Numéro 7 - 24 février 2018
Supplément
Désinformation sur les
cyberattaques
et l'« arsenalisation » des médias sociaux
Désinformation
sur
les
cyberattaques
et
l'«
arsenalisation
»
des
médias sociaux
• L'OTAN et les médias sociaux: la
menace à la démocratie libérale
• Lorsque l'influence étrangère
devient un nouveau crime national:
l'exemple australien
Désinformation sur les
cyberattaques et l'« arsenalisation »
des médias
sociaux
L'OTAN et les médias sociaux:
la menace à la démocratie libérale
Il devient de plus en plus clair que l'alliance
agressive de l'OTAN dirigée par les États-Unis orchestre
les mesures antidémocratiques prises au Canada et dans d'autres
pays membres de l'OTAN pour criminaliser la conscience et la parole au
nom de la défense de la démocratie et de la
sécurité nationale. L'assaut contre la conscience et la
parole cible les discours qui s'opposent à l'OTAN et qui
critiquent les systèmes politiques et électoraux des
États membres de l'OTAN. Pris ensemble, cela représente
une large atteinte à la liberté de conscience et de
parole et aux luttes des peuples pour affirmer leurs droits et pour
leur habilitation.
En octobre 2017, l'Assemblée parlementaire
de l'OTAN (AP-OTAN) a publié un rapport intitulé «
La révolution des médias sociaux : implications
politiques et sécuritaires ». Il a été
produit par le Sous-comité sur la gouvernance
démocratique dans lequel la sénatrice canadienne Jane
Cordy agit en tant que rapporteuse. Les
travaux du Sous-comité sur la gouvernance démocratique
sont présidés par la Commission sur la dimension civile
de la sécurité. Le but du rapport est de «
sensibiliser et lancer une discussion entre les membres sur ce
thème émergent et d'offrir quelques réflexions
initiales sur les moyens de contrer l'utilisation malveillante des
médias
sociaux ».
Le rapport comprend une introduction sur l'augmentation
de l'utilisation des médias sociaux. Il affirme que la
«transformation dramatique des technologies de l'information et
de la
communication » et l'utilisation croissante des
médias sociaux « changent la façon dont nous
regardons la sécurité ... et exige des réponses
innovantes ». Twitter et Facebook, dit le rapport, «
amplifient les voix et diminuent le coût pour les gens de se
brancher plus intimement, de communiquer et s'organiser entre eux et
avec leurs gouvernements ». La possibilité d'une
utilisation anonyme des médias sociaux « peut encourager
ceux qui propagent le discours haineux autant
que ceux qui luttent contre les régimes autoritaires sans
crainte de représailles ».
Il parle de l'« arsenalisation »
des médias sociaux qui en résulte et
qui est décrite comme suit : les médias sociaux
« offrent de nouvelles opportunités à ceux qui
cherchent à perturber l'ordre mondial démocratique et
libéral en utilisant l'ouverture intrinsèque du domaine
cybernétique ». Les médias sociaux sont
utilisés par les « organisations terroristes comme outil
de recrutement et de propagande ». Les médias sociaux
sont « exploités par des États qui cherchent
à influencer et à miner les démocraties
libérales, leurs institutions gouvernementales et leur tissu
social - parfois avec grand effet ».
Le reste du rapport est divisé en sections
intitulées : 1) les médias sociaux et la
gouvernance démocratique ; 2) l'« arsenalisation
» des médias sociaux ; a)
Daech et les médias sociaux, b) Les médias sociaux en
tant qu'outil de politique étrangère : le cas de la
Russie ; et 3) les
réponses aux défis de sécurité des
médias sociaux ; 4. Conclusions.
Fusion de la menace terroriste avec « l'influence
étrangère »
À la suite de la publication de ce rapport, des
pays de l'OTAN comme le Canada ont commencé à parler de
la menace terroriste et de la menace loin d'être prouvée
de « l'influence étrangère dans les
élections », comme étant la même chose,
la première qui cause la « perte de vies » et
la seconde qui « menace d'affaiblir et de
diviser le monde occidental ». Par un tour de passe-passe,
la menace terroriste et les mesures pour y faire face sont
associées à l'opposition à l'OTAN, qui est
synonyme d'opposition à la guerre et au système
élitiste appelé démocratie libérale. Les
mêmes forces de sécurité chargées de la
lutte contre le terrorisme sont «
réassignées » à
l'identification de ce qui est considéré comme des
opinions « influencées de l'étranger »
à propos de l'OTAN et de la démocratie. Une police de
coercition idéologique est habilitée à attaquer le
droit à la conscience de tous les êtres humains où
c'est la liberté de parole pendant et entre les élections
qui devient la première victime.
Les médias sociaux chargés d'une mission
de censure
Sur la base de cet argument intéressé
erroné selon lequel l'opposition à l'OTAN et à un
processus électoral discrédité sont d'inspiration
étrangère et constituent un danger pour la
sécurité nationale, la mise en place d'un système
de censure est confiée aux géants des médias
sociaux tels que Facebook et Google. Cela place la censure hors du
domaine public, hors de la portée des mécanismes publics
censés fournir un recours face aux abus des pouvoirs de police.
Les « termes et conditions » des plateformes de
médias sociaux définissent ce qu'elles peuvent ou ne
peuvent pas faire en termes de déni de service, de suppression
d'affichages et de blogs, etc. Ou bien vous les acceptez
ou bien vous êtes privés de leur utilisation.
Le 1er novembre 2017, les monopoles des
médias
sociaux Twitter, Facebook et Google ont témoigné devant
le Comité américain du renseignement de la Chambre des
représentants sur des allégations d'utilisation de
médias sociaux par des « Russes » pour
s'immiscer dans les élections américaines.
La veille, le 31 octobre 2017, le
sous-comité
sur le crime organisé et le terrorisme a tenu des audiences sur
« les moyens de combattre et de réduire la propagande
russe et le contenu extrémiste en ligne », durant
lesquelles témoignaient également divers dirigeants de
ces monopoles.
Des exemplaires d'annonces de Facebook supposément
achetées par la Russie affichées pendant la campagne de
l'élection présidentielle américaine de 2016
(cliquer sur l'image pour l'agrandir)
|
Au cours de ces deux auditions, les membres du
Comité ont publié ce qu'ils prétendaient
être des preuves de publicités achetées par les
Russes sur les médias sociaux lors de l'élection
présidentielle. La plupart des annonces ont été
fournies par Facebook lui-même plus tôt durant
l'année.
Les publicités ont inclus des affichages de
Black Lives Matter et plusieurs autres pour ou contre Trump et Clinton
dans le but de montrer que les publicités achetées par la
Russie visaient avant tout l'élection et non pas simplement
l'élection de Trump comme il a été
allégué.
Tout au long de ce processus, on a noté que le
pouvoir de Facebook et de ceux qui l'utilisent pour influencer et
désinformer la population était bien en vue et au sus de
tout le monde, sans doute un bon coup pour vendre encore plus
d'annonces publicitaires et d'informations commerciales à ceux
qui cherchent à en acheter.
L'autre aspect est que Facebook a utilisé cette
plateforme pour se présenter comme une force légitime
pour contrôler le discours politique à travers son
application et annoncer une augmentation substantielle de l'embauche de
personnes pour contrôler les activités de ses utilisateurs.
Colin Stretch, un vice-président et conseiller
juridique auprès de Facebook, a déclaré devant le
Comité judiciaire du Sénat : « Aujourd'hui, au
sein de nos équipes de gestion de la sécurité et
des produits et activités communautaires, nous comptons
environ 10 000 employés qui travaillent sur la
sécurité. Nous nous sommes
engagés à investir davantage et à doubler
[notre souligné] ce nombre d'ici la fin
de 2018. »
Ce chiffre supplémentaire de 10 000
comprend les 4 000 déjà prévus, a
indiqué l'entreprise qui ajoute que certains des nouveaux
employés seront des entrepreneurs. Quel genre d'entrepreneurs
n'est pas clair, bien qu'il ne fait aucun doute qu'ils pourraient
être d'anciens agents de l'État ou des agents toujours en
poste.
Cela constituerait une augmentation importante, car on
rapporte qu'au 30 juin, l'entreprise comptait au
total 20 658 employés. Il a indiqué que
Facebook compte des milliers de personnes qui se concentrent
spécifiquement sur ce qu'ils appellent « le contenu
terroriste » et 150 qui passent tout leur temps
à
supprimer « le contenu lié au terrorisme », a
déclaré Stretch.
Dans le même temps, il a été
annoncé le 1er novembre que les profits de Facebook au
troisième trimestre avaient bondi de 79 % en raison de
sa position dominante dans la publicité en ligne.
La défense des « valeurs
occidentales »
Photo de l'exercice militaire de la Coalition cybernétique 17 de
l'OTAN à Tartu en Estonie, qui s'est tenu du 27 novembre au 1er
décembre 2017
Dans les conclusions du rapport de l'OTAN, il est
dit : « Alors que l'Occident a peut-être
inventé les médias sociaux, leur genèse n'a jamais
sous-entendu que leurs réseaux ou leurs utilisateurs
adopteraient les valeurs occidentales. Contrecarrer ces nouvelles
menaces doit devenir une priorité au sein de l'ordre du jour de
la communauté
euro-atlantique. Le terrorisme et d'autres utilisations hostiles des
médias sociaux ont déjà entraîné la
perte de vies humaines et ont menacé d'affaiblir et de diviser
le monde occidental. »
Il dit aussi que lorsque les médias sociaux sont
utilisés pour propager des « histoires fausses et
perturbatrices », ils « ébranlent la confiance
que les citoyens ont dans leurs institutions et leurs
dirigeants ».
Selon le rapport, « les médias sociaux ont
eu un impact profond sur les institutions démocratiques et la
vie politique partout au monde » où « les
citoyens en général et les acteurs politiques en
particulier ont utilisé les sites de médias sociaux, tels
que Twitter et Facebook, pour défier l'establishment politique
et rassembler des appuis à
travers le spectre politique ». Aux États-Unis,
dit-on, « plus d'un tiers des nouveaux utilisateurs de
médias sociaux concentrent régulièrement leur
activité sous forme de commentaires sur les gouvernements et la
politique ». En ce qui concerne le Canada, le rapport note
que « la société civile s'est associée
à Google pour trouver des
moyens novateurs d'accroître le taux de
participation » aux élections fédérales
de 2015.
Pour dissimuler que les services de renseignement ont
complètement échoué dans leur travail quand il
s'agit de prédire un événement majeur qui a eu
lieu ces vingt dernières années, le rapport de l'OTAN
rejette le blâme sur le Brexit en Grande-Bretagne et la victoire
de Trump aux Etats-Unis comme une preuve que « l'activité
des utilisateurs
sur les sites de médias sociaux s'avère être en
mesure de prédire des campagnes ». Par exemple, le
rapport prétend qu'après le Brexit, une conclusion a
été que « les militants qui ont fait campagne ont
sous-estimé la popularité du slogan ' Leave ' (Quittons)
sur les médias sociaux et comment cela se traduirait par des
votes ».
Le rapport refuse totalement de reconnaître que
les manipulateurs des médias sociaux qui lancent des campagnes
de relations publiques contre leurs rivaux lors d'une élection
sont les partis politiques cartellisés qui engagent même
des entreprises étrangères pour manipuler les
résultats. Le rapport indique que les médias sociaux
peuvent
transformer n'importe quel individu en un « acteur de
l'information ». Le « succès relatif de
nombreux partis anti-establishment dans la zone euro-atlantique peut
être attribué à d'habiles stratégies sur les
médias sociaux. Souvent les récits politiques les plus
prolifiques proviennent de groupes et de chefs de partis
d'extrême-droite et
d'extrême-gauche ».
La conclusion tirée par l'OTAN est que «
les voix les plus bruyantes et les plus engagées en ligne
produisent de profonds changements politiques mais ces appels viennent
de plus en plus des extrémités des pôles du spectre
politique ».
Les médias sociaux comme outil de politique
étrangère
Le rapport accuse ensuite la Russie qui, selon ses
dires, a « transformé l'information en une arme de
duperie/distraction massive et en un prolongement de facto de son
armée et de sa diplomatie ». En même temps,
cela donne une excuse pour que l'OTAN ait également recours aux
médias sociaux à des fins militaires. Le rapport cite
John Chris Inglis, l'ancien directeur adjoint de la NSA (National
Security Agency) qui affirme que la Russie a 10 ans d'avance sur
les États-Unis « dans l'utilisation des médias
sociaux à des fin d'opérations d'information »
et qu'elle utilise cette supériorité pour « jouer
à un jeu de grande puissance sans avoir les ressources d'une
grande puissance ».
Les objectifs de la guerre d'information de la Russie,
selon le rapport, sont de « monopoliser l'espace d'information en
Russie afin de ' neutraliser ' les activités d'information
externes ciblant les Russes » et de « projeter les
intérêts de la Russie à
l'étranger ». Le rapport dit : « Moscou
exploite la nature pluraliste des
médias dans les sociétés occidentales et le fait
que les gouvernements occidentaux ont peu de contrôle sur les
médias dans leurs pays ».
Le rapport suggère que la stratégie du
président russe Vladimir Poutine est plus efficace que celle de
l'ex-Union soviétique parce que « la Russie de Poutine ne
projette pas une idéologie claire, sa machine de propagande n'a
pas à convaincre l'auditoire que le modèle russe est
supérieur ». Selon le rapport, l'objectif est
plutôt « de
démoraliser et de diviser les sociétés
occidentales et d'établir une équivalence morale entre la
Russie et l'Occident par la promotion de la notion de l'hypocrisie
occidentale. Par exemple, la réponse du Kremlin à un
vaste reportage occidental selon lequel les élections
parlementaires et présidentielles russes ont été
truquées était de suggérer que les
élections dans d'autres pays ne sont pas meilleures ».
Le rapport cite Matthew Sussex, un expert russe en
matière de politique étrangère et de
sécurité, qui a déclaré : « Les
Russes ont remarqué que partout en Occident, il y a une apathie
générale parmi les électeurs et une
méfiance envers la politique et le gouvernement. N'importe quoi
qui peut contribuer à accroître cette méfiance sert
les
intérêts russes. »
La couverture des événements en Ukraine
est citée comme un exemple de ce qui est appelé la
« campagne des médias sociaux conduite par la
Russie ». Rappelant l'histoire de celui qui voit la paille
dans l'oeil de l'autre mais pas la poutre dans le sien, le rapport
dit : « Depuis 2014, les cybercriminels de
l'information en
Russie ont inondé les médias sociaux de rapports
inventés ou d'images trafiquées d'atrocités
prétendument commises par les forces ukrainiennes [...] Mettant
à profit le fait que l'information sur les médias sociaux
est souvent véhiculée à travers des images, les
médias pro-Kremlin ont largement dépeint l'Ukraine et les
Ukrainiens dans des contextes
de symbolisme et de violence fascistes ». On voit ici un
effort puéril de détourner l'attention de la
nécessité d'analyser les dangers qui sont posés
par la politique américaine, canadienne et de l'OTAN de
ressusciter les néonazis en Ukraine et d'encercler la Russie,
afin de sauvegarder la cause de la paix mondiale. Ceux qui n'acceptent
pas les
définitions impérialistes américaines de la Guerre
froide de la paix par la force et l'usage de la force pour
régler les contradictions à l'échelle
internationale ainsi que les menaces et les intimidations comme formes
d'utilisation de la force ne sont pas dupes des puissances
étrangères. Affirmer le contraire en ayant recours aux
pouvoirs de police pour
criminaliser la conscience humaine et la parole est une tentative
désespérée et pathétique de
préserver un règne qui n'a pas le consentement des
gouvernés.
Les activités cybernétiques de l'OTAN
Le rapport de l'OTAN décrit les mesures prises
par l'OTAN pour « sensibiliser le public par le biais des
médias sociaux ». Le rapport indique que l'OTAN
compte plus de 1,2 million d'adeptes sur Facebook et plus
de 400 000 sur Twitter où elle promeut une vision
positive de l'OTAN, synonyme de défense du
monde occidental.
Désinformation
contre
la
Russie
du compte Twitter de la Délégation
commune du Canada à l'OTAN en 2014 pour justifier le
renforcement militaire de l'OTAN autour de la Russie
|
Au printemps 2017, l'OTAN a lancé «
Nous sommes l'OTAN » pour « expliquer la mission
fondamentale de l'OTAN de garantir la liberté et la
sécurité », en ciblant en particulier «
les jeunes générations des pays membres de l'OTAN et du
monde entier ».
L'OTAN a également créé en
Lettonie un site Web intitulé « Relations
OTAN-Russie : les faits » où un bataillon de
troupes d'autres pays de l'OTAN a été stationné en
permanence et est censé « dissuader
l'agression » de la Russie voisine. La Lettonie est un pays
qui cible
ses citoyens dont la première langue est le russe et qui a
adopté des lois pour assimiler ses libérateurs
soviétiques de l'occupation nazie durant la Seconde Guerre
mondiale à ceux qui se sont joints aux SS nazis.
Alors que l'OTAN s'est toujours livrée à
des opérations secrètes de désinformation et
à des missions d'opérations psychologiques telles que la
création de l'organisation dite extrémiste appelée
les Brigades rouges pour commettre des actes terroristes, elle le fait
maintenant ouvertement. Les exercices Trident Juncture 2015 sont
un
exemple d'information « déclarée » par
le biais des médias sociaux infiltrés par l'OTAN. Durant
ces exercices, les participants ont été formés
« sur la manière de produire rapidement de gros volumes de
contenu pro-OTAN à travers des comptes officiels sur les
médias sociaux pour contrer « le sentiment
anti-OTAN ». L'OTAN
prétend que suite à ces exercices, « le
ressentiment envers l'OTAN a diminué progressivement au fur et
à mesure que la messagerie des voix favorables à l'OTAN
(dans les langues locales) s'est accrue ».
Les briseurs de mythes au sein de l'UE
L'Union européenne a mis en place deux
institutions : East Stratcom Task Force et l'Unité de
référence Internet (URI) d'Europol pour « contrer
les nouvelles contrefaites en ligne et la propagande
hostile », rapportent les agences de presse. L'URI est
connue sous le nom de « briseurs de mythes » et est
composée d'une «
équipe de dix diplomates prêtés par leur pays,
chargés d'exposer quotidiennement la désinformation en
ligne de la Russie » et qui diffuse ses rapports par
courrier électronique et sur les réseaux sociaux. On dit
qu'elle a un réseau de « plus de 400 experts,
journalistes, officiels, ONG et groupes de réflexion dans plus
de 30
pays ». En novembre 2016, le Parlement européen
a adopté une résolution qui appelle à une
augmentation des capacités de l'équipe spéciale.
On rapporte que l'Allemagne, la France et la
République tchèque étaient
inquiétées par des « attaques contre leurs
systèmes politiques » à travers les
médias sociaux à la veille de leurs élections
nationales de 2017 et auraient adopté leurs propres mesures.
Huit organismes de presse français, dont
l'Agence France Presse (AFP), BFM TV, L'Express et Le
Monde se sont associés à Facebook et Google pour
lancer de nouveaux outils de vérification des faits visant
à extirper les fausses nouvelles. Tout bulletin de nouvelles
jugé faux par deux des partenaires du projet seront
respectivement affichés ainsi.
Aux États-Unis
Conférence de presse tenue en 2007 par l'Armée de l'air
des États-Unis où elle a annoncé
l'établissement d'un commandement cybernétique pour
préparer la « victoire dans le cyberespace »
En 2016, le « principal outil de
contre-propagande » des États-Unis, le Global
Engagement Centre du Département d'État,
créé en 2011, a été «
rebaptisé et renforcé ». Pendant ce temps, le
département de la Sécurité intérieure a
déclaré que le système électoral
américain est une « infrastructure critique »,
ce qui
facilite sa capacité à s'impliquer dans la «
protection des systèmes électoraux locaux et des
États ».
Au Royaume-Uni
Au Royaume-Uni, une unité spéciale de
référence au contre-terrorisme par Internet (CTIRU) a
été créée pour traiter des contenus qu'elle
estime contraires à la législation antiterroriste du
pays. Depuis sa création en 2010, l'unité a
déclaré avoir demandé aux fournisseurs de services
de communication de supprimer plus
de 260 000 articles de ce qu'elle appelle du contenu
lié au terrorisme. En 2015, l'armée britannique
aurait créé « la 77e brigade »
composée d'experts dans l'utilisation des médias sociaux
pour mener des « opérations d'information non
létales » et pour « contrer les messages
hostiles ».
Le Canada emboîte le pas
Le Réseau canadien de recherche sur le
terrorisme a été créé en 2010 sous les
auspices de Sécurité publique Canada pour étudier
et « contribuer au corpus mondial de connaissances sur
l'utilisation des médias sociaux par les terroristes et les
stratégies de contre-discours ».
La surveillance policière par les
mégagéants des médias sociaux
Une caractéristique fondamentale de l'appareil
policier qui est en train d'être érigé est
l'incorporation des mégagéants des médias sociaux
pour effectuer des services de surveillance policière. Le
rapport de l'OTAN dit : « Compte tenu des
caractéristiques du nouvel environnement mondial de
l'information, les actions médiatiques
traditionnelles et gouvernementales ne suffiront pas. Une action
responsable de la part des entreprises de médias sociaux qui
contrôlent ce média est essentielle au succès des
efforts occidentaux. »
Le rapport poursuit par un certain nombre de
recommandations : « La coopération avec l'industrie
des médias sociaux afin de supprimer les contenus
extrémistes, les discours haineux et les fausses nouvelles des
plateformes en ligne devrait se poursuivre et les principaux assauts
provenant des propagandistes parmi les plus influents dont
ceux de la Russie devraient être soumis à des sanctions
occidentales. Puisque la plupart des outils de médias sociaux
sont détenus par des sociétés privées et
multinationales, la coopération avec ces entreprises doit
être améliorée. Les mesures nationales visant
à supprimer le contenu illicite sont souvent inefficaces car,
dans la plupart des cas, le
contenu est hébergé au-delà des frontières
nationales. Il est donc important que le développement
volontaire et l'utilisation de logiciels contre le trollage et la
vérification succincte des faits ainsi que l'augmentation de la
surveillance des réseaux par l'industrie soient
encouragés. »
Paradoxalement, le fait que les entreprises de
médias sociaux « adoptent elles-mêmes des politiques
internes strictes » est perçu comme un moyen de
« se prémunir contre la réglementation
gouvernementale excessive du domaine cybernétique ».
En réponse, Google a maintenant modifié
ses algorithmes de recherche, par la censure et/ou la promotion de
certains types d'informations. Après la mise en place de ce
changement en avril 2017, le World Socialist Website a
indiqué que son apparition dans les résultats de
recherche de Google a chuté de manière significative,
comme
celle de Global Research que les chercheurs de l'OTAN déclarent
être la dupe des Russes.[1]
Le rapport de l'OTAN indique qu'en
décembre 2016, Facebook, Microsoft, Twitter et YouTube ont
annoncé la création d'une base de données
partagée de « condensés
numériques » - des « empreintes »
digitales uniques - pour des images de violence terroriste, des
vidéos de recrutement de terroristes et 'd'autres images'
qui seraient retirés de ces plateformes. Et en juin 2017,
les quatre mêmes sociétés ont annoncé la
création du « Forum mondial de l'Internet pour contrer le
terrorisme », une plateforme de partage d'informations
visant à rendre leurs services « inhospitaliers aux
extrémistes violents ».
En avril 2017, à l'approche de
l'élection présidentielle française, Facebook
avait pris des mesures contre ou avait retiré 30 000
« faux comptes » de son site en France. Twitter a
affirmé avoir supprimé 235 000 comptes pour la
promotion du terrorisme au cours des six premiers mois de 2016.
Récemment, de grandes entreprises de
médias sociaux ont lancé plusieurs nouvelles initiatives.
Le 4 décembre 2017, Google a annoncé l'embauche
de 10 000 personnes qui agiront comme des censeurs. Ces
censeurs ont déjà passé en revue plus de 2
millions de vidéos depuis juin, a ajouté Google. Facebook
a
annoncé qu'il embauchera 10 000 nouveaux
employés au printemps 2017 pour signaler et suivre les
contenus contrefaits. YouTube a supprimé plus
de 150 000 vidéos, dont 50 % ont
été supprimées dans les deux heures suivant le
téléchargement. La pdg de YouTube, Susan Wojcicki a dit
que sa société
travaille à accélérer encore le taux de
suppression. [2]
Dans une discussion pour déterminer si les
mégagéants des médias sociaux en font «
suffisamment », le rapport de l'OTAN fait état d'un
rapport de mai 2017 du Home Affairs Select Committee du Parlement
britannique, selon lequel les entreprises de médias sociaux se
tiennent « honteusement à l'écart » de
l'objectif de
s'attaquer au contenu illégal et dangereux. Ils ont à
plusieurs reprises « omis d'enlever du contenu illégal
lorsqu'on leur a demandé de le faire », a-t-il
déclaré. Le Comité a exhorté le
gouvernement britannique à envisager de demander aux entreprises
de médias sociaux de contribuer aux coûts de
l'unité policière antiterroriste de l'Internet et
d'imposer des amendes significatives aux entreprises qui n'ont pas
supprimé le contenu illégal dans un délai strict.
À cet égard, les législateurs
allemands ont adopté la Network Enforcement Act (connue sous le
nom de loi Facebook) pour infliger une amende aux entreprises de
médias sociaux et de la technologie de l'Internet jusqu'à
concurrence de 55 millions d'euros s'ils ne suppriment pas le
contenu malveillant dans les 24 heures. La
Grande-Bretagne et la France travailleraient également sur des
politiques visant à créer une nouvelle
responsabilité légale pour les entreprises technologiques
qui ne prennent pas de mesures contre les contenus inacceptables.
Le rapport de l'OTAN se termine par une liste d'autres
mesures à l'étude. Il inclut notamment l'étude des
« bonnes pratiques » telles que l'approche du
président français Emmanuel Macron, « dont
l'équipe technique qualifiée a déjoué les
tentatives du Kremlin de nuire à sa campagne
[électorale] » et la création ou la
désignation
d'unités gouvernementales spécifiques pour mener en
coopération avec les entreprises de médias sociaux un
suivi 24 heures sur 24 sur les « utilisations
préjudiciables des médias sociaux, démasquer les
nouvelles contrefaites et la propagande hostile, et les contrer par des
faits ».
Les monopoles qui sont censés contrôler leurs
propres réseaux de médias sociaux sont connus pour avoir
aidé l'Agence de sécurité nationale des
États-Unis à violer les droits en espionnant les gens,
les compagnies et les gouvernements dans le monde au moyen de leur
programme d'espionnage PRISM.
Note
1. Parmi les sites pour lesquel les résultats de
recherche sur Google baissent de façon importante après
les modifications des algorithmes il y a:
* alternet.org a chuté de 63 %
* globalresearch.ca a chuté de 62 %
* consortiumnews.com a chuté de 47 %
* mediamatters.org a chuté de 42 %
* commondreams.org a chuté de 37 %
* internationalviewpoint.org a chuté
de 36 %
* democracynow.org a chuté de 36 %
* wikileaks.org a chuté de 30 %
* truthout.org a chuté de 25 %
* counterpunch.org a chuté de 21 %
* theintercept.com a chuté de 19 %
2. Informations supplémentaires fournies dans un
rapport du 7 mars 2017 sur le World Socialist Website :
« YouTube a commencé à retirer la documentation
photographique et des vidéos sur les crimes de guerre en Syrie
en août, mettant fin à quelque 180 comptes et
supprimant d'innombrables vidéos
d'autres chaînes dont des séquences
téléchargées par Airwars, qui montrent des raids
aériens de la coalition qui ont tué des civils, selon
Hadi al-Khatib, le fondateur des Archives syriennes. YouTube a
déclaré plus tard qu'il travaillerait à '
rétablir rapidement ' toutes les vidéos et les
chaînes qui ont été ' supprimées à
tort '.
« En novembre, YouTube a enlevé plus
de 51 000 vidéos concernant Anwar al-Awlaki, l'imam
yéméno-américain qui a été
assassiné le 30 septembre 2011 par l'administration
Obama lors d'un raid de missiles. Awlaki n'a jamais été
accusé et encore moins reconnu coupable d'un crime. Le New
York Times ,
un des plus grands porte-paroles de l'élite dirigeante
américaine, a salué l'élimination massive des
vidéos comme un 'moment décisif '.
« Le système de suppression
automatisé de vidéos de YouTube, mis en place en
août, place certaines vidéos dans un ' état
limité ', ce qui empêche les utilisateurs d'accéder
aux vidéos sans avoir déjà l'adresse URL. Les
vidéos limitées n'apparaissent pas dans les
résultats de recherche, les listes de lecture ou même
l'historique de l'utilisateur.
Les vidéos ne peuvent plus être aimées ou
détestées, commentées (tous les commentaires
précédents sont masqués),
monétisées, intégrées à d'autres
sites Web ou facilement partagées sur les réseaux sociaux
via les boutons de partage YouTube. YouTube n'a pas
révélé quels critères il utilise pour
catégoriser une vidéo comme 'extrémiste' et la
retirer de sa liste.
« La société a également
commencé à utiliser la démonétisation
automatisée pour censurer financièrement les producteurs
de vidéos qui téléchargent des contenus
jugés 'inappropriés' pour la monétisation, y
compris 'les sujets controversés ou sensibles, la guerre, les
conflits politiques, les catastrophes naturelles et les
tragédies, même si
aucune image n'est affichée'. En août, les vidéos
intitulées 'Liberty Report' de Ron Paul ont été
démonétisées après qu'un 'examen manuel'
par YouTube l'ait jugé 'ne pas convenir aux annonceurs'.
Julian Assange a qualifié l'action de ' censure
économique ', notant que les vidéos
'inapproppriées' mettaient en vedette l'ex-représentant
au
Congrès qui critiquait la décision du président
Donald Trump d'envoyer plus de troupes américaines en
Afghanistan et qui critiquait le Comité sénatorial
américain du renseignement pour avoir qualifié Wikileaks
de service de renseignement étranger hostile.
« YouTube a ouvertement admis sur Twitter qu'il
censurait des vidéos basées sur le contenu, indiquant que
' si la vidéo ne convient pas non plus à un auditoire
plus large ... alors elle pourrait être moins visionnée '.
« Le système peut aussi à titre
préventif signaler les vidéos comme étant
impropres à la publicité avant même qu'elles ne
soient téléchargées. Si le système de
censure ne peut pas évaluer le contenu de la vidéo (parce
qu'il n'existe pas), il base sa décision sur la description de
la vidéo , les mots-clés, vignettes ou images concises.
« Les exigences pour interjeter appel contre la
démonétisation sont extrêmement exigeantes,
laissant la plupart des petits producteurs sans recours. Pour
déposer un appel, la chaîne doit soit avoir plus
de 10 000 abonnés, ou soit la vidéo en question
doit avoir obtenu au moins 1 000 visionnements dans le
passé. Les
producteurs ne sont pas non plus informés du moment ou du
contenu de leur vidéo que le système juge
inapproprié. Les petits et les grands producteurs se sont
plaints sur Twitter de baisses en termes de pourcentage de plus
de 10 % du nombre de nouveaux visionnements après la
démonétisation de leurs vidéos, ce qui rend encore
plus
difficile de satisfaire aux exigences d'appel.
« Google n'est pas seul à accroître
la censure automatique. La semaine dernière, Facebook a
annoncé son système nouvellement mis en place pour
numériser les messages des utilisateurs et contacter la police
et les autres premiers intervenants, officiellement pour
prévenir les suicides.
« Le mois dernier, Google a reconnu avoir '
rétrogradé ' le contenu de RT (Russia Today) et Sputnik
dans son moteur de recherche et son service de nouvelles, confirmant
les allégations du World Socialist Website selon lesquelles
l'entreprise s'est engagée dans une censure politique massive au
nom de combattre les ' nouvelles contrefaites
' », conclut l'auteur du rapport.
Lorsque l'influence étrangère devient un
nouveau crime national: l'exemple australien
Le gouvernement de la coalition
libérale-nationale en Australie a présenté
récemment une « politique globale de
réformes » pour contrer la « menace
d'ingérence étrangère secrète »
dans son système électoral et politique. Les trois
projets de loi, déposés le 7 décembre, sont
présentement en train d'être examinés en
comité
où plusieurs de ses clauses sont critiquées comme des
limitations à la liberté de parole, d'opinion et
d'association.
Le projet de loi appelé Loi sur la
transparence ayant trait à l'influence
étrangère, 2017 crée un registre
obligatoire pour les individus et les organisations « qui
mènent des activités au nom d'un commettant
étranger. Le second projet de loi appelé Loi
modifiant la Loi sur la sécurité nationale (espionnage et
ingérence
étrangère), 2017 modifie le code criminel pour y
inclure l' « ingérence
étrangère » comme un crime contre la
sécurité nationale. Le troisième projet de loi
appelé Loi modifiant la Loi électorale (réforme
du
financement
électoral
et
de
la
divulgation), 2017
interdit les contributions étrangères aux
partis
politiques et aux candidats, ce qui est une pratique courante et non
sujette à controverses dans plusieurs pays. Elle va plus loin
cependant en étendant les contrôles à d'autres
associations et organisations et prévoit notamment une exigence
de divulgation des donateurs et crée un nouveau registre pour
les « militants de campagne
politique ».
Ces projets de loi ont été
annoncés en conférence de presse le 5
décembre et déposés au parlement quelques jours
plus tard. En conférence de presse, le premier ministre Malcolm
Turnbull a dit que les lois abordent un « problème de
premier ordre » qui s'aggrave et il a ajouté que
« des puissances étrangères font des efforts sans
précédent et de plus en plus sophistiqués pour
influencer le processus politique au pays et à
l'étranger ». Il a dit que les changements aux lois
de sécurité nationale sont devenus nécessaires
parce que les agences de police « ne disposent pas des outils
législatifs nécessaires dont ils ont besoin pour
agir ».
À la Chambre des représentants, Turnbull
a dit que le directeur général de l'organisation du
Renseignement de sécurité australien « nous dit que
la menace à laquelle nous faisons face aujourd'hui est plus
grande qu'elle ne l'était lorsque les agents soviétiques
ont pénétré le gouvernement fédéral
pendant la Deuxième Guerre mondiale et les
premières années de la Guerre froide ». Il a
décrit les trois lois comme « des parties
entrelacées » qui constituent « la refonte la
plus complète de notre cadre législatif du
contre-espionnage depuis les années 1970 ».
À la Chambre des représentants, Turnbull
a parlé de rapports des médias qui « ont
suggéré que le Parti communiste chinois a tenté de
s'ingérer dans nos médias, nos universités et
même dans les décisions des représentants
élus ici même dans cet édifice ».
« Nous prenons ces rapports très au
sérieux », a dit Turnbull qui a nommé
la Russie, l'Iran et la Corée du nord comme d'autres coupables
connus.
Les « États autoritaires »,
a-t-il dit, « ont littéralement façonné
l'opinion publique afin d'usurper le discours politique et faire
basculer le domaine de la prise de décisions à leur
avantage. Et maintenant, ces méthodologies ont été
suralimentées par la cybernétique. »
Le représentant du ministre chinois des Affaires
étrangères, Geng Shuang, s'est dit renversé des
remarques de Turnbull en point de presse : « Nous sommes
abasourdis des remarques du dirigeant australien », a-t-il
dit, selon l'Associated Press. « Ces remarques ne font que
reprendre les rapports irresponsables de certains médias
australiens qui sont sans principe et remplis de préjugés
contre la Chine. Cela empoisonne l'atmosphère des relations
Chine-Australie et sape les fondations d'une confiance mutuelle et
d'une coopération bilatérale. Nous exprimons notre
profonde insatisfaction face à cela et avons
déposé une plainte sérieuse auprès de la
partie
australienne. »
Selon le premier ministre Malcolm Turnbull, les
réformes électorales, le régime d'enregistrement
des agents étrangers et la création du crime d' «
ingérence étrangère » expriment quatre
principes : « luminosité, exécution,
dissuasion et capacité ». Le registre va faire en
sorte que la présence de « luminosité »
va éclairer
les activités politiques et « permettre au public et aux
décideurs politiques d'examiner tout ordre du jour
sous-jacent ». Il a dit que cela va donner « au public
et aux décideurs australiens plus de visibilité alors que
des États et des individus étrangers chercheront
peut-être à influencer les processus politiques et les
débats publics de
l'Australie ».
Il est allé plus loin en disant que la
présence de « luminosité » agit comme un
simple « désinfectant » qui n'est pas suffisant
en soi. « Nous allons aussi introduire, pour la première
fois, des infractions pour des gestes d'ingérence
étrangère. Nous allons corriger une lacune
évidente en criminalisant les actions secrètes,
trompeuses et
menaçantes de personnes qui agissent au nom de ou en
collaboration avec des commettants étrangers et qui cherchent
à influencer les processus politiques en Australie ou à
porter préjudice à notre sécurité
nationale. Les actes d'ingérence étrangère sont
souvent entrelacés avec de l'espionnage. Nos lois sur
l'espionnage sont cependant si lourdes
qu'elles n'ont pas mené à une seule condamnation depuis
des décennies même lorsque la menace a atteint des niveaux
sans précédent. Nous allons donc introduire un ensemble
d'infractions soigneusement structurées pour espionnage et de
nouvelles clauses sur le secret, le sabotage et la
trahison ».
Au sujet du registre, Turnbull a dit qu' «
être enregistré, je tiens à le dire, ne doit pas
être considéré comme une faute et certainement pas
comme un crime. Mais, si vous ne divulguez pas vos liens, vous pourriez
être tenu responsable d'une infraction criminelle. »
À une question des journalistes lui demandant
qui devra s'enregistrer, Turnbull a répondu que tout individu
et/ou toute organisation qui « pense être visé par
la loi ferait bien de s'enregistrer ».
Le système d'enregistrement pour influence
étrangère
Si elle est adoptée, la Loi sur la
transparence ayant trait à l'influence
étrangère, 2017 va exiger des individus et des
organisations
« qui mènent des activités au nom d'un commettant
étranger » qu'ils s'enregistrent. Apparemment, le
fait de s'enregistrer empêcherait un individu ou une organisation
d'être accusé d' « influence
étrangère ».
Le projet de loi définit en détail qui
sont les « commettants étrangers », soit
n'importe quel gouvernement étranger, organisme gouvernemental
et non gouvernemental, tout individu provenant d'un pays
étranger. Ceux qui critiquent le projet de loi s'objectent
à sa grande étendue et font remarquer qu'il s'applique
à tout le monde et à
toute chose, depuis un chef d'État jusqu'à un parti
politique non élu et à un individu ordinaire hors de
l'Australie et même aux gens qui vivent en Australie et qui ne
sont pas citoyens.
Le projet de loi comprend une définition tout
aussi étendue de ce qui constitue une activité
menée par quelqu'un au nom d'un commettant étranger.
« Au nom de » pourra vouloir dire tout ce qui
suit : « en vertu d'un arrangement avec »,
« au service de », « sur l'ordre ou à la
requête de », « sous le contrôle ou
la direction de », « financé ou
supervisé par » ou « en collaboration
avec » un commettant étranger. Un «
arrangement » est défini comme « un contrat, un
accord, une entente ou un autre arrangement quel qu'il soit,
écrit ou non écrit ».
La définition d' « ingérence
étrangère » dans les affaires politiques et
électorales est tout aussi étendue. À quelques
exceptions près, elle s'applique à tout ce qui cherche
à « influencer, directement ou indirectement, tout aspect
(y compris le résultat) » d'une élection,
d'une décision gouvernementale, des procédures d'une
chambre
du Parlement ; d'un processus mené par un parti politique
enregistré ; d'un processus mené par un membre
indépendant du Parlement ; un candidat, indépendant
ou d'un parti politique. Elle s'applique aussi à toute tentative
d'affecter n'importe laquelle de ces choses « en
influençant le public, ou une partie du public, en rapport
avec ces processus et ces procédures ».
Le projet de loi exempte « les
intérêts
d'affaires et commerciaux » pourvu que l'Australien qui agit
en leur nom agisse en tant qu'employé ou « sous le
nom » d'une « entité d'affaires
étrangère ».
Modifications au Code criminel relativement à
l'ingérence étrangère
Le résumé de Loi modifiant
la loi électorale (réforme du financement
électoral et de la divulgation), 2017 mentionne que le
projet de loi « introduit de nouvelles infractions relatives
à l'ingérence étrangère dans les processus
politiques, gouvernementaux ou démocratiques de
l'Australie ».
Le crime d'ingérence étrangère est
lié directement à la définition que donne le code
criminel de la sécurité nationale, qui comprend
explicitement six activités : « (a) espionnage ;
(b) sabotage ; (c) terrorisme ; (d) violence politique ;
(e) activités ayant pour but et susceptibles de faire
obstruction, de nuire ou de
s'ingérer dans le travail des forces de défense du pays
qui agissent dans l'exercice de leurs fonctions ou qui mènent
d'autres activités pour la défense et la
sécurité du pays ; (f) ingérence
étrangère.
La définition de sécurité
nationale comprend les concepts largement acceptés en
matière de sécurité nationale, comme la
défense de l'intégrité du territoire et des
frontières du pays, de même que du territoire ou de
l'intégrité de tout autre pays où l'Australie a la
« responsabilité » d'assurer ces choses. La
définition s'applique aussi aux «
relations politiques, militaires ou économiques de l'Australie
avec un autre ou d'autres pays ».
Il y a deux catégories d'ingérence
étrangère, l' « intentionnelle » et l'
« irresponsable », et la législation
proposée fait des distinctions dans l'ingérence contre
différentes cibles.
L' « ingérence en
général » est une infraction si
« (a) la personne s'engage dans la conduite de
l'activité et
(b) l'une ou l'autre des circonstances suivantes
existe :
(i) l'activité est menée au nom de , ou
en collaboration avec, un commettant étranger ou une personne
agissant au nom d'un commettant étranger ;
(ii) l'activité est dirigée,
financée ou supervisée par un commettant étranger
ou une personne agissant au nom d'un commettant étranger ;
(c) la personne néglige de manière
irresponsable de considérer si sa conduite va
(i) influencer un processus politique ou gouvernemental
du Commonwealth ou d'un État ou territoire ; ou
(ii) influencer l'exercice (en Australie ou ailleurs)
d'un droit ou d'un devoir démocratique ou politique
australien ; ou
(iii) appuyer les activités de renseignement
d'un commettant étranger : ou
(iv) porter préjudice à la
sécurité nationale de l'Australie ; et si
(d) une quelconque partie de la conduite :
(i) est secrète ou trompeuse ; ou
(ii) comprend une menace de la part de la personne
visant à causer un tort sérieux à la personne
à qui la menace est faite ou à toute autre
personne ; ou
(iii) comprend une demande accompagnée de
menaces de la part de la personne.
Peine : 15 ans de prison.
Réformes électorales
La Loi modifiant la loi électorale
( financement électoral et réforme de la
divulgation), 2017 étend l'application du régime
de financement électoral à un vaste éventail
d'organisations que le gouvernement décrit comme « des
acteurs politiques qui sont apparus dans le paysage politique
australien, qui n'appuient
pas des candidats et ne cherchent pas à former le gouvernement
mais cherchent quand même à influencer le résultat
des élections par leurs activités de
campagne ». Alors que la loi requiert déjà des
organisations et des associations qui dépensent de l'argent
pendant une élection qu'elles soumettent des rapports à
la commission électorale de
l'Australie, les modifications créent une nouvelle
catégorie de « militants de campagne
politique ». Elle requiert que toute organisation qui
dépense 100 000 $ ou plus en «
dépenses politiques » en une année, ou dans
l'une ou l'autre des trois années précédentes,
s'enregistre en tant que « militant de campagne
politique » et divulgue toute contribution de plus
de 250 $. Une « dépense politique »
est définie comme l'expression de toute opinion sur un enjeu qui
est ou est susceptible d'être soumis aux électeurs pendant
une élection (qu'une élection ait été
déclenchée ou non) ».
La Société Saint-Vincent de Paul est une
des nombreuses organisations qui s'oppose au projet de loi. Elle
écrit dans le mémoire qu'elle a soumis au
gouvernement : « Chaque fois qu'un organisme de bienfaisance
va faire un commentaire sur un enjeu comme l'itinérance, le
faible niveau des allocations et des pensions, les bas salaires, les
réfugiés et les demandeurs d'asile, les coûts de
l'électricité et toutes sortes d'autres sujets, les
coûts associés à l'expression de ces commentaires
vont être considérés comme une dépense
politique. »
Les avocats australiens des droits de la personne
L'association des avocats australiens des
droits de la personne (ALHR) sont parmi les nombreux individus et
organisations qui s'opposent au projet de loi. Dans un mémoire
à la Commission conjointe du renseignement et de la
sécurité, l'association écrit : «
L'inquiétude première de l'ALHR est que [les trois
projets de loi mis ensemble]
violent les droits humains universels fondamentaux de liberté de
parole et de liberté d'expression des Australiens et qu'ils
restreignent sérieusement le droit constitutionnel implicite
à la libre communication politique. »
Selon l'association, la législation «
n'est pas une réponse proportionnée nécessaire ou
raisonnable aux torts perçus causés par
l'ingérence étrangère dans les processus
politiques et gouvernementaux australiens et elle est écrite de
manière si large qu'elle va avoir un impact majeur sur le
discours politique ordinaire même là où
l'association entre
la personne qui parle et une personne ou une entité
étrangère est minime ».
L'ALHR écrit : « Si nous ne sommes
pas opposés à ce que l'on requière des
députés récemment élus et des personnes qui
ont récemment accédé à des postes
supérieurs au Commonwealth qu'ils enregistrent leurs
activités faites au nom d'intérêts
étrangers, l'ALHR est d'avis que les exclusions prévues
pour ces personnes demandent à
être clarifiées et que le projet de loi a une
étendue beaucoup trop poussée en ce qui a trait à
la plupart de ses autres aspects.
« Le projet de loi prévoit un faible
degré de réglementation pour les intérêts
d'affaires alors qu'il impose une très vaste
réglementation et des peines strictes de responsabilité
aux intérêts qui ne sont pas des intérêts
d'affaires. Le degré de réglementation qui est
envisagé est entièrement non nécessaire et
inapproprié dans un monde interconnecté
aujourd'hui à l'échelle planétaire. »
« En plus, le projet de loi sape le rôle
clé que jouent les organismes de bienfaisance et les autres
organisations non gouvernementales dans le soutien à la
démocratie en Australie. Le projet de loi restreint la
capacité de tout intervenant qui prend la parole et
possède des connections étrangères minimes de
faire du lobbying auprès du
gouvernement et même des partis politiques. Les exceptions
accordées aux entreprises sont une preuve tacite du
caractère répressif des projets de loi. »
Un diplomate australien de 30 ans de
carrière
s'oppose à ces projets de loi
Tony Kevin, un diplomate australien à
la retraite, s'est opposé fermement à ces projets de loi.
Il a servi de 1939 à 1968 comme officier de la marine
et officier du renseignement en tant de guerre. De 1968
à 1998 il a été analyste en politique
étrangère et ambassadeur australien en Pologne et au
Cambodge. Il
écrit sur les affaires internationales.
Dans son mémoire sur les projets de loi, il
s'est opposé au retour d'un climat de guerre froide. Parlant de
lui-même il a dit ceci : « Il existe un vaste
potentiel pour l'amélioration des relations avec la Russie, un
pays qui mérite d'être admiré pour ses
contributions à un ordre mondial multipolaire reposant sur des
règles. Je veux continuer,
en tant que citoyen australien loyal, à travailler à la
détente entre la Russie et l'ouest. Je ne me considère
pas comme un agent étranger de la Russie et je serais
très mécontent de devoir m'enregistrer comme un agent
étranger. »
On lit dans son mémoire :
« Dans son état actuel... je crois que la
législation est une attaque contre les libertés
d'expression et d'association dont jouissent présentement les
Australiens. Je condamne cette ébauche de législation
sous l'angle des libertés civiles. »
Il a résumé son opposition de la
façon suivante :
« Je n'ai pas de commentaire à faire sur
les aspects relatifs à l'espionnage de cette ébauche de
législation. Mais je tiens à critiquer :
1. L'idée philosophique directrice de
l'ébauche de législation, qui établit un amalgame
entre le crime d'espionnage qui a été traditionnellement
bien défini et le nouveau crime présumé d' «
ingérence étrangère néfaste »
dans les décisions politiques du gouvernement australien.
2. Les restrictions que cette législation impose
aux libertés actuelles d'expression et d'association des
Australiens avec des personnes ou des organisations
étrangères.
3. L'iniquité qui existe à obliger les
citoyens australiens qui veulent s'exprimer en public sur des sujets
politiques controversés et entretenir des contacts avec des
personnes ou des organisations étrangères qui peuvent
partager ces opinions, à s'enregistrer en tant qu' «
agents étrangers » comme mesure de précaution
contre des
accusations qui pourraient être levées contre eux comme
criminels en vertu de ces lois.
Je tiens à critiquer le caractère
arbitraire et sans limites de la législation, qui, dans son
état actuel, accorde une vaste discrétion à deux
politiciens et ministres de la Couronne - le ministre de
l'Intérieur (le nouveau ministère de type
sécurité de l'intérieur qui a été
établi le 20 décembre 2017) et le procureur
général, pour déterminer
quels Australiens et quelles actions devraient faire l'objet de
poursuites en tant que délinquants criminels ou infractions
criminelles en vertu de cette législation si elle est
adoptée. »
« Dans l'ensemble, je considère cette
législation comme étant offensante et dangereuse. Elle
menace ma liberté de former et d'exprimer des opinions
politiques sur les affaires mondiales, et de visiter ou de m'associer
à des individus ou des organisations publiques de pays
spécifiques avec lesquels l'Australie entretient des relations
diplomatiques normales. Je ne possède pas de secrets officiels,
étant retiré du service public australien depuis 20
ans. Toute mon information et ma perception politique proviennent de
l'information qui est disponible sans frais pour tous les Australiens
dans l'arène publique. Pourquoi est-ce que je n'accepterais pas
des invitations à participer à
de prestigieuses tournées de conférences en Russie ou en
Chine, même toutes dépenses payées, d'y prendre la
parole et d'écrire à leur sujet par après ?
Pourquoi est-ce que je n'écrirais pas des livres ou des articles
sur les relations de l'Australie avec la Russie ou la Chine ?
Pourquoi est-ce que je n'accepterais pas de droits d'auteur
d'organisations publiques ou commerciales de ces
pays ? »
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Marxiste-Léniniste
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Courriel: redaction@cpcml.ca
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