Le Marxiste-Léniniste

Numéro 36 - 13 octobre 2018

Sur les questions cruciales de la guerre et de la paix

Événements importants de
la période à venir

Sur les questions cruciales de la guerre et de la paix
Événements importants de la période à venir
Pa s de guerre étrangers dans le port d'Halifax!
Dénonçons la conférence de guerre d'Halifax sous l'égide des États-Unis!
Les femmes aux États-Unis organisent la Marche sur le Pentagone
Luttons pour un gouvernement antiguerre, une économie de paix et une démocratie où c'est nous qui décidons! - Voice of Revolution
La guerre: une question de communauté - Lynn Marie Petrovich

Derrière « le plus important investissement du secteur privé de
l'histoire du Canada »

Le projet LNG Canada dans le nord de la Colombie-Britannique - K.C. Adams

D'autres magouilles autour de l'oléoduc Trans Mountain
La définition du gouvernement Trudeau de « bien faire
les choses » - Peggy Morton

L'élection présidentielle au Brésil passe au deuxième tour
La lutte pour la démocratie s'intensifie - Margaret Villamizar


Sur les questions cruciales de la guerre et de la paix

Événements importants de la période à venir

L'urgence de la question de la guerre et de la paix ne saurait être suffisamment soulignée. Plusieurs événements importants sont en cours ou en préparation en lien avec cette question importante. Les 21 et 22 octobre, une marche des femmes sur le Pentagone est organisée aux États-Unis. Il s'agit également d'un événement important pour le Canada, qui a été intégré à 100 % à l'appareil de sécurité intérieure des États-Unis. Cette question est importante parce qu'il s'agit de repousser la pression exercée sur les femmes et sur d'autres pour qu'elles renoncent à leur conception du monde qui est contre la guerre et acceptent la guerre et l'agression comme étant les plus hauts idéaux, que ce soit en Afghanistan ou ailleurs, qu'il s'agisse des invasions, occupations ou autres crimes de guerre à l'instigation des États-Unis, qui sont commis au nom de la défense des droits des femmes et des filles.

Parmi les autres événements, citons les commémorations du 100e anniversaire de la fin de la Première Guerre mondiale. Au Canada, les cercles officiels utilisent cette occasion pour promouvoir les préparatifs de guerre entre des blocs rivaux sous le thème « Nous nous souviendrons d'eux ! »  Cela sera sans doute utilisé également pour répandre l'idée que le massacre inutile de jeunes soldats canadiens durant cette guerre était un signe de la « maturation du Canada en tant que nation » et son affranchissement de l'empire britannique. Aujourd'hui cette complicité du Canada est invoquée pour prétendre que le Canada a gagné la place qui lui revient à la table des grandes puissances où se décide le partage du butin de la guerre et pour cacher le fait que le Canada est entièrement intégré à la machine de guerre américaine, en plus de cacher l'opposition des Canadiens et Québécois à la guerre impérialiste au cours des 100 dernières années. Ce bellicisme est inacceptable et des événements partout au pays auront lieu pour faire ressortir la véritable signification de cette guerre et la participation du Canada à celle-ci.

À Halifax, No Harbour for War s'oppose à la conférence des fauteurs de guerre qui se tient dans cette ville du 16 et 18 novembre. Pendant ce temps, d'autres actions sont organisées à la défense des programmes sociaux et pour exiger une augmentation de leur financement. Les problèmes liés au financement et aux budgets et la nécessité d'accroître les investissements dans les programmes sociaux sont également liés à la demande d'éliminer le financement des machines de guerre impérialistes.

Toutes ces questions sont à leur tour liées au problème de qui décide de l'orientation de la société, s'il faut aller en guerre, comment défendre la paix et le fait qu'aujourd'hui les gouvernements représentent des intérêts privés supranationaux sur lesquels les citoyens n'exercent aucun contrôle.

Le journal de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis (USMLO) Voice of Revolution souligne que les guerres d'agression et d'occupation menées par les États-Unis sont des crimes qui servent aujourd'hui à détruire les forces de production humaines dans le monde. Il ne s'agit pas de politique menée par d'autres moyens, qui est ensuite résolue par des négociations qui rétablissent l'équilibre sur une base pacifique. Au contraire, leur but est la destruction de tout ce que les impérialistes américains ne peuvent mettre sous leur contrôle par l'intimidation et les menaces. Le coût le plus important des guerres d'agression et d'occupation et des dépenses de guerre de l'impérialisme américain concerne l'environnement humain et naturel ainsi que les relations entre les humains, entre les humains et la nature.

LML invite les Canadiens à se mobiliser dans des actions contre la guerre et à tout mettre en oeuvre pour discuter de la manière de mettre en place un gouvernement antiguerre qui oriente l'économie et la politique sociale en leur faveur. Les questions cruciales de la guerre et de la paix soulignent la nécessité d'une nouvelle direction pour l'économie et les affaires politiques, une politique antiguerre et prosociale. Elles soulignent le fait que nous avons besoin de renouveler le processus politique car les gouvernements n'agissent pas en notre nom.

Dans ce numéro, LML présente certains des événements et développements importants liés à la question cruciale de la guerre et de la paix.

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Pas de navires de guerre étrangers
dans le port d'Halifax!


Les gens d'Halifax ont une longue histoire de protestation contre la visite de navires de guerre dans leur ville.  Photo de l'action du 29 mai 2012.

Le 5 octobre 2018, le sous-marin nucléaire français de la classe Rubis, L'Améthyste, est arrivé à la base des Forces canadiennes (BFC) Shearwater d'Halifax, pour la première visite de ce type en deux ans. Au nom de l'organisation No Harbour for War, Allan Bezanson a condamné catégoriquement la présence du sous-marin. « Nous voulons que Halifax soit un facteur de paix dans le monde et une zone de paix », a-t-il déclaré au Chronicle Herald. Il a souligné que les va-et-vient de ces navires de guerre sont généralement liés à des exercices de guerre.

Margaret Conway, porte-parole de la Base des Forces canadiennes d'Halifax, a confirmé cette information en soulignant que des exercices de formation au traitement des matières dangereuses avaient été tenus le 3 octobre pour tester le plan d'intervention d'urgence de la base. « C'est comme un exercice d'incendie, non ? La probabilité n'est pas grande du tout, mais c'est pour que nous soyons prêts et pour que nous puissions tester toutes les différentes pièces qui fonctionnent ensemble », a déclaré Conway.

Un porte-parole du ministère de la Défense nationale a cependant présenté la visite du navire de guerre français comme anodine, et dit qu'il s'agissait simplement d'un arrêt de réapprovisionnement. En fait, la marine militaire française participe à des opérations agressives en Afrique, en Asie et dans les Caraïbes, en plus de marauder dans le Pacifique Sud ainsi qu'en Méditerranée, dans l'Adriatique et ailleurs.

Le rôle de la Marine nationale française dans l'agression menée par les États-Unis contre la Syrie et visant à un changement de régime est incontestable. Des navires français ont participé aux frappes aériennes contre la Syrie pour « riposter » à des attaques d'armes chimiques faussement attribuées au gouvernement syrien. En outre, la France était l'un des trois pays qui, avec les États-Unis et le Canada, a organisé le coup d'État contre le gouvernement Aristide en Haïti. Dire que ses sous-marins ne font que « se réapprovisionner » dans les ports canadiens est vraiment hypocrite. Présenter l'implication du Canada et l'utilisation de ses bases pour les guerres d'agression comme une affaire banale révèle une mauvaise conscience.

Bezanson a également souligné que l'USS Hué City avait été amarré près de Casino. Nommé d'après une bataille de la guerre du Vietnam, le nom même de ce croiseur lance-missiles de la classe Ticonderoga trahit son objectif agressif. Bezanson a expliqué qu'il « venait de rentrer d'exercices de guerre organisés conjointement avec le NCSM Halifax et le NCSM Toronto au large des côtes de la Nouvelle-Écosse ». Il a condamné la présence de nombreux navires de guerre américains dans le port depuis le mois de mai. De nombreux navires de guerre de la marine américaine sont envoyés dans des ports dans le monde entier pour la Journée de Christophe Colomb le 8 octobre, a-t-il dit.

No Harbour for War rejette la pression que le gouvernement exerce sur les Haligoniens pour leur faire accepter la présence de navires de guerre étrangers dans le port d'Halifax. Les Hamiltoniens s'opposent depuis longtemps à la participation du Canada aux guerres d'agression et exigent qu'Halifax soit une zone de paix. Ils rejettent l'arrogance de l'impérialisme américain et de ses alliés qui semblent croire qu'ils peuvent revendiquer Halifax. Les Haligoniens déclarent : Pas de port pour la guerre !

À titre d'information: l'histoire du USS Hué Cité

Dans les années 1990

Le USS Hué City a entrepris son déploiement inaugural le 11 mars 1993 en mer Méditerranée en tant que commandant de la guerre aérienne du groupe aéronaval Theodore Roosevelt Carrier (GAN). Opérant principalement en mer Adriatique, le USS Hué City était chargé de la surveillance aérienne qu'il transmettait aux centres de commandements terrestres et maritimes. Le USS Hué City assurait également la surveillance et la sécurité des vols humanitaire des Nations unies en Bosnie, en s'assurant que les avions serbes ne violent pas les zones d'exclusion aérienne.

Lors d'un entraînement près de la baie de Guantanamo (Cuba), en avril 1994, le USS Hué City a reçu pour mission de servir de navire amiral au Destroyer Squadron 22 pour exécuter les sanctions contre Haïti. Le deuxième déploiement du USS Hué City a eu lieu le 22 mars 1995 avec le GAN Theodore Roosevelt. Le USS Hué City a été déployé en mer Rouge pour assurer la couverture aérienne des patrouilles aériennes de combat aérien chargées de l'application de la zone d'exclusion aérienne dans le sud de l'Irak.

Le USS Hué City a été déployé en mer Baltique le 24 mai 1996 pour participer à des opérations faisant intervenir 48 navires de 13 pays. Les opérations consistaient à repérer et traiter des objectifs aériens, de surface et sous-marins au sein d'un Groupement de forces multinationales. Le USS Hué City a été déployé le 29 avril 1997 en Méditerranée, en tant que commandant de la guerre aérienne du GAN John F. Kennedy. Le USS Hué City opérait en mer Adriatique pour surveiller toutes les activités aériennes en soutien aux opérations navales.

Le USS Hué City a participé en 1999 à des opérations de lutte antidrogue dans la mer des Caraïbes. Plus tard cette année-là, le navire a participé à des opérations dans la région de la Baltique, un exercice multinational composé de 53 navires de 12 nations.

Les années 2000

Le USS Hué City a mené des exercices multinationaux en Amérique du Sud et a été le navire amiral de la phase Caraïbes de l'UNITAS 2000. Le 26 juin 2000, le USS Hué City était à New York pour participer à la revue internationale de la flotte 2000 avec à son bord le président Clinton et sa famille, le secrétaire à la Défense, le secrétaire de la Marine, le chef des opérations navales, le commandant du corps des marines et le commandant du COMCRUDESGRU (commandant du groupe de croiseurs destroyers).

À la suite des attentats terroristes du 11 septembre 2001, le USS Hué City a été déployé avec le GAN Georges Washington au large des côtes de New York pour soutenir les efforts de défense et humanitaires.

Les navires et les aéronefs du GAN John F. Kennedy ont commencé à utiliser le champ de tir de l'île de Vieques le 24 septembre 2001, parallèlement à leurs exercices d'entraînement en unités composites (COMPUTEX). L'exercice, qui avait commencé la semaine précédente, a également utilisé les zones d'opération au nord et au sud de Porto Rico et comprenait des exercices complexes d'entraînement de groupes de combat, un entraînement d'appui-feu naval et des bombardements air-sol.

Le USS Hué City a ensuite pris part à Underway No. 10, un d'une série d'essais pour évaluer la préparation de capacité d'engagement en coopération (CEC) (OPEVAL) prévue pour le printemps 2001. Le système CEC permet d'engager de manière coopérative des objectifs par un navire de guerre en utilisant les données provenant d'autres navires et d'aéronefs équipés du système CEC et de capteurs basés au sol, même dans un environnement de brouillage électronique. Il fournit également une image aérienne commune, cohérente et très précise, permettant aux défenses de groupes de combat de fonctionner comme un système homogène. L'essai, au large de l'Île de Wallops, en Virginie, simulait des tirs de missiles des navires les plus modernes de la marine contre des drones sans équipage.

Attaché au GAN John F. Kennedy, le USS Hué City a participé à l'exercice de la force opérationnelle interarmées (JTFEX) 02-1. La phase I de l'exercice s'est déroulée du 19 au 26 janvier 2002 et la phase II du 7 au 14 février 2002.

En mars 2002, le USS Hué City faisait partie du GAN John F. Kennedy lors de la relève du GAN Theodore Roosevelt, lors de l'opération Enduring Freedom.

En mai 2002, au cours d'un exercice d'appui-feu naval de trois jours au large des côtes de Djibouti, en Afrique, le USS Hué City a tiré des centaines d'obus de cinq pouces en appui au Marine Expeditionary Unit (MEUEX 2002) sur plus de 60 cibles qui comprenaient des chars, des bunkers et divers véhicules militaires. Le USS Hué City a rejoint le groupe Wasp Amphibious Ready (ARG) et la 22nd Marine Expeditionary Unit pour mener cet exercice unique en son genre dans cette région peu connue du nord-est de l'Afrique.

Les années 2010

Avant 2014, le USS Hué City a été déployé dans le golfe Persique et dans le Nord de la mer d'Arabie.

Le soir du lundi 14 avril 2014, un incendie s'est déclaré peu après 18 h 20 heure locale alors que le USS Hué City se trouvait à environ 200 milles marins au nord-est des Bermudes. L'équipage a maîtrisé un incendie majeur dans la salle des machines qui n'a pas fait de blessés. En juin 2014, l'officier commandant du navire a été relevé par le commandant du Carrier Stripe Group 8 pour « ne pas s'être assuré que son équipage arrimait correctement les matières dangereuses » qui ont ensuite pris feu. Selon le rapport d'enquête, des balles de chiffons ont pris feu après avoir été stockées de manière inappropriée dans un coffre d'absorption des gaz d'échappement. L'incendie a causé plus de 23 millions de dollars de dégâts et a nécessité plus de neuf mois de réparations. Le USS Hué City a également manqué son déploiement prévu en Europe.

(Wikipédia)

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Dénonçons la conférence de guerre d'Halifax
sous l'égide des États-Unis!


Calendrier des événements

Cette année, le 10e Forum sur la sécurité internationale d'Halifax, dirigé par les États-Unis et appelé par plusieurs la Conférence sur la guerre d'Halifax, se tient en novembre. Un rassemblement antiguerre aura lieu le 17 novembre pour s'y opposer.

Halifax ne doit pas être utilisé comme « tremplin pour lancer des agressions et élaborer des stratagèmes de domination mondiale », a déclaré le porte-parole de No Harbour for War, Allan Bezanson. L'appel au rassemblement antiguerre du 17 novembre explique :

« Le 10e Forum annuel sur la sécurité internationale d'Halifax a lieu du 17 au 19 novembre 2018 et sera une plate-forme pour les projets guerriers et d'édification d'empire de l'impérialisme américain et du bloc de l'OTAN, dans lesquels le gouvernement libéral de Justin Trudeau est pleinement engagé.

« Des fauteurs de guerre de plus de 90 pays se joindront au ministre de la Défense du Canada, Harjit Singh, et à plus de 300 autres personnes pour cette conférence organisée de Washington. Selon le ministère de la Défense, leur objectif est « d'apprendre les uns des autres, partager les opinions, générer de nouvelles idées et les mettre en application ».

No Harbour for War explique l'historique de ces forums de sécurité.

« Le premier de ces forums, qui a eu lieu en 2009, a servi à populariser la nouvelle 'doctrine de la sécurité' de l'OTAN. Les forums suivants ont servi de tribune pour justifier les guerres et interventions menées par les États-Unis et l'OTAN dans le monde entier : ils devaient s'autofinancer depuis 2012, mais à ce jour, ce sont les contribuables canadiens qui paient la totalité des factures.

« Il est inacceptable que Halifax, ou n'importe quelle ville canadienne, soit utilisée comme lieu pour planifier d'autres crimes contre la paix et les peuples du monde. Dans le cadre du programme Faire du Canada une zone de paix, nous demandons que le Forum sur la sécurité internationale d'Halifax soit banni du Canada.

« Mettons la question de la guerre et de la paix à l'ordre du jour pour les travailleurs et les gens de Nouvelle-Écosse.

« Amenez vos bannières, votre musique et vos déclarations, et surtout amenez vos amis pour dénoncer cette conférence. »

Dans une interview radiophonique au Rick Howe Show, Allan Bezanson a expliqué pourquoi il faut s'opposer à la présence de navires de guerre étrangers à Halifax et au caractère dangereux de la conférence de guerre d'Halifax. Les deux sont des exemples de la manière dont le Canada est au service de l'agression impérialiste américaine, a-t-il déclaré. Il a remis en cause le dogme selon lequel le Canada devrait être membre de l'OTAN et par conséquent, Halifax devrait être mise à la disposition des autres membres de l'OTAN, alors que les gens s'opposent à l'adhésion du Canada à l'OTAN et à la participation du Canada à la guerre et à l'agression. Il a également rejeté la propagande réactionnaire selon laquelle les dépenses touristiques du personnel militaire étranger à Halifax sont une aubaine pour l'économie locale. En réalité, les dépenses pour l'agression militaire nuisent à l'économie, a-t-il souligné. Les dépenses militaires devraient être consacrées aux services publics qui sont privés du financement dont ils ont tant besoin.

Le Canada n'est pas en guerre et n'a besoin que d'une force de défense côtière, soutient Allan. Pourquoi le Canada participe-t-il à des exercices de guerre avec les pays de l'OTAN, et qui sont ses ennemis ? Le Canada n'a pas d'ennemis qui l'obligent à participer à de tels exercices, a-t-il dit.

Au sujet de la conférence de guerre d'Halifax, il explique que, selon son ordre du jour cette année, la conférence de guerre a pour objectif de présenter la Russie, la Chine et le continent africain comme des agresseurs potentiels qui menacent le Canada. Il souligne la banalité avec laquelle est présentée la participation du grand nombre de militaires de haut niveau et d'autres personnes à la Conférence. Beaucoup d'entre eux sont en réalité des criminels de guerre pour les actes qu'ils ont déjà commis et qu'ils peuvent tous être appelés criminels de guerre parce qu'à cette conférence, ils élaboreront des plans qui constituent des crimes contre la paix, a-t-il précisé. La conférence a seulement huit séances publiques et 28 séances à huis clos dont le public ne saura rien, explique-t-il. Priver le public d'informations est fait au nom de la sécurité et de l'intérêt national pour que tous ceux qui s'opposent à une telle conception intéressée de la sécurité et de l'intérêt national puissent être criminalisés parce que considérés comme une menace pour la société. No Harbour for War refuse qu'Halifax soit utilisée pour planifier l'agression et la guerre.

Allan Bezanson explique que No Harbour for War dénonce l'ensemble de l'ordre du jour de la conférence de guerre. Il souligne qu'un des points à l'ordre du jour portant sur le centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale était intitulé : « 100 ans plus tard : sommes-nous fatigués de gagner ? » Il explique que No Harbour for War s'oppose à la propagande militariste qui entoure la commémoration de cet anniversaire. Un tel titre dit vraiment que nous vivons encore en temps de guerre entre des intérêts particuliers. Les participants à la conférence n'ont toujours pas réalisé que les peuples s'opposent aux guerres d'agression, de conquête et de partage. Ces guerres d'agression et d'occupation ne leur apportent que des souffrances.

No Harbour for War appelle à dénoncer la conférence de guerre d'Halifax.

(Photos: Halifax Mediacoop)

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Les femmes aux États-Unis organisent
la Marche sur le Pentagone

Les 21 et 22 octobre, les femmes aux États-Unis organisent une marche antiguerre sur le Pentagone pour exiger l'arrêt complet des guerres menées par les États-Unis à l'étranger, la fermeture des bases à l'étranger et une réduction significative du budget du Pentagone pour financer des programmes sociaux aux États-Unis. Des actions similaires seront organisées partout au pays.

La marche a lieu à l'occasion du 51e anniversaire de la grande marche de 1967 à Washington pour protester contre la guerre, qui avait rassemblé 50 000 personnes, et des marches subséquentes sur le Pentagone. Elle est organisée en réponse aux agressions militaires continues des États-Unis et pour présenter un programme antiguerre aux militants. Les organisatrices font remarquer :

Plus de 50 000 personnes ont marché sur le Pentagone le 21 octobre 1967 pour s'opposer à l'escalade de l'agression impérialiste américaine au Vietnam. Un rassemblement contre la guerre a eu lieu au West Potomac Park, près du mémorial de Lincoln, où 70 000 personnes s'étaient réunies pour un concert du musicien et activiste pour la paix Phil Ochs. Les deux groupes se sont unis et ont marché ; cette action devait s'appeler la Marche sur le Pentagone. En 1967, de nombreuses marches contre la guerre ont eu lieu dans toutes les grandes villes du pays, notamment New York, Boston, San Francisco et Washington.

Ces actions, ainsi que les manifestations qui ont suivi lors de l'élection présidentielle de 1968, ont conduit à l'appel à une grève générale qui a abouti à la mobilisation de 500 000 manifestants lors d'une autre marche sur le Pentagone connue sous le nom de Moratoire du Vietnam, le 15 octobre 1969. Un mois plus tard, en raison du succès de la première marche, un autre rassemblement a eu lieu.

Le 7 octobre 2001, les États-Unis ont envahi l'Afghanistan sous le prétexte d'appréhender les auteurs des attaques contre les Tours jumelles en 2001. Les forces américaines sont restées en occupation active, faisant de la guerre illégale et immorale en Afghanistan la plus longue occupation étrangère de l'histoire des États-Unis.

En réponse à l'agression militaire américaine en cours dans le monde et aux augmentations bipartites du financement du Pentagone, nous appelons à une marche du XXIe siècle sur le Pentagone à l'occasion du 51e anniversaire de la grande marche de 1967 et des marches qui ont suivi. Le budget militaire pléthorique épuise nos communautés et nos familles tout en décimant les nations et les peuples qui ne nous ont rien fait.

Les organisatrices expliquent que le titre « Marche des femmes sur le Pentagone » a été choisi en réponse directe à une dirigeante de la récente Marche des femmes qui a déclaré : « J'apprécie que la guerre soit votre question Cindy [Sheehan, initiatrice de la Marche des femmes sur le Pentagone] mais la Marche des femmes ne réglera jamais le problème de la guerre tant que les femmes ne seront pas libres. »

« Beaucoup d'entre nous sommes convaincues qu'AUCUNE femme n'est libre quand les États-Unis dépensent des billions de dollars pour bombarder des millions de personnes et occuper militairement plus de 150 pays dans le monde », soulignent les organisatrices. Elles expliquent :

La voix contre guerre/pour la paix et anti-impérialiste a été exclue et marginalisée. Nous sommes solidaires des mouvements prosociaux et environnementaux [et les exhortons] à s'intéresser à la guerre et aux préparatifs. La guerre nous affecte tous d'une manière ou d'une autre. La guerre détruit l'environnement naturel. Ce n'est pas et ne deviendra pas un rassemblement pour faire sortir le vote au profit de la moitié démocrate du parti de la guerre. C'est un appel à l'action fondé sur des principes : nous devons marcher pour la paix et contre la machine de guerre.

Pour information :

Cindy Sheehan : CindySheehan@MarchonPentagon.com
Emma Fiala : Emma@MarchonPentagon.com
Bonnie Caracciolo : bosmarch2018@gmail.com

Pour le calendrier des événements, cliquez ici.

Photos de la Marche sur le Pentagone du 21 octobre 1967




La marche sur le Pentagone à Washington le 21 octobre 1967 est considérée comme une des premières grandes manifestations contre cette guerre. Devant le Pentagone, des soldats de la 82e division aéroportée ont barré la route aux manifestants et durant la manifestation les membres des services d'ordre ont arrêté près de 700 personnes et blessé 47 personnes.

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Luttons pour un gouvernement antiguerre,
une économie de paix et une démocratie
où c'est nous qui décidons!

Nous saluons toutes les personnes qui participent à la marche des femmes sur le Pentagone les 20 et 21 octobre à Washington ainsi que les participantes aux manifestations soeurs dans des villes partout au pays. S'organiser pour mettre la question de la guerre et de la paix à l'ordre du jour et pour mettre en relief ce qui lie cette question aux nombreux fronts de lutte pour les droits est une contribution fondamentale à l'édification et à l'unité des mouvements prosociaux et antiguerre des peuples. Les revendications « Fermez toutes les bases américaines à l'étranger » et « Rapatriez immédiatement toutes les troupes américaines » sont des façons importantes de contribuer à la paix et de développer des relations de respect et d'avantage réciproques. C'est ce que les peuples d'ici et à l'étranger veulent et c'est ce pour quoi ils luttent de diverses façons. L'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis (USMLO) se joint à tous ceux et celles qui oeuvrent au succès de cette action et pour que ces efforts se poursuivent dans l'avenir. Nous mettons de l'avant comme mot d'ordre et objectif d'unité : luttons pour un gouvernement antiguerre, une économie de paix et une démocratie où c'est nous qui décidons !

Le pouvoir politique, une question fondamentale

Nous sommes tous confrontés à des conditions de repli de la révolution où les forces les plus réactionnaires sont passées à l'offensive et imposent une contrerévolution des plus brutales aux peuples. Nous pouvons le constater par l'expansion des crimes d'agression et d'ingérence des États-Unis sans égard à la primauté du droit et par les attaques antisociales au pays. Défendre le soi-disant intérêt national est ce qui sert à justifier le terrorisme américain, que ce soit sous forme de guerres par drones, de sanctions, de changements de régime, d'attaques contre les immigrants et les réfugiés, de meurtres commis par la police, d'incarcérations de masse, de criminalisation de la dissidence et plus encore.

La situation est telle que les institutions de gouvernance publiques comme le Congrès, les tribunaux et les élections sont dysfonctionnelles. Elles ne règlent aucun conflit entre ceux qui dominent, comme en témoignent les nombreux affrontements publics entre l'armée, la présidence et les agences de renseignement et au sein de ces instances. Ces institutions sont incapables de maintenir la notion que le consentement des gouvernés existe. Tout ce qui reste, c'est un gouvernement de pouvoirs policiers où les gouvernants agissent impunément et ont recours à la violence arbitraire contre le peuple et sa résistance organisée. Les cercles dirigeants ne se soucient pas de leur légitimité, ils se soucient uniquement de préserver leur pouvoir.

Si les cercles dirigeants américains sont passés à l'offensive, leur système par contre s'avère non viable et non propice à l'existence humaine. Les grandes forces productrices humaines massives PEUVENT résoudre les problèmes auxquels l'humanité est confrontée — la pauvreté, les inégalités, les changements climatiques et la guerre nucléaire. Les êtres humains qui ont collectivement engendré cette puissance sont parfaitement en mesure de la contrôler et de la libérer dans les intérêts de l'humanité. Mais le pouvoir politique doit être entre les mains du peuple pour qu'il décide des affaires de la société, y compris établir une nouvelle direction de l'économie et de la politique.

Consciente de la signification de ces relations et de la nécessité du pouvoir politique, l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis met de l'avant l'appel et l'objectif unificateurs : Luttons pour un gouvernement antiguerre, une économie de paix et une démocratie où c'est nous qui décidons ! Tous ceux et celles qui revendiquent la paix, la fermeture des bases, le désinvestissement de la machine de guerre et des combustibles fossiles, l'égalité et le droit au logement, à la santé, aux emplois et à l'éducation, qui défendent la Terre-Mère et qui s'opposent aux oligopoles de l'énergie et de la guerre, en un mot, tous ceux et celles qui défendent les droits ont un intérêt commun à faire leur l'objectif d'un gouvernement antiguerre. Nous avons besoin d'un gouvernement qui répond aux revendications du peuple, la vaste majorité des Américains, de mettre fin aux guerres des États-Unis et de contribuer à la défense des droits de TOUS ET TOUTES au pays et à l'étranger. Nous avons besoin d'une économie de paix qui offre une nouvelle direction qui est contre la guerre et pour les droits. Des pas dans cette direction peuvent être faits dès aujourd'hui. Par exemple, à New York, il y a une proposition de fermer la base aérienne Niagara qui sert aux drones et au ravitaillement des aéronefs qui larguent des bombes sur le Yémen, et de la transformer en ferme solaire. Des actions unies avec des objectifs proactifs tel un gouvernement antiguerre sont nécessaires. Les manifestations aujourd'hui visent principalement à unir les gens, à prendre une position publique pour le public, à développer la discussion politique sur les objectifs et à consolider le caractère organisé de la résistance. Dans une situation d'un gouvernement de pouvoirs policiers, la question n'est pas tant combien descendent dans la rue, mais plutôt comment les manifestations, les conférences, les forums publics et les médias indépendants ensemble contribuent à élaborer des objectifs communs et une pensée commune.

Une discussion politique à partir de notre point de vue

Nous avons besoin d'une discussion politique sur comment examiner les problèmes de notre propre point de vue indépendant et comment organiser pour créer un changement qui nous est favorable. Il faut rompre avec le point de vue des riches selon lequel notre rôle se résume à leur lancer des appels à faire ce qui est juste et correct. Notre rôle est d'organiser pour que nous soyons les preneurs de décisions, c'est de décider ce qui est nécessaire pour remporter le pouvoir politique et quelles étapes sont nécessaires pour y arriver.

Par exemple, dans les élections notre rôle n'est pas uniquement de voter ou de ne pas voter, mais de lutter pour être nous-mêmes les décideurs à chaque étape, qu'il s'agisse d'établir l'ordre du jour ou de choisir les candidats et, de façon plus générale, de développer un processus électoral qui investit le peuple du pouvoir de gouverner et de décider. Ce qui comprend dès maintenant exiger que tous les candidats se prononcent sur les questions de guerre et de paix et de démocratie.

Un gouvernement antiguerre requiert une nouvelle direction de la politique et de l'économie. Il requiert une démocratie moderne, où les droits de tous et toutes sont au centre et le droit du peuple de gouverner et de décider est mis de l'avant. Toute personne qui exige la paix et la justice a intérêt à exiger une démocratie moderne où c'est nous qui décidons !

Nous sommes ouverts à la discussion à ce sujet et nous appelons tous et toutes à lutter pour un gouvernement antiguerre, une économie de paix et une démocratie où c'est nous qui décidons !

Voice of Revolution est publié par l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis.

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La guerre: une question de communauté

La guerre touche tout le monde. Bien que certains soient plus touchés que d'autres, il n'y a personne qui échappe à la machine de guerre. Un exemple aux États-Unis est le financement de la guerre. Le budget de la défense est ahurissant. Le budget du Pentagone américain de 2019 soutient 883 bases à l'étranger et est nocif pour l'humanité. Au lieu de terroriser nos frères et soeurs à l'étranger, les milliards de dollars dépensés pour la guerre pourraient servir à résoudre une foule de problèmes chez nous, y compris à peu près toutes les questions pour lesquelles les gens descendent dans la rue. De l'éducation aux soins de santé et aux infrastructures jusqu'à l'environnement - la machine de guerre accapare l'argent, le temps et toute l'attention. Dans certains cas, l'impérialisme américain non seulement empêche ces problèmes de se voir accorder le temps, l'énergie et l'argent nécessaires, mais il exacerbe également les problèmes.

Le budget « de défense » américain pour 2019

[...] Plus de cent ans après la Première Guerre mondiale, nous sommes engagés dans des guerres sans fin, des guerres coûteuses et sans fin. Outre le lourd tribut humain, combien une guerre sans fin - et un nombre croissant de bases américaines dans le monde entier - coûte-t-elle chaque année financièrement ? Il s'agit d'une tentative de calculer raisonnablement le coût en dollars provenant des contribuables pour nos centaines de bases réparties dans le monde entier (celles qui sont pour la plupart en dehors des théâtres de guerre), en commençant par la fin de la Grande Guerre. J'ai entrepris cet exercice en utilisant mes connaissances depuis plusieurs décennies en comptabilité, les rapports publics disponibles, des articles, des rapports de recherche, des livres (pour tirer les conclusions), des entretiens avec des militaires en poste et d'anciens combattants et en faisant appel au gros bon sens. Eh bien, autant de bons sens que possible étant donné que le budget militaire des États-Unis est le plus important de tous les pays du monde, autant que les budgets militaires des 10 prochains pays les suivant.

Parmi les nombreuses ressources utilisées dans cette analyse, citons le document de 116 pages intitulé « Aperçu du budget de la défense, demandes de crédits budgétaires pour l'exercice 2019 du département de la Défense des États-Unis [DdD] » (The Report), dans laquelle les demandes de 2019 s'élevaient à 686,1 milliards de dollars, soit une augmentation de 13 % ou 74 milliards de dollars de plus qu'en 2018.

The Report n'est pas vraiment un budget de « défense » ; il est plutôt un document qui laisse planer des menaces d'extermination du monde entier :

« Les objectifs stratégiques pour les exercices financiers 2018 à 2023 reflètent les priorités du secrétaire :

(1) augmenter la létalité des forces interarmées ;
(2) renforcer les alliances américaines et établir de nouveaux partenariats ;
(3) réformer le département pour réinvestir des ressources dans les priorités pour les combattants » (The Report, page 9-3).

Si la planète est notre communauté, les États-Unis sont la brute du quartier. La référence au mot « létalité » se retrouve au moins une trentaine de fois dans The Report (« force plus létale », p. 2-6, « innovation technologique pour augmenter la létalité », p.1-1, « en augmentant la létalité d'armes existantes et nouvelles » (p. 3-2).

Parmi les objectifs du département de la Défense, citons l'objectif orwellien de « préserver la paix par la force » et de « protéger le mode de vie américain » (un mode de vie dans lequel chaque minute quatre personnes reçoivent un ordre d'expulsion, 30 millions n'ont pas accès aux soins de santé, 1,5 billion de dollars de dettes accablantes liées aux prêts étudiants et 63 % de la population n'a pas les moyens de se payer une réparation urgente de 500 $.)

Sans les prédictions désastreuses (encore financées entièrement) du The Report sur la domination mondiale, on pourrait penser que cette demande de crédits budgétaires était une satire. À la page 2-4, l'approche stratégique des affaires étrangères pour l'année à venir indique : « Pour réussir dans un environnement de sécurité émergent, le département et les forces interarmées devront penser, manoeuvrer, trouver des partenaires et innover encore plus que les puissances révisionnistes, les régimes voyous, les terroristes et les autres acteurs de menaces. »

Et encore une fois, l'objectif numéro un est de « Construire une force plus meurtrière ».

Dans un monde où l'argent n'est pas une contrainte, The Report détaille spécifiquement les priorités d'achat suivantes pour 2019 :

- Augmenter les effectifs de l'armée, de la marine et de l'aviation de près de 26 000 personnes ;
- achater de dix navires de combat (18,4 milliards de dollars) ;
- Augmenter la production des avions de combat F-35 et F/A-18 (12,7 milliards de dollars) ;
- Renforcer la dissuasion en modernisant la triade nucléaire ;
- Mettre davantage l'accent sur l'innovation technologique pour accroître la létalité.

En outre, The Report indique que « le DdD a utilisé plus de munitions que prévu au cours des dernières années, principalement pour vaincre l'État islamique d'Irak et de Syrie (EI), ce qui a entraîné une demande accrue de reconstitution des stocks de munitions » (3-6). En réponse à ces besoins, la demande de crédits budgétaires pour 2019 augmente de plus de 28 300 le montant de production des munitions suivantes :

- Systèmes de lance-roquettes multiples guidés ;
- Systèmes d'armes de destruction de précision avancée ;
- Munition d'attaque directe conjointe ;
- Bombe de petit diamètre 1 (y compris les pièces de rechange) ;
- les roquettes Hellfire ;
- Systèmes de missiles tactiques de l'armée.

L'augmentation totale du coût de ces munitions dans le budget de 2019 est de 8,1 milliards de dollars (p.3-7).

Dans un aveu surprenant (mais pas vraiment), The Report indique que « la concurrence des grandes puissances, et non le terrorisme, est désormais la principale préoccupation de la sécurité nationale américaine » (p. 2-1).

Mais revenons une minute en arrière. Une perspective plus historique s'impose à ce stade-ci, ne serait-ce que pour comprendre l'énormité des dépenses des États-Unis au cours des 18 dernières années pour des guerres sans fin dans le monde entier.

Financement de la guerre

Il y a cent ans, les coûts financiers de la Première Guerre mondiale pour les États-Unis s'élevaient à environ 22,6 milliards de dollars, soit aujourd'hui 328 milliards de dollars, ajustés à l'inflation. La demande de budget du département de la Défense pour 2019 s'élève à 686,1 milliards de dollars, soit le double de ce qu'il en a coûté aux États-Unis pendant la Première Guerre mondiale.

La demande de budget de 2019 du département de la Défense, d'un montant de 686,1 milliards de dollars, comprend 89 milliards de dollars pour les opérations de contingence à l'étranger (OCO), qui finance principalement les guerres (opérations, soutien sur le théâtre des opérations, programmes classifiés, forces de la coalition, formation anti-ISIS, sécurité, etc.). Les zones spécifiquement indiquées comprennent l'Afghanistan, l'Irak, la Syrie et les sites « d'autres mobilisations ».

Selon le rapport, à lui seul le financement des OCO pour la période de 18 ans allant de 2001 à 2018 totalisait 1 800 milliards de dollars (p. 1 à 3), soit près de 101 milliards de dollars par an - montant qui correspond approximativement aux budgets combinés annuels des départements de l'Éducation (60 milliards de dollars), de la Santé et des Services sociaux (18 milliards de dollars), des Transports (15,6 milliards de dollars) et du Travail (9,4 milliards de dollars).[...]

883 bases militaires autour du monde et en croissance

En parcourant divers documents, publications, livres et documents de recherche, j'ai dressé une liste des pays ayant des bases militaires américaines en dehors des États-Unis. Cette liste comprend les territoires américains (Guam, îles Vierges américaines, Îles Mariannes, Samoa américaines et Porto Rico) et leurs bases dans 183 pays, sur sept continents et sept étendues d'eau. Ce nombre n'inclut pas les ambassades des États-Unis et peut ou non inclure d'autres sites tels que les tremplins (sites plus petits, temporaires et/ou non autorisés) et les sites d'opérations spéciales.

Certains documents accessibles au public, émanant du gouvernement américain, se contredisent. Par exemple, le plus récent coût moyen par personne de l'armée de terre est légèrement inférieur à 100 000 dollars (94 300 dollars). Cependant, d'autres documents de la défense calculent le coût moyen par personne à 55 000 dollars. Je ne pouvais pas trouver un document unique et complet qui tienne compte du coût total des bases outre-mer (en outre, bon nombre d'entre eux excluaient le coût des bases sur les territoires américains). J'ai donc pris des données disponibles de différentes sources pour calculer les coûts contenus dans ce document. Là où il y a des contradictions, je le note.

Édifices et structures

J'ai commencé avec l'exercice financier 2019 du département de la Défense(DdD) où on reconnaît l'existence d'un actif de 2,6 billions de dollars dans le bilan des livres du Département (6-2). Au sujet de ces actifs, un autre rapport -- Rapport de la structure basale de l'année fiscale 2017 affirme :

Le département de la Défense gère un portfolio de biens immobiliers à l'échelle mondiale qui couvre 50 États, 8 territoires américains y compris les régions périphériques, et 41 pays étrangers. La majorité des sites étrangers sont situés en Allemagne (120 sites), au Japon (121 sites) et en Corée du sud (78 sites). » (Rapport sur la structure basale page DdD-6.)

Selon le Rapport sur la structure basale il y aurait au total 4 793 sites à l'échelle mondiale, d'une valeur de 1,046 billions de dollars, couvrant 27,2 millions d'acres de terrains. Des 883 sites identifiés, le Rapport sur la structure basale vérifie 110 sites sur des territoires américains et 517 autres sites outre-mer, un total de 627 sites à l'extérieur des États-Unis d'une valeur d'environ 200 milliards de dollars en date du 30 septembre 2016.

Dans ce portfolio mondial de 4 793 sites couvrant plus de 27 millions d'acres, on retrouve :

(1) Des édifices : « Le DdD occuperait 275 504 édifices partout dans le monde, d'une valeur de 705 milliards de dollars et comprenant plus de 2,2 milliards de pieds carrés (DdD-8). » Parmi ces édifices, il y a des édifices à vocation administrative, des installations communautaires, des logements pour les familles, des hôpitaux ainsi que des installations médicales, d'entretien, de production, d'opérations et de formation, de recherche et de développement, d'essais, d'approvisionnement, de logements pour les troupes, de cuisines, de services et d'améliorations de terrains.

(2) Structures : les structures du DdD partout dans le monde sont d'une valeur de plus de 163 milliards de dollars.

(3) Structures linéaires : le DdD gère plus de 112 931 structures linéaires partout dans le monde d'une valeur de plus de 178 milliards de dollars. Des structures linéaires sont des installations qui pour fonctionner doivent s'étendre sous forme de terrains d'atterrissage, de routes, de voies ferroviaires, d'oléoducs, de clôtures, de pavé et de lignes de distribution électriques.)

La différence entre mon estimation de 883 bases outre-mer et les 627 mentionnées dans le Rapport sur les structures pourrait s'expliquer ainsi :

(1) Le DdD se prépare à se soumettre à une des plus importantes vérifications des états financiers de l'année fiscale 2018, qui tiendra compte des fonds généraux et des fonds de roulement. La vérification ciblera entre autres « la découverte de biens immobiliers et d'équipement général non enregistrés dans le système comme tel (6-3). » (On prévoit, à la lumière des vérifications antérieures, que tous les actifs sous forme de sites à l'étranger — édifices, routes, structures — ne sont pas enregistrés dans les livres du DdD).

(2) Des 883 sites, 95 sont des sites plus petits et pourraient ne pas faire partie du Rapport sur les structures basales.

(3) Le Rapport sur la structure basale identifie 517 sites dans le monde (en dehors des territoires américains), mais si on scrute à la loupe le même rapport (pages DdD70 à DdD85), il en résulte un total de près de 600 sites.

Les commandements de combat de formation et opérationnels

Le rapport identifie dix commandements de combat de formation et opérationnels et nomme les neuf suivants :

USAFRICOM (Afrique)
USCENTCOM (Royaume de Jordanie)
USCYBERCOM (environnement virtuel)
USEUCOM (Europe)
USNORTHCOM (Homeland Defense)
USPACOM (Corée)
USSOUTHCOM (Amérique latine)
USSTRATCOM (dissuasion nucléaire)
USTRANSCOM (mobilité mondiale complète)

Les coûts notés dans ce rapport sont :

(1) Les coûts fixes qui ne fluctuent pas si un site en particulier n'est pas occupé. Par exemple : paiements d'allocation ou hypothécaires, impôts fonciers, assurances, entretien.

(2) Les coûts variables qui fluctuent en raison de l'utilisation. Par exemple, la consommation de services, la réparation et l'entretien, le nettoyage, l'enlèvement de détritus, les coûts croissants en raison d'activités des quartiers environnants.

Un rapport de recherche de la Rand Corporation de 2013 reconnaît que la totalité des coûts est plus élevée outre-mer même en tenant compte du soutien du pays hôte. J'ai donc adopté une approche conservatrice dans les calculs suivants.

Personnel

Des près de 2 millions de militaires, y compris les réserves et la Garde nationale, près de 12 %, ou 238 000, sont déployés vers des bases outre-mer (à l'exception d'OCO). Quand on parle de personnel, il s'agit des salaires de base, des retenues salariales, des primes (d'accueil et incitatives), des pensions, des uniformes, du transport, de la formation de base et des camps de survie, de l'assurance-vie, de l'éducation, de l'assignation d'armes, de l'allocation annuelle pour les uniformes et de l'entretien des armes. Afin de calculer ces dépenses, j'ai commencé à partir du salaire de base quotidien du personnel militaire et j'ai ajouté à ces dépenses les obligations mentionnées plus haut et les montants calculés au prorata des dépenses outre-mer.

Coût annuel du personnel : 22,9 milliards de dollars

Transport

Les coûts du transport comprennent l'Armée, les Forces aériennes, la Marine et la Garde nationale et représentent les coûts requis pour transporter le personnel sur des sites outre-mer et pour le retour. Selon le rapport, « Stationnement des forces militaires américaines 2011 », le coût annuel moyen du transport outre-mer par personne était de 5 200 $ et fluctuait en fonction du lieu de déplacement.

Coût annuel de transport : 1,3 milliard de dollars

Entretien des installations

Le DdD occupe ou entretient des édifices, des installations et des structures linéaires de plus de 1 billion de dollars partout dans le monde. La valeur du portfolio outre-mer est d'environ 200 milliards de dollars, pour près de 50 000 structures. J'ai eu recours à un standard de pas moins de 1 % de la valeur de l'actif, et j'ai rajouté les assurances, l'amélioration des immobilisations, les imprévus, et j'ai calculé un coût annuel d'entretien outremer (y compris les bases en territoire américain).

Coût annuel de l'entretien des installations : 7,5 milliards de dollars.

Construction

La demande de budget du département de la Défense pour 2019 comprend une augmentation de 17 milliards de dollars du budget de l'OCO pour la construction d'installations à l'étranger.

Les projets de construction de l'année précédente et en cours comprennent :

- Le centre de la communauté militaire de Kaiserslautern, en Allemagne, est un bâtiment de l'armée de l'air de 8 étages et d'une superficie de 844 000 pieds carrés. Il comprend un quartier visiteur de 350 salles, un cinéma à quatre salles, Power Zone, Outdoor Living, Toyland / Four Seasons, un restaurant, des vendeurs de voitures neuves et autres vendeurs dans un aménagement de centre commercial de style américain et un mur d'escalade à deux étages. Il est conçu pour accueillir environ 50 000 militaires et leurs familles. Les coûts de construction sont difficiles à déterminer (car la Force aérienne ne tient pas les comptes pour le coût total de cette installation, qui a connu plusieurs retards, déficiences et dépassements liés à la construction). Le coût total devrait dépasser 215 millions de dollars.

- La construction de l'hôpital militaire de Landstuhl en Allemagne devrait coûter un peu moins d'un milliard de dollars (990 millions de dollars) et s'achever en 2021. Cet hôpital devrait remplacer le centre médical régional de Landstuhl en tant que principal centre médical européen de l'armée.

- La construction d'un entrepôt de matériel médical à la base aérienne de Kadena au Japon. Le coût de ce bâtiment devrait dépasser 20 millions de dollars.

Le coût total de la construction des 3 installations susmentionnées dépasse 1,2 milliard de dollars.

En tenant compte du coût de la construction à l'étranger, la demande de budget du département de la Défense 2019 pour la construction à l'étranger et l'application d'un facteur de multiplication, j'ai proposé une estimation prudente du coût annuel de la construction (car tout l'argent ne sera pas dépensé en un an.)

Coût annuel de la construction : 4,8 milliards de dollars

Soins de santé

La demande de budget du département de la Défense 2019 reconnaît que les coûts des soins de santé représentent environ 9 % de son budget (à l'exclusion des soins de longue durée, des blessures liées à une invalidité ou des blessures permanentes). Les coûts des soins de santé incluent l'utilisation des installations de Veterans Affairs, du Tricare et les services aux familles des soldats morts au combat.

Coût annuel des soins de santé : 5,9 milliards de dollars

Entraînement

Le coût estimé de la formation du personnel à l'étranger tient compte : (a) des pièces d'équipement directes, (b) du coût du carburant, (c) des coûts des logiciels postproduction et (d) des coûts d'appui indirects. En calculant les coûts de formation pour l'armée, la marine, la force aérienne, etc., et en tenant compte des coûts historiques totaux par an pour NORTHCOM, AFRICOM et SOUTHCOM, soit 980 millions de dollars en 2012, j'ai appliqué le coût annuel des augmentations de l'inflation et un coût annuel pour les exercices de formation continue pour le personnel militaire.

Coût annuel de la formation : 1,0 milliard de dollars

Assainissement de l'environnement

La contamination de l'environnement est un sous-produit des essais d'armes et balistiques et de l'entraînement de toutes les divisions de l'armée. Ajoutez à cela des fosses de brûlage, de l'uranium appauvri, des espèces détruites sur terre et dans l'eau, des réserves d'eau empoisonnées et le nettoyage en cours des retombées des essais nucléaires, pour n'en nommer que quelques-unes.

À titre d'exemple, Guam, avec ses 210 km2, abrite des dizaines de bases militaires américaines. Son écosystème a énormément souffert lorsque des serpents bruns ont été introduits sur l'île, y entrant au fil des décennies avec un équipement militaire américain. Ces 2 millions de serpents bruns ont court-circuité les systèmes électriques, dévasté la croissance de nouveaux arbres et éliminé des espèces d'oiseaux entières.

Selon Science Alert, « 10 espèces d'oiseaux sur 12 originaires de Guam avaient disparu, y compris un martin-pêcheur qu'on ne peut trouver nulle part ailleurs sur Terre ». L'armée a dépensé pas moins de 12 millions de dollars à elle seule pour tenter d'éradiquer ce problème.

Coût annuel d'assainissement de l'environnement : 1,3 milliard de dollars

Allocations et coûts des sites

Les indemnités et les coûts de site pour l'armée, la force aérienne, les marines et la marine comprennent l'allocation de base pour le logement, les allocations de logement à l'étranger, les indemnités de vie chère et les indemnités de séparation des familles. Le coût annuel moyen par personne est de 25 900 $.

Coût annuel des indemnités et des coûts liés aux sites : 3,3 milliards de dollars

Soutien aux familles militaires

Le budget 2019 demandé par le département de la Défense pour le soutien des familles de militaires s'élève à 8,1 milliards de dollars et comprend : (1) des programmes de protection de l'enfance et de la jeunesse, (2) le soutien moral, le bien-être et les loisirs, (3) les services aux combattants et aux familles, (4) le commissaire, (5) les écoles à l'étranger du département de la Défense et (6) l'emploi de conjoint militaire.

Coût annuel de l'aide aux familles des militaires, 2,4 milliards de dollars

L'estimation des coûts ci-dessus n'inclut pas :

-les soins médicaux prolongés et de longue durée pour les anciens combattants partiellement ou définitivement invalides ;
- les coûts juridiques des activités criminelles commises par le personnel militaire sur des sites de base permanents ;
- les paiements aux communautés pour le remboursement des coûts de voisinage liés à la base ;
- les frais de négociation, de services juridiques et autres, pour la protection des terres, la restauration et l'extraction des ressources.

RÉSUMÉ :
Coût du personnel : 22,9 milliards de dollars
Transports : 1,3 milliard de dollars
Entretien des installations : 7,5 milliards de dollars
Construction : 4,8 milliards de dollars
Soins de santé : 5,9 milliards de dollars
Formation : 1,0 milliard de dollars
Restauration environnementale : 1,3 milliard de dollars
Allocations et coûts de site : de 3,3 milliards de dollars
Soutien aux familles des militaires : 2,4 milliards de dollars

Coût total annuel des bases militaires d'outre-mer : 50,4 milliards de dollars

Ajouter - Opérations de contingence à l'étranger (financer les guerres) : 89,0 milliards de dollars, inclus dans le rapport.

Coût total estimatif annuel des opérations à l'étranger : 139,4 milliards de dollars

La guerre n'est pas une activité normale. Le budget 2019 du département de la Défense articule clairement la montée en puissance des forces militaires, l'expansion des « solutions » militaires dans le monde. Il est absolument nécessaire de discuter du rôle des États-Unis dans la destruction de notre planète.

(Traduit de l'anglais par LML)

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Derrière « le plus important investissement du secteur privé
de l'histoire du Canada »

Le projet LNG Canada dans le nord de
la Colombie-Britannique

« Le plus important investissement du secteur privé de l'histoire du Canada »
- le premier ministre Justin Trudeau


Le projet LNG Canada, illustré ici par la ligne orange, a été lancé officiellement le
2 octobre 2018.

Le premier ministre de la Colombie-Britannique et le premier ministre du Canada étaient présents à Vancouver le 2 octobre pour l'inauguration officielle du projet d'exportation de gaz naturel liquéfié de 40 milliards de dollars de LNG Canada. Les deux représentants politiques des oligopoles privés attendaient patiemment la décision d'aller de l'avant annoncée plus tôt dans la journée par Maarten Wetselaar de Shell Global, représentant du consortium de Royal Dutch Shell, Mitsubishi Corp., Petronas, PetroChina Co.et Korean Gas Corp, qui contrôlent LNG Canada et en sont collectivement les propriétaires.[1]

Wetselaar a dit aux médias rassemblés : « Les gouvernements du Canada et de la Colombie-Britannique ont veillé à ce que le bon cadre fiscal soit en place pour que la tarte soit divisée de façon juste et équitable. »

La « tarte » qui sera « divisée de façon juste et équitable » est l'abondance de nouvelle valeur engendrée par les travailleurs par leur extraction de gaz naturel du nord-est de la Colombie-Britannique par la méthode de fracturation hydraulique, la construction d'un oléoduc de 670 kilomètres servant à transporter le gaz naturel vers Kitimat sur la côte nord de la Colombie-Britannique, la construction d'une usine de liquéfaction du gaz naturel à Kitimat pour refroidir le gaz naturel et le transformer en gaz naturel liquéfié (GNL) et la construction de pétroliers spéciaux pour le transport de GNL vers des clients à l'étranger.

Le « bon cadre fiscal » est un ensemble de stratagèmes pour payer les riches qui garantit un profit substantiel aux cinq oligopoles et aux monopoles de la construction qui participent au « plus important investissement du secteur privé de l'histoire du Canada ».

LNG Canada a prévu un budget de près de 16 milliards de dollars pour la construction en Asie de composantes modulaires pour l'usine et le terminal de LNG qui seront ensuite transportées à Kitimat. Un autre 24 milliards de dollars du budget est prévu pour se procurer la capacité de travailler des mineurs et des travailleurs de la construction et pour payer la valeur des machines et du matériel nécessaires pour l'extraction de gaz naturel, la construction de l'oléoduc, l'assemblage de l'usine et du terminal de GNL et mettre en marche l'opération au complet. LNG Canada a déjà réservé en sous-traitance les services de TransCanada Corporation pour la construction et l'opération de l'oléoduc de gaz naturel de 670 kilomètres.

Un haut fonctionnaire du gouvernement de la Colombie-Britannique présent à la conférence de presse a dit que les « premiers incitatifs financiers du projet » sont de l'ordre de 5,35 milliards de dollars. Il n'a pas été question d'annoncer les chiffres correspondant aux « incitatifs financiers du projet » de la part du fédéral, mais c'est un secret de polichinelle que des milliards de dollars en subventions fédérales d'Infrastructure Canada sont mis à la disposition du projet. Dans son budget 2017, le gouvernement fédéral de Trudeau a mis 10 milliards de dollars de côté pour les stratagèmes pour payer les riches liés aux projets d'infrastructure en commerce et en transport.

Lors de l'annonce, le premier ministre néodémocrate de la Colombie-Britannique, John Horgan, a dit : « Le potentiel de notre province est illimité, et la responsabilité de cette génération de Britanno-Colombiens est de prendre les décisions qui tiennent compte de ce potentiel. La décision d'aujourd'hui de LNG Canada d'investir dans le nord de la Colombie-Britannique est la preuve qu'il est possible d'équilibrer nos priorités économiques, environnementales et de réconciliation. C'est un équilibre qui bénéficiera au peuple de la Colombie-Britannique puisque nous allons bâtir une économie plus propre. »

M. Horgan n'a pas voulu reconnaître la contradiction inhérente à son affirmation, la question de « Qui décide ? ». D'un côté, il dit que la responsabilité de décider est assumée par « cette génération de Britanno-Colombiens ». De l'autre, il parle des oligarques de LNG Canada qui ont décidé d'aller de l'avant avec le projet. Il s'agit d'une contradiction fondamentale qu'on ne peut faire disparaître avec des phrases creuses telles « équilibrer » ceci et cela ou en évoquant l'enthousiasme général qu'au moins on construit quelque chose et qu'il y aura du travail pour des milliers de travailleurs pour qu'ils créent de la valeur.

L'oligarchie financière décide ou le peuple décide : c'est la contradiction à laquelle l'humanité est confrontée. La classe ouvrière doit engendrer de nouvelles formes sociales et politiques et des relations humaines par lesquelles le peuple peut décider de la direction de l'économie et avoir le contrôle de son économie et de la « tarte » entière créée par son travail.

(À suivre : Une étude de l'impact du projet de LNG Canada sur l'environnement naturel)

Note

 1. Voir article précédent sur LNG Canada : « Le vol des ressources du Canada dans le nord de la Colombie-Britannique : Ceux à qui profite le projet de LNG Canada d'extraction, de liquéfaction et d'expédition de gaz naturel en Colombie-Britannique », K.C. Adams, LML du 5 mai 2018.

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D'autres magouilles autour de l'oléoduc Trans Mountain

La définition du gouvernement Trudeau
de « bien faire les choses »

À la suite de la décision de la Cour d'appel fédérale du 30 août dans l'affaire Tsleil-Waututh nation c. Canada (Procureur général) (2018 CAF 153), le gouvernement Trudeau a déclaré qu'il ne ferait pas appel de la décision de la cour de bloquer le projet d'expansion du Trans Mountain parce que le gouvernement n'a pas suffisamment consulté des peuples autochtones dont les territoires sont concernés. Il a plutôt lancé deux processus qui, selon lui, sont nouveaux et conçus pour « bien faire les choses » cette fois-ci. Que signifie « bien faire les choses cette fois-ci » lorsque vous êtes le gouvernement Trudeau ?

Le gouvernement a fait deux annonces. La première concerne la conclusion du tribunal selon laquelle l'Office national de l'énergie (ONÉ) n'avait pas tenu compte de l'incidence de l'augmentation du trafic de pétroliers dans la mer des Salish découlant du projet d'agrandissement de Trans Mountain et de ses responsabilités en vertu de la Loi sur les espèces en péril. En réponse à cette décision, le gouvernement a chargé l'ONE de procéder à un examen et de produire un rapport le 22 février 2019, soit sur une période 22 semaines.

La deuxième annonce concerne sa décision de ne pas en appeler de la décision de la Cour fédérale devant la Cour suprême du Canada, mais de mener des « consultations de la phase III » avec 117 « groupes » autochtones touchés par le projet d'agrandissement du réseau de pipelines de bitume Trans Mountain (TMX). Le gouvernement a nommé l'ancien juge de la Cour suprême du Canada, l'honorable Frank Iacobucci, représentant fédéral chargé de superviser le processus de consultation. L'annonce mentionnait que le ministre des Ressources naturelles, Amarjeet Sohi, « commencera par discuter avec eux de la bonne façon de procéder pour réussir, cette fois-ci, le processus de consultation. Nous veillerons à ce que les Autochtones aient voix au chapitre tout au long de ce processus. »

Il est important de s'arrêter sur ce que veut dire « faire les choses de la bonne façon ». Le gouvernement fédéral a également indiqué clairement que s'il procède à une nouvelle série de consultations et à un bref examen de l'impact du projet sur le milieu marin, le TMX ira de l'avant. L'atténuation des impacts négatifs du pipeline doit être « économiquement viable ». Bien que ce terme ne soit pas défini, il ne peut que signifier que le « droit » des propriétaires privés - en l'occurrence les monopoles qui sont des expéditeurs déterminés - de s'enrichir doit être maintenu.

Ce que le gouvernement Trudeau entend par « réussir, cette fois-ci, le processus de consultation » est révélé par la façon dont il s'y prend. Il a envoyé une lettre datée du 26 septembre concernant la réévaluation du projet de pipeline Trans Mountain et des navires pétroliers aux « groupes autochtones concernés » et aux « Canadiens préoccupés ». La lettre demande des commentaires sur les points suivants :

1. l'évaluation du transport maritime lié au projet à inclure ou non dans l'évaluation ;

2. les points de vue sur une ébauche de liste de « questions relatives à son réexamen ;

3. la conception de la procédure d'audience à utiliser pour l'examen en réexamen ;

4. quels ministères et agences gouvernementales devraient fournir à l'Office de l'information durant les audiences.

Les réponses devraient être soumises en moins d'une semaine. Elles seront ensuite examinées et une liste finale de questions publiée.

Une lettre ouverte adressée à l'ONE par l'Union des chefs indiens de la Colombie-Britannique (UBCIC) condamne le processus imposé par le conseil pour réévaluer le TMX. « Nous condamnons le fonctionnement actuel de ce processus. Des questions prédéterminées, des délais ridiculement courts et une rhétorique évidente pour éviter d'inclure les conséquences de l'augmentation du trafic de pétroliers au large de la côte de la Colombie-Britannique, malgré l'arrêt de la Cour d'appel fédérale. Le fait que l'évaluation précédente était insuffisante en raison de l'omission du transport maritime indique que la réévaluation de l'ONE n'a qu'un seul objectif : mener ce projet à terme, en dépit des décisions de la Cour, de l'opinion publique et de l'opposition des autochtones. »

L'UBCIC souligne que le gouvernement s'est engagé à mettre en oeuvre la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones (DNUDPA) sans réserve. La DNUDPA reconnaît le droit de « libre consentement préalable et éclairé », qui a ensuite été violé à chaque étape du processus.

L'ONE a déjà établi l'ordre du jour de la consultation, prédéterminé les questions et les conclusions. Il rencontre des « groupes préoccupés » comme s'il menait une étude de marché. Il ne s'adresse même pas aux peuples autochtones concernés ni aux communautés locales composées de citoyens et de résidents qui font partie d'un corps politique responsable de son bien-être dans son ensemble, y compris celui des peuples autochtones. La navigation maritime est clairement une question cruciale sur la côte ouest qui préoccupe les nations autochtones et les Canadiens. Répondre aux ordres du jour établis par d'autres ne constitue pas une véritable consultation, comme le souligne l'UBCIC. Ça ne marchera pas.

L'incapacité du gouvernement à faire correspondre les mots aux gestes révèle la crise dans laquelle les institutions démocratiques sont embourbées. La vision des riches selon laquelle, en raison de leur propriété privée de l'économie socialisée, ils ont le droit de prendre toutes les décisions est un outrage aux véritables propriétaires de la terre et du bien public. C'est un mépris envers les peuples autochtones qui n'ont jamais cédé ce territoire et dont l'existence même est constamment attaquée. C'est refuser de reconnaître la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie et des droits des travailleurs qui créent réellement la valeur ajoutée. Les décisions qui entraînent des conséquences d'une telle ampleur doivent être entre les mains de la classe ouvrière, des Canadiens et des peuples autochtones.

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L'élection présidentielle au Brésil passe au deuxième tour

La lutte pour la démocratie s'intensifie


La manifestation à Sao Paulo le 10 octobre 2018 suite à l'annonce des résultats de l'élection a montré la détermination des Brésiliens à ne pas retourner à la dictature sous Bolsonaro.

Le 28 octobre, un deuxième et ultime tour aura lieu pour l'élection du prochain président du Brésil puisque le premier tour n'a pas été concluant. Les deux adversaires sont Jair Bolsonaro du Parti social libéral (PSL), qui a obtenu 46 % des voix admissibles au premier tour, et Fernando Haddad du Parti des travailleurs (PT) qui a obtenu un peu plus de 29 % des voix. L'ancien président Luis Inacio « Lula » da Silva, qui devait être le candidat présidentiel du Parti des travailleurs, s'est fait interdire de se présenter comme candidat par des mesures du système judiciaire brésilien qui sont une simple extension du coup constitutionnel perpétré contre le corps politique avec comme cible principale le PT.

Lors de ces élections, l'oligarchie financière responsable du coup constitutionnel pour faire tomber le PT et changer la direction de l'économie a confié la tâche de remporter les élections à Bolsonaro, un ancien capitaine militaire, et à son co-candidat, un général à la retraite, afin qu'ils veillent à ce que la direction de l'économie soit favorable à l'oligarchie financière et non au peuple. Les grands intérêts économiques au pays et à l'étranger ont misé énormément sur les résultats de cette élection, eux qui se sont déjà prêtés à toutes sortes d'activités criminelles et sans scrupules pour faire tomber le PT.

Le candidat présidentiel du PT, Fernando Haddad, est un ancien ministre de l'Éducation qui était aussi maire de Sao Paulo. Sa co-candidate à la vice-présidence, Manuela D'Avila, est une ancienne dirigeante du mouvement étudiant qui a par la suite été élue aux assemblées législatives au niveau fédéral et d'État de Rio Grande do Sud pour le Parti communiste du Brésil (PCdoB). Leur programme est de mettre fin à la destruction nationale imposée au Brésil par l'oligarchie financière après que la présidente Dilma Rousseff ait été démise de son poste il y deux ans par un coup constitutionnel.

Dès que la nouvelle a été annoncée que Bolsonaro n'avait pas réussi à remporter la victoire souhaitée au premier tour, les forces populaires se sont mises en action pour unir tous ceux qui pouvaient l'être pour empêcher l'oligarchie financière et les militaristes de réussir un coup électoral au deuxième tour.

Le PCdoB est d'avis que la tenue d'un deuxième tour est en soi une immense réalisation des forces démocratiques, populaires et progressistes et un échec pour la candidature de Bolsonaro. Le PCdoB fait valoir que la candidature de Bolsonaro a été catapultée par les médias monopolisés, d'importants regroupements économiques et financiers et des sections de l'appareil d'État. Ces forces ont déclenché une opération majeure, y compris des actes illégaux comme un tumulte de fausses nouvelles sur les médias sociaux dans le but d'obtenir une victoire dès le premier tour.

La tâche entre maintenant et le 28 octobre, selon le PCdoB, consiste à développer un vaste front démocratique en appui à la présidence d'Haddad. Il lance un appel à ceux et celles dont les candidats ne se sont pas rendus au deuxième tour, les électeurs qui ont gaspillé leur bulletin de vote, n'ont rien indiqué sur leur bulletin de vote ou se sont abstenus de voter et les autres qui ont voté en faveur de Bolsonaro sans comprendre quels intérêts il représente réellement et qui il servira s'il accède à la présidence.



Sao Paulo le 10 octobre 2018

Même si voter est obligatoire pour les 18 ans et plus au Brésil, plus de 20 % des 147 millions d'électeurs enregistrés ne sont pas allés voter. Plus de 10 millions de personnes ont gaspillé leur vote ou laissé leur bulletin de vote blanc.

D'anciens candidats et membres d'autres partis, organisations et groupes religieux se sont avancés pour appuyer la candidature du PT et contribuer à empêcher que Bolsonaro n'accède à la présidence et tout ce que cela représenterait pour le Brésil. On a rapporté que es milliers de personnes ont marché à Sao Paolo et Porto Alegre suite au premier tour pour exiger la préservation de la démocratie et dire : « Jamais plus la dictature ! » Les manifestations sont organisées dans l'esprit des marches massives de « Lui, jamais ! » organisées par les femmes partout au Brésil le 29 septembre.[1] Les étudiants universitaires de Sao Paulo, Brasilia, Porto Alegre et d'ailleurs organisent des réunions et bâtissent un front antifasciste autour de la coalition « Le Brésil heureux à nouveau » pour le deuxième tour de l'élection. Les étudiants des écoles secondaires à Belem, dans l'État de Para, ont débrayé à la défense de la démocratie et du droit à l'éducation.

La situation que vivent les Brésiliens met en relief la nécessité que les activistes politiques mobilisent le peuple de façon massive pour priver les élites dirigeantes de leur capacité de déclarer qu'elles ont un mandat pour la dictature qu'elles comptent imposer au nom de la démocratie. Le pouvoir de contrôler les questions d'importance qui touchent à la vie du peuple repose entre les mains du peuple et celui-ci cherche à s'en servir pour priver l'élite dirigeante du pouvoir de le priver de ce qui lui appartient de droit. D'importantes luttes pour s'investir du pouvoir comme celle que mène présentement le peuple brésilien devront être menées avec le plein poids de l'organisation et du nombre au service de la tâche à accomplir.

La classe ouvrière du monde entier ne fait qu'un avec le peuple brésilien dans cette lutte de portée historique.


  Rassemblement étudiant à Rio de Janeiro le 10 octobre 2018


Porto Alegre le 10 octobre 2018

Note

1. Voir « Gigantesques manifestations 'Lui, jamais!' partout au Brésil », LML du 6 octobre 2018

(Photos : Midia Ninja)

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