Le Marxiste-Léniniste

Numéro 3 - 27 janvier 2018

75e anniversaire de la victoire de la bataille de Stalingrad

Gloire à ceux dont l'héroïsme a défendu Stalingrad et changé le cours de la Deuxième Guerre mondiale

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Un soldat soviétique hisse le drapeau rouge de la victoire à Stalingrad, le 2 février 1943. (Colorisé par Olga Shirnina)

CALENDRIER D'ÉVÉNEMENTS

75e anniversaire de la victoire de la bataille de Stalingrad
Gloire à ceux dont l'héroïsme a défendu Stalingrad et changé le cours de la Deuxième Guerre mondiale
L'importance de discuter de la signification de cette victoire - Louis Lang
Interprétations anticommunistes - Yi Nicholls

À titre d'information
Un tournant décisif de la Deuxième Guerre mondiale - George Allen
L'évaluation de Staline de la bataille de Stalingrad et du cours de la Guerre patriotique dans sa troisième année
La bataille de Stalingrad en bref
Les réparations de la Deuxième Guerre mondiale - Valentin Katasonov
Les Britanniques trahissent leurs propres convois transportant
du matériel pour aider les Soviétiques
- Nikolay Starikov


75e anniversaire de la victoire de la bataille de Stalingrad

Gloire à ceux dont l'héroïsme a défendu Stalingrad et changé le cours de la Deuxième Guerre mondiale

À l'occasion du 75e anniversaire de la victoire de la bataille de Stalingrad le 2 février 1943, le Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste) adresse ses félicitations les plus chaleureuses à tous les descendants de ceux qui ont combattu et vaincu les envahisseurs nazis qui ont attaqué Stalingrad le 23 août 1942. La bataille s'est terminée par l'encerclement et la capitulation d'une armée allemande de 300 000 soldats. Cela a porté un coup mortel à la Wehrmacht nazie. La victoire de la bataille de Stalingrad, suivie d'une victoire décisive à Koursk, a été le début d'une puissante contre-offensive qui a repoussé les hitlériens progressivement jusqu'à leur point de départ, jusqu'à l'effondrement final du Troisième Reich à Berlin en 1945. La bataille a changé le cours de la Deuxième Guerre mondiale en faveur des peuples soviétiques et des peuples d'Europe et du monde.

Dans son discours du 6 novembre 1943 à la célébration du 26e anniversaire de la Grande Révolution d'Octobre, Joseph Staline a évalué la bataille de Stalingrad comme suit :

La bataille de Stalingrad a abouti à l'encerclement d'une armée allemande de 300 000 hommes, à sa débâcle et à la capture d'un tiers environ des troupes enveloppées. Pour se faire une idée de l'étendue de la bataille, sans précédent dans l'histoire, qui s'est déroulée sur les champs de Stalingrad, il faut savoir qu'à l'issue de cette mêlée on a recueilli et enterré 147 200 soldats et officiers allemands tués et 46 700 soldats et officiers soviétiques tués. Stalingrad a marqué le déclin de l'armée fasciste allemande. On sait qu'après la bataille de Stalingrad, les Allemands n'ont pu se relever. [...]

Tous les peuples de l'Union soviétique se sont unanimement levés pour la défense de leur Patrie ; ils regardent à juste titre la guerre pour le salut de la Patrie comme la cause commune de tous les travailleurs, sans distinction de nationalité ni de confession. Les politiciens hitlériens eux-mêmes voient maintenant qu'ils se sont montrés désespérément absurdes à vouloir spéculer sur la division et les conflits entre les peuples de l'Union soviétique. L'amitié des peuples de notre pays a résisté à toutes les difficultés et à toutes les épreuves de la guerre ; elle s'est retrempée encore plus dans la lutte commune de tous les citoyens soviétiques contre les envahisseurs fascistes. Là est l'origine de la force de l'Union soviétique. (Vifs applaudissements prolongés)

Aussi bien dans le cours de la guerre qu'aux années de construction pacifique, le Parti de Lénine, le Parti bolchevik, est apparu comme une force qui guide et dirige le peuple soviétique. Aucun parti n'a bénéficié ni ne bénéficie, auprès des masses populaires, d'un aussi grand prestige que notre Parti bolchevik. Et cela se conçoit. Sous la direction du Parti bolchevik, les ouvriers, les paysans et les intellectuels de notre pays ont conquis la liberté et édifié la société socialiste. Aux jours de la guerre pour le salut de la Patrie, le Parti nous est apparu comme l'inspirateur et l'organisateur de la lutte du peuple contre les envahisseurs fascistes. Le travail organisateur du Parti a réuni en un tout et dirigé vers un but commun tous les efforts des citoyens soviétiques, en subordonnant toutes nos forces et tous nos moyens à la mise en déroute de l'ennemi.

Au cours de la guerre le Parti a resserré encore davantage ses liens avec le peuple, il s'est associé encore plus étroitement aux grandes masses de travailleurs. Là est l'origine de la force de notre État. (Vifs applaudissements prolongés)


Tableau de la bataille de Stalingrad (G. Marchenko)

Cette victoire révèle plusieurs contrastes, des profondeurs de la brutalité et de la barbarie des nazis, de leur arrogance et vanité, aux sommets de la bravoure, de l'héroïsme et de l'innovation des Soviétiques. Mais elle a sans doute par-dessus tout montré que l'affirmation du droit d'être de Stalingrad face à l'agression nazie exigeait l'organisation d'un type nouveau, qui avait été créée en Union soviétique sous la forme du parti communiste de type nouveau et du pouvoir soviétique. La bataille a révélé la qualité nouvelle de l'organisation et de la résistance produite par le pouvoir des Soviets dans lequel le peuple et sa direction ne font qu'un pour faire triompher la justesse de leur cause. Leur but, leur détermination et l'expression de leur volonté se sont exprimés dans leurs actions, lorsqu'ils se sont dressés pour défendre leur ville, leur patrie soviétique et leur État ouvrier soviétique.

Aujourd'hui aussi, l'établissement d'un but et de l'organisation capables de réaliser ce but est crucial pour qu'on puisse renverser la situation en faveur des peuples. Pour écarter les dangers auxquels elle fait face, l'humanité exige aujourd'hui de nouvelles formes d'organisation, des gouvernements antiguerre dans lesquels c'est le peuple qui prend les décisions en son propre nom. Plus jamais les peuples ne vont-ils remettre leur pouvoir décisionnel à d'autres qui sont alors autorisés à agir en leur nom mais ne le font pas. Au contraire, les soi-disant représentants souverains des peuples représentent la personne fictive de l'État qui gouverne le peuple au profit d'intérêts privés et non des intérêts que les peuples établissent eux-mêmes.

La forme du pouvoir et la forme de la direction doivent correspondre à ce que requièrent les conditions historiques qui sont apparues ces trente dernières années depuis la chute de l'Union soviétique.

Les formes du passé, celles de la période d'essor de la révolution, convenaient aux conditions qui appelaient à l'endiguement du fascisme nazi coûte que coûte pour l'humanité. Il s'agissait d'une période dans laquelle les peuples avaient de leur côté la grande Union soviétique comme fer de lance de la lutte pour la victoire et pour inspirer les peuples du monde à agir de même.

Aujourd'hui cependant, la révolution connaît une période de repli. Ce sont les forces impérialistes et réactionnaires qui ont l'initiative et non les peuples du monde. Ces forces contre-révolutionnaires ont formé des cartels et des coalitions internationaux qui regroupent de puissants intérêts privés, lesquels collaborent et rivalisent pour le contrôle des ressources et des sphères d'influence du monde et pour le pouvoir d'être les seuls décideurs, sur une base supranationale. Ce qu'elles ne peuvent contrôler, elles cherchent à le détruire, comme on le voit dans les invasions de pays souverains et dans les crimes innommables qui sont commis contre l'humanité et qui surpassent en étendue et en brutalité les crimes hitlériens. Elles font tout cela en prétendant agir pour la cause de la liberté, de la démocratie et de la paix, cette cause pour laquelle les peuples du monde ont combattu pendant la Deuxième Guerre mondiale et consenti le sacrifice suprême.

Aujourd'hui, alors que nous célébrons les victoires du passé, il est nécessaire de discuter de la signification de la victoire de la bataille de Stalingrad afin de rendre les peuples capables de renverser la vague de la contre-révolution qui frappe les peuples du monde en ce moment. Les peuples doivent saisir l'initiative et renverser la situation en leur faveur. Il faut renforcer l'opposition des peuples du monde à la contre-révolution néolibérale et aux guerres, aux agressions et aux crimes qui l'accompagnent afin qu'une force puissante émerge des actes de résistance qui est capable de mettre fin au pouvoir barbare des dirigeants d'aujourd'hui.

Ce numéro du LML rend hommage à l'héroïsme des défenseurs de Stalingrad et à leur dirigeants à l'occasion de la glorieuse victoire à Stalingrad. Cliquer ici pour voir la liste des événements qui ont lieu à cette occasion.


Les soldats de l'Armée rouge célèbrent la victoire à Stalingrad.

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L'importance de discuter de la signification
de la victoire

La victoire à Stalingrad a été remportée grâce à la direction du Parti communiste et de Staline et a changé le cours de l'histoire en Europe et dans le reste du monde. Pour éviter toute discussion à ce sujet parmi la classe ouvrière et les peuples, les impérialistes  et réactionnaires « occidentaux » disent que le communisme et le fascisme sont la même chose. L'objectif du monument anticommuniste proposé à Ottawa et du démantèlement des monuments qui ont été construits dans les pays d'Europe de l'est pour honorer l'héroïsme et les sacrifices de l'Armée rouge et de l'Union soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale est de priver les peuples d'une conception du monde qui leur permette de s'unir contre ceux qui font courir le danger de guerre aujourd'hui. Pour réaliser cet objectif, ceux qui sont au pouvoir prétendent que la démocratie libérale est l'apogée des formes démocratiques de gouvernement que les peuples peuvent atteindre.

Le fait qu'une telle conception soit promue illustre l'importance de discuter de la signification de la victoire de la bataille de Stalingrad et du rôle qu'ont joué l'Armée rouge, les peuples de l'Union soviétique et leur Parti communiste. Comment, par exemple, les peuples devraient-ils répondre à la promotion qui est faite des mesures agressives prises sous la direction des États-Unis pour encercler la Russie et à l'installation de forces extrémistes en Ukraine et dans d'autres pays est-européens sur la base de la mentalité de la Guerre froide qui dit que la Russie est l'ennemi principal des peuples du monde. Les slogans voulant que les États-Unis soient la nation indispensable ou qui appellent à redonner sa grandeur à l'Amérique, ou encore à la Grande-Bretagne et à la Russie ou de faire du Canada un grand pays, mettent tous un signe d'égalité entre ce qui est appelé l'intérêt national et l'intérêt égoïste des gens au pouvoir qui luttent pour le contrôle afin d'écarter les menaces à leur propre survie.

La conclusion la plus importante que Staline a tirée sur ce qui a été crucial pour la victoire à Stalingrad est que celle-ci n'aurait pas été possible sans la mobilisation du peuple dans la résistance contre les agresseurs. Dans son discours du 3 novembre 1943, Staline a dit : « De toutes les armées du monde, l'Armée rouge est celle qui possède l'arrière le plus solide et le plus sûr. Là est l'origine de la force de l'Union soviétique. » Et cela a été rendu possible par la direction du Parti communiste qui a mobilisé le peuple pour qu'il prenne en main son propre objectif et organise pour remporter la victoire sur cette base.

C'est cette force qui a produit la victoire de la bataille de Stalingrad, qui a été reconnue universellement comme le tournant décisif de la Deuxième Guerre mondiale. Les forces nazies y ont subi une défaite dont elles ne se sont jamais remises. Bien que plusieurs autres grandes batailles devaient encore être menées, comme celle de Koursk, la bataille de Stalingrad a été un grand et historique tournant décisif pour l'Europe et pour le monde dans son ensemble.

Au prix de millions de vies et de la destruction de tout ce qui avait été construit, dont les usines, les fermes industrielles capables de nourrir la population sur une vaste échelle et l'infrastructure la plus variée, on pouvait maintenant entrevoir la fin de la guerre. Des millions de vies allaient encore être sauvées par l'Armée rouge par la libération de pays et de peuples entiers occupés par les nazis. À cet égard, les camps de travail esclavagiste et les camps de concentration ont été libérés par l'Arnée rouge de concert avec les alliés, et l'Armée rouge a défait systématiquement les forces nazies dans sa route vers Berlin.

Les peuples doivent tirer les conclusions qui s'imposent de l'histoire de la Deuxième Guerre mondiale et du rôle historique joué par l'Armée rouge et l'Union soviétique sous la direction du Parti communiste et de Staline. Les conclusions qui s'imposent sont celles qui contribuent à la lutte pour écarter les dangers auxquels les peuples font face aujourd'hui.

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Interprétations anticommunistes

Plusieurs intellectuels et experts médiatiques utilisent le 75e anniversaire de la bataille de Stalingrad pour dénigrer le communisme, laisser libre cours à leurs préjugés et à leurs craintes ou présenter des stéréotypes dogmatiques. Ce genre de propos, en plus d'exposer l'ignorance de ceux qui les tiennent, crée un cadre de référence anticommuniste qui empêche les jeunes Canadiens de chercher la vérité dans les faits et de penser par eux-mêmes.

Une visite récente au Musée canadien de la guerre à Ottawa pour y voir le char d'assaut T-34, produit pour la première fois en 1940, qui fait partie de la collection, en a donné un bon exemple. Un guide était en train d'expliquer le rôle qu'a joué le T-34, également appelé le char d'assaut de Staline, en décrivant plusieurs de ses caractéristiques qui étaient remarquables pour l'époque et le rendaient très supérieur aux chars d'assaut produits par les Allemands, les Américains, les Britanniques ou par n'importe qui d'autre. En plus, grâce à leurs innovations, les Soviétiques ont été capables de produire plusieurs autres types de chars d'assaut. « Évidemment », a ajouté le guide, « tout cela a été fait par une main-d'oeuvre esclave ».


Le célèbre char d'assaut soviétique T-34/85 était un des véhicules blindés produits par l'usine de tracteurs de Stalingrad. On peut voir ici une unité encore fonctionnelle au Musée canadien de la guerre à Ottawa, où l'on peut lire à son sujet : « L'un des meilleurs chars d'assaut jamais construits, le T-34/85 était peu coûteux, mécaniquement fiable et doté d'une armure lourde et d'un puissant canon. Les premiers modèles du T-34 ont généralement déclassé les chars d'assaut allemands. »

Toute la Russie et toute l'Union soviétique se sont levées pour contribuer à la victoire lors de la guerre antifasciste. Staline a brillamment fait déplacer toutes les installations industrielles clés loin des lignes ennemies et a appelé les ouvriers à garantir les approvisionnements et le matériel dont les troupes et la population, y compris eux-mêmes, avaient besoin pour l'emporter. Ils ont soutenu le peuple russe et les autres peuples soviétiques et ont équipé les combattants de l'Armée rouge en mobilisant toutes les ressources humaines de manière à assurer un résultat favorable à eux-mêmes et aux peuples du monde. C'est dans le cours de cela que toutes sortes d'innovations brillantes ont été réalisées, y compris le T-34 qui a brisé le mythe de la supériorité du Panzer allemand et la terreur que les divisions Panzer ont tenté d'exercer sur le moral des forces antifascistes. Voilà la véritable histoire de la création du tank de Staline. Elle démontre à quel point est pathétique l'interprétation anticommuniste qui reconnaît les succès à contrecoeur mais s'empresse d'ajouter qu'ils ont été accomplis au prix d'une « main-d'oeuvre esclave » !

C'est une répétition pathétique de la vieille litanie anticommuniste proférée par ceux qui ont été témoins des réalisations de l'édification socialiste sous Staline, dont des hommes et des femmes honnêtes du monde entier ont fait l'éloge, mais qui sont incapables d'admettre que ces réalisations ont été faites grâce au socialisme et au contrôle du pouvoir décisionnel par les travailleurs. Ils disent que les réalisations ont été accomplies au « prix » de la création d' « une main-d'oeuvre esclave ».

La main-d'oeuvre esclave a créé le système capitaliste moderne et a rendu beaucoup de ses familles dirigeantes et leurs descendants - les strates privilégiées des dirigeants d'aujourd'hui - riches à craquer. Eux-mêmes et leur suite de courtisans et d'experts continuent de récolter les bénéfices des arrangements qui ont été établis et continuent de l'être sur le dos des peuples asservis. Ce sont eux qui continuent de dénigrer le communisme et de répandre le venin anticommuniste aujourd'hui.

Ce guide au musée de la guerre représente en microcosme ce à quoi la conception du monde anticommuniste anglo-canadienne ne peut pas faire face, c'est-à-dire ce que le communisme représente réellement et la nécessité de l'appliquer comme une théorie éclairée et un guide à l'action dans les nouvelles circonstances historiques que nous vivons aujourd'hui.

Aujourd'hui, la situation n'est pas la même ni même semblable à ce qu'elle était à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale. C'était une période de révolution dont le rempart était l'Union soviétique. Les peuples de l'Union soviétique, les peuples d'Europe, de Chine et d'autres pays asiatiques, ainsi que des États-Unis et d'autres peuples alliés, ont fait d'énormes sacrifices pour contenir le fascisme nazi et le militarisme japonais. Avec la victoire du front antifasciste, toute l'humanité a marché au son de la liberté, de la démocratie et de la paix, et les démocraties populaires ont été établies partout où les communistes détenaient ou ont été capables d'établir le pouvoir populaire.

Aujourd'hui la situation en est une de repli de la révolution où des cartels et des coalitions internationales constitués de puissants intérêts privés supranationaux se concertent et rivalisent pour le contrôle, notamment celui du pouvoir politique des États-nations souverains. Ce qu'ils ne peuvent pas contrôler, ils cherchent à le détruire. Ce sont eux qui déclarent quel est « le prix » qu'il vaut la peine de payer pour défendre leur liberté de voler, piller et de rôder partout.

Aujourd'hui, nous faisons face à une situation complexe, dangereuse et difficile qui nécessite une analyse et des actions avec analyse. Ce besoin ne peut pas être supplanté par l'imposition de scénarios du passé à la situation actuelle. Aujourd'hui, les fronts des peuples contre la guerre doivent s'efforcer de prendre la forme de gouvernements antiguerre édifiés sur une nouvelle base historique, conforme aux besoins de l'époque. Ce qu'ils ont en commun avec les organisations de résistance formées pendant la Seconde Guerre mondiale, c'est que ces formations doivent permettre au peuple de se placer au centre de l'équation d'une manière qui permette à toute l'humanité de renverser la situation en sa faveur.

Malgré la vision anticommuniste qui imprègne la pensée et les actions des impérialistes, les peuples du monde sont toujours tournés vers l'avenir, cherchent des moyens de se sortir du cauchemar d'insécurité créé par les dirigeants, dont les graves menaces à la cause de la paix. Ils s'attendent encore à ce que les communistes dirigent en trouvant un moyen d'avancer qui les empêche de tomber dans l'abîme dans lequel les impérialistes plongent l'humanité entière.

Participer à apprendre de façon honnête ce qu'a été la victoire de la bataille de Stalingrad peut nous aider à reconnaître que c'est précisément grâce à la direction du Parti communiste et de  Staline que l'Armée rouge et les peuples de l'Union soviétique ont pu s'unir, agissant eux-mêmes en dirigeants, pour accomplir leurs actes qui ont défié la mort. Staline et le Parti bolchevik avaient vu la menace venir des années auparavant et avaient préparé l'Union soviétique et ses peuples à se défendre contre l'agression future, et notamment à gagner du temps par le Traité Molotov-Ribbentrop et profiter de ce temps pour mettre tout le pays à contribution pour construire les capacités défensives dont ils avaient besoin et ensuite les moyens de passer à l'offensive et d'arracher la victoire.

Ils ont été capables de se battre avec le plus grand dévouement parce que leur cause était fondée sur l'esprit profond de l'internationalisme prolétarien qui imprègne le communisme - l'unité des travailleurs et des peuples opprimés de tous les pays. Les peuples soviétiques ont été capables d'assumer leur responsabilité envers eux-mêmes et envers l'humanité grâce à la direction du Parti communiste et de Staline.

C'est cela que les interprétations anticommunistes de la victoire de la bataille de Stalingrad veulent cacher. La vision anticommuniste révèle à quel point ses partisans sont ignorants et pathétiques dans leur tentative de sauver leur propre règne de l'extinction.

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À titre d'information

Moment décisif de la Deuxième Guerre mondiale


Les soldats de l'Armée rouge célèbrent la capitulation de la 6e armée allemande
le 2 février 1943.

L'historique victoire soviétique à Stalingrad, le 2 février 1943, marque le tournant de la Deuxième Guerre mondiale. Le 22 juin 1941, les Allemands avaient envahi traîtreusement l'Union soviétique. L'Union soviétique affrontait 257 divisions ennemies de 10 000 à 15 000 soldats chacune, dont 207 allemandes, la plus grande armée jamais massée sur un seul front. En octobre 1942, les armées nazies qui se trouvaient à 120 km à peine de Moscou avaient fait irruption dans Stalingrad et pénétré les contreforts du Caucase pour s'emparer des importants champs pétrolifères. Mais même en ces jours terribles, l'armée et le peuple soviétiques, dirigés par Staline, ont trouvé la force d'arrêter l'ennemi et de lui porter des coups féroces. Rapidement, ils ont inversé le cours des événements. Les troupes soviétiques sont passées à l'offensive et ont redoublé leurs coups puissants contre les Allemands, d'abord à Stalingrad, puis à Koursk.

Le prélude de la bataille de Stalingrad a commencé le 27 juillet 1942. La 4e armée blindée allemande avait franchi le Don au nord de Stalingrad et, attaquant vers l'est, avait coupé le chemin de fer Stalingrad-Salsk. Stalingrad est située sur un grand méandre de la Volga et les Allemands dirigeaient leur attaque principale vers la Volga pour essayer de déborder la 64e armée soviétique et l'ensemble du front de Stalingrad. Les Allemands avaient prévu une attaque terrestre en pince sur Stalingrad, avec la 6e armée allemande descendant du nord et la 4e armée blindée remontant du sud.

Après un mois de très durs combats contre les défenses soviétiques qui luttaient avec acharnement, la 6e armée allemande a réussi finalement à franchir le Don le 23 août et à atteindre la périphérie nord de Stalingrad plus tard le même jour. Les armées hongroises, italiennes, croates, roumaines, alliées des Allemands, étaient à environ 60 km de Stalingrad. La ville était aussi à portée des bases aériennes allemandes situées sur le territoire soviétique occupé. Ainsi, les avions de Luftflotte 4, une des principales divisions de la Luftwaffe, étaient en mesure d'attaquer la ville, de jour et de nuit, avec ses bombardiers, ses bombardiers en piqué et ses avions de chasse, essayant en vain de la terroriser et de la forcer à capituler.

En même temps, le 14e Panzerkorps avait ouvert une brèche étroite entre le corps principal de la 6e armée allemande et le faubourg nord de Stalingrad sur la Volga, tandis que dans le sud, la résistance soviétique féroce avait arrêté la 4e armée blindée et l'empêchait d'avancer. Le 29 août, la 4e armée blindée débouchait sur les arrières des 62e et 64e armées soviétiques. Les Allemands tentèrent de couper la 62e armée, mais une contrattaque vigoureuse de l'armée soviétique lui a permis de se replier vers Stalingrad. La 6e armée allemande a repris son offensive le 2 septembre, faisant la jonction avec la 4e armée blindée le lendemain. Plus les Allemands se rapprochaient de Stalingrad, plus les combats devenaient intenses et plus les Allemands subissaient de lourdes pertes.


Des membres du 1077e Régiment antiaérien, une unité appartenant au corps régional  de Stalingrad des Forces soviétiques de la Défense aérienne. Le régiment, comme beaucoup d'unités antiaériennes, était composé presque entièrement de jeunes femmes volontaires. En août 1942, le régiment a livré un combat sans merci contre  les troupes allemandes qui avançaient. En deux jours, elles ont combattu seules et jusqu'à la mort, détruit ou endommagé 83 chars d'assaut et 15 autres véhicules et abattu 14 avions.

Le 12 septembre, les Allemands sont entrés dans Stalingrad et les combats dans la ville ont commencé le lendemain. Des combats acharnés ont fait rage pour chaque centimètre de terrain, chaque rue, maison, cave et escalier. Les Soviétiques avaient transformé les immeubles, les usines, les entrepôts, les maisons et les bâtiments administratifs en fortifications hérissées de mitrailleuses, de fusils antichars, de mortiers, de mines, de barbelés, défendues par des tireurs d'élite et de petites unités de mitrailleurs et de grenadiers entraînés aux combats de maison à maison. Une même place pouvait changer de main plusieurs fois en une journée. Les combats pour l'aciérie Octobre rouge, l'usine de tracteurs Dzerjinski et l'usine d'armement Barrikady sont devenus légendaires dans le monde entier. Comme déclaraient les combattants soviétiques : « La terre de la Volga est devenue glissante de sang et les Allemands y ont trouvé une pente glissante vers la mort. »


Les soldats soviétiques défendent l'aciérie Octobre rouge.

Le 19 novembre, après deux mois de combats héroïques dans la ville, l'Armée rouge lance l'opération Uranus, une contre-offensive massive sur deux fronts contre les flancs de la 6e armée allemande. Ces lignes étaient occupées surtout par des forces roumaines, hongroises, croates et italiennes. La contre-offensive commença par un bombardement de 80 minutes presque entièrement dirigé contre les unités non allemandes protégeant les flancs allemands. Les Allemands ont tenté de les renforcer avec le 48e Panzerkorps, mais ils ont été vite balayés. Les forces soviétiques mettent en déroute les Roumains, qui se trouvaient dans l'axe de progression de l'offensive soviétique, et encerclent les forces allemandes le 23 novembre. L'opération Uranus permit l'encerclement de 250 000 à 300 000 soldats ennemis dans une zone large de 50 km d'est en ouest et longue de 40 km du nord au sud.

La 6e armée et les vestiges de la 4e armée blindée allemande sont désormais piégés dans Stalingrad. Hitler ordonne à la 6e armée de tenir ses positions plutôt que de tenter une percée. Dans les semaines qui suivent, Stalingrad est presque entièrement reprise par les Soviétiques. Le 12 décembre, les Allemands lancent l'opération Orage d'hiver pour tenter de sauver leur 6e armée piégée. Cette opération est un échec. Cela a mené à un siège qui a duré presque 2 mois durant lesquels les forces soviétiques lancent des mouvements en tenaille au nord et au sud pour resserrer l'anneau d'acier inébranlable sur la 6e armée allemande assiégée. Le 8 janvier 1943, les forces soviétiques donnent un ultimatum de capitulation à la 6e armée, soulignant la situation désastreuse dans laquelle elle se trouve. Les Allemands rejettent cet ultimatum mais, après avoir subi encore plus de pertes, capitulent finalement le 2 février 1943.

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L'évaluation de Staline de la bataille de Stalingrad
et du cours de la Guerre patriotique
dans sa troisième année

Extraits du discours prononcé par Joseph Staline le 6 novembre 1943 pendant la troisième année de la Guerre patriotique, à la séance solennelle du Soviet des députés des travailleurs de Moscou, élargie aux organisations sociales et du Parti.

***

1. L'année d'un tournant radical dans la marche de la guerre


Joseph Staline en 1943

[...] Du point de vue purement militaire, la défaite des troupes allemandes sur notre front, à la fin de cette année, était décidée d'avance par deux événements de la plus haute importance : la bataille de Stalingrad et la bataille de Koursk.

La bataille de Stalingrad a abouti à l'encerclement d'une armée allemande de 300 000 hommes, à sa débâcle et à la capture d'un tiers environ des troupes encerclées. Pour se faire une idée de l'étendue de la bataille, sans précédent dans l'histoire, qui s'est déroulée sur le champ de bataille de Stalingrad, il faut savoir qu'à l'issue de cette mêlée on a recueilli et enterré 147 200 soldats et officiers allemands tués et 46 700 soldats et officiers soviétiques tués. Stalingrad a marqué le déclin de l'armée fasciste allemande. On sait qu'après la bataille de Stalingrad, les Allemands n'ont pu se relever.

En ce qui concerne la bataille de Koursk, elle s'est terminée par la débâcle des deux principaux groupes assaillants des troupes fascistes allemandes et par une contre-offensive de nos troupes, qui s'est transformée, par la suite, en une puissante offensive d'été de l'Armée rouge. La bataille de Koursk a débuté par une offensive des Allemands, par le nord et le sud, contre Koursk. Ce fut une suprême tentative des Allemands pour réaliser une grande offensive d'été et, en cas de succès, reconquérir ce qui avait été perdu.

On sait que cette offensive a avorté. L'Armée rouge n'a pas seulement repoussé l'offensive des Allemands, mais à son tour elle est passée à l'offensive et, par plusieurs coups successifs portés durant la période d'été, elle a rejeté au-delà du Dniepr les troupes fascistes allemandes.

Si la bataille de Stalingrad annonçait le déclin de l'armée fasciste allemande, la bataille de Koursk l'a placée devant une catastrophe. Enfin cette année a marqué un tournant parce que l'offensive victorieuse de l'Armée rouge a foncièrement aggravé la situation économique, politique et militaire de l'Allemagne fasciste, en la plaçant en face d'une crise profonde s'il en fut.

Les Allemands comptaient réaliser, durant l'été dernier, une offensive victorieuse sur le front soviéto-allemand, afin de recouvrer ce qu'ils avaient perdu, et de relever leur prestige compromis en Europe. Mais l'Armée rouge a déjoué les calculs des Allemands et repoussé leur offensive ; elle est passée elle-même à l'offensive et a rejeté les Allemands vers l'ouest. C'est ainsi qu'elle a ruiné le prestige des armes allemandes.

Les Allemands comptaient pouvoir s'orienter vers une guerre de longue haleine ; ils se sont mis à construire des lignes de défense et des « remparts », en proclamant hautement que leurs nouvelles positions étaient imprenables. Mais là encore l'Armée rouge a déjoué les calculs des Allemands, rompu leurs lignes et leurs « remparts ». Elle continue avec succès son avance sans leur laisser le temps de s'organiser pour faire traîner la guerre.

Les Allemands comptaient pouvoir redresser la situation sur le front au moyen de la mobilisation « totale ». Mais là encore les événements ont déjoué les calculs des Allemands. La campagne d'été a déjà dévoré les deux tiers des hommes « totalement » mobilisés, et cependant l'on ne voit guère que cette circonstance ait amélioré en quoi que ce soit la situation de l'armée fasciste allemande. Il se peut qu'il faille proclamer encore une mobilisation « totale », et il n'y a pas lieu de supposer que la reprise d'une pareille mesure ne conduise un certain État à un désastre « total ». (Vifs applaudissements)

Les Allemands comptaient tenir solidement l'Ukraine pour ravitailler en produits agricoles ukrainiens leur armée et leur population, et en houille du Donetz les usines et le transport ferroviaire desservant l'armée allemande. Mais là encore ils ont été pris de court. À la suite de l'offensive victorieuse de l'Armée rouge, les Allemands ont perdu non seulement la houille du Donetz, mais les régions les plus riches en blé de l'Ukraine, et il n'y a pas lieu de supposer qu'ils ne perdent dans un proche avenir le reste de l'Ukraine. (Vifs applaudissements)

On conçoit que toutes ces erreurs de calcul ne pouvaient manquer d'aggraver, et elles ont effectivement aggravé à fond la situation économique, politique et militaire de l'Allemagne fasciste. L'Allemagne fasciste traverse une crise profonde. Elle est placée devant la catastrophe.

2. L'aide du peuple au front


Célébrations de masse à Stalingrad suite à la victoire durement remportée contre l'armée fasciste allemande, le 2 février 1943

Les succès de l'Armée rouge auraient été impossibles sans l'appui du peuple, sans le travail plein d'abnégation des citoyens soviétiques dans les fabriques et les usines, dans les charbonnages et les mines de métaux, dans les transports et l'agriculture. Dans les dures conditions de la guerre, le peuple soviétique a su pourvoir son armée du minimum nécessaire, et il a perfectionné sans cesse son matériel de guerre. Pendant toute la durée de la guerre, l'ennemi n'a pas pu surpasser notre armée pour la qualité de l'armement. En même temps, notre industrie a fourni au front une quantité incessamment accrue de matériel de guerre.

L'année écoulée a marqué un tournant non seulement dans la marche des opérations militaires, mais aussi dans l'activité de notre arrière. Nous n'avions plus à envisager des tâches telles que l'évacuation des entreprises vers l'est et l'aménagement de l'industrie en vue de la fabrication des armements. L'État soviétique possède aujourd'hui une économie de guerre bien agencée et qui est en progression rapide. Par conséquent, le peuple a pu concentrer tous ses efforts pour augmenter la production de l'armement et le perfectionner de façon progressive, surtout les chars, les avions, les canons, l'artillerie automotrice. Sur ce point nous avons réalisé des succès appréciables. L'Armée rouge, forte de l'appui du peuple tout entier, a reçu sans à-coups son matériel de guerre ; elle a déchargé sur l'ennemi des millions de bombes, de mines et d'obus ; mis en jeu des milliers de chars et d'avions. On peut dire avec juste raison que le travail plein d'abnégation des citoyens soviétiques à l'arrière s'inscrira dans l'histoire, à côté de la lutte héroïque de l'Armée rouge, comme un exploit sans exemple du peuple pour la défense de la Patrie. (Longs applaudissements)

Les ouvriers de l'Union soviétique qui, aux années de construction pacifique, avaient créé une industrie socialiste puissante, hautement développée, ont déployé dans la guerre pour le salut de la Patrie une activité intense et féconde pour aider le front ; ce faisant, ils ont fait preuve d'un véritable héroïsme au travail.

Tout le monde sait que, dans la guerre contre l'URSS, les hitlériens disposaient non seulement de l'industrie allemande fortement développée, mais de l'industrie assez puissante des pays vassaux et occupés. Et cependant les hitlériens n'ont pas pu maintenir la supériorité numérique en matériel de guerre, supériorité qu'ils possédaient au début de la guerre contre l'Union soviétique. Si aujourd'hui l'ancienne supériorité de l'ennemi en chars, avions, mortiers, pistolets-mitrailleurs a été liquidée ; si aujourd'hui notre armée n'éprouve pas un sérieux manque d'armes, de munitions et d'équipement, c'est là avant tout le mérite de notre classe ouvrière. (Vifs applaudissements prolongés)

Les paysans de l'Union soviétique qui, aux années de construction pacifique ont, sur la base du régime kolkhozien, transformé l'agriculture arriérée en une économie agricole d'avant-garde, ont manifesté pendant la guerre pour le salut de la Patrie une haute conscience des intérêts du peuple, sans précédent dans l'histoire de la paysannerie. Leur travail plein d'abnégation pour prêter une aide au front a montré que la paysannerie soviétique considère la guerre actuelle contre les Allemands comme sa propre cause, comme une guerre pour sa vie et sa liberté.

On sait que l'invasion des hordes fascistes avait temporairement enlevé à notre pays les importantes régions agricoles de l'Ukraine, du Don et du Kouban. Et cependant nos kolkhoz et nos sovkhoz ont, sans à-coups sérieux, approvisionné en vivres l'armée et le pays. Certes, sans le système des kolkhoz, sans le travail plein d'abnégation des kolkhoziens et kolkhoziennes, nous n'aurions pu résoudre ce problème ardu. Si, à la troisième année de guerre, notre armée ne manque point de vivre ; si la population est approvisionnée en produits alimentaires et l'industrie en matières premières, cela atteste la force et la vitalité du système des kolkhoz, le patriotisme de la paysannerie kolkhozienne. (Longs applaudissements)

Nos transports, avant tout les transports ferroviaires ainsi que les transports fluviaux, maritimes et automobiles, ont joué un grand rôle dans l'organisation de l'aide au front. On sait que les transports sont le moyen de liaison le plus important entre l'arrière et le front. On peut produire une grande quantité d'armes et de munitions, mais si on ne les fait pas parvenir en temps voulu sur le front au moyen des transports, ils risquent de rester un poids mort pour le front. Il faut dire qu'en ce qui concerne l'acheminement opportun des armes, des munitions, des vivres, des effets d'équipement, etc., sur le front, les transports jouent un rôle décisif. Et si, malgré les difficultés du temps de guerre et le manque de combustible, nous avons cependant réussi à fournir au front tout ce qui lui était nécessaire, c'est là avant tout le mérite de nos ouvriers et employés des transports. (Longs applaudissements)

Nos intellectuels ne le cèdent en rien ni à la classe ouvrière ni à la paysannerie, pour ce qui touche l'aide au front. Les intellectuels soviétiques travaillent avec dévouement pour la défense de notre pays ; ils perfectionnent sans cesse les armements de l'Armée rouge, la technique et l'organisation de la production. Ils aident les ouvriers et les kolkhoziens à développer l'industrie et l'agriculture ; ils font progresser la science et la culture soviétiques dans les conditions de la guerre. Cela fait honneur à nos intellectuels. (Longs applaudissements)

Tous les peuples de l'Union soviétique se sont unanimement levés pour la défense de leur Patrie ; ils regardent à juste titre la guerre pour le salut de la Patrie comme la cause commune de tous les travailleurs, sans distinction de nationalité ni de confession. Les politiciens hitlériens eux-mêmes voient maintenant qu'ils se sont montrés désespérément absurdes à vouloir spéculer sur la division et les conflits entre les peuples de l'Union soviétique. L'amitié des peuples de notre pays a résisté à toutes les difficultés et à toutes les épreuves de la guerre ; elle s'est retrempée encore plus dans la lutte commune de tous les citoyens soviétiques contre les envahisseurs fascistes. Là est l'origine de la force de l'Union soviétique. (Vifs applaudissements prolongés)

Aussi bien dans le cours de la guerre qu'aux années de construction pacifique, le Parti de Lénine, le Parti bolchevik, est apparu comme une force qui guide et dirige le peuple soviétique. Aucun parti n'a bénéficié ni ne bénéficie, auprès des masses populaires, d'un aussi grand prestige que notre Parti bolchevik. Et cela se conçoit. Sous la direction du Parti bolchevik, les ouvriers, les paysans et les intellectuels de notre pays ont conquis la liberté et édifié la société socialiste. Aux jours de la guerre pour le salut de la Patrie, le Parti nous est apparu comme l'inspirateur et l'organisateur de la lutte du peuple contre les envahisseurs fascistes. Le travail organisateur du Parti a réuni en un tout et dirigé vers un but commun tous les efforts des citoyens soviétiques, en subordonnant toutes nos forces et tous nos moyens à la mise en déroute de l'ennemi. Au cours de la guerre, le Parti a resserré encore davantage ses liens avec le peuple, il s'est associé encore plus étroitement aux grandes masses de travailleurs. Là est l'origine de la force de notre État. (Vifs applaudissements prolongés)

La guerre actuelle a confirmé avec la plus grande vigueur les paroles que l'on connaît de Lénine, qui dit que la guerre est une mise à l'épreuve de toutes les forces matérielles et morales de chaque peuple. L'histoire des guerres nous apprend que seuls ont pu soutenir cette épreuve les États qui s'étaient révélés plus forts que leurs adversaires, quant au développement et à l'organisation de l'économie, quant à l'expérience, à la maîtrise et à l'esprit combatif de leurs troupes, à la fermeté et à l'unité du peuple pendant toute la durée de la guerre. Tel est précisément notre État.

L'État soviétique n'a jamais été aussi solide et inébranlable qu'aujourd'hui, en cette troisième année de la guerre pour le salut de la Patrie. Les leçons de la guerre attestent que le régime soviétique ne s'est pas seulement révélé la meilleure forme d'organisation de l'essor économique et culturel du pays pendant les années de construction pacifique, mais aussi la meilleure forme de mobilisation de toutes les forces du peuple en vue de la riposte à infliger à l'ennemi en temps de guerre. Au bout d'une courte période historique, le pouvoir soviétique, créé il y a 26 ans, a fait de notre pays une forteresse indestructible. De toutes les armées du monde, l'Armée rouge est celle qui possède l'arrière le plus solide et le plus sûr. Là est l'origine de la force de l'Union soviétique. (Vifs applaudissements prolongés)

[...]

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La bataille de Stalingrad en bref


Vue de Stalingrad aujourd'hui (rebaptisée Volgograd en 1961), le complexe commémoratif de la Bataille de Stalingrad au premier plan. Stalingrad fut reconstruite a une vitesse record après sa destruction par les nazis.

Chronologie de Stalingrad

La ville qui allait devenir Stalingrad a été fondée en 1589 et s'appelait Tsaritsyn, en l'honneur des tsars de Russie. Pendant la Guerre civile russe de 1918 à 1920, cette ville et ce port importants ont été âprement disputés entre les forces bolchéviques et l'Armée blanche. Pour rendre hommage au rôle joué par Joseph Staline qui a dirigé les bolchéviques à la victoire à cet endroit, la ville fut renommée Stalingrad en 1925. Après la guerre civile, la ville s'est développée en un centre important de l'industrie lourde et est devenue un centre de transport ferroviaire tout en gardant sa vocation portuaire. C'était là l'objectif du programme soviétique d'industrialisation de l'URSS afin de non seulement améliorer l'économie, mais de faire en sorte que le pays ait tous les moyens à sa disposition pour se défendre contre les agressions militaires étrangères. En ce sens, Stalingrad avait une grande importance militaire et stratégique.

Le 22 juin 1941, les forces de l'Axe déclenchent l'opération Barbarossa

Les nazis et leurs alliés européens ont déclenché l'opération Barbarossa pour envahir l'Union soviétique le 22 juin 1941, avec près de quatre millions de soldats divisés en groupes d'armées Nord, Centre et Sud. Le groupe d'armées Nord avait reçu comme mot d'ordre de prendre Léningrad et le groupe d'armées Centre de prendre Moscou. Le groupe d'armées Sud devait occuper l'Ukraine et le Caucase afin de priver les peuples soviétiques d'importantes terres agricoles et de la production pétrolière pour ensuite se diriger vers Stalingrad à l'est.

Barbarossa comprenait aussi l'opération Typhon, lancée le 2 octobre 1941, durant laquelle le groupe d'armées du Centre donnait l'assaut à Moscou. Il ne s'est pas rendu jusqu'à la ville en raison des conditions hivernales et du manque d'approvisionnements. L'Armée rouge a mené sa contrattaque le 5 décembre 1941 et l'Allemagne a subi sa première retraite majeure de la Deuxième Guerre mondiale. Le fait que Barbarossa n'ait pas été capable d'obtenir une victoire rapide sur les Soviétiques à l'aide de la guerre éclair — blitzkrieg — a limité l'étendue des opérations allemandes à venir.


Des blindés allemands de l'opération Typhon paralysés dans la neige


L'Armée rouge contrattaque les forces allemandes près de Moscou en décembre 1941.

Le Cas Bleu/Opération Brunswick

Il s'agit d'une opération estivale lancée le 28 juin 1942 dans l'intention de prendre le contrôle des champs de pétrole et des terres agricoles du Caucase afin d'approvisionner l'armée allemande après que l'armée britannique eut imposé un blocus maritime qui interceptait les approvisionnements provenant des Amériques. Les Allemands ont ciblé les champs pétroliers de Bakou, Maïkop et Grozny, lesquels produisaient plus de 80 % du pétrole soviétique (indiqués A sur la carte), tandis que les attaques contre Voronezh (B) et Stalingrad (C) visaient à protéger leurs flancs au nord.

Du 20 juillet au 8 août 1942

Le 20 juillet 1942, la 6e Armée allemande a attaqué les 62e et 64e armées soviétiques et les avait presque encerclées au 8 août 1942. Les forces soviétiques ont réussi à empêcher l'encerclement et se replient sur des positions défensives autour de Stalingrad.

Début de la bataille de Stalingrad le 23 août 1942


Le bombardement de Stalingrad, le 23 août 1942

Les Allemands commencent leur assaut contre Stalingrad le 23 août 1942 avec un raid aérien massif à 16 h de plus de 1 000 avions au cours duquel 40 000 civils sont tués en un seul raid. Les pertes soviétiques ont été très lourdes, mais la direction militaire et politique soviétique a donné l'ordre « Pas un pas en arrière ! » qui a empêché l'effondrement complet.


Les restes de la fontaine montrant les enfants dansant le khovorod, avec, en arrière-plan, des édifices en feu, est l'une des images les plus connues du raid aérien allemand dont la force destructive a tué plus de 40 000 civils.

La guerre des rats, du 12 septembre au 9 novembre 1942


Les soldats de l'Armée rouge engagés dans les combats de rue qui ont marqué la « guerre des rats » et épuisé l'armée allemande à Stalingrad.

Cette période la plus intense de la bataille de Stalingrad a commencé à la mi-septembre 1942. Les Allemands ont appelé ces combats féroces Rattenkreig (guerre des rats). Le général Vassili Tchouïkov a été nommé à la tête de la 62e armée, avec moins de 100 chars d'assaut et 20 000 troupes mal entraînées contre une force de l'Axe de plus de 100 000 hommes bien entraînés. Mais il a maintenu la première ligne à l'intérieur de 50 mètres des Allemands pour pallier leur supériorité aérienne et a placé des tireurs d'élite à toutes les positions stratégiques. Il a commandé des combats de rue corps à corps pour affaiblir les attaquants, ce qui limitait aussi le recours aux véhicules blindés et aux frappes d'artillerie par les Allemands. La tactique allemande célèbre du blitzkrieg a été ainsi rendue inopérante.


Vasily Zaitsev (à gauche) et ses camarades tireurs d'élite en tenue de camouflage d'hiver à Stalingrad ; ils ont innové durant la bataille les tactiques des tireurs embusqués. Ils excellaient à tuer les officiers allemands, ce qui a beaucoup démoralisé les troupes allemandes.

Bien que les Allemands aient capturé près de 90 % de la ville, et que la première ligne était à 180 mètres de la rivière Volga, la défense soviétique a été soutenue par le transport constant de renforts par la rivière ainsi que par la grande ténacité et l'héroïsme de l'Armée rouge et de la population de Stalingrad. De tous les actes de résistance, l'un des plus légendaires fut celui du 42e peloton dirigé par le sergent Yakov Pavlov qui s'est barricadé dans un édifice de quatre étages et a repoussé de nombreux assauts quotidiens de l'armée allemande pendant 60 jours entre le 27 septembre et le 25 novembre 1942, avant de recevoir des renforts et que les Allemands soient repoussés. L'édifice, qu'on a nommé plus tard la Maison de Pavlov, a permis à l'Armée rouge de défendre une section clé de la rivière Volga.


La maison Pavlov pendant la bataille de Stalingrad

La contre-offensive soviétique, opération Uranus,
du 19 au 22 novembre 1942


La contre-offensive soviétique « opération Uranus » prend au piège la Sixième armée allemande à Stalingrad, de novembre 1942 à leur défaite en février 1943.

Dès le 12 septembre 1942, les maréchaux Gueorgui Joukov et Alexandre Vassilievski avaient planifié dans le plus grand secret l'opération Uranus. Leur but était de pousser les Allemands à envoyer toujours plus de troupes pour prendre Stalingrad en maintenant les défenses de la 62e armée à un niveau minimal pour ensuite attaquer les flancs allemands. L'opération Uranus a mobilisé plus de 1,5 million de troupes. Elle a tiré parti des troupes roumaines mal équipées qui défendaient les flancs allemands ainsi que des forces de l'Axe mal équipées pour les conditions hivernales. Ainsi 22 divisions ont été éventuellement encerclées. Plus d'un quart de million de soldats allemands ont été piégés dans l'enclave de Stalingrad, que les Allemands appelaient le Kessel (le chaudron).


Des chars d'assaut soviétiques au nord-ouest de Stalingrad avancent vers la ville dans le cadre de l'opération Uranus.

Du 23 novembre au 12 décembre 1942

Hitler a ordonné à ses généraux de ne pas tenter de s'extirper et a promis des approvisionnements par un pont aérien, après que le chef du Luftwaffe, Hermann Georing, ait confirmé que c'était possible. Malgré le pont aérien, les troupes cernées avaient toujours un manque d'approvisionnement quotidien de 150 tonnes. Malgré les protestations de généraux comme Walther von Seydlitz, le commandant de la 6e armée allemande Friedrich Paulus n'a pas eu la fortitude de tenir tête à Hitler et de tenter de briser l'encerclement.

Les tentatives de renfort allemand : opération Tempête d'hiver, du 12 au 22 décembre 1942

L'opération Tempête d'hiver a été lancée par le feld-maréchal Erich Von Manstein du Groupe d'armée Don pour venir en aide aux forces allemandes à Stalingrad. L'attaque a eu lieu à moins de 100 kilomètres de Stalingrad, mais a été interrompue suite aux piètres conditions météorologiques et à l'impossibilité pour la Sixième armée de les rejoindre. Les Soviétiques avaient aussi lancé le 16 décembre 1942 l'opération Petit Saturne et celle-ci menaçait d'encercler les forces de Von Manstein.

La contre-offensive soviétique, opération Petit Saturne, du 15 décembre 1942 au 8 janvier 1943


Les troupes soviétiques prennent part à l'opération Petit Saturne.

Les Soviétiques ont lancé l'opération Petit Saturne, une version modifiée d'opération Saturne. Le plan initial d'opération Saturne était d'accroître la région contrôlée par l'Armée soviétique pour inclure Rostov et Kharkov, mais elle a dû être revue à la baisse en raison de l'opération Tempête d'hiver des Allemands du 12 décembre 1942. Opération Petit Saturne a réussi à forcer les troupes de Von Manstein à battre en retraite, laissant la 6e armée allemande à elle-même à Stalingrad.

Les Soviétiques proposent une trêve le 9 janvier 1943

Le général soviétique Rokossovsky a dépêché vers les lignes allemandes trois envoyés en vue d'une trêve pour convaincre Paulus de déclarer la capitulation de la 6e armée, avec la garantie d'un traitement équitable des prisonniers. L'offre a été refusée conformément aux ordres d'Hitler.

Du 10 janvier au 2 février 1943


Carte de l'opération Anneau qui montre l'encerclement final des forces de l'Axe (en mauve) par l'Armée rouge soviétique

L'opération Koltso (opération Anneau) a été la dernière phase de la bataille de Stalingrad. Elle a été lancée par le général Rokossovsky à la tête des 21e et 5e armées de chars d'assaut et a écrasé le chaudron. Le 26 janvier 1943, les troupes de la 21e armée ont fait leur jonction avec les troupes de la 62e armée au kourgane Mamaïev, ce qui a divisé le chaudron en deux. Les troupes dans la partie sud étaient dirigées par le général Paulus, tandis qu'au nord la section allemande plus grande était dirigée par le commandant de XIe corps, le général Strecker.

Le 31 janvier, Paulus a été promu au rang de feld-maréchal par Hitler. Il a interprété la promotion comme une offre de se suicider, puisqu'aucun feld-maréchal n'avait jamais été fait prisonnier. Il a refusé de se suicider « pour le caporal bohémien ». Il a été capturé par les Russes dans son quartier général et fait prisonnier. Il a refusé de donner l'ordre aux soldats de la section sud de se rendre, disant qu'il n'était plus commandant. La résistance de la section sud a cependant cessé en grande partie le 31 janvier.

Le 2 février, dans la section nord, le général Strecker a dit à ses officiers de négocier les termes de la capitulation, après quoi les combats allemands organisés à Stalingrad ont pris fin.

C'est ainsi que prit fin la bataille de Stalingrad avec cette victoire décisive de l'Armée rouge soviétique qui a de façon déterminante changé le cours de la guerre en faveur des Alliés, au prix de 1,1 million de soldats de l'Armée rouge, 40 000 civils russes et près de 800 000 troupes de l'Axe, morts, blessés ou disparus. Près de 3 millions de personnes ont été tuées ou blessées durant la bataille de Stalingrad, ce qui en fait la bataille la plus meurtrière de l'histoire.


Les troupes allemandes se rendent en février 1943, suite à la victoire soviétique lors de la bataille de Stalingrad.


L'Armée rouge soviétique célèbre à Stalingrad suite à la victoire du 2 février 1943.

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Les réparations de la Deuxième Guerre mondiale


À la Conférence de Yalta en février 1945, de gauche à droite, Winston Churchill,
Franklin D. Roosevelt et Joseph Staline.

De tous les dommages qui ont été infligés aux pays alliés pendant la Deuxième Guerre mondiale (Union soviétique, États-Unis, Grande-Bretagne et France), la moitié l'ont été à l'URSS.

À la Conférence de Yalta, en février 1945, Staline a proposé que l'Allemagne paie un montant total de 20 milliards $ en réparations, en prévoyant que la moitié de la somme, soit 10 milliards $, irait à l'Union soviétique, le pays ayant fait la plus grande contribution à la victoire et souffert plus que toutes les autres nations de la coalition anti-hitlérienne. Franklin D. Roosevelt et Winston Churchill ont accepté la proposition de Staline avec certaines conditions. Dix milliards de dollars représentent environ ce que les États-Unis ont dépensé en aide à l'Union soviétique pendant la Deuxième Guerre mondiale dans le cadre du programme prêt-bail. Dix milliards de dollars, quand ils étaient garantis par un dépôt d'or (un dollar à l'époque valait 1/35 d'une once troy d'or), correspondaient à 10 000 tonnes d'or, ce qui veut dire que l'ensemble des réparations correspondait à 20 000 tonnes d'or. Dans les faits, les réparations allemandes auxquelles l'URSS a donné son accord fournissaient à peine une indemnisation de 8 % de tous les dommages directs infligés à l'Union soviétique. Et c'est seulement environ 2,8 % du coût de tous les dommages qui ont été récupérés. Cela semble être le résultat d'un geste généreux de la part de Staline.

Ces chiffres offrent un frappant contraste avec la facture énorme en réparations que les puissances de l'Entente (à l'exclusion de la Russie) ont soumise à l'Allemagne à la Conférence de Paris en 1919. Le Traité de Versailles a établi le montant des réparations à environ 269 milliards de marks-or, l'équivalent de près de 100 000 (!) tonnes d'or. Ce pays, qui avait d'abord été frappé par la récession et la crise des années 1920, et plus tard par la Grande Dépression, a été incapable de payer les montants qui lui ont été réclamés en réparations et a été forcé d'emprunter auprès d'autres pays afin de remplir les obligations du Traité. En 1921, la Commission des réparations a réduit cette somme à 132 milliards $, soit environ de la moitié, mais cette nouvelle somme équivalait tout de même à 50 000 tonnes d'or. Lorsque Hitler a pris le pouvoir en 1933, il a complètement cessé les paiements de réparations. Après la Deuxième Guerre mondiale et la création de la République fédérale d'Allemagne en 1949, les ministres des Affaires étrangères des États-Unis, du Royaume-Uni et de la France ont obligé le nouveau pays à reprendre les paiements de ses dettes contractées en vertu du Traité de Versailles. Conformément à l'Accord de Londres sur les dettes de 1953, on a permis aux territoires allemands qui avaient été perdus après la guerre de ne pas faire leurs paiements sur les intérêts jusqu'à ce que l'Allemagne de l'Est et de l'Ouest soient réunifiées. Suite à la réunification de l'Allemagne le 3 octobre 1990, ses obligations de réparations en vertu du Traité de Versailles ont repris. L'Allemagne s'est vu offrir une période de 20 ans pour payer ses dettes, ce qu'elle n'a pu faire qu'en contractant un prêt de 239,4 millions de marks remboursable en 20 ans. C'est seulement vers la fin de 2010 que l'Allemagne a terminé ses paiements de réparations à ses plus proches alliés. L'Union soviétique a appliqué une politique très différente : quelques années à peine après la fin de la Deuxième Guerre mondiale, elle a mis fin aux réparations de la Roumanie, de la Bulgarie et de la Hongrie, qui faisaient alors partie de la communauté socialiste. Même l'Allemagne de l'Est a cessé de faire des paiements de réparations à l'Union soviétique peu après sa création.

Staline ne voulait pas voir répéter la situation qui s'était produite en Allemagne et en Europe après la signature du Traité de Versailles. C'est précisément ce traité qui a acculé l'Allemagne au pied du mur et pavé la voie pour le glissement de l'Europe dans la Deuxième Guerre mondiale. Parlant du traité de paix avec la Hongrie à la Conférence de paix de Paris, Andreï Vychinski, alors vice-ministre soviétique des Affaires étrangères, a présenté les considérations de la politique soviétique en ce qui concerne les réparations : « Le gouvernement soviétique suit de manière conséquente cette politique en matière de réparations qui consiste à partir d'un plan réaliste de façon à ne pas étouffer la Hongrie et à ne pas la priver de la possibilité de se remettre, mais plutôt à renouveler son économie, à l'aider à se remettre sur pied et à se joindre aux institutions communes des Nations unies et jouer un rôle dans le renouveau économique de l'Europe. »

L'URSS a adopté la même approche magnanime envers d'autres pays qui s'étaient battus aux côtés des Allemands. On peut le voir au traité de paix avec l'Italie qui a offert un paiement de 100 millions $ en réparations à l'Union soviétique bien que cela ne représentait que 4 ou 5 % des dommages directs infligés à l'Union soviétique.

Le principe sous-jacent à cette approche magnanime dans la détermination du montant des réparations allait de pair avec un principe important de la politique soviétique, soit l'utilisation de la production industrielle actuelle du pays comme base de la réalisation des paiements de réparations. Ce principe s'inspirait directement des leçons de la Première Guerre mondiale. Il est important de se rappeler que les demandes en réparations qui ont été imposées à l'Allemagne suite à la Première Guerre mondiale étaient exclusivement monétaires et devaient être payées en devises étrangères. Ce qui fait que l'Allemagne avait dû se concentrer sur la production de biens manufacturiers qui ne visaient pas à satisfaire la demande intérieure en produits de base, mais sur la production de biens qui étaient destinés à l'exportation et permettaient d'obtenir les devises étrangères nécessaires. En plus, l'Allemagne devait contracter des emprunts pour effectuer chaque nouveau paiement de réparations ce qui l'a asservie à l'endettement. L'Union soviétique ne voulait pas voir cette situation se répéter. Viatcheslav Molotov a expliqué la position soviétique lors d'une réunion du Conseil des ministres des Affaires étrangères le 12 décembre 1947 : « Aucun paiement de réparations n'est fait en ce moment en provenance des zones occidentales, et l'industrie dans la zone combinée anglo-américaine opère à seulement 35 % de son niveau de 1938. Les paiements de réparations se font en ce moment en provenance de la zone soviétique en Allemagne, et l'industrie y opère à 52 % de son niveau de 1938. L'index de la production industrielle dans la zone soviétique, où le contexte de la reprise industrielle est pourtant encore plus difficile, est 50 % plus élevé que celui de la zone anglo-américaine. »

À la Conférence de Yalta, les dirigeants de l'URSS, des États-Unis et de la Grande-Bretagne se sont entendus sur le principe du caractère non monétaire des réparations. Les alliés anglo-américains l'ont entériné une fois de plus à la Conférence de Postdam. Cependant, en 1946, ils ont commencé à saborder activement cette politique. Ils ont aussi sapé d'autres accords relatifs aux réparations. Même à la Conférence de Postdam, les alliés de l'URSS ont accepté que l'Allemagne compense ses dettes de réparations en fournissant des produits et en démantelant des équipements dans les zones d'occupation occidentales. En même temps, les alliés ont multiplié les obstacles pour empêcher que les Soviétiques n'obtiennent des biens et de l'équipement des zones d'occupation occidentales (seul un faible pourcentage de tout ce qui devait être livré l'a été).

Une des conséquences de la guerre froide lancée par l'ouest contre l'URSS en 1946 est qu'aucun mécanisme unique n'a été créé permettant aux alliés de rassembler et comptabiliser les réparations. Une fois que la République fédérale d'Allemagne a été créée dans les zones d'occupation occidentales en 1949, toute possibilité pour l'Union soviétique d'obtenir des compensations de réparations de l'Allemagne de l'Ouest s'est évanouie pour toujours.

Après la Conférence de Yalta, il n'a plus jamais été question du montant total précis des réparations qui a été imposé à l'Allemagne après la Deuxième Guerre mondiale. Cette question demeure encore aujourd'hui très obscure. Aucun document ne mentionne le montant total des dettes de réparations de l'Allemagne. Aucun mécanisme effectif de collecte et de décompte centralisés des paiements de réparations de l'Allemagne n'a été créé. C'est unilatéralement que les puissances victorieuses ont obtenu leurs réclamations en réparations.

Si l'on se fie aux déclarations de ses représentants officiels, même l'Allemagne ne sait pas combien exactement elle a payé en réparations. L'Union soviétique préférait recevoir des réparations en nature plutôt qu'en argent comptant. Selon l'historien russe Mikhail Semiryaga, pendant un an à partir de mars 1945, les organes suprêmes du pouvoir en Union soviétique ont pris presque mille décisions relatives au démantèlement de 4389 entreprises en Allemagne, en Autriche, en Hongrie et dans d'autres pays européens. En plus, près de mille usines ont été déplacées de Mandchourie et même de Corée vers l'URSS. Ce sont des chiffres impressionnants. Mais cela dépend à quoi on les compare. Les envahisseurs nazis ont rasé 32 000 usines en URSS. Cela veut dire que le nombre des installations manufacturières que l'URSS a démantelées en Allemagne, en Autriche et en Hongrie représente seulement 14 % de ce qui a été détruit en URSS. Selon Nikolaï Voznessenski, qui à l'époque était le président du Comité d'État pour la planification de l'Union soviétique, la valeur des équipements qui ont été pris à l'Allemagne comme réparations n'a représenté que 0,6 % des dommages directs que l'URSS a soufferts.

On peut trouver certaines données dans des documents allemands. Par exemple, selon l'information disponible au ministère ouest-allemand des Finances et au ministère fédéral des Relations intra-allemandes, tout ce qui a été confisqué de la zone d'occupation soviétique et de la République démocratique allemande avant 1953 valait 66,4 milliards de marks ou 15,8 milliards de dollars. Les experts allemands disent que cela représente environ 400 milliards $ en dollars d'aujourd'hui. Les confiscations ont été faites en nature et en argent comptant. Les réparations qui sont passées de l'Allemagne à l'URSS étaient principalement de deux catégories : des biens manufacturiers produits par des firmes allemandes d'une valeur de 34,70 milliards de marks et des paiements en argent comptant en diverses devises, incluant des marks allemands de l'occupation, d'une valeur de 15,0 milliards de marks.

De 1945 à 1946, une forme commune des réparations consistait en de l'équipement de compagnies allemandes démantelé et transféré en URSS. En mars 1945, un Comité spécial du Comité soviétique de la Défense d'état a été créé à Moscou pour coordonner l'ensemble du travail de démantèlement des installations militaires et industrielles dans la zone soviétique d'occupation. Entre mars 1945 et mars 1946, la décision a été prise de démanteler plus de 4000 usines : 2885 en Allemagne, 1137 usines allemandes en Pologne, 206 en Autriche, 11 en Hongrie et 54 en Tchécoslovaquie. L'équipement principal de 3474 sites a été démantelé, et 1,118 million de pièces d'équipement ont été confisquées : 339 000 outils servant à couper le métal, 44 000 masses et perceuses et 202 000 moteurs électriques. Soixante-sept usines fabriquant uniquement du matériel militaire ont été démantelées en zone soviétique, 170 ont été détruites et 8 ont été converties à la production civile.

Cependant, une fois ces équipements démantelés, le secteur manufacturier s'est arrêté dans la partie est de l'Allemagne et le chômage a augmenté drastiquement, ce qui fait qu'en 1947, les Soviétiques ont commencé à limiter les réparations de ce genre. Trente-et-une entreprises de propriété conjointe avec des entités soviétiques ont alors été créées à partir de 119 grandes firmes dans la zone d'occupation orientale. En 1950, ces entreprises ont représenté 22 % de la production industrielle de la RDA. En 1954, toutes les entreprises conjointes créées avec les entités soviétiques ont été transférées gratuitement à la République démocratique allemande. Ce fut le point final de ce chapitre des réparations de la Deuxième Guerre mondiale.

(Strategic Culture Foundation, 7 mai 2015. Traduction : LML)

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Les Britanniques trahissent leurs propres convois transportant du matériel pour aider les Soviétiques

Ce qui suit sont des extraits du livre de l'historien russe Nikolay Starikov Proxy Wars, St-Petersbourg, 2017.

* * *

Partie I


Le convoi PQ 17 en Islande en mai 1942 avant son départ

Le désastre qui a frappé le légendaire convoi PQ 17 de la Grande-Bretagne, qui apportait une aide militaire à l'Union soviétique en juillet 1942, reste un mystère pour ceux qui ne comprennent pas le véritable programme de Londres pendant la Seconde Guerre mondiale.

Le deuxième front, que les Alliés avaient promis à Moscou en 1941, n'a été ouvert ni cette année ni la suivante. Après tous les efforts diplomatiques et les batailles de Staline, l'aide à l'URSS prit la forme de fournitures militaires. Le moyen le plus simple et le plus efficace de livrer cette cargaison était la mer. Les convois polaires ont été assemblés en Islande, puis ont navigué autour de la Scandinavie pour se frayer un chemin jusqu'à Mourmansk ou Arkhangelsk. Chacun d'eux était gardé par des navires de guerre britanniques. Les Allemands ont attaqué les convois polaires à partir d'aérodromes situés à l'intérieur de la Norvège occupée par les nazis. Des sous-marins allemands et des navires de surface y étaient basés, dans des installations militaires à Narvik et à Trondheim.

Avant juillet 1942, les convois avaient subi peu de pertes, la première ayant eu lieu lorsque le convoi PQ 12 (mars 1942, composé de 12 navires marchands) avait perdu un navire et un destroyer d'escorte. Le PQ 13 a perdu quatre navires, le PQ 14 un navire, le PQ 15 trois navires, et le PQ 16 sept navires marchands.

Mais sur les 34 navires marchands et pétroliers du convoi PQ 17, qui ont quitté le fjord de Hvalfjörður le 27 juin 1942, seuls 13 ont atteint les côtes de l'Union soviétique — 21 navires ont été coulés ! Sur les 297 avions inclus dans cette cargaison, 210 sont allés au fond de la mer, tout comme 430 des 584 chars, 3 530 des 4 246 véhicules qui avaient été fixés aux ponts et stockés dans les cales, ainsi que beaucoup d'autre matériel militaire dont avait si cruellement besoin l ' URSS qui se livrait à des combats féroces et intenses sur le Don et la Volga. Au total, 122 000 tonnes de marchandises ont été perdues sur le total initial de 188 000 tonnes, en plus des centaines de morts ...

Ce ne sont pas ces pertes énormes cependant qui expliquent la place du PQ 17 dans les livres d'histoire, mais la raison pour laquelle tout cela est arrivé. Cette raison avait un visage humain. Le fait est que les navires de guerre britanniques ont simplement abandonné le convoi à la merci du destin. Ils s'éloignèrent, ordonnant au convoi de se disperser et à tous les navires qui le composaient de se frayer un chemin jusqu'aux rivages soviétiques. Ainsi, ces vaisseaux sans défense étaient devenus une proie facile pour les sous-marins et les avions allemands ...

L'escorte militaire et les forces de couverture du convoi comprenaient six destroyers, quatre corvettes, quatre chalutiers armés, trois dragueurs de mines, deux sous-marins et deux auxiliaires antiaériens. C'était le commandant Jack Broome qui était responsable de l'expédition et il publiera plus tard un mémoire remarquable, Convoy Is to Scatter.

Le 3 juillet 1942, après avoir réussi à repousser plusieurs attaques aériennes allemandes, le vaisseau amiral de l'escorte reçut un câble codé de Londres, affirmant que « des photographies de Trondheim montrent que des [navires de guerre allemands] Tirpitz, Hipper et 4 destroyers sont partis ».

Le 4 juillet 1942, il y a eu de nouvelles attaques aériennes allemandes contre le convoi. Cette fois, les Allemands ont eu beaucoup plus de chance : deux navires ont été coulés et trois ont été endommagés, mais la Luftwaffe a perdu six avions. Et puis « quelque chose d'étrange » se passe. Tôt dans la matinée du 5 juillet, le contre-amiral Hamilton donna l'ordre à sa première escadre de croiseurs de se retirer, retirant sa protection au convoi, et l'amiral Pound, l'amiral de la flotte, ordonna la « dispersion » des navires marchands. Cette décision était fondée sur des informations qui auraient été reçues concernant une menace d'attaque du convoi par le cuirassé Tirpitz. Ce serait un euphémisme de dire que le commandant Jack Broome a trouvé cet ordre tout à fait déconcertant et déroutant :

« Le meilleur parallèle descriptif auquel je pouvais penser était l'effet que fait un choc électrique. L'ordre de DISPERSION est l'apanage du chef sur place quand, et seulement quand, une force écrasante attaque son convoi, lequel serait plus difficile à massacrer que si elle restait concentrée. C'est la dernière goutte d'eau, le ‘sauve qui peut' et c'est, bien sûr, irrévocable. En recevant ces messages, séparés par un intervalle de seulement 13 minutes et arrivant avec une urgence croissante, nous n'avons pu tirer qu'une seule conclusion. L'Amirauté avait reçu la confirmation que les Allemands étaient prêts à frapper, et ces confirmations étaient suffisamment fiables pour qu'ils décident qu'en cas d'attaques continues venant d'en haut et d'en bas, les navires marchands sans défense seraient ainsi plus en sécurité qu'ils ne le seraient dans le convoi Le PQ 17 fut le premier convoi de l'histoire de la Royal Navy à recevoir l'ordre de se disperser par un officier qui n'était pas sur place. »


L'amiral britannique Dudley Pound

L'histoire officielle britannique insiste sur le fait que le convoi du PQ 17 a été victime d'une erreur tragique. Supposément, dès que Lord Pound a pris sa décision fatidique et a donné son ordre, il s'est avéré que l'escadron allemand n'était allé nulle part et se trouvait toujours à sa base en Norvège !

L'amiral Dudley Pound, responsable de la destruction du convoi PQ 17, a démissionné le 5 octobre 1943 et est mort le 21 octobre de la même année ...

Mais que s'est-il vraiment passé ? Immédiatement après la signature du traité d'alliance avec l'URSS le 26 mai 1942, les dirigeants britanniques, probablement Churchill lui-même, ont émis un ordre secret selon lequel le prochain convoi ne doit pas arriver sur les rives de l'Union soviétique. Toutes les actions ultérieures de l'amiral Pound, qui sont sans parallèle dans l'histoire navale et militaire, ne sont rien de plus que ses efforts pour exécuter les instructions qui lui avaient été données. Cela a non seulement permis « d'aider sans aider » l'Armée rouge, mais a également donné carte blanche aux dirigeants britanniques pour faire de leur mieux pour mettre fin aux convois, sous prétexte d'avoir subi de « lourdes pertes ». C'était l'arrêt de l'assistance à l'Union soviétique, à un moment critique de la bataille de Stalingrad.

Qui plus est, parce que les Britanniques ont pratiquement abandonné le convoi et remis leur route maritime aux nazis en retirant les navires de guerre protecteurs, cela équivalait à encourager directement Hitler à poursuivre sa montée vers Stalingrad pour achever la Russie soviétique. Pour que le Führer se rende compte que sa seule issue était d'écraser l'URSS, ou en d'autres termes, d'intensifier la guerre, il avait besoin d'une preuve irréfutable que les Britanniques étaient prêts à trahir la Russie. Et bien qu'ils soient officiellement alliés, les Britanniques seraient prêts à faire la paix avec le Reich si l'URSS pouvait être vaincue. La trahison britannique de leur propre convoi était la preuve offerte aux Allemands que, cette fois, un accord avec eux était possible.

Les Allemands connaissaient vraiment les noms de chacun des navires du convoi et même la cargaison que chacun transportait ! Les sous-mariniers allemands n'avaient aucune raison de se cacher. Ils ont fait surface et, ne gaspillant pas leurs torpilles, ont facilement coulé les navires marchands sans défense avec le feu d'artillerie. Les marins alliés sauvés plus tard ont prétendu que les nazis étaient étonnamment bien informés quant à ce que chaque navire portait. Pour expliquer ce fait étonnant, les Britanniques ont ensuite fait circuler l'information selon laquelle les Allemands auraient trouvé les livres de code et la liste des navires à bord du navire marchand SS Paulus Potter, qui avait été laissé à la dérive après avoir été attaqué (l'équipage avait abandonné le navire mais ne l'avait jamais sabordé). Une autre bizarrerie dans le comportement des Allemands qui a été remarquée par les témoins oculaires était leur nonchalance surprenante et leur sens confiant de l'impunité. Ils ne semblaient pas se battre tant que ça s'amusant, comme lors d'une plaisante et innocente sortie :

On leur a pratiquement remis un permis de bombarder, de torpiller et de nous photographier, puis ils se sont photographiés en train de se remettre leurs médailles ! Il est rarement possible de filmer autant d'images prises en une seule action en mer, toutes du point de vue de l'ennemi qui a récolté une si riche moisson pour sa propagande. (Paul Lund, PQ 17: Convoy to Hell)

Un détail encore plus curieux : le câble radio ordonnant la retraite du convoi a été envoyé par les Britanniques « en clair », c'est-à-dire sans cryptage ! Il n'y a pas encore d'explication rationnelle à ce jour pour expliquer pourquoi toutes les règles de base du secret ont été subitement violées. La seule raison logique pour envoyer un message radio d'une importance cruciale en clair quand il n'y avait pas de besoin pressant de le faire (!) serait qu'il y avait un désir qu'il soit immédiatement lu par l'ennemi. Les Britanniques ont ouvertement informé les Allemands que le convoi était maintenant sans défense et pouvait facilement être attaqué, mais qu'il n'était pas nécessaire de frapper les croiseurs en retraite et les navires du convoi qui pouvaient se débrouiller seuls. De ce point de vue, il est tout de suite clair pourquoi les Allemands se sont comportés avec une telle nonchalance et étaient si confiants de leur impunité.

Autre fait important : le 5 juillet 1942, les navires de guerre britanniques reçurent encore un autre câble radio, dont la signification est difficile à interpréter autrement que par un désir de couvrir leurs traces :

« Veuillez noter que le message de l'Amirauté aux navires escortant le PQ 17, au commandant de la 1ère escadre de croiseurs et au commandant en chef de la Home Fleet qui ordonnait la dispersion du convoi, a été transmis en cryptage naval, et non en clair, comme on l'a noté sur les copies en circulation.  » (Jack Broome. Convoy Is to Scatter).

En d'autres termes, les capitaines de navires ont été priés de faire une falsification dans le journal de bord de leur navire et de noter que l'ordre télégraphié « convoy is to scatter » (le convoi doit se disperser) a été envoyé sous forme cryptée, plutôt qu'en clair, comme c'était le cas en réalité ! Plus tard, l'Amirauté a décidé de détruire tous les journaux de transmission radio de cette campagne.

N'est-il pas surprenant que, après avoir appris la tragédie du convoi PQ 17, Staline a demandé : « Les officiers de marine britanniques comprennent-ils même le concept de l'honneur ? »

Partie II

Le 28 juillet 1942, Staline publia son fameux ordre no. 227 : « Pas un pas en arrière ! » Et ce n'était pas parce qu'il avait oublié de le faire en 1941, mais parce que la situation sur les premières lignes de la guerre était devenue beaucoup plus dangereuse et la perspective d'une défaite militaire soviétique beaucoup plus possible qu'au début de la guerre. C'est pourquoi, le 19 octobre 1942, Staline écrivit à l'ambassadeur soviétique en Angleterre, Ivan Maisky :

Nous avons tous, à Moscou, l'impression que Churchill vise à la défaite de l'URSS, pour ensuite se réconcilier avec l'Allemagne d'Hitler ou de Brüning aux dépens de notre pays. Sinon, il est difficile d'expliquer le comportement de Churchill, que ce soit en ce qui concerne le deuxième front en Europe ou les livraisons d'armes à l'URSS, qui continuent à diminuer.

La tragédie du PQ 17 s'est produite au début de juillet 1942 et le télégramme de Staline a été envoyé à la mi-octobre. Dans l'intervalle Churchill avait envoyé des lettres d'explication, les Britanniques avaient tenté de réduire les convois, et Churchill avait fait une visite à Moscou du 12 au 14 août. En conséquence, Staline était convaincu, comme il l'a exprimé dans son télégramme à Maisky, que Churchill conspirait avec Hitler.


Winston Churchill et Joseph Staline au Kremlin en août 1942

Vous pouvez juger vous-même de la faiblesse des « explications » de Sir Winston au sujet de la tragédie du PQ 17 en lisant la correspondance des deux dirigeants dans son intégralité, nous allons donc vous en donner les faits saillants ici. La lettre complète du premier ministre britannique à Staline le 18 juillet 1942 peut être réduite en une phrase : nous ne pouvons pas combattre les Allemands, car cela nous coûterait très cher . Et par conséquent, écrit Sir Winston, nous n'avons pas d'autre choix que de mettre fin aux convois pour l'URSS . La lettre de réponse de Staline, le 23 juillet 1942, éclaire ce qui se passait à l'époque :

J'ai reçu votre message du 18 juillet. Je crois comprendre que le gouvernement britannique refuse d'approvisionner l'Union soviétique en matériel de guerre par la route du nord et que, malgré le communiqué anglo-soviétique sur l'adoption de mesures urgentes pour ouvrir un deuxième front en 1942, le gouvernement britannique reporte l'opération jusqu'en 1943. Selon nos experts navals, les arguments des experts navals britanniques sur la nécessité d'arrêter la livraison de fournitures de guerre aux ports nord de l'URSS sont intenables. Ils sont convaincus que, compte tenu de la bonne volonté et de la volonté d'honorer leurs obligations, des livraisons régulières pourraient être effectuées, avec de lourdes pertes pour les Allemands. L'ordre donné par l'Amirauté britannique au convoi du PQ 17 d'abandonner les navires de ravitaillement et de retourner en Grande-Bretagne, et aux navires de ravitaillement de se disperser et de continuer seuls, sans escorte, est, aux yeux de nos experts, déroutant et inexplicable. Bien sûr, je ne pense pas que des livraisons régulières dans les ports du nord de l'Union soviétique soient possibles sans risque ni perte. Mais alors aucune tâche majeure ne peut être effectuée en temps de guerre sans risque ni perte. Vous savez, bien sûr, que l'Union soviétique subit des pertes beaucoup plus importantes. Quoi qu'il en soit, je n'aurais jamais imaginé que le gouvernement britannique nous refuserait la livraison de matériel de guerre précisément maintenant, alors que l'Union soviétique en a grandement besoin en raison de la situation grave sur le front germano-soviétique. Il devrait être évident que les livraisons via les ports persans ne peuvent en aucun cas compenser les pertes en cas d'interruption des livraisons via la route du nord. Quant au second point, à savoir celui de l'ouverture d'un second front en Europe, je crains que la situation ne prenne une mauvaise tournure. Compte tenu de la situation sur le front soviéto-allemand, j'affirme avec la plus grande insistance que le gouvernement soviétique ne peut tolérer que le deuxième front en Europe soit reporté à 1943. J'espère que vous ne le prendrez pas mal si j'ai jugé bon de vous donner mon opinion franche et honnête et celle de mes collègues sur les points soulevés dans votre message.


Lors des entretiens à Moscou : Winston Churchill, l'ambassadeur britannique Averell Harriman, Joseph Staline, le ministre des Affaires étrangères Vyacheslav Molotov

Au cours de la visite de Churchill à Moscou quelques jours plus tard, Staline lui disait très clairement : « Les Allemands n'ont pas une grande flotte, et il faut la détruire, plutôt que de disperser les convois . » Staline savait à qui il avait affaire. Il savait qui avait hissé Hitler au pouvoir et en connaissait les raisons. Il comprenait que le but ultime de l'Angleterre était de faire durer la guerre soviéto-allemande aussi longtemps que possible. C'est pourquoi il se montra tellement offensé par l'excuse de ces « facteurs circonstanciels » au point que ses « alliés » furent contraints d'envoyer le convoi du PQ 18 en URSS au début de septembre 1942. Fait intéressant, les escortes militaires accompagnant le convoi du PQ 18 reçurent également l'ordre de se concentrer sur leur propre protection plutôt que sur celle des navires de ravitaillement. (Paul Lund, PQ 17 : Convoy to Hell). Mais cette fois cet ordre fut ignoré et les marins britanniques réussirent à sauvegarder les transports. Le fait que le PQ 17 aurait pu être protégé est également évident du fait que malgré une bataille féroce dans la mer de Barents au nord de North Cape, 28 des 41 navires du PQ 18 sont arrivés en sécurité dans le port soviétique, causant des pertes considérables à la Luftwaffe (environ 40 avions pilotés par les meilleurs as allemands ont été touchés par l'escorte pendant le voyage).

L'histoire du PQ 17 n'est qu'un petit fragment de la mosaïque des jeux élaborés que l'establishment britannique a utilisés pendant la Seconde Guerre mondiale pour atteindre ses objectifs insaisissables. À cette fin, ils ont sacrifié leurs propres citoyens et soldats. Par exemple, dans le cadre de la campagne de désinformation de l'opération Fortitude dans la première moitié de 1944, les services de renseignements britanniques avaient envoyé des agents dans divers pays de l'Europe occupée, et ces agents « connaissaient », d'une manière ou d'une autre, le lieu et l'heure du débarquement allié en Europe. Selon les informations fournies, ce débarquement devait avoir lieu dans le Pas-de-Calais. Les planificateurs de l'opération avaient également veillé à ce que ces agents tombent entre les mains de la Gestapo et que les capsules de poison qui leur avaient été données en cas d'arrestation se révèlent inefficaces. Mais la preuve de ces tentatives de suicide rendait plus fiables les informations obtenues par la Gestapo en torturant les agents capturés. En conséquence, les Allemands crédules attendaient le débarquement allié au mauvais endroit. De plus, après que les troupes alliées aient pris d'assaut les plages de Normandie, Hitler, qui attendait toujours un débarquement dans le Pas-de-Calais, n'a pas pu déplacer au sud plusieurs divisions de chars qui auraient pu repousser cette invasion.

Et qu'en est-il de ces malheureux agents ? Certains d'entre eux ont survécu à la guerre et, se rendant compte de ce qui leur était arrivé, ont exigé une enquête. Mais, comme les journaux des câbles radio du convoi arctique, les archives du Special Operations Executive avaient été détruites juste à temps. En réponse aux tentatives de découvrir ce qui s'était réellement passé, le gouvernement britannique montra une expression de dignité offensée. Ils prétendirent qu'un tel plan d'action aurait été indigne d'eux et sont outrés par sa suggestion même.

Aucun document n'existe. Cela veut dire que ça n'est jamais arrivé ...

(Adapté et traduit du russe vers l'anglais par Oriental Review le 24 octobre 2017 et traduit de l'anglais vers le français par Réseau international.)

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