le secteur du nord de l'Ontario à l'industrie, en particulier une autre décennie d'exploitation forestière dans les forêts qui sont sous la tutelle de la Première Nation de Grassy Narrows.

La déclaration fait suite à plus de 150 ans d'abus commis par l'État canadien qu'ont vécu les peuples autochtones du Traité no. 3, depuis la signature du traité le 3 octobre 1873 entre les Saulteaux ojibways et la Couronne.

Lorsque les Saulteaux ojibways ont négocié ce traité, ils l'ont fait en tant que partie égale et souveraine avec la Couronne. Les peuples autochtones des terres visées par le Traité no. 3, y compris la Première Nation de Grassy Narrows, affirment que, bien que leurs ancêtres qui ont signé le traité aient consenti à partager leurs terres et leurs ressources naturelles, ils n'ont pas cédé leurs terres à la Couronne et leur souveraineté en tant que nations indépendantes.

En revanche, le but de la Couronne dans les négociations de traités était de revendiquer les terres et les ressources des Saulteaux ojibways. En 1888, dans l'affaire St. Catherines Mills c. The Queen, un conflit de compétences opposant le gouvernement de l'Ontario et le gouvernement du Canada concernant l'octroi de permis d'exploitation forestière à des entreprises de sciage privées sur le territoire du traité no. 3, le Conseil privé en Angleterre, la plus haute cour d'appel, a souligné que, bien que les peuples autochtones aient un titre ancestral sur les terres, il s'agissait « d'un droit personnel et usufruitier (c'est-à-dire limité), qui dépend de la bonne volonté du souverain ».

Il convient de noter que par la défense de leur souveraineté - en résistant à l'empiétement de leurs terres et de leurs ressources traditionnelles, en se livrant à des batailles juridiques, en organisant pour empêcher depuis 2002 que les camions forestiers pénètrent sur leur territoire, en risquant d'être arrêtés et emprisonnés - les Asubpeeschoseewagong Anishinabek ont également défendu les intérêts de la classe ouvrière et du peuple canadiens en s'opposant au pillage par les monopoles étrangers et nationaux des ressources appartenant aux peuples autochtones et à tous les Canadiens.

Dans une lettre ouverte adressée en janvier 2007 à la gouverneure générale Michaëlle Jean, au premier ministre Stephen Harper, au premier ministre ontarien Dalton McGuinty, à Abitibi Consolidated, à Weyerhaeuser Corporation et à d'autres, le chef et le conseil des Asubpeeschoseewagong Anishinabek dénoncèrent la fermeture de l'usine d'Abitibi à Kenora. Ce qui a « mis à pied des centaines de travailleurs. Avec la fermeture de l'usine, Abitibi a coupé les derniers brins de sa revendication à des droits de coupe sur ces terres. Abitibi a détruit nos forêts et a maintenant violé un contrat de base pour l'exploitation forestière au Canada en abandonnant ses travailleurs. »

Malgré une décision de la Cour suprême à leur encontre en juillet 2014 dans une affaire où la Première Nation de Grassy Narrows avait contesté « la compétence de l'Ontario d'octroyer unilatéralement des licences d'exploitation forestière et d'exploitation minière sur une vaste étendue de terres du Traité no. 3 situées au nord de la rivière English (les terres de Keewatin) » les Asubpeeschoseewagong Anishinabek Aaki n'ont « pas cédé » et, avec la Déclaration territoriale d'octobre 2018, affirment leur détermination à lutter pour leur droit d'être.

Les Asubpeeschoseewagong Anishinabek appellent tous les Canadiens à appuyer ce combat important et courageux pour leurs droits issus de traités et leurs droits héréditaires. Tous les Canadiens épris de paix et de justice doivent être à leurs côtés. Trop c'est trop !

(Sources : www.freegrassy.net, CBC, Toronto Star, www.canadian encyclopedia.ca..)

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À titre d'information

Déclaration des Asubpeeschoseewagong Anishinabek Aaki

Préambule

1. Nous sommes le peuple autochtone de cette terre.

2. Nous aimons notre terre et notre mode de vie.

3. Notre terre et notre mode de vie sont menacés.

4. L'exploitation industrielle des forêts est en train d'aggraver notre crise actuelle du mercure

5. Nous défendons les décisions de notre peuple.

6. Nous déclarons notre territoire anishinabe une aire protégée où s'exerce la souveraineté autochtone. Nous prendrons nos propres décisions et il n'y aura pas d'exploitation industrielle des forêts sur notre territoire anishinabe.

7. Nous exerçons notre droit à l'autodétermination en interdisant certaines utilisations de nos terres sur notre territoire autochtone et en autorisant d'autres.

8. Nous reconstituerons nos moyens de subsistance et nous jouirons à nouveau de notre mode de vie anishinabe.

9. Nous exigeons d'être dédommagés pour nos pertes et d'être soutenus pour de bons emplois afin de guérir notre peuple et notre forêt.

10. Nous ferons respecter notre Déclaration en vertu de notre propre autorité. Nous appelons l'Ontario et le Canada à reconnaître cette Déclaration.

La souveraineté inhérente et les droits qui s'y rattachent

Nous sommes le peuple autochtone de cette terre.

Depuis les temps immémoriaux, nous, les Asubpeeschoseewagong Anishinabek (Première Nation de Grassy Narrows, ANA), avons vécu selon notre mode de vie sur notre territoire anishinabe. En tant que peuple autochtone, nous préservons notre langue, notre culture, notre terre, notre forme de gouvernance et notre spiritualité.

Nous affirmons notre souveraineté inhérente et notre droit inaliénable à l'autodétermination sur notre territoire autochtone. Notre terre et nos droits nous sont donnés par le Créateur et seul le Créateur peut les retirer.

Certains de ces droits sont reconnus en vertu du Traité no. 3, la Loi constitutionnelle de 1982, la Charte canadienne des droits et libertés, des textes législatifs et du common law canadiens, et en vertu de droits humains internationaux dont les conventions sont contraignantes pour le Canada.

La terre et le mode de vie

Nous aimons notre terre et notre mode de vie.

Notre relation avec la terre est notre valeur fondamentale et constitue la base de notre identité en tant que peuple anishinabe. La terre nous soutient et nous permet de vivre pleinement notre mode de vie sain anishinabe — la chasse, la pêche, le trappage et toute forme de cueillette ancestrale — vivant des forêts et des cours d'eau comme nos familles le font depuis d'innombrables générations.

Nous continuons de suivre les enseignements de nos aînés d'assumer nos responsabilités envers la terre et de veiller à ce qu'elle reste saine et qu'elle puisse maintenir des générations de vie à venir. Manaachitootaa Aki — protégez la terre. Nous veillons au maintien de notre terre et elle nous maintient. Nous prenons seulement ce dont nous avons besoin et nous laissons ce qui reste pour nos relations avec le monde des animaux, des plantes, des oiseaux, des poissons et des esprits.

Notre relation avec la terre nous soutient physiquement, mentalement, émotionnellement et spirituellement en tant que peuple anishinabe.

Nous avons besoin de la terre pour survivre en tant que peuple.

Les attaques contre notre terre sont des attaques contre
notre mode de vie

Notre terre et notre mode de vie sont menacés.

Notre souveraineté et nos droits ont été violés de façon répétée par des décisions néfastes imposées à notre peuple par le gouvernement et l'industrie.

Notre mode de vie a été menacé par les pensionnats, les inondations, la délocalisation, la pollution par le mercure et le racisme. Ce qui reste de ce mode de vie est menacée par l'industrie forestière.

Depuis des décennies, l'industrie forestière a causé des dommages à notre territoire anishinabe malgré nos objections. Maintenant, nos poissons sont dangereux, l'orignal et le caribou sont presque disparus, nous avons moins de martres, de riz sauvage et de bleuets. Nos plantes et animaux à des fins médicinales ont été contaminés. En désespoir de cause, nos trappeurs ont trouvé refuge dans les rues des villes où ils sont devenus des sans-abri qui grossissent les rangs des soupes populaires.

Notre capacité traditionnelle de récolter pour nourrir et soutenir nos familles, comme nous l'avons fait pendant des millénaires est en péril. Cela menace de mettre fin à notre existence même en tant que peuple. Nous ne pouvons plus accepter cela.

Nous refusons de regarder passivement pendant que notre forêt et notre avenir disparaissent sous nos yeux, emportés par de gros camions qui transportent les billes de bois. Nous refusons de regarder passivement pendant que des étrangers jalonnent et exploitent des mines sur notre territoire anishinabe.

La crise du mercure

L'industrie forestière aggrave la crise actuelle du mercure.

Après que notre rivière ait été empoisonnée par le mercure de l'usine à papier de Dryden, nous avons tenté de protéger ce qui était encore sain dans notre mode de vie ancestral — nos activités liées à la forêt : la chasse, le trappage, les services de guide et la cueillette. À l'encontre de nos efforts, le gouvernement a intensifié la coupe à blanc et la détérioration de nos forêts, s'en prenant à un autre aspect essentiel de notre mode de vie. Cela a porté un dur coup à notre communauté, qui souffre déjà de l'empoisonnement au mercure.

La coupe à blanc a libéré le mercure qui était retenu en toute sécurité dans le sol des forêts, augmentant davantage les niveaux de mercure dans nos lacs, nos rivières et nos poissons.

La coupe à blanc a intensifié notre crise du mercure qui perdure depuis plus de cinq décennies. Une plus grande industrie forestière exacerberait davantage notre crise actuelle.

Notre affirmation

Nous défendons les décisions de notre peuple.

Depuis plusieurs décennies nous avons tenté de faire respecter nos droits et notre mode de vie sur notre territoire anishinabe. Nous avons constamment exprimé nos préoccupations et avons travaillé de bonne foi, mais nous avons vu très peu de progrès. Nous savons qu'il y a d'autres projets de coupe à blanc à l'horizon.

Nous affirmons notre moratoire du 17 janvier 2007 sur toute future activité industrielle dans notre territoire autochtone. Nous n'avons pas accordé notre consentement à l'industrie forestière de venir sur notre terre et notre moratoire tient toujours.

Nous respectons le référendum mené auprès de notre communauté en septembre 2015 où nous avons décidé qu'il n'y aurait plus d'exploitation industrielle des forêts sur notre territoire anishinabe. Nous allons honorer et appliquer cette directive de notre peuple.

Notre déclaration

Nous déclarons notre territoire anishinabe une aire protégée où s'exerce la souveraineté autochtone.

Nous prendrons nos propres décisions, nous déterminerons notre propre avenir et comment nous allons traiter notre territoire autochtone.

Il n'y aura pas d'exploitation industrielle de la forêt sur notre territoire anishinabe.

Nous appelons le gouvernement de l'Ontario à empêcher les activités de Planification de la gestion forestière et le jalonnement minier sur notre territoire anishinabe et à annuler tout engagement d'approvisionnement de bois à partir de notre territoire anishinabe, décisions qui ont été prises sans notre consentement. Nous exigeons que le gouvernement de l'Ontario retire de l'exploitation forestière (les zones ontariennes disponibles à l'industrie forestière) le secteur de la forêt Whiskey Jack situé sur le territoire anishinabe.

Nous appelons Weyerhaeuser Corporation, Kenora Forest products, Domtar et toutes les autres compagnies à s'engager sans équivoque à ne pas utiliser et à ne pas vendre le bois du territoire anishinabe.

Utilisation des terres

Nous exerçons notre droit à l'autodétermination d'interdire certaines utilisations de nos terres sur notre territoire autochtone et d'en autoriser d'autres.

A) Nous interdisons les utilisations suivantes de nos terres sur notre territoire anishinabe :

-L'exploitation industrielle de la forêt
-L'approvisionnement des usines à papier
-La coupe par des individus venus de l'extérieur
-Le jalonnement et l'exploitation minière
-Les barrages hydroélectriques
-L'extraction et le transport d'hydrocarbures
-L'extraction de la biomasse
-L'exploitation minière, le transport, l'entreposage et l'élimination de matériel radioactif
-Tout autre usage qui n'a pas le consentement libre, éclairé et informé de l'ANA

B) L'utilisation suivante par notre peuple est autorisée sur notre territoire anishinabe :
-Toute cueillette traditionnelle y compris la chasse, la pêche et le trappage
-La cueillette de bois de chauffage
-La construction de cabanes, de maisons, de camps et de quais
-La fabrication de raquettes, de tikinagen, de canoës et d'autres produits traditionnels
-Une coupe sélective à petite échelle pour notre propre usage
-La récolte de plantes et d'animaux à des fins médicinales, alimentaires, cérémoniales, ou pour offrir en cadeau, etc.
-La récolte durable de plantes et d'animaux pour la vente (par exemple, les fourrures, le poisson, les thés, le riz sauvage, etc.)
-Les activités liées aux sueries et à des camps
-L'entretien de routes, de ponts, de sentiers, de ponceaux, de quais de débarquement, de camps, de portage, etc., appartenant à ANA par le peuple ANA et nos assistants

C) Les utilisations suivantes sont autorisées sur notre territoire anishinabe en vertu d'un permis octroyé par l'ANA :
-Le déplacement dans la région
-La chasse, la pêche, les excursions de bateau et le camping par des personnes non ANA
-Les camps et les cabanes pour la pêche, la chasse, le tourisme, la guérison et la récréation par des personnes non-ANA
-L'écotourisme
-Les études et les enquêtes scientifiques
-L'assainissement et la remise en bon état

Une économie culturelle durable

Nous allons prendre des mesures pour raviver nos moyens de subsistance et jouir pleinement à nouveau du mode de vie anishinabe.

Depuis de nombreuses générations nous avons été une nation vitale et autosuffisante. En tant que peuple, nous réaffirmons notre résilience et notre détermination à réclamer notre santé et notre mode de vie. Nous cherchons à contrôler notre territoire afin de guérir et de reprendre ce que nous avons perdu en termes de santé, de culture, de moyens de subsistance et d'environnement.

Nous gérerons notre faune, nous émettrons des permis, nous surveillerons, maintiendrons, conserverons, remettrons en bon état et ferons respecter pour veiller à une utilisation appropriée de notre territoire anishinabe et pour rétablir la santé de notre forêt. Nous allons créer du travail pour notre peuple, un travail en harmonie avec notre système de croyances et notre relation sacrée avec notre territoire anishinabe. Nous accueillerons des invités sur notre territoire selon les conditions ahinabe. Nous guérirons nos forêts et nos cours d'eau. Nous jouirons à nouveau du mode de vie anishibabe.

Pour qu'il y ait réconciliation, le Canada et l'Ontario doivent nous appuyer dans la reconstruction au sein de notre territoire anishinabe de nos moyens de subsistance durables et harmonieux sur le plan culturel.

Réconciliation, rétablissement et dédommagements

Nous exigeons d'être dédommagés pour les pertes et demandons de bons emplois afin de guérir notre peuple et notre forêt.

Depuis plusieurs siècles, nous partageons la terre avec d'autres. Mais le gouvernement et l'industrie ont abusé de notre générosité et ont agi de manière irresponsable. Ils nous ont pris et ont dégradé notre territoire en toute impunité. Nous en avons grandement souffert.

Nous réclamons un nouvel avenir dans lequel les normes d'attention les plus strictes sont appliquées pour éviter de nouveaux impacts négatifs sur notre terre et notre peuple et pour réparer ce qui a été brisé. Pour progresser dans le bon sens, il faut que les erreurs du passé soient corrigées.

La réconciliation commence par reconnaître et réparer les dommages causés et continuer à appuyer notre vision de notre avenir. Cela exige de rétablir nos droits et de dédommager pour nos pertes.

Ensemble, nous devons rétablir le respect de notre souveraineté, notre rôle de gardiens de nos terres, de la santé de nos forêts et de nos voies navigables, l'abondance de nos espèces sauvages et de nos pêcheries, la force de notre mode de vie, nos moyens de subsistance et notre santé.

Nous demandons d'être dédommagés pour compenser les torts causés à notre peuple et à notre environnement par des décennies d'exploitation forestière contre notre volonté. Environ 20 millions d'arbres ont été enlevés de notre territoire anishinabe contre notre volonté depuis 20 ans.

Faire respecter

Nous ferons respecter notre déclaration sou notre propre autorité. Nous appelons l'Ontario et le Canada à reconnaître notre déclaration.

Nous invitons l'Ontario et le Canada à se joindre à nous autour d'une nouvelle table pour reconnaître et mettre en oeuvre cette déclaration sous notre leadership. Nous pouvons marcher ensemble sur un nouveau chemin.

Nous appelons les gouvernements du Canada et de l'Ontario à respecter notre déclaration au moyen d'une législation et à nous soutenir pour prendre soin de notre territoire anishinabé et le remettre en bon état, ainsi que pour rétablir notre mode de vie anishinabe.

Nous appelons toutes les entreprises et tous les citoyens à respecter notre déclaration.

Nous appelons toutes les nations à se joindre à nous pour affirmer et faire respecter notre souveraineté et la présente déclaration sur notre territoire anishinabé.

Nous sommes impatients de travailler avec vous pour concrétiser la volonté de notre peuple.

Si vous ne respectez pas cette déclaration, nous n'aurons d'autre choix que de prendre des mesures pacifiques, avec le soutien de nos alliés, dans les forêts, les marchés, les législatures, les rues et les tribunaux pour faire valoir notre souveraineté et nos droits en tant que peuple autochtone de ce pays.

Gaa Ki Ki Ke Kamik.

Amendement

Cette déclaration est irrévocable mais elle peut être modifiée, si nécessaire, par un référendum approprié (75 % + 1 des voix favorables et une participation de 50 % ou plus des électeurs admissibles) tenu parmi la communauté et un quorum du Conseil.

Signé par :

Le chef et le conseil des Asubpeeschoseewagong Netum Anishinabek

(Le 10 octobre 2018)

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Le nouveau gouvernement du Québec intensifie l'offensive antisociale

Quand la négation des droits est présentée
comme la défense des droits

L'anniversaire de la proclamation de la Loi sur les mesures de guerre est une occasion appropriée de parler de la clause de dérogation de la Charte canadienne des droits et libertés que le gouvernement Legault menace d'utiliser. Le nouveau premier ministre a annoncé qu'il invoquera cette clause pour faire adopter d'ici un an une loi sur les signes religieux qui contreviendrait à la Charte et serait contestée devant les tribunaux. Il dit que c'est nécessaire pour défendre les droits et le Québec en tant que « société distincte ».

La clause de dérogation est l'article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés, aussi appelée « clause nonobstant ». La charte elle-même est la première partie de la Loi constitutionnelle de 1982, la constitution « rapatriée » du gouvernement de Pierre Elliott Trudeau qui entre autres choses ne reconnaît pas les droits ancestraux et issus de traités des peuples autochtones ni le droit du Québec à l'autodétermination. C'est sans compter que le Québec ne l'a jamais signée.

On tente ainsi de diviser le corps politique entre ceux qui défendent la Charte canadienne des droits et libertés et la conception des droits qu'elle contient, et ceux qui veulent invoquer la clause dite « nonobstant » au nom de la défense des droits du Québec, selon l'idée que c'est une société distincte. Bref, personne ne parle des droits que nous avons besoin de reconnaître dans une société moderne du XXIe siècle, sans parler de ce que devrait être un État de droit.

Il faut savoir que cette Charte des droits et libertés contient une clause qui stipule que tous les droits et libertés officiellement reconnus sont soumis à des « limites raisonnables ». Aujourd'hui ces limites sont utilisées de plus en plus par les pouvoirs de police dans des cas dits de sécurité nationale. C'est le cas des lois dites de sécurité nationale qui nous soumettent au département de la Sécurité intérieure des États-Unis. Ces « limites raisonnables » sont invoquées également dans le cas des travailleurs qui s'opposent aux lois ou règlements qui invalident certaines clauses de leurs conventions collectives, qui ont pourtant force de loi. Ces lois et règlements portent atteinte à leur liberté d'association et à leur droit de conscience. Les tribunaux tendent en effet à dire que cette imposition respecte la clause des « limites raisonnables ». Ils disent que les exécutifs gouvernementaux — les pouvoirs de police — ont la responsabilité supérieure de prendre des décisions au nom de l'intérêt public, ce que, bien sûr, ils ne font pas car leurs décisions servent les grands intérêts privés.

En ce qui concerne la clause nonobstant, elle n'annule pas la clause sur les « limites raisonnables » de la Charte. Comme ces dernières, elle est un mécanisme de prérogative des pouvoirs exécutifs pour violer les droits du peuple. La clause nonobstant permet au parlement fédéral ou à une assemblée législative provinciale ou à l'Assemblé nationale au Québec d'adopter des lois qui annulent les droits proclamés par la Charte, tels qu'ils se retrouvent à l'article 2 ou aux articles 7 à 15 de cette charte. Elle permet l'annulation essentiellement de tous les droits proclamés dans la Charte sauf le droit de vote et la limite de cinq ans par mandat pour les gouvernements fédéral et provinciaux.

Avec cet exercice de désinformation à propos d'une loi sur les signes religieux, le nouveau gouvernement du Québec prépare les conditions d'un conflit fratricide alors que la situation requiert l'unité du peuple entier contre les institutions démocratiques archaïques qui ne sont pas des instruments de défense des droits du peuple et ne sont pas contrôlées par lui. La situation montre la nécessité de s'opposer aux mesures de la classe dirigeante qui privent le peuple de son droit et de sa capacité de déterminer lui-même, selon ses propres considérations, sa conduite en tant que nation moderne.

C'est absurde de dire qu'on peut défendre une société au moyen d'une constitution qui considère les droits comme des privilèges pouvant être retirés suivant les caprices du chef du parti au pouvoir, que ça soit au niveau fédéral ou au niveau provincial.

Tous ceux qui se préoccupent de l'avenir du Québec et du Canada doivent dénoncer cette manoeuvre, peu importe où ils se situent sur l'échiquier politique et quelles que soient leurs convictions idéologiques, leurs croyances religieuses ou autres.

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Les arguments non fondés du premier ministre

Deux jours après avoir formé un gouvernement « majoritaire » avec 37,4 % des suffrages exprimés, ce qui représente moins de 25 % des électeurs inscrits, le gouvernement Legault a déclaré avoir le mandat d'interdire le port de signes religieux aux personnes en position d'autorité. Par personnes en position d'autorité, il entend les policiers, les procureurs de la couronne, les juges et les gardiens de prison et les enseignants.

Non seulement le premier ministre Legault déclare-t-il avoir obtenu le mandat de procéder de la sorte, mais il dit que cela correspond à un « consensus » qui existerait parmi les Québécois d'en finir avec le port de signes religieux qui causerait un malaise lors de la prestation des services publics.


Manifestation au Saguenay le 30 janvier 2017, une des multiples actions qui ont suivi la tuerie à la mosquée de Québec

Selon le premier ministre, ces employés de l'État seront déplacés vers du travail de bureau s'ils refusent de se dépouiller de ce que le gouvernement appelle leurs signes religieux et, s'ils refusent d'être déplacés de la sorte, ils seront congédiés. Le premier ministre a ajouté qu'il est prêt à invoquer la clause de dérogation qui est l'article 33 de la Charte canadienne des droits et libertés, laquelle fait partie de la Constitution canadienne, pour protéger son éventuelle loi des contestations juridiques.

Le premier ministre ignore et rejette les grands exemples de solidarité sociale donnés par tous les Québécois envers les minorités religieuses et autres. Un des exemples les plus éloquents s'est produit lorsque des personnes ont été tuées et blessées lors de la tuerie à la mosquée de Québec le 29 janvier 2017. Les Québécois, toutes origines confondues, ont exprimé en masse leur appui à la communauté attaquée dans de grands rassemblements à l'échelle du Québec et se sont opposés à toute violence et discrimination contre elle.

Dire que son gouvernement sait ce que pensent les Québécois est sans fondement. Le recours à la politique de diviser pour régner des Britanniques et de n'importe quel voyou opportuniste, pour détourner l'attention du peuple des vrais défis auxquels la société fait face, ne va pas réussir.

Le gouvernement Legault ne représente pas les Québécois quand il s'engage à déposer son projet de loi ignorant et source de division et de diversion des vrais problèmes de la société. Il n'a ni le mandat ni des arguments fondés pour le faire.

(Chantier politique)

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À propos des valeurs et des symboles religieux

Le gouvernement Legault s'est engagé à présenter et à adopter au cours de l'année à venir une loi sur la laïcité qui interdira le port de symboles religieux par ceux qui sont considérés comme étant en position d'autorité dans la fonction publique : policiers, procureurs de la Couronne, juges, gardiens de prison et enseignants. Le premier ministre Legault affirme que son gouvernement a reçu un mandat majoritaire fort et clair lui permettant d'adopter une telle législation, comme toute loi ou mesure qu'il juge appropriée. Le premier ministre dit qu'il répond au consensus qu'il croit, selon lui, exister au Québec et qu'il ne fait qu'exprimer les valeurs des Québécois. Pourtant, selon le premier ministre, il est temps de laisser cette question des symboles religieux « derrière nous ». Les médias monopolisés lui ont fait écho en affirmant qu'une telle loi pourrait avoir pour effet de mettre fin aux tensions qui existent sur cette question parmi la population et résoudre la question une fois pour toutes.

Il s'agit d'un des premiers projet de loi que le gouvernement Legault veut déposer, suite au processus électoral partial et non démocratique que les Québécois viennent de vivre, avec une majorité frauduleuse composée de 37,7 % des suffrages exprimés et de 24,5 % des électeurs inscrits. C'était une élection où toutes les questions électorales étaient définies et imposées par les partis cartellisés à l'Assemblée nationale, leurs agences de marketing privées et les médias monopolisés. Il est révélateur que la première mesure invoquée soit celle dont le but est de provoquer le plus de tension, de division et de diversion possible chez les Québécois. Ce faisant, le gouvernement prépare le terrain pour la privatisation accrue des services publics et la vente accélérée du Québec à des monopoles et oligopoles supranationaux privés au nom de la prospérité.

Cela nous montre à quel point le processus politique actuel est un obstacle à la résolution de tout problème. Cela prive le peuple de tout pouvoir pour décider des questions dans une atmosphère sereine où le peuple discute et met en avant la nécessité de l'unité politique pour résoudre les problèmes de la société. Cette démocratie non représentative doit être renouvelée et remplacée par une démocratie de masse dans laquelle le pouvoir décisionnel est entre les mains du peuple lui-même, comme il se doit, car ce sont ses intérêts et ses droits qui sont en jeu.

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Les Ontariens s'unissent à la défense des programmes sociaux

Les investissements de l'Ontario dans les soins
de santé et les programmes sociaux
- les faits et la fiction


CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS

Le mardi 23 octobre 2018, des Ontariens de toute la province se rendront à Queen's Park pour tenir un rassemblement organisé par la Coalition ontarienne de la santé sous le slogan : « Rebâtir et améliorer les soins de santé publics - interdire les compressions et la privatisation ». Ce rassemblement est l'expression de l'opposition de la population de l'Ontario au programme néolibéral du gouvernement réactionnaire de Doug Ford, qui a engagé EY (anciennement Ernst and Young) pour justifier la privatisation encore plus poussée des services de santé. EY est l'un des quatre monopoles mondiaux qui fournit des services de comptabilité et de conseil néolibéraux aux gouvernements réactionnaires afin de soutenir l'offensive antisociale des riches.

Le Bureau de la responsabilité financière de l'Ontario du gouvernement de l'Ontario a fourni des informations détaillées et actualisées sur la situation financière de la province. Il a notamment publié une analyse actualisée des dépenses en santé de l'Ontario-Hiver 2018. Elle montre que le programme néolibéral a limité les dépenses et déjà considérablement aggravé les conditions de travail et de vie des travailleurs du secteur de la santé en réduisant leurs salaires réels et en obligeant nombre d'entre eux à travailler de plus longues heures pour un salaire inférieur[1].

Mais les faits ne correspondent pas à l'argumentaire et au programme que le gouvernement Ford a imposé pour intensifier l'offensive antisociale. EY a donc été embauché pour produire une histoire appropriée. Le gouvernement Ford, à l'instar du gouvernement libéral avant lui et de tous les gouvernements depuis que Mike Harris a déclaré que l'Ontario est « ouvert aux affaires » en 1995, suit le précepte pragmatique rendu célèbre par Ivanka Trump, qui a tenté de l'attribuer à Albert Einstein : « Si les faits ne correspondent pas à la théorie, il faut changer les faits. »

EY a maintenant terminé son « Examen ligne par ligne des dépenses du gouvernement de l'Ontario de 2002-2003 à 2017-2018 ». Le titre même du rapport trahit sa mission :« Gestion de la transformation -- Un plan d'action pour la modernisation de l'Ontario ». Exercice de relations publiques du gouvernement Ford dès le début pour promouvoir son programme antisocial du gouvernement Ford, le rapport est loin d'être un examen sérieux des finances de l'Ontario qui ne requièrent pas de nouvelles compressions du financement des programmes sociaux et davantage de privatisation.

L'exemple des dépenses consacrées aux programmes sociaux en Ontario suffit à montrer qu'EY sélectionne des faits et les présente de manière intéressée afin de soutenir la théorie néolibérale. L'examen « ligne par ligne » nous apprend que « la part la plus importante se situe dans les 'trois grands' secteurs : Santé, Éducation, Services à l'enfance et Services sociaux et communautaires ». Il utilise ensuite des graphiques en couleur pour montrer que l'Ontario dépense plus en soins de santé que la Colombie-Britannique et le Québec, mais ne remarque pas que ces trois provinces figurent au bas de la liste en ce qui concerne les dépenses de santé par habitant au Canada.

EY découvre également le fait bien connu que ces secteurs de services sont à forte intensité de main-d'oeuvre et, en tant que serviteurs de l'impérialisme, EY considère la valeur de la capacité de travail comme un coût. « Les salaires et les traitements représentent une part importante, et parfois croissante, des dépenses », indique le rapport, et « le nombre d'heures supplémentaires dans les secteurs de la santé et de la sécurité communautaire atteint des niveaux importants et coûte cher, bien qu'il serve à maintenir des niveaux de soins. »

EY rapporte également un autre fait connu sous forme d'avertissement : « la portion des dépenses provinciales allouée aux soins de santé par le gouvernement fédéral a diminué par rapport à ce qu'elle était par le passé et continuera de le faire. » Outre le fait que les gouvernements fédéraux ont des ordres du jour antisociaux néolibéraux similaires à ceux des provinces et refusent de s'acquitter de leurs responsabilités sociales, il s'agit d'un exercice de désinformation visant à priver les gens d'une perspective parce qu'il repose sur l'affirmation qu'il n'y aurait pas d'alternative à la privatisation.

Selon EY, « ce n'est pas, néanmoins, un cas de situation désespérée, mais plutôt une occasion de tirer profit » des avantages d'une « approche numérique », de la transformation de la main-d'oeuvre et d'« optimiser les compétences des fonctionnaires et de réduire les dépenses superflues associées aux heures supplémentaires ».


Piquet à Windsor durant l'élection provinciale en Ontario, le 2 mai 2018, à la défense du droit aux soins de santé

La Coalition ontarienne de la santé a condamné le rapport d'EY et l'objectif du gouvernement. Les travailleurs et leurs organisations exigent une augmentation des investissements dans les soins de santé et les programmes sociaux, pas moins, et certainement pas plus de stratagèmes pour payer les riches.

La Coalition ontarienne de la santé écrit : « La Coalition note que l'Ontario a déjà coupé et réduit ses hôpitaux publics depuis des décennies. En fait, aucune autre province du Canada et pratiquement aucun autre pays développé n'a effectué tant de compressions que cette province. L'Ontario a déjà le plus faible financement pour les hôpitaux publics au pays. Il reste moins de lits dans les hôpitaux que dans toute autre province et l'Ontario enregistre le plus faible niveau de soins infirmiers par patient, avec des taux d'occupation (surpeuplement) dans les hôpitaux qui n'ont pas d'équivalent ailleurs au Canada et en Europe. Ici, les patients sont renvoyés des hôpitaux plus rapidement que dans les autres provinces et, par conséquent, l'Ontario affiche le taux de réadmission à l'hôpital le plus élevé au pays : un patient sur dix finit par revenir à l'hôpital. Le surpeuplement a atteint le seuil de crise et la violence dans les hôpitaux s'est accrue : 30 000 personnes attendent d'être placées dans un établissement de soins de longue durée et les niveaux de soins sont devenus si bas qu'ils ne répondent pas aux besoins. La coalition demande au gouvernement de reconstruire et de rétablir les services, pas d'effectuer des compressions et de privatiser. »

Selon le président du Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario (SCFP—CSHO), Michael Hurley, le rapport d'EY commandé par le gouvernement progressiste-conservateur n'est pas une analyse détaillée du financement des programmes provinciaux. C'est plutôt « l'oeuvre de mercenaires visant à rationaliser les services publics, vendre des actifs provinciaux rentables, imposer des frais aux usagers et accélérer la privatisation. » Il souligne que ce rapport a coûté 500 000 $ à l'État.

Lors des consultations prébudgétaires 2018, l'Association des infirmières et infirmiers de l'Ontario a soumis un mémoire qui dit notamment : « L'AIIO recommande une augmentation de 5,3 % des fonds de fonctionnement des hôpitaux afin de couvrir l'ensemble des coûts liés à l'inflation, à la croissance démographique et au vieillissement, ainsi qu'au renforcement de la demande de services hospitaliers. Nous demandons au gouvernement de mettre en oeuvre un moratoire sur toute érosion ultérieure des emplois infirmiers, ce qui doit comprendre une directive du ministre de la Santé aux hôpitaux de prendre des décisions appropriées en matière de dotation de positions en personnel infirmier, qui ne portent pas atteinte aux soins prodigués aux patients. »

Le rassemblement provincial de la Coalition ontarienne de la santé à Queen's Park, à Toronto, se tient le mardi 23 octobre 2018, de midi à 13 heures, sous le thème: Non ! aux compressions et à la privatisation. Rebâtir et améliorer le système de santé public. Pour plus d'informations, voir

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À titre d'information

Analyse actualisée des dépenses en santé
de l'Ontario pour l'hiver 2018 (extraits)

Voici des extraits du rapport du Bureau de la Responsabilité financière du gouvernement de l'Ontario :

« Le secteur de la santé constitue le poste de dépenses le plus important du budget ontarien. Dans l'exposé annuel d'automne de 2017, les dépenses du secteur sont estimées à 57,9 G$ pour 2017-2018, soit 42 % du total des dépenses de programmes... les deux principaux étant les hôpitaux et l'assurance-santé de l'Ontario, qui représentent ensemble 34,8 G$, ce qui équivaut à 60 % du total pour 2017-2018. » (p. 4)

« Toutefois, après la récession de 2008-2009, limiter la croissance de ces dépenses est devenu une part essentielle du plan du gouvernement de l'Ontario pour atteindre l'équilibre budgétaire en 2017-2018. De 2011-2012 à 2015-2016, les dépenses annuelles en santé ont augmenté de seulement 2,4 % en moyenne. » (p. 5)

« Entre 2011-2012 et 2016-2017, la croissance des dépenses du secteur était invariablement plus lente que celle de ses principaux inducteurs de coûts. » (La croissance de la population, l'effet du vieillissement de la population et l'inflation des coûts sont les trois principaux inducteurs de coûts.) (p.1)

« Depuis 2012, la province a freiné la croissance des dépenses en santé principalement par un gel des subventions de fonctionnement de base des hôpitaux pendant quatre ans, par des gains d'efficience dans les hôpitaux et par des restrictions salariales dans le secteur de la santé. » (p.2)

« Gains d'efficience dans les hôpitaux

« Durant la période de quatre ans allant de 2011-2012 à 2015-2016, la province a gelé les subventions de fonctionnement de base des hôpitaux. [...] De 2012-2013 à 2015-2016, la restriction des subventions des hôpitaux et la réforme du financement ont fait baisser le coût d'un séjour normal à l'hôpital de 1,8 % en Ontario, tandis que la moyenne nationale a augmenté de 5,4 %. Selon l'Association des hôpitaux de l'Ontario, ces économies sont le fruit de gains d'efficience, comme la réduction de la durée des séjours, ainsi que de mesures temporaires comme le report des activités d'entretien et des achats d'équipement. » (p. 17-18)

« Restrictions salariales dans le secteur de la santé

« [...]les restrictions salariales ont joué un rôle important dans le ralentissement des dépenses du secteur. [...] depuis 2012, il a crû plus lentement que le reste de l'économie et n'a pas suivi l'inflation. » (p. 18)

« Depuis 2012, le gel des subventions de fonctionnement de base versées aux hôpitaux et les restrictions salariales ont considérablement modéré la croissance des dépenses en santé. Malgré les dépenses supplémentaires prévues dans le budget de 2017, les dépenses allouées aux hôpitaux et à l'Assurance-santé de l'Ontario devraient progresser moins vite que les principaux inducteurs de coûts connexes. » (p. 19)

Il a été beaucoup question des dépenses supplémentaires dans le secteur de la santé inscrites dans le budget préélectoral de 2017 des libéraux. Là encore, le Bureau de la Responsabilité financière explique en détail que sur les 6,9 milliards de dollars de nouveaux financements cumulés du secteur de la santé budgétisés pour la période de trois ans allant de 2017-18 à 2019-2020, 20 % de ce montant était en réalité un « redressement comptable (1,2 milliard de dollars) qui n'entraîne aucune dépense supplémentaire ».

La majeure partie des nouvelles dépenses (4,2 milliards de dollars) est destinée « à alléger la pression sur les programmes existants », ce qui permet de mieux comprendre à quel point la prestation des services de soins de santé existants est devenue difficile et le reste (1,5 milliard de dollars) est destiné à financer de nouvelles initiatives, principalement l'introduction de OHIP +. Le Bureau de la Responsabilité financière écrit : « Par ailleurs, même si le plan budgétaire de 2017 annonce 6,9 G$ de nouvelles dépenses en santé..., on estime que la croissance des dépenses dépassera celle des principaux inducteurs de coûts sur une seule année, soit 2018-2019. » (p.15)

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La lutte contre l'offensive antisociale en Nouvelle-Écosse

La nécessité de renouveau démocratique — l'exemple de la Nouvelle-Écosse


Les enseignants encerclent le parlement provincial à la défense de l'éducation publique,
le 17 février 2017.

En Nouvelle-Écosse, comme dans le reste du Canada, la classe ouvrière est tenue à l'écart du processus de prise de décision. L'année dernière, les enseignants sont descendus dans la rue d'un bout à l'autre de la province et ont encerclé l'Assemblée législative et fait part de leurs opinions, de leurs besoins, de leurs préoccupations et de leurs propositions de changements dans leurs milieux de travail. Les libéraux de Stephen McNeil ont démontré un semblant d'intérêt aux propos des enseignants, mais une fois de plus, ayant recours à leur arme préférée, ils ont commandé un autre rapport d'un soi-disant expert trié sur le volet. Ils ont centré la discussion sur le rapport de l'expert, s'il était valable ou non, si on devait l'appliquer ou non. On a empêché les enseignants de diriger un vaste débat sur leurs propres propositions, lesquelles sont totalement absentes des plans qui ont été adoptés.

Ceux qui détiennent le privilège et qui ont pris contrôle du pouvoir par le biais d'un processus anachronique de démocratie non représentative déclarent qu'ils ont un « mandat » du peuple. En réalité, ils n'ont réussi à se mériter que très peu d'appui de la classe ouvrière qu'ils ont ciblée par leur microciblage, leur désinformation et même par leurs efforts pour empêcher les gens de voter.

En Nouvelle-Écosse, McNeil a consolidé son « mandat » par un maigre 39,6 % des votes dans une élection où le taux de participation des Néo-Écossais était de seulement 53,4 %. Comment une victoire électorale peut-elle être si médiocre qu'elle ne réussit que de justesse à obtenir un taux de participation de la moitié des électeurs inscrits ? Comment les libéraux de McNeil peuvent-ils invoquer une victoire aussi ridicule et non représentative pour prétendre avoir le mandat d'imposer un ordre du jour étroit et intéressé aux travailleurs et à l'ensemble des Néo-Écossais ?

Le blocage des travailleurs, ce qui les empêche d'avoir un mot à dire sur leurs conditions au travail, dans leurs communautés et dans l'économie élargie, est avant tout dû à un processus électoral qui sert à écarter le peuple du pouvoir. Les partis cartellisés ne manifestent aucune gêne à déclarer des victoires malgré une maigre participation parce qu'ils n'ont aucune intention de politiser et de faire participer le peuple ; ils veulent seulement s'en servir comme bétail électoral. Le rôle du processus électoral en ce moment semble être d'empêcher les citoyens d'avoir un mot à dire et un rôle décisif à jouer dans leurs milieux de travail et dans la société en général. Par ce processus, on ne vise aucunement à faire participer la majorité du corps politique à la politique.

La percée qui doit être faite en Nouvelle-Écosse est que les travailleurs doivent s'engager dans un mouvement pour s'investir du pouvoir de décider de leurs affaires. Ils doivent devenir les preneurs de décisions en organisant le renouveau démocratique du mouvement politique. Les programmes des partis cartellisés comme ceux des libéraux de McNeil pour payer les riches et nier au peuple ce qui lui revient de droit seront vaincus par les travailleurs qui s'organisent pour répondre aux besoins d'une société moderne qui assume ses responsabilités sociales.

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Brisons les barrières des prises
de décision antisociales


Piquetage à Windsor, en Nouvelle-Écosse, dans le cadre de la journée d'action sous
la bannière « Sauvons nos services de santé dans les régions rurales », le 13 octobre 2018

Comme partout au pays, les travailleurs de la santé et de l'éducation luttent contre les attaques contre les soins de santé et l'éducation en Nouvelle-Écosse. On cherche des fautifs pour expliquer ce qu'on appelle « la crise » dans ces deux secteurs clés de la vie moderne.

Certains prétendent que les problèmes sont dûs à un sous-financement ou à la négligence des gouvernements successifs. Certains disent même que la faute est imputable aux personnes âgées parce qu'elles sont devenues un fardeau pour le système de santé ! D'autres accusent les enseignants parce qu'ils seraient trop gourmands et trop revendicateurs. On pourrait dire que l'offensive antisociale menée maintenant par les libéraux de Stephen McNeil a exacerbé la situation en Nouvelle-Écosse à un point tel que le temps est venu de trouver les responsables et de proposer d'autres solutions. Le gouvernement et les médias se font un malin plaisir à répandre toutes sortes de balivernes pourvu que les solutions mises de l'avant par les travailleurs de ces deux secteurs sont ignorées.

Le gouvernement libéral McNeil a annoncé son intention de remplacer trois hôpitaux vieillissants par des modèles PPP — partenariat public-privé — et de construire une nouvelle policlinique à Bayers Lake. Le budget est d'environ 2 milliards de dollars. Selon McNeil, le modèle PPP de payer les riches est le plus certain car ainsi le projet sera conforme au budget et aux plans. Cette affirmation des libéraux de McNeil a été endossée par le cabinet-comptable Deloitte qui a publié un rapport intéressé commandé par nul autre que le gouvernement lui-même.

Afin de priver le corps politique de l'information pertinente et nécessaire pour tirer les conclusions qui s'imposent, le gouvernement, les partis politiques, les médias monopolisés et d'autres limitent la discussion à une question à savoir si les PPP sont une bonne ou une mauvaise chose, et d'où proviendra le financement nécessaire pour la construction de ces nouvelles institutions. Personne ne prétend, et avec raison, que la province n'a pas besoin de nouvelles installations. En fait, celles-ci sont attendues depuis longtemps. Dans une sortie contre la solution privée, le chef néodémocrate Gary Burrill a cité des exemples où des constructions PPP en Ontario et en Colombie-Britannique ont dépassé les budgets prévus. Le président du Syndicat des employés et employées généraux et gouvernementaux de la Nouvelle-Écosse (SEEGGNÉ), pour sa part, a salué l'initiative tout en faisant une mise en garde : « Les Néo-Écossais ont déjà gaspillé des centaines de millions de dollars dans d'autres projets PPP — plus de 30 écoles, des routes à péage et la prison Burnside, pour ne nommer que ceux-là. »

Ainsi, la responsabilité sociale d'une société moderne de respecter les réclamations de ses membres devient embrouillée et ne fait plus partie de l'équation. Le rôle fondamental de ceux qui font le travail, ce rôle de discuter et de trouver les moyens d'aller de l'avant pour résoudre les problèmes, est nié.

La caractéristique principale de l'offensive antisociale est d'apporter des changements aux responsabilités et aux arrangements de l'État pour payer les riches. Et pour qu'on puisse y arriver, on doit priver la classe ouvrière d'une perspective, ce qui rend ses positions ineffectives. C'est ce qui permet constamment aux oligarques financiers de servir leurs intérêts privés étroits en s'accaparant de tous les aspects de l'économie et en parasitant sur les besoins du peuple.

Les partis cartellisés au gouvernement agissent pour faire en sorte que le mouvement du peuple pour s'investir du pouvoir ne se concrétise pas. C'est un problème qui doit être résolu si le peuple veut contrôler les affaires qui touchent à sa vie et à la société, y compris les services de santé et l'éducation qui lui sont indispensables.

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Des exercices de guerre d'une ampleur inégalée

La Russie organise les exercices de guerre Vostok 2018

La Russie a tenu les exercices de guerre Vostok 2018 (Est 2018) du 11 au 17 septembre, qui seraient les plus importantes manoeuvres militaires dans la région depuis la fin de la guerre froide. Y ont participé 300 000 soldats russes, avec plus de 1 000 aéronefs, hélicoptères et véhicules aériens sans pilote, près de 36 000 chars d'assaut, des transporteurs de personnel et d'autres véhicules, ainsi que près de 80 vaisseaux et navires ravitailleurs. Les exercices ont eu lieu dans toutes les régions de la Sibérie, la région de l'Extrême-Orient de la Russie et dans les eaux environnantes de l'Océan Pacifique. La dernière fois que la Russie a participé à des manoeuvres militaires d'une telle envergure est en 1981 lorsque les exercices Zapad 81 (Ouest 81) ont eu lieu dans les districts militaires de la Biélorussie, de Kiev et des pays Baltes et de la Mer Baltique avec la participation de 100 000 troupes.

Un communiqué de presse du Kremlin affirme que les principaux objectifs des exercices Vostok 2018 sont de mettre à l'épreuve le niveau de capacité de réponse des corps de commandement militaire dans la planification et la capacité de mener à bien le regroupement de troupes sur de grandes distances et d'organiser l'interaction entre les troupes terrestres et navales. Ces exercices devraient aussi aider les commandants et le personnel à améliorer leurs compétences de commandement et de contrôle, est-il écrit. Le Kremlin a aussi informé qu'un commandant de brigade des Forces armées mongoliennes et 87 observateurs en provenance de 59 pays avaient aussi participé aux manoeuvres.

La Mongolie, la Chine et la Turquie — cette dernière étant membre de l'OTAN — ont été invitées à y participer. Des unités des Forces armées mongoliennes y ont participé tandis que la Chine y a déployé 3 200 troupes, plus de 900 pièces d'équipement terrestre et 30 aéronefs qui ont participé à des manoeuvres de défense mobile et de contre-attaque au site d'entraînement de Tsugol dans la région transbaïkalienne. Selon un communiqué du département des Affaires étrangères de la Chine : « Les exercices visent à consolider et développer le partenariat stratégique global de coordination Chine-Russie, à développer la coopération pragmatique et amicale entre les deux armées, et à consolider davantage leur capacité de répondre collectivement aux diverses menaces à la sécurité et de veiller à la défense de la paix et de la sécurité régionales. »

La coopération de « partenariat stratégique » dont il est question ici entre la Chine et la Russie est liée aux échanges de haut niveau qui ont été amorcés ce printemps entre les deux pays afin de s'opposer ouvertement à l'unilatéralisme des États-Unis.

(Sources : Xinhua et autres agences)

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Les pays de l'OTAN se préparent pour les grands jeux de guerre Trident Juncture

Les troupes des pays de l'OTAN se préparent à prendre part aux exercices de guerre Trident Juncture 2018 en Norvège et dans d'autres parties de la Scandinavie, que cette alliance agressive a qualifiée de « plus importants depuis la guerre froide ». Cinquante mille soldats de 31 pays (les 29 pays membres de l'OTAN plus la Suède et la Finlande prétendument neutres) participent à cet exercice de six semaines. Quelque 10 000 véhicules militaires seront impliqués, dont les premiers sont arrivés en Norvège en août. Cent cinquante aéronefs et 60 navires y participeront également.

Trident Juncture est une expression de l'aspiration des États-Unis à la domination du monde et de la préoccupation de l'OTAN d'encercler de la Russie, qu'elle tente de justifier en la décrivant comme une nation agressive. C'est une menace particulière pour les peuples d'Europe. Trident Juncture montrerait que l'OTAN s'adapte et répond à « un environnement de sécurité plus exigeant et plus difficile. » Les objectifs immédiats de Trident Juncture consistent à former conjointement les forces de l'OTAN et à les entraîner à se déployer rapidement dans toute l'Europe. Ce sont les deuxièmes jeux de guerre Trident Juncture, les premiers ont eu lieu en Espagne et au Portugal en 2015.

Les jeux de guerre débutent officiellement le 25 octobre. Toutefois, des exercices préliminaires ont eu lieu en Islande du 15 au 17 octobre, tandis que les mouvements de troupes à destination de la Norvège servent également à l'entraînement. Par exemple, le convoi militaire britannique effectue actuellement un voyage terrestre de 2 000 km du port de Hook of Holland en traversant le nord de l'Europe jusqu'en Norvège. L'OTAN affirme que son « passage par les Pays-Bas, l'Allemagne, le Danemark et la Suède mettra à l'épreuve l'efficacité des soldats et de l'équipement à se déplacer entre les pays européens. Ils mettront également à l'épreuve la douane, la réglementation des frontières et la capacité de l'infrastructure à faire face à des mouvements de troupes rapides et lourds. » De même, l'armée allemande a embarqué des chars Leopard et d'autres véhicules militaires à bord d'un navire de marchandises civil de la ville d'Emden dans le nord de l'Allemagne, à Fredrikstad, en Norvège, où ils sont arrivés le 11 octobre. Pendant ce temps, les forces américaines se rendent en Norvège par la mer via le groupe de frappe porte-avions USS Harry S Truman.

« La mobilité militaire est essentielle, en particulier pour renforcer lors d'une crise. C'est exactement pourquoi nous l'exerçons, a dit la porte-parole de l'OTAN, Oana Lungescu. Au cours des dernières années, l'OTAN a considérablement amélioré sa capacité à déployer rapidement des troupes en Europe. Nous surmontons les obstacles juridiques et réduisons la paperasse, notamment en coopérant étroitement avec l'Union européenne. Nous visons à réduire davantage les temps de passage des frontières (autorisations dans les cinq jours d'ici la fin de 2019), identifier des itinéraires d'approvisionnement alternatifs et exercer davantage pour pratiquer la mobilité militaire. »

Les préoccupations de l'OTAN concernant la mobilité et la logistique ont été exprimées lors de la conférence de presse Trident Juncture du 9 octobre. L'amiral américain James Foggo a indiqué que « la force de réaction de l'OTAN et la force Spearhead de plus de 5 000 personnes, également appelée la VJTF ou la force opérationnelle interarmées à très haut niveau de préparation, sont au coeur de l'exercice ». En réponse à une question de la presse, il a ensuite expliqué que « l'Allemagne fait partie du corps germano-néerlandais, qui fait partie intégrante de la force Spearhead, forte de plus de 5 000 hommes et dont je vous ai parlé, de la force opérationnelle interarmées à haut niveau de préparation, ce qui montre que l'OTAN peut agir rapidement. Une partie de la discussion lors du sommet [de l'OTAN] en juillet portait sur la proposition de pouvoir faire le point 30/30/30 [les « Quatre Trente » ou « Initiative de préparation européenne »], il fallait donc déplacer 30 bataillons, 30 escadrons d'avions ou 30 navires en 30 jours. L'alliance aspire à faire extrêmement bien, et nous allons le démontrer avec la lourde capacité logistique qui sera démontrée dans cet exercice. Je pense l'avoir déjà dit : la logistique est le sixième domaine de la guerre. Et vous pouvez voir que cela se joue par l'entremise de Trident Juncture. »

Une autre caractéristique de l'exercice est l'imposition des forces de l'OTAN à la population locale et la militarisation de la vie civile. Le lieutenant-général norvégien Rune Jakobsen a déclaré : « Au cours de l'exercice, les forces régionales coopéreront étroitement avec les services civils d'urgence, la police, les autorités des chemins de fer, des ports et des transports, ainsi qu'avec les entreprises locales et nationales. » Le lieutenant-général canadien Christian Juneau a souligné qu'il y aura « plus de 10 000 véhicules sur les routes norvégiennes, ce qui posera un problème de contrôle de la circulation qui mettra à rude épreuve le système. »

Opposition à Trident Juncture



Rassemblement contre Trident Juncture à Sandnes en Norvège, 13 octobre 2018. Sur la bannière : « Oui aux exercices de paix. Non aux exercices de guerre. »(Stopp NATO)

Les travailleurs norvégiens sont très préoccupés par la présence de ces forces étrangères agressives dans leur pays et s'organisent pour s'y opposer.

Un événement a eu lieu le 13 octobre à Sandnes, dans l'ouest de la Norvège, au cours duquel les organisateurs ont déclaré : « Nous disons oui aux exercices de paix, non aux exercices de guerre et nous protestons contre le renforcement de l'OTAN, qui constitue selon nous des préparatifs de guerre et une menace pour les peuples et le climat. »

Le groupe Facebook Aksjon mot Nato-øvelsen Trident Juncture (Action sur les exercices de Trident Juncture de l'OTAN) a été créé pour promouvoir et coordonner les actions antiguerre. Les organisateurs expliquent que leur « objectif est d'informer les gens sur les activités dans le pays et de créer des manifestations nationales contre Trident Juncture. » Ils soulignent également le moment choisi par Trident Juncture, soit le 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale.

Ils notent que l'amélioration continue des armements, tant conventionnels que nucléaires, « montre que nous sommes dans une nouvelle course aux armements. Cet exercice s'inscrit dans une militarisation à une époque de calme et de mouvement actif pour la paix. Il est paradoxal que la Norvège accorde le Prix [Nobel] de la paix parallèlement à la tenue d'un exercice militaire qui intensifiera la tension entre les États-Unis/l'OTAN et la Russie et conduira à une militarisation accrue, y compris en sol norvégien. »

De grandes manifestations contre Trident Juncture auront lieu à Trondheim le 20 octobre et à Oslo le 27 octobre.

(Avec des articles : OTAN, Wikipedia, Xinhua)

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