Le Marxiste-Léniniste

Numéro 25 - 23 juin 2018

Modifications à la Loi électorale du Canada

Des mesures censées cibler l'ingérence étrangère dans les élections

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Modifications à la Loi électorale du Canada
Des mesures censées cibler l'ingérence étrangère dans les élections - Anna Di Carlo, dirigeante nationale du PMLC
Le Conseil de l'Atlantique et Facebook font équipe pour surveiller les élections à l'échelle mondiale

À titre d'information
Remarques du PMLC au comité parlementaire sur le projet de loi C-76
Les modifications à la Loi électorale concernant l'influence étrangère dans
les élections


Défendons les droits de tous
Des actions pour protéger un site sacré autochtone à Ottawa
Manifestation à Montréal pour réclamer un statut pour tous

Amérique latine
Que se passera-t-il au Forum de Sao Paulo à La Havane? - Bertha Mojena Milan, Daina Caballero, Granma
Un appel au peuple brésilien - Luiz Inácio Lula da Silva
Les injustices commises contre moi sont une injustice faite au peuple brésilien - Entrevue avec Lula par Elson Concepción Pérez, Granma

Des initiatives qui font avancer la paix, la sécurité et la prospérité sur la péninsule coréenne
Les relations entre la République populaire démocratique de Corée et la Chine se renforcent
La coopération avec la Russie
Le rapatriement des restes des soldats américains par la RPDC a commencé
Les exercices de guerre Freedom Guardian de la Corée du sud et des États-Unis sont suspendus


Modifications à la Loi électorale du Canada

Des mesures censées cibler l'ingérence
étrangère dans les élections

Le projet de loi C-76 du gouvernement libéral, Loi sur la modernisation des élections, est censé avoir pour but de combattre la menace d'ingérence étrangère dans le processus électoral, entre autres. Il se passe rarement un jour sans qu'on entende dire que l'ingérence étrangère menace la démocratie et la stabilité politique du Canada. La Russie et la Chine seraient les principales coupables, et il serait même question de la République populaire démocratique de Corée. Beaucoup de choses ont été dites et écrites sur les allégations d'ingérence russe dans l'élection de 2016 aux États-Unis. On allègue également que le processus électoral est entaché d'un financement étranger passant par des tiers.

Lorsque la ministre des Institutions démocratiques, Karina Gould, a comparu devant le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre qui examine le projet de loi C-76, elle a dit : « Nous renforçons nos lois, mettons fin à des échappatoires et mettons en place un régime de contrôle d'application plus robuste afin de rendre la tâche plus difficile aux perturbateurs qui tentent d'influencer nos élections. » Elle a ajouté que le projet de loi « propose des changements liés à l'influence étrangère et aux perturbations en ligne » et que « ces changements peuvent être mis en oeuvre dans le cadre de la Loi électorale du Canada  ».

Que veut dire la ministre par « changements qui peuvent être mis en oeuvre dans le cadre de la Loi électorale du Canada » ? À ce jour, aucune preuve n'a été produite pour soutenir les allégations concernant l'intervention russe dans l'élection américaine de 2016. Il a été démontré que durant l'élection certains individus et certaines organisations ont monnayé les plateformes des médias sociaux en affichant des histoires à sensation avec la méthode appelée « clickbait » (piège à clics). Ils ont fait beaucoup d'argent et ont rabaissé le niveau de la politique. Il y a également de récentes preuves d'une fuite au sujet des manoeuvres du camp Clinton contre Bernie Sanders au sein du Parti démocrate. Mais à part les accusations, contre-accusations et histoires à sensation, aucune preuve d'ingérence étrangère dans le processus électoral aux États-Unis ou au Canada n'a été produite.

Malgré tout, le 31 mars dernier la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland a annoncé l'expulsion de quatre diplomates russes. Elle affirme dans un communiqué qu'« il a été établi que ces quatre personnes ont utilisé leur statut diplomatique pour compromettre la sécurité du Canada ou s'immiscer dans notre démocratie ». Lorsqu'un journaliste de CBC a demandé au ministre de la Défense Harjit Sajjan si les Russes expulsés étaient intervenus dans l'élection fédérale de 2015, il a répondu que « tout est dans la déclaration » et que, pour « des raisons de sécurité nationale, je ne peux pas entrer dans les détails ». Il a également refusé de répondre à un journaliste qui lui demandait pourquoi ces diplomates n'avaient pas été expulsés avant s'ils s'étaient immiscés dans l'élection de 2015. Le journaliste a posé la question à Wesley Wark, professeur de l'Université d'Ottawa spécialiste des questions de cybersécurité et de renseignements, qui a répondu : « Vous ne devez pas voir dans ce communiqué une déclaration que le gouvernement a des preuves précises sur l'ingérence dans les élections. C'est davantage un coup de semonce. » CBC a conclu que l'expulsion visait « à envoyer un message aux Russes qu'Ottawa ne va pas tolérer des opérations d'influence ».

De plus, le rapport déposé par le Centre de la sécurité des télécommunications (CST) sur les cybermenaces à la sécurité des élections au Canada ne fait que reprendre les allégations non fondées du FBI, de la CIA et de la NSA aux États-Unis.

Au bout du compte, puisque le gouvernement ne donne aucun fait pouvant éclairer le public sur ce qui est en jeu sur ce front, il est clair qu'il utilise la menace d'ingérence étrangère pour justifier des mesures qui n'ont pas vraiment à voir avec combattre l'ingérence étrangère. Il n'y a pas d'autre conclusion à tirer.

Il est néanmoins important de voir ce que propose le projet de loi C-76 à cet égard.

À la réunion du comité parlementaire à laquelle le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC) a participé, le 7 juin, une des témoins, Vivian Krause, une chercheuse et écrivaine, a invoqué une plainte de 36 pages remise au commissaire des élections de l'Alberta par le député conservateur Michael Cooper, alléguant qu'à l'élection de 2015 la fondation Tides basée aux États-Unis a donné environ 700 000 $ à huit tiers. La plainte n'a jamais été rendue publique et le commissaire n'a divulgué aucun détail ni précisé si une enquête était en cours. Krause a néanmoins dit au comité que des tiers avaient agi comme agents de ceux qui veulent « enclaver les sables bitumineux » au Canada.

Lorsqu'un membre du comité lui a demandé de préciser ce qui a été fait durant l'élection de 2015 qui constituerait une ingérence étrangère, elle n'avait pas de réponse. Elle a laissé entendre que des agents étrangers opèrent entre les élections et que lorsque vient le temps de l'élection, le tort est déjà fait. Elle a proposé que le projet de loi aille plus loin, comme interdire à toute organisation qui participe à une élection de recevoir des fonds de l'étranger, de la même façon que les partis politiques et les candidats ne peuvent obtenir des dons que des citoyens et résidents permanents du Canada.

Ces allégations, qui n'ont pas été prouvées, signifient que des entreprises rivales se querellent et prennent partie. À quoi bon dans ce cas-là s'en prendre à des tiers qui « acheminent » l'argent puisque les entreprises peuvent intervenir directement comme tiers ? Toute société ayant des opérations au Canada peut participer aux élections à titre de tiers et peut contribuer des « fonds canadiens » à un tiers. Tous les règlements sur le financement ne font pas de distinction entre ce qui est une ingérence étrangère ou pas, car cela a à voir avec comment et qui définit l'intérêt national

Au bout tu compte, le projet de loi C-76 fera très peu ou rien pour bloquer la voie à ceux qui veulent influencer le discours politique au Canada par des moyens détournés, en finançant la promotion ou la dénonciation de causes particulières, que ce soit les pipelines ou autres. Le directeur général des élections a noté par exemple que rien n'empêche une entité étrangère de donner de l'argent à une entité canadienne qui peut ensuite en toute légalité le remettre à un tiers qui intervient dans l'élection. Il a proposé encore plus de mesures anticollusion.

Il y a définitivement un facteur de dissuasion dans ce projet de loi, dans la mesure où il impose de nouvelles restrictions aux tiers. On nous dit que les nouveaux règlements visent à empêcher le « métissage » des contributions étrangères et non étrangères. Or, une société étrangère ayant des opérations au Canada n'a pas à prouver d'où vient l'argent. Rien ne l'empêche de recevoir un transfert d'argent de la caisse noire de son siège social à l'étranger pour soutenir un projet donné au Canada, surtout s'il s'agit d'un projet auquel les Canadiens s'opposent.

La nouvelle réglementation va surtout nuire aux « tiers » qui ont moins d'argent pour faire valoir leur cause. Les grandes organisations ne seront nullement découragées et vont en fait pouvoir dépenser encore plus en tant que tiers.

La question est jusqu'où les cercles dominants peuvent aller pour interdire l'opinion politique et son expression sans se heurter aux limites actuelles de la loi. Le projet de loi porte uniquement sur les limites de dépenses et les sources de financement, alors que les cercles dominants ciblent le contenu du discours politique présentement protégé par la Charte des droits et libertés. Ce que dit en fait la ministre Gould, c'est que les vraies mesures sont prises ailleurs, comme avec le projet de loi C-59, Loi concernant des questions de sécurité nationale, qui permet au CST de se livrer à des opérations de cybersécurité clandestines au nom de la défense du processus électoral et politique. Sont alors invoqués des pouvoirs de police secrète que personne ne peut contester puisque cela est fait en dehors de la loi au nom de la « sécurité nationale ». Déjà, des grèves sur des questions de santé et sécurité au travail dans l'industrie du chemin de fer, des actions communautaires reliées aux pipelines et d'autres ont été déclarées des questions de sécurité nationale.

Le projet de loi C-76 prétend s'attaquer à un problème d'ingérence étrangère dans les élections fédérales, mais seules les agences de sécurité et de renseignement semblent savoir de quoi il s'agit au juste. Ce n'est pas un problème qui a été identifié par l'ensemble du corps politique, qui doit se contenter de croire ces agences sur parole. Bien souvent les Canadiens se sont fait dire dans les cas de certificats de sécurité que les agences de renseignement ne peuvent pas révéler leurs preuves ou parler de leur travail publiquement. C'est un problème. Comment peuvent-ils accepter des modifications proposées à la Loi électorale sous prétexte de contrer la menace d'ingérence étrangère dans les élections et de menaces à la démocratie canadienne s'ils n'ont aucun fait et n'ont accès à aucune preuve ?

S'il y a un problème d'ingérence étrangère dans les élections, la seule défense véritable est d'investir le peuple du pouvoir de décider, mais c'est précisément ce que la Loi électorale ne fait pas. Au contraire, on accroît la réglementation qui peut mener à la criminalisation de la participation politique des individus, des partis et des associations qui n'ont pas accès au pouvoir et au privilège, ni aux échappatoires de la loi par lesquels les riches et les puissants font valoir leurs intérêts. Ce n'est qu'en développant leurs politiques indépendantes qui contribuent au mouvement pour investir le peuple du pouvoir de décider de ses affaires que les Canadiens peuvent affirmer leur droit de faire leurs réclamations à la société, un droit qui leur appartient du fait qu'ils sont des êtres humains.

C'est seulement ainsi que les Canadiens peuvent faire leur choix et se faire une opinion sur le rôle d'intérêts étrangers et comment cela contrevient à leur désir d'avoir une économie stable, l'indépendance politique, un environnement naturel et social sain et la paix. En l'absence de cela, les recommandations pour défendre les élections contre les ingérences étrangères ne semblent pas répondre à des situations pertinentes, à des besoins passés ou présents. Les vraies mesures sont prises ailleurs et elles ciblent le droit des Canadiens de s'associer et d'intervenir dans leurs propres intérêts et ceux de la société. Que ce soit durant une élection ou entre les élections, les Canadiens se heurtent à l'argument qu'ils mettent en péril l'intérêt national. Qu'est-ce que l'intérêt national et qui le définit sont des questions incontournables.

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Le Conseil de l'Atlantique et Facebook font équipe pour surveiller les élections à l'échelle mondiale

Le Laboratoire d'expertise judiciaire en informatique du Conseil de l'Atlantique (DFRLab) a annoncé un partenariat avec Facebook pour défendre « l'intégrité des élections » dans le monde entier. Le programme commun « identifiera, exposera et expliquera la désinformation lors des élections à l'échelle mondiale dans le cadre d'une initiative plus large visant à fournir une recherche indépendante et crédible sur le rôle des médias sociaux dans les élections, ainsi que sur la démocratie en général ». L'objectif de DFRLab est de « suivre en permanence les campagnes de désinformation, les fausses nouvelles, les développements militaires clandestins et les tentatives de subversion contre la démocratie tout en enseignant au public les compétences pour identifier et exposer les tentatives de polluer l'espace de l'information ». Même s'il fait équipe avec Facebook, le DFRLab affirme qu'il continuera à « jeter un oeil indépendant et critique sur toutes les plateformes, y compris Facebook même ». À cet égard, il note que Facebook dispose déjà d'une équipe de surveillance dédiée qui devrait atteindre 20 000 personnes d'ici la fin de 2018.

Dans l'annonce du 17 mai, le Conseil affirme que le débat public est au coeur de la démocratie et que ce débat nécessite que l'information soit son fondement. Il mentionne également que « trop souvent ces dernières années, nous avons été témoins d'attaques contre ce fondement : la diffusion délibérée de fausses informations, d'acteurs d'États hostiles qui font la promotion de contenus qui sèment la division, et d'attaques contre les reportages factuels et la recherche fondée sur des preuves. » Le Conseil atlantique affirme que « les mauvais acteurs ou les minorités agressives peuvent abuser des connexions pour le pouvoir, le profit ou la propagande ».

DFRLab explique plus en détails sa mission qui est d'« exposer et expliquer les faussetés qui sont véhiculées en ligne et d'identifier sa source et ceux qui l'amplifient ». Il rapporte qu'il « regarde tout depuis le conflit en Syrie, jusqu'aux manifestations en Russie, à l'automatisation politiquement motivée et aux bots en Malaisie ». Il mentionne également que le laboratoire fournira « une gamme d'informations que nous pouvons soit prouver ou réfuter et laisser notre auditoire tirer ses propres conclusions », en insistant sur l'analyse des « exemples de désinformation pour décortiquer ses éléments constitutifs et en expliquer le défi dans son ensemble parce que des termes tels que « fausses nouvelles » et « des réseaux de zombies » sont omniprésents et plus un défi de taille qu'ils ne le devraient.

Les 22 et 23 juin, le DFR Lab a organisé un symposium à Berlin intitulé « 360/OS, bienvenue dans l'ère de l'engagement numérique ». Il est décrit comme le lancement d'un projet visant à « exploiter le pouvoir du code source libre, des médias sociaux et de la recherche scientifique numérique ». Il est mentionné que les outils qu'ils créent vont « identifier les non identifiables et discerner ce qui était indiscernable » afin de « créer et cultiver les techniques nécessaires pour exposer les mensonges et les fausses nouvelles, documenter les violations des droits de l'homme et rendre compte de l'actualité des événements mondiaux en temps réel ». Les conférenciers invités sont décrits comme des « décideurs politiques, des chefs d'entreprise et des dirigeants des médias, des journalistes et des activistes de la société civile à la tête de la lutte contre la désinformation, la supercherie et la propagande ».

L'ancienne secrétaire d'État américaine Madeleine Albright y prononce un discours sur le thème « La démocratie prise en otage ». Le symposium va se conclure par un « Freedom Awards Dinner » en l'honneur d'Albright. Chris Krebs, sous-secrétaire de la Direction des programmes et de la protection nationale du département américain de la Sécurité intérieure, s'exprime sur le thème « Pour et par le peuple : un point de vue du gouvernement », accompagné de Janis Sarts, directrice du Centre pour l'excellence du StratCom de l'OTAN. Parmi les conférenciers du secteur des entreprises, mentionnons Katie Harbath, directrice de la politique mondiale et de la sensibilisation gouvernementale de Facebook ainsi que le directeur de la politique en matière de cybersécurité de Microsoft, Jan Neutze.

L'argent provient de l'OTAN et du secteur des médias sociaux monopolisés pour financer ce genre d'activités qui créent un réseau de surveillance de l'information politique sur l'Internet dirigé par l'OTAN grâce à une alliance d'entreprises, d'organisations de la sécurité nationale et d'ONG.

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À titre d'information

Remarques du PMLC au comité parlementaire
sur le projet de loi C-76

Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC) a été invité par le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre à présenter ses vues sur le projet de loi C-76 le 6 juin 2018. Le PMLC a eu droit à cinq minutes pour commenter les 352 pages d'amendements que le projet de loi apporte à la Loi électorale du Canada . La dirigeante nationale du parti, Anna Di Carlo, s'est limitée à des remarques d'introduction sur deux aspects du projet de loi. Le texte de ces remarques suit.

* * *

Monsieur le président,

Estimés membres du Comité,

Le projet de loi C-76 est une occasion ratée de défendre les principes démocratiques et de contribuer à atténuer la perception que les gouvernements de partis n'ont pas le consentement des gouvernés. Le refus de s'attaquer à ce problème ne servira personne : ni les partis politiques qui croient pouvoir en bénéficier, ni le corps politique dans son ensemble. Le projet de loi C-76 ne fait rien pour résoudre les problèmes liés à la conduite d'une élection. Le processus électoral et ses résultats n'inspirent pas confiance qu'un mandat a été donné et que ce mandat a l'appui du peuple.

Deux problèmes que nous souhaitons soulever sont la violation du droit à un vote éclairé et le besoin d'avoir l'égalité de tous ceux qui se présentent à une élection. Les deux sont liés. Le traitement inégal des candidats dû au fait que des privilèges sont accordés aux partis dits majeurs porte atteinte au droit des Canadiens à un vote éclairé. Des secteurs privilégiés décident ce que le peuple doit entendre et pourquoi, ce qui est vraiment intéressé et antidémocratique.

Depuis les années 1970, l'égalité politique est identifiée à l'existence d'une égalité des chances pour tous les partis et candidats. En effet, tous doivent satisfaire aux mêmes critères d'éligibilité, respecter les mêmes limites sur les dépenses, etc.

Mais que valent ces règles d'égalité si la Loi électorale accorde des privilèges à certains ? Les partis dits majeurs jouissent de privilèges spéciaux parce qu'ils seraient les seuls considérés comme pouvant former le gouvernement et par conséquent les seuls qui méritent d'être entendus ; tous les autres sont considérés comme marginaux ou secondaires. Ceux qui ont déjà accès au pouvoir s'accordent un rôle privilégié et la Loi électorale joue en leur faveur. Ce n'est pas démocratique ! Les seuls à ne pas voir le caractère intéressé de ces arrangements sont ceux qui adoptent et appliquent des lois qui les servent. Les Canadiens ne voient pas les choses de la même façon. Ils y voient une violation des principes démocratiques fondamentaux, ce qui exacerbe la crise de crédibilité et de légitimité de la Loi électorale.

Le financement public des partis politiques et des candidats a été introduit en partie au nom de l'atténuation des inégalités. Puisque la loi était et continue d'être informée par le but de former des gouvernements de partis, le régime de financement est continuellement réformé en faveur des soi-disant partis majeurs plutôt qu'en faveur de la défense du droit à un vote éclairé et de l'égalité de tous ceux qui se présentent à une élection.

Le projet de loi C-76 maintient cet encadrement. Une occasion de corriger le problème s'est présentée lorsque le directeur général des élections a présenté des recommandations concernant la formule d'allocation du temps d'antenne pour éliminer le privilège accordé à certains partis. Élections Canada recommande depuis 17 ans plus de ressources publiques pour le temps d'antenne gratuit et que celui-ci soit réparti de façon égale parmi tous les partis politiques enregistrés. La recommandation est rejetée à chaque fois. Pour la prochaine élection, en 2019, cela voudra dire que la majeure partie du temps d'antenne public ira encore une fois aux partis qui sont à la Chambre des communes, et que le Parti libéral en obtiendra encore la part du lion. Puisque le temps d'antenne gratuit n'est pas considéré dépense ou une contribution visée par les limites sur les dépenses, le régime d'allocation est une autre preuve de la futilité des limites sur les dépenses dans la vie réelle.

En ce qui concerne le droit des Canadiens à la vie privée, nous nous rangeons du côté du Commissaire à la vie privée et d'autres qui demandent que tous les partis se soumettent aux lois sur la vie privée pour empêcher les atteintes à la vie privée des électeurs.

Il y a une grande ironie dans la demande que la Loi électorale exige des attestations de respect de la vie privée des électeurs par les partis quand la loi porte elle-même atteinte à la vie privée. En 2006, le Parti conservateur était à l'avant-garde du microciblage avec son système CIMS (Constituent Information Management Systems). Le parti au pouvoir a introduit l'identificateur unique de tous les électeurs et les cartes bingo. Le but était de faciliter l'intégration des données, le microciblage et la surveillance des électeurs. En introduisant la carte bingo, il a fait des employés d'Élections Canada des substituts des représentants des partis auparavant déployés dans les bureaux de vote pour déterminer qui a voté et qui n'a pas encore voté. Tous les partis à la Chambre des communes ont appuyé ces mesures.

Et maintenant, comme si cela allait de soi, des identificateurs uniques des électeurs sont remis aux partis politiques sans le consentement préalable des électeurs. C'est tout simplement inacceptable. Il faut un processus affirmatif par lequel les électeurs donnent leur consentement préalable. Ils doivent avoir le choix de retirer leur identificateur unique de la liste des électeurs quand les listes sont remises aux partis politiques. En plus, ils devraient avoir le choix de divulguer ou pas s'ils sont allés voter, c'est-à-dire s'ils veulent que cela apparaisse sur les listes de bingo.

À l'heure actuelle, un électeur peut s'y soustraire en se désinscrivant puis se réinscrivant à la prochaine élection. Mais au bout du compte cela ne sert pas à grand-chose puisque lorsque l'électeur s'inscrit au bureau de scrutin, il reçoit le même numéro d'identification unique qu'avant, ce qui veut dire qu'il est traçable à jamais.

Deux points sont essentiels. Le premier est que les identificateurs uniques ne sont pas requis pour maintenir l'intégrité de la liste électorale permanente. Le deuxième, qui est plus important encore, est que le pistage des électeurs et la construction de profils à leur sujet ne font rien pour élever le niveau du discours politique au sein du corps politique. Cela n'améliore pas l'engagement des électeurs dans le processus politique. C'est fait uniquement pour faciliter la collecte d'information au sujet des électeurs pour les soumettre au ciblage par les grandes entreprises embauchées pour mener des campagnes. L'information recueillie à leur sujet est utilisée pour les pousser à soit voter pour le parti qui a embauché l'entreprise, soit voter contre un adversaire, soit ne pas voter du tout. Rien de tout cela ne sert à engager les électeurs. La prétention que la surveillance des électeurs et le fait de construire des profils à leur sujet va rehausser la démocratie ou le processus démocratique ne fait qu'ajouter au sentiment chez les électeurs que tout le processus est intéressé et hors de leur contrôle.

Le débat sur la protection de la vie privée a porté sur les développements en matière de surveillance des électeurs et du microciblage par des entreprises spécialisées dans le domaine de l'analyse des données - comme la tristement célèbre Cambridge Analytica, pour n'en citer qu'une. L'attention portée à cette affaire a éclipsé dans les faits l'impact du microciblage sur le processus, et en particulier sur le supposé devoir des partis politiques envers le corps politique en tant qu' « organisations politiques primaires » dont le rôle est d'engager les électeurs dans la discussion et le débat sur les problèmes de la société et dans l'établissement de l'ordre du jour et des politiques de la société.

De plus, par on ne sait quel raisonnement, les énormes dépenses en technologies informatiques ne sont pas considérées comme des dépenses électorales. C'est un autre élément qui rend risible la notion que les limites des dépenses électorales contribuent à l'égalité des chances et à l'égalité entre les partis et candidats.

À notre avis, les développements justifient une enquête publique complète. Certes, la technologie moderne devrait être utilisée lors des élections au XXIe siècle, mais pourquoi son utilisation violerait-elle les principes démocratiques ? Le moment est venu d'avoir des délibérations publiques sur toutes les prémisses fondamentales du processus électoral : comment les mandats sont octroyés, comment les candidats sont sélectionnés, l'utilisation de fonds publics afin que tous les candidats, qu'ils soient membres d'un parti politique ou pas, soient égaux. Nous disons qu'il faut financer le processus et non les partis. Utilisons des fonds publics pour informer les électeurs sur tous les candidats et mettons fin à la position privilégiée des partis dits majeurs.

Je suis disponible pour discuter des aspects que j'ai soulevés ou de tout autre aspect de la Loi électorale que je connais très bien. Je participe à cette discussion depuis la Commission Spicer en 1991 et le PMLC subit toutes ces mesures injustes et antidémocratiques depuis 1972, qui est la première année où notre parti a participé aux élections. Nous connaissons bien les défauts de la Loi électorale et nous savons ce que les Canadiens en pensent en pratique.

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Les modifications à la Loi électorale concernant l'influence étrangère dans les élections

La Loi électorale du Canada (LEC) actuelle comprend déjà plusieurs clauses qu'on dit nécessaires pour contrer une possible influence étrangère dans une élection fédérale. Il y a une section à caractère général, l'article 331, intitulé « Incitation par les étrangers  » qui comprend le sous-titre « Interdiction — incitation par des étrangers  ». Il se lit ainsi : « Il est interdit à quiconque n'est ni un citoyen canadien ni un résident permanent au sens du paragraphe 2(1) de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés et ne réside pas au Canada d'inciter de quelque manière des électeurs, pendant la période électorale, à voter ou à s'abstenir de voter ou à voter ou à s'abstenir de voter pour un candidat donné. » La LEC dans sa forme actuelle ne définit pas le mot « inciter ».

Cette section reconnaît la légitimité d'activités électorales menées par des individus qui ont un intérêt dans ce qui se passe au Canada du fait qu'ils sont citoyens canadiens ou parce qu'ils vivent au Canada et elle interdit les activités de ceux qui n'y vivent pas. Elle reconnaît le droit de tous ceux qui sont soit des citoyens, résidents permanents ou résidents au Canada d'y participer. Seulement les citoyens peuvent élire et être élus alors que seulement les citoyens et les résidents permanents peuvent faire des contributions aux partis politiques et aux candidats.

La LEC ne donne pas de définition de ce que veut dire « réside au Canada » contrairement à « résident permanent » qui est défini par un statut spécifique, conféré juridiquement. La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés parle d'« étrangers » se trouvant au Canada qui se voient octroyer un « statut de résident temporaire » par le biais de permis de travail, de visas étudiants et de « permis de visite prolongés.

Le projet de loi 76, Loi sur la modernisation des élections, abroge l'article 331 et le remplace par un article intitulé « Influence indue par des étrangers ». Le nouvel article décrit les personnes et les entités qui sont comprises dans le terme « étrangers » et quelles activités constituent une « influence indue ». Il modifie d'autres clauses qui traitent des « tiers étrangers » et des tiers canadiens, c'est-à-dire toute personne ou organisation autres que des candidats ou des partis politiques enregistrés.

Influence indue par des étrangers

Le projet de loi C-76 définit un « étranger » de la façon suivante :

- les particuliers qui ne sont pas des citoyens canadiens, des résidents permanents ou qui ne résident pas au Canada;

- les personnes morales ou entités constituées, formées ou autrement organisées ailleurs qu'au Canada, qui n'exercent pas d'activités commerciales au Canada ou dont les seules activités au Canada consistent, pendant une période électorale, à exercer une influence sur un électeur pendant cette période afin qu'il vote ou s'abstienne de voter ou vote ou s'abstienne de voter pour un candidat donné ou un parti enregistré donné à la prochaine élection;

- les syndicats qui ne sont pas titulaires d'un droit de négocier collectivement au Canada;

- les partis politiques étrangers;

- les États étrangers ou l'un de leurs mandataires

Une personne ou une entité se rend coupable d' « influence indue » si :

- elle engage sciemment des dépenses pour directement favoriser ou contrecarrer un candidat à l'élection, un parti enregistré qui y soutient le candidat ou le chef d'un tel parti enregistré;

- elle fait ou publie une fausse déclaration interdite au sujet de l'une de ces entités;

- l'un des actes qu'elle a commis pour influencer l'électeur constitue une infraction à une loi fédérale ou provinciale ou à un règlement d'une telle loi.

La période couverte par la perpétration de l'infraction d'« influence indue » est simplement « pendant la période électorale ».

La définition de « favoriser ou contrecarrer » comprend : nommer un parti enregistré ou un parti éligible, l'identifier par d'autres moyens tel un logo, ou fournir un lien à une page Internet qui nomme le parti ou montre son logo ; dans le cas des individus qui sont des candidats potentiels, des candidats, des candidats à l'investiture , ou des dirigeants, l'infraction consiste à nommer, montrer une photo, une caricature ou un dessin de la personne et/ou identifier la personne par son nom ou son logo d'affiliation, ou fournir un lien à une page Internet qui fait n'importe laquelle de ces choses.

Les fausses déclarations interdites par le projet de loi c-76 sont : « a) une fausse déclaration selon laquelle un candidat, une personne qui désire se porter candidat, le chef d'un parti politique ou une personnalité publique associée à un parti politique a commis une infraction à une loi fédérale ou provinciale ou à un règlement d'une telle loi, a été accusé d'une telle infraction ou fait l'objet d'une enquête relativement à une telle infraction ; b) une fausse déclaration concernant la citoyenneté, le lieu de naissance, les études, les qualifications professionnelles ou l'appartenance à un groupe ou à une association d'un candidat, d'une personne qui désire se porter candidat, du chef d'un parti politique ou d'une personnalité publique associée à un parti politique. » Cette clause s'applique non seulement aux étrangers, mais à toutes les personnes et toutes les entités.

Le projet de loi C-76 interdit aussi à toute personne ou entité de « vendre un espace publicitaire à ... afin de permettre à cette personne ou entité [définie comme un étranger par la loi], d'exercer une influence indue... »

Exemptions à l'influence indue

Le projet de loi C-76 comprend des exemptions à certaines activités liées à l'infraction d'« influence indue par des étrangers ». Il n'y a pas d'infraction de commise si l'activité consiste :

« a) soit en une expression de son opinion quant au résultat, potentiel ou souhaité, de l'élection ;

« b) soit en une déclaration encourageant l'électeur à voter pour un candidat ou un parti enregistré ou le dissuadant de le faire ;

« c) soit en la diffusion par radiodiffusion ou par l'intermédiaire de médias électroniques ou imprimés d'éditoriaux, de débats, de discours, de nouvelles, d'entrevues, de chroniques, de commentaires ou de lettres, quelle que soit la dépense effectivement engagée pour ce faire, si elle n'est pas effectuée en contravention des paragraphes 330(1) ou (2). »

C'est précisément par ces moyens que les États-Unis, le Canada et d'autres pays s'ingèrent dans les affaires intérieures de pays comme le Venezuela pour parvenir à un « changement de régime ». Le but de ces exemptions n'est donc pas clair, sauf dans le cas des mesures qui se rapportent au domaine qui relève de la presse écrite et des médias de radiodiffusion, et qui est donc présumé protégé par la Charte canadienne des droits et libertés.

Les tiers étrangers

L'actuelle LEC interdit aux « tiers étrangers » de dépenser plus de 500 $ pour de la publicité électorale durant la période officielle de la campagne électorale. Le projet de loi C-76 leur interdit toute dépense pour la publicité électorale, les sondages électoraux ou les activités partisanes pendant la période préélectorale (du 30 juin au début de la campagne électorale) et pendant la campagne électorale. La législation ne réglemente pas les activités en dehors de cette période.

Les « tiers étrangers » incluent les mêmes personnes et entités énumérées à l'article sur l'« influence étrangère indue » sauf les partis politiques étrangers et les gouvernements étrangers.

Les tiers canadiens pris entre deux feux avec
les amendements proposés

À l'heure actuelle, la LEC exige que toute personne, société, syndicat ou groupe s'enregistre si elle dépense plus de 500 $ en publicité électorale au cours d'une campagne électorale. Ils se voient interdits d'utiliser toute forme de fonds étrangers pour la publicité électorale et ils doivent déposer un rapport énumérant toutes les contributions qu'ils ont reçues jusqu'à six mois avant l'élection aux fins de publicité électorale. Les rapports finaux sont dus six mois après l'élection. Les rapports doivent énumérer le nom et l'adresse de toute personne ayant contribué plus de 200 $ aux fins de la publicité électorale.

Pour les tiers, le projet de loi C-76 définit les fonds étrangers comme des contributions provenant de la même liste de personnes et d'entités définies comme des « étrangers » dans la section intitulée Influence indue par des étrangers, à une exception près. Les fonds reçus de résidents du Canada qui ne sont ni citoyens ni résidents permanents ne peuvent être utilisés, même si la loi autorise un résident à s'inscrire en tant que tiers.

Le projet de loi C-76 élargit la réglementation des activités par des tiers pour inclure les dépenses non seulement pour la publicité électorale, mais aussi pour les démarches porte-à-porte et les appels téléphoniques. Les dépenses pour les sondages électoraux sont également incluses. Le « sondage électoral  » est défini comme un « sondage mené pour évaluer si des personnes ont l'intention de voter, pour qui elles ont voté ou pour qui elles vont voter à une élection ou portant sur une question à laquelle un parti enregistré ou un candidat est associé. » En ce qui concerne spécifiquement les tiers, le projet de loi C-76 ajoute qu'il s'agit d'un sondage « dont les résultats sont pris en compte par ce [tiers parti], selon le cas :

a) soit dans sa décision d'organiser et de tenir ou non des activités partisanes ou de diffuser ou non des messages de publicité partisane ou des messages de publicité électorale ;

b) soit dans le cadre de l'organisation et de la tenue de telles activités ou de la diffusion de tels messages. »

Au cours de la « période préélectorale », la « question de la publicité », c'est-à-dire une publicité qui favorise ou s'oppose à une question à laquelle un parti politique ou un candidat peut être identifié, est exemptée tant qu'elle ne dit pas aux gens pour qui voter.

Les dépenses au cours de la période préélectorale sont évaluées à près de 1 million de dollars pour les tiers, comparativement à 1,5 million de dollars pour les partis politiques, mais dans le cas des partis politiques, les sondages électoraux ne sont pas considérés comme une dépense. Pendant la période de la campagne, les tiers seront autorisés à dépenser environ 500 000 $.

Les exigences de déclaration pour les tiers ont été considérablement augmentées. Ils doivent déposer non seulement des rapports après les élections auprès d'Élections Canada, mais aussi des rapports intérimaires, le premier étant cinq jours après leur inscription, dans lesquels ils détaillent à la fois les activités électorales qu'ils ont réalisées et les contributions reçues pour les payer, en revenant aussi loin que le jour du scrutin des dernières élections.

Dispositions en ce qui a trait aux « fausses nouvelles »
et aux « cyberattaques »

Deux éléments de la prétendue menace d'influence étrangère sont communément appelés « fausses nouvelles » et « cyberattaques ». Le projet de loi C-76 modifie les articles de la LEC relatifs aux infractions visant à induire le public en erreur et à utiliser des ordinateurs sans autorisation. Il introduit une section intitulée « Publications trompeuses ». Il dit que c'est une infraction de publier, transmettre ou distribuer du matériel qui prétend être fait par un parti politique, candidat ou candidat potentiel « à l'intention de tromper le public ». Une exemption est prévue pour du matériel « manifestement [...] aux fins de parodie ou de satire. »

Sous une section dont le titre est « Utilisation non autorisée d'un ordinateur », le projet de loi C-76 érige en infraction quiconque utilise des ordinateurs « frauduleusement, avec l'intention d'influencer les résultats d'une élection ». Cela comprend une longue liste d'altération d'un système informatique en détruisant des données informatiques, en rendant les données inefficaces ou en faisant quoi que ce soit afin d'empêcher « l'emploi légitime des données informatiques ou de refuser à une personne ou entité qui y a droit l'accès aux données informatiques » et le trafic ou l'accès à un mot de passe.

Radiodiffusion de l'extérieur du Canada

En outre, la LEC contient une disposition interdisant l'utilisation d'une station de radiodiffusion à l'extérieur du Canada. Il y est dit : « Il est interdit à quiconque, avec l'intention d'inciter des personnes à voter ou à s'abstenir de voter ou à voter ou à s'abstenir de voter pour un candidat donné, d'utiliser une station de radiodiffusion à l'étranger, ou d'aider, d'encourager ou d'inciter quelqu'un à utiliser ou de lui conseiller d'utiliser une telle station, pendant la période électorale, pour la diffusion de toute matière se rapportant à une élection. » Elle interdit aussi expressément l'utilisation d'une station de radiodiffusion à l'extérieur du Canada pour la publicité électorale. Le projet de loi C-76 crée une exemption dans les cas où le signal provient du Canada.

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Défendons les droits de tous

Des actions pour protéger un site sacré
autochtone à Ottawa

Le 22 juin, une marche dans les rues d'Ottawa a eu lieu à l'appel des aînés algonquins. Un dépliant invitait les gens d'Ottawa de toutes confessions à se joindre aux dirigeants spirituels autochtones pour une marche pacifique afin d'exiger la restitution et la restauration de l'ancien site sacré Akikodjwan/Ainabka (les chutes Chaudières) et des îles au peuple anishinabe/algonquin.

Plus de 300 personnes se sont rassemblées près des chutes sur l'île Victoria et ont marché sur la rue Wellington pour exprimer leur opposition aux plans de la Commission de la capitale nationale et de la ville d'Ottawa d'aider financièrement l'entreprise privée Windmill Development Group d'y construire un projet massif de condominiums qu'ils appellent Zibi. Ce projet est promu comme étant « une communauté riveraine durable de classe mondiale au centre-ville d'Ottawa et de Gatineau qui offre un environnement naturel aux résidents de condominiums et de maisons de ville ».

Les aînés autochtones affirment que le gouvernement et les promoteurs ignorent les droits des autochtones sur l'île et l'eau et exigent que cet ancien site sacré, connu sous le nom d'Akikodjiwan, soit retourné à sa vocation originelle qui est un lieu de rencontre et de paix. Ils disent que l'article 12 de la Déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones stipule clairement que « les peuples autochtones ont le droit d'entretenir et de protéger leurs sites religieux et culturels et d'y avoir accès en privé ».

Sur la colline du Parlement, l'un des organisateurs, Albert Dumont, aîné, poète et enseignant traditionnel algonquin, a parlé de l'importance de la demande des Algonquins de défendre leur site sacré et de leur restituer, au nom de toutes les nations.

M. Dumont a souligné que les Premières Nations luttent chaque jour contre l'oppression, se battent pour réapprendre leurs langues, luttent chaque jour pour conserver une partie des richesses retirées de leurs territoires afin que les communautés appauvries puissent développer leur économie et construire des écoles. « Mais c'est la lutte pour faire revivre notre ancienne spiritualité qui est la plus grande préoccupation pour moi et pour beaucoup, beaucoup plus d'Algonquins et leurs supporteurs. Notre spiritualité était notre mode de vie ! Est-ce trop demander de l'avoir là encore une fois pour ceux de nous qui la respectons et l'honorons ? »

Douglas Cardinal, architecte, planificateur, activiste, philosophe, artiste et aîné anishnaabe, était un des conférenciers de renom. C'est à lui qu'on doit notamment l'architecture du Musée canadien de l'histoire à Gatineau Il a récemment été le présentateur de l'exposition officielle du Canada à la Biennale d'architecture de 2018 à Venise. Il a parlé de l'importance du rôle des femmes dans la lutte pour les droits des autochtones et de fournir aux communautés la force dont elles ont besoin pour défendre leur dignité.

Cette « marche unitaire en faveur de la spiritualité » pour protéger Akikodjiwan a également eu lieu l'année dernière et les organisateurs ont promis que la lutte se poursuivrait jusqu'à ce que les peuples autochtones aient le droit de décider de ce qui se passe sur leurs terres.



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Manifestation à Montréal pour réclamer
un statut pour tous

Le samedi 16 juin, une conférence de presse a été organisée à Montréal par Solidarité sans frontières dans le quartier de Parc-Extension pour attirer l'attention sur le sort des migrants au Canada. Elle a été suivie d'une marche dans les rues de Parc-Extension pour exiger un statut pour tous. Depuis 2004, le groupe et ses alliés organisent une marche annuelle où ils exigent un programme complet et ininterrompu de régularisation pour tous les migrants au Canada sans un statut à part entière et la fin des déportations.

Lors de la conférence de presse, Claire Abraham, représentante de Solidarité sans frontières, a réfuté l'affirmation que les gouvernements canadien et québécois n'ont pas les moyens d'offrir des soins appropriés aux immigrants qui traversent au Canada en provenance des États-Unis. Au contraire, c'est l'offensive antisociale qui a été lancée contre la population avec des compressions dans les soins de santé, dans l'éducation, dans les programmes sociaux et la liste continue, qui en est la cause.

La première à prendre la parole à la conférence de presse a été Margarita, une Mexicaine qui est venue au Canada en 2009. Elle a fui son pays pour échapper à la violence conjugale et vit ici sans statut légal depuis 2013, à la suite de mauvais conseils d'un avocat. Depuis, elle vit dans la peur, soucieuse que si elle tente de légaliser sa situation, elle risque d'être expulsée. Elle a évoqué les difficultés auxquelles sont confrontées les personnes sans statut, donnant l'exemple que bien qu'elle travaille actuellement 13 heures par semaine, elle ne touche que 6 $ l'heure. Elle ne bénéficie d'aucune protection du travail et n'a pas accès aux services de santé, même si elle souffre d'un certain nombre de problèmes de santé liés à la crainte d'être arrêtée et expulsée.

Margarita a également rappelé qu'en février 2017 Montréal était devenue une ville sanctuaire, mais que cela n'a pas amélioré la vie des migrants ici de façon concrète.

Le prochain à prendre la parole était Carmelo Monge, de Mexicains unis pour la régularisation. Il a évoqué le choc psychologique et émotionnel et les traumatismes subis par les migrants à la suite des arrestations policières et de la vie dans les centres de détention, notant en particulier le préjudice psychologique que cela représente pour les femmes et les enfants. Il a rappelé la récente arrestation de Lucy Francineth Granados à Montréal, qui a fui le Guatemala pour se rendre aux États-Unis, pour finalement se retrouver au Canada en 2009. Sa demande d'asile a été refusée par le Canada et elle a été expulsée. Elle a défié cette ordonnance d'expulsion. En 2017, elle a déposé une demande de résidence permanente pour des motifs d'ordre humanitaire, et sa cause n'a pas encore été entendue. Néanmoins, le 20 mars dernier, quatre agents des Services frontaliers du Canada ont fait irruption chez elle et l'ont arrêtée violemment. Elle vivait à Montréal depuis 9 ans. Elle a été violemment arrêtée, jetée sur une table et ensuite sur le sol, son bras tordu pendant qu'un agent l'immobilisait avec un genou dans le dos. Elle a ensuite été amenée au centre de détention de Laval où elle a été détenue jusqu'au 13 avril, date à laquelle elle a été déportée au Guatemala.

Serge Bouchereau, porte-parole du Comité d'action des personnes sans statut, a expliqué que son organisation avait été créée suite à la levée par le gouvernement Harper du moratoire sur les déportations vers Haïti et le Zimbabwe. Grâce au travail du comité et d'autres organisations aux vues similaires, Bouchereau a déclaré que bon nombre d'entre elles avaient finalement pu rester au Canada. L'année dernière, alors que le comité s'apprêtait à se dissoudre, un grand nombre de migrants ont commencé à arriver des États-Unis, ce qui a forcé le comité à élargir son mandat. Il s'est demandé pourquoi les deux paliers de gouvernement du Canada n'avaient pas réussi à prendre des mesures pour accueillir les migrants, dans le cadre de l'engagement du Canada envers la Convention de Genève, suite à la décision de Trump de suspendre le statut de protection temporaire accordé aux ressortissants de plusieurs pays. Bouchereau a rappelé comment Justin Trudeau avait prétendu qu'ils seraient accueillis à bras ouverts. « À ceux qui fuient la persécution, la terreur et la guerre, le Canada vous accueillera, peu importe votre foi », a déclaré le premier ministre. Cependant, son organisation, qui fait partie de Solidarité sans frontières, a dû se rendre à la frontière et dénoncer le camp militaire qui avait été mis en place, où les gens n'avaient même pas accès à une douche pendant qu'ils étaient contrôlés par la GRC.

A 14 h, des centaines de personnes ont ensuite participé à une marche militante organisée dans les rues de Parc-Extension, alertant les gens à la situation sérieuse des migrants, les appelant à joindre la lutte à la défense de leurs droits.

La lutte pour la reconnaissance des droits de tous se poursuit. Ce n'est que par la participation active du peuple que les droits de tous seront garantis.

Cela peut être fait!

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Amérique latine

Que se passera-t-il au Forum de Sao Paulo
à La Havane?

Vingt-cinq ans après la quatrième rencontre du Forum de Sao Paulo (FSP) à La Havane, Cuba accueillera à nouveau cet espace de coordination politique des forces de gauche dans la région, pour débattre et pour mieux s'orienter face aux luttes qui nous unissent. C'est ce qui a été confirmé à la conférence de presse d'Idalmis Brooks Beltran, représentante du département des Relations internationales du Comité central du Parti communiste de Cuba, qui participe au FSP.

Granma : Qu'est-ce que le Forum de Sao Paulo ?

Idalmis Brooks Beltran : Il s'agit d'un forum composé de plus d'une centaine de partis et de groupes de gauche latino-américains et caribéens, fondé au Brésil en 1990 pour discuter et unir les efforts pour le bien commun, face aux défis qui se posent à la gauche depuis la chute du camp socialiste et les conséquences du néolibéralisme dans les pays de l'Amérique latine et des Caraïbes.

Le dirigeant cubain Fidel Castro et l'ancien président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont joué un rôle décisif dans son développement.

G : Combien de rencontres ont eu lieu ?

IBB : Il y en a eu 23, dont deux à La Havane (en 1993 et en 2001). La capitale cubaine a aussi accueilli les réunions des groupes de travail du FSP en 1994, 1997, 2000, 2006 et 2013.

G : Pourquoi cette rencontre à La Havane ?

IBB : La XXIIIe rencontre annuelle du FSP qui a eu lieu à Managua, au Nicaragua, en juillet 2017, a terminé avec une action populaire pour célébrer le 38e anniversaire de la Révolution sandiniste. À ce moment-là, le premier vice-président de Cuba, Miguel Diaz-Canel Bermudez, a affirmé l'engagement de notre pays envers l'unité et l'intégration de la région. C'est à ce moment que l'île a fait part de son intérêt de devenir l'hôte de la XXIVe rencontre du FSP.

Dans une convocation politique qu'il a fait parvenir le 23 mai à tous les membres du forum, le commandant José Ramon Balaguer Cabrera, membre du secrétariat et chef du département des Relations internationales du Parti communiste de Cuba, a réitéré que pour Cuba, le fait d'accueillir cette rencontre reflète son engagement politique internationaliste envers les forces présentes au forum et celles qui partagent la conviction que le temps est venu d'unir les idées et les efforts pour stopper l'actuelle offensive contre-révolutionnaire de la droite régionale et internationale contre toutes les expériences politiques engendrées au cours des récentes années et qui ont apporté des changements favorables à une Amérique latine et aux Caraïbes plus souveraines, plus intégrées et plus justes. »


Le 23e Forum de Sao Paulo, à Managua, au Nicaragua, le 17 juillet 2017

G : Que se passera-t-il entre le 15 et le 17 juillet ?

IBB : La XXIVe rencontre du FSP aura lieu au Palais des Congrès entre le 15 et le 17 juillet, mais les délégués et invités commenceront à arriver au pays dans les jours qui précédent l'événement.

Suite à l'ouverture, d'importants espaces seront consacrés à la discussion en plénière sur la lutte contre le colonialisme et pour la solidarité anti-impérialiste, à la nécessité de l'unité et l'intégration latino-américaines et caraïbes, ainsi qu'à une plénière spéciale sur la pensée du commandant Fidel Castro et sa relation avec le Forum de Sao Paulo.

Il y aura aussi des réunions de femmes, de jeunes et de parlementaires, ainsi que deux ateliers — interreliés — sur l'Art et la Culture et la communication politique et les médias.

Comme c'est la tradition dans ce genre de réunion, il y aura aussi l'École de formation politique du FSP, des réunions des secrétariats régionaux et de ses groupes de travail, ainsi qu'une réunion régionale de la Fédération mondiale de la jeunesse démocratique (FMJD).

G : Qu'y aura-t-il de nouveau cette année ?

IBB : À cette occasion, en plus des réunions et des ateliers traditionnels, il y aura la 3e réunion des partis de la gauche européenne et du Forum de Sao Paulo. Dans cet espace, les deux mouvements discuteront de leurs différentes réalités et des façons de construire et d'atteindre un consensus sur différentes questions qui nous unissent et qui ont des répercussions sur l'humanité aujourd'hui.

Pour la première fois dans ce genre de réunion, il y aura aussi un dialogue entre le FSP et les porte-parole des plateformes et des déclarations du mouvement populaire et social de la région, une occasion d'échanger des idées sur la situation politique actuelle en Amérique latine et dans les Caraïbes et d'élaborer des stratégies qui consolident la coordination et l'unité dans l'action de la gauche sur le continent.

G : Que peut-on attendre de la réunion de La Havane ?

IBB : Cuba souhaite que la gauche latino-américaine et caraïbéenne saura discuter de la situation urgente qui sévit dans la région aujourd'hui, semblable à celle qui existait au moment de la création du Forum de Sao Paulo. Il faut donc réorienter nos luttes sur la base de l'unité et de l'intégration des forces politiques et des mouvements sociaux, afin de dresser un plan d'action élaboré ensemble, qui est réalisable et dont on peut fixer l'échéancier. Ce plan fera partie de la déclaration finale de l'événement.

G : Quelle est la signification de cette réunion pour Cuba ?

IBB : Cette réunion permet à Cuba d'être un espace dans lequel les principales questions touchant au continent sont discutées et analysées, où les amis et dirigeants de la gauche latino-américaine et caraïbéenne participeront aux sessions plénières et aux différents espaces que nous avons organisés et où, avant tout, les jeunes auront l'occasion de connaître directement le rôle important que joue l'île dans les luttes de la région.

G : Comment peut-on s'informer du déroulement de la XXIVe réunion du Forum de Sao Paulo ?

IBB : Les activités qui auront lieu au cours de l'événement seront bien couvertes par la presse nationale et étrangère. Vous pouvez aussi consulter la page officielle du Forum de Sao Paulo : http ://forodesaopaulo.org/, ainsi que les réseaux sociaux. Granma couvrira l'événement de façon ininterrompue sur son site web, dans sa version papier et sur ses profils dans les réseaux sociaux.

(20 juin 2018. Traduit de l'espagnol par LML.)

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Un appel au peuple brésilien


Lula s'adresse à un rassemblement en conclusion de la tournée à Paraná, le 28 mars 2018.

Cela fait deux mois maintenant que je suis en prison sans avoir commis de crime. Deux mois pendant lesquels je n'ai pas pu voyager dans le pays que j'aime, amener le message d'espoir d'un Brésil meilleur et plus juste, offrant des opportunités à tous, comme je l'ai fait pendant mes 45 années de vie publique.

J'ai été privé de ma vie quotidienne avec mes fils et ma fille, avec mes petits-fils et petites-filles et mon arrière-petite-fille, et avec mes amis et camarades. Je ne doute pas cependant qu'ils m'ont placé ici pour m'empêcher d'être au sein de ma famille plus large, le peuple brésilien. C'est ce qui me fait le plus souffrir, parce que je sais qu'à l'extérieur de ces murs, chaque jour, de plus en plus de familles doivent à nouveau vivre dans la rue, abandonnées par l'État qui devrait les protéger.

Je veux, d'où je suis, renouveler le message de foi dans le Brésil et dans notre peuple. Ensemble, nous avons été capables de surmonter des temps difficiles, de sérieuses crises économiques, politiques et sociales. Ensemble, sous mon gouvernement, nous avons surmonté la faim, le chômage, la récession, les pressions économiques énormes du capital international et de ses représentants dans le pays. Ensemble, nous avons réduit le fléau séculaire de l'inégalité sociale qui a marqué la création du Brésil : le génocide des autochtones, l'asservissement des noirs et l'exploitation des travailleurs de la ville et de la campagne.

Sans relâche, nous avons combattu l'injustice. La tête bien haute, nous avons fini par être considérés comme le peuple le plus optimiste du monde. Nous avons approfondi notre démocratie et nous avons gagné une notoriété internationale avec la création de l'UNASUR, de la CÉLAC, du BRICS et avec notre relation de solidarité avec les pays africains. Notre voix a été entendue au G8 et dans les forums mondiaux les plus importants.

Je suis convaincu que nous pouvons reconstruire ce pays et ce rêve, une fois de plus, comme une grande nation. C'est ce qui me permet de continuer la lutte.

Je ne vais pas me réconcilier avec les souffrances des plus pauvres et la punition qui s'abat sur notre classe ouvrière, comme je ne vais pas me réconcilier avec ma situation.

Ceux qui m'ont accusé avec l'opération Lava Jato [opération lave-auto] savent qu'ils ont menti parce que je n'ai jamais été propriétaire et n'ai jamais eu possession de l'appartement de Guarujá et n'y ai jamais passé une nuit. Ceux qui m'ont condamné, Sérgio Moro et les juges du TRF-4 [Tribunal régional fédéral de la 4e région], savent qu'ils ont dû monter une farce judiciaire pour m'arrêter parce que j'étais en mesure de prouver mon innocence tandis qu'eux n'étaient pas capables de présenter des preuves du crime qu'ils m'accusent d'avoir commis.

Encore aujourd'hui je me demande : où est la preuve ?

Je n'ai pas été traité par les procureurs de Lava Jato, Moro et le TRF-4 comme un citoyen égal aux autres. J'ai été constamment traité en ennemi.

Je ne cultive pas la haine je n'ai pas de ressentiment, mais je doute que mes bourreaux soient capables de dormir avec une conscience claire.

J'ai le droit constitutionnel d'en appeler de toutes ces injustices en étant en liberté, mais on m'a nié ce droit jusqu'à maintenant pour la seule raison que mon nom est Luiz Inácio Lula da Silva.

C'est pourquoi je me considère un prisonnier politique dans mon pays.

Lorsqu'il est devenu clair qu'ils allaient m'emprisonner par la force, sans crime ni preuve, j'ai décidé de demeurer au Brésil et de faire face à mes bourreaux. Je connais la place qui me revient dans l'histoire et je connais aussi celle qui est réservée à ceux qui me persécutent aujourd'hui. Je suis certain que la Justice va faire triompher la vérité.

Lors des caravanes auxquelles j'ai participé récemment, à travers le Brésil, j'ai vu l'espoir luire dans les yeux des gens. J'ai aussi vu l'angoisse vécue par ceux qui souffrent du retour de la faim et du chômage, de la malnutrition, du décrochage scolaire, de l'usurpation des droits des travailleurs, de la destruction des politiques garanties par la constitution en ce qui a trait à l'inclusion sociale, qui sont maintenant niées dans la vie de tous les jours.

C'est pour mettre fin à cette souffrance du peuple que je me présente encore une fois à la présidence.

Je prends en main cette mission parce que j'ai une grande responsabilité envers le Brésil et parce que les Brésiliens ont le droit de voter librement en faveur d'un projet d'une plus grande solidarité, d'un pays plus juste et plus souverain, et de la poursuite d'un projet d'intégration latino-américaine.

Je suis candidat parce que je crois sincèrement que le Tribunal électoral va respecter ses précédents juridiques remontant à 2002 et ne pas se soumettre au chantage de l'exception dans le seul but de bafouer mon droit et le droit des électeurs de choisir qui les représente le mieux.

Je me suis présenté aux élections plusieurs fois durant ma carrière, mais cette course est différente : elle est l'engagement de ma vie. Ceux qui ont eu le privilège d'être témoins des progrès qu'a fait le Brésil au nom des pauvres, après des siècles d'exclusion et d'abandon, ne peuvent pas rester passifs pendant cette période la plus difficile de toutes pour notre peuple.

Je sais que ma candidature représente l'espoir et nous allons le vivre jusqu'au bout parce que nous avons la force du peuple de notre côté.

Nous avons le droit de rêver à nouveau, après le cauchemar qui nous a été imposé depuis le coup de 2016.

Ils ont menti pour renverser la présidente élue légitimement Dilma Rousseff. Ils ont menti lorsqu'ils ont dit que le pays allait se porter mieux si le Parti des travailleurs était chassé du gouvernement, qu'il y aurait plus d'emplois et plus de développement. Ils ont menti afin d'imposer le programme qui avait été défait aux urnes en 2014. Ils ont menti afin de détruire le projet d'éradication de la misère que mon gouvernement a mis en oeuvre. Ils ont menti afin de remettre la richesse du pays à d'autres et de favoriser les pouvoirs économiques et financiers dans une trahison scandaleuse de la volonté exprimée clairement et sans équivoque en 2001, 2006, 2010 et 2014.

L'heure de la vérité approche.

Je veux être le président du Brésil à nouveau parce que j'ai déjà prouvé qu'il est possible de bâtir un Brésil meilleur pour notre peuple. Nous avons prouvé que le pays peut croître pour le bénéfice de tous lorsque le gouvernement place les travailleurs et les plus pauvres au centre de ses préoccupations et ne devient pas l'esclave des intérêts des riches et des puissants. Et nous avons prouvé que seule l'inclusion des millions de pauvres peut assurer la croissance et la relance de l'économie.

Nous gouvernons pour le peuple et non pour le marché. C'est l'opposé de ce que fait le gouvernement de nos adversaires, pour servir les financiers et les multinationales, qui a aboli les droits historiques des travailleurs, réduit les salaires réels, sabré dans les investissements dans la santé et l'éducation et est en train de détruire des programmes comme Bolsa Familia, Minha Casa, Minha Vida, Pronaf, Luz Para Todos, Prouni et Fies, entre autres programmes consacrés à la justice sociale.

Je rêve d'être le président du Brésil pour mettre fin à la souffrance de ceux qui n'ont plus d'argent pour acheter de l'essence, qui doivent maintenant utiliser le bois pour faire cuire les aliments ou, pis encore, l'alcool et être victimes d'accidents et de brûlures sérieux. C'est là un des reculs les plus cruels causés par la politique de destruction de Petrobras et de notre souveraineté nationale, dirigée par les supporteurs du PSDB qui ont soutenu le coup de 2016.

Petrobras n'a pas été créé pour générer des profits pour les spéculateurs de Wall Street à New York, mais pour assurer l'autosuffisance pétrolière au Brésil à des prix compatibles avec une économie populaire. Petrobras doit redevenir brésilien. Vous pouvez être certain que nous allons mettre fin à cette histoire de vente de ses actifs. Il ne sera plus l'otage des multinationales pétrolières. Il jouera à nouveau un rôle stratégique dans le développement du pays, notamment en dirigeant les ressources pré-salifères vers l'éducation, notre passeport vers l'avenir.

Vous pouvez également être sûrs que nous empêcherons la privatisation d'Eletrobrás, Banco do Brasil et Caixa, la démantèlement de la BNDES et de tous les outils à la disposition du pays pour promouvoir le développement et le bien-être social.

Je rêve d'être le président d'un pays où le juge accorde plus d'attention à la Constitution et moins aux gros titres.

Où la primauté du droit est la règle, sans mesures d'exception.

Je rêve d'un pays où la démocratie prévaut sur le pouvoir discrétionnaire, le monopole des médias, les préjugés et la discrimination.

Je rêve d'être le président d'un pays où tout le monde a des droits et personne n'a de privilèges. Un pays où tout le monde peut avoir trois repas par jour à nouveau ; où les enfants peuvent aller à l'école, où chacun a le droit de travailler pour un salaire digne et avec la protection de la loi. Un pays dans lequel chaque travailleur agricole a de nouveau accès à la terre pour produire, aidé par le financement et une assistance technique.

Un pays où les gens auront une fois de plus confiance dans le présent et espoir dans l'avenir. Et où, pour cette même raison, le pays est de nouveau respecté internationalement, favorise une fois de plus l'intégration latino-américaine et la coopération avec l'Afrique et agit de façon souveraine lors des dialogues internationaux sur le commerce et l'environnement, pour la paix et l'amitié entre les peuples.

Nous connaissons le moyen de réaliser ces rêves. Aujourd'hui, il passe par la tenue d'élections libres et démocratiques, avec la participation de toutes les forces politiques, sans règles d'exception pour empêcher un seul candidat.

C'est seulement ainsi que nous aurons un gouvernement doté de la légitimité pour faire face à de grands défis, qui pourra dialoguer avec tous les secteurs du pays, appuyé par le vote populaire. C'est cette mission que je prends en main en acceptant ma mise en candidature en tant que candidat présidentiel du Parti des travailleurs.

Nous avons déjà démontré qu'il est possible de faire un gouvernement d'apaisement national, où le Brésil marche de concert avec les Brésiliens, en particulier les plus pauvres et les travailleurs.

Mon gouvernement était celui où les pauvres étaient inclus dans le budget de l'Union, avec plus de répartition des revenus et moins de faim ; avec plus de santé et moins de mortalité infantile ; avec plus de respect et d'affirmation des droits des femmes, des Noirs et de la diversité, et avec moins de violence ; avec plus d'éducation à tous les niveaux et moins d'enfants non scolarisés ; avec plus d'accès aux universités et à l'enseignement technique et moins de jeunes exclus du futur ; avec des logements plus populaires et moins de conflits d'occupation dans les villes ; avec plus de lieux de peuplement et de distribution des terres et moins de conflits d'occupation dans les campagnes ; avec plus de respect pour les populations autochtones et les Quilombolas[1], avec plus de gains de salaire et de garanties pour les droits des travailleurs, avec plus de dialogue avec les syndicats, les mouvements sociaux et les organisations d'entreprises et moins de conflits sociaux.

C'était une période de paix et de prospérité, comme nous n'en avons jamais eu auparavant dans l'histoire.

Je crois, du fond de mon coeur, que le Brésil peut être heureux de nouveau. Et cela peut aller beaucoup plus loin que ce que nous avons déjà conquis ensemble, alors que le gouvernement était issu du peuple.

Pour atteindre cet objectif, nous devons unir les forces démocratiques de tout le Brésil, en respectant l'autonomie des partis et des mouvements, mais en ayant toujours comme référence un projet de solidarité et un pays plus juste qui sauvera la dignité et l'espoir de notre peuple qui souffre. Je suis sûr que nous serons ensemble à la fin de cette voie.

D'où je suis, avec la solidarité et les énergies qui viennent de tous les coins du Brésil et du monde, je peux vous assurer que je continuerai à travailler pour transformer nos rêves en réalité. Je me prépare donc, avec ma foi en Dieu et avec beaucoup de confiance, pour le jour où je m'unirai de nouveau avec le peuple brésilien bien-aimé.

C'est seulement si ma vie m'est enlevée que cette rencontre n'aura pas lieu.

À bientôt, mon peuple.

Vive le Brésil! Vive la démocratie! Vive le peuple brésilien!

Luiz Inácio Lula da Silva
Curitiba, le 8 juin 2018

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Les injustices commises contre moi
sont une injustice faite au peuple brésilien


Marche à Curitiba, Brésil, le Premier Mai 2018

Un dirigeant ouvrier, l'homme qui pendant son mandat de président du Brésil a promu des lois et des plans sociaux qui ont permis à quelque 30 millions de Brésiliens de sortir de la pauvreté, que tous les sondages donnent favori aux élections présidentielles de 2018, avec une large majorité, Luis Inacio Lula da Silva a répondu à une entrevue de Granma International . Des questions qui lui sont parvenues dans sa prison par le biais d'un ami brésilien.

Pour des raisons évidentes, l'entrevue n'a pas pu être aussi vaste que ce journaliste l'aurait souhaité. Cependant, le fait qu'il soit emprisonné et qu'il ait réservé un moment de son temps précieux pour répondre à nos questions donne toute sa valeur à cette entrevue, non seulement pour les lecteurs cubains, mais aussi pour ceux du monde entier.

Elson Concepción Pérez : En votre qualité de candidat à la présidence du Brésil bénéficiant du plus grand soutien populaire, alors que tous les sondages vous révèlent comme favori, comment qualifiez-vous cette persécution et cet emprisonnement auxquels vous avez été soumis ?

Lula Da Silva : Il s'agit d'un acte politique, un emprisonnementbien sûr prison politique. Le procès qui m'est fait ne parvient pas à signaler un crime, et il n'y a pas de preuves non plus. Ils ont été obligés de trahir la Constitution pour me jeter en prison. Ce qui devient de plus en plus transparent pour la société brésilienne et pour le monde, c'est qu'ils veulent m'évincer des élections de 2018. Le coup d'État de 2016, avec le retrait d'une présidente élue, indique qu'ils ne permettent pas au peuple de voter pour son favori.

ECP : La prison a été, pour de nombreux leaders incarcérés pour le simple fait de se battre pour le peuple, un lieu de réflexion et d'organisation des idées pour poursuivre la lutte. Dans votre cas, comment faites-vous face à ces premières journées, puisque l'on vous empêche d'entrer en contact avec le peuple ?

Lula : Je lis et je réfléchis beaucoup, c'est un temps de réflexion sur le Brésil et surtout sur ce qui s'est passé ces derniers temps. Je suis en paix avec ma conscience et je doute que tous ceux qui ont menti à mon encontre dorment aussi paisiblement que moi.

Bien sûr, j'aimeais être en liberté et faire ce que j'ai fait toute ma vie : dialoguer avec le peuple. Mais je suis conscient que l'injustice qui est commise contre moi est aussi une injustice faite au peuple brésilien.

ECP : Quelle est l'importance de savoir que dans tous les États brésiliens des milliers de compatriotes sont en faveur de votre libération ?

Lula : La relation que j'ai construite au fil des décennies avec le peuple brésilien, avec les organisations des mouvements sociaux, est une relation de grande confiance et c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup, parce que tout au long de ma carrière politique, j'ai toujours fait en sorte de ne jamais trahir cette confiance.

Et je ne la trahirais pas pour de l'argent, pour un appartement, pour quoi que ce soit. J'étais ainsi avant d'être président, pendant la présidence et après, si bien que, pour moi, cette solidarité est quelque chose qui me touche et m'encourage beaucoup à rester ferme.

ECP : Comment définiriez-vous le concept de démocratie imposé comme modèle par l'oligarchie, qui vise à exclure les leaders de gauche afin qu'ils n'arrivent pas à occuper le pouvoir ?

Lula : Au cours des dernières décennies, l'Amérique latine a connu son moment le plus fort de démocratie et de conquêtes sociales. Mais récemment, les élites de la région tentent d'imposer un modèle où le jeu démocratique n'est valable que lorsqu'elles en sortent victorieuses, ce qui, bien sûr, n'est pas la démocratie. C'est donc une tentative de démocratie sans peuple. Lorsque les choses ne se déroulent pas comme elles le souhaitent, elles changent les règles du jeu au profit de la vision d'une petite minorité. C'est très grave. Et c'est ce que nous constatons, non seulement en Amérique latine, mais dans le monde entier : une augmentation de l'intolérance et des persécutions politiques. Cela s'est produit au Brésil, en Argentine, en Équateur et dans d'autres pays.

ECP : Quel message envoyez-vous à tous ceux qui, au Brésil et dans le monde entier, vous soutiennent et exigent votre libération immédiate ?

Lula : Je suis très reconnaissant pour toute cette solidarité. Il faut faire preuve de solidarité envers le peuple brésilien. Le chômage est en hausse ; plus d'un million de familles ont repris la cuisine au bois en raison de la hausse du prix du gaz de cuisine, des millions de personnes qui avaient été sorties de la misère n'ont de nouveau plus rien à manger. Même la classe moyenne a perdu des emplois et des revenus.

Le Brésil était lancé sur une trajectoire de décennies de progrès démocratiques, de participation politique, associés à des progrès sociaux, qui se sont accélérés avec les gouvernements du Parti des travailleurs (PT), qui ont remporté quatre élections consécutives.

Le coup d'État n'a pas seulement visé le PT. Je n'ai pas été arrêté seulement pour nuire à la personne de Lula. Ils l'ont fait contre un modèle de développement national et d'inclusion sociale. Ce coup d'État vise à supprimer les droits des travailleurs et des retraités, conquis au cours des 60 dernières années. Et le peuple le perçoit. Et nous allons avoir besoin de beaucoup d'organisation pour revenir à un gouvernement populaire, où prévaudront la souveraineté, l'inclusion sociale et le développement économique au Brésil.

Lula nous a demandé de transmettre deux messages spéciaux : « Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier mes compagnons Raul Castro et Miguel Diaz-Canel pour leurs salutations solidaires qui m'ont été transmises par Frei Betto », cet ami qui nous a fait parvenir les réponses à cette entrevue.

(Le 18 juin 2018.)

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Des initiatives qui font avancer la paix, la sécurité et la prospérité sur la péninsule coréenne

Les relations entre la République populaire démocratique de Corée et la Chine se renforcent


Le dirigeant de la RPDC Kim Jong Un est accueilli par le président chinois Xi Jinping dans le Grand Hall du peuple à Beijing le 19 juin 2018.

Kim Jong Un, le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), a fait sa troisième visite en Chine de l'année.

La visite a débuté par une cérémonie de bienvenue organisée par le président chinois Xi Jinping dans le Grand Hall du peuple qui comprenait une garde d'honneur de l'Armée populaire de libération, rapporte Rodong Sinmun , le journal du Comité central du Parti des travailleurs de Corée. La cérémonie a été suivie d'une rencontre pendant laquelle les deux dirigeants ont eu des échanges francs et en profondeur sur le développement actuel des relations entre la Chine et la RPDC et sur la situation qui prévaut sur la péninsule coréenne, après quoi un banquet a eu lieu.

« Nous allons coopérer étroitement ensemble dans un 'département ayant un personnel unique' avec nos camarades chinois dans ce périple à la défense du socialisme et pour la construction d'un avenir nouveau sur la péninsule coréenne et dans la région », écrit Rodong Sinmun , citant Kim Jong Un lors du banquet. En guise de réponse, Xi Jinping a dit que la visite de Kim en Chine « avait démontré au monde entier le caractère invincible de la relation entre les deux pays et les deux partis, la Chine et la Corée du nord ».

Kim a exprimé sa « gratitude pour l'appui enthousiaste et l'aide remarquable » donnés par la Chine pour le sommet RPDC-États-Unis, rapporte Rodong Sinmum. Pour sa part, Xi a dit qu'il « appuie activement la position et la résolution des Nord-Coréens pour réaliser la dénucléarisation de la péninsule coréenne ».

Xi a réitéré l'évaluation positive que fait la Chine du sommet RPDC-États-Unis. « La Chine va continuer à jouer un rôle constructif à l'avenir également », a-t-il dit. Également présents du côté de la RPDC au sommet entre Kim et Xi, étaient Kim Yong Chol et Ri Su Yong, vice-présidents du Parti des travailleurs de Corée et le ministre des Affaires étrangères Ri Yong Ho, qui ont aussi participé aux rencontres précédentes en mars et en mai.Étaient présents du côté chinois Wang Huning, membre du Comité permanent du Bureau politique du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et membre du Secrétariat du Comité central du PCC; Ding Xuexiang, membre du Bureau politique du Comité central du PCC, membre du Secrétariat du Comité central du PCC et directeur du Bureau général du Comité central du PCC; Yang Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du PCC et directeur du Bureau de la Commission des affaires étrangères du Comité central du PCC; Wang Yi, conseiller d'État et ministre des Affaires étrangères et Song Tao, chef du Département de liaison internationale du Comité central du PCC.


Le président Kim et le président Xi en réunion le 20 juin 2018

Le 20 juin, les deux dirigeants se sont rencontrés au Diaoyutai State Guesthouse à Beijing où ils ont tenu un autre échange en profondeur. Soulignant que Kim a fait trois visites en Chine en 100 jours pour venir le rencontrer, Xi a dit que les deux parties ont créé ensemble une nouvelle histoire d'échanges à haut niveau entre la Chine et la RPDC.

« Nous sommes heureux de constater que le consensus important établi entre la Chine et la RPDC est en train d'être mis en oeuvre, que les relations amicales de coopération entre les deux parties connaissent une nouvelle vitalité, que l'élan du dialogue et de l'amélioration de la situation sur la péninsule coréenne a été renforcé concrètement et que la nouvelle route stratégique du Parti des travailleurs de Corée a ouvert un nouveau périple à la cause socialiste de la RPDC », a dit Xi.

Il a aussi parlé de l'expérience récente du Parti communiste chinois dans l'avancement du projet d'édification nationale de la Chine. Il a dit que la Chine est intéressée à partager son expérience avec la RPDC et à renforcer l'unité et la coopération afin de créer en commun un meilleur avenir pour la cause du socialisme dans les deux pays.

Xi a déclaré qu'il croyait que, grâce aux efforts conjoints des deux parties, les relations entre la Chine et la RPDC profiteraient certainement aux deux pays et aux deux peuples. Avec les efforts conjoints de la Chine, de la RPDC et des parties liées, la péninsule coréenne et l'Asie du Nord-Est vont certainement profiter des perspectives prometteuses de paix, de stabilité, de développement et de prospérité, a indiqué Xi.

Kim a dit que les deux pays sont aussi unis qu'une famille, s'aidant l'un l'autre, et il a ajouté que Xi a offert au peuple de la RPDC une assistance et un appui amicaux. « Cette visite en Chine a été une occasion pour approfondir l'amitié entre le camarade secrétaire général et moi et pour faire progresser les liens entre la RPDC et la Chine », a dit Kim.

Il s'est engagé à travailler avec les camarades chinois à faire progresser les liens bilatéraux à un nouveau stade plus élevé pour que tous jouent le rôle qui est requis dans la sauvegarde de la paix et de la stabilité mondiales et régionales.

Kim a exprimé sa confiance que le Parti communiste chinois, sous la direction de son Comité central et de Xi, va réaliser ses objectifs pour la Chine.

Signification des développements des relations
entre la RPDC et la Chine

Le journal sud-coréen Hankyoreh a remarqué l'accent que le président Kim et le président Xi Jinping ont mis sur les relations entre la RPDC et la Chine. C'est la première mention en trois sommets des concepts de « département ayant un personnel unique » par Kim et du caractère « invincible » par Xi, a rapporté Hankyoreh. Ces remarques montrent que la RPDC et la Chine sont du même bord et sont unies sur toutes les questions, rapporte le journal. En effet, poursuit Hankyoreh, les déclarations de Kim sur les relations RPDC-Chine sont devenues plus audacieuses avec le temps, depuis « le renforcement de la collaboration stratégique et tactique » depuis la première visite en mars, jusqu'au « mouvement en avant tout en serrant fermement les mains de nos camarades chinois amicaux » de la deuxième visite, au « département ayant un personnel unique » de la visite la plus récente. Les paroles de Xi sur les relations ont elles aussi changé : elles sont passées d'« uniques dans le monde » en mars , à une « communauté de destinée, une relation qui ne change pas comme celle des lèvres et des dents » en mai, au caractère « indestructible » lors de cette visite, de conclure Hankyoreh .

(Xinhua, Rodong Sinmun, Hankyoreh. Photos: Xinhua)

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La coopération avec la Russie


Le président sud-coréen Moon Jae-in et le président russe Vladimir Poutine échangent une poignée de main après avoir signé un accord pour une zone de libre-échange entre la Corée du sud et la Russie le 22 juin 2018.

Le président de la Corée du sud Moon Jae-in a entamé une visite officielle en Russie le 21 juin. Pendant sa visite, le président Moon a rencontré le premier ministre Dmitri Medvedev et a pris la parole à la Douma d'État russe (la chambre basse du parlement) le 21 juin et a tenu un sommet avec le président Vladimir Poutine le 22 juin. C'était la première visite de Moon Jae-in en Russie à titre de président et la première visite d'État d'un président sud-coréen en Russie depuis 1999.

Sommet Corée du sud-Russie

L'objectif principal de la visite du président Moon était la tenue de pourparlers de haut niveau entre la Corée du sud et la Russie.

L'accent pendant les pourparlers a été mis sur la coopération économique avec comme toile de fond l'attente que la dénucléarisation de la péninsule coréenne soit un succès et que les sanctions contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC) soient levées, ce qui va mener à une coopération économique accrue. Les deux dirigeants ont exprimé la position que la dénucléarisation et l'établissement de la paix sur la péninsule coréenne correspondent aux intérêts économiques à long terme des deux pays.

« La coopération économique trilatérale entre la Corée du sud, la Corée du nord et la Russie vise à créer une boucle de rétroaction entre un régime de paix sur la péninsule coréenne et la coopération économique », a expliqué un haut représentant de la Maison-Bleue. Le journal Hankyoreh explique aussi que le gouvernement sud-coréen prédit que des liens économiques plus étroits avec la Russie peuvent éviter la possibilité d'antagonismes de « nouvelle guerre froide » entre, d'un côté, la Corée du sud, les États-Unis et le Japon, et, de l'autre, la RPDC, la Chine et la Russie, compte tenu des relations périlleuses que les États-Unis entretiennent avec la Chine.

Dans une déclaration commune, les deux dirigeants disent avoir convenu de « renforcer la communication et la coopération afin que la péninsule coréenne et l'Eurasie puissent prospérer ensemble » et ils disent qu'ils entendent « mettre en oeuvre avec diligence les projets que la Corée du sud et la Russie peuvent prioriser en vue d'une coopération trilatérale [avec la RPDC] ».

Lors du sommet tenu pendant cette journée, les deux dirigeants ont aussi convenu de coopérer à un projet ferroviaire qui prévoit l'utilisation partagée du chemin de fer Rajin-Hasan pour construire un réseau eurasien liant la Corée du sud, la Russie et l'Europe, en même temps qu'ils vont examiner et coopérer à l'établissement d'une connexion entre le Chemin de fer transsibérien (TSR) et le Chemin de fer transcoréen (TKR). Le « projet Rajin-Hasan » a été interrompu par les sanctions de la Corée du sud contre la RPDC et il est considéré maintenant comme quelque chose qui pourrait aider la Corée du sud, la Corée du nord, la Chine et la Russie, en fonctionnant non seulement comme un secteur de coopération entre la Corée du sud et la Russie mais comme base de distribution dans le nord-est de la Chine, rapporte Hankyoreh .

Une fois connectés, le TSR et le TKR pourraient aussi servir de routes de transport international liant l'Europe et l'Asie. Des analystes ont prédit que l'accord du 22 juin entre la Corée du sud et la Russie pourrait donner un élan à la signature d'un accord intercoréen liant le chemin de fer Donghae Bukbu, note Hankyoreh.

Les présidents Moon et Poutine ont aussi convenu d'entreprendre des mesures domestiques de négociation en vue d'un accord de libre-échange bilatéral d'investissement dans les services. Le président Moon a proposé d'« atteindre les cibles prioritaires de 30 milliards de dollars américains en commerce et d'un million de personnes en échanges humains d'ici le 30e anniversaire des relations bilatérales en 2020 pour le bien de la prospérité partagée dans une ère eurasienne ».

Les deux dirigeants ont aussi convenu de développer un plan d'action pour faire avancer la coopération économique dans les domaines de priorité, dont les « neuf ponts » proposés par le président Moon (gaz naturel, chemins de fer, infrastructure de ports de mer, électricité, routes de commerce arctiques, construction de navires, création d'emplois, agriculture et pêcheries) en septembre 2017.


Le sommet Corée du sud-Russie entreprend sa session en format élargi le 22 juin 2018.

Suite aux pourparlers, les présidents Moon et Poutine ont signé un accord en vue d'une zone de libre-échange. Le ministère russe du Développement économique prévoit que cet accord va encourager le commerce mutuel dans le secteur des services, promouvoir les possibilités de transport par la Russie des produits des entreprises coréennes, attirer les investissements et les technologies coréens dans le secteur de l'énergie, du transport, de la construction de navires et des pêcheries, rapporte l'agence TASS.

Un protocole d'entente a également été signé entre le ministère russe du Développement économique et le ministère sud-coréen de la Science, de l'Information et des Technologies de la communication, prévoyant l'établissement d'une plateforme d'innovation Russie-Corée du sud.

Un autre protocole d'entente sur l'établissement d'un forum de coopération interrégional Russie-Corée du sud a été signé entre le ministère russe du Développement de l'Extrême-Orient et le ministère sud-coréen des Affaires étrangères.

En tout, 19 protocoles d'entente ont été signés lors du sommet, dans des secteurs comprenant les chemins de fer, les soins de santé, la science et la technologie.

Allocution à la Douma d'État russe

Le président Moon a prononcé un discours de 20 minutes à la session plénière de la Douma d'État russe le 21 juin, devenant le premier président de la Corée du sud à faire une telle chose.

« Un changement majeur est en train de se produire sur la péninsule coréenne », a dit le président Moon en parlant de l'approfondissement des relations intercoréennes. « Aujourd'hui, le sud, le nord et les États-Unis laissent derrière eux la sombre période de guerre et d'hostilité qui régnait entre eux et vont vers une ère de paix et de coopération », a-t-il dit. Le président a également exprimé son appréciation des contributions de la Russie. « L'appui et la coopération actifs du gouvernement et du peuple de Russie sont devenus une grande force derrière cette transformation remarquable », a-t-il dit.

Monn a aussi dit que « les relations de coopération entre la Corée du sud et la Russie vont devenir la pierre angulaire du régime de paix sur la péninsule coréenne et de la prospérité dans l'Asie du Nord-Est ». Le président Moon a également souligné le besoin d'un réseau économique trilatéral formé de la Corée du sud et du nord et de la Russie.

« J'espère que je suis en mesure de vous communiquer l'intention de la Corée du sud de travailler avec la Russie », a dit Moon Jae-in. « Je suis certain que notre amitié va ouvrir les portes à de nouvelles opportunités en Eurasie », a-t-il ajouté.

Il a décrit les secteurs de coopération qui existent entre les deux Corées et la Russie, notamment le transport ferroviaire, en parlant du chemin de fer sibérien comme d'une voie « qui connecte l'est et l'ouest en plein milieu de l'Eurasie. Il est la porte qui ouvre l'ère de l'Eurasie. »

Le président Moon a conclu son allocution en exprimant de l'espoir pour ce concept d'Eurasie. « Il y a là un nouvel espoir pour l'humanité en Eurasie où la nature et le peuple vont coexister. La Russie et la Corée vont marcher ensemble vers un espoir de paix et de prospérité, dépassant l'ère de la guerre. »

Les parlementaires russes ont applaudi à plusieurs reprises pendant le discours du président Moon et lui ont donné trois ovations debout.

Entrevue à l'agence TASS

Avant sa visite en Russie, le président Moon a donné une entrevue exclusive le 20 juin au premier adjoint du directeur général de l'agence TASS pour le quotidien gouvernemental Rossiyskaya Gazeta et le réseau de télévision Rossiya-24. Il y a donné un aperçu des développements récents sur la péninsule coréenne, dont le sommet entre la RPDC et les États-Unis, et des perspectives du renforcement des relations avec la Russie.

Le président Moon a parlé de la nécessité d'étendre le régime de paix intercoréen en en faisant un « régime multilatéral de paix et de sécurité pour l'ensemble de l'Asie du Nord-Est » à moyen et long terme.

« Le président russe Vladimir Poutine et moi partageons l'objectif de la dénucléarisation complète de la péninsule coréenne et de l‘instauration d'un régime de paix », a dit le président Moon à TASS.

« Une fois que le régime de paix sur la péninsule coréenne aura été établi, cela marquera l'ouverture d'une ère de pleine coopération économique intercoréenne, et cette coopération intercoréenne aura besoin d'être une coopération trilatérale dont la Russie sera aussi un participant », a-t-il ajouté.

« En fait de projets représentatifs où la coopération trilatérale pourrait débuter rapidement, je mentionnerais en premier lieu les trois secteurs des chemins de fer, du gaz naturel et de l'électricité », a dit le président Moon.

Le président Moon a soulevé à nouveau ces propositions de mesures de coopération dans son discours à la Douma et dans ses entretiens avec le président Poutin.

« En ce qui concerne les chemins de fer, la liaison des chemins de fer de la Corée du sud et du nord et leur connexion avec la ligne ferroviaire sibérienne pourraient permettre la distribution et le voyage par rail de la Corée du sud à l'Europe », a-t-il poursuivi, ajoutant que ce scénario produirait « de larges gains économiques pour la Corée du nord et des profits immenses également pour la Corée du sud et la Russie ».

Le président Moon a dit que le gaz naturel russe « pourrait approvisionner la Corée du nord et du sud, et même le Japon par le biais des oléoducs sous-marins ».

« L'électricité produite en Russie pourrait approvisionner la Corée du nord et du sud et même le Japon », a-t-il poursuivi, prédisant que cela « serait une façon concrète de promouvoir une prospérité partagée pour le continent eurasien. ».

Le président Moon a aussi parlé des « neuf ponts » de la stratégie de coopération économique entre la Corée du sud et la Russie dont il a parlé à Vladivostok en septembre dernier.

« Nous allons devoir développer rapidement et mettre en oeuvre dans l'avenir des plans d'action spécifiques pour chacun des neuf ponts, a-t-il dit.

« De grands progrès ont été faits en ce qui concerne les discussions de plans d'action au niveau du comité économique conjoint Corée du sud-Russie, et je crois que les deux parties vont être en mesure de signer quelque chose lors du Forum économique oriental [en Russie], en septembre prochain », a-t-il ajouté.

Selon le président de la Corée du sud, grâce à la coopération économique accrue, le commerce bilatéral a augmenté de 40 % en 2017 relativement à l'année précédente, atteignant 19 milliards de dollars. « Je crois que ce n'est qu'un début », a dit Moon.

Le président Moon a ensuite présenté une évaluation très positive du sommet RPDC-États-Unis. « Les résultats du sommet sont impressionnants », a-t-il dit à TASS. « Le conflit Corée du nord- États-Unis dure depuis 70 ans. Il est temps maintenant que ces deux pays renoncent à l'hostilité. Un nouveau moment historique, où nous pouvons établir un système de paix solide dans la région, s'ouvre devant nous », a-t-il dit, ajoutant que les résultats du sommet ont dépassé toutes les attentes.

Selon le président Moon, la RPDC et les États-Unis devraient mettre en oeuvre immédiatement les accords conclus au sommet. « Des pourparlers sont maintenant en cours à un niveau de travail entre le sud et le nord, entre la Corée du nord et les États-Unis, et des mesures de mise en application de ces accords sont en train d'être élaborées. Suite au sommet, le nord a dit qu'il est prêt à une dénucléarisation complète, et les États-Unis ont confirmé qu'ils sont prêts à fournir des garanties de sécurité à Pyongyang », a-t-il souligné.

« Le nord et le sud ont mis fin à la diffusion de propagande à la frontière. La Corée du sud et les États-Unis ont temporairement annulé leurs exercices militaires conjoints et un processus de paix est en marche. Ces gestes de paix peuvent être le fondement du renforcement du dialogue entre les parties concernées », a dit le président.

« J'appelle toutes les parties concernées à mettre ces mesures en oeuvre aussitôt que possible. La Corée du nord devrait faire certains gestes et les États-Unis devraient fournir des garanties complètes de sécurité », a-t-il dit.

Le président Moon a souligné en particulier que la Corée du nord s'était engagée à ne pas mener d'autres tests nucléaires et de missiles, à démanteler son site d'essais nucléaires dans le village de Punggye et à démanteler son site de tests de moteurs de missiles, tandis que la Corée du sud et les États-Unis ont décidé de reporter leurs exercices militaires conjoints de grande ampleur.

« Je crois que la Corée du nord doit maintenant présenter un plan de dénucléarisation plus concret, tandis que les États-Unis doivent présenter rapidement et mettre en oeuvre de façon conjointe des mesures correspondantes », a-t-il dit.

« Je crois aussi que le retour par la Corée du nord des restes des troupes américaines qui manquent encore de la Guerre de Corée va être réalisé prochainement », a-t-il ajouté.

Le président Moon a dit que Kim Jong Un « a démontré son engagement à renoncer de son plein gré à ses [capacités] nucléaires et à canaliser ses énergies vers le développement économique si la RPDC peut recevoir des garanties pour son système en échange du renoncement à ses capacités nucléaires, et il s'est clairement engagé à se joindre au sud sur la voie de la paix et de la prospérité ».

« Le président Kim et moi avons aussi convenu que la coopération économique intercoréenne doit mener à la coopération trilatérale avec la Russie », a-t-il ajouté.

(Korea.net, Chosun Ilbo, Hankyoreh, TASS. Photos: Presidential Blue House)

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Le rapatriement des restes des soldats américains par la RPDC a commencé

Le président des États-Unis, Donald Trump, a annoncé lors d'un rassemblement le 20 juin à Duluth, au Minnesota, que les restes de 200 soldats tués dans la Guerre de Corée avaient déjà été rapatriés aux États-Unis. Cette décision fait partie des ententes conclues au sommet entre le dirigeant de la République populaire démocratique de Corée (RPDC), Kim Jong Un, et le président Trump.

Citant un représentant américain, le Wall Street Journal du 20 juin dit que la Corée du nord va rendre les restes de plus de 250 soldats américains en quelques jours. Suite à un service commémoratif à la base aérienne d'Osan dans la province de Gyeonggi présidé par le général Vincent Brooks, le commandant des Forces armées des États-Unis en Corée, les restes des soldats seront expédiés vers la base aérienne de Hickam en Hawaï à des fins d'identification. Selon les commentaires de Trump et l'article du Wall Street Journal, la RPDC pourrait rendre les autres dépouilles avant le 21 ou le 22 juin, selon le fuseau horaire des États-Unis.

Les efforts antérieurs pour trouver et rapatrier les restes ont été interrompus lorsque les négociations entre la RPDC et les États-Unis ont achoppé. Le quotidien Hankyoreh explique qu'« entre 1996 et 2005, par exemple, une équipe conjointe d'excavateurs de la Corée du nord et des États-Unis a trouvé les restes de plus de 200 soldats américains dans le nord. Mais lorsque les relations entre la Corée du nord et les États-Unis se sont détériorées sous la présidence américaine de George Bush (qui avait notoirement dit de la RPDC qu'elle faisait partie de l'« axe du Mal » - note de la rédaction du LML), le travail a été suspendu en raison d'inquiétudes liées à la sécurité de l'équipe d'excavation américaine déployée dans le nord et à l'argent qui entrait en Corée du nord. Les derniers restes qui devaient être rapatriés sont ceux de six soldats qui ont été confiés à Bill Richardson, un ancien gouverneur du Nouveau-Mexique, en 2007. Au cours d'une réunion à Bangkok, en Thaïlande, en octobre 2011, les deux pays se sont entendus pour continuer la recherche de restes, mais cette entente n'a pas été respectée après que la Corée du nord ait lancé un satellite en avril 2012. »


Les restes de six soldats ont été  remis à Bill Richardson, alors gouverneur du Nouveau-Mexique,  à la garnison militaire américaine de Yongsan, en avril 2007.

Les restes qui sont rapatriés auraient été trouvés par la RPDC de sa propre initiative au cours des dernières années, mais on s'attend à ce que des équipes conjointes conjuguent à nouveau leurs efforts dans un avenir rapproché.

Selon le Hankyoreh  : « Dès la reprise des projets d'excavation, on s'attend à ce qu'il en résulte une diminution importante des tensions entre la Corée du nord et les États-Unis. Si des douzaines de soldats et experts américains travaillent sur le terrain en Corée du nord, cela pourrait ouvrir une voie de dialogue, quoique faible, entre l'armée américaine et l'Armée populaire de Corée (APC). Pendant l'excavation, un chargé de communication américain restera à Pyongyang et se rapportera aux autorités militaires américaines sur une base quotidienne. »

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Les exercices de guerre Freedom Guardian de la Corée du sud et des États-Unis sont suspendus

Dans une déclaration du 22 juin émise par la porte-parole du Pentagone Dana White, le secrétaire à la Défense des États-Unis James Mattis annonce la suspension pour une période indéterminée d'exercices militaires sélectionnés, notamment « le Freedom Guardian ainsi que deux exercices d'entraînement du programme d'échange de la marine coréenne qui devaient se dérouler dans les trois prochains mois ». Cette suspension a été décidée « pour appuyer la mise en oeuvre des résultats du Sommet de Singapour et en coordination avec notre alliée la République de Corée », lit-on dans la déclaration. Elle ajoute qu'« en soutien aux négociations diplomatiques à venir dirigées par le secrétaire Pompeo, des décisions supplémentaires dépendront de la façon dont la RPDC continue à mener des négociations productives, en bonne foi ».

Les autorités militaires de la Corée du sud et des États-Unis avaient déjà annoncé le 19 juin que les exercices de guerre Freedom Guardian prévus pour le mois d'août n'auraient pas lieu. Cet exercice fait partie des nombreux exercices de guerre qui ont lieu chaque année autour de la péninsule coréenne dans le but de menacer la République populaire démocratique de Corée (RPDC), contrairement à ce que soutiennent les États-Unis qui les qualifient de manoeuvres défensives régulières. Cette décision est une mesure de niveau opérationnel qui suit l'engagement du président des États-Unis Donald Trump au sommet du 12 juin entre la RPDC et les États-Unis. Dans un communiqué du ministère de la Défense nationale de la Corée du sud, il est dit que celle-ci est « disposée à poursuivre les discussions avec les États-Unis sur des mesures additionnelles », ajoutant qu'« une décision n'a pas encore été adoptée sur d'autres exercices à venir ». Le même jour, le Pentagone a publié un communiqué allant dans le même sens.

Dans un breffage à la presse le 19 juin, une porte-parole du ministère sud-coréen de la Défense nationale, Choi Hyun-soo, a qualifié la suspension de Freedom Guardian de « mesure qui contribuera à prolonger le climat pacifique du dialogue entre la Corée du nord et les États-Unis et intercoréen ». Elle a ajouté : « Nous nous attendons à ce que des actions correspondantes seront prises du côté de la Corée du nord. »

Le ministère de la Défense nationale souligne que les exercices militaires conjoints de la Corée du sud et des États-Unis ont été suspendus à deux reprises dans le passé, en 1990 et en 1992. En 1990, l'exercice Ulchi Focus Lens - le précurseur de l'exercice Ulchi-Freedom Guardian - a été suspendu en raison de la tenue de pourparlers intercoréens de haut niveau et de la participation des États-Unis à la Guerre du Golfe. En 1992, la Corée du sud et les États-Unis ont suspendu leur exercice Team Spirit lorsque la Corée du nord a autorisé la tenue d'inspections nucléaires par l'Agence internationale de l'énergie atomique. Cette plus récente suspension est la troisième suspension d'exercices à se produire depuis qu'ils existent et la première en 26 ans, depuis 1992.

Les autres exercices de guerre massifs de la Corée du sud et des États-Unis sont Key Resolve et Foal Eagle, des événements annuels tenus en février et mars respectivement. Hankyoreh écrit : « Freedom Guardian et Key Resolve sont des exercices de poste de commande se déroulant selon un scénario et Foal Eagle est un exercice de terrain où sont mis en action des troupes et de l'équipement. La Corée du nord a fait connaître très clairement son mécontentement envers les trois. On s'attend à ce qu'ils soient une question centrale si les pourparlers sur la dénucléarisation entre la Corée du nord et les États-Unis se déroulent bien et qu'il est question de prolonger la suspension. »

« Si on inclut non seulement les grandes manoeuvres et les exercices sur toute la péninsule coréenne, mais aussi ceux déployés par les forces armées individuelles et à différents échelons, les exercices conjoints entre la Corée du sud et les États-Unis se comptent par centaines », a dit un haut représentant du ministère de la Défense nationale.

« Nous comptons soumettre tous ces exercices à un examen à mesure que nous allons décider ce que nous allons faire », a dit le représentant.

Par le passé, l'exercice Freedom Guardian a été mené conjointement avec les exercices de guerre Ulchi qui sont de niveau gouvernemental. Le gouvernement de la Corée du sud a déclaré le 19 juin « qu'il n'y a pas de réponse encore » à la question à savoir si les exercices Ulchi vont eux aussi être suspendus.

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