Le Marxiste-Léniniste

Numéro 2 - 20 janvier 2018

Supplément

Discussion sur les affaires économiques

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Les travailleurs ont besoin d'une économie qui garantit le bien-être et
les droits de tous

Forum de Davos sur l'économie
Développement économique inégal au sein du système impérialiste d'États
Reportage sur la pauvreté profonde qui sévit d'un bout à l'autre des États-Unis
La poussée spéculative du bitcoin



Les travailleurs ont besoin d'une économie qui garantit
le bien-être et les droits de tous

Forum de Davos sur l'économie

La 48e réunion annuelle du Forum économique mondial, connu comme le Forum de Davos, se tient des 23 au 26 janvier. Selon le site web du Forum, la rencontre réunit des gens qui vont des « PDG et leaders industriels aux membres de nos communautés » en plus des économistes habituels qui sont considérés comme des experts. Cette année, la rencontre va rassembler « un nombre record de chefs d'État, de gouvernements et d'organisations internationales aux côtés de dirigeants du monde des affaires, de la société civile, du monde universitaire, des arts et des médias ». Donald Trump et Justin Trudeau ont confirmé leur présence et il en est de même du président français Emmanuel Macron, de la première ministre britannique Theresa May et du premier ministre de l'Inde Narendra Modi. Le premier ministre Modi va prononcer le discours d'ouverture et le président Trump va prononcer un discours d'orientation avant la fin de la rencontre.

La rencontre va être essentiellement une rencontre de riches et de leurs représentants pour décrire la situation des pauvres et proposer des manoeuvres pour tenter d'échapper aux lois économiques du développement, dans le vain espoir de les défier. Certains vont déplorer la situation et parler avec passion du besoin d'empêcher la classe moyenne et ceux qui, selon les mots de Trudeau, « aspirent à accéder à la classe moyenne » de s'appauvrir à cause de la destruction nationale néolibérale, des crises récurrentes, de la guerre et de la destruction des pouvoirs productifs à l'échelle mondiale.

À cet égard, le site web du Forum de Davos annonce que l'objectif de la rencontre de cette année est de « réunir les leaders de tous les horizons pour développer une vision partagée de l'avenir afin d'améliorer l'état du monde ». Un communiqué de presse mentionne que « le programme, les initiatives et les projets de la réunion seront axés sur le thème 'Construire un avenir commun dans un monde fracturé' ». Selon le matériel de promotion de la rencontre, « les participants à la réunion auront à coeur de trouver comment réaffirmer la coopération internationale autour d'intérêts communs cruciaux, tels que la sécurité internationale, l'environnement et l'économie mondiale. Cette réunion intervient à une époque où la concurrence géostratégique entre les États est généralement perçue comme de plus en plus grande. »

Reprenant les mots du professeur Klaus Schwab, le fondateur et président du Forum économique mondial, le communiqué de presse décrit certains des problèmes que confronte le pouvoir des riches oligarques :

« Parallèlement à la coopération internationale, une autre priorité de la réunion sera de surmonter les divisions au sein des pays. Ces dernières ont souvent découlé d'une rupture du contrat social, causée par l'incapacité à protéger les sociétés des effets transformationnels d'une succession de chocs, de la mondialisation à la prolifération des médias sociaux et à la naissance de la Quatrième révolution industrielle. Collectivement, ces chocs ont entraîné une perte de confiance dans les institutions et ont nui aux relations entre les entreprises et la société.

« Notre monde est aujourd'hui fracturé en raison de la concurrence croissante entre les nations et des profondes divisions au sein des sociétés. Pourtant, l'ampleur des défis auxquels est confronté notre monde rend plus que jamais indispensable une action concertée, collaborative et intégrée. Notre réunion annuelle vise à surmonter ces lignes de fractures en réaffirmant les intérêts communs des nations et en obtenant des parties prenantes leur engagement en faveur du renouvellement des contrats sociaux, par le biais d'une croissance inclusive ».

La discussion manquante à Davos

Une chose que la rencontre ne va pas discuter est l'objectif des impérialistes de garantir le plus haut taux de profit pour eux-mêmes et leurs empires et comment réaliser cet objectif, alors que la tendance générale qui provient essentiellement d'une productivité accrue est un taux de profit plus bas. Leur solution à ces problèmes, qu'ils n'avouent pas ouvertement, c'est de défier les lois économiques. Ils le font notamment par des manoeuvres pour payer les riches, pour voler les trésors publics afin d'avantager certains intérêts privés, ce qui est devenu pratique courante, de forcer les pays plus faibles à payer un tribut aux centres de l'impérialisme, de détruire de façon sélective les forces productives, de mener des guerres d'agression brutales et prédatrices, imposer des blocus et des sanctions qui mènent au dépeuplement de pays et de régions entiers, ce qui ramène plusieurs pays à l'âge de pierre selon les mots célèbres d'un militariste américain, et par d'autres moyens.

La rencontre de Davos va bloquer toute discussion rationnelle sur l'économie parce que les oligarques ont totalement abandonné l'édification nationale et l'ont remplacée par la destruction pour assouvir l'appétit des intérêts privés qui ont formé des cartels qui rivalisent pour le contrôle. Ils vont discuter de comment faciliter les arrangements qui cherchent à défier la gravité afin de fournir le plus haut taux de profit possible aux impérialistes dominants. Ils ne vont pas analyser et discuter quelles sont les contradictions qui existent au sein d'une économie moderne entièrement socialisée de production industrielle de masse qui est encore entravée et est contrôlée par des intérêts privés étroits en concurrence les uns avec les autres, et qui est constamment frappée par des crises. Ils vont utiliser au maximum leur richesse sociale et leur pouvoir d'État pour empêcher les travailleurs de tenir toute discussion parmi eux sur comment faire avancer l'économie pour résoudre ses contradictions internes et lui donner l'objectif moderne de garantir le bien-être et les droits de tous.

L'édification d'un avenir commun

Les discussions au Forum de Davos vont se tenir sous le thème « Construire un avenir commun dans un monde fracturé ». Le thème parle d'un « monde fracturé » , mais au lieu d'analyser et discuter de la cause de ces fractures, de résoudre les contradictions et d'aller de l'avant, la rencontre va rêver de « créer un avenir commun » au sein d'un « monde fracturé ». Est-ce que ce n'est pas irrationnel au plus haut point ?

De quel « avenir commun » serait-il être question dans le « monde fracturé » de l'édification d'empire et des pratiques impérialistes dans le cadre de l'objectif d'ensemble de réaliser le profit le plus élevé possible pour des intérêts privés rivaux ? Tout en se combattant les uns les autres, les impérialistes les plus puissants attaquent ouvertement les pays sous-développés et surexploités et les travailleurs sur une échelle globale. Ils attaquent même leurs propres communautés, leurs propres régions et secteurs dans les centres de l'impérialisme comme étant des régions industrielles en déclin ( des « rust belts » en anglais), comme étant « non compétitives » alors qu'on peut trouver ailleurs de nouvelles technologies ou des « travailleurs à plus bas prix ».

Les pays en voie de développement luttent pour leur droit d'être. Des communautés et des régions entières au sein des économies impérialistes se voient privées de la capacité de bâtir des centres stables qui subviennent à leurs besoins au sein d'une économie et d'une culture à aspects multiples. Cela plonge les habitants dans la pauvreté et parfois même dans le désespoir et la famine, et les pousse à migrer pour vivre dans les grandes villes ou à l'étranger. Seuls des centres de ressources non permanents sont autorisés, principalement dans de petites communautés et régions où la valeur que produisent les travailleurs par l'extraction des ressources est soutirée aux régions et acheminée vers les centres impérialistes à New York, Londres, Tokyo et Toronto.

La richesse sociale que les travailleurs produisent n'est plus liée à la nation. Elle est dorénavant liée à des cartels impérialistes qui se pavanent dans le monde comme des oligarques tout puissants qui dictent des actions qui servent leurs intérêts privés étroits et qui privent les peuples de leurs propres projets d'édification nationale et de leur droit d'être. Ils aiment démontrer leur expertise à défier les lois scientifiques du développement économique dans des rencontres comme celle de Davos et dans des universités triées sur le volet comme Harvard, l'école de la théorie économique originaire de Chicago, et la London Schools of Economics.

Il n'y a pas beaucoup de partage entre les oligopoles. Ce sont des intérêts privés qui dans plusieurs endroits ont pris le contrôle des gouvernements. Ils rôdent de par le monde et utilisent le pouvoir d'État qu'ils contrôlent et même des forces armées privées pour organiser des coups d'État et des changements de régime dans des pays qu'ils ne contrôlent pas, tout en luttant constamment contre des oligarques rivaux au pays et à l'étranger. On peut certainement dire que cela mène à de la collusion et à une lutte pour le pouvoir et la richesse sociale, mais pas à grand-chose de « commun ».

Parler d'un « avenir commun » sans aborder et résoudre les contradictions fondamentales d'une économie moderne et les relations qui existent entre les gens dans cette situation est irrationnel. Non seulement est-ce irrationnel, mais cela masque que les peuples n'ont pas entre leurs mains le pouvoir politique de régler leurs comptes avec l'objectif du système impérialiste d'États et avec le contrôle des oligarques. Le vieil objectif comprend l'accaparement de la plus grande quantité de richesse sociale possible par tous les moyens. Cela comprend l'emploi des forces militaires impérialistes les plus puissantes pour voler les peuples du monde par la guerre, le pillage et le commerce inégal. Cela signifie utiliser le trésor public et la richesse sociale de la classe ouvrière pour payer les empires des riches. Cela signifie répandre le parasitisme, la décadence et les systèmes de type Ponzi pour réclamer de l'argent sans produire et réaliser la valeur réelle que les travailleurs produisent. Les marchés boursiers et les bourses des matières premières sont des centres de criminalité où les riches tentent de se frayer un chemin vers de plus grandes fortunes. L'engouement récent pour le Bitcoin n'est qu'un exemple de la prochaine catastrophe financière qui guette les peuples.

Les travailleurs ne doivent pas tomber dans la paralysie et dans le piège de déplorer l'état actuel des choses comme si c'est là le sort réservé à l'humanité ou encore se laisser divertir en déclarant que les théories frauduleuses mises de l'avant par les riches et leurs représentants ne vont pas assez loin et doivent être améliorées. Ces théories sont mises de l'avant pour amener les naïfs à croire que les oligarques au pouvoir peuvent échapper aux lois scientifiques qui gouvernent l'économie et le développement de la société humaine. Ces théories irrationnelles montrent que les gouvernants ne sont pas aptes à gouverner.

Le monde est en état de changement, de développement et de mouvement constants et aujourd'hui, les travailleurs constituent le facteur humain essentiel de la construction du nouveau. Les travailleurs font face à la tâche centrale de s'activer et d'activer leur conscience sociale, et de développer les solutions et les institutions qui sont nécessaires pour édifier une économie à secteurs multiples qui subvient à leurs besoins et est dotée d'un objectif moderne qui garantit le bien-être et les droits de tous. Ils doivent établir leurs propres points de référence et abandonner pour de bon les points de référence que les impérialistes se donnent et cherchent à imposer aux peuples.

(Source: site web de Davos)

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Développement économique inégal au sein
du système impérialiste d'États

Les économies de la plupart des peuples dans le monde deviennent de plus en plus inféodées aux centres puissants de l'impérialisme que sont les États-Unis, l'Europe et le Japon. Un rapport du 12 octobre publié par la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) fait état de l'inégalité des relations commerciales internationales.

Le rapport expose la dominance croissante de quelques exportations de matières premières et de denrées agricoles au sein des économies de 91 pays, concentrés principalement en Afrique et en Amérique du Sud. D'après des données de 2010 à 2015, ce nombre représente une augmentation pour neuf pays qui dépendent des exportations de matières premières et de denrées agricoles par rapport à leurs exportations d'ensemble, sur les 135 pays que la CNUCED classe comme étant en voie de développement.

La CNUCED fait remarquer que la dépendance aux exportations de matières premières et de denrées agricoles qui représentent une forte proportion de leurs exportations, s'accompagne habituellement de pauvreté sur une large échelle et d'autres plaies sociales dans le pays concerné. La CNUCED utilise l'expression « produits de base » (« commodity » en anglais) pour décrire des matières premières peu ou non raffinées et des denrées agricoles. D'autres produits, comme les biens manufacturés, sont appelés « marchandises ».

En présentant son rapport, « L'état de la dépendance à l'égard des produits de base », le secrétaire général de la CNUCED, Mukhisa Kituyi, a dit ceci : « Dans le contexte de la grande volatilité des prix des produits de base, les pays en voie de développement vont trouver très difficile de réaliser les objectifs de développement durable à moins de briser les chaînes de la dépendance à l'égard des produits de base. Plusieurs pays en voie de développement sont dépendants à l'égard des produits de base depuis trois décennies, et il est inquiétant de voir leur nombre augmenter. »

Comment les pays en voie de développement peuvent-ils « briser les chaînes de la dépendance à l'égard des produits de base » sans s'unir dans la lutte pour briser les chaînes du système impérialiste d'États dominé par les États-Unis ? Le détachement que manifeste l'ONU par rapport au dévoilement de la cause de ces problèmes et son indifférence en ce qui concerne les solutions montrent sa soumission à l'impérialisme. Le moins qu'on puisse dire est qu'il n'est pas très utile de décrire une situation mondiale d'un commerce à un sens qui favorise les intérêts de forces impérialistes qui se font concurrence sans expliquer pourquoi il en est ainsi et proposer une voie vers l'avant.

Pour une raison que la CNUCED ne donne pas, la République populaire démocratique de Corée a été placée pour la première fois sur cette liste. Le rapport semble ignorer que l'impérialisme américain a imposé à la RPDC un blocus économique complet et a exercé contre elle des menaces et des provocations constantes depuis l'armistice qui a mis fin à l'agression ouverte des États-Unis en 1953 et depuis son occupation permanente de la Corée du sud et sa suppression brutale de tout mouvement pour la réunification de la nation ancienne de Corée. Avec l'effondrement de l'Union soviétique en 1989, le blocus économique contre la RPDC s'est intensifié et comprend maintenant l'interdiction d'utiliser le système financier international. Cela laisse à ce pays une seule option commerciale viable, la Chine, sur laquelle une grande pression est exercée pour qu'elle cesse ses relations commerciales avec la RPDC. Juste la semaine dernière, le président des États-Unis a imposé des sanctions à plusieurs entreprises et individus chinois en raison des relations économiques qu'ils entretiennent avec la RPDC.

La RPDC n'est pas la seule à affronter les attaques de l'impérialisme américain. D'autres pays inscrits sur la liste des 91 pays ont aussi été soumis au blocus économique, à l'agression, à des opérations clandestines, à des campagnes de déstabilisation pour imposer un changement de régime et à d'autres ingérences perturbatrices de la part des États-Unis, exercés directement ou par le biais de mercenaires payés. Cuba, l'Iran, l'Afghanistan, la Libye, le Yémen, la Syrie, le Venezuela et le Zimbabwe sont sur la liste, pour n'en nommer que quelques-uns.

Selon le rapport de la CNUCED, l'accroissement de la dépendance à l'égard des exportations de matières premières et de denrées agricoles au sein des économies a été ressenti principalement en Afrique, où sept nouvelles économies ont rejoint en 2014-2015 la catégorie des pays dépendants, portant leur nombre à 46 sur le continent sur un total de 57 pays. Une fois de plus, la situation est décrite sans qu'une explication soit fournie et sans que quelque indication soit donnée sur comment changer la situation, qui semble s'aggraver. On trouvera des indications sur la situation des pays dépendants selon la CNUCED en cliquant ici

En ce qui a trait au type d'exportations, le rapport mentionne que la dépendance est particulièrement forte à l'égard des denrées agricoles. C'est le cas pour 41 % des 91 pays alors que 30 % dépendent des exportations de carburant et 23 % des exportations de minéraux, de minerais et de métaux.

La CNUCED définit un pays comme étant « dépendant à l'égard des produits de base » si ses exportations de matières premières et de denrées agricoles représentent, en valeur, plus de 60 % de ses exportations totales. Lorsque la proportion atteint 80 %, le pays est considéré comme « fortement dépendant à l'égard des exportations de produits de base ». En 2014-2015, 70 % des 91 « économies en voie de développement dépendantes à l'égard des produits de base » ont fait partie de cette catégorie.

Le rapport décrit 135 pays à l'aide de 40 indicateurs relatifs principalement liés à la dépendance à l'égard des exportations et des importations de matières premières et de denrées agricoles. Le rapport comprend une série d'indicateurs qui illustrent comment la dépendance à l'égard d'un commerce extérieur fondé sur les matières premières et les denrées agricoles, à l'exclusion d'un développement multiforme d'un commerce et d'un secteur manufacturier intérieur industriel et pour la consommation et de programmes sociaux et de services publics, « tend à affecter négativement la réduction de la pauvreté et la sécurité alimentaire ». Selon le rapport, cette dépendance exerce aussi une pression à la baisse sur « les indicateurs du développement humain comme l'espérance de vie, l'éducation et le revenu per capita ».

Le rapport ne comprend aucune mention ou aucun encouragement envers les luttes organisées par des forces politiques dans le monde, dirigées par leurs partis communistes, pour défaire le contrôle global militaire, politique, économique et culturel et l'annexion de leur pays dans le système impérialiste d'États dirigé par les États-Unis.

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Reportage sur la pauvreté profonde qui sévit
d'un bout à l'autre des États-Unis

Le quotidien The Guardian a publié en décembre un nouvel article dans lequel le professeur Philip Alston, le rapporteur spécial des Nations unies sur l'extrême pauvreté et les droits humains, a amené le journaliste du Guardian, Ed Pilkington, « dans certaines des communautés les plus appauvries du pays : Los Angeles, San Francisco, des petites villes d'Alabama et de la Virginie de l'Ouest ». Selon The Guardian, l'article et le reportage photo révèlent « le côté sombre du rêve américain ».

Faisant remarquer que même si les États-Unis sont un des pays les plus riches au monde, 41 millions d'Américains vivent dans la pauvreté, The Guardian écrit que le professeur Alston veut en connaître la raison.

« Le périple épique d'Alston l'a mené d'un océan à l'autre, d'un endroit de misère à un autre », écrit le journaliste Ed Pilkington du Guardian. « En commençant par Los Angeles et San Francisco, en pénétrant ensuite dans le Sud profond, en voyageant vers la plaie coloniale qu'est Porto Rico, pour revenir au pays du charbon dévasté de la Virginie de l'Ouest, Alston a été témoin du dommage collatéral que produit la dépendance des États-Unis envers l'entreprise privée et l'exclusion de l'assistance publique. »

Pilkington note que le voyage de découverte a débuté à Los Angeles au moment où les républicains votaient la baisse des impôts, ce qui « va exacerber l'inégalité de la richesse qui est déjà la plus extrême de tous les pays industrialisés ». Il note aussi que des 41 millions de personnes qui vivent dans la pauvreté aux États-Unis, « neuf millions ne reçoivent aucun revenu en espèces -- ils ne reçoivent pas un sou pour leur subsistance ».

Le voyage d'Alston à travers les États-Unis a aussi mis en lumière comment la race est un facteur dans la pauvreté extrême. Pilkington écrit ceci lors de leur voyage à Lowndes County en Alabama :

« La composante raciale de la crise de la pauvreté en Amérique se voit plus que partout ailleurs dans le Sud profond où les plaies ouvertes de l'esclavage saignent encore. Le rapporteur spécial de l'ONU a choisi comme prochaine destination la « Ceinture noire », l'expression qui évoquait autrefois la terre noire fertile qui existe sur le territoire de l'Alabama, mais qui en est venue à décrire sa population afro-américaine majoritaire.

« Le lien entre la nature du sol et la démographie n'est pas une coïncidence. Le coton poussait librement sur cette terre fertile et il a été le ferment du commerce d'esclaves pour en faire la récolte. Les descendants de ces esclaves vivent toujours dans la Ceinture noire, toujours en proie à la plus grande pauvreté de l'union.

« Vous pouvez retracer l'histoire de la honte américaine, de l'époque de l'esclavage à aujourd'hui, à l'aide de simples tableaux. Le premier indique le sol fertile en coton de la Ceinture noire, puis la population d'esclaves suivi de la population noire moderne et de l'extrême pauvreté d'aujourd'hui. Les trois occupent tous la même demi-lune qui traverse l'Alabama. »

Les deux voyageurs se sont aussi rendus à Guayama, à Porto Rico, trois mois après le passage dévastateur de l'ouragan Maria. « La détresse de Porto Rico n'a pas commencé avec Maria », mentionne Pilkington.

« Le taux de personnes de l'île vivant dans la pauvreté est deux fois (44 %) plus élevé que celui du pire État américain, y compris l'Alabama (19 %). Cette donnée date d'avant l'ouragan qui, selon certains, a propulsé le taux de pauvreté jusqu'à 60 % », écrit-il.

Ultimement, selon Pilkington, Alton compte faire la lumière sur l'extrême pauvreté qui affecte de nombreuses régions de cette riche nation, un problème auquel Washington ne veut pas s'attaquer.

« Washington insiste pour que je fasse connaître la pauvreté et les échecs en matière de droits humains dans d'autres pays. Cette fois, cependant, je suis aux États-Unis », dit Alston. « Ce que je constate, c'est l'échec de la société. Je vois une société qui a laissé les choses se détériorer, qui ne fait pas ce qu'elle doit faire, et c'est très triste. »

Le rapport d'Alston a été rendu public le vendredi 15 décembre. Il y fustige l'administration Trump pour avoir exacerbé la crise de l'itinérance et soutient que la démocratie américaine s'effondre en raison de la pauvreté et de l'itinérance répandues. Il écrit :

« Le programme de réformes fiscales préconisé fera de l'Amérique la société la plus inéquitable au monde et va augmenter de beaucoup les niveaux d'inégalité de richesse et de revenu déjà élevés entre le 1 % le plus riche et le 50 % le plus pauvre. Les compressions draconiennes en assistance sociale, annoncées par le président et le président du Congrès, Paul Ryan, et qui commencent déjà à être appliquées par l'administration, feront essentiellement d'immenses entailles dans le filet de sécurité déjà en lambeaux. » [...]

« Les administrations qui se sont succédé, y compris l'administration en place, ont résolument rejeté la notion que les droits économiques et sociaux sont des droits humains à part entière, bien que ces droits soient reconnus par des traités fondamentaux que les États-Unis ont ratifiés (comme la Convention sur l'élimination de toutes formes de discrimination raciale), ainsi que la Déclaration universelle des droits de l'homme que les États-Unis demandent depuis longtemps à d'autres pays de respecter. Le déni cependant n'élimine pas la responsabilité et ne nie pas les obligations. Le droit international touchant aux droits humains reconnaît le droit à l'éducation, le droit aux soins de santé, le droit à une protection sociale pour les personnes dans le besoin, ainsi que le droit à un niveau de vie adéquat. En pratique, les États-Unis sont le seul pays développé à préconiser que, bien que les droits humains soient d'une importance capitale, ils n'incluent pas ces droits qui empêchent les gens de mourir de faim, de mourir parce qu'ils n'ont pas accès à des soins de santé abordables, ou de grandir dans un contexte de privation totale. » [...]

« Je suis frappé à quel point les histoires caricaturales au sujet de prétendues différences innées entre les riches et les pauvres ont été vendues à l'électorat par certains politiciens et médias et ont réussi à définir le débat. Les riches seraient laborieux, auraient le sens de l'entrepreneuriat, seraient patriotiques et les piliers du succès économique. Les pauvres seraient des gaspilleurs, des perdants et des tricheurs. Conséquemment, l'argent utilisé pour l'assistance sociale serait de l'argent gaspillé. On nous dit aussi que les pauvres qui veulent réussir aux États-Unis peuvent le faire facilement. S'ils travaillent assez fort, ils vont connaître le rêve américain.

« La réalité que j'ai vue, par contre, est tout autre. Le fait demeure qu'un grand nombre des citoyens les plus riches ne paient pas d'impôts aux mêmes taux que les autres, qu'ils accumulent une grande partie de leur richesse à l'étranger et font leur profit purement sur la base de la spéculation plutôt qu'en contribuant à la richesse globale de la communauté américaine.

« Il n'existe pas de recette magique pour éliminer la pauvreté, et chaque niveau de gouvernement doit prendre ses propres décisions de bonne foi », écrit Alston. « Mais en fin de compte, en particulier dans un pays riche comme les États-Unis, la persistance de l'extrême pauvreté demeure un choix politique fait par ceux qui sont au pouvoir. Avec la volonté politique, elle pourrait facilement être éliminée ».

(The Guardian, 16 décembre 2017)

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La poussée spéculative du bitcoin

Le parasitisme et la dégénérescence au sein de l'économie sont si prononcés que les magouilles pour payer les riches et les escroqueries sont devenues normales et officiellement acceptables. À cet égard, le bitcoin a commencé à se négocier à la « légitime » Bourse des valeurs d'options de Chicago et bientôt à la Bourse mercantile de Chicago, ce qui lui donne une forme de crédibilité. Du moins, c'est ce qu'on prétend.

La poussée spéculative du bitcoin reflète la façon dont la dégénérescence s'est infiltrée dans tous les pores de l'économie impérialiste. Ceux qui achètent des bitcoins pour contourner la mainmise des banques ou du dollar américain, méfiez-vous. Les riches sont tout à fait heureux et désireux de saisir la valeur en argent sans qu'il y ait eu de travail ou sans que des ouvriers produisent, distribuent ou circulent des marchandises réelles.

Le temps de travail de la classe ouvrière ajoute de la valeur aux marchandises. Si le prix de marché d'une marchandise dépasse largement le prix de production qui représente la valeur que les travailleurs ajoutent à une marchandise, alors la valeur doit provenir d'autres produits par une réduction de leur prix de marché ou sinon cela va perturber l'économie. C'est la loi économique fondamentale selon laquelle ce que les travailleurs n'ont pas produit ne peut pas être consommé.

Le bitcoin est censé fonctionner comme un moyen d'échange. Pratiquement n'importe quel produit peut servir de moyen d'échange si suffisamment de personnes le reconnaissent comme tel. Ce n'est pas le problème avec le bitcoin ou l'une des nombreuses autres cryptomonnaies en compétition pour être utilisées et échangées.

Le problème prend sa source dans l'objectif de l'économie impérialiste qui est d'obtenir le plus haut profit possible sur toutes les transactions et de payer les riches sans tenir compte des conséquences sociales et économiques. L'objectif impérialiste a conduit à l'extrême concentration actuelle de la richesse sociale entre les mains de quelques-uns. L'économie a dégénéré en parasitisme et crises récurrentes partout au monde plutôt que de mobiliser les incroyables pouvoirs productifs de la production industrielle de masse pour garantir le bien-être et les droits de tous. L'objectif des impérialistes est monopolisé par l'édification d'empire et la poursuite des guerres prédatrices sans fin pour dominer toute l'humanité.

Le bitcoin et d'autres cryptomonnaies peuvent servir de moyen d'échange mais, pour les riches, il est important de s'en servir pour gagner de l'argent en échange de rien, pour augmenter leur valeur spéculative afin que ceux qui les achètent ou les ont créés deviennent riches selon leurs rêves les plus fous. Il représente un monde devenu fou à vouloir devenir riche par la spéculation et la guerre.

Le bitcoin agit comme un système pyramidal de Ponzi dopé aux stéroïdes numériques. Tant que les gens continuent de mettre de l'argent dans un système de Ponzi ou continuent d'acheter des bitcoins au prix demandé, l'escroquerie persistera. Mais la valeur spéculative du bitcoin existe seulement si les achats continuent. Tant que les gens sont prêts à les acheter et qu'un certain battage médiatique subsiste, alors beaucoup de gens vont croire au phénomène parce que la vision impérialiste est omniprésente. Lorsque les achats cessent pour une raison quelconque, y compris la réglementation de l'État imposée par une certaine section des riches qui veulent freiner la concurrence pour la valeur réalisée disponible et que la foi dans ce système commence à s'estomper, les gens chercheront à encaisser l'actuel montant spéculatif gonflé que personne ne voudra payer, ce qui fera s'effondrer la bulle.

La valeur en argent va s'évaporer et la situation ressemblera à ces ruées de gens en panique vers les banques pour y retirer leur argent. Le montant réel dans les coffres des banques est beaucoup moins élevé que le montant dû parce que l'équivalent de dix jusqu'à cent fois le total de leurs comptes a été libéré sous forme de prêts qui ne peuvent être rappelés parce que l'argent a été dépensé pour être retourné seulement par petits incréments au fil du temps.

Pour que les combines des impérialistes perdurent, ils comptent beaucoup sur le battage médiatique et sur l'acceptation d'une vision et d'un objectif de l'économie qui garantissent le profit le plus élevé possible et payent les riches. Le battage médiatique officiel prend la forme d'institutions sanctionnées par l'État, comme les bourses de Chicago et la promotion des médias.

Le gouvernement bulgare a annoncé récemment que les bitcoins qu'il a apparemment achetés il y a un certain temps détiennent maintenant suffisamment de valeur monétaire spéculative pour rembourser un cinquième de sa dette nationale une fois encaissés. C'est une entreprise risquée parce que la valeur qu'un bitcoin représente lorsqu'il est encaissé, si les gens veulent l'acheter, doit provenir de quelque chose dans l'économie productive, une valeur que les travailleurs ont produite en transformant les richesses de la Terre Mère en une valeur d'usage d'un bien ou d'un service. La valeur spéculative des bitcoins peut passer de main en main à mesure qu'ils sont achetés et vendus et que de nouveaux sont « minés », mais ils ne peuvent pas faire augmenter la valeur en argent qui a été initialement déposée. Toute augmentation, lorsqu'elle est encaissée et utilisée pour acheter des produits, doit provenir de la valeur que les travailleurs ont produite, ce qui a pour effet de diminuer ou de priver de valeur d'autres secteurs de l'économie. Pour répéter un fait bien connu : ce que les travailleurs n'ont pas produit ne peut pas être consommé.

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