Le Marxiste-Léniniste

Numéro 12 - 31 mars 2018

Le PCC(M-L) célèbre le 48e anniversaire de sa fondation

Les organisations du Parti prennent
des mesures pour intensifier
le travail constant et la mobilisation
idéologique et politique de masse

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Le PCC(M-L) célèbre le 48e anniversaire de sa fondation
Les organisations du Parti prennent des mesures pour intensifier le travail constant et la mobilisation idéologique et politique de masse 


Le microcyblage montre le besoin de renouveau démocratique
Que penser des révélations sur Cambridge Analytica? - Entrevue avec Anna Di Carlo, dirigeante nationale, Parti marxiste-léniniste du Canada


Relations Canada-Cuba
Entrée en fonction de Josefina Vidal à son nouveau poste d'ambassadrice de Cuba au Canada
Discussion enrichissante avec des parlementaires sur le rôle crucial des Cubains dans la prise de décision

42e anniversaire de la Journée de la terre palestinienne
Grande marche à la frontière israélienne pour affirmer le droit de retour
des Palestiniens

Des missions diplomatiques se renseignent sur le statut de Jérusalem et le déplacement continu des Palestiniens

70e anniversaire du massacre de Jeju en Corée
Le massacre de Jeju souligne la longue histoire de résistance à l'agression américaine contre la Corée

Grandes manifestations des jeunes partout aux États-Unis

Les étudiants sont déterminés à être entendus et à obtenir des changements en leur faveur

Le peuple brésilien résiste au coup d'État contre-révolutionnaire
Les forces populaires dénoncent les attaques contre leurs
dirigeants politiques




Le PCC(M-L) célèbre le 48e anniversaire de sa fondation

Les organisations du Parti prennent des
mesures pour intensifier le travail constant et la
mobilisation idéologique et politique de masse

En cette heureuse occasion du 48e anniversaire de la fondation du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) à Montréal le 31 mars 1970, le Comité central du Parti transmet ses salutations révolutionnaires à tous ses membres, sympathisants et compagnons de route au Canada. Les organisations de base, les comités et les institutions du Parti marquent cet anniversaire en engageant les membres dans des discussions sur l’importance de bâtir le Parti en ce moment.

En poursuivant la destruction nationale et leurs politiques guerrières, les forces de la plus sombre réaction ciblent plus spécifiquement toute tentative de la classe ouvrière de s’organiser et d’organiser le peuple comme force politique indépendante pouvant changer la situation en leur faveur. Le besoin d’activer le facteur humain/conscience sociale sur la base du matériel de pensée qui donne l’orientation et la direction face aux assauts contre les droits de tous est un défi qu’on ne peut ignorer. Alors que les forces réactionnaires concentrent le pouvoir économique et politique sur une base supranationale, l’exploitation et l’oppression du peuple s’accroissent, et avec elles s’accroissent l’appauvrissement, la destruction de l’environnement et le danger d’une guerre interimpérialiste d’envergure mondiale.

En accordant une attention de premier ordre au travail constant du Parti pour renforcer ses liens avec la classe ouvrière et le peuple et en poursuivant toutes les tâches politiques et idéologiques sur la base du travail organisationnel pour renforcer le Parti, nous servons et faisons progresser la cause de l’habilitation politique du peuple. C’est pourquoi le Comité central appelle les organisations de base, les comités et les institutions à tous les niveaux à saisir l’occasion du 48e anniversaire de la fondation et d’autres anniversaires d’événements historiques de la vie du Parti pour faire une appréciation du rôle crucial du Parti et de ce qu’il faut faire pour le renforcer dans les conditions d’aujourd’hui. Ils doivent surtout définir les mesures pratiques à prendre pour armer la classe ouvrière de la confiance et de l’organisation nécessaires pour diriger le peuple dans la réalisation de son propre projet d’édification nationale et mettre un terme à la destruction nationale qui a lieu sous la domination d’intérêts financiers internationaux qui s’emparent du pouvoir politique et s’en servent en leur faveur. Les organisations du Parti à tous les niveaux font des percées quand elles accordent une attention de premier ordre à leur propre travail d’organisation pour mobiliser la classe ouvrière et ses alliés dans la résolution, en faveur du peuple, de la crise causée par la destruction néolibérale. Les travailleurs font aussi des progrès quand ils bâtissent leurs propres organisations qui prennent des positions politiques indépendantes.

Toutes les activités que le PCC(M-L) a menées depuis près de 50 ans ont ceci en commun : elles participent au développement du rôle dirigeant de la classe ouvrière dans la société. La force du PCC(M-L) est dans sa théorie révolutionnaire, dans sa ligne politique et dans le fait que ses organisations à tous les niveaux portent une attention particulière à la réalisation des tâches qui permettent d’ouvrir la voie au progrès de la société. Le tranchant de l’intervention dans la période actuelle est la lutte idéologique et la mobilisation dans le travail politique pour définir la politique pratique requise pour bâtir le mouvement politique contre la destruction nationale. La politique pratique est requise pour mobiliser les travailleurs, les jeunes et les étudiants dans un projet d’édification nationale sur une base moderne.

L’accent sur le travail d’organisation est pour activer le facteur humain/conscience sociale pour assumer ensemble la responsabilité de transformer la situation. En bâtissant les comités qui prennent des positions politiques indépendantes, les travailleurs, les jeunes et les étudiants peuvent faire des percées importantes. Ces comités doivent être établis dans les endroits de travail, dans les maisons d’enseignement et dans les quartiers ainsi que parmi les personnes âgées, où leurs membres assument la responsabilité de leurs décisions et des actions de leurs pairs. Ils peuvent donner suite à leurs préoccupations et à celles de la société et de l’humanité. En développant la politique indépendante de la classe ouvrière, ils se donnent l’outil décisif pour priver les oligarques financiers internationaux et les gouvernements à leur service du pouvoir de priver le peuple, qui dépend de la société pour son bien-être, de ce qui lui appartient de droit.

Tout en oeuvre pour changer la situation en bâtissant les organisations,
comités et institutions du Parti !
Vive le PCC(M-L) !

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Le microcyblage montre le besoin de renouveau démocratique

Que penser des révélations
sur Cambridge Analytica?

Le Marxiste-Léniniste : Les médias regorgent d'histoires à propos de la société britannique Cambridge Analytica et de la société AggregateIQ, qui a son siège en Colombie-Britannique, au sujet du microciblage effectué à partir des données de Facebook. On a parlé de cela comme s'il s'agissait de quelque chose de nouveau bien que ce phénomène existe depuis pas mal de temps. En 2011, vous avez écrit un article intitulé « Le microciblage et la démolition du processus électoral par les conservateurs ». Vous avez aussi fait remarquer que des changements intéressés qui facilitent le microciblage politique ont été faits à la Loi électorale du Canada. Un de ces changements est l'attribution d'un numéro d'identification unique à chaque électeur. Pouvez-vous nous dire en quoi consiste le scandale de Cambridge Analytica et quel impact la le microciblage électoral sur le processus démocratique ?

Anna Di Carlo : En général, les scandales prennent leur envol seulement si leurs ailes leur sont fournies par l'une ou l'autre section rivale de l'élite dirigeante. Les scandales sont une marchandise qui est contrôlée par les riches et les puissants et qui est souvent utilisée comme une arme dans leurs guerres intestines. Ceux qui sont en position de contrôle et de privilège choisissent ce qui sera présenté comme un scandale et jusqu'où ira l'affaire. Ils essaient d'en déterminer l'impact et l'étendue et de le contrôler afin qu'il serve leur cause et leurs intérêts. C'est important de ne pas accepter le cadre dans lequel ces choses sont présentées et de ne pas se faire prendre par un discours qui sert à désinformer et à subvertir notre propre pensée et notre propre expérience.

LML : Pouvez-vous nous en dire plus au sujet de ce cadre que vous avez mentionné ?

ADC : Le cadre qui nous est imposé est qu'il existe de mauvais joueurs, en particulier Cambridge Analytica et AggregateIQ, qui ont été impliqués dans la campagne de Trump et la campagne référendaire du Brexit. La faute particulière qui leur est reprochée est d'avoir obtenu de l'information des utilisateurs de Facebook qui ont participé à un test de personnalité sans qu'ils sachent qu'il serait utilisé à des fins politiques ; ils ne savaient pas que leurs profils psychologiques seraient utilisés pour cibler les électeurs. On suggère donc que si l'information avait été compilée avec le consentement informé des utilisateurs, il n'y aurait pas de problème.

Christopher Wylie, le lanceur d'alerte qui a joué un rôle direct dans la mise en oeuvre de ce projet, dit regretter amèrement son rôle dans l'affaire et révéler ces choses maintenant parce qu'il considère ce qui a été fait comme une « expérience profondément contraire à l'éthique ».[1] Quand on lui a demandé de s'expliquer, il a dit que « vous jouez avec un pays entier, avec la psychologie d'un pays entier sans son consentement et à son insu. Non seulement jouez-vous avec la psychologie d'une nation, mais vous jouez avec la psychologie d'une nation entière dans le contexte du processus démocratique. »

Au coeur du scandale, selon les médias du Canada, des États-Unis et de la Grande-Bretagne, est que Cambridge Analytica a engagé un expert en science des données, Aleksandr Kogan, pour créer une application de tests de personnalité sur Facebook qui a été téléchargée par environ 270 000 utilisateurs de Facebook. Cela a permis une rafle de leurs données et de celles de leurs amis, et la construction d'une base de profils d'environ 50 millions de personnes. Cela veut dire que les gens qui ont passé le test de personnalité avaient environ 185 amis chacun en moyenne. Les utilisateurs ne savaient pas que leurs données seraient utilisées à des fins politiques, mais ils ont donné leur autorisation à ce qu'elles soient utilisées. Comme l'a dit le vice-président et avocat général de Facebook Paul Grewal : « Comme tous les développeurs d'applications, Kogan a demandé et gagné l'accès à l'information des gens après qu'ils aient téléchargé son application. Celle-ci, 'thisisyourdigitallife,' offrait une prédiction de personnalité, et se présentait sur Facebook comme une « application de recherche utilisée par les psychologues... En agissant ainsi, ils autorisaient Kogan à accéder à de l'information comme la ville qu'ils avaient inscrite sur leur profil, le contenu qu'ils avaient aimé de même que de l'information plus limitée sur leurs amis lorsque leurs paramètres de confidentialité permettaient l'accès.  » Comme tout ce domaine d'analyse de données et d'agrégation des données est encore recouvert de mystère, on n'a pas pleinement expliqué comment l'information recueillie par ces tests de personnalité a été liée aux électeurs américains.

L'application de Kogan s'inspirait d'une application antérieure de Facebook qui a été créée en 2007 par des experts en science des données du Centre psychométrique de l'Université Cambridge. Elle portait le nom de « maPersonnalité » et les deux professeurs qui l'ont développée, David Stillwell et Michal Kosinski, l'ont décrite comme une méthode améliorée permettant d'atteindre de vastes échantillons de personnes à des fins de recherche sociale. Ils ont dit que leur jeu-questionnaire est une façon beaucoup plus efficace de faire de la recherche sociale que les sondages nationaux traditionnels effectués par téléphone ou par des votes. Dans le document qu'ils ont publié, ils ont rapporté que sur les 6 millions d'utilisateurs de Facebook qui avaient passé le test, près de la moitié avaient autorisé qu'on utilise leur information.

Ce n'est pas surprenant que cette méthode ait été utilisée par l'industrie mondiale des élections, mais la question est réduite à une violation de la vie privée, à l'utilisation d'information personnelle sans consentement. Tel est le cadre qui est présenté afin de dépolitiser la question très importante de comment les citoyens participent dans le processus électoral d'une façon qui continue de porter au pouvoir des intérêts qui leur sont étrangers.

Cela aura probablement un impact sur les changements qui vont être apportés à la Loi électorale sous prétexte de la protéger de l'ingérence étrangère, des « mauvais joueurs », des fausses nouvelles et ainsi de suite. Cela semble aller dans la direction d'ensemble qui est marquée par le recours accru aux pouvoirs de police dans le processus électoral et politique. Cela servira sans doute aussi à institutionnaliser le microciblage, au moyen de lois et de règlements, en tant que nouvelle norme des campagnes politiques, de la même manière que le microciblage commercial a des règles, telle celle obligeant les sites web d'affaires à mentionner, ce qu'ils font de la façon la plus alambiquée possible, les cookies et les autres outils de traçage qu'ils utilisent.

LML : En quoi consiste l'industrie mondiale des élections et en quoi est-elle liée à ce scandale ?

ADC : Cambridge Analytica et AggregateIQ font partie d'une industrie mondiale de plusieurs milliards de dollars qui comprend toutes sortes d'entreprises générales et spécialisées. Un aspect de ce scandale est la façon dont il exprime les intérêts rivaux dans l'industrie mondiale des élections. Selon certaines estimations, le marché électoral mondial dépense annuellement entre 6 $ et 8 milliards $, selon les dates des cycles électoraux. Cela comprend les coûts de la télévision, de la radio, les coûts d'impression, et c'est aussi un marché immense pour des fournisseurs de services comme Cambridge Analytica. Il y a des entreprises de gestion générale de campagnes et des dizaines de catégories de niches au sein de cette industrie. Qu'on pense aux stratèges de la publicité digitale, aux entreprises de collectes de fonds en ligne, aux spécialistes de médias texto et sociaux, aux coordinateurs de réunions téléphoniques, aux techniciens du microciblage et aux courtiers de données de différents secteurs de spécialisation. Pitney Bowes, par exemple, vend une trousse qui a été utilisée par les partis politiques canadiens et qui identifie les électeurs en analysant leur nom de famille et en les classant selon leur catégorie ethnique.

Cela fait des années que Cambridge Analytica fait l'objet de controverse. Cette société n'a cessé de vanter les pouvoirs de la manipulation psychologique. Suite à la victoire de Trump, le rôle qu'a joué cette société dans sa campagne est devenue une carte de vente dans la concurrence pour l'obtention de travail commercial, politique et gouvernemental. En 2017, des rapports reposant sur des sources non officielles ont prétendu que le rôle de Cambridge Analytica dans la campagne de Trump avait été grandement exagéré et qu'on n'avait pas utilisé de données psychographiques. D'autres ont dit que même si ces données avaient été utilisées, les affirmations de Cambridge Analytica comme quoi les données psychographiques peuvent influencer les résultats d'une élection sont de la fausse représentation. On a dit à ce moment-là que ces sources non officielles étaient des responsables de relations publiques employés par des concurrents afin de discréditer Cambridge Analytica.

Les malheurs de cette société vont sans doute faire le bonheur d'une autre entreprise. Une agence de publicité qui avait présenté une soumission conjointe avec Cambridge Analytica pour obtenir un contrat des Forces armées des États-Unis s'est récemment dissociée de Cambridge Analytica et la soumission va probablement se poursuivre maintenant avec un autre fournisseur de services.

LML : On dit que tout cela est un exemple de violation du droit à la vie privée, en particulier par Facebook, Google, Twitter et d'autres réseaux de médias sociaux, et que la règlementation doit être resserrée. Certains proposent que les lois canadiennes sur la vie privée soient élargies pour inclure les partis politiques. Est-ce que ce ne serait pas une bonne chose ?

ADC : Le développement de l'Internet a changé la donne pour ce qui est de la définition du droit à la vie privée. Tout le domaine de ce qui constitue le droit à la vie privée est maintenant en train d'être analysé par les gouvernements et des agences de toutes sortes dans le monde. La situation est devenue complexe parce que par définition les données sur l'Internet défient les frontières nationales et les lois elles-mêmes diffèrent d'un pays à l'autre. Facebook s'attire constamment des ennuis parce qu'il viole les lois sur la protection de la vie privée de certains pays, alors que la même pratique particulière qui lui attire des ennuis dans un pays est légale dans l'autre. Les compagnies et les institutions gouvernementales canadiennes sont régies par des lois sur la protection de la vie privée. Les organisations à but non lucratif ne sont pas régies par ces lois, et il en va de même des partis politiques. Comparativement aux États-Unis, nos lois protègent mieux les données personnelles et il y a des courtiers en données basés aux États-Unis qui disent ne pas vouloir faire affaire au Canada en raison de ces lois. Par exemple, aux États-Unis, n'importe qui peut acheter la liste électorale compilée par chaque État et ces listes servent régulièrement autant à des fins commerciales que politiques. Au Canada, on donne les listes électorales aux partis politiques enregistrés qui présentent des candidats et aux candidats enregistrés pour leurs circonscriptions respectives. On les donne aussi aux députés pour qu'ils puissent communiquer avec leurs électeurs. Les partis politiques ne doivent pas se servir de ces listes à d'autres fins que des fins politiques, mais ils ne sont pas contraints par une législation sur la protection de la vie privée.

En ce qui a trait à la vie privée sur l'Internet, quiconque a eu recours à Google pour faire une recherche sait très bien qu'il sera inondé de publicités liées au sujet de la recherche. Tout cela se produit sans intervention humaine comme telle, et à la vitesse de l'éclair. Du moment que vous entrez un élément de recherche, un processus d'appel d'offres est déclenché dans le but d'acheter et de vendre l'accès à la publicité qui vous est destinée. Et tout cela se produit dans un contexte où les entreprises sont régies par une législation sur la protection de la vie privée.

Pour ce qui est de l'exemption des partis politiques de la législation sur la protection de la vie privée, c'est un problème au Canada depuis le scandale des appels robotisés quand Harper était au pouvoir. On avait découvert que les gens ciblés par la campagne de suppression des électeurs qu'on avait dirigés vers les mauvais bureaux de scrutin étaient dans la base de données du Parti conservateur qui détenait l'information sur qui n'allait probablement pas voter conservateur. Depuis ce temps, Élections Canada a recommandé que l'exemption s'appliquant aux partis politiques soit abrogée, mais comme les partis contrôlent les lois qui les gouvernent, ils ont rejeté cette recommandation à chaque fois de manière intéressée. Le but de cette proposition n'était pas de mettre fin au microciblage ou même de restreindre son usage, mais de faire en sorte que la liste des électeurs et les bases de données des partis soient conservées en sécurité. La logique était que ceux qui avaient utilisé les bases de données du Parti conservateur pour faire de la suppression d'électeurs n'auraient pas pu le faire si le niveau de sécurité avait été plus élevé.

C'est une proposition douteuse qui ne prend pas en compte que la suppression d'électeurs fait partie des tactiques des stratèges politiques des plus hauts échelons des partis et de leurs équipes de gestion de campagnes politiques. À cet égard, il est intéressant de noter que dans un des documents liés au scandale de Cambridge Analytica, la maison-mère de SCL Group se targue d'avoir dit à un client au Nigéria qu'acheter des votes - un « incitatif financier » selon la compagnie - ne donnait pas les résultats voulus puisque dans l'intimité de l'isoloir l'électeur pouvait voter comme bon lui semble. Il a recommandé au client que « plutôt que d'essayer de motiver les électeurs indécis, il serait préférable de persuader les électeurs de l'opposition de ne pas voter du tout ». Il a dit que contrairement à acheter des votes, amener les gens à ne pas voter est quelque chose qu'on peut superviser et vérifier.

Récemment, suite aux dernières élections, Élections Canada a réduit ses recommandations pour que les partis politiques assujettis à la législation sur la protection de la vie privée. L'organisme a opté pour quelque chose qui pourrait être approuvé et a donc proposé qu'avant de recevoir les listes électorales, les partis politiques devraient se soumettre à une vérification indépendante pour s'assurer qu'ils utilisent les meilleures pratiques de sécurité pour sécuriser les informations privées qu'ils détiennent. Lorsque le Comité de la procédure et des affaires de la Chambre a étudié les recommandations d'Élections Canada, les libéraux, les néodémocrates et les conservateurs ont dit que de telles mesures seraient trop exigeantes pour leurs associations de circonscription.

Maintenant, avec le scandale de Cambridge Analytica, tous les partis prétendent que leur préoccupation première est de protéger la vie privée des Canadiens — une prétention difficile à avaler. Si les partis politiques étaient assujettis à la législation sur la protection de la vie privée, les Canadiens seraient en mesure de demander que les partis politiques leur donnent accès à leur dossier pour prendre connaissance des informations qu'ils ont en leur possession. Ils pourraient demander que leurs numéros de téléphone soient placés sur la liste des numéros de téléphone exclus. Les partis politiques seraient aussi obligés d'agir immédiatement pour remédier à toute fuite de données personnelles qu'ils possèdent.

Ceci étant dit, si les partis politiques étaient assujettis à la législation sur la protection de la vie privée, je ne crois pas que cela changerait grand-chose en termes de micro-ciblage. Cela n'a certainement pas fait de différence en ce qui concerne le micro-ciblage commercial. Comme je l'ai mentionné, il est plus que probable que si une loi est présentée, elle servira à légitimer le micro-ciblage. Selon Scott Brison, le ministre par intérim des Institutions démocratiques, les libéraux sont maintenant prêts à considérer l'idée de passer une loi dans ce domaine. Dans une entrevue au réseau CBC le 31 mars, il a d'abord essayé de couvrir la façon dont la liste des électeurs est utilisée pour construire des profils d'électeurs dans les banques de données des partis politiques. Il a dit : « L'utilisation des données par les partis politiques, la liste des électeurs par exemple, est régie par des règles robustes. » Dans la loi actuelle, la seule règle est que les listes ne peuvent pas être utilisées à des fins autres que politiques. Il a dit que les libéraux « sont ouverts à l'idée de renforcer le régime sur les informations personnelles qui gouverne les partis politiques » tout en défendant le cartel des partis politiques et promettant que le cartel va résoudre le problème. « Je veux m'asseoir avec les députés de tous les partis et renforcer ces politiques et développer une approche commune. [Le Commissaire fédéral à la protection de la vie privée] Daniel Therrien a recommandé que nous examinions certaines des recommandations du directeur général des élections en ce qui concerne les façons de renforcer nos politiques de protection de la vie privée. »

Brison a dit à CBC : « [...] Nous allons garantir qu'il existe un régime moderne et robuste de protection des données des Canadiens qui permette en même temps aux partis politiques de poursuivre leur dialogue constructif avec les citoyens qui est essentiel à nos institutions démocratiques. [...] Le lien entre les citoyens et les partis politiques, les réunions publiques, le porte-à-porte, les contacts téléphoniques, tout cela est important et nous devons faire en sorte de préserver ce lien fondamental entre les citoyens et le système électoral. »

Mais c'est précisément là le problème. Il n'existe pas de lien fondamental entre les citoyens et le système électoral au-delà de leur ciblage pour des votes. C'est ce lien qu'il veut préserver. Et quoi que ce soit que veuille dire Brison avec son « dialogue constructif avec les citoyens », cela n'a rien à voir avec le sens que les Canadiens donnent à ces mots et encore moins avec ce qu'ils veulent, soit leur mot décisif à dire dans la façon dont le pays est dirigé.

Le PMLC demande que ce soit le processus électoral qui soit financé et non les partis politiques. Nous avons besoin d'une autorité publique qui garantit le droit de tous les citoyens d'élire et d'être élus. Faire en sorte que les Canadiens peuvent participer sur un pied d'égalité comme candidats et leur permettre de sélectionner les candidats et d'établir l'ordre du jour garantirait un vote éclairé et investirait le peuple de pouvoir. Même dans le système actuel, garantir l'égalité de tous les candidats aiderait beaucoup les Canadiens à lutter contre les tentatives qui sont faites pour les cibler et les priver d'une conception du monde. En finançant le processus plutôt que les partis politiques, on pourrait priver le cartel des subsides qu'ils utilisent pour financer ces campagnes de marketing de microciblage qui désinforment les électeurs.

LML : La liste des électeurs distribuée par Élections Canada aux partis politiques constitue l'assise sur laquelle reposent les bases des données et le marketing politique. Élections Canada, en tant qu'institution gouvernementale, n'est-elle pas assujettie à la législation sur la protection de la vie privée et à la façon dont les données qu'elle contient sont utilisées ? Comment cela fonctionne-t-il ?

ADC : En effet, Élections Canada est assujettie à la législation sur la protection de la vie privée mais la Loi électorale du Canada l'autorise à remettre la liste des électeurs aux partis politiques, aux candidats et aux députés. En 2006, des numéros d'identification uniques ont été ajoutés à la liste électorale. La seule raison pour laquelle cela a été fait était d'aider les partis politiques à télécharger la liste des électeurs dans leurs bases de données exclusives, où ils ajoutent des informations provenant de diverses sources, notamment la liste publique de tous ceux qui ont contribué plus de 200 $ à un parti politique, les campagnes de pétition, toutes sortes d'informations accessibles au public. Il y a aussi plusieurs courtiers de données au Canada, comme le Cornerstone Group of Companies qui se vante de pouvoir compiler des données à partir d'annuaires téléphoniques, de données géodémographiques, de données de réponse directe et d'informations compilées à partir de listes de « tierces parties » qu'il gère à l'interne. Info Canada en est un autre. Il prétend avoir de l'information sur plus de 12 millions de Canadiens, dont « l'échelle de revenu, le type et la valeur de la maison, l'état matrimonial » et ainsi de suite. Puis, il y a des informations recueillies par des enquêtes téléphoniques, des enquêtes en ligne qui sont faites par les différents groupes de réflexion et sociétés de sondage que les partis utilisent.

Le PMLC a soutenu que les Canadiens devraient pouvoir exiger que leurs numéros d'identification ne soient pas donnés aux partis politiques ; ils devraient être en mesure de contrôler s'ils font ou non partie de la base de données d'un parti politique. La suppression de leur numéro d'identification entraverait au moins la capacité des partis politiques à facilement télécharger et intégrer des noms dans la base de données. À l'heure actuelle, tout ce que les électeurs peuvent demander c'est d'être radiés de la liste électorale et ils doivent alors s'inscrire le jour du scrutin, après quoi ils seront remis sur la liste et le cycle va recommencer. Et même si leur numéro d'identification est enlevé, il reste rattaché à eux de manière permanente chaque fois qu'ils se réinscrivent. Peut-être une autre solution consisterait à exiger qu'ils puissent être retirés de la liste qui est donnée aux partis politiques, tout en restant sur la liste utilisée par les travailleurs électoraux pour vérification lorsqu'ils votent.

L'autre aspect est qu'Élections Canada a l'obligation, en vertu de la législation de protection de la vie privée de veiller à ce que, lorsque les Canadiens s'enregistrent et sont inscrits sur la liste, ils donnent leur consentement éclairé. Élections Canada a pris certaines mesures en vue d'obtenir le consentement éclairé, mais il n'informe pas encore entièrement les Canadiens que leurs noms peuvent être intégrés dans une base de données conservée par les partis politiques.

Lorsque la liste électorale permanente a été lancée, le formulaire de l'impôt sur le revenu du Canada a été modifié. Il y a une case qui peut être cochée si vous acceptez d'être inscrit sur la liste des électeurs. En 1997, le formulaire disait seulement : « Autorisez-vous l'Agence de revenu du Canada à fournir votre nom, votre adresse et votre date de naissance pour mettre vos données à jour sur le Registre national des électeurs ? Cette information ne peut être utilisée qu'à des fins électorales. » Le formulaire est demeuré le même jusqu'en 2009 alors qu'il a été changé de la façon suivante : « Ces renseignements seront utilisés uniquement aux fins autorisées par la Loi électorale du Canada, comprenant notamment l'échange d'information avec les organismes électoraux provinciaux et territoriaux, les députés, les partis politiques enregistrés et, en période électorale, les candidats. »

Cela ne constitue toujours pas une base solide pour un consentement éclairé. Les listes sont transmises aux partis politiques et aux députés chaque année, même durant les années non électorales. Si Élections Canada obtenait vraiment le consentement éclairé, comme il se doit, il devrait mener une campagne de sensibilisation expliquant comment les listes sont transformées en bases de données des partis politiques et complétées par des renseignements supplémentaires. Compte tenu de toute l'attention accordée à cette question à cause des révélations de Cambridge Analytica, je pense que ce serait un bon moment pour Élections Canada de mener une campagne d'éducation de ce genre.

LML : Vous avez dit que le cadre dans lequel Analytica s'est fait reprocher les révélations à son sujet est une diversion et de la désinformation et que nous, les Canadiens, devrions avoir notre propre cadre. Que devrait-il être ?

ADC : Mon opinion est que le fait de soulever la question comme si cela nécessite une meilleure protection de la vie privée ne contribue en rien à l'habilitation des Canadiens. Cette approche dissimule le problème sous-jacent, soit le besoin de renouveler le processus politique - elle contribue à maintenir les Canadiens marginalisés. Aujourd'hui, le processus politique est tellement anachronique qu'il a perdu toute capacité de donner naissance à un gouvernement qui semble se fonder sur le consentement de la majorité. Les partis politiques qui forment un cartel pour se maintenir au gouvernement ont été pris en charge par une armée de mercenaires politiques spécialisés dans les campagnes de relations publiques manipulatrices. Ils ont perdu tout lien avec ce que les partis politiques sont supposés être - les organisations politiques primaires par le biais desquelles les gens peuvent participer aux affaires politiques. Traiter de ce que fait Analytica comme un scandale soulève la question de savoir pourquoi les partis politiques utilisent le microciblage - le fait que ce soit dans le cadre des limites de la législation sur la vie privée qui peut être appliquée ou dans le cadre de l'actuel système de confiance, ne fait pas de différence. Cela a tout à voir avec le fait de cibler les individus et non pas de créer une opinion politique autour de laquelle le corps politique peut s'unir pour aller de l'avant. Les libéraux, les conservateurs et les néodémocrates prétendent tous qu'ils prennent le plus grand soin de respecter et de protéger la vie privée des Canadiens. C'est une mauvaise blague.

La collecte et l'utilisation d'informations personnelles dans les campagnes électorales et le microciblage de l'électorat par le biais de la catégorisation des personnes en fonction de leurs achats et d'autres habitudes sont des pratiques courantes. Le Parti conservateur s'est même vanté que sa victoire majoritaire de 2011 pouvait être attribuée à son utilisation sophistiquée du microciblage. Les partis politiques au Canada ont toujours acheté de l'information disponible sur le marché. C'est le cas depuis très longtemps. Le Parti progressiste-conservateur a commencé sa campagne de collecte de fonds par publipostage au début des années 1970 en achetant la base de données des clients canadiens de la Ruby Red Grapefruit Company, une entreprise américaine de vente par correspondance d'agrumes. À l'époque, John Laschinger, l'un des gestionnaires de longue date des campagnes politiques au Canada, a reçu un budget de 50 000 $ pour « rechercher de la clientèle » à partir de données. En plus des noms d'acheteurs d'agrumes en bonne santé, il a acheté des listes d'abonnement à des magazines, y compris des Canadiens abonnés à la revue Playboy, et s'est adressé à d'autres courtiers de données des secteurs privés et à but non lucratif. Vous pouvez être assurés que ces personnes n'ont pas donné leur consentement pour que leurs données soient utilisées de cette manière.

La question revient au genre de processus politique dont nous avons besoin. Cela revient à s'assurer que nous gardons notre orientation de lutter pour un processus politique renouvelé qui nous donne des mécanismes pour participer à la politique au-delà de l'acte de voter tous les quatre ou cinq ans. La raison inhérente du micro-ciblage et des appels faits aux gens sur une base privée individuelle, plutôt que sur une base politique publique, est que la participation des citoyens au processus politique comme on la connaissait a été détruite. Aujourd'hui, dans la cadre de la politisation des intérêts privés, les gens doivent être microciblés dans la lutte implacable que se livrent les intérêts privés pour prendre le contrôle du pouvoir politique.

Dans le cadre de cette démocratie, la liberté est décrite comme une économie de marché et des élections multipartites. La première est censée fournir un choix au consommateur et la deuxième le choix du parti que vous voulez comme votre représentant. C'est une notion très restrictive de la liberté, c'est le moins qu'on puisse dire.

La politique, définie comme la reconnaissance et l'affrontement d'intérêts concurrents dans la société et les efforts pour concilier ces intérêts divergents en faveur du progrès social, a été anéantie. Le processus politique a été conçu pour réconcilier l'ensemble des intérêts individuels et collectifs concurrents avec l'intérêt général de la société sur la base d'un objectif national. Cela requiert un processus politique pour résoudre les différends et les problèmes qui touchent les personnes et tous leurs collectifs.

L'utilisation massive des informations personnelles et du microciblage pour servir les intérêts étroits des intérêts privés supranationaux sert à éliminer la politique de la sphère publique. Le pouvoir décisionnel est usurpé par les intérêts financiers internationaux les plus puissants et leurs représentants. C'est parce que le processus décisionnel a été usurpé par les intérêts privés supranationaux que les gouvernants et les partis politiques auxquels ils appartiennent ont abandonné même l'apparence de la mobilisation d'« une majorité » derrière une vision de la société. La politique est par définition une activité qui appartient à un corps politique. Elle est par définition une affaire publique et non une affaire privée. Elle ne devrait pas comprendre le microciblage des citoyens dans le but de les désinformer et de perturber leur vie d'une manière qui supprime le consentement éclairé.

LML : Le but d'une élection de fournir un consentement éclairé n'est pas soulevé du tout dans la couverture médiatique du scandale d'Analytica. Les gens disent de plus en plus que les gouvernements ne gouvernent pas en leur nom.

ADC : Effectivement, notre système électoral n'élit pas des représentants du peuple mais du « souverain » en qui réside le pouvoir décisionnel souverain et ce pouvoir souverain est aujourd'hui à la merci des intérêts privés supranationaux les plus puissants. Les médias et les autres qui montent ce scandale en épingle ne sont pas intéressés au système électoral et à ses problèmes. Plus la situation évolue, plus on a l'impression que des scandales comme ceux-là sont utilisés par des intérêts concurrents pour usurper le pouvoir en faveur des intérêts privés qu'ils représentent. La direction de la Grande-Bretagne après le vote du Brexit, ou des États-Unis sous la présidence de Trump sont des questions de luttes énormes dans les rangs des élites dominantes.

On a dit que les limites de dépenses du référendum sur le Brexit auraient été contournées par les partisans du « Leave » par l'entremise de AggregateIQ. Certains proposent la tenue d'un nouveau référendum parce que le résultat du premier a été entaché par tout cela. Aux États-Unis, Cambridge Analytica est apparue dans l'enquête Mueller sur l'ingérence électorale russe alléguée et la controverse sur la légitimité de l'élection de Trump. « Breaking News » est publié tous les jours avec des ragots qui tentent d'établir un lien entre l'universitaire qui a conçu le questionnaire de collecte de données psychologiques pour Cambridge Analytica et le gouvernement russe.

Note

1. Christopher Wylie, le jeune Canadien qui est le lanceur d'alerte dans ce cas, a travaillé pour Cambridge Analytica quand le projet de compilation des profils psychologiques a été fait. Wylie se décrit lui-même comme un « scientifique des données » et dit qu'il a aidé à monter Cambridge Analytica. Quand il a commencé à travailler en Grande-Bretagne, c'était avec le groupe SCL (anciennement Strategic Communication Laboratories). En 2014, Wylie a envoyé un courriel à son ami, Jeffrey Sylvestre, qui plus tard a créé AggregateIQ, lui disant que « nous faisons surtout des travaux de guerre psychologique pour l'OTAN ». Ce courriel fait partie du paquet de documents que Wylie a remis aux autorités britanniques.

En 2016, il avait un contrat de 100 000 $ avec l'Institut de recherche libéral, qui est financé par des fonds parlementaires alloués à des partis reconnus à la Chambre des communes pour mener des recherches. Les libéraux ont reconnu lui avoir donné ce contrat pour mener un projet pilote. Nous allons probablement en apprendre davantage sur ce qu'il a fait lors de son témoignage devant la Commission parlementaire sur l'éthique.

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Relations Canada-Cuba

Entrée en fonction de Josefina Vidal à son nouveau poste d'ambassadrice de Cuba au Canada

L'ambassadrice cubaine, Josefina Vidal (à gauche), et la gouverneure générale du Canada, Julie Payette

Le 27 mars 2018, Josefina Vidal a présenté ses lettres de créance à la gouverneure générale du Canada, Julie Payette, devenant ainsi officiellement la nouvelle ambassadrice de Cuba au Canada. Josefina Vidal succède à Julio Garmendia Peña, qui a terminé son mandat de près de cinq ans au Canada à la fin du mois de janvier. Les nouveaux ambassadeurs doivent être officiellement reçus par le gouverneur général avant de pouvoir exercer leurs fonctions de chef de mission.

Au cours de la cérémonie à Rideau Hall, la résidence officielle de la gouverneure générale, Josefina Vidal a fait part de l'intérêt de son gouvernement à développer et consolider les relations de longue date entre le Canada et Cuba. Les relations diplomatiques entre les deux pays ont été établies en 1945 et se sont poursuivies ininterrompues depuis lors. En 1962, après que les impérialistes américains eurent organisé l'expulsion de Cuba de l'Organisation des États américains, le Canada et le Mexique furent les deux seuls pays des Amériques à maintenir des relations diplomatiques avec Cuba.

Avant d'être nommée ambassadrice au Canada, madame Vidal a été directrice générale du Département chargé de l'Amérique du Nord au ministère des Affaires étrangères de Cuba. Elle a joué un rôle clé dans les négociations entre Cuba et les États-Unis après le 17 décembre 2014, lorsque le président Raul Castro et son homologue américain Barack Obama ont annoncé la décision de rétablir les relations diplomatiques et d'entamer un processus qui mènerait à la normalisation complète des relations. Avant son affectation au ministère des Affaires étrangères de Cuba, madame Vidal était première secrétaire de la Section des intérêts cubains à Washington de de 1999 à 2003.

Le personnel diplomatique cubain au Canada avec la nouvelle ambassadrice à la résidence de la gouverneure générale, le 27 mars 2018

Réception à l'ambassade cubaine

L'ambassadrice Josefina Vidal (deuxième à partir de la droite). Puis de gauche à droite: Giuvel Orozco Ortega, conseiller-chef de mission adjoint ; M. José Anselmo Lopez et la sénatrice canadienne Pierrette Ringuette, conseillère auprès du Forum interparlementaire des Amériques et coprésidente du Groupe interparlementaire Canada-Cuba

Le lendemain, l'ambassadrice a fait  sa première apparition officielle en tant que représentante de Cuba au Canada à l'occasion d'une réception animée à l'ambassade cubaine.

Elle et son conjoint, José Anselmo Lopez, et Giuvel Orozco Ortega, conseiller-chef de mission adjoint, ont accueilli les nombreux visiteurs, dont des représentants du gouvernement canadien, des ambassadeurs et personnels d'autres ambassades, des représentants du Congrès du travail du Canada, des membres d'Ottawa-Cuba Connections (organisation locale membre du Réseau canadien pour Cuba), les mouvements sociaux ALBA et plusieurs amis de Cuba de la région d'Ottawa et de Gatineau. Une délégation du Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) a présenté un bouquet de fleurs et une carte de la première secrétaire du Comité central du Parti dans laquelle elle félicite l'ambassadrice pour sa nomination et lui souhaite « nos meilleurs voeux pour le succès de votre mission et de notre travail commun ».

Le mouvement de solidarité bâtit l'amitié entre les peuples entre autres en offrant des possibilités de mieux connaître Cuba et son projet révolutionnaire d'édification nationale qui place le peuple et ses besoins au centre, d'échanger et de faire cause commune avec le peuple cubain à la défense des principes de souveraineté. Le travail de solidarité est basé sur la défense du droit de Cuba de décider de ses affaires intrérieures et extérieures et de contribuer au renforcement de relations pacifiques à avantage réciproque entre pays et peuples. Les personnes représentant les organisations de solidarité et d'amitié et les parlementaires présents ont fait part de leur intention de développer ce travail avec la nouvelle ambassadrice.

(Photos : Ambassade de Cuba)

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Discussion enrichissante avec des parlementaires
en visite sur le rôle crucial des Cubains
dans la prise de décision


Le professeur Juan Carlos Rodriguez Diaz et Yamil Martinez Marrero à la rencontre
publique à Ottawa, le 26 mars 2018

ÉVÉNEMENTS


Halifax, 29 mars 2018

La tournée au pays du professeur Juan Carlos Rodríguez Díaz, député à l'Assemblée nationale du pouvoir populaire à Cuba et Yamil Martinez Marrero, fonctionnaire du bureau de l'Institut cubain pour l'amitié avec les peuples (ICAP), a continué cette semaine avec des événements à Ottawa, Montréal, Halifax et Winnipeg, pour faire part des nouvelles et des informations sur les récentes élections générales à Cuba ainsi que des mises-à-jour sur le programme de cette année pour la Brigade du travail bénévole Che Guevara.

Le peuple cubain a élu ses députés à l'Assemblée nationale le 11 mars. Les 605 membres de l'Assemblée nationale éliront le Conseil d'État et le président cubain le 19 avril. Ainsi, les participants aux événements ont eu droit à une vue d'ensemble en profondeur du processus à mesure qu'il se déroule.

La visite met en lumière une question importante de l'heure pour l'humanité, à savoir, comment avoir un peuple exerce le pouvoir de décider. Les participants aux événements ont été intrigués par la façon dont Cuba mène ses élections, où, à la suite de la Révolution cubaine, le peuple a pris ses affaires en main de la manière la plus profonde. La vie réelle réfute les caricatures anticommunistes - le peuple cubain contrôle entièrement le processus, en commençant par ceux qu'il choisit comme candidat le fait que les élus assument leurs responsabilités et rendent des comptes à leurs électeurs.

LML encourage tout le monde à participer aux événements de la tournée dans l'optique de s'informer sur Cuba et sur le processus décisionnel.

Visite à Ottawa


Discussion animée à la réunion publique à Ottawa le 26 mars 2018

Le lundi 26 mars, le professeur Rodriguez et Yamil Martinez ont pris la parole à plusieurs événements à Ottawa, en commençant par une visite au Bureau national du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), où ils ont parlé avec plusieurs membres du Comité exécutif national (CEN) du syndicat et avec des travailleurs invités. Le professeur Rodriguez a parlé avec éloquence du rôle décisif que jouent les travailleurs et les organisations syndicales à Cuba dans les élections locales et générales, où ils nomment des candidats parmi leurs pairs et participent dans la prise de décision sur tous les aspects de la mise en oeuvre du projet d'édification nationale cubain. Une discussion vivante a suivi avec les membres du CEN qui ont présenté certaines des préoccupations du syndicat et les problèmes auxquels les travailleurs canadiens font face. Ils ont félicité la délégation cubaine pour cette discussion intéressante. Plus tard en après-midi, le professeur Rodríguez et Martínez Marrero se sont rendus à l'ambassade cubaine pour s'entretenir avec une classe d'une vingtaine d'étudiants de l'Université Carleton qui avaient demandé à les rencontrer. Le professeur Rodríguez, qui enseigne à l'Université Saiz Montes de Oca, à Pinar del Rio, leur a parlé des élections générales à Cuba et de la participation des gens de tous les secteurs de la société au processus de mise en candidature, aux procédures électorales et aux discussions continues et prises de décision concernant les problèmes de l'économie et certains problèmes sociaux importants. Les étudiants ont posé beaucoup de questions et ont trouvé la discussion très enrichissante.


Discussion avec les étudiants de l'Université Carleton

Dans la soirée, la délégation cubaine a assisté à une réunion publique organisée par Ottawa-Cuba Connections.

Le professeur Rodríguez a fait un résumé historique de la lutte du peuple cubain contre la domination étrangère et pour l'indépendance. Il a expliqué que la Révolution cubaine est née dans la solidarité avec les peuples de toute l'Amérique latine, de l'Amérique du Nord et d'Europe, en lutte côte à côte pour chasser l'oppresseur étranger. C'est une des raisons pour lesquelles une Cuba indépendante sous la conduite de Fidel Castro a toujours exprimé en pratique une solidarité internationale et un profond humanisme à l'égard des peuples dans le besoin partout dans le monde, a-t-il dit.

Il a expliqué comment fonctionne le processus démocratique des élections cubaines, au municipal comme au national, et a parlé de l'importance du 19 avril, lorsque l'Assemblée nationale nouvellement élue du pouvoir populaire se réunira pour élire le Conseil d'État et établir les structures du gouvernement, y compris l'élection de cinq vice-présidents et du président.

Martinez Marrero a parlé du travail de l'ICAP auprès de plus de 2000 groupes et associations dans 152 pays. Il a présenté un résumé du programme de la Brigade de travail des volontaires Che Guevara cette année, du 22 avril au 6 mai. Il a dit que cette brigade est un exemple de l'internationalisme cubain et de son programme de travail volontaire qui gagne le respect de tous ceux qui oeuvrent dans les secteurs clés de l'économie, les Brigadistas travaillant côte à côte avec les Cubains dans tous les domaines. Ce sont des secteurs où Che Guevara avait joué un rôle clé de direction et la Brigade continue d'incarner cet esprit.

Pour plus d'information sur le programme de la Brigade de volontaires Ernesto Che Guevara cette année, rendez-vous sur le site Web du Réseau canadien pour Cuba ici.

Montréal


La Table de concertation de solidarité Québec-Cuba a organisé une réunion avec la délégation cubaine au Centre Saint-Pierre le 27 mars sur le processus électoral cubain. Plus de 70 personnes y ont participé, dont de nombreux jeunes qui sont intervenus activement durant la période de questions.

La rencontre a été un feu roulant du début à la fin, sur le processus électoral existant avant la révolution - un processus usurpé par l'élite sous la domination américaine - et celui issu de la révolution cubaine où le peuple cubain a pris sa place comme peuple souverain.

Juan Carlos a parlé des changements et mécanismes nouveaux établis pour habiliter le peuple à exercer son pouvoir. Le peuple cubain a mis sur pied une nouvelle forme de démocratie populaire, a-t-il dit, qui s'est construite dans la lutte, enrichie de l'expérience du passé, établissant au fur et à mesure les mécanismes de consultation et de participation, des organisations de masse, les comités de la jeunesse, la Fédération des femmes cubaines, etc.

Les Cubains tiennent des rencontres avec leurs représentants dans les endroits de travail, les communautés, les quartiers et dans divers secteurs. Toutes les sections du peuple sont appelées à discuter et à enrichir chaque projet de loi. Tous participent à la sélection des candidats. Il y a régulièrement reddition de comptes, qui comprend le droit de révocation et le droit à l'initiative.  Le droit de vote existe à compter de 16 ans.

Aux élections qui viennent de se tenir, 605 députés ont été élus pour représenter le peuple cubain, dont 322 femmes, soit 53,22 %, Cuba est le deuxième pays au monde avec le plus haut taux de femmes membres du parlement. Le plus jeune député élu a 19 ans.

Durant la période de questions, plusieurs jeunes ont demandé comment le gouvernement prend soin des jeunes, quelle est la place qu'on donne à la jeunesse dans les élections, leur rôle, c'est quoi le communisme à Cuba, et pourquoi le blocus contre un petit pays comme Cuba? Ces questions ont été très appréciées des orateurs qui ont expliqué quel rôle jouent les jeunes en tant que génération à qui on a confié la mission de garantir l'avenir et que Cuba accepte le défi de rendre sa jeunesse capable de relever les défis auxquels la nation fait face. Il est devenu clair que les développements à Cuba sont la meilleure explication de ce que représente le communisme.

(Photos: LML, Ambassade cubaine, Consulat cubain à Montréal, D. Callahan)

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42e anniversaire de la Journée de la terre palestinienne

Grande marche à la frontière israélienne pour affirmer le droit de retour des Palestiniens


Manifestation à Gaza lors de la journée de la terre palestinienne, près de la frontière israélienne le 30 mars 2018, au départ de la Marche du retour

Cette année est le 42e anniversaire de la Journée de la terre palestinienne. Le 30 mars 1976, six Palestiniens des villages arabes à l'intérieur de la Ligne verte ont été abattus par les forces israéliennes alors qu'ils protestaient contre la confiscation de 5500 acres en Galilée. Depuis lors, la Journée de la terre est commémorée par les Palestiniens à l'intérieur d'Israël ainsi qu'en Cisjordanie, à Gaza, à Jérusalem et dans le monde entier.

Cette année, la Journée de la terre a été soulignée par une « grande marche du retour » : des milliers de personnes de Gaza et de Cisjordanie vont marcher durant 46 jours pour converger en masse sur la frontière orientale de la bande de Gaza, longue d'environ 45 kilomètres avec Israël. L'action culminera le 14 mai pour souligner le 70e anniversaire d'Al Nakba (la catastrophe) au cours de laquelle l'État sioniste d'Israël a été créé illégitimement par le déplacement brutal et génocidaire du peuple palestinien, lesquels déplacement et génocide se poursuivent encore aujourd'hui. La marche de masse du retour montre la résistance indomptable du peuple palestinien face aux occupants sionistes alors que des générations plus tard, tous les déplacés et leurs descendants affirment leur droit au retour tel que codifié dans le droit international.




L'armée israélienne a ouvert le feu sur des milliers de Palestiniens non armés à Gaza qui participaient à la Marche du retour lors de la journée de la terre palestinienne près de la frontière israélienne, faisant au moins 15 morts. Le ministère de la Santé à Gaza rapporte également plus de 1 400 blessés, y inclus des blessures causées par le tir de munitions réelles. L'Autorité palestinienne a déclaré samedi 31 mars 2018 jour national de deuil.

Comme il fallait s'y attendre, les occupants sionistes ont répondu par la violence et des menaces de massacre et de châtiment collectif des manifestants. Le ministère palestinien des Affaires étrangères et des Expatriés a fermement condamné les menaces des sionistes, notant que « la plus importante de ces menaces est la déclaration du chef d'état-major israélien des Forces de défense israéliennes, Gadi Eizenkot.

« Eizenkot s'est vanté d'avoir donné un mandat de tuer à des centaines de tireurs d'élite déployés le long de la frontière de la bande de Gaza et de cibler des citoyens palestiniens non armés qui participent à des manifestations pacifiques. Eizenkot a justifié cette déclaration radicale : 'Si les tireurs d'élite sentent la vie des Israéliens menacée', ce qui nous rappelle la même déclaration autorisée par la décision du gouvernement israélien de permettre aux soldats israéliens de tuer les citoyens palestiniens comme ils le souhaitent, ce qui a entraîné des centaines voire des milliers d'exécutions sur le terrain contre notre peuple. Ces exécutions ont été plus tard documentées dans des vidéos prouvant que ces crimes contre les Palestiniens sont commis avec préméditation, sans danger pour les soldats israéliens.

« Le gouvernement de Benjamin Nétanyahou porte la responsabilité entière et directe des conséquences de cette déclaration criminelle extrémiste.

« Le ministère affirme que cette autorisation de commettre des meurtres contre les Palestiniens est une continuation des idéologies fascistes, racistes et coloniales fondées sur la violence et le terrorisme d'État organisé, et que les représentants israéliens avouent publiquement qu'ils se préparent à commettre un massacre vendredi contre notre peuple, et nous demandons : Que fera la communauté internationale ? » Le ministère assure que le fait de ne pas rendre Israël responsable de ses crimes et de ses violations a encouragé les politiciens, les militaires et les responsables de la sécurité israéliens à continuer d'abuser et de supprimer notre peuple, dans le but d'exterminer l'existence nationale en Palestine.

« Le soutien partial et illimité des États-Unis aux politiques et aux mesures d'occupation, et les normes à deux vitesses de nombreux pays dans leur politique étrangère ont encouragé l'expansion des projets coloniaux, en plus d'intensifier le massacre des Palestiniens. »

Pour sa part, le Canada a une longue histoire d'ingérence au Moyen-Orient, y compris d'aide aux occupants sionistes. Pendant ce temps, chez nous, on criminalise de plus en plus le simple appui des Canadiens à la cause palestinienne et l'opposition à l'idéologie raciste du sionisme en prétendant que c'est de l'antisémitisme. Loin de là, c'est le sionisme qui dégrade toute l'humanité, y compris les gens de confession juive, en justifiant le nettoyage ethnique, les crimes de guerre et le génocide comme un moyen d'assurer la « sécurité » d'un groupe de personnes en déshumanisant les autres. Cela ne doit pas passer !

Le Marxiste-Léniniste appelle les Canadiens de tous les horizons et de tous les milieux à ne ménager aucun effort pour appuyer les positions justes du peuple palestinien et exiger que les responsables des morts le 30 mars soient traduits en justice. Ils doivent exiger des comptes du gouvernement canadien qui soutient activement l'occupation israélienne des territoires palestiniens et les crimes de l'occupant. Ce faisant, les Canadiens doivent aussi lutter pour leur propre droit de conscience et liberté de s'exprimer en faveur de la paix et de la résistance des peuples face aux guerres d'agression et à l'occupation.


Piquetage contre l'occupation de la Palestine devant le consulat israélien à Montréal le Jour de la terre, 30 mars 2018

(Photos: R. Al Jaar, Bea, Adalauk Palestin, D. Abushamala, K. Sofi)

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Des missions diplomatiques se renseignent
sur le statut de Jérusalem et le déplacement
continu des Palestiniens

Le 7 mars 2018, plusieurs groupes de défense des droits humains ont tenu une activité au Centre culturel Yabous de Jérusalem pour informer les missions diplomatiques du statut actuel de Jérusalem. Le statut de Jérusalem est clairement défini en droit international comme un territoire occupé. Cependant, le 6 décembre 2017, le président des États-Unis, Donald Trump, a fait une annonce provocatrice selon laquelle les États-Unis reconnaissent Jérusalem, et non Tel Aviv, comme la capitale d'Israël et, en conséquence, prévoient d'y déplacer leur ambassade. Cet acte ainsi que d'autres événements en Israël visent à créer des faits sur le terrain pour changer de facto le statut de Jérusalem.

L'organisation catholique des droits humains, la Société de Saint-Yves, a présenté une introduction dans laquelle elle examine le statut juridique de la ville de Jérusalem depuis la résolution 181 de l'Assemblée générale des Nations unies en 1947, qui recommandait le partage de la Palestine et la création d'un corpus separatum pour Jérusalem. Cette introduction a été suivie d'une présentation sur « Le statut juridique de Jérusalem : la terre, le peuple » dans laquelle était décrite la détérioration de la situation à Jérusalem au cours des trois derniers mois, depuis l'annonce de Trump, ainsi que la situation générale dans la ville, conséquence des politiques démographiques discriminatoires d'Israël.

Le Centre de Jérusalem d'assistance juridique et des droits de l'homme (CJAJ) a ensuite fait une présentation intitulée : « Le transfert forcé et les amendements aux lois (le plan Shaked) ». Il a analysé le plan de la députée de la Knesset, Ayelet Shaked, pour créer un « tribunal administratif » afin d'étendre la compétence juridique israélienne au territoire palestinien occupé en transférant la juridiction de la Cour suprême d'Israël sur la Cisjordanie et Jérusalem-Est à un tribunal administratif nouvellement créé. Le Centre a fait part de ses inquiétudes concernant la Cour suprême et le système judiciaire israélien dans son ensemble, et a souligné la gravité du plan Shaked qui imposera le droit israélien en Cisjordanie en créant un nouveau tribunal administratif, ce qui est une mesure d'annexion.

Le CJAJ a souligné que le nouveau tribunal administratif couvrirait des domaines tels que la planification et la construction, y compris la propriété foncière et les démolitions, les demandes faites en vertu de la Loi sur l'accès à l'information et la liberté de circulation en Cisjordanie. Bien que les Palestiniens soient encore en mesure de faire appel à la Cour suprême après les audiences devant le tribunal administratif, le coût de l'appel est inabordable pour la plupart des Palestiniens. Le CJAJ a précisé que ce plan est une autre tentative d'annexer légalement la Cisjordanie et de dépouiller la Cisjordanie de son statut spécial de territoire occupé, comme le montrent les déclarations de Shaked, qui a dit que la création du nouveau tribunal vise à « normaliser » la situation de la Cisjordanie et à « mettre fin à la discrimination envers les colons ». Le CJAJ a précisé que le tribunal administratif ne tiendrait pas compte de certains éléments du droit international, en particulier le droit humanitaire.

Le groupe des droits humains Al-Haq a fait un exposé sur « La modification du statut juridique de Jérusalem : une analyse juridique des projets de loi et des lois » dans lequel il a examiné l'expansion de la municipalité de Jérusalem en 1967, et l'annexion légale de Jérusalem-Est par Israël en 1980 par l'amendement des Lois fondamentales d'Israël. Il a souligné que les mesures d'annexion depuis 1967 ont été condamnées par des résolutions de l'Assemblée générale des Nations unies et du Conseil de sécurité. Al-Haq a ensuite détaillé la série de projets de loi actuellement déposés devant la Knesset, notamment le « projet de loi du Grand Jérusalem » qui vise à annexer les colonies de peuplement de la périphérie de Jérusalem-Est, y compris les zones industrielles, et le projet de loi « Jérusalem et ses filles » qui vise à incorporer une série de colonies de peuplement à Jérusalem, tout en créant des sous-municipalités pour trois quartiers palestiniens derrière le mur. En outre, le « projet de loi Jérusalem capitale d'Israël » exige un vote de la Knesset à la supermajorité pour toute modification du statut juridique de Jérusalem en vertu des Lois fondamentales ce qui rend les négociations sur le statut définitif plus difficiles. Al-Haq a soulevé des préoccupations au sujet du « projet de loi pour la sauvegarde de Jérusalem en tant que capitale juive et démocratique », qui vise à réduire la présence palestinienne à Jérusalem et à geler les procédures de citoyenneté israélienne pour les Palestiniens de Jérusalem. Ce dernier n'est plus sur la table, mais il indique clairement une tendance dans le processus législatif israélien pour modifier radicalement la démographie de Jérusalem-Est et forcer le transfert des Palestiniens hors de la ville, a souligné Al-Haq. En même temps, en février, Israël a adopté une loi sur l'enseignement supérieur qui étend effectivement sa juridiction sur l'enseignement supérieur aux universités de colonisation, ce qui équivaut à une mesure d'annexion.

Dans son intervention intitulée « La 'sécurité' comme justification au transfert forcé », le Centre d'action communautaire de l'Université al-Qods (CAC) a présenté le cas de Manwa Qunbar, la mère de Fadi Qunbar, dont la famille a été la cible du châtiment collectif et de la persécution d'Israël après que son fils ait soi-disant mené une attaque. Sa résidence permanente et ses permis d'unification familiale pour plusieurs des membres de sa famille ont été révoqués. Le CAC a ensuite présenté le cas de Nadia Abu Jamal, une parente d'un autre auteur d'attaque allégué. Nadia a été expulsée de Jérusalem et sa maison a été démolie par les autorités israéliennes en guise de représailles.

Le CAC a fait remarquer qu'en 2015, le Cabinet de sécurité israélien a fourni d'autres motifs pour révoquer la résidence sur une base punitive, conformément aux objectifs démographiques d'Israël à Jérusalem. Le CAC a aussi présenté le cas de quatre parlementaires palestiniens envers qui la Cour suprême d'Israël a considéré la révocation de résidence le 13 décembre 2017 pour bris d'allégeance envers l'État d'Israël. Même si la Haute Cour de justice a reconnu que les révocations actuelles sont illégales, elle a donné six mois à la Knesset pour adopter une loi qui légalise les révocations de résidence pour bris de l'allégeance envers l'État d'Israël. Le 7 mars, le Parlement israélien a adopté une modification à la Loi sur l'entrée en Israël qui permet au ministre israélien de l'Intérieur de révoquer le statut de résidence permanente des Palestiniens résidents de Jérusalem qui, selon le ministre, ont « brisé l'allégeance » à Israël. Le CAC a aussi expliqué que la Knesset est en train de discuter cinq nouveaux projets de loi qui traitent de la révocation de résidence sur une base punitive même s'il s'agit définitivement de mesures de châtiment collectif et de représailles contre les membres d'une famille.

Les organisations de défense des droits humains ont conclu que ces mesures de déplacement et d'autres du genre, dont les démolitions, la guerre psychologique et les environnements coercitifs, sont des politiques israéliennes qui font partie d'un plan clair d'élimination de la présence palestinienne à Jérusalem. Les cinq organisations ont présenté des conclusions et des recommandations sur la situation à Jérusalem, de même que les obligations de la communauté internationale et de tiers États à cet égard.

(www.alhaq.org)

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70e anniversaire du massacre de Jeju en Corée

Le massacre de Jeju souligne la longue histoire de résistance à l'agression américaine contre la Corée

 
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Réunions publiques

CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS

Nous soulignons cette année le 70e anniversaire du massacre de Jeju, provoqué par le gouvernement militaire des États-Unis en Corée le 3 avril 1948 sur l'île de Jeju. Le massacre a débuté plus de deux ans avant que les États-Unis ne commencent la Guerre de Corée sous les auspices des Nations unies. C'est seulement en 2008, soixante ans plus tard, que la véritable ampleur des crimes commis à Jeju a été mise en relief lorsque des fosses communes ont été découvertes à l'aéroport. À ce jour, les événements entourant ce massacre sont peu connus. Aujourd'hui, les insulaires de Jeju poursuivent la tradition de vive résistance par leur opposition à la base navale américaine en eau profonde qu'on y construit présentement.

Dans le contexte du troisième sommet intercoréen qui doit avoir lieu le 27 avril à Panmunjom dans la Zone démilitarisée entre la République démocratie populaire de Corée (RPDC) et la République de Corée (RDC) ainsi que du sommet RPDC-États-Unis en mai, il est important d'examiner les événements qui se déroulent à partir du contexte historique actuel et non dans une perspective de Guerre froide imposée par les États-Unis pour justifier la division de la Corée ainsi que tous les crimes qu'ils y ont commis. C'est ainsi qu'on peut en arriver aux conclusions qui s'imposent sur le pourquoi de la division de la Corée et la nécessité de réunir la Corée et de défendre la cause de la paix internationale.

LML publie ci-dessous un extrait d'un article écrit par un ancien combattant et activiste pour la paix américain, S. Brian Wilson, sous le titre : « L'assaut des États-Unis et de la Corée du sud contre une île idyllique : pas la première fois », publié sur son blogue le 21 juin 2012.




Des activistes protestent contre la base navale américaine à l'île Jeju, en Corée du sud, le 20 juin 2017, à l'occasion de l'arrivée de navires de guerre des États-Unis, du Canada et de Corée du sud dans le cadre d'exercices militaires. Des kayakistes avec le drapeau «No! Naval Base» se sont rendus tout près des navires pour s'assurer de bien livrer le message des insulaires.

L'assaut des États-Unis et de la Corée du sud contre une île idyllique : pas la première fois (extraits)
- S. Brian Wilson -

[...] Un des chapitres les plus sombres et finalement inconnus de l'intervention des États-Unis a eu lieu dans les régions sud de la Corée avant la Guerre de Corée. En 1945, dans une étude conjointe de renseignement de l'armée et de la marine américaines, il était dit que la vaste majorité des Coréens nourrissaient un profond désir d'indépendance et d'autodétermination, et qu'ils s'opposaient catégoriquement à tout contrôle par des successeurs des Japonais honnis qui les avaient gouvernés depuis 1910. Une autre étude américaine a aussi fait valoir que 80 % des Coréens désiraient un système socialiste plutôt que capitaliste.


À gauche: Un acte illégitime n'attend pas l'autre après que les États-Unis eurent divisé la Corée, le général américain Douglas MacArthur (à gauche) impose dans la partie sud de la Corée Syngman Rhee en tant que « président ».  À son tour Rhee tient en mai 1948 des élections frauduleuses pour codifier la division.

Malgré les conclusions de ces documents internes, le président des États-Unis, Harry Truman, suite à la capitulation des Japonais en août 1945, a imposé une partition qui ne devait être que temporaire au 38e parallèle de la Corée, divisant ainsi une culture homogène vieille de 5 000 ans. Il a ensuite commandé au général américain Douglas MacArthur de « gouverner » le peuple vivant au sud du 38e parallèle. En octobre 1945, en quête d'un Coréen digne de confiance qui « partagerait le point de vue américain » pour qu'il soit l'homme fort des États-Unis, MacArthur a transporté des États-Unis à Séoul, à même son aéronef personnel, Syngman Rhee, un homme de 71 ans d'origine coréenne. Rhee, un méthodiste qui avait vécu aux États-Unis pendant 40 ans, devait être le gouverneur intermédiaire de la Corée, elle-même bouddhiste et confucianiste.

De façon unilatérale, Rhee a décidé d'organiser des élections séparées en 1948 dans le but de créer le fondement « juridique » d'une Corée divisée de façon artificielle, en dépit d'une vaste opposition populaire partout dans la péninsule, au nord autant qu'au sud du 38e parallèle, y compris les résidents de l'île de Cheju (nommé maintenant Jeju et dont l'appellation sera dorénavant utilisée). Ce qu'on appelle le soulèvement du 3 avril 1948 à Jeju comme riposte à ces élections a en fait duré jusqu'en 1950. Il s'agit d'un des plus grands massacres de l'histoire moderne de la Corée. Le soulèvement de Jeju en 1948 n'est rien de moins qu'un microcosme de la Guerre de Corée à venir.


Détention en masse en 1948 de personnes soupçonnés d'être communistes sur l'île de Jeju afin d'écraser le refus du peuple de se soumettre au diktat étranger

Selon une évaluation du renseignement national de la CIA, Rhee était si peu populaire qu'il était peu probable que la nouvelle République de Corée (RDC) puisse survivre sans « l'infusion massive d'aide des États-Unis ».

L'ambassade américaine a décrit la répression de l'opposition de Jeju à Rhee de campagne de « terre brûlée » et d'« extermination ». En vertu de protocoles secrets, les forces constabulaires et policières de la RDC ainsi que les unités paramilitaires étaient soumises au contrôle du Gouvernement militaire de l'armée américaine en Corée (USAMGIK).

Aussi, selon des documents de la CIA, la politique sous l'égide du USAMGIK et le régime Rhee était dominée par une petite élite de riches Coréens qui répondait à la dissidence de la vaste majorité par la répression et avait recours à des politiques « d'une brutalité impitoyable » semblables à celles qui avaient servi à la structure japonaise précédente tellement haïe par la plupart des Coréens.


Représentation du début du massacre du 3 avril 1948 par l'artiste Kang Yo Bae sur la base de déclarations de témoignages - cliquer pour agrandir

Le gouverneur militaire américain de la Corée, John Reed Hodge, a informé les représentants du Congrès américain que « Jeju était une véritable région communale qui est contrôlée de façon pacifique par le Comité du peuple ». Malgré tout, il a commandé à trois officiers militaires américains (entre autres) — le colonel Harley E. Fuller, le capitaine John P. Reed, et le capitaine James Hausman — de conseiller et de coordonner la campagne d' « extermination » et de « terre brûlée ». Ces Coréens qui avaient collaboré avec les occupants japonais honnis s'étaient maintenant mis au service des forces constabulaires et policières coréennes entraînées par les Américains. Des unités paramilitaires de droite devinrent un élément sanguinaire de l'appareil de sécurité de Rhee. Des conseillers américains accompagnaient toutes les forces constabulaires et policières coréennes (ainsi que d'autres unités de la RDC après 1948) dans leurs campagnes au sol. Des pilotes américains pilotaient des C-47 pour le transport de troupes, d'armes et d'équipement de guerre, tout en dirigeant à l'occasion des frappes. Des officiers de renseignement américains fournissaient des renseignements sur une base quotidienne. De surcroît, des bâtiments de guerre de la marine américaine comme le USS Craig ont bloqué et procédé au bombardement de l'île, pour entraver l'arrivée des forces d'opposition additionnelles et des approvisionnements dans l'île, tout en empêchant les insulaires en proie au désespoir de fuir par bateau.

Le successeur de Hodge, le général William Roberts, avait déclaré qu'il était « de la plus haute importance » que les dissidents « soient détruits le plus tôt possible ». L'organisation de répression japonaise, la « ligue nationale d'orientation » (Bo Do Yun Maeng), a été consolidée par le régime Rhee. Elle avait servi à identifier de façon systématique tout Coréen qui s'était opposé à l'occupation du régime japonais et maintenant elle servait à identifier tous ceux qui s'opposaient de facto au règne sanguinaire des États-Unis et de Rhee. Des milliers de personnes ont été tuées, emprisonnées et torturées, et plusieurs d'entre elles ont été jetées à la mer. 


Quelques uns des légions d'enfants devenus orphelins suite au massacre de Jeju, qu'on voit ici en train de fuir vers un lieu sûr

Le gouverneur de Jeju à l'époque avait reconnu que la répression des 300 000 résidents de l'île avait eu comme conséquence que près de 60 000 insulaires avaient été tués tandis que 40 000 d'entre eux s'étaient enfuis par bateau au Japon. C'est ainsi qu'un tiers de ses résidents ont été soit tués ou se sont enfuis pendant la campagne d'« extermination ». Près de 40 000 maisons ont été détruites et 270 des 400 villages ont été rasés. Un des acolytes de Roberts, le colonel Rothwell Brown, soutenait que les insulaires n'étaient que « des fermiers et pêcheurs ignorants, sans éducation », un piètre prétexte pour justifier la répression de ceux qui, selon Brown, avaient refusé de reconnaître la « supériorité » de l'« American Way ».

Le secrétaire d'État américain, Dean Acheson, et le responsable de la Planification politique du département d'État, George Kennan, ont avoué en 1949 que la suppression de la menace interne en Corée du sud (c'est-à-dire l'attachement passionné des Coréens à l'autodétermination), en collaboration avec la CIA nouvellement créée, avait été déterminante à la préservation du pouvoir de Rhee et au succès assuré de la politique mondiale d'endiguement des États-Unis. La révolution chinoise de 1949 était un autre élément qui rendait nécessaire la répression des Coréens et de leur grand attachement à l'autodétermination indispensable au succès de la Guerre froide émergente. Ces efforts étaient accompagnés d'efforts semblables des États-Unis en Europe où les opérations clandestines de la CIA avaient réussi à écraser les mouvements socialistes au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale.


La résistance des insulaires de Jeju a inspiré des soulèvements similaires sur la péninsule, qui ont été réprimés de manière aussi brutale par les forces appuyées par les États-Unis, au nom de contenir le communisme. Ici sont représentés des scènes de répression à Jeju en 1948.

L'étude de 1949-1950 du Conseil de sécurité nationale, le NSC-68, a élaboré les visées des États-Unis d'un système politique mondial « favorable à un environnement mondial où peut survivre et s'épanouir le système américain ».

La Guerre de Corée qui a duré de juin 1950 à juillet 1953 était une expression à une autre échelle de la lutte de 1948-1950 des insulaires de Jeju pour préserver leur autodétermination du règne tyrannique de Rhee appuyé par les États-Unis et de son groupe restreint de riches concitoyens. Fait peu connu, la division de la Corée de 1945 imposée par les États-Unis contre la volonté de la vaste majorité des Coréens a été la cause première de la Guerre de Corée qui a éclaté cinq ans plus tard. La guerre a détruit par bombardement la plupart des villes et villages au nord du 38e parallèle et plusieurs villes et villages au sud, et par conséquent quatre millions de Coréens ont été tués - trois millions (un tiers) de résidents vivant au nord et un million vivant au sud, en plus du meurtre d'un million de Chinois. Il s'agit d'un crime international de proportions effarantes qui est toujours non reconnu même s'il a fait cinq millions de victimes et séparé de façon permanente dix millions de familles coréennes.


Récupération de restes humains découverts dans une fosse commune près de l'aéroport de l'île de Jeju, en 2008

Suite à la Guerre de Corée, Dean Acheson en est arrivé à la conclusion que « la Corée nous a sauvés », puisqu'elle avait permis aux États-Unis de mettre en oeuvre la stratégie impérialiste apocalyptique décrite dans le NSC-68. En Corée, la réalité est que les États-Unis ont imposé un gouvernement dictatorial après l'autre pendant 50 ans, longtemps après le départ forcé de Rhee en 1960, à l'âge de 85 ans. Depuis 1953, les États-Unis et la Corée du sud vivent en vertu d'un Traité de défense mutuelle, une entente sur le statut des forces et un commandement de forces combinées dirigé par un général américain à quatre étoiles. En réalité, en dépit des prétentions contraires, la Corée n'a jamais assumé sa souveraineté depuis la division imposée de la péninsule par les États-Unis en 1945. Les États-Unis ont eu jusqu'à 100 bases militaires et près de 50 000 soldats sur le territoire coréen, et encore aujourd'hui, ils ont une douzaine de bases et 28 000 soldats stationnés en Corée. Pendant des décennies, les États-Unis ont entretenu leur principal champ de bombardement asiatique dans le sud de Séoul. [...]

(Traduit de l'anglais par LML. Photos: US National Archives, Yang Jo Hoon, D.H. Song, kayakeurs contre la guerre)

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Grandes manifestations des jeunes partout aux États-Unis

Les étudiants sont déterminés à être entendus
et à obtenir des changements en leur faveur


Washington

Partout aux États-Unis, dans chaque État, plus d'un million de personnes, principalement des étudiants, ont manifesté pour défendre leurs droits et exiger la fin de la violence dans leurs écoles et leurs communautés. Partout, les étudiants et les enseignants ont rejeté les plans d'accroître les mesures policières, tels que la police armée dans les écoles, plus de caméras, de clôtures et de détecteurs de métal. Les slogans communs ont exprimé cette position : De l'art, pas de l'artillerie ! Des livres pas des balles ! Armez les enseignants avec des ressources, pas des armes ! Je suis un enseignant, pas un tireur d'élite ! Pas d'armes, juste la paix ! Les jeunes femmes et les jeunes filles ont constitué la majorité des manifestants et leur détermination a imprégné les nombreuses actions. Dans certaines villes, comme Washington, New York et Los Angeles, des comédiens, musiciens et autres célébrités se sont joints aux étudiants. Plusieurs ont fait des dons considérables également.

Les étudiants ont également exprimé leur opposition à la violence policière. Un hommage a été rendu aux personnes tuées par la police ainsi qu'aux étudiants et aux autres personnes décédées dans diverses fusillades. Durant des manifestations, des participants ont imité le mouvement Haut les mains, ne tirez pas pour montrer leur rejet des meurtres de jeunes non armés par la police. Cette action est le résultat de la lutte à Ferguson et symbolise également la demande pour la fin de la violence policière raciste, en particulier contre la jeunesse afro-américaine.

Les manifestants ont pris position contre la militarisation générale des écoles et des communautés. Par exemple, Stoneman Douglas à Parkland envisage de construire une tour pour des tireurs d'élite et obligerait tous les élèves à porter des sacs à dos transparents. Les étudiants de Parkland, qui ont pris l'initiative des manifestations, rejettent publiquement de telles mesures et demandent plus de conseillers en orientation, un financement complet et pas de police ou d'enseignants armés dans les écoles.

L'usage de la force et de la violence ne résout pas les problèmes sociaux auxquels sont confrontés les jeunes. Comme les manifestations l'indiquent, les étudiants exigent un avenir radieux et en sécurité. Démilitariser la police pour la paix dans nos rues ! Les armes automatiques sont réservées aux meurtres ! Faites fondre toutes les armes à feu ! Ne tuez pas notre avenir ! Pas de fusils, pas de bombes nucléaires ! Aucune arme de guerre ! sont quelques-uns des slogans exprimant la demande de mettre fin à la violence tant au pays qu'à l'étranger. Il y a une prise de conscience croissante du lien entre la violence policière et l'usage de la force au pays avec la violence militaire à l'étranger. Les deux servent à bloquer les efforts des jeunes partout dans le monde pour se bâtir un avenir radieux où leurs droits et les droits de tous sont garantis.

Les étudiants font face aux efforts de ceux qui veulent réduire la portée de leur lutte et la garder confinée à faire appel aux politiciens à adopter de nouvelles lois. Divers politiciens se sont joints aux manifestations dans le but d'en prendre le contrôle, bien que beaucoup d'entre eux soient responsables de la violence policière et criminalisent les jeunes. Les politiciens new-yorkais, par exemple, sont connus pour leur défense des mesures contre les jeunes telles les arrestations et les fouilles, les incarcérations de masse, les homicides par la police et l'impunité policière. New York et la Californie envisagent tous deux d'avoir des policiers armés dans chaque école publique.

Non seulement les étudiants rejettent-ils ces mesures, mais ils insistent pour que leur voix soit entendue et leurs solutions utilisées. Ils montrent que la sécurité ne repose pas sur les politiques et les mesures policières, mais sur l'organisation continue pour les droits. Comme les affiches le disent : « Si le contraire de pour est contre, alors le contraire de Progrès est Congrès » et « Nous sommes des étudiants, nous sommes le changement ». En conservant l'initiative entre leurs mains, les étudiants vont de l'avant et prévoient de nouveaux débrayages et de nouvelles manifestations le 20 avril.

Washington



  Boston, Massachusetts


Buffalo, New York


New York


Baltimore, Maryland


Pittsburgh, Pennsylvanie


Doylestown, Pennsylvanie


Grand Rapids, Michigan


Chicago, Illinois


Downers Grove, Illinois

St. Paul, Minnesota


Cedar Rapids, Iowa


Raleigh, Caroline du Nord


Montgomery, Alabama


Parkland, Floride


Tampa Bay, Floride


South Beach, Floride


Savannah, Georgie; Harlem, Georgie


Nashville,Tennessee


Little Rock, Arkansas



Bentonville, Arkansas


St. Louis, Missouri


Bozeman, Missouri


Austin, Texas

Houston, Texas

Denver, Colorado


Los Angeles, Californie

San Francisco, Californie


San Clemente, Californie


Santa Rosa, Californie


Las Vegas, Nevada

Portland, Oregon


Seattle, Washington


Kona, Hawaii


Alaska

Marches de solidarité au Canada

Fredericton, Nouveau-Brunswick


Montréal, Québec


Toronto, Ontario


Thompson, Manitoba


Edmonton, Alberta

Calgary, Alberta

Victoria, Colombie-Britannique

Ailleurs dans le monde

Belfast, Irlande


Stockholm, Suède

Copenhagen, Danemark

Paris, France


Madrid, Espagne


Rome, Italie


Canberra, Australie


Nouvelle-Zélande

(Voice of Revolution. Photos: VOR, March for Our Lives, L. Catallozzi, K. Rector, C. O'Connor, L. Sutton, D. Harding, N. Curland, K. Brennan, M. Welsh, T. Rice, J. Consolla, A. Boeing, E. Suzanne, C. Critz, Stephanie, D. Moore,D. Anne, Nicole, B. Sullivan, D. Scanzari, L. Brinkley, L. Feierman, P. Franz, Pythia, S. Selaggio, Charlotte, Megan, J. Lang, C. Yardley, K. Whetter, K. Darbyson, K. Doyle, K. Pringle, M. Kagan, C. Johonnson, S. Kozul, L. Voss, Madrid Resistance, J. Andrews, R. Coole, J. Watson )

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Le peuple brésilien résiste au coup d'État contre-révolutionnaire

Les forces populaires dénoncent les attaques
contre leurs dirigeants politiques


Lula da Silva termine sa 4e caravane à Curitiba, Parana, le 28 mars 2018

La lutte de l'ancien président du Brésil Luiz Inácio Lula da Silva et de la multitude de Brésiliens qui appuient son droit d'être le candidat présidentiel du Parti des travailleurs de Brésil (PT) en octobre 2018 se poursuit sans relâche. La quatrième des quatre militantes caravanes « Lula pour le Brésil », qui est passée dans les États du sud de Rio Grande do Sul, Santa Catarina et Paraná, s'est terminée avec succès le 28 mars en dépit des attaques violentes qui ont été organisées contre elle et contre les supporters locaux qui sont venus par milliers appuyer Lula et le Parti des travailleurs. Lors du grand rassemblement politique de Curitiba, Lula a partagé le podium avec les candidats à la présidence du Parti communiste du Brésil (PCdoB), Manuela d'Avila, et le Parti du socialisme et de la liberté (PSOL), Guilherme Boulos. Dans son discours, d'Avila a déclaré : « Défendre Lula n'est pas seulement la tâche du Parti des Travailleurs et des Lulistas, c'est la tâche de tous ceux qui défendent la démocratie. » Boulos a dit qu'il est important d'avoir un front uni de gauche en ce moment même s'il y a des positions et des points de vue différents.

Manuela d'Avila (à gauche) et Guilherme Boulos (à droite) se sont joint à Lula lors de la dernière escale de sa caravane à Curitiba, le 28 mars 2018



Curitiba, Paraná, le 28 mars 2018

La campagne du droit de Lula d'être un candidat se déroule dans le contexte du recours croissant aux pouvoirs de police contre l'opposition populaire de la part des oligarques qui ont usurpé le pouvoir en 2016 en orchestrant un coup parlementaire contre la présidente Dilma Roussef. Cela a été fait afin d'imposer aux Brésiliens un ordre du jour corrompu inspiré de l'étranger et fait de privatisation, de coupures dans les programmes sociaux et de diktat auquel les travailleurs et leurs organisations résistent vigoureusement.

Ces pouvoirs de police sont notamment déployés par le biais des tribunaux qui sont utilisés contre Lula pour le disqualifier comme candidat à la présidence. La prochaine ronde de la lutte de Lula contre la persécution que lui fait subir un système judiciaire politisé aura lieu le 4 avril. C'est ce jour-là que la Cour suprême fédérale du Brésil va décider si elle accepte sa requête de demeurer en liberté jusqu'à ce que tous les appels devant des cours supérieures de sa condamnation pour des accusations de « corruption et de blanchiment d'argent » et de sa sentence de 12 ans d'emprisonnement, qui a été prononcée en l'absence de toute preuve, auront été entendus. [1] Quel que soit le résultat, Lula et ses supporters à l'échelle du pays se sont engagés à poursuivre leur lutte pour la justice et pour son droit d'être le candidat du PT aux élections présidentielles d'octobre.

En ce qui a trait aux attaques contre la caravane de Lula, qui sont attribuées aux milices armées souvent liées aux riches propriétaires fonciers de la région, le Département des relations internationales du PT écrit dans une lettre du 26 mars que les attaquants « essayaient, au moyen de fusils, de couteaux, de pierres, de fouets (un symbole de l'esclavage du XIXe siècle) et par d'autres moyens, de bloquer l'accès de la caravane aux municipalités de la région. Des gens, surtout des femmes, ont été battus avec la complicité de la police de l'État, qui en plus n'a pas empêché que les véhicules de la caravane soient frappés par des pierres et des engins pyrotechniques ou que les routes soient bloquées par des tracteurs, des camions et de la machinerie agricole. »

Depuis ce temps-là, pendant la nuit du 27 mars, les attaques se sont intensifiées et des coups de feu ont été tirés sur un des autobus de la caravane dans l'État de Paraná. Les parlementaires du PT ont aussi émis une déclaration sur les événements où ils disent que la violence dirigée contre leur Parti et d'autres n'empêchera pas le PT de défendre le droit de Lula de se porter candidat.


La caravane s'arrête à Foz do Iguaçu, Paraná, le 27 mars 2018.

« Nous dénonçons à la face du monde l'approfondissement de la rupture de la démocratie au Brésil, un processus qui est formé d'une série de mesures d'exception qui sont adoptées dans le contexte de la complaisance de l'État — la complicité, dirons plusieurs —, envers la croisade politique croissante qui est menée contre la gauche en général et contre le Parti des travailleurs (PT) en particulier.

« En tant que parlementaires élus par le vote populaire pour représenter les idéaux du Parti des travailleurs (PT), nous allons continuer à tenir des débats partout au pays et nous ne serons intimidés par personne. La campagne « Lula pour le Brésil » va se poursuivre jusqu'à la fin et défendre fermement le droit de Lula de briguer la présidence aux élections d'octobre. »


Les participants de la caravane sont accueillis au site archéologique de San Miguel das Missôes, dans le Rio Grande do Sol, par les dirigeants indigènes des peuples Guarani et Kaingang, le 23 mars 2018.

Les forces populaires font aussi face à des attaques qui prennent la forme d'attaques ciblées contre des activistes sociaux et politiques dans lesquelles l'État est impliqué. Le 14 mars, Marielle Franco, une conseillère populaire du Parti pour le socialisme et la liberté a été assassinée froidement lorsque sa voiture a été attaquée en plein Rio. Elle est une femme noire de 39 ans qui a grandi dans les favelas (les quartiers pauvres) de Rio qui a pris la défense des droits et a critiqué publiquement les activités de police militarisées et la violence policière, en particulier contre les jeunes des favelas.


Les Brésiliens ont organisé des manifestations dans tout le pays pour dénoncer l'assassinat de la conseillère de Rio de Janeiro Marielle Franco le 14 mars 2018 et pour demander que les responsables soient châtiés.

Lorsque le président putschiste Michel Temer a mis les membres des forces armées en charge de la sécurité publique à Rio de Janeiro le 15 février, les résidents des favelas ont riposté en mettant sur pied leur propre commission populaire de vérité pour surveiller les actions policières des militaires. Franco avait été nommée rapporteure du comité. Le général mis en charge a dit qu'il ne voulait pas d'une autre Commission de vérité qui enquêterait sur les abus commis par les militaires contre les droits de la personne.

Quatre jours avant son assassinat, Franco avait critiqué publiquement le 41e Bataillon de la police militaire de Rio pour une série de meurtres d'adolescents et pour avoir terrorisé les résidents d'une des favelas de la ville la semaine d'avant. De grandes manifestations ont été organisées partout au Brésil et dans d'autres pays pour dénoncer l'assassinat de Marielle Franco et l'impunité avec laquelle d'autres comme elles sont attaqués et pour demander que les responsables de ces crimes soient trouvés et traduits en justice.

LML dénonce toutes ces attaques contre les forces populaires au Brésil, leurs dirigeants politiques, que ce soit par des actes de violence physique ou par la persécution de tout genre organisée par l'État, y compris par des processus constitutionnels, parlementaires et juridiques qui sont odieusement manipulés.

LML dénonce aussi ceux qui, de l'étranger, appuient ce gouvernement putschiste non élu, dont le Canada, et qui gardent le silence sur toute cette situation alors qu'ils organisent activement contre le gouvernement de la République bolivarienne du Venezuela et lancent les attaques les plus viles contre lui.

Note

1. Lire « Lula a le droit d'être candidat à la présidence » dans le numéro du 20 janvier 2018 du Marxiste-Léniniste

(Sources: Brasil Wire, Prensa Latina, Folha de Sao Paulo. Photos: Brasil de Fato, Media Ninja)

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