Numéro 25 - 23 juin 2018
Modifications à la Loi
électorale du Canada
Des mesures censées cibler
l'ingérence étrangère dans les élections
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale,
Parti marxiste-léniniste du Canada -
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Modifications à
la Loi électorale du Canada
• Des mesures censées cibler
l'ingérence étrangère dans les élections
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale du PMLC
• Le Conseil de l'Atlantique et Facebook font
équipe pour surveiller les élections à
l'échelle mondiale
À titre
d'information
• Remarques du PMLC au comité
parlementaire sur le projet de loi C-76
• Les modifications à la Loi
électorale concernant l'influence étrangère dans
les élections
Défendons les
droits de tous
• Des actions pour protéger un site
sacré autochtone à Ottawa
• Manifestation à Montréal pour
réclamer un statut pour tous
Amérique latine
• Que se passera-t-il au Forum de Sao Paulo
à La Havane? - Bertha Mojena Milan, Daina Caballero,
Granma
• Un appel au peuple brésilien -
Luiz
Inácio
Lula
da
Silva
• Les injustices commises contre moi sont une
injustice faite au peuple brésilien - Entrevue avec
Lula par Elson Concepción Pérez, Granma
Des initiatives qui
font avancer la paix, la sécurité et la
prospérité sur la péninsule coréenne
• Les relations entre la République
populaire démocratique de Corée et la Chine se renforcent
• La coopération avec la Russie
• Le rapatriement des restes des soldats
américains par la RPDC a commencé
• Les exercices de guerre Freedom Guardian de
la Corée du sud et des États-Unis sont suspendus
Modifications à la Loi
électorale du Canada
Des mesures censées cibler l'ingérence
étrangère dans les élections
- Anna Di Carlo, dirigeante nationale,
Parti marxiste-léniniste du Canada -
Le projet de loi C-76 du gouvernement libéral, Loi
sur
la
modernisation
des
élections, est censé avoir
pour but de combattre la menace d'ingérence
étrangère dans le processus électoral, entre
autres. Il se passe rarement un jour sans qu'on entende dire que
l'ingérence étrangère menace la démocratie
et la stabilité politique du
Canada. La Russie et la Chine seraient les principales coupables, et il
serait même question de la République populaire
démocratique de Corée. Beaucoup de choses ont
été dites et écrites sur les allégations
d'ingérence russe dans l'élection de 2016 aux
États-Unis. On allègue également que le processus
électoral est entaché d'un financement
étranger passant par des tiers.
Lorsque la ministre des
Institutions démocratiques, Karina Gould, a comparu devant le
Comité permanent de la procédure et des affaires de la
Chambre qui examine le projet de loi C-76, elle a dit : «
Nous renforçons nos lois, mettons fin à des
échappatoires et mettons en place un régime de
contrôle d'application plus robuste afin de
rendre la tâche plus difficile aux perturbateurs qui tentent
d'influencer nos élections. » Elle a ajouté
que le projet de loi « propose des changements liés
à l'influence étrangère et aux perturbations en
ligne » et que « ces changements peuvent être
mis en oeuvre dans le cadre de la Loi électorale du Canada
».
Que veut dire la ministre par « changements qui
peuvent être mis en oeuvre dans le cadre de la Loi
électorale du Canada » ?
À
ce
jour,
aucune
preuve n'a été produite pour soutenir les
allégations concernant l'intervention russe dans
l'élection américaine de 2016. Il a été
démontré que durant l'élection certains individus
et certaines
organisations ont monnayé les plateformes des médias
sociaux en affichant des histoires à sensation avec la
méthode appelée « clickbait »
(piège à clics). Ils ont fait beaucoup d'argent et ont
rabaissé le niveau de la politique. Il y a également de
récentes preuves d'une fuite au sujet des manoeuvres du camp
Clinton contre Bernie Sanders au
sein du Parti démocrate. Mais à part les accusations,
contre-accusations et histoires à sensation, aucune preuve
d'ingérence étrangère dans le processus
électoral aux États-Unis ou au Canada n'a
été produite.
Malgré tout, le 31 mars dernier la ministre
des Affaires étrangères Chrystia Freeland a
annoncé l'expulsion de quatre diplomates russes. Elle affirme
dans un communiqué qu'« il a été
établi que ces quatre personnes ont utilisé leur statut
diplomatique pour compromettre la sécurité du Canada ou
s'immiscer dans notre démocratie ».
Lorsqu'un journaliste de CBC a demandé au ministre de la
Défense Harjit Sajjan si les Russes expulsés
étaient intervenus dans l'élection fédérale
de 2015, il a répondu que « tout est dans la
déclaration » et que, pour « des raisons de
sécurité nationale, je ne peux pas entrer dans les
détails ». Il a également refusé de
répondre à
un journaliste qui lui demandait pourquoi ces diplomates n'avaient pas
été expulsés avant s'ils s'étaient
immiscés dans l'élection de 2015. Le journaliste a
posé la question à Wesley Wark, professeur de
l'Université d'Ottawa spécialiste des questions de
cybersécurité et de renseignements, qui a
répondu : « Vous ne devez pas voir dans
ce communiqué une déclaration que le gouvernement a des
preuves précises sur l'ingérence dans les
élections. C'est davantage un coup de semonce. » CBC
a conclu que l'expulsion visait « à envoyer un message aux
Russes qu'Ottawa ne va pas tolérer des opérations
d'influence ».
De plus, le rapport déposé par le Centre
de la sécurité des télécommunications (CST)
sur les cybermenaces à la sécurité des
élections au Canada ne fait que reprendre les allégations
non fondées du FBI, de la CIA et de la NSA aux États-Unis.
Au bout du compte, puisque le gouvernement ne donne
aucun fait pouvant éclairer le public sur ce qui est en jeu sur
ce front, il est clair qu'il utilise la menace d'ingérence
étrangère pour justifier des mesures qui n'ont pas
vraiment à voir avec combattre l'ingérence
étrangère. Il n'y a pas d'autre conclusion à tirer.
Il est néanmoins important de voir ce que
propose le projet de loi C-76 à cet égard.
À la réunion du comité
parlementaire à laquelle le Parti marxiste-léniniste du
Canada (PMLC) a participé, le 7 juin, une des témoins,
Vivian Krause, une chercheuse et écrivaine, a invoqué une
plainte de 36 pages remise au commissaire des élections de
l'Alberta par le député conservateur Michael Cooper,
alléguant qu'à l'élection de 2015 la fondation
Tides basée aux États-Unis a donné environ 700 000
$ à huit tiers. La plainte n'a jamais été rendue
publique et le commissaire n'a divulgué aucun détail ni
précisé si une enquête était en cours.
Krause a néanmoins dit au comité que des tiers avaient
agi comme agents de ceux qui veulent « enclaver les sables
bitumineux » au Canada.
Lorsqu'un membre du comité lui a demandé
de préciser ce qui a été fait durant
l'élection de 2015 qui constituerait une ingérence
étrangère, elle n'avait pas de réponse. Elle a
laissé entendre que des agents étrangers opèrent
entre les élections et que lorsque vient le temps de
l'élection, le tort est déjà fait. Elle a
proposé que le projet de
loi aille plus loin, comme interdire à toute organisation qui
participe à une élection de recevoir des fonds de
l'étranger, de la même façon que les partis
politiques et les candidats ne peuvent obtenir des dons que des
citoyens et résidents permanents du Canada.
Ces allégations, qui n'ont pas été
prouvées, signifient que des entreprises rivales se querellent
et prennent partie. À quoi bon dans ce cas-là s'en
prendre à des tiers qui « acheminent » l'argent
puisque les entreprises peuvent intervenir directement comme tiers ?
Toute société ayant des opérations au Canada peut
participer aux élections à titre de tiers et peut
contribuer des « fonds canadiens » à un tiers. Tous
les règlements sur le financement ne font pas de distinction
entre ce qui est une ingérence étrangère ou pas,
car cela a à voir avec comment et qui définit
l'intérêt national
Au bout tu compte, le projet de loi C-76 fera
très peu ou rien pour bloquer la voie à ceux qui veulent
influencer le discours politique au Canada par des moyens
détournés, en finançant la promotion ou la
dénonciation de causes particulières, que ce soit les
pipelines ou autres. Le directeur général des
élections a noté par exemple que rien n'empêche une
entité étrangère de donner de l'argent à
une entité canadienne qui peut ensuite en toute
légalité le remettre à un tiers qui intervient
dans l'élection. Il a proposé encore plus de mesures
anticollusion.
Il y a définitivement un facteur de
dissuasion dans ce projet de loi, dans la mesure où il
impose de nouvelles restrictions aux tiers. On nous dit que les
nouveaux règlements visent à empêcher le «
métissage » des contributions
étrangères et non étrangères. Or, une
société étrangère ayant des
opérations au Canada n'a pas à prouver
d'où vient l'argent. Rien ne l'empêche de recevoir un
transfert d'argent de la caisse noire de son siège social
à l'étranger pour soutenir un projet donné au
Canada, surtout s'il s'agit d'un projet auquel les Canadiens s'opposent.
La nouvelle réglementation
va surtout nuire aux « tiers » qui ont moins d'argent
pour faire valoir leur cause. Les grandes organisations ne seront
nullement découragées et vont en fait pouvoir
dépenser encore plus en tant que tiers.
La question est jusqu'où les cercles dominants
peuvent aller pour interdire l'opinion politique et son expression sans
se heurter aux limites actuelles de la loi. Le projet de loi porte
uniquement sur
les limites de dépenses et les sources de financement, alors que
les cercles dominants ciblent le contenu du discours politique
présentement protégé par la Charte des droits
et libertés. Ce que dit en fait la ministre Gould, c'est
que les vraies mesures sont prises ailleurs, comme avec le projet de
loi C-59, Loi concernant des questions de sécurité
nationale, qui permet au CST de se livrer à des
opérations de cybersécurité clandestines au nom de
la défense du processus électoral et
politique. Sont alors invoqués des pouvoirs de police
secrète que personne ne peut contester puisque cela est fait en
dehors de la loi au nom de la « sécurité
nationale ». Déjà, des grèves sur des
questions de santé et sécurité au travail dans
l'industrie du chemin de fer, des actions communautaires reliées
aux pipelines et d'autres ont été
déclarées des questions de sécurité
nationale.
Le projet de loi C-76 prétend s'attaquer
à un problème d'ingérence étrangère
dans les élections fédérales, mais seules les
agences de sécurité et de renseignement semblent savoir
de quoi il s'agit au juste. Ce n'est pas un problème qui a
été identifié par l'ensemble du corps politique,
qui doit se contenter de croire ces agences sur parole. Bien
souvent les Canadiens se sont fait dire dans les cas de certificats de
sécurité que les agences de renseignement ne peuvent pas
révéler leurs preuves ou parler de leur travail
publiquement. C'est un problème. Comment peuvent-ils accepter
des modifications proposées à la Loi électorale
sous prétexte de contrer la menace d'ingérence
étrangère dans les
élections et de menaces à la démocratie canadienne
s'ils n'ont aucun fait et n'ont accès à aucune
preuve ?
S'il y a un problème
d'ingérence étrangère dans les élections,
la seule défense véritable est d'investir le peuple du
pouvoir de décider, mais c'est précisément ce que
la Loi électorale ne fait pas. Au contraire, on accroît la
réglementation qui peut mener à la criminalisation de la
participation politique des individus, des partis et des associations
qui n'ont pas accès au pouvoir et au privilège, ni aux
échappatoires de la loi par lesquels les riches et les puissants
font valoir leurs intérêts. Ce n'est qu'en
développant leurs politiques indépendantes qui
contribuent au mouvement pour investir le peuple du pouvoir de
décider de ses affaires que les Canadiens peuvent affirmer leur
droit de faire
leurs réclamations à la société, un droit
qui leur appartient du fait qu'ils sont des êtres humains.
C'est seulement ainsi que les Canadiens peuvent faire
leur choix et se faire une opinion sur le rôle
d'intérêts étrangers et comment cela contrevient
à leur désir d'avoir une économie stable,
l'indépendance politique, un environnement naturel et social
sain et la paix. En l'absence de cela, les recommandations pour
défendre les élections contre
les ingérences étrangères ne semblent pas
répondre à des situations pertinentes, à des
besoins passés ou présents. Les vraies mesures sont
prises ailleurs et elles ciblent le droit des Canadiens de s'associer
et d'intervenir dans leurs propres intérêts et ceux de la
société. Que ce soit durant une élection ou entre
les élections, les Canadiens se heurtent à
l'argument qu'ils mettent en péril l'intérêt
national. Qu'est-ce que l'intérêt national et qui le
définit sont des questions incontournables.
Le Conseil de l'Atlantique et Facebook font
équipe pour surveiller les élections à
l'échelle mondiale
Le Laboratoire d'expertise judiciaire en informatique
du Conseil de l'Atlantique (DFRLab) a annoncé un partenariat
avec Facebook pour défendre « l'intégrité
des élections » dans le monde entier. Le programme
commun « identifiera, exposera et expliquera la
désinformation lors des élections à
l'échelle mondiale dans le cadre d'une
initiative plus large visant à fournir une recherche
indépendante et crédible sur le rôle des
médias sociaux dans les élections, ainsi que sur la
démocratie en général ». L'objectif de
DFRLab est de « suivre en permanence les campagnes de
désinformation, les fausses nouvelles, les développements
militaires clandestins et les tentatives de
subversion contre la démocratie tout en enseignant au public les
compétences pour identifier et exposer les tentatives de polluer
l'espace de l'information ». Même s'il fait
équipe avec Facebook, le DFRLab affirme qu'il continuera
à « jeter un oeil indépendant et critique sur
toutes les plateformes, y compris Facebook même ».
À cet
égard, il note que Facebook dispose déjà d'une
équipe de surveillance dédiée qui devrait
atteindre 20 000 personnes d'ici la fin de 2018.
Dans l'annonce du 17 mai, le Conseil affirme que le
débat public est au coeur de la démocratie et que ce
débat nécessite que l'information soit son fondement. Il
mentionne également que « trop souvent ces
dernières années, nous avons été
témoins d'attaques contre ce fondement : la diffusion
délibérée de fausses informations,
d'acteurs d'États hostiles qui font la promotion de contenus qui
sèment la division, et d'attaques contre les reportages factuels
et la recherche fondée sur des preuves. » Le Conseil
atlantique affirme que « les mauvais acteurs ou les
minorités agressives peuvent abuser des connexions pour le
pouvoir, le profit ou la propagande ».
DFRLab explique plus en détails sa mission qui
est d'« exposer et expliquer les faussetés qui sont
véhiculées en ligne et d'identifier sa source et ceux qui
l'amplifient ». Il rapporte qu'il « regarde tout
depuis le conflit en Syrie, jusqu'aux manifestations en Russie,
à l'automatisation politiquement motivée et aux bots en
Malaisie ». Il
mentionne également que le laboratoire fournira « une
gamme d'informations que nous pouvons soit prouver ou réfuter et
laisser notre auditoire tirer ses propres conclusions », en
insistant sur l'analyse des « exemples de désinformation
pour décortiquer ses éléments constitutifs et en
expliquer le défi dans son ensemble parce que des termes
tels que « fausses nouvelles » et « des
réseaux de zombies » sont omniprésents et plus
un défi de taille qu'ils ne le devraient.
Les 22 et 23 juin, le DFR Lab a
organisé un symposium à Berlin intitulé
« 360/OS,
bienvenue dans l'ère de l'engagement
numérique ». Il est décrit comme le lancement
d'un projet visant à « exploiter le pouvoir du code source
libre, des médias sociaux et de la recherche scientifique
numérique ». Il est mentionné que
les outils qu'ils créent vont « identifier les non
identifiables et discerner ce qui était
indiscernable » afin de « créer et cultiver les
techniques nécessaires pour exposer les mensonges et les fausses
nouvelles, documenter les violations des droits de l'homme et rendre
compte de l'actualité des événements mondiaux en
temps réel ». Les
conférenciers invités sont décrits comme des
« décideurs politiques, des chefs d'entreprise et des
dirigeants des médias, des journalistes et des activistes de la
société civile à la tête de la lutte contre
la désinformation, la supercherie et la propagande ».
L'ancienne secrétaire d'État
américaine Madeleine Albright y prononce un discours sur le
thème « La démocratie prise en otage ».
Le symposium va se conclure par un « Freedom Awards
Dinner » en l'honneur d'Albright. Chris Krebs,
sous-secrétaire de la Direction des programmes et de la
protection nationale du département
américain de la Sécurité intérieure,
s'exprime sur le thème « Pour et par le peuple : un
point de vue du gouvernement », accompagné de Janis
Sarts, directrice du Centre pour l'excellence du StratCom de l'OTAN.
Parmi les conférenciers du secteur des entreprises, mentionnons
Katie Harbath, directrice de la politique mondiale et de la
sensibilisation gouvernementale de Facebook ainsi que le directeur de
la politique en matière de cybersécurité de
Microsoft, Jan Neutze.
L'argent provient de l'OTAN et du secteur des
médias sociaux monopolisés pour financer ce genre
d'activités qui créent un réseau de surveillance
de l'information politique sur l'Internet dirigé par l'OTAN
grâce à une alliance d'entreprises, d'organisations de la
sécurité nationale et d'ONG.
À
titre d'information
Remarques du PMLC au comité parlementaire
sur le projet de loi C-76
Le Parti
marxiste-léniniste du Canada (PMLC) a été
invité
par le Comité permanent de la procédure et des affaires
de la Chambre à présenter ses vues sur le projet de loi
C-76 le 6 juin 2018. Le PMLC a eu droit à cinq minutes
pour commenter les 352 pages d'amendements que le projet de loi apporte à la Loi
électorale
du
Canada . La dirigeante nationale du
parti, Anna Di Carlo, s'est limitée à des remarques
d'introduction sur deux aspects du projet de loi. Le texte de ces
remarques suit.
* * *
Monsieur le président,
Estimés membres du Comité,
Le projet de loi C-76 est une occasion ratée de
défendre les principes démocratiques et de contribuer
à atténuer la perception que les gouvernements de partis
n'ont pas le consentement des gouvernés. Le refus de s'attaquer
à ce problème ne servira personne : ni les partis
politiques qui croient pouvoir en bénéficier, ni le corps
politique
dans son ensemble. Le projet de loi C-76 ne fait rien pour
résoudre les problèmes liés à la conduite
d'une élection. Le processus électoral et ses
résultats n'inspirent pas confiance qu'un mandat a
été donné et que ce mandat a l'appui du peuple.
Deux problèmes que
nous souhaitons soulever sont la violation du droit à un vote
éclairé et le besoin d'avoir l'égalité de
tous ceux qui se présentent à une élection. Les
deux sont liés. Le traitement inégal des candidats
dû au fait que des privilèges sont accordés aux
partis dits majeurs porte atteinte au droit des Canadiens à un
vote éclairé. Des
secteurs privilégiés décident ce que le peuple
doit entendre et pourquoi, ce qui est vraiment intéressé
et antidémocratique.
Depuis les années 1970,
l'égalité politique est identifiée à
l'existence d'une égalité des chances pour tous les
partis et candidats. En effet, tous doivent satisfaire aux mêmes
critères d'éligibilité, respecter les mêmes
limites sur les dépenses, etc.
Mais que valent ces règles
d'égalité si la Loi électorale accorde des
privilèges à certains ? Les partis dits majeurs
jouissent de privilèges spéciaux parce qu'ils seraient
les seuls considérés comme pouvant former le gouvernement
et par conséquent les seuls qui méritent d'être
entendus ; tous les autres sont considérés comme
marginaux ou secondaires. Ceux qui ont déjà accès
au pouvoir s'accordent un rôle privilégié et la Loi
électorale joue en leur faveur. Ce n'est pas
démocratique ! Les seuls à ne pas voir le
caractère intéressé de ces arrangements sont ceux
qui adoptent et appliquent des lois qui les servent. Les Canadiens ne
voient pas les choses de la même
façon. Ils y voient une violation des principes
démocratiques fondamentaux, ce qui exacerbe la crise de
crédibilité et de légitimité de la Loi
électorale.
Le financement public des partis politiques et des
candidats a été introduit en partie au nom de
l'atténuation des inégalités. Puisque la loi
était et continue d'être informée par le but de
former des gouvernements de partis, le régime de financement est
continuellement réformé en faveur des soi-disant partis
majeurs plutôt qu'en faveur de la
défense du droit à un vote éclairé et de
l'égalité de tous ceux qui se présentent à
une élection.
Le projet de loi C-76 maintient cet encadrement. Une
occasion de corriger le problème s'est présentée
lorsque le directeur général des élections a
présenté des recommandations concernant la formule
d'allocation du temps d'antenne pour éliminer le
privilège accordé à certains partis.
Élections Canada recommande depuis 17 ans plus de
ressources publiques pour le temps d'antenne gratuit et que celui-ci
soit réparti de façon égale parmi tous les partis
politiques enregistrés. La recommandation est rejetée
à chaque fois. Pour la prochaine élection, en 2019,
cela voudra dire que la majeure partie du temps d'antenne public ira
encore une fois aux partis qui sont à la Chambre des
communes, et que le Parti libéral en obtiendra encore la part du
lion. Puisque le temps d'antenne gratuit n'est pas
considéré dépense ou une contribution
visée par les limites sur les dépenses, le régime
d'allocation est une autre preuve de la futilité des limites sur
les dépenses dans la vie réelle.
En ce qui concerne le droit des Canadiens à la
vie privée, nous nous rangeons du côté du
Commissaire à la vie privée et d'autres qui demandent que
tous les partis se soumettent aux lois sur la vie privée pour
empêcher les atteintes à la vie privée des
électeurs.
Il y a une grande ironie dans la demande que la Loi
électorale exige des attestations de respect de la vie
privée des électeurs par les partis quand la loi porte
elle-même atteinte à la vie privée. En 2006,
le Parti conservateur était à l'avant-garde du
microciblage avec son système CIMS (Constituent Information
Management Systems). Le
parti au pouvoir a introduit l'identificateur unique de tous les
électeurs et les cartes bingo. Le but était de faciliter
l'intégration des données, le microciblage et la
surveillance des électeurs. En introduisant la carte bingo, il a
fait des employés d'Élections Canada des substituts des
représentants des partis auparavant déployés dans
les bureaux de vote
pour déterminer qui a voté et qui n'a pas encore
voté. Tous les partis à la Chambre des communes ont
appuyé ces mesures.
Et maintenant, comme si cela allait de soi, des
identificateurs uniques des électeurs sont remis aux partis
politiques sans le consentement préalable des électeurs.
C'est tout simplement inacceptable. Il faut un processus affirmatif par
lequel les électeurs donnent leur consentement préalable.
Ils doivent avoir le choix de retirer leur identificateur
unique de la liste des électeurs quand les listes sont remises
aux partis politiques. En plus, ils devraient avoir le choix de
divulguer ou pas s'ils sont allés voter, c'est-à-dire
s'ils veulent que cela apparaisse sur les listes de bingo.
À l'heure actuelle, un électeur peut s'y
soustraire en se désinscrivant puis se réinscrivant
à la prochaine élection. Mais au bout du compte cela ne
sert pas à grand-chose puisque lorsque l'électeur
s'inscrit au bureau de scrutin, il reçoit le même
numéro d'identification unique qu'avant, ce qui veut dire qu'il
est traçable à jamais.
Deux points sont essentiels. Le premier est que les
identificateurs uniques ne sont pas requis pour maintenir
l'intégrité de la liste électorale permanente.
Le deuxième, qui est plus important encore, est que le pistage
des
électeurs et la construction de profils à leur sujet ne
font rien pour élever le niveau du discours politique au sein du
corps politique. Cela
n'améliore pas l'engagement des électeurs dans le
processus politique. C'est fait uniquement pour faciliter la collecte
d'information au sujet des électeurs pour les soumettre au
ciblage par les grandes entreprises embauchées pour mener des
campagnes. L'information recueillie à leur sujet est
utilisée pour les pousser à soit voter pour le parti qui
a
embauché l'entreprise, soit voter contre un adversaire, soit ne
pas voter du tout. Rien de tout cela ne sert à engager les
électeurs. La prétention que la surveillance des
électeurs et le fait de construire des profils à leur
sujet va rehausser la démocratie ou le processus
démocratique ne fait qu'ajouter au sentiment chez les
électeurs que tout le processus
est intéressé et hors de leur contrôle.
Le débat sur la protection de la vie
privée a porté sur les développements en
matière de surveillance des électeurs et du microciblage
par des entreprises spécialisées dans le domaine de
l'analyse des données - comme la tristement
célèbre Cambridge Analytica, pour n'en citer qu'une.
L'attention portée à cette affaire a
éclipsé dans les faits
l'impact du microciblage sur le processus, et en particulier sur le
supposé devoir des partis politiques envers le corps politique
en tant qu' « organisations politiques primaires »
dont le rôle est d'engager les électeurs dans la
discussion et le débat sur les problèmes de la
société et dans l'établissement de l'ordre du jour
et des politiques de la
société.
De plus, par on ne sait
quel raisonnement, les énormes dépenses en technologies
informatiques ne sont pas considérées comme des
dépenses électorales. C'est un autre
élément qui rend risible la notion que les limites des
dépenses électorales contribuent à
l'égalité des chances et à l'égalité
entre les partis et candidats.
À notre avis, les développements
justifient une enquête publique complète. Certes, la
technologie moderne devrait être utilisée lors des
élections au XXIe siècle, mais pourquoi son utilisation
violerait-elle les principes démocratiques ? Le moment est
venu d'avoir des délibérations publiques sur toutes les
prémisses fondamentales du
processus électoral : comment les mandats sont
octroyés, comment les candidats sont sélectionnés,
l'utilisation de fonds publics afin que tous les candidats, qu'ils
soient membres d'un parti politique ou pas, soient égaux. Nous
disons qu'il faut financer le processus et non les partis. Utilisons
des fonds publics pour informer les électeurs sur
tous les candidats et mettons fin à la position
privilégiée des partis dits majeurs.
Je suis disponible pour discuter des aspects que j'ai
soulevés ou de tout autre aspect de la Loi électorale que
je connais très bien. Je participe à cette discussion
depuis la Commission Spicer en 1991 et le PMLC subit toutes ces
mesures injustes et antidémocratiques depuis 1972, qui est
la première année où notre parti a
participé aux
élections. Nous connaissons bien les défauts de la Loi
électorale et nous savons ce que les Canadiens en pensent en
pratique.
Les modifications à la Loi électorale
concernant l'influence étrangère dans les
élections
La Loi électorale du Canada (LEC)
actuelle comprend déjà plusieurs clauses qu'on dit
nécessaires pour contrer une possible influence
étrangère dans une élection
fédérale. Il y a une section à caractère
général, l'article 331, intitulé « Incitation
par
les
étrangers » qui comprend le sous-titre
« Interdiction —
incitation par des étrangers ». Il se lit
ainsi : « Il est interdit à quiconque n'est ni un
citoyen canadien ni un résident permanent au sens du
paragraphe 2(1) de la Loi sur l'immigration et la protection des
réfugiés et ne réside pas au Canada d'inciter de
quelque manière des électeurs, pendant la période
électorale, à voter ou à
s'abstenir de voter ou à voter ou à s'abstenir de voter
pour un candidat donné. » La LEC dans sa forme
actuelle ne définit pas le mot « inciter ».
Cette section reconnaît la
légitimité d'activités électorales
menées par des individus qui ont un intérêt dans ce
qui se passe au Canada du fait qu'ils sont citoyens canadiens ou parce
qu'ils vivent au Canada et elle interdit les
activités de ceux qui n'y vivent pas. Elle reconnaît le
droit de tous ceux qui sont soit des citoyens, résidents
permanents ou résidents au Canada d'y participer. Seulement
les citoyens peuvent élire et être élus alors que
seulement les citoyens et les résidents permanents peuvent faire
des contributions aux partis politiques et aux candidats.
La LEC ne donne pas de définition de ce que veut
dire « réside au Canada » contrairement
à
« résident permanent » qui est défini
par un statut spécifique, conféré
juridiquement. La Loi sur
l'immigration et la protection des
réfugiés parle d'«
étrangers » se trouvant au Canada qui se voient
octroyer
un « statut de résident temporaire » par le
biais de permis de travail, de visas étudiants et de «
permis de visite prolongés.
Le projet de loi 76, Loi sur la modernisation
des élections, abroge l'article 331 et le remplace par
un article intitulé « Influence indue par des
étrangers ». Le nouvel article décrit les
personnes et les entités qui sont comprises
dans le terme « étrangers » et quelles
activités constituent une « influence indue ».
Il modifie d'autres clauses qui traitent des « tiers
étrangers » et des tiers canadiens,
c'est-à-dire toute personne ou organisation autres que des
candidats ou des partis politiques enregistrés.
Influence indue par des étrangers
Le projet de loi C-76 définit un «
étranger » de la façon suivante :
- les particuliers qui ne
sont pas des citoyens canadiens, des résidents permanents ou qui
ne
résident
pas au Canada;
- les personnes morales ou
entités constituées, formées ou autrement
organisées ailleurs qu'au Canada, qui n'exercent pas
d'activités commerciales au Canada ou dont les seules
activités au Canada consistent, pendant une période
électorale, à exercer une influence sur un
électeur pendant cette période afin qu'il vote ou
s'abstienne de voter ou
vote ou s'abstienne de voter pour un candidat donné ou un parti
enregistré donné à la prochaine élection;
- les syndicats qui ne sont
pas titulaires d'un droit de négocier collectivement au Canada;
- les partis politiques
étrangers;
- les États
étrangers ou l'un de leurs mandataires
Une personne ou une entité se rend coupable d'
« influence indue » si :
- elle engage sciemment des
dépenses pour directement favoriser ou contrecarrer un candidat
à l'élection, un parti enregistré qui y soutient
le candidat ou le chef d'un tel parti enregistré;
- elle fait ou publie une
fausse déclaration interdite au sujet de l'une de ces
entités;
- l'un des actes qu'elle a
commis pour influencer l'électeur constitue une infraction
à une loi fédérale ou provinciale ou à un
règlement d'une telle loi.
La période couverte par la perpétration
de l'infraction d'« influence indue » est simplement
« pendant la période électorale ».
La définition de « favoriser ou
contrecarrer » comprend : nommer un parti
enregistré ou un parti éligible, l'identifier par
d'autres moyens tel un logo, ou fournir un lien à une page
Internet qui nomme le parti ou montre son logo ; dans le cas des
individus qui sont des candidats potentiels, des candidats, des
candidats à
l'investiture , ou des dirigeants, l'infraction consiste à
nommer, montrer une photo, une caricature ou un dessin de la personne
et/ou identifier la personne par son nom ou son logo d'affiliation, ou
fournir un lien à une page Internet qui fait n'importe laquelle
de ces choses.
Les fausses déclarations interdites par le
projet de loi c-76 sont : « a) une fausse déclaration
selon laquelle un candidat, une personne qui désire se porter
candidat, le chef d'un parti politique ou une personnalité
publique associée à un parti politique a commis une
infraction à une loi fédérale ou provinciale ou
à un règlement d'une telle
loi, a été accusé d'une telle infraction ou fait
l'objet d'une enquête relativement à une telle
infraction ; b) une fausse déclaration concernant la
citoyenneté, le lieu de naissance, les études, les
qualifications professionnelles ou l'appartenance à un groupe ou
à une association d'un candidat, d'une personne qui
désire se porter candidat, du chef
d'un parti politique ou d'une personnalité publique
associée à un parti politique. » Cette clause
s'applique non seulement aux étrangers, mais à toutes les
personnes et toutes les entités.
Le projet de loi C-76 interdit aussi à toute
personne ou entité de « vendre un espace publicitaire
à ... afin de permettre à cette personne ou entité
[définie comme un étranger par la loi], d'exercer une
influence indue... »
Exemptions à l'influence indue
Le projet de loi C-76 comprend des exemptions à
certaines activités liées à l'infraction d'«
influence indue par des étrangers ». Il n'y a
pas d'infraction de commise si l'activité consiste :
« a) soit en une expression de son
opinion quant au résultat, potentiel ou souhaité, de
l'élection ;
« b) soit en une déclaration encourageant
l'électeur à voter pour un candidat ou un parti
enregistré ou le dissuadant de le faire ;
« c) soit en la diffusion par radiodiffusion ou
par l'intermédiaire de médias électroniques ou
imprimés d'éditoriaux, de débats, de discours, de
nouvelles, d'entrevues, de chroniques, de commentaires ou de lettres,
quelle que soit la dépense effectivement engagée pour ce
faire, si elle n'est pas effectuée en contravention des
paragraphes 330(1) ou (2). »
C'est précisément par ces moyens que les
États-Unis, le Canada et d'autres pays s'ingèrent dans
les affaires intérieures de pays comme le Venezuela pour
parvenir à un « changement de régime ».
Le but de ces exemptions n'est donc pas clair, sauf dans le cas des
mesures qui se rapportent au domaine qui relève de la presse
écrite et des
médias de radiodiffusion, et qui est donc présumé
protégé par la Charte canadienne des droits et
libertés.
Les tiers étrangers
L'actuelle LEC interdit aux « tiers
étrangers » de dépenser plus
de 500 $ pour de la publicité électorale durant
la période officielle de la campagne électorale. Le
projet de loi C-76 leur interdit toute dépense pour la
publicité électorale, les sondages électoraux ou
les activités partisanes pendant la période
préélectorale
(du 30 juin au début de la campagne électorale) et
pendant la campagne électorale. La législation ne
réglemente pas les activités en dehors de cette
période.
Les « tiers étrangers »
incluent les mêmes personnes et entités
énumérées à l'article sur l'«
influence étrangère indue » sauf les partis
politiques étrangers et les gouvernements étrangers.
Les tiers canadiens pris entre deux feux avec
les amendements proposés
À l'heure actuelle, la LEC exige que toute
personne, société, syndicat ou groupe s'enregistre si
elle dépense plus de 500 $ en publicité
électorale au cours d'une campagne électorale. Ils se
voient interdits d'utiliser toute forme de fonds étrangers pour
la publicité électorale et ils doivent déposer un
rapport énumérant toutes les
contributions qu'ils ont reçues jusqu'à six mois avant
l'élection aux fins de publicité électorale. Les
rapports finaux sont dus six mois après l'élection. Les
rapports doivent énumérer le nom et l'adresse de toute
personne ayant contribué plus de 200 $ aux fins de la
publicité électorale.
Pour les tiers, le projet de loi C-76 définit
les fonds étrangers comme des contributions provenant de la
même liste de personnes et d'entités définies comme
des « étrangers » dans la section
intitulée Influence indue par des étrangers, à une
exception près. Les fonds reçus de résidents du
Canada qui ne sont ni citoyens ni résidents
permanents ne peuvent être utilisés, même si la loi
autorise un résident à s'inscrire en tant que tiers.
Le projet de loi C-76 élargit la
réglementation des activités par des tiers pour inclure
les dépenses non seulement pour la publicité
électorale, mais aussi pour les démarches
porte-à-porte et les appels téléphoniques. Les
dépenses pour les sondages électoraux sont
également incluses. Le « sondage électoral »
est défini
comme un « sondage mené pour évaluer si des
personnes ont l'intention de voter, pour qui elles ont voté ou
pour qui elles vont voter à une élection ou portant sur
une question à laquelle un parti enregistré ou un
candidat est associé. » En ce qui concerne
spécifiquement les tiers, le projet de loi C-76 ajoute qu'il
s'agit d'un sondage « dont les résultats
sont pris en compte par ce [tiers parti], selon le cas :
a) soit dans sa décision
d'organiser et de tenir ou non des activités partisanes ou de
diffuser ou non des messages de publicité partisane ou des
messages de publicité électorale ;
b) soit dans le cadre de l'organisation et de
la tenue de telles activités ou de la diffusion de tels
messages. »
Au cours de la « période
préélectorale », la « question de la
publicité », c'est-à-dire une publicité
qui favorise ou s'oppose à une question à laquelle un
parti politique ou un candidat peut être identifié, est
exemptée tant qu'elle ne dit pas aux gens pour qui voter.
Les dépenses au cours de la période
préélectorale sont évaluées à
près de 1 million de dollars pour les tiers,
comparativement à 1,5 million de dollars pour les partis
politiques, mais dans le cas des partis politiques, les sondages
électoraux ne sont pas considérés comme une
dépense. Pendant la période de la campagne, les tiers
seront autorisés à dépenser
environ 500 000 $.
Les exigences de déclaration pour les tiers ont
été considérablement augmentées. Ils
doivent déposer non seulement des rapports après les
élections auprès d'Élections Canada, mais aussi
des rapports intérimaires, le premier étant cinq jours
après leur inscription, dans lesquels ils détaillent
à la fois les activités électorales qu'ils ont
réalisées et
les contributions reçues pour les payer, en revenant aussi loin
que le jour du scrutin des dernières élections.
Dispositions en ce qui a trait aux « fausses
nouvelles »
et aux « cyberattaques »
Deux éléments de la prétendue
menace d'influence
étrangère sont communément appelés «
fausses nouvelles » et « cyberattaques ».
Le projet de loi C-76 modifie les articles de la LEC relatifs aux
infractions visant à induire le public en erreur et à
utiliser des ordinateurs sans autorisation. Il introduit une section
intitulée « Publications
trompeuses ». Il dit que c'est une infraction de publier,
transmettre ou distribuer du matériel qui prétend
être fait par un parti politique, candidat ou candidat potentiel
« à l'intention de tromper le public ». Une
exemption est prévue pour du matériel «
manifestement [...] aux fins de parodie ou de satire. »
Sous une section dont le titre est « Utilisation
non autorisée d'un ordinateur », le projet de loi
C-76 érige en infraction quiconque utilise des ordinateurs
« frauduleusement, avec l'intention d'influencer les
résultats d'une élection ». Cela
comprend une longue liste d'altération d'un système
informatique
en détruisant des
données informatiques, en rendant les données inefficaces
ou en faisant quoi que ce soit afin d'empêcher «
l'emploi légitime des données informatiques ou de refuser
à une personne ou entité qui y a droit l'accès aux
données informatiques » et le trafic ou
l'accès à un mot de passe.
Radiodiffusion de l'extérieur du Canada
En outre, la LEC contient une disposition interdisant
l'utilisation d'une station de radiodiffusion à
l'extérieur du Canada. Il y est dit : « Il est interdit
à quiconque, avec l'intention d'inciter des personnes à
voter ou à s'abstenir de voter ou à voter ou à
s'abstenir de voter pour un candidat donné, d'utiliser une
station de radiodiffusion à l'étranger,
ou d'aider, d'encourager ou d'inciter quelqu'un à utiliser ou de
lui conseiller d'utiliser une telle station, pendant la période
électorale, pour la diffusion de toute matière se
rapportant à une élection. » Elle interdit
aussi
expressément l'utilisation d'une station de radiodiffusion
à l'extérieur du Canada pour la publicité
électorale. Le projet de loi
C-76 crée une exemption dans les cas où le signal
provient du Canada.
Défendons les droits de tous
Des actions pour protéger un site sacré
autochtone à Ottawa
Le 22 juin, une marche dans les rues d'Ottawa a eu
lieu à l'appel des aînés algonquins. Un
dépliant invitait les gens d'Ottawa de toutes confessions
à se joindre aux dirigeants spirituels autochtones pour une
marche pacifique afin d'exiger la restitution et la restauration de
l'ancien site sacré Akikodjwan/Ainabka (les chutes
Chaudières)
et des îles au peuple anishinabe/algonquin.
Plus de 300 personnes se sont rassemblées
près des chutes sur l'île Victoria et ont marché
sur la rue Wellington pour exprimer leur opposition aux plans de la
Commission de la capitale nationale et de la ville d'Ottawa d'aider
financièrement l'entreprise privée Windmill Development
Group d'y construire un projet massif de
condominiums qu'ils appellent Zibi. Ce projet est promu comme
étant « une
communauté riveraine durable de classe mondiale au centre-ville
d'Ottawa et de Gatineau qui offre un environnement naturel aux
résidents de condominiums et de maisons de ville ».
Les aînés autochtones affirment que le
gouvernement et les promoteurs ignorent les droits des autochtones sur
l'île et l'eau et exigent que cet ancien site sacré, connu
sous le nom d'Akikodjiwan, soit retourné à sa vocation
originelle qui est un lieu de rencontre et de paix. Ils disent que
l'article 12 de la Déclaration des Nations unies sur
les droits des peuples autochtones stipule clairement que « les
peuples autochtones ont le droit d'entretenir et de protéger
leurs sites religieux et culturels et d'y avoir accès en
privé ».
Sur la colline du Parlement, l'un des organisateurs,
Albert Dumont, aîné, poète et enseignant
traditionnel algonquin, a parlé de l'importance de la demande
des Algonquins de défendre leur site sacré et de leur
restituer, au nom de toutes les nations.
M. Dumont a souligné que les Premières
Nations luttent chaque jour contre l'oppression, se battent pour
réapprendre leurs langues, luttent chaque jour pour conserver
une partie des richesses retirées de leurs territoires afin que
les communautés appauvries puissent développer leur
économie et construire des écoles. « Mais c'est la
lutte pour
faire revivre notre ancienne spiritualité qui est la plus grande
préoccupation pour moi et pour beaucoup, beaucoup plus
d'Algonquins et leurs supporteurs. Notre spiritualité
était notre mode de vie ! Est-ce trop demander de l'avoir
là encore une fois pour ceux de nous qui la respectons et
l'honorons ? »
Douglas Cardinal, architecte, planificateur, activiste,
philosophe, artiste et aîné anishnaabe, était un
des conférenciers de renom. C'est à lui qu'on doit
notamment l'architecture du Musée canadien de l'histoire
à Gatineau Il a récemment
été le présentateur de l'exposition officielle du
Canada à la Biennale d'architecture de 2018 à
Venise. Il a parlé de l'importance du rôle des femmes dans
la lutte pour les droits des autochtones et
de fournir aux communautés la force dont elles ont besoin pour
défendre leur dignité.
Cette « marche unitaire en faveur de la
spiritualité » pour protéger Akikodjiwan a
également eu lieu l'année dernière et les
organisateurs ont promis que la lutte se poursuivrait jusqu'à ce
que les peuples autochtones aient le droit de décider de ce qui
se passe sur leurs terres.
Manifestation à Montréal pour
réclamer
un statut pour tous
Le samedi 16 juin, une conférence de presse
a été organisée à Montréal par
Solidarité sans frontières dans le quartier de
Parc-Extension pour attirer l'attention sur le sort des migrants au
Canada. Elle a été suivie d'une marche dans les rues de
Parc-Extension pour exiger un statut pour tous. Depuis 2004, le
groupe et ses alliés
organisent une marche annuelle où ils exigent un programme
complet et ininterrompu de régularisation pour tous les migrants
au Canada sans un statut à part entière et la fin des
déportations.
Lors de la conférence de presse, Claire Abraham,
représentante de Solidarité sans frontières, a
réfuté l'affirmation que les gouvernements canadien et
québécois n'ont pas les moyens d'offrir des soins
appropriés aux immigrants qui traversent au Canada en provenance
des États-Unis. Au contraire, c'est l'offensive antisociale qui
a été lancée
contre la population avec des compressions dans les soins
de santé, dans l'éducation, dans les programmes sociaux
et la liste continue, qui en est la cause.
La première à prendre la parole à
la conférence de presse a été Margarita, une
Mexicaine qui est venue au Canada en 2009. Elle a fui son pays
pour échapper à la violence conjugale et vit ici sans
statut légal depuis 2013, à la suite de mauvais
conseils d'un avocat. Depuis, elle vit dans la peur, soucieuse que si
elle tente de légaliser
sa situation, elle risque d'être expulsée. Elle a
évoqué les difficultés auxquelles sont
confrontées les personnes sans statut, donnant l'exemple que
bien qu'elle travaille actuellement 13 heures par semaine, elle ne
touche que 6 $ l'heure. Elle ne bénéficie
d'aucune protection du travail et n'a pas accès aux services de
santé, même
si elle souffre d'un certain nombre de problèmes de santé
liés à la crainte d'être arrêtée et
expulsée.
Margarita a également rappelé qu'en
février 2017 Montréal était devenue une ville
sanctuaire, mais que cela n'a pas amélioré la vie des
migrants ici de façon concrète.
Le prochain à prendre la parole était
Carmelo Monge, de Mexicains unis pour la régularisation. Il a
évoqué le choc psychologique et émotionnel et les
traumatismes subis par les migrants à la suite des arrestations
policières et de la vie dans les centres de détention,
notant en particulier le préjudice psychologique que cela
représente pour les
femmes et les enfants. Il a rappelé la récente
arrestation de Lucy Francineth Granados à Montréal, qui a
fui le Guatemala pour se rendre aux États-Unis, pour finalement
se retrouver au Canada en 2009. Sa demande d'asile a
été refusée par le Canada et elle a
été expulsée. Elle a défié cette
ordonnance d'expulsion. En 2017, elle a
déposé une demande de résidence permanente pour
des motifs d'ordre humanitaire, et sa cause n'a pas encore
été entendue. Néanmoins, le 20 mars dernier,
quatre agents des Services frontaliers du Canada ont fait irruption
chez elle et l'ont arrêtée violemment. Elle vivait
à Montréal depuis 9 ans. Elle a été
violemment arrêtée, jetée sur
une table et ensuite sur le sol, son bras tordu pendant qu'un agent
l'immobilisait avec un genou dans le dos. Elle a ensuite
été amenée au centre de détention de Laval
où elle a été détenue jusqu'au 13
avril, date à laquelle elle a été
déportée au Guatemala.
Serge Bouchereau, porte-parole du Comité
d'action des personnes sans statut, a expliqué que son
organisation avait été créée suite à
la levée par le gouvernement Harper du moratoire sur les
déportations vers Haïti et le Zimbabwe. Grâce au
travail du comité et d'autres organisations aux vues similaires,
Bouchereau a déclaré que bon nombre
d'entre elles avaient finalement pu rester au Canada. L'année
dernière, alors que le comité s'apprêtait à
se dissoudre, un grand nombre de migrants ont commencé à
arriver des États-Unis, ce qui a forcé le comité
à élargir son mandat. Il s'est demandé pourquoi
les deux paliers de gouvernement du Canada n'avaient pas réussi
à prendre des mesures
pour accueillir les migrants, dans le cadre de l'engagement du Canada
envers la Convention de Genève, suite à la
décision de Trump de suspendre le statut de protection
temporaire accordé aux ressortissants de plusieurs pays.
Bouchereau a rappelé comment Justin Trudeau avait
prétendu qu'ils seraient accueillis à bras ouverts.
« À ceux qui fuient la
persécution, la terreur et la guerre, le Canada vous
accueillera, peu importe votre foi », a
déclaré le premier ministre. Cependant, son organisation,
qui fait partie de Solidarité sans frontières, a dû
se rendre à la frontière et dénoncer le camp
militaire qui avait été mis en place, où les gens
n'avaient même pas accès à une douche pendant
qu'ils
étaient contrôlés par la GRC.
A 14 h, des centaines de personnes ont ensuite
participé à une marche militante organisée
dans les rues de Parc-Extension, alertant les gens à la
situation sérieuse des migrants, les appelant à joindre
la lutte à la défense de leurs droits.
La lutte pour la reconnaissance des droits de tous se
poursuit. Ce n'est que par la participation active du peuple que les
droits de tous seront garantis.
Cela peut être fait!
Amérique latine
Que se passera-t-il au Forum de Sao Paulo
à La Havane?
- Bertha Mojena Milan, Daina Caballero,
Granma -
Vingt-cinq ans après la quatrième
rencontre du Forum de Sao Paulo (FSP) à La Havane, Cuba
accueillera à nouveau cet espace de coordination politique des
forces de gauche dans la région, pour débattre et pour
mieux s'orienter face aux luttes qui nous unissent. C'est ce qui a
été confirmé à la conférence de
presse d'Idalmis Brooks Beltran,
représentante du département des Relations
internationales du Comité central du Parti communiste de Cuba,
qui participe au FSP.
Granma : Qu'est-ce que le Forum de
Sao Paulo ?
Idalmis Brooks Beltran : Il s'agit d'un forum
composé de plus d'une centaine de partis et de groupes de gauche
latino-américains et caribéens, fondé au
Brésil en 1990 pour discuter et unir les efforts pour le
bien commun, face aux défis qui se posent à la gauche
depuis la chute du camp socialiste et les conséquences du
néolibéralisme dans les pays de l'Amérique latine
et des Caraïbes.
Le dirigeant cubain Fidel Castro et l'ancien
président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva ont
joué un rôle décisif dans son développement.
G : Combien de rencontres ont eu lieu ?
IBB : Il y en a eu 23, dont deux à
La Havane (en 1993 et en 2001). La capitale cubaine a aussi
accueilli les réunions des groupes de travail du FSP
en 1994, 1997, 2000, 2006 et 2013.
G : Pourquoi cette rencontre à La
Havane ?
IBB : La XXIIIe rencontre annuelle du FSP qui a
eu lieu à Managua, au Nicaragua, en juillet 2017, a
terminé avec une action populaire pour célébrer
le 38e anniversaire de la Révolution sandiniste. À
ce moment-là, le premier vice-président de Cuba, Miguel
Diaz-Canel Bermudez, a affirmé l'engagement de notre
pays envers l'unité et l'intégration de la région.
C'est à ce moment que l'île a fait part de son
intérêt de devenir l'hôte de la XXIVe rencontre du
FSP.
Dans une convocation politique qu'il a fait parvenir
le 23 mai à tous les membres du forum, le commandant
José Ramon Balaguer Cabrera, membre du secrétariat et
chef du département des Relations internationales du Parti
communiste de Cuba, a réitéré que pour Cuba, le
fait d'accueillir cette rencontre reflète son engagement
politique
internationaliste envers les forces présentes au forum et celles
qui partagent la conviction que le temps est venu d'unir les
idées et les efforts pour stopper l'actuelle offensive
contre-révolutionnaire de la droite régionale et
internationale contre toutes les expériences politiques
engendrées au cours des récentes années et qui ont
apporté des
changements favorables à une Amérique latine et aux
Caraïbes plus souveraines, plus intégrées et plus
justes. »
Le 23e Forum de Sao Paulo, à Managua, au Nicaragua,
le 17 juillet 2017
G : Que se passera-t-il entre le 15 et
le 17 juillet ?
IBB : La XXIVe rencontre du FSP aura lieu
au Palais des Congrès entre le 15 et le 17 juillet,
mais les délégués et invités commenceront
à arriver au pays dans les jours qui précédent
l'événement.
Suite à l'ouverture, d'importants espaces seront
consacrés à la discussion en plénière sur
la lutte contre le colonialisme et pour la solidarité
anti-impérialiste, à la nécessité de
l'unité et l'intégration latino-américaines et
caraïbes, ainsi qu'à une plénière
spéciale sur la pensée du commandant Fidel Castro et sa
relation avec le Forum de Sao
Paulo.
Il y aura aussi des réunions de femmes, de
jeunes et de parlementaires, ainsi que deux ateliers —
interreliés — sur l'Art et la Culture et la communication
politique et les médias.
Comme c'est la tradition dans ce genre de
réunion, il y aura aussi l'École de formation politique
du FSP, des réunions des secrétariats régionaux et
de ses groupes de travail, ainsi qu'une réunion régionale
de la Fédération mondiale de la jeunesse
démocratique (FMJD).
G : Qu'y aura-t-il de nouveau cette
année ?
IBB : À cette occasion, en plus des
réunions et des ateliers traditionnels, il y aura la 3e
réunion des partis de la gauche européenne et du Forum de
Sao Paulo. Dans cet espace, les deux mouvements discuteront de leurs
différentes réalités et des façons de
construire et d'atteindre un consensus sur différentes questions
qui
nous unissent et qui ont des répercussions sur l'humanité
aujourd'hui.
Pour la première fois dans ce genre de
réunion, il y aura aussi un dialogue entre le FSP et les
porte-parole des plateformes et des déclarations du mouvement
populaire et social de la région, une occasion d'échanger
des idées sur la situation politique actuelle en Amérique
latine et dans les Caraïbes et d'élaborer des
stratégies qui consolident la
coordination et l'unité dans l'action de la gauche sur le
continent.
G : Que peut-on attendre de la
réunion de La Havane ?
IBB : Cuba souhaite que la gauche
latino-américaine et caraïbéenne saura discuter de
la situation
urgente qui sévit dans la région aujourd'hui, semblable
à celle qui existait au moment de la création du Forum de
Sao Paulo. Il faut donc réorienter nos luttes sur la base de
l'unité et de l'intégration des forces politiques et des
mouvements sociaux, afin de dresser un plan d'action
élaboré ensemble, qui est réalisable et dont on
peut fixer l'échéancier. Ce plan fera partie de la
déclaration finale de l'événement.
G : Quelle est la signification de cette
réunion pour Cuba ?
IBB : Cette réunion permet à
Cuba d'être un espace dans lequel les principales questions
touchant au continent sont discutées et analysées,
où les amis et dirigeants de la gauche latino-américaine
et caraïbéenne participeront aux sessions
plénières et
aux différents espaces que nous avons organisés et
où, avant tout, les jeunes auront
l'occasion de connaître directement le rôle important que
joue l'île dans les luttes de la région.
G : Comment peut-on s'informer du
déroulement de la XXIVe réunion du Forum de Sao
Paulo ?
IBB : Les activités qui auront lieu
au cours de l'événement seront bien couvertes par la
presse nationale et étrangère. Vous pouvez aussi
consulter la page officielle du Forum de Sao Paulo :
http ://forodesaopaulo.org/, ainsi que les réseaux sociaux.
Granma couvrira l'événement de façon ininterrompue
sur son site
web, dans sa version papier et sur ses profils dans les réseaux
sociaux.
Un appel au peuple brésilien
- Luiz Inácio Lula da Silva -
Lula s'adresse à un rassemblement en conclusion de la
tournée à Paraná,
le 28 mars 2018.
Cela fait deux mois maintenant que je suis en prison
sans avoir commis de crime. Deux mois pendant lesquels je n'ai pas pu
voyager dans le pays que j'aime, amener le message d'espoir d'un
Brésil meilleur et plus juste, offrant des opportunités
à tous, comme je l'ai fait pendant mes 45 années de
vie publique.
J'ai été privé de ma vie
quotidienne avec mes fils et ma fille, avec mes petits-fils et
petites-filles et mon arrière-petite-fille, et avec mes amis et
camarades. Je ne doute pas cependant qu'ils m'ont placé ici pour
m'empêcher d'être au sein de ma famille plus large, le
peuple brésilien. C'est ce qui me fait le plus souffrir, parce
que je sais qu'à
l'extérieur de ces murs, chaque jour, de plus en plus de
familles doivent à nouveau vivre dans la rue, abandonnées
par l'État qui devrait les protéger.
Je veux, d'où je suis, renouveler le message de
foi dans le Brésil et dans notre peuple. Ensemble, nous avons
été capables de surmonter des temps difficiles, de
sérieuses crises économiques, politiques et sociales.
Ensemble, sous mon gouvernement, nous avons surmonté la faim, le
chômage, la récession, les pressions économiques
énormes du
capital international et de ses représentants dans le pays.
Ensemble, nous avons réduit le fléau séculaire de
l'inégalité sociale qui a marqué la
création du Brésil : le génocide des
autochtones, l'asservissement des noirs et l'exploitation des
travailleurs de la ville et de la campagne.
Sans relâche, nous avons combattu l'injustice. La
tête bien haute, nous avons fini par être
considérés comme le peuple le plus optimiste du monde.
Nous avons approfondi notre démocratie et nous avons
gagné une notoriété internationale avec la
création de l'UNASUR, de la CÉLAC, du BRICS et avec notre
relation de solidarité avec les pays
africains. Notre voix a été entendue au G8 et dans les
forums mondiaux les plus importants.
Je suis convaincu que nous pouvons reconstruire ce pays
et ce rêve, une fois de plus, comme une grande nation. C'est ce
qui me permet de continuer la lutte.
Je ne vais pas me réconcilier avec les
souffrances des plus pauvres et la punition qui s'abat sur notre classe
ouvrière, comme je ne vais pas me réconcilier avec ma
situation.
Ceux qui m'ont accusé avec l'opération
Lava Jato [opération lave-auto] savent qu'ils ont menti parce
que je n'ai jamais
été propriétaire et n'ai jamais eu possession de
l'appartement de Guarujá et n'y ai jamais passé une nuit.
Ceux qui m'ont condamné, Sérgio Moro et les juges du
TRF-4 [Tribunal régional fédéral de la 4e
région], savent qu'ils ont dû monter une farce judiciaire
pour
m'arrêter parce que
j'étais en mesure de prouver mon innocence tandis qu'eux
n'étaient pas capables de présenter des preuves du crime
qu'ils m'accusent d'avoir commis.
Encore aujourd'hui je me demande : où est
la preuve ?
Je n'ai pas été traité par les
procureurs de Lava Jato, Moro et le TRF-4 comme un citoyen égal
aux autres. J'ai été constamment traité en ennemi.
Je ne cultive pas la haine je n'ai pas de ressentiment,
mais je doute que mes bourreaux soient capables de dormir avec une
conscience claire.
J'ai le droit constitutionnel d'en appeler de toutes
ces injustices en étant en liberté, mais on m'a
nié ce droit jusqu'à maintenant pour la seule raison que
mon nom est Luiz Inácio Lula da Silva.
C'est pourquoi je me considère un prisonnier
politique dans mon pays.
Lorsqu'il est devenu clair qu'ils allaient
m'emprisonner par la force, sans crime ni preuve, j'ai
décidé de demeurer au Brésil et de faire face
à mes bourreaux. Je connais la place qui me revient dans
l'histoire et je connais aussi celle qui est réservée
à
ceux qui me persécutent aujourd'hui. Je suis certain que la
Justice va faire triompher la
vérité.
Lors des caravanes auxquelles j'ai participé
récemment, à travers le Brésil, j'ai vu l'espoir
luire dans les yeux des gens. J'ai aussi vu l'angoisse vécue par
ceux qui souffrent du retour de la faim et du chômage, de la
malnutrition, du décrochage scolaire, de l'usurpation des droits
des travailleurs, de la destruction des politiques garanties par la
constitution en ce qui a trait à l'inclusion sociale, qui sont
maintenant niées dans la vie de tous les jours.
C'est pour mettre fin à cette souffrance du
peuple que je me présente encore une fois à la
présidence.
Je prends en main cette mission parce que j'ai une
grande responsabilité envers le Brésil et parce que les
Brésiliens ont le droit de voter librement en faveur d'un projet
d'une plus grande solidarité, d'un pays plus juste et plus
souverain, et de la poursuite d'un projet d'intégration
latino-américaine.
Je suis candidat parce que je crois sincèrement
que le Tribunal électoral va respecter ses
précédents juridiques remontant à 2002 et ne
pas se soumettre au chantage de l'exception dans le seul but de bafouer
mon droit et le droit des électeurs de choisir qui les
représente le mieux.
Je me suis présenté aux élections
plusieurs fois durant ma carrière, mais cette course est
différente : elle est l'engagement de ma vie. Ceux qui ont
eu le privilège d'être témoins des progrès
qu'a fait le Brésil au nom des pauvres, après des
siècles d'exclusion et d'abandon, ne peuvent pas rester passifs
pendant cette période la plus difficile
de toutes pour notre peuple.
Je sais que ma candidature représente l'espoir
et nous allons le vivre jusqu'au bout parce que nous avons la force du
peuple de notre côté.
Nous avons le droit de rêver à nouveau,
après le cauchemar qui nous a été imposé
depuis le coup de 2016.
Ils ont menti pour renverser la présidente
élue légitimement Dilma Rousseff. Ils ont menti
lorsqu'ils ont dit que le pays allait se porter mieux si le Parti des
travailleurs était chassé du gouvernement, qu'il y aurait
plus d'emplois et plus de développement. Ils ont menti afin
d'imposer le programme qui avait été défait aux
urnes en 2014.
Ils ont menti afin de détruire le projet d'éradication de
la misère que mon gouvernement a mis en oeuvre. Ils ont menti
afin de remettre la richesse du pays à d'autres et de favoriser
les pouvoirs économiques et financiers dans une trahison
scandaleuse de la volonté exprimée clairement et sans
équivoque en 2001, 2006, 2010
et 2014.
L'heure de la vérité approche.
Je veux être le président du Brésil
à nouveau parce que j'ai déjà prouvé qu'il
est possible de bâtir un Brésil meilleur pour notre
peuple. Nous avons prouvé que le pays peut croître pour le
bénéfice de tous lorsque le gouvernement place les
travailleurs et les plus pauvres au centre de ses préoccupations
et ne devient pas l'esclave des intérêts des
riches et des puissants. Et nous avons prouvé que seule
l'inclusion des millions de pauvres peut assurer la croissance et la
relance de l'économie.
Nous gouvernons pour le peuple et non pour le
marché. C'est l'opposé de ce que fait le gouvernement de
nos adversaires, pour servir les financiers et les multinationales, qui
a aboli les droits historiques des travailleurs, réduit les
salaires réels, sabré dans les investissements dans la
santé et l'éducation et est en train de détruire
des programmes
comme Bolsa Familia, Minha Casa, Minha Vida, Pronaf, Luz Para Todos,
Prouni et Fies, entre autres programmes consacrés à la
justice sociale.
Je rêve d'être le président du
Brésil pour mettre fin à la souffrance de ceux qui n'ont
plus d'argent pour acheter de l'essence, qui doivent maintenant
utiliser le bois pour faire cuire les aliments ou, pis encore, l'alcool
et être victimes d'accidents et de brûlures sérieux.
C'est là un des reculs les plus cruels causés par la
politique de destruction de
Petrobras et de notre souveraineté nationale, dirigée par
les supporteurs du PSDB qui ont soutenu le coup de 2016.
Petrobras n'a pas été créé
pour générer des profits pour les spéculateurs de
Wall Street à New York, mais pour assurer l'autosuffisance
pétrolière au Brésil à des prix compatibles
avec une économie populaire. Petrobras doit redevenir
brésilien. Vous pouvez être certain que nous allons mettre
fin à cette histoire de vente de ses actifs. Il ne sera
plus l'otage des multinationales pétrolières. Il jouera
à nouveau un rôle stratégique dans le
développement du pays, notamment en dirigeant les ressources
pré-salifères vers l'éducation, notre passeport
vers l'avenir.
Vous pouvez également être sûrs que
nous empêcherons la privatisation d'Eletrobrás, Banco do
Brasil et Caixa, la démantèlement de la BNDES et de tous
les outils à la disposition du pays pour promouvoir le
développement et le bien-être social.
Je rêve d'être le président d'un
pays où le juge accorde plus d'attention à la
Constitution et moins aux gros titres.
Où la primauté du droit est la
règle, sans mesures d'exception.
Je rêve d'un pays où la démocratie
prévaut sur le pouvoir discrétionnaire, le monopole des
médias, les préjugés et la discrimination.
Je rêve d'être le président d'un
pays où tout le monde a des droits et personne n'a de
privilèges. Un pays où tout le monde peut avoir trois
repas par jour à nouveau ; où les enfants peuvent
aller à l'école, où chacun a le droit de
travailler pour un salaire digne et avec la protection de la loi. Un
pays dans lequel chaque travailleur agricole
a de nouveau accès à la terre pour produire, aidé
par le financement et une assistance technique.
Un pays où les gens auront une fois de plus
confiance dans le présent et espoir dans l'avenir. Et où,
pour cette même raison, le pays est de nouveau respecté
internationalement, favorise une fois de plus l'intégration
latino-américaine et la coopération avec l'Afrique et
agit de façon souveraine lors des dialogues
internationaux sur le
commerce et l'environnement, pour la paix et l'amitié entre les
peuples.
Nous connaissons le moyen de réaliser ces
rêves. Aujourd'hui, il passe par la tenue d'élections
libres et démocratiques, avec la participation de toutes les
forces politiques, sans règles d'exception pour empêcher
un seul candidat.
C'est seulement ainsi que nous aurons un gouvernement
doté de la légitimité pour faire face à de
grands défis, qui pourra dialoguer avec tous les secteurs du
pays, appuyé par le vote populaire. C'est cette mission que je
prends en main en acceptant ma mise en candidature en tant que candidat
présidentiel du Parti des travailleurs.
Nous avons déjà démontré
qu'il est possible de faire un gouvernement d'apaisement national,
où le Brésil marche de concert avec les
Brésiliens, en particulier les plus pauvres et les travailleurs.
Mon gouvernement était celui où les
pauvres étaient inclus dans le budget de l'Union, avec plus de
répartition des revenus et moins de faim ; avec plus de
santé et moins de mortalité infantile ; avec plus de
respect et d'affirmation des droits des femmes, des Noirs et de la
diversité, et avec moins de violence ; avec plus
d'éducation à tous les niveaux et moins d'enfants non
scolarisés ; avec plus d'accès aux
universités et à l'enseignement technique et moins de
jeunes exclus du futur ; avec des logements plus populaires et
moins de conflits d'occupation dans les villes ; avec plus de
lieux de peuplement et de distribution des terres et moins de
conflits d'occupation dans les campagnes ; avec plus de respect
pour les populations autochtones et les Quilombolas[1], avec plus
de gains de salaire et de garanties pour les droits des travailleurs,
avec plus de dialogue avec les syndicats, les mouvements sociaux et les
organisations d'entreprises et moins de conflits sociaux.
C'était une période de paix et de
prospérité, comme nous n'en avons jamais eu auparavant
dans l'histoire.
Je crois, du fond de mon coeur, que le Brésil
peut être heureux de nouveau. Et cela peut aller beaucoup plus
loin que ce que nous avons déjà conquis ensemble, alors
que le gouvernement était issu du peuple.
Pour atteindre cet objectif, nous devons unir les
forces démocratiques de tout le Brésil, en respectant
l'autonomie des partis et des mouvements, mais en ayant toujours comme
référence un projet de solidarité et un pays plus
juste qui sauvera la dignité et l'espoir de notre peuple qui
souffre. Je suis sûr que nous serons ensemble à la fin de
cette
voie.
D'où je suis, avec la solidarité et les
énergies qui viennent de tous les coins du Brésil et du
monde, je peux vous assurer que je continuerai à travailler pour
transformer nos rêves en réalité. Je me
prépare donc, avec ma foi en Dieu et avec beaucoup de confiance,
pour le jour où je m'unirai de nouveau avec le peuple
brésilien bien-aimé.
C'est seulement si ma vie m'est enlevée que
cette rencontre n'aura pas lieu.
À bientôt, mon peuple.
Vive le Brésil! Vive la
démocratie! Vive le peuple brésilien!
Luiz Inácio Lula da
Silva
Curitiba, le 8 juin 2018
Les injustices commises contre moi
sont une injustice faite au peuple brésilien
- Entrevue avec Lula par Elson
Concepción Pérez, Granma -
Marche à Curitiba, Brésil, le Premier Mai 2018
Un dirigeant ouvrier, l'homme qui pendant son mandat de
président du Brésil a promu des lois et des plans sociaux
qui ont permis à quelque 30 millions de Brésiliens
de sortir de la pauvreté, que tous les sondages donnent favori
aux élections présidentielles de 2018, avec une
large majorité, Luis Inacio Lula da Silva a répondu
à une entrevue de Granma
International . Des questions qui lui sont parvenues dans sa prison
par le biais d'un ami brésilien.
Pour des raisons évidentes, l'entrevue n'a pas
pu être aussi vaste que ce journaliste l'aurait souhaité.
Cependant, le fait qu'il soit emprisonné et qu'il ait
réservé un moment de son temps précieux pour
répondre à nos questions donne toute sa valeur à
cette entrevue, non
seulement pour les lecteurs cubains, mais aussi pour ceux du monde
entier.
Elson Concepción Pérez : En
votre qualité de candidat à la présidence du
Brésil bénéficiant du plus grand soutien
populaire, alors que tous les sondages vous révèlent
comme favori, comment qualifiez-vous cette persécution et cet
emprisonnement auxquels vous avez été soumis ?
Lula Da Silva : Il s'agit d'un acte politique,
un emprisonnementbien sûr prison politique. Le procès qui
m'est fait ne parvient pas
à signaler un crime, et il n'y a pas de preuves non plus. Ils
ont été obligés de trahir la Constitution pour me
jeter en prison. Ce qui devient de plus en plus transparent pour la
société brésilienne et pour le monde, c'est qu'ils
veulent m'évincer des élections de 2018. Le coup
d'État de 2016, avec le retrait d'une présidente
élue, indique qu'ils ne permettent pas au peuple de voter pour
son favori.
ECP : La prison a été, pour de
nombreux leaders incarcérés pour le simple fait de se
battre pour le peuple, un lieu de réflexion et d'organisation
des idées pour poursuivre la lutte. Dans votre cas, comment
faites-vous face à ces premières journées, puisque
l'on vous empêche d'entrer en contact avec le peuple ?
Lula : Je lis et je réfléchis
beaucoup, c'est un temps de réflexion sur le Brésil et
surtout sur ce qui s'est passé ces derniers temps. Je suis en
paix avec ma conscience et je doute que tous ceux qui ont menti
à mon encontre dorment aussi paisiblement que moi.
Bien sûr, j'aimeais être en liberté
et faire ce que j'ai fait toute ma vie : dialoguer avec le peuple.
Mais je suis conscient que l'injustice qui est commise contre moi est
aussi une injustice faite au peuple brésilien.
ECP : Quelle est l'importance de savoir que
dans tous les États brésiliens des milliers de
compatriotes sont en faveur de votre libération ?
Lula : La relation que j'ai construite au fil
des décennies avec le peuple brésilien, avec les
organisations des mouvements sociaux, est une relation de grande
confiance et c'est quelque chose que j'apprécie beaucoup, parce
que tout au long de ma carrière politique, j'ai toujours fait en
sorte de ne
jamais trahir cette confiance.
Et je ne la trahirais pas pour de l'argent, pour un
appartement, pour quoi que ce soit. J'étais ainsi avant
d'être président, pendant la présidence et
après, si bien que, pour moi, cette solidarité est
quelque chose qui me touche et m'encourage beaucoup à rester
ferme.
ECP : Comment définiriez-vous le concept
de démocratie imposé comme modèle par
l'oligarchie, qui vise à exclure les leaders de gauche afin
qu'ils n'arrivent
pas à occuper le pouvoir ?
Lula : Au cours des dernières
décennies, l'Amérique latine a connu son moment le plus
fort de démocratie et de conquêtes sociales. Mais
récemment, les élites de la région tentent
d'imposer un modèle où le jeu démocratique n'est
valable que
lorsqu'elles en sortent victorieuses, ce qui, bien sûr, n'est pas
la démocratie. C'est donc une tentative de démocratie
sans peuple. Lorsque les choses ne se déroulent pas comme elles
le souhaitent, elles changent les règles du jeu au profit de la
vision d'une petite minorité. C'est très grave. Et c'est
ce que nous constatons, non seulement en Amérique latine, mais
dans le monde entier : une augmentation de l'intolérance et
des persécutions politiques. Cela s'est produit au
Brésil, en Argentine, en Équateur et dans d'autres pays.
ECP : Quel message envoyez-vous à tous
ceux qui, au Brésil et dans le monde entier, vous soutiennent et
exigent votre libération immédiate ?
Lula : Je suis très reconnaissant pour
toute cette solidarité. Il faut faire preuve de
solidarité envers le peuple brésilien. Le chômage
est en hausse ; plus d'un million de familles ont repris la
cuisine au bois en raison de la hausse du prix du gaz de cuisine, des
millions de personnes qui
avaient été sorties de la misère n'ont de nouveau
plus rien à manger. Même la classe moyenne a perdu des
emplois et des revenus.
Le Brésil était lancé sur une
trajectoire de décennies de progrès démocratiques,
de participation politique, associés à des progrès
sociaux, qui se sont accélérés avec les
gouvernements du Parti des travailleurs (PT), qui ont remporté
quatre
élections consécutives.
Le coup d'État n'a pas seulement visé le
PT. Je n'ai pas été arrêté seulement pour
nuire à la personne de Lula. Ils l'ont fait contre un
modèle de développement national et d'inclusion sociale.
Ce coup d'État vise à supprimer les droits des
travailleurs et des
retraités, conquis au cours des 60 dernières
années. Et le peuple le perçoit. Et nous allons avoir
besoin de beaucoup d'organisation pour revenir à un gouvernement
populaire, où prévaudront la souveraineté,
l'inclusion sociale et le développement économique au
Brésil.
Lula nous a
demandé de transmettre deux messages spéciaux :
« Je voudrais profiter de cette occasion pour remercier mes
compagnons Raul Castro et Miguel Diaz-Canel pour leurs salutations
solidaires qui m'ont été transmises par Frei
Betto », cet ami qui nous a fait parvenir
les réponses à cette entrevue.
Des initiatives qui font avancer la paix,
la sécurité et la prospérité sur la
péninsule coréenne
Les relations entre la République populaire
démocratique de Corée et la Chine se renforcent
Le dirigeant de la RPDC Kim Jong Un est accueilli par le
président
chinois Xi Jinping dans le Grand Hall du peuple à Beijing
le 19
juin 2018.
Kim Jong Un, le dirigeant de la République
populaire démocratique de Corée (RPDC), a fait sa
troisième visite en Chine de l'année.
La visite a débuté par une
cérémonie de bienvenue organisée par le
président chinois Xi Jinping dans le Grand Hall du peuple qui
comprenait une garde d'honneur de l'Armée populaire de
libération, rapporte Rodong Sinmun , le journal du
Comité central du Parti des travailleurs de Corée. La
cérémonie a été suivie d'une rencontre
pendant laquelle les deux dirigeants ont eu des échanges francs
et en profondeur sur le développement actuel des relations entre
la Chine et la RPDC et sur la situation qui prévaut sur la
péninsule coréenne, après quoi un banquet a eu
lieu.
« Nous allons coopérer étroitement
ensemble dans un 'département ayant un personnel unique' avec
nos camarades chinois dans ce périple à la défense
du socialisme et pour la construction d'un avenir nouveau sur la
péninsule coréenne et dans la région »,
écrit Rodong Sinmun , citant Kim Jong Un lors du
banquet. En guise de
réponse, Xi Jinping a dit que la visite de Kim en Chine «
avait démontré au monde entier le caractère
invincible de la relation entre les deux pays et les deux partis, la
Chine et la Corée du nord ».
Kim a exprimé sa « gratitude pour l'appui
enthousiaste et l'aide remarquable » donnés par la
Chine pour le sommet RPDC-États-Unis, rapporte Rodong Sinmum.
Pour sa part, Xi a dit qu'il « appuie activement la position et
la résolution des Nord-Coréens pour réaliser la
dénucléarisation de la péninsule
coréenne ».
Xi a réitéré l'évaluation
positive que fait la Chine du sommet RPDC-États-Unis. « La
Chine va continuer à jouer un rôle constructif à
l'avenir également », a-t-il dit. Également
présents du côté de la RPDC au sommet entre Kim et
Xi, étaient Kim Yong Chol et Ri Su Yong, vice-présidents
du Parti des travailleurs de Corée et le ministre
des Affaires étrangères Ri Yong Ho, qui ont aussi
participé aux rencontres précédentes en mars et en
mai.Étaient présents du côté chinois Wang
Huning, membre du Comité permanent du Bureau politique du
Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et membre du
Secrétariat du Comité central du PCC; Ding Xuexiang,
membre du Bureau politique du Comité central du PCC, membre du
Secrétariat du Comité central du PCC et directeur du
Bureau général du Comité central du PCC; Yang
Jiechi, membre du Bureau politique du Comité central du PCC et
directeur du Bureau de la Commission des affaires
étrangères du Comité central du PCC; Wang Yi,
conseiller d'État et ministre des Affaires
étrangères et Song Tao, chef du Département de
liaison internationale du Comité central du PCC.
Le président Kim et le président Xi en réunion
le 20 juin 2018
Le 20 juin, les deux dirigeants se sont
rencontrés au Diaoyutai State Guesthouse à Beijing
où ils ont tenu un autre échange en profondeur.
Soulignant que Kim a fait trois visites en Chine en 100 jours pour
venir le rencontrer, Xi a dit que les deux parties ont
créé ensemble une nouvelle histoire d'échanges
à haut niveau entre la
Chine et la RPDC.
« Nous sommes heureux de constater que le
consensus important établi entre la Chine et la RPDC est en
train d'être mis en oeuvre, que les relations amicales de
coopération entre les deux parties connaissent une nouvelle
vitalité, que l'élan du dialogue et de
l'amélioration de la situation sur la péninsule
coréenne a été renforcé concrètement
et
que la nouvelle route stratégique du Parti des travailleurs de
Corée a ouvert un nouveau périple à la cause
socialiste de la RPDC », a dit Xi.
Il a aussi parlé de l'expérience
récente du Parti communiste chinois dans l'avancement du projet
d'édification nationale de la Chine. Il a dit que la Chine est
intéressée à partager son expérience avec
la RPDC et à renforcer l'unité et la coopération
afin de créer en commun un meilleur avenir pour la cause du
socialisme dans les deux pays.
Xi a déclaré qu'il
croyait que, grâce aux efforts conjoints des deux parties, les
relations entre la Chine et la RPDC profiteraient certainement aux deux
pays et aux deux peuples. Avec les efforts conjoints de la Chine, de la
RPDC et des parties liées, la péninsule coréenne
et l'Asie du Nord-Est vont certainement profiter des perspectives
prometteuses de paix, de stabilité, de développement et
de prospérité, a indiqué Xi.
Kim a dit que les deux pays sont aussi unis qu'une
famille, s'aidant l'un l'autre, et il a ajouté que Xi a offert
au peuple de la RPDC une assistance et un appui amicaux. « Cette
visite en Chine a été une occasion pour approfondir
l'amitié entre le camarade secrétaire
général et moi et pour faire progresser les liens entre
la RPDC et la
Chine », a dit Kim.
Il s'est engagé à travailler avec les
camarades chinois à faire progresser les liens bilatéraux
à un nouveau stade plus élevé pour que tous jouent
le rôle qui est requis dans la sauvegarde de la paix et de la
stabilité mondiales et régionales.
Kim a exprimé sa confiance que le Parti
communiste chinois, sous la direction de son Comité central et
de Xi, va réaliser ses objectifs pour la Chine.
Signification des développements des relations
entre la RPDC et la Chine
Le journal sud-coréen Hankyoreh a
remarqué l'accent que le président Kim et le
président Xi Jinping ont mis sur les relations entre la RPDC et
la Chine. C'est la première mention en trois sommets des
concepts de « département ayant un personnel
unique » par Kim et du caractère «
invincible » par Xi, a rapporté Hankyoreh.
Ces remarques montrent que la RPDC et la Chine sont du même bord
et sont unies sur toutes les questions, rapporte le journal. En effet,
poursuit Hankyoreh, les déclarations de Kim sur les
relations RPDC-Chine sont devenues plus audacieuses avec le temps,
depuis « le renforcement de la collaboration stratégique
et
tactique » depuis la première visite en mars,
jusqu'au
« mouvement en avant tout en serrant fermement les mains de nos
camarades chinois amicaux » de la deuxième visite, au
« département ayant un personnel unique » de la
visite la plus récente. Les paroles de Xi sur les relations ont
elles aussi changé : elles sont passées d'«
uniques dans le monde » en mars , à une «
communauté de destinée, une relation qui ne change pas
comme celle des lèvres et des dents » en mai, au
caractère « indestructible » lors de cette
visite, de conclure Hankyoreh .
La coopération avec la Russie
Le président sud-coréen Moon Jae-in et le
président russe Vladimir
Poutine échangent une poignée de main après avoir
signé un accord pour
une zone de libre-échange entre la Corée du sud et la
Russie le 22
juin 2018.
Le président de la Corée du sud Moon
Jae-in a entamé une visite officielle en Russie le 21 juin.
Pendant sa visite, le président Moon a rencontré le
premier ministre Dmitri Medvedev et a pris la parole à la Douma
d'État russe (la chambre basse du parlement) le 21 juin et
a tenu un sommet avec le président Vladimir Poutine
le 22 juin. C'était la première visite de Moon
Jae-in en Russie à titre de président et la
première visite d'État d'un président
sud-coréen en Russie depuis 1999.
Sommet Corée du sud-Russie
L'objectif principal de la visite du président
Moon était la tenue de pourparlers de haut niveau entre la
Corée du sud et la Russie.
L'accent pendant les pourparlers a été
mis sur la coopération économique avec comme toile de
fond l'attente que la dénucléarisation de la
péninsule coréenne soit un succès et que
les sanctions contre la République populaire démocratique
de Corée (RPDC) soient levées, ce qui va mener
à une coopération économique accrue. Les deux
dirigeants ont exprimé la position que la
dénucléarisation et l'établissement de la paix sur
la péninsule coréenne correspondent aux
intérêts économiques à long terme des deux
pays.
« La coopération économique
trilatérale entre la Corée du sud, la Corée du
nord et la Russie vise à créer une boucle de
rétroaction entre un régime de paix sur la
péninsule coréenne et la coopération
économique », a expliqué un haut
représentant de la Maison-Bleue. Le journal Hankyoreh
explique aussi que le gouvernement
sud-coréen prédit que des liens économiques plus
étroits avec la Russie peuvent éviter la
possibilité d'antagonismes de « nouvelle guerre
froide » entre, d'un côté, la Corée du
sud, les États-Unis et le Japon, et, de l'autre, la RPDC, la
Chine et la Russie, compte tenu des relations périlleuses que
les États-Unis entretiennent avec la Chine.
Dans une déclaration commune, les deux
dirigeants disent avoir convenu de « renforcer la communication
et la coopération afin que la péninsule coréenne
et l'Eurasie puissent prospérer ensemble » et ils
disent qu'ils entendent « mettre en oeuvre avec diligence les
projets que la Corée du sud et la Russie peuvent prioriser en
vue d'une
coopération trilatérale [avec la RPDC] ».
Lors du sommet tenu pendant cette journée, les
deux dirigeants ont aussi convenu de coopérer à un projet
ferroviaire qui prévoit l'utilisation partagée du chemin
de fer Rajin-Hasan pour construire un réseau eurasien liant la
Corée du sud, la Russie et l'Europe, en même temps qu'ils
vont examiner et coopérer à l'établissement d'une
connexion
entre le Chemin de fer transsibérien (TSR) et le Chemin de fer
transcoréen (TKR). Le « projet Rajin-Hasan » a
été interrompu par les sanctions de la Corée du
sud contre la RPDC et il est considéré maintenant comme
quelque chose qui pourrait aider la Corée du sud, la
Corée du nord, la Chine et la Russie, en fonctionnant non
seulement
comme un secteur de coopération entre la Corée du sud et
la Russie mais comme base de distribution dans le nord-est de la Chine,
rapporte Hankyoreh .
Une fois connectés, le TSR et le TKR pourraient
aussi servir de routes de transport international liant l'Europe et
l'Asie. Des analystes ont prédit que l'accord du 22 juin
entre la Corée du sud et la Russie pourrait donner un
élan à la signature d'un accord intercoréen liant
le chemin de fer Donghae Bukbu, note Hankyoreh.
Les présidents Moon et Poutine ont aussi convenu
d'entreprendre des mesures domestiques de négociation en vue
d'un accord de libre-échange bilatéral d'investissement
dans les services. Le président Moon a proposé d'«
atteindre les cibles prioritaires de 30 milliards de dollars
américains
en commerce et d'un million de personnes en
échanges humains d'ici le 30e anniversaire des relations
bilatérales en 2020 pour le bien de la
prospérité partagée dans une ère
eurasienne ».
Les deux dirigeants ont aussi convenu de
développer un plan d'action pour faire avancer la
coopération économique dans les domaines de
priorité, dont les « neuf ponts »
proposés par le président Moon (gaz naturel, chemins de
fer, infrastructure de ports de mer, électricité, routes
de commerce arctiques, construction de navires, création
d'emplois, agriculture et pêcheries) en septembre 2017.
Le sommet Corée du sud-Russie entreprend sa session en format
élargi le 22 juin 2018.
Suite aux pourparlers, les présidents Moon et
Poutine ont signé un accord en vue d'une zone de
libre-échange. Le ministère russe du Développement
économique prévoit que cet accord va encourager le
commerce mutuel dans le secteur des services, promouvoir les
possibilités de transport par la Russie des produits des
entreprises coréennes,
attirer les investissements et les technologies coréens dans le
secteur de l'énergie, du transport, de la construction de
navires et des pêcheries, rapporte l'agence TASS.
Un protocole d'entente a également
été signé entre le ministère russe du
Développement économique et le ministère
sud-coréen de la Science, de l'Information et des Technologies
de la communication, prévoyant l'établissement d'une
plateforme d'innovation Russie-Corée du sud.
Un autre protocole d'entente sur l'établissement
d'un forum de coopération interrégional
Russie-Corée du sud a été signé entre le
ministère russe du Développement de
l'Extrême-Orient et le ministère sud-coréen des
Affaires étrangères.
En tout, 19 protocoles d'entente ont
été signés lors du sommet, dans des secteurs
comprenant les chemins de fer, les soins de santé, la science et
la technologie.
Allocution à la Douma d'État russe
Le président Moon a prononcé un discours
de 20 minutes à la session plénière de la
Douma d'État russe le 21 juin, devenant le premier
président de la Corée du sud à faire une telle
chose.
« Un changement majeur est en train de se
produire sur la péninsule coréenne », a dit le
président Moon en parlant de l'approfondissement des relations
intercoréennes. « Aujourd'hui, le sud, le nord et les
États-Unis laissent derrière eux la sombre période
de guerre et d'hostilité qui régnait entre eux et vont
vers une ère de paix et de
coopération », a-t-il dit. Le président a
également exprimé son appréciation des
contributions de la Russie. « L'appui et la coopération
actifs du gouvernement et du peuple de Russie sont devenus une grande
force derrière cette transformation remarquable »,
a-t-il dit.
Monn a aussi dit que « les relations de
coopération entre la Corée du sud et la Russie vont
devenir la pierre angulaire du régime de paix sur la
péninsule coréenne et de la prospérité dans
l'Asie du Nord-Est ». Le président Moon a
également souligné le besoin d'un réseau
économique trilatéral formé de la Corée du
sud et du nord et de
la Russie.
« J'espère que je suis en mesure de vous
communiquer l'intention de la Corée du sud de travailler avec la
Russie », a dit Moon Jae-in. « Je suis certain que
notre amitié va ouvrir les portes à de nouvelles
opportunités en Eurasie », a-t-il ajouté.
Il a décrit les secteurs de coopération
qui existent entre les deux Corées et la Russie, notamment le
transport ferroviaire, en parlant du chemin de fer sibérien
comme d'une voie « qui connecte l'est et l'ouest en plein milieu
de l'Eurasie. Il est la porte qui ouvre l'ère de
l'Eurasie. »
Le président Moon a conclu son allocution en
exprimant de l'espoir pour ce concept d'Eurasie. « Il y a
là un nouvel espoir pour l'humanité en Eurasie où
la nature et le peuple vont coexister. La Russie et la Corée
vont marcher ensemble vers un espoir de paix et de
prospérité, dépassant l'ère de la
guerre. »
Les parlementaires russes ont applaudi à
plusieurs reprises pendant le discours du président Moon et lui
ont donné trois ovations debout.
Entrevue à l'agence TASS
Avant sa visite en Russie, le président Moon a
donné une entrevue exclusive le 20 juin au premier adjoint
du directeur général de l'agence TASS pour le
quotidien gouvernemental Rossiyskaya Gazeta et le réseau
de télévision Rossiya-24. Il y a donné un
aperçu des développements récents sur la
péninsule coréenne, dont le
sommet entre la RPDC et les États-Unis, et des perspectives du
renforcement des relations avec la Russie.
Le président Moon a parlé de la
nécessité d'étendre le régime de paix
intercoréen en en faisant un « régime
multilatéral de paix et de sécurité pour
l'ensemble de l'Asie du Nord-Est » à moyen et long
terme.
« Le président russe Vladimir Poutine et
moi partageons l'objectif de la dénucléarisation
complète de la péninsule coréenne et de
l‘instauration d'un régime de paix », a dit le
président Moon à TASS.
« Une fois que le régime de paix sur la
péninsule coréenne aura été établi,
cela marquera l'ouverture d'une ère de pleine coopération
économique intercoréenne, et cette coopération
intercoréenne aura besoin d'être une coopération
trilatérale dont la Russie sera aussi un
participant », a-t-il ajouté.
« En fait de projets représentatifs
où la coopération trilatérale pourrait
débuter rapidement, je mentionnerais en premier lieu les trois
secteurs des chemins de fer, du gaz naturel et de
l'électricité », a dit le président
Moon.
Le président Moon a soulevé à
nouveau ces propositions de mesures de coopération dans son
discours à la Douma et dans ses entretiens avec le
président Poutin.
« En ce qui concerne les chemins de fer, la
liaison des chemins de fer de la Corée du sud et du nord et leur
connexion avec la ligne ferroviaire sibérienne pourraient
permettre la distribution et le voyage par rail de la Corée du
sud à l'Europe », a-t-il poursuivi, ajoutant que ce
scénario produirait « de larges gains économiques
pour la
Corée du nord et des profits immenses également pour la
Corée du sud et la Russie ».
Le président Moon a dit que le gaz naturel russe
« pourrait approvisionner la Corée du nord et du sud, et
même le Japon par le biais des oléoducs
sous-marins ».
« L'électricité produite en Russie
pourrait approvisionner la Corée du nord et du sud et même
le Japon », a-t-il poursuivi, prédisant que cela
« serait une façon concrète de promouvoir une
prospérité partagée pour le continent
eurasien. ».
Le président Moon a aussi parlé des
« neuf ponts » de la stratégie de
coopération économique entre la Corée du sud et la
Russie dont il a parlé à Vladivostok en septembre dernier.
« Nous allons devoir développer rapidement
et mettre en oeuvre dans l'avenir des plans d'action spécifiques
pour chacun des neuf ponts, a-t-il dit.
« De grands progrès ont été
faits en ce qui concerne les discussions de plans d'action au niveau du
comité économique conjoint Corée du sud-Russie, et
je crois que les deux parties vont être en mesure de signer
quelque chose lors du Forum économique oriental [en Russie], en
septembre prochain », a-t-il ajouté.
Selon le président de la Corée du sud,
grâce à la coopération économique accrue, le
commerce bilatéral a augmenté de 40 %
en 2017 relativement à l'année
précédente, atteignant 19 milliards de dollars.
« Je crois que ce n'est qu'un début », a dit
Moon.
Le président Moon a ensuite
présenté une évaluation très positive du
sommet RPDC-États-Unis. « Les résultats du sommet
sont impressionnants », a-t-il dit à TASS. « Le
conflit Corée du nord- États-Unis dure depuis 70
ans. Il est temps maintenant que ces deux pays renoncent à
l'hostilité. Un nouveau moment historique, où nous
pouvons établir un système de paix solide dans la
région, s'ouvre devant nous », a-t-il dit, ajoutant
que les résultats du sommet ont dépassé toutes les
attentes.
Selon le président Moon, la RPDC et les
États-Unis devraient mettre en oeuvre immédiatement les
accords conclus au sommet. « Des pourparlers sont maintenant en
cours à un niveau de travail entre le sud et le nord, entre la
Corée du nord et les États-Unis, et des mesures de mise
en application de ces accords sont en train d'être
élaborées.
Suite au sommet, le nord a dit qu'il est prêt à une
dénucléarisation complète, et les
États-Unis ont confirmé qu'ils sont prêts à
fournir des garanties de sécurité à
Pyongyang », a-t-il souligné.
« Le nord et le sud ont mis fin à la
diffusion de propagande à la frontière. La Corée
du sud et les États-Unis ont temporairement annulé leurs
exercices militaires conjoints et un processus de paix est en marche.
Ces gestes de paix peuvent être le fondement du renforcement du
dialogue entre les parties concernées », a dit le
président.
« J'appelle toutes les parties concernées
à mettre ces mesures en oeuvre aussitôt que possible. La
Corée du nord devrait faire certains gestes et les
États-Unis devraient fournir des garanties complètes de
sécurité », a-t-il dit.
Le président Moon a souligné en
particulier que la Corée du nord s'était engagée
à ne pas mener d'autres tests nucléaires et de missiles,
à démanteler son site d'essais nucléaires dans le
village de Punggye et à démanteler son site de tests de
moteurs de missiles, tandis que la Corée du sud et les
États-Unis ont décidé de reporter leurs exercices
militaires conjoints de grande ampleur.
« Je crois que la Corée du nord doit
maintenant présenter un plan de dénucléarisation
plus concret, tandis que les États-Unis doivent présenter
rapidement et mettre en oeuvre de façon conjointe des mesures
correspondantes », a-t-il dit.
« Je crois aussi que le retour par la
Corée du nord des restes des troupes américaines qui
manquent encore de la Guerre de Corée va être
réalisé prochainement », a-t-il ajouté.
Le président Moon a dit que Kim Jong Un «
a démontré son engagement à renoncer de son plein
gré à ses [capacités] nucléaires et
à canaliser ses énergies vers le développement
économique si la RPDC peut recevoir des garanties pour son
système en échange du renoncement à ses
capacités nucléaires, et il s'est clairement
engagé à se joindre
au sud sur la voie de la paix et de la
prospérité ».
« Le président Kim et moi avons aussi
convenu que la coopération économique
intercoréenne doit mener à la coopération
trilatérale avec la Russie », a-t-il ajouté.
Le rapatriement des restes des soldats
américains par la RPDC a commencé
Le président des États-Unis, Donald
Trump, a annoncé lors d'un rassemblement le 20 juin
à Duluth, au Minnesota, que les restes de 200 soldats
tués dans la Guerre de Corée avaient déjà
été rapatriés aux États-Unis. Cette
décision fait partie des ententes conclues au sommet entre le
dirigeant de la République populaire
démocratique de Corée (RPDC), Kim Jong Un, et le
président Trump.
Citant un représentant américain, le Wall
Street
Journal du 20 juin dit que la Corée du nord va
rendre les restes de plus de 250 soldats américains en
quelques jours. Suite à un service commémoratif à
la base aérienne d'Osan dans la province de Gyeonggi
présidé par le général Vincent Brooks, le
commandant des Forces
armées des États-Unis en Corée, les restes des
soldats seront expédiés vers la base aérienne de
Hickam en Hawaï à des fins d'identification. Selon les
commentaires de Trump et l'article du Wall Street Journal, la
RPDC pourrait rendre les autres dépouilles avant le 21 ou
le 22 juin, selon le fuseau horaire des États-Unis.
Les efforts antérieurs pour trouver et rapatrier
les restes ont été interrompus lorsque les
négociations entre la RPDC et les États-Unis ont
achoppé. Le quotidien Hankyoreh explique qu'«
entre 1996 et 2005, par exemple, une équipe conjointe
d'excavateurs de la Corée du nord et des États-Unis a
trouvé les restes de plus
de 200 soldats américains dans le nord. Mais lorsque les
relations entre la Corée du nord et les États-Unis se
sont détériorées sous la présidence
américaine de George Bush (qui avait notoirement dit de la RPDC
qu'elle faisait partie de l'« axe du Mal » - note
de la rédaction du LML), le travail a été
suspendu en raison
d'inquiétudes liées à la sécurité de
l'équipe d'excavation américaine déployée
dans le nord et à l'argent qui entrait en Corée du nord.
Les derniers restes qui devaient être rapatriés sont ceux
de six soldats qui ont été confiés à Bill
Richardson, un ancien gouverneur du Nouveau-Mexique, en 2007. Au
cours d'une réunion à Bangkok, en
Thaïlande, en octobre 2011, les deux pays se sont entendus
pour continuer la recherche de restes, mais cette entente n'a pas
été respectée après que la Corée du
nord ait lancé un satellite en avril 2012. »
Les restes de six soldats ont
été remis à Bill Richardson, alors
gouverneur du Nouveau-Mexique, à la garnison militaire
américaine de Yongsan, en avril 2007.
Les restes qui sont rapatriés auraient
été trouvés par la RPDC de sa propre initiative au
cours des dernières années, mais on s'attend à ce
que des équipes conjointes conjuguent à nouveau leurs
efforts dans un avenir rapproché.
Selon le Hankyoreh : « Dès
la reprise des projets d'excavation, on s'attend à ce qu'il en
résulte une diminution importante des tensions entre la
Corée du nord et les États-Unis. Si des douzaines de
soldats et experts américains travaillent sur le terrain en
Corée du nord, cela pourrait ouvrir une voie de dialogue,
quoique faible,
entre l'armée américaine et l'Armée populaire de
Corée (APC). Pendant l'excavation, un chargé de
communication américain restera à Pyongyang et se
rapportera aux autorités militaires américaines sur une
base quotidienne. »
Les exercices de guerre Freedom Guardian de la
Corée du sud et des États-Unis sont suspendus
Dans une déclaration du 22 juin
émise par la porte-parole du Pentagone Dana White, le
secrétaire à la Défense des États-Unis
James Mattis annonce la suspension pour une période
indéterminée d'exercices militaires
sélectionnés, notamment
« le Freedom Guardian ainsi que deux exercices
d'entraînement du programme d'échange de la marine
coréenne qui devaient se dérouler dans les trois
prochains mois ». Cette suspension a été
décidée « pour appuyer la mise en oeuvre des
résultats du Sommet de Singapour et en coordination avec notre
alliée la République de Corée », lit-on
dans la déclaration. Elle ajoute qu'« en soutien aux
négociations diplomatiques à venir dirigées par le
secrétaire Pompeo, des décisions
supplémentaires dépendront de la façon dont la
RPDC continue à mener des négociations productives, en
bonne foi ».
Les autorités militaires de la Corée du
sud et des États-Unis avaient déjà annoncé
le 19 juin que les exercices de guerre Freedom Guardian
prévus pour le mois d'août n'auraient pas lieu. Cet
exercice fait partie des nombreux exercices de guerre qui ont lieu
chaque
année autour de la péninsule coréenne dans le but
de menacer la République populaire démocratique de
Corée (RPDC), contrairement à ce que soutiennent les
États-Unis qui les qualifient de manoeuvres défensives
régulières. Cette décision est une mesure
de niveau opérationnel qui suit l'engagement du président
des États-Unis Donald Trump au sommet du 12 juin entre la
RPDC et les États-Unis. Dans un communiqué du
ministère de la Défense nationale de la Corée du
sud, il est dit que celle-ci est « disposée
à poursuivre les discussions avec les États-Unis sur des
mesures additionnelles », ajoutant qu'« une
décision n'a pas encore été adoptée sur
d'autres exercices à venir ». Le même jour, le
Pentagone a publié un communiqué allant dans
le même sens.
Dans un breffage à la presse le 19 juin,
une porte-parole du ministère sud-coréen de la
Défense nationale, Choi Hyun-soo, a qualifié la
suspension de Freedom Guardian de « mesure qui contribuera
à prolonger le climat pacifique du dialogue entre la
Corée du nord et les
États-Unis et intercoréen ». Elle a
ajouté : « Nous nous attendons à ce que
des actions correspondantes seront prises du côté de la
Corée du nord. »
Le ministère de la Défense nationale
souligne que les exercices militaires conjoints de la Corée du
sud et des États-Unis ont été suspendus à
deux reprises dans le passé, en 1990 et en 1992.
En 1990, l'exercice Ulchi Focus Lens - le précurseur de
l'exercice
Ulchi-Freedom Guardian - a été suspendu en raison de la
tenue de pourparlers intercoréens de haut niveau et de la
participation des États-Unis à la Guerre du Golfe.
En 1992, la Corée du sud et les États-Unis ont
suspendu leur exercice Team Spirit lorsque la Corée du nord a
autorisé la tenue d'inspections nucléaires par l'Agence
internationale de l'énergie atomique. Cette plus récente
suspension est la troisième suspension d'exercices à se
produire depuis qu'ils existent et la première en 26 ans,
depuis 1992.
Les autres exercices de guerre massifs de la
Corée du sud et des États-Unis sont Key Resolve et Foal
Eagle, des événements annuels tenus en février et
mars respectivement. Hankyoreh écrit :
« Freedom Guardian et Key Resolve sont des exercices de
poste de
commande se déroulant selon un scénario et Foal Eagle est
un exercice de terrain où sont mis en action des troupes et de
l'équipement. La Corée du nord a fait connaître
très clairement son mécontentement envers les trois. On
s'attend à ce qu'ils soient une question centrale si les
pourparlers sur la dénucléarisation entre la Corée
du nord et les États-Unis se déroulent bien et qu'il est
question de prolonger la suspension. »
« Si on inclut non seulement les grandes
manoeuvres et les exercices sur toute la péninsule
coréenne, mais aussi ceux déployés par les forces
armées individuelles et à différents
échelons, les exercices conjoints entre la Corée du sud
et les États-Unis se
comptent par centaines », a dit un haut représentant
du ministère de la Défense nationale.
« Nous comptons soumettre tous ces exercices
à un examen à mesure que nous allons décider ce
que nous allons faire », a dit le représentant.
Par le passé, l'exercice Freedom Guardian a
été mené conjointement avec les exercices de
guerre Ulchi qui sont de niveau gouvernemental. Le gouvernement de la
Corée du sud a déclaré le 19 juin
« qu'il n'y a pas de réponse encore »
à la
question à savoir si les exercices Ulchi vont eux aussi
être suspendus.
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