Numéro 5 - 10 février 2018
Supplément
Concentration de la richesse sociale
à l'échelle du monde
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Concentration
de
la
richesse
sociale
à
l'échelle
du monde
• Le Forum économique de Davos : un
forum de désinformation
• Le rapport sur les inégalités
mondiales: un rapport de désinformation
À titre
d'information
• Rapport sur les inégalités
mondiales 2018
Concentration de la richesse sociale
à l'échelle du monde
Le Forum économique de Davos:
un forum de désinformation
Manifestation contre le Forum économique mondial de Davos
à Zurich, en Suisse,
le 23 janvier 2018
Le Forum économique de Davos est l'endroit
privilégié où les super riches et leur suite
discutent de la concentration mondiale de la richesse dans les mains
d'un nombre toujours plus petit de personnes et conçoivent des
plans pour perpétuer cet état de fait et conjurer les
dangers posés à leur domination.
Chaque année, un nombre croissant de locuteurs
de toutes sortes se réunissent pour proposer toutes sortes de
programmes qui, selon eux, amélioreront le sort de
l'humanité tout en préservant le système qui
enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Cette année ne
faisait pas exception. Outre les discours des chefs d'État et de
gouvernement et
des experts en matière d'économie, de changement
climatique et d'autres sujets, « des dizaines de groupes de
discussion et d'événements ont été
organisés sur la relation homme-femme, la diversité et
l'inclusion et deux spécifiquement sur le harcèlement
sexuel », déclarent les organisateurs. « Sur la
promenade principale, à l'extérieur de la
salle de conférence, vous trouverez le Salon de
l'égalité du groupe de défense des femmes, le
Quotient féminin. Sur les vitrines sont peints des slogans comme
'L'égalité des sexes est un problème social et
économique' et 'La diversité est bonne pour les
affaires'. » Il est également question d'une «
exposition interactive intitulée 'Les femmes
au travail : mythe et réalité'
présentée par la société de biens de
consommation Procter & Gamble. »
Une des caractéristiques de la couverture
médiatique du Forum de Davos est de nous inciter à
décrier les propos des uns et des autres qu'on appelle
dirigeants du monde. Et les chefs d'État et de gouvernement et
les conférenciers invités ne déçoivent pas.
Ils ont lancé tant de diversions qu'on en perd le nord.
Le Forum de Davos et la couverture médiatique
à son sujet ont montré qu'un des objectifs des faiseurs
de nouvelles et de leur suite, et du pouvoir politique qu'ils
représentent, est de priver les peuples d'une conception du
monde qui est leur. Les peuples du monde ont besoin de leur propre
point de vue sur le monde pour analyser et définir
leurs propres intérêts dans les conditions actuelles et
changeantes, plutôt que de décrier les descriptions de ces
conditions par d'autres qui n'ont pas les mêmes
préoccupations qu'eux. La promotion omniprésente de la
perspective des dirigeants du monde révèle tout
simplement que les peuples n'ont pas le pouvoir politique dont ils ont
besoin pour
influer sur le changement.
La façon de concevoir le monde, ou la
perspective, de ceux qui organisent le Forum de Davos ou qui y
participent a à voir avec les intérêts
privés et le pouvoir politique qu'ils représentent et se
résume à une affaire de coordination et d'arrangements.[1] Priver les peuples de leur propre
façon de voir le
monde, dans le sens de la perspective, de la vision du monde ou du
point de vue, n'est pas simplement une question de détourner
l'attention et de lancer de fausses nouvelles pour les maintenir
divisés et subjugués. Aujourd'hui, ceux qui ont
usurpé le pouvoir par la force fonctionnent comme des cartels et
des coalitions qui s'entendent et se
disputent l'hégémonie. La principale préoccupation
de ces cartels et de ces dirigeants est de coordonner toutes les forces
disparates qui sont en collusion et en conflit, en utilisant la force,
y compris des formes telles que l'intimidation, les menaces et les
prises de contrôle. Le but est de contrôler ces forces
disparates de manière à en sortir vainqueur.
Ce qu'ils ne peuvent pas contrôler, ils cherchent à le
détruire.
Marx a fait remarquer que, du point de vue des
capitalistes, la relation qui fait que les riches deviennent plus
riches à un pôle tandis que les pauvres s'appauvrissent
à l'autre apparaît comme une appropriation ; du point
de vue de la classe ouvrière elle apparaît comme une
expropriation. Mais, souligne-t-il, ce ne sont que des
phénomènes
historiques. Le vrai problème, ce sont les énormes forces
de production humaines que personne ne peut contrôler. Il les a
appelées monstrueuses et les a comparées à des
vampires. Il qualifie spécifiquement d'illusion les appels de la
bourgeoisie à recourir à la force pour sauver son
économie de l'effondrement. Ceux qui ont usurpé le
pouvoir par la
force nourrissent la croyance, basée sur la «
théorie de la force », que la force violente est
décisive dans la détermination de la situation
économique, l'illusion qu'avec la force il est possible de
renverser l'effondrement de l'économie.[2]
Ces dirigeants croient réellement qu'ils peuvent remodeler
l'économie en recourant à la force pour amener ceux
qu'ils cherchent à contrôler à appuyer ce qu'ils
appellent de bonnes politiques. Le problème n'est pas que les
capitalistes ne devraient pas utiliser la force ou la violence, mais
plutôt l'illusion qu'ils croient que c'est la seule façon
de contrôler la situation.
Ce que révèlent en réalité
les conditions, c'est que les processus politiques existants qui
dominent dans les pays capitalistes et dans les pays
impérialistes ne permettent plus de résoudre la
contradiction dans les relations entre les élus et les
électeurs. Le rôle des processus politiques maintenant en
place est de détruire la source du pouvoir
politique, soit le corps politique. On nous propose de choisir entre
des options toutes aussi farfelues les unes que les autres, ce qui nous
laisse sans but, une situation avec laquelle personne ne peut vraiment
se réconcilier.[3]
Il reste que les relations sociales ne sont pas des
choses, ce sont des relations. Lorsque nous parlons du
général, cela renvoie à ce qui est commun à
tous. Le problème posé est de résoudre les
conflits dans les relations entre l'individu et le collectif et de les
harmoniser, de les mettre en équivalence. Puis la relation des
parties à l'ensemble est
aussi un problème à résoudre ; le
particulier, ou la partie, le corps politique, doit être
harmonisé avec le tout, avec l'intérêt
général de la société dans son ensemble. Il
y a souvent confusion dans le rapport entre la partie et l'ensemble et
entre l'individu et la collectivité.
Ce que le Forum économique de Davos a
révélé une fois de plus, c'est que les dirigeants
du monde peuvent être très destructeurs, mais ils ne
peuvent pas contrôler les forces productives humaines massives
par la force ou la violence, en changeant de politique ou en trouvant
de nouvelles façons de payer les riches. Leur incapacité
à gérer
l'ensemble des relations sociales entre humains et humains et entre
humains et la nature et ce qu'elles révèlent - la
nécessité pour le peuple d'acquérir le pouvoir
politique pour prendre les décisions qui ont un impact sur lui -
signifie qu'il est temps pour ces forces désuètes de
quitter la scène de l'histoire.
Notes
1. Une recherche Google du mot anglais pour conception
du monde, « outlook », affiche un logiciel dit «
de gestion des informations personnelles ». Il coordonne vos
courriels, contacts, événements et rendez-vous et les
nouvelles que vous devez lire ; il gère vos tâches
quotidiennes et offre
différentes couleurs pour établir une sorte
d'échelle de priorités. Il met à votre disposition
tout ce qu'il juge important pour vous permettre de prioriser et de
faire les bons choix. Il a même la possibilité de vous
dire quelles sont les choses qui vous importent sur la base des choix
antérieurs que vous avez faits, comme d'envoyer une
réponse préformulée à des courriels
contenant certains mots clés sans
avoir à tous les lire.
2. Selon cette théorie de la force, l'État
est le produit de forces physiques supérieures ; il
provient de la subjugation du plus faible par le plus fort.
3. La nouvelle crise générale qui frappe
l'humanité est évoquée de diverses
manières : la crise climatique ; famine de masse et
pauvreté à l'échelle mondiale ; grandes
migrations ; l'apocalypse imminente, etc. Ce qui est omis, c'est
la source commune de cette crise générale - les
énormes
forces productives humaines qui sont créées, mais qui
restent enchaînées par les relations sociales existantes,
qui déchirent la société tout entière, la
divisent en deux.
Le rapport sur les inégalités mondiales:
un rapport de désinformation
Avant le Forum économique de Davos, en janvier,
un groupe d'une centaine d'économistes et de techniciens,
principalement français et américains, a publié le
Rapport sur les inégalités
mondiales 2018 détaillant la concentration de la
richesse sociale que produisent les travailleurs dans les mains d'une
toute petite classe de
riches et de privilégiés. À l'aide de
données exhaustives, le rapport compare la situation
de 2016 à diverses périodes remontant à la
Première Guerre mondiale. Le rapport sur les
inégalités accorde une attention particulière aux
changements survenus depuis la montée du
néolibéralisme dans les années 1980.
Fondés sur des théories et
des pratiques antisociales, ces changements se sont
accélérés avec l'effondrement de l'ex-Union
soviétique. Des combines pour payer les riches se sont
accompagnées d'une offensive antisociale qui nie l'existence de
la société comme telle et la prive par conséquent
d'un but, qui considère les nations autrefois souveraines comme
de simples «
économies », lesquelles sont dominées par des
intérêts privés supranationaux, et préside
à la mise en place de processus politiques qui détruisent
la source du pouvoir politique, soit le corps politique.
Le néolibéralisme ne peut pas expliquer
l'incongruité entre l'affirmation que la richesse sociale
additionnelle entre les mains de quelques-uns servira à
l'expansion économique et finira par toucher les travailleurs et
la réalité qui montre que les riches sont devenus riches
à craquer alors que le nombre de ceux qui languissent dans la
pauvreté a
augmenté et
que les pauvres sont devenus plus pauvres. Les économies des
pays capitalistes et des pays impérialistes basculent de crise
en crise, les attaques organisées par l'État contre la
classe ouvrière se multiplient et des guerres prédatrices
sont menées contre des pays plus faibles, pendant que de plus
grandes guerres interimpérialistes se préparent. Les
oligopoles fonctionnent comme des cartels et des coalitions qui luttent
pour le contrôle. Cela se voit dans les affrontements ouverts,
l'intimidation et les menaces d'agression, y compris avec des armes
nucléaires. Ces cartels et coalitions se disputent le
contrôle sur une base supranationale. Ils politisent les
intérêts privés des individus ayant une
grande richesse sociale accumulée, privant le corps politique du
rôle important qu'il avait autrefois, durant les périodes
historiques antérieures.
Les auteurs du rapport sur les inégalités
ne prétendent pas donner une analyse de classe sociale de
l'économie socialisée. Le rapport pourrait être
décrit plutôt comme une sociologie ahistorique et sans
classes qui laisse entendre néanmoins que le problème
dans le monde est celui de l'appropriation par les riches et la
dépossession des pauvres.
Ceux qui revendiquent la richesse sociale que les travailleurs
produisent ne sont pas classés selon qu'ils vendent leur
capacité de travail ou achètent la capacité de
travail de la classe ouvrière. On nous propose plutôt une
division basée sur le pourcentage des réclamations des
différents revendicateurs de la richesse sociale, qu'ils soient
travailleurs ou
impérialistes. Les individus sont principalement divisés
en trois groupes : le 1 % de la population mondiale qui
possède ou gagne le plus de richesse sociale, le 10 %
supérieur et le 50 % qui en gagne ou en possède
le moins. Cela met fin à la discussion sur comment chacun
réclame la richesse sociale
qu'il possède et comment la valeur est créée. La
richesse sociale est un fait donné pour acquis et l'on sait quel
pourcentage de la population en contrôle ou possède quel
pourcentage. L'origine de la richesse sociale et quels droits
permettent à chacun d'en posséder ou d'en réclamer
un certain pourcentage, tout cela demeure un mystère dans le
rapport sur les inégalités. Le même mystère
entoure la division de la richesse sociale en propriété
privée et propriété publique et la chute de la
propriété publique ou d'État depuis les
années 1980.
Plus important encore, le rapport sur les
inégalités ne reconnaît pas les relations sociales
entre les humains et entre les humains et la nature et ce qui est
révélé par ces relations. Notre
fidélité n'est pas au percentile, aux 99 %,
mais à l'ensemble des relations humaines. Nous traitons
constamment des rapports qui réduisent les êtres
humains et les relations entre les humains et entre les humains et la
nature à des choses basées sur des pourcentages,
le 1 %, le 99 %, le pourcentage du revenu, du
contrôle de la richesse, la comparaison de ces pourcentages et
ainsi de suite. Il n'y a pas de mouvement historique selon cette
approche. La réalité du rapport de
l'être humain à l'être humain et de l'être
humain à la nature révèle au contraire la
nécessité que la classe ouvrière se constitue en
la nation et investisse le peuple du pouvoir politique afin qu'il
puisse contrôler les produits de sa propre création. La
description du monde en pourcentages nous donne une construction
artificielle qui mène à conclure
que nous devrions être fidèles à une cause ou un
groupe d'intérêt particulier et non aux conditions
réelles et à ce qu'elles révèlent. Les
conditions ne révèlent pas des pourcentages et comment la
vie pourrait être améliorée si seulement
le 1 %, qui contrôle une vaste quantité de la
richesse produite par les travailleurs, décrivait les
dommages qu'il fait plus précisément ou si seulement il
faisait preuve de plus d'équité dans la distribution de
sa richesse. Cette présentation du phénomène de la
concentration globale de la richesse est basée sur une fausse
croyance idéologique imposée à la
réalité. Elle bloque l'enquête qui permettra de
trouver des solutions aux problèmes qui
ouvrent la voie au progrès de la société.
À
titre d'information
Rapport sur les inégalités
mondiales 2018
Aujourd'hui 1 % de la
population mondiale possède 82 % de toute
la
richesse de la planète.
Le Rapport sur les inégalités
mondiales 2018 produit par le Laboratoire sur les
inégalités mondiales conclut ce que tout le monde
sait : que les riches s'enrichissent alors que les pauvres
s'appauvrissent. Il examine le rapport entre riches et pauvres non pas
sur la base de l'existence de classes sociales et de comment les gens
gagnent leur vie,
mais suivant une échelle de pourcentage des plus riches par
rapport aux plus pauvres. Les données montrent que le
phénomène de l'enrichissement des riches se produit
partout sur la planète, à quelques exceptions
près, surtout depuis l'effondrement de l'Union soviétique
en 1989
et l'abandon du premier projet d'édification nationale durable
de la classe ouvrière moderne, celui inauguré
en 1917 par la Grande Révolution socialiste d'Octobre sous
la direction de Lénine et de Staline à la tête du
Parti bolchevique. Selon le rapport sur les
inégalités :
« Après un déclin historique dans la plupart
des régions du monde des années 1920 aux
années 1970, les inégalités des revenus sont
en hausse dans presque tous les pays. [...]
« Dans les pays industrialisés, les
pays anglo-saxons ont connu une forte augmentation des
inégalités depuis les années 1980. Aux
États-Unis, la part des 50 % les plus pauvres s'est
effondrée alors que la part des plus riches a explosé.
Les pays d'Europe
continentale ont mieux réussi à contenir les
inégalités croissantes, grâce à un contexte
politique et institutionnel plus favorable aux groupes à revenu
faible et intermédiaire.
« En Chine, en Inde et en Russie, d'anciens
pays communistes ou dirigistes, l'accroissement des
inégalités a été particulièrement
abrupt par les politiques différentes mises en oeuvre par ces
pays en matière de déréglementation et
d'ouverture. L'accroissement des
inégalités a été le plus marqué en
Russie où la transition vers une économie de
marché a été particulièrement abrupte.
« Les inégalités sont
extrêmes au Brésil, au Moyen-Orient et en Afrique du Sud,
les régions les plus inégales du monde. Dans ces trois
grands marchés émergents, les inégalités
atteignent actuellement des niveaux
extrêmes : 55 %
à 65 % de la part du revenu national va à
seulement 10 % des plus gros revenus. »
Le rapport sur les inégalités fait ce
commentaire inusité à propos de la Russie suite à
la Révolution socialiste de 1917 :
« L'abolition de la propriété privée en
Russie, la redistribution des terres, les investissements massifs dans
l'éducation
publique et le contrôle gouvernemental strict de
l'économie par le biais de plans quinquennaux
répartissent efficacement les avantages de la croissance du
début des années 1920 aux années 1970.
Le bloc soviétique, les 'politiques de choc' en Russie, et les
politiques de
déréglementation et d'ouverture en Inde à partir
des années 1980 ont contribué à de fortes
augmentations des parts de revenu du percentile supérieur.
En 1996, la part du 1 % des individus les plus riches
est passée en Russie
à 26 %. »
Le rapport sur les inégalités indique que
dans les pays qui viennent de commencer sérieusement la
transition de la petite production vers la production industrielle de
masse après des siècles de souffrances sous le
colonialisme et la traite des esclaves, ce qu'ils appellent les
« économies
émergentes », la division entre riches et pauvres
procède de manière similaire à ce qui se passe
dans les centres de l'impérialisme.
Le rapport tente de révéler la
répartition inégale de la richesse sociale mondiale entre
ce qu'il appelle les pays « en
développement » ou « pauvres »
et les pays « riches », mais n'explique pas
pourquoi cela se produit ni les
causes profondes qui ont comme origine la société de
classe et l'impérialisme. Le rapport explique que les
inégalités entre les pays riches et les pays pauvres
semblent provenir de monopoles mondiaux qui possèdent des moyens
de production dans les pays en développement et qui soutirent la
nouvelle valeur produite par les travailleurs.
Selon le rapport sur les inégalités,
« au niveau mondial, le produit intérieur net est
égal au revenu intérieur net : par
définition, la valeur marchande de la production mondiale est
égale au revenu global. Toutefois, au niveau national, les
revenus
générés par la vente de biens et services dans un
pays donné ne sont pas nécessairement restés dans
ce pays. Une telle situation existe lorsque les usines sont
détenues
par des étrangers, par exemple. Si l'on tient compte des revenus
de sources étrangères, cela tend à accroître
les
inégalités entre les pays plutôt qu'à les
réduire. Les pays riches possèdent
généralement plus d'actifs dans d'autres parties du monde
que les pays pauvres. »
La demande qu'un tribut soit versé par les pays
les plus faibles aux centres de l'impérialisme est fondamentale
pour l'époque actuelle. Sans le tribut versé aux
États-Unis, à l'Allemagne, à la France, au
Royaume-Uni et au Japon, ceux-ci ne pourraient pas maintenir leur
domination militaire
sur les pays les plus faibles ou créer une couche qui se laisse
accommoder au sein de leur propre classe ouvrière et
intelligentsia, et qui désinforme le corps politique. L'objectif
est de faire obstacle à ce que la classe ouvrière
édifie ses propres institutions, fasse entendre sa voix pour
défendre les
droits de tous et se prépare à un changement
révolutionnaire avec de nouveaux rapports de production et de
politique où les producteurs actuels, la classe ouvrière,
exercent un contrôle sur l'économie socialisée.
Le rapport sur les
inégalités ne contient aucune analyse de la
quantité colossale de richesses sociales acheminées vers
l'armement et la guerre, en particulier dans les principaux pays
impérialistes. La richesse sociale consommée par les
forces armées privées et étatiques dans
les guerres et les préparatifs de guerre ainsi que dans les
pouvoirs de police pour préserver le système
impérialiste d'États et les privilèges de classe a
atteint des proportions prodigieuses et créé un puissant
secteur militarisé de l'économie, avec une énorme
influence politique. L'impérialisme américain a
consacré cette année un budget fédéral
de 700 milliards $ aux forces armées et un autre
« budget de guerre » actif de 60
milliards $. Qui plus est, les États et les
municipalités
des
États-Unis consacrent des dizaines de milliards de plus à
leurs forces policières.
Également absents du rapport sont les facteurs
qui ont contribué au lancement de l'offensive antisociale, le
manque d'investissements dans les programmes sociaux et la
privatisation des services publics avec l'introduction répandue
de frais d'utilisation.
L'offensive antisociale comprend un transfert du
contrôle de la richesse nationale des institutions publiques de
l'État vers un contrôle direct par les
intérêts privés les plus puissants. Cette tendance
est évidente dans les données du rapport sur les
inégalités qui montrent la
concentration de la richesse sociale en tant que richesse privée
et la concentration de cette richesse privée entre les mains
d'un nombre toujours plus restreint d'individus. Au début des
années 1980, une tendance est apparue à la
privatisation de la richesse sociale détenue par l'État
en tant
qu'avoirs publics ou par l'accroissement important de la dette
publique, ce qui signifie en pratique la privatisation de cette
richesse publique.
Il est intéressant de noter que le rapport sur
les inégalités utilise le terme
« capital » pour désigner toutes les
formes de richesse sociale, même quand il n'est pas
utilisé pour acheter ou employer la classe ouvrière pour
produire une nouvelle valeur. C'est une
aberration puisque la réalité scientifique indique que le
capital est une relation, pas une chose. C'est une relation de classe
sociale ou un
rapport dialectique entre ceux qui possèdent et contrôlent
la richesse sociale et la classe ouvrière. Dans le rapport sur
les inégalités, le terme capital est utilisé pour
suggérer que la richesse sociale peut se répandre sans
que la classe ouvrière soit engagée dans le travail.
Cette fausse logique exalte en fait le mythe que la spéculation
financière crée en quelque sorte de la valeur. Cela
masque le parasitisme et la décadence de l'impérialisme
qui
est moribond. Son incapacité à surmonter sa propre crise
le conduit à des occupations, des guerres et des combines
corrompues organisées par l'État pour payer les riches.
Les impérialistes se sont livrés à des manoeuvres
illicites à la bourse et à des stratagèmes de
type Ponzi pour voler la valeur déjà produite aux peuples
et même aux autres impérialistes.[1]
Le besoin de bâtir le Nouveau
Si on ne commence pas par les relations entre les
humains et les humains, entre les humains et la nature et ce qu'elles
révèlent, la voie vers l'avant demeure obscurcie. Les
travailleurs sont réduits à une catégorie
appelée 99 %. La seule voie qui leur est offerte est
de plaider avec
le 1 % pour qu'il change sa façon de faire et que,
pour le bien de l'humanité, il mette fin à cette descente
en spirale et adopte des politiques progressistes qui
rétabliront l'équilibre dans la société.
La classe ouvrière n'a pas besoin de plus de
rapports décrivant le monde et ses inégalités
évidentes. Ceux qui jouissent de privilèges de classe et
qui piétinent les droits des travailleurs et des nations
souveraines adorent décrire les crises. Les rapports
détaillés, avec
photos et tout, sont monnaie courante dans ce qu'on appelle les
bulletins de nouvelles, de gens qui se noient, qui se suicident et qui
vivent la violence. Ceux qui sont en position de pouvoir, au
gouvernement et dans les médias monopolisés, disent que
ces crises, et non le pouvoir des impérialistes, menacent
l'existence
humaine. Plus ils se prêtent à ce jeu, plus ils deviennent
désespérés parce qu'ils ne peuvent pas en
réalité contrôler les forces productives humaines
massives qui sont devenues une force de la nature même.
La caractéristique principale des conditions
actuelles de l'égalité que cache le rapport sur les
inégalités est qu'aujourd'hui les cartels et les
coalitions opèrent tout ; ils s'affrontent en même
temps qu'ils s'entendent et rivalisent pour dominer et imposer leur
contrôle sur tout. Ces
cartels et coalitions d'intérêts privés exercent un
énorme pouvoir et un privilège de classe sur les affaires
économiques, politiques, sociales et culturelles du monde, y
compris les questions cruciales de guerre et de paix et comment la
société utilise la valeur produite par les travailleurs.
Mais l'impression que les relations peuvent être
établies par l'usage de la force est une illusion. La
stabilité est assurée par la lutte vigoureuse
menée par les travailleurs pour réclamer davantage la
valeur qu'ils produisent et pour le renouveau démocratique du
processus politique pour investir
le peuple du pouvoir de décider. Il faut des mesures pratiques
contre la concentration de la richesse sociale dans moins de mains, et
cela va créer les formes compatibles avec la nouvelle base
historique. Ces formes requièrent l'unité de tous dans la
lutte pour leurs
droits et les droits de tous et paver la voie au progrès de la
société sur une base moderne.
Extraits et graphiques du rapport sur les
inégalités
Figure E8 : Part de patrimoine
des 1 % les plus
aisés dans le monde, 1913-2015 : déclin et
rebond des inégalités de patrimoine entre les
ménages.
Figure 2.1.1a: Le rapport déclare que
« la
part de revenu des 10 % les plus aisés dans le
monde, 1980–2016 : les inégalités augmentent
presque partout, mais à des rythmes différents.
En 2016, les 10 % des revenus les plus
élevés ont perçu 47 % du revenu national
aux États-Unis/Canada, contre 34 % en 1980.
Graphique E3 tiré de la synthèse du
rapport : Part de revenu des 1 % du haut et
des 50 % du bas de la répartition aux
États-Unis.
Figure 2.1.1e : Part de revenu
des 50 % du bas de la
répartition à l'échelle mondiale
Tableau 2.2.1
Le tableau 2.1.1 montre que le revenu
extérieur net en Amérique du Nord s'élève
à 0,9 % de son PIB (ce qui correspond
à 610 (670 $) de plus que l'adulte moyen
nord-américain du reste du monde. Le revenu extérieur net
de l'Union
européenne est légèrement négatif lorsqu'il
est mesuré à la valeur de la parité de pouvoir
d'achat (PPA) (tableau 2.2.1) et très
légèrement positif lorsqu'il est mesuré aux taux
de change du marché (tableau 2.2.2). Ce chiffre cache en
effet de
fortes disparités au sein de l'Union européenne : la
France et l'Allemagne affichent un revenu extérieur net
fortement positif (2 à 3 % de leur PIB), tandis que
l'Irlande et le Royaume-Uni affichent des revenus étrangers nets
négatifs (ceci est en grande partie dû aux services
financiers et aux compagnies étrangères établies
là). D'autre part, l'Amérique latine verse chaque
année 2,4 % de son PIB au reste du monde. Ce qui est
intéressant est la Chine qui a un revenu extérieur net
négatif. Elle paie près de 0,7 % de son
PIB à des pays étrangers, ce qui reflète le fait
que le rendement qu'elle reçoit sur son portefeuille
étranger est inférieur au rendement reçu par les
investissements étrangers en Chine.
Tableau 2.2.2
Figure 2.3.5 extraite du rapport: Part de
revenu national des 1 % les
plus riches en Russie, Chine et Inde, de 1900–2015
Figure 3.1.3: «
La
montée du capital privé et la chute du capital
public dans les pays riches, de 1970 à 2016 »
Selon le rapport, « il ressort rapidement de
la figure 3.1.3 que la récente tendance à la hausse
du ratio richesse/revenu national résulte exclusivement de
l'accumulation de richesse privée : au Royaume-Uni et aux
États-Unis, la richesse nationale est entièrement
constituée de richesses privées, car la richesse publique
nette est devenue négative (c'est-à-dire que les avoirs
publics sont maintenant inférieurs à la dette publique).
La France, le Japon et l'Allemagne ont également connu une
baisse significative de la richesse publique, qui vaut maintenant
environ 10 à 20 % du revenu national selon les
estimations officielles. La domination de la richesse privée sur
la richesse nationale représente un changement marqué par
rapport à la situation qui régnait dans les
années 1970, alors que la richesse publique nette
était généralement comprise entre 50
et 100 % du revenu national dans la plupart des pays
développés (et plus de 100 % en Allemagne)
Aujourd'hui, avec une richesse publique nette faible ou
négative, les gouvernements des pays développés
sont sans
doute limités dans leur capacité à intervenir dans
l'économie, redistribuer les revenus et atténuer les
inégalités croissantes. »
Figure 3.1.5: « le
déclin du capital public
de 1970 à 2016. La part de la richesse publique par
rapport à la richesse nationale dans les pays riches,
de 1978 à 2015. »
« La domination de la richesse privée
sur la richesse publique à l'intérieur des pays est
encore accentuée par leur part relative dans la richesse
nationale : comme le montre la figure 3.1.5, tous les pays
observés (à l'exception de la Norvège) ont vu une
baisse de la
valeur de la propriété publique par rapport à la
propriété privée. À la fin des
années 1970, la part de la richesse publique nette parmi la
richesse nationale nette était positive et substantielle dans
tous les pays développés : elle
atteignait 25 % dans des pays comme l'Allemagne et la
Grande-Bretagne et 15 % au Japon. En 2016, la part de la
richesse publique est devenue négative en Grande-Bretagne et aux
États-Unis et n'est que marginalement positive au Japon, en
Allemagne et en France, tandis qu'en Chine, la part de la
richesse publique atteignait 70 % en 1978, et semble
s'être stabilisée autour de 30 %
depuis 2008, un niveau un peu plus important (mais qui peut
être comparable) qu'à celui observé dans les pays
occidentaux pendant la période d'économie mixte des
années 1950 à 1970. »
Figure 3.3.3 : « La part de
la
richesse publique par rapport à la richesse nationale dans les
anciens pays communistes et les pays riches, de 1980
à 2015 : le déclin de la
propriété publique. »
Note
1. Pour un résumé en français du Rapport
sur
les
inégalités
mondiales, cliquer ici.
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
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