Le Marxiste-Léniniste

Numéro 5 - 10 février 2018

Supplément

Concentration de la richesse sociale
à l'échelle du monde

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Concentration de la richesse sociale à l'échelle du monde
Le Forum économique de Davos : un forum de désinformation
Le rapport sur les inégalités mondiales: un rapport de désinformation

À titre d'information
Rapport sur les inégalités mondiales 2018



Concentration de la richesse sociale à l'échelle du monde

Le Forum économique de Davos:
un forum de désinformation


Manifestation contre le Forum économique mondial de Davos à Zurich, en Suisse,
le 23 janvier 2018

Le Forum économique de Davos est l'endroit privilégié où les super riches et leur suite discutent de la concentration mondiale de la richesse dans les mains d'un nombre toujours plus petit de personnes et conçoivent des plans pour perpétuer cet état de fait et conjurer les dangers posés à leur domination.

Chaque année, un nombre croissant de locuteurs de toutes sortes se réunissent pour proposer toutes sortes de programmes qui, selon eux, amélioreront le sort de l'humanité tout en préservant le système qui enrichit les riches et appauvrit les pauvres. Cette année ne faisait pas exception. Outre les discours des chefs d'État et de gouvernement et des experts en matière d'économie, de changement climatique et d'autres sujets, « des dizaines de groupes de discussion et d'événements ont été organisés sur la relation homme-femme, la diversité et l'inclusion et deux spécifiquement sur le harcèlement sexuel », déclarent les organisateurs. « Sur la promenade principale, à l'extérieur de la salle de conférence, vous trouverez le Salon de l'égalité du groupe de défense des femmes, le Quotient féminin. Sur les vitrines sont peints des slogans comme 'L'égalité des sexes est un problème social et économique' et 'La diversité est bonne pour les affaires'. » Il est également question d'une « exposition interactive intitulée 'Les femmes au travail : mythe et réalité' présentée par la société de biens de consommation Procter & Gamble. »

Une des caractéristiques de la couverture médiatique du Forum de Davos est de nous inciter à décrier les propos des uns et des autres qu'on appelle dirigeants du monde. Et les chefs d'État et de gouvernement et les conférenciers invités ne déçoivent pas. Ils ont lancé tant de diversions qu'on en perd le nord.

Le Forum de Davos et la couverture médiatique à son sujet ont montré qu'un des objectifs des faiseurs de nouvelles et de leur suite, et du pouvoir politique qu'ils représentent, est de priver les peuples d'une conception du monde qui est leur. Les peuples du monde ont besoin de leur propre point de vue sur le monde pour analyser et définir leurs propres intérêts dans les conditions actuelles et changeantes, plutôt que de décrier les descriptions de ces conditions par d'autres qui n'ont pas les mêmes préoccupations qu'eux. La promotion omniprésente de la perspective des dirigeants du monde révèle tout simplement que les peuples n'ont pas le pouvoir politique dont ils ont besoin pour influer sur le changement.

La façon de concevoir le monde, ou la perspective, de ceux qui organisent le Forum de Davos ou qui y participent a à voir avec les intérêts privés et le pouvoir politique qu'ils représentent et se résume à une affaire de coordination et d'arrangements.[1] Priver les peuples de leur propre façon de voir le monde, dans le sens de la perspective, de la vision du monde ou du point de vue, n'est pas simplement une question de détourner l'attention et de lancer de fausses nouvelles pour les maintenir divisés et subjugués. Aujourd'hui, ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force fonctionnent comme des cartels et des coalitions qui s'entendent et se disputent l'hégémonie. La principale préoccupation de ces cartels et de ces dirigeants est de coordonner toutes les forces disparates qui sont en collusion et en conflit, en utilisant la force, y compris des formes telles que l'intimidation, les menaces et les prises de contrôle. Le but est de contrôler ces forces disparates de manière à en sortir vainqueur. Ce qu'ils ne peuvent pas contrôler, ils cherchent à le détruire.

Marx a fait remarquer que, du point de vue des capitalistes, la relation qui fait que les riches deviennent plus riches à un pôle tandis que les pauvres s'appauvrissent à l'autre apparaît comme une appropriation ; du point de vue de la classe ouvrière elle apparaît comme une expropriation. Mais, souligne-t-il, ce ne sont que des phénomènes historiques. Le vrai problème, ce sont les énormes forces de production humaines que personne ne peut contrôler. Il les a appelées monstrueuses et les a comparées à des vampires. Il qualifie spécifiquement d'illusion les appels de la bourgeoisie à recourir à la force pour sauver son économie de l'effondrement. Ceux qui ont usurpé le pouvoir par la force nourrissent la croyance, basée sur la « théorie de la force », que la force violente est décisive dans la détermination de la situation économique, l'illusion qu'avec la force il est possible de renverser l'effondrement de l'économie.[2] Ces dirigeants croient réellement qu'ils peuvent remodeler l'économie en recourant à la force pour amener ceux qu'ils cherchent à contrôler à appuyer ce qu'ils appellent de bonnes politiques. Le problème n'est pas que les capitalistes ne devraient pas utiliser la force ou la violence, mais plutôt l'illusion qu'ils croient que c'est la seule façon de contrôler la situation.

Ce que révèlent en réalité les conditions, c'est que les processus politiques existants qui dominent dans les pays capitalistes et dans les pays impérialistes ne permettent plus de résoudre la contradiction dans les relations entre les élus et les électeurs. Le rôle des processus politiques maintenant en place est de détruire la source du pouvoir politique, soit le corps politique. On nous propose de choisir entre des options toutes aussi farfelues les unes que les autres, ce qui nous laisse sans but, une situation avec laquelle personne ne peut vraiment se réconcilier.[3]

Il reste que les relations sociales ne sont pas des choses, ce sont des relations. Lorsque nous parlons du général, cela renvoie à ce qui est commun à tous. Le problème posé est de résoudre les conflits dans les relations entre l'individu et le collectif et de les harmoniser, de les mettre en équivalence. Puis la relation des parties à l'ensemble est aussi un problème à résoudre ; le particulier, ou la partie, le corps politique, doit être harmonisé avec le tout, avec l'intérêt général de la société dans son ensemble. Il y a souvent confusion dans le rapport entre la partie et l'ensemble et entre l'individu et la collectivité.

Ce que le Forum économique de Davos a révélé une fois de plus, c'est que les dirigeants du monde peuvent être très destructeurs, mais ils ne peuvent pas contrôler les forces productives humaines massives par la force ou la violence, en changeant de politique ou en trouvant de nouvelles façons de payer les riches. Leur incapacité à gérer l'ensemble des relations sociales entre humains et humains et entre humains et la nature et ce qu'elles révèlent - la nécessité pour le peuple d'acquérir le pouvoir politique pour prendre les décisions qui ont un impact sur lui - signifie qu'il est temps pour ces forces désuètes de quitter la scène de l'histoire.

Notes

1. Une recherche Google du mot anglais pour conception du monde, « outlook », affiche un logiciel dit « de gestion des informations personnelles ». Il coordonne vos courriels, contacts, événements et rendez-vous et les nouvelles que vous devez lire ; il gère vos tâches quotidiennes et offre différentes couleurs pour établir une sorte d'échelle de priorités. Il met à votre disposition tout ce qu'il juge important pour vous permettre de prioriser et de faire les bons choix. Il a même la possibilité de vous dire quelles sont les choses qui vous importent sur la base des choix antérieurs que vous avez faits, comme d'envoyer une réponse préformulée à des courriels contenant certains mots clés sans avoir à tous les lire.

2. Selon cette théorie de la force, l'État est le produit de forces physiques supérieures ; il provient de la subjugation du plus faible par le plus fort.

3. La nouvelle crise générale qui frappe l'humanité est évoquée de diverses manières : la crise climatique ; famine de masse et pauvreté à l'échelle mondiale ; grandes migrations ; l'apocalypse imminente, etc. Ce qui est omis, c'est la source commune de cette crise générale - les énormes forces productives humaines qui sont créées, mais qui restent enchaînées par les relations sociales existantes, qui déchirent la société tout entière, la divisent en deux.

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Le rapport sur les inégalités mondiales:
un rapport de désinformation

Avant le Forum économique de Davos, en janvier, un groupe d'une centaine d'économistes et de techniciens, principalement français et américains, a publié le Rapport sur les inégalités mondiales 2018 détaillant la concentration de la richesse sociale que produisent les travailleurs dans les mains d'une toute petite classe de riches et de privilégiés. À l'aide de données exhaustives, le rapport compare la situation de 2016 à diverses périodes remontant à la Première Guerre mondiale. Le rapport sur les inégalités accorde une attention particulière aux changements survenus depuis la montée du néolibéralisme dans les années 1980. Fondés sur des théories et des pratiques antisociales, ces changements se sont accélérés avec l'effondrement de l'ex-Union soviétique. Des combines pour payer les riches se sont accompagnées d'une offensive antisociale qui nie l'existence de la société comme telle et la prive par conséquent d'un but, qui considère les nations autrefois souveraines comme de simples « économies », lesquelles sont dominées par des intérêts privés supranationaux, et préside à la mise en place de processus politiques qui détruisent la source du pouvoir politique, soit le corps politique.

Le néolibéralisme ne peut pas expliquer l'incongruité entre l'affirmation que la richesse sociale additionnelle entre les mains de quelques-uns servira à l'expansion économique et finira par toucher les travailleurs et la réalité qui montre que les riches sont devenus riches à craquer alors que le nombre de ceux qui languissent dans la pauvreté a augmenté et que les pauvres sont devenus plus pauvres. Les économies des pays capitalistes et des pays impérialistes basculent de crise en crise, les attaques organisées par l'État contre la classe ouvrière se multiplient et des guerres prédatrices sont menées contre des pays plus faibles, pendant que de plus grandes guerres interimpérialistes se préparent. Les oligopoles fonctionnent comme des cartels et des coalitions qui luttent pour le contrôle. Cela se voit dans les affrontements ouverts, l'intimidation et les menaces d'agression, y compris avec des armes nucléaires. Ces cartels et coalitions se disputent le contrôle sur une base supranationale. Ils politisent les intérêts privés des individus ayant une grande richesse sociale accumulée, privant le corps politique du rôle important qu'il avait autrefois, durant les périodes historiques antérieures.

Les auteurs du rapport sur les inégalités ne prétendent pas donner une analyse de classe sociale de l'économie socialisée. Le rapport pourrait être décrit plutôt comme une sociologie ahistorique et sans classes qui laisse entendre néanmoins que le problème dans le monde est celui de l'appropriation par les riches et la dépossession des pauvres. Ceux qui revendiquent la richesse sociale que les travailleurs produisent ne sont pas classés selon qu'ils vendent leur capacité de travail ou achètent la capacité de travail de la classe ouvrière. On nous propose plutôt une division basée sur le pourcentage des réclamations des différents revendicateurs de la richesse sociale, qu'ils soient travailleurs ou impérialistes. Les individus sont principalement divisés en trois groupes : le 1 % de la population mondiale qui possède ou gagne le plus de richesse sociale, le 10 % supérieur et le 50 % qui en gagne ou en possède le moins. Cela met fin à la discussion sur comment chacun réclame la richesse sociale qu'il possède et comment la valeur est créée. La richesse sociale est un fait donné pour acquis et l'on sait quel pourcentage de la population en contrôle ou possède quel pourcentage. L'origine de la richesse sociale et quels droits permettent à chacun d'en posséder ou d'en réclamer un certain pourcentage, tout cela demeure un mystère dans le rapport sur les inégalités. Le même mystère entoure la division de la richesse sociale en propriété privée et propriété publique et la chute de la propriété publique ou d'État depuis les années 1980.

Plus important encore, le rapport sur les inégalités ne reconnaît pas les relations sociales entre les humains et entre les humains et la nature et ce qui est révélé par ces relations. Notre fidélité n'est pas au percentile, aux 99 %, mais à l'ensemble des relations humaines. Nous traitons constamment des rapports qui réduisent les êtres humains et les relations entre les humains et entre les humains et la nature à des choses basées sur des pourcentages, le 1 %, le 99 %, le pourcentage du revenu, du contrôle de la richesse, la comparaison de ces pourcentages et ainsi de suite. Il n'y a pas de mouvement historique selon cette approche. La réalité du rapport de l'être humain à l'être humain et de l'être humain à la nature révèle au contraire la nécessité que la classe ouvrière se constitue en la nation et investisse le peuple du pouvoir politique afin qu'il puisse contrôler les produits de sa propre création. La description du monde en pourcentages nous donne une construction artificielle qui mène à conclure que nous devrions être fidèles à une cause ou un groupe d'intérêt particulier et non aux conditions réelles et à ce qu'elles révèlent. Les conditions ne révèlent pas des pourcentages et comment la vie pourrait être améliorée si seulement le 1 %, qui contrôle une vaste quantité de la richesse produite par les travailleurs, décrivait les dommages qu'il fait plus précisément ou si seulement il faisait preuve de plus d'équité dans la distribution de sa richesse. Cette présentation du phénomène de la concentration globale de la richesse est basée sur une fausse croyance idéologique imposée à la réalité. Elle bloque l'enquête qui permettra de trouver des solutions aux problèmes qui ouvrent la voie au progrès de la société.

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À titre d'information

Rapport sur les inégalités mondiales 2018

Aujourd'hui 1 % de la population mondiale possède 82 % de toute
la richesse de la planète.

Le Rapport sur les inégalités mondiales 2018 produit par le Laboratoire sur les inégalités mondiales conclut ce que tout le monde sait : que les riches s'enrichissent alors que les pauvres s'appauvrissent. Il examine le rapport entre riches et pauvres non pas sur la base de l'existence de classes sociales et de comment les gens gagnent leur vie, mais suivant une échelle de pourcentage des plus riches par rapport aux plus pauvres. Les données montrent que le phénomène de l'enrichissement des riches se produit partout sur la planète, à quelques exceptions près, surtout depuis l'effondrement de l'Union soviétique en 1989 et l'abandon du premier projet d'édification nationale durable de la classe ouvrière moderne, celui inauguré en 1917 par la Grande Révolution socialiste d'Octobre sous la direction de Lénine et de Staline à la tête du Parti bolchevique. Selon le rapport sur les inégalités : « Après un déclin historique dans la plupart des régions du monde des années 1920 aux années 1970, les inégalités des revenus sont en hausse dans presque tous les pays. [...]

« Dans les pays industrialisés, les pays anglo-saxons ont connu une forte augmentation des inégalités depuis les années 1980. Aux États-Unis, la part des 50 % les plus pauvres s'est effondrée alors que la part des plus riches a explosé. Les pays d'Europe continentale ont mieux réussi à contenir les inégalités croissantes, grâce à un contexte politique et institutionnel plus favorable aux groupes à revenu faible et intermédiaire.

« En Chine, en Inde et en Russie, d'anciens pays communistes ou dirigistes, l'accroissement des inégalités a été particulièrement abrupt par les politiques différentes mises en oeuvre par ces pays en matière de déréglementation et d'ouverture. L'accroissement des inégalités a été le plus marqué en Russie où la transition vers une économie de marché a été particulièrement abrupte.

« Les inégalités sont extrêmes au Brésil, au Moyen-Orient et en Afrique du Sud, les régions les plus inégales du monde. Dans ces trois grands marchés émergents, les inégalités atteignent actuellement des niveaux extrêmes : 55 % à 65 % de la part du revenu national va à seulement 10 % des plus gros revenus. »

Le rapport sur les inégalités fait ce commentaire inusité à propos de la Russie suite à la Révolution socialiste de 1917 : « L'abolition de la propriété privée en Russie, la redistribution des terres, les investissements massifs dans l'éducation publique et le contrôle gouvernemental strict de l'économie par le biais de plans quinquennaux répartissent efficacement les avantages de la croissance du début des années 1920 aux années 1970. Le bloc soviétique, les 'politiques de choc' en Russie, et les politiques de déréglementation et d'ouverture en Inde à partir des années 1980 ont contribué à de fortes augmentations des parts de revenu du percentile supérieur. En 1996, la part du 1 % des individus les plus riches est passée en Russie à 26 %. »

Le rapport sur les inégalités indique que dans les pays qui viennent de commencer sérieusement la transition de la petite production vers la production industrielle de masse après des siècles de souffrances sous le colonialisme et la traite des esclaves, ce qu'ils appellent les « économies émergentes », la division entre riches et pauvres procède de manière similaire à ce qui se passe dans les centres de l'impérialisme.

Le rapport tente de révéler la répartition inégale de la richesse sociale mondiale entre ce qu'il appelle les pays « en développement » ou « pauvres » et les pays « riches », mais n'explique pas pourquoi cela se produit ni les causes profondes qui ont comme origine la société de classe et l'impérialisme. Le rapport explique que les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres semblent provenir de monopoles mondiaux qui possèdent des moyens de production dans les pays en développement et qui soutirent la nouvelle valeur produite par les travailleurs.

Selon le rapport sur les inégalités, « au niveau mondial, le produit intérieur net est égal au revenu intérieur net : par définition, la valeur marchande de la production mondiale est égale au revenu global. Toutefois, au niveau national, les revenus générés par la vente de biens et services dans un pays donné ne sont pas nécessairement restés dans ce pays. Une telle situation existe lorsque les usines sont détenues par des étrangers, par exemple. Si l'on tient compte des revenus de sources étrangères, cela tend à accroître les inégalités entre les pays plutôt qu'à les réduire. Les pays riches possèdent généralement plus d'actifs dans d'autres parties du monde que les pays pauvres. »

La demande qu'un tribut soit versé par les pays les plus faibles aux centres de l'impérialisme est fondamentale pour l'époque actuelle. Sans le tribut versé aux États-Unis, à l'Allemagne, à la France, au Royaume-Uni et au Japon, ceux-ci ne pourraient pas maintenir leur domination militaire sur les pays les plus faibles ou créer une couche qui se laisse accommoder au sein de leur propre classe ouvrière et intelligentsia, et qui désinforme le corps politique. L'objectif est de faire obstacle à ce que la classe ouvrière édifie ses propres institutions, fasse entendre sa voix pour défendre les droits de tous et se prépare à un changement révolutionnaire avec de nouveaux rapports de production et de politique où les producteurs actuels, la classe ouvrière, exercent un contrôle sur l'économie socialisée.

Le rapport sur les inégalités ne contient aucune analyse de la quantité colossale de richesses sociales acheminées vers l'armement et la guerre, en particulier dans les principaux pays impérialistes. La richesse sociale consommée par les forces armées privées et étatiques dans les guerres et les préparatifs de guerre ainsi que dans les pouvoirs de police pour préserver le système impérialiste d'États et les privilèges de classe a atteint des proportions prodigieuses et créé un puissant secteur militarisé de l'économie, avec une énorme influence politique. L'impérialisme américain a consacré cette année un budget fédéral de 700 milliards $ aux forces armées et un autre « budget de guerre » actif de 60 milliards $. Qui plus est, les États et les municipalités des États-Unis consacrent des dizaines de milliards de plus à leurs forces policières.

Également absents du rapport sont les facteurs qui ont contribué au lancement de l'offensive antisociale, le manque d'investissements dans les programmes sociaux et la privatisation des services publics avec l'introduction répandue de frais d'utilisation.

L'offensive antisociale comprend un transfert du contrôle de la richesse nationale des institutions publiques de l'État vers un contrôle direct par les intérêts privés les plus puissants. Cette tendance est évidente dans les données du rapport sur les inégalités qui montrent la concentration de la richesse sociale en tant que richesse privée et la concentration de cette richesse privée entre les mains d'un nombre toujours plus restreint d'individus. Au début des années 1980, une tendance est apparue à la privatisation de la richesse sociale détenue par l'État en tant qu'avoirs publics ou par l'accroissement important de la dette publique, ce qui signifie en pratique la privatisation de cette richesse publique.

Il est intéressant de noter que le rapport sur les inégalités utilise le terme « capital » pour désigner toutes les formes de richesse sociale, même quand il n'est pas utilisé pour acheter ou employer la classe ouvrière pour produire une nouvelle valeur. C'est une aberration puisque la réalité scientifique indique que le capital est une relation, pas une chose. C'est une relation de classe sociale ou un rapport dialectique entre ceux qui possèdent et contrôlent la richesse sociale et la classe ouvrière. Dans le rapport sur les inégalités, le terme capital est utilisé pour suggérer que la richesse sociale peut se répandre sans que la classe ouvrière soit engagée dans le travail. Cette fausse logique exalte en fait le mythe que la spéculation financière crée en quelque sorte de la valeur. Cela masque le parasitisme et la décadence de l'impérialisme qui est moribond. Son incapacité à surmonter sa propre crise le conduit à des occupations, des guerres et des combines corrompues organisées par l'État pour payer les riches. Les impérialistes se sont livrés à des manoeuvres illicites à la bourse et à des stratagèmes de type Ponzi pour voler la valeur déjà produite aux peuples et même aux autres impérialistes.[1]

Le besoin de bâtir le Nouveau

Si on ne commence pas par les relations entre les humains et les humains, entre les humains et la nature et ce qu'elles révèlent, la voie vers l'avant demeure obscurcie. Les travailleurs sont réduits à une catégorie appelée 99 %. La seule voie qui leur est offerte est de plaider avec le 1 % pour qu'il change sa façon de faire et que, pour le bien de l'humanité, il mette fin à cette descente en spirale et adopte des politiques progressistes qui rétabliront l'équilibre dans la société.

La classe ouvrière n'a pas besoin de plus de rapports décrivant le monde et ses inégalités évidentes. Ceux qui jouissent de privilèges de classe et qui piétinent les droits des travailleurs et des nations souveraines adorent décrire les crises. Les rapports détaillés, avec photos et tout, sont monnaie courante dans ce qu'on appelle les bulletins de nouvelles, de gens qui se noient, qui se suicident et qui vivent la violence. Ceux qui sont en position de pouvoir, au gouvernement et dans les médias monopolisés, disent que ces crises, et non le pouvoir des impérialistes, menacent l'existence humaine. Plus ils se prêtent à ce jeu, plus ils deviennent désespérés parce qu'ils ne peuvent pas en réalité contrôler les forces productives humaines massives qui sont devenues une force de la nature même.

La caractéristique principale des conditions actuelles de l'égalité que cache le rapport sur les inégalités est qu'aujourd'hui les cartels et les coalitions opèrent tout ; ils s'affrontent en même temps qu'ils s'entendent et rivalisent pour dominer et imposer leur contrôle sur tout. Ces cartels et coalitions d'intérêts privés exercent un énorme pouvoir et un privilège de classe sur les affaires économiques, politiques, sociales et culturelles du monde, y compris les questions cruciales de guerre et de paix et comment la société utilise la valeur produite par les travailleurs.

Mais l'impression que les relations peuvent être établies par l'usage de la force est une illusion. La stabilité est assurée par la lutte vigoureuse menée par les travailleurs pour réclamer davantage la valeur qu'ils produisent et pour le renouveau démocratique du processus politique pour investir le peuple du pouvoir de décider. Il faut des mesures pratiques contre la concentration de la richesse sociale dans moins de mains, et cela va créer les formes compatibles avec la nouvelle base historique. Ces formes requièrent l'unité de tous dans la lutte pour leurs droits et les droits de tous et paver la voie au progrès de la société sur une base moderne.

Extraits et graphiques du rapport sur les inégalités

Figure E8 : Part de patrimoine des 1 % les plus aisés dans le monde, 1913-2015 : déclin et rebond des inégalités de patrimoine entre les ménages. 

Figure 2.1.1a: Le rapport déclare que « la part de revenu des 10 % les plus aisés dans le monde, 1980–2016 : les inégalités augmentent presque partout, mais à des rythmes différents. En 2016, les 10 % des revenus les plus élevés ont perçu 47 % du revenu national aux États-Unis/Canada, contre 34 % en 1980.

Graphique E3 tiré de la synthèse du rapport : Part de revenu des 1 % du haut et des 50 % du bas de la répartition aux États-Unis.

Figure 2.1.1e : Part de revenu des 50 % du bas de la répartition à l'échelle mondiale

Tableau 2.2.1

Le tableau 2.1.1 montre que le revenu extérieur net en Amérique du Nord s'élève à 0,9 % de son PIB (ce qui correspond à 610 (670 $) de plus que l'adulte moyen nord-américain du reste du monde. Le revenu extérieur net de l'Union européenne est légèrement négatif lorsqu'il est mesuré à la valeur de la parité de pouvoir d'achat (PPA) (tableau 2.2.1) et très légèrement positif lorsqu'il est mesuré aux taux de change du marché (tableau 2.2.2). Ce chiffre cache en effet de fortes disparités au sein de l'Union européenne : la France et l'Allemagne affichent un revenu extérieur net fortement positif (2 à 3 % de leur PIB), tandis que l'Irlande et le Royaume-Uni affichent des revenus étrangers nets négatifs (ceci est en grande partie dû aux services financiers et aux compagnies étrangères établies là). D'autre part, l'Amérique latine verse chaque année 2,4 % de son PIB au reste du monde. Ce qui est intéressant est la Chine qui a un revenu extérieur net négatif. Elle paie près de 0,7 % de son PIB à des pays étrangers, ce qui reflète le fait que le rendement qu'elle reçoit sur son portefeuille étranger est inférieur au rendement reçu par les investissements étrangers en Chine.

Tableau 2.2.2

Figure 2.3.5 extraite du rapport: Part de revenu national des 1 % les plus riches en Russie, Chine et Inde, de 1900–2015

Figure 3.1.3: « La montée du capital privé et la chute du capital public dans les pays riches, de 1970 à 2016 »

Selon le rapport, « il ressort rapidement de la figure 3.1.3 que la récente tendance à la hausse du ratio richesse/revenu national résulte exclusivement de l'accumulation de richesse privée : au Royaume-Uni et aux États-Unis, la richesse nationale est entièrement constituée de richesses privées, car la richesse publique nette est devenue négative (c'est-à-dire que les avoirs publics sont maintenant inférieurs à la dette publique). La France, le Japon et l'Allemagne ont également connu une baisse significative de la richesse publique, qui vaut maintenant environ 10 à 20 % du revenu national selon les estimations officielles. La domination de la richesse privée sur la richesse nationale représente un changement marqué par rapport à la situation qui régnait dans les années 1970, alors que la richesse publique nette était généralement comprise entre 50 et 100 % du revenu national dans la plupart des pays développés (et plus de 100 % en Allemagne) Aujourd'hui, avec une richesse publique nette faible ou négative, les gouvernements des pays développés sont sans doute limités dans leur capacité à intervenir dans l'économie, redistribuer les revenus et atténuer les inégalités croissantes. »

Figure 3.1.5: « le déclin du capital public de 1970 à 2016. La part de la richesse publique par rapport à la richesse nationale dans les pays riches, de 1978 à 2015. »

« La domination de la richesse privée sur la richesse publique à l'intérieur des pays est encore accentuée par leur part relative dans la richesse nationale : comme le montre la figure 3.1.5, tous les pays observés (à l'exception de la Norvège) ont vu une baisse de la valeur de la propriété publique par rapport à la propriété privée. À la fin des années 1970, la part de la richesse publique nette parmi la richesse nationale nette était positive et substantielle dans tous les pays développés : elle atteignait 25 % dans des pays comme l'Allemagne et la Grande-Bretagne et 15 % au Japon. En 2016, la part de la richesse publique est devenue négative en Grande-Bretagne et aux États-Unis et n'est que marginalement positive au Japon, en Allemagne et en France, tandis qu'en Chine, la part de la richesse publique atteignait 70 % en 1978, et semble s'être stabilisée autour de 30 % depuis 2008, un niveau un peu plus important (mais qui peut être comparable) qu'à celui observé dans les pays occidentaux pendant la période d'économie mixte des années 1950 à 1970. »

Figure 3.3.3 : « La part de la richesse publique par rapport à la richesse nationale dans les anciens pays communistes et les pays riches, de 1980 à 2015 : le déclin de la propriété publique. »

Note

1. Pour un résumé en français du Rapport sur les inégalités mondiales, cliquer ici

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