Numéro 141 - 3 décembre 2016
Le programme de réforme
électorale du gouvernement Trudeau
Les tergiversations de la ministre des
Institutions démocratiques
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Le
programme
de
réforme
électorale
du
gouvernement
Trudeau
• Les tergiversations de la ministre des
Institutions démocratiques
• La méthode antisociale des
échelles de préférence
• L'objectif pervers des consultations sur la
réforme électorale - Sam Heaton
À titre
d'information
• Le Comité spécial
présente son rapport
• Le gouvernement introduit des modifications
à la Loi électorale du Canada
• Processus visant à «nettoyer les
données» du Registre des électeurs
• Un registre de futurs électeurs
Le Canada tient une
rencontre internationale sur la Syrie
• Le dilemme du Canada suite aux
élections américaines
- Pauline Easton
• Un complot contre la paix -
Margaret Villamizar
• La réunion de Mont-Tremblant
L'anniversaire des
attentats de Paris de novembre 2015
• Les pouvoirs d'exception et la violation des
droits humains deviennent la nouvelle normalité -
Christian Legeais
• Le gouvernement français annonce la
création d'un gigantesque fichier d'informations personnelles
Nouvel accord de paix
ratifié en Colombie
• Le processus de paix est défendu
Un appel urgent du
Réseau en défense de l'humanité
• Campagne de pétition pour la
libération d'Oscar López Rivera
Le programme de réforme
électorale du gouvernement Trudeau
Les tergiversations de la ministre des
Institutions démocratiques
La réponse du premier ministre et de la ministre
des Institutions démocratiques aux recommandations du
Comité spécial sur la
réforme électorale déposées le 1er
décembre met le dernier clou dans le cercueil de la duperie du
gouvernement Trudeau sur la réforme démocratique.
Les libéraux et la ministre Monsef changent leur
histoire à tous les jours, ils mentent et agissent selon ce qui
convient à leur intérêt du moment, mais cela n'a
rien de nouveau. Même les éminences grises du Parti
libéral s'émerveillent de pouvoir s'en sauver à si
bon compte. Le fait que Justin Trudeau ne se soit pas
présenté à la période de
questions le jour où le Comité spécial a rendu son
rapport public, n'a rien de surprenant non plus. Il n'y a certes rien
d'honorable à laisser la ministre affronter seule les
conséquences des manoeuvres arrogantes de son gouvernement et de
ses propres tergiversations. La patience a ses limites à
entendre la ministre répéter la ligne de parti et des
phrases infantiles à la gloire de la démocratie
canadienne. Beaucoup se désillusionnent de voir un premier
ministre incapable de faire face à un monde qui ne se conforme
pas à la construction mentale qu'il s'est faite de
lui-même et de ce qui se passe autour de lui.
Non, ce qui est significatif, ce sont l'attitude
dédaigneuse du gouvernement envers le rapport du Comité
spécial et les conclusions qu'il en tire et comment ce refus
fait partie du problème. À la période de questions
le 1er décembre, madame Monsef a dit : «
À première vue, on y trouve quelques bonnes idées.
Par exemple, la
conversation axée sur les valeurs semble être le seul
moyen de débattre de la préférence des Canadiens
quant aux solutions de rechange au système majoritaire
uninominal à un tour. » Elle a
répété deux autres fois l'expression «
conversation axée sur les valeurs ». Elle a
laissé entendre que c'était la seule recommandation
claire du
rapport et dit que « le seul consensus était qu'il n'y
avait pas de consensus quant au système à
adopter. » Puis elle a ajouté : « Nous
n'avons pas fini d'écouter les Canadiens. Nous leur enverrons
une invitation, qui arrivera dans leur boîte à lettres
dès la semaine prochaine. Nous tenons à écouter
autant de voix que possible avant de
présenter un projet de loi à la Chambre. »
La ministre des Institutions démocratiques
affirme donc on ne peut plus clairement que le Parti libéral va
poursuivre ses objectifs quoiqu'on en pense. Il veut les imposer
advienne que pourra.
Elle a plus tard
expliqué aux journalistes au sujet de la « conversation
axée sur les valeurs » que « la prochaine phase
de nos consultations, qui se déroulera en décembre,
donnera aux Canadiens et Canadiennes une autre chance de participer
à cette conversation, pour nous assurer que les valeurs qui sont
pour eux les plus importantes
dans un système électoral, dans leur démocratie,
soient représentées dans le produit final. Et nous allons
tenir compte de toutes les réactions, y compris celles du
Comité, y compris celles des assemblées des
députés, dont les consultations que moi-même et
Mark Holland avons tenues, avant de déposer un projet de loi
à la Chambre des
communes. »
L'invitation qui sera envoyée par la poste
demandera aux gens « d'explorer les comparaisons entre vos
opinions sur notre démocratie et celles des autres
Canadiens ». Le problème est que la
société et ses problèmes ne sont pas un
agrégat de points de vue personnels. Quand le gouvernement
Trudeau affirme que les Canadiens ont des
valeurs communes et qu'il veut aller au fond des choses et savoir ce
qu'elles sont, il fait la promotion des valeurs qui l'aident à
se perpétuer. On cherche à détourner les gens de
la réalité des problèmes de la démocratie
actuelle en les privant d'une conception du monde et d'un programme
politique qui mènent à l'unité dans l'action pour
ouvrir la
voie au progrès de la société.
Parlant de l'importance de discuter des valeurs,
Hardial Bains écrivait en 1995 :
La question des
valeurs doit être abordée avec calme et sérieux.
Historiquement, des gens qui ont travaillé côte à
côte dans une économie commune, sur un même
territoire géographique et parlant généralement la
même langue ont donné naissance à une psychologie
commune et à une nation commune. Peut-on dire que cette
communauté a donné naissance à des valeurs
communes ? Non, pas du tout. Si l'on parle de valeurs communes
à l'intérieur d'une nation, c'est qu'il y a atteinte au
droit de conscience de l'individu car tous n'ont pas les mêmes
valeurs.
Il faut bien comprendre que
nous parlons d'une société fondée sur un
système économique moderne avec un État moderne.
Par exemple, le but de la production capitaliste, qui est de faire le
profit capitaliste maximum, peut-il être considéré
comme une valeur commune ? C'est peut-être une valeur
commune à tous les capitalistes, mais ce
n'est pas une valeur commune à l'ensemble de la
société.
Sur le plan politique,
peut-on dire que la « démocratie représentative
telle qu'elle existe au Canada » est une valeur commune de
toutes les Canadiennes et de tous les Canadiens ? Non. Le PCC(M-L)
entre autres, mais aussi beaucoup d'autres organisations et individus
au Canada ne partagent pas les mêmes valeurs que les
libéraux,
les conservateurs et les néodémocrates en ce qui
concerne le système politique. La règle s'applique aussi
aux valeurs culturelles et à d'autres domaines.
Le point auquel je veux en
venir est le suivant : pourquoi toute cette importance
accordée aux valeurs à l'heure actuelle ? Pourquoi
les républicains aux États-Unis attachent-ils tant
d'importance aux valeurs, qu'il s'agisse des valeurs familiales ou
nationales ? La raison en est que les gens en ont assez de ce qui
se passe et ces
forces rétrogrades veulent détourner leur attention des
vrais problèmes en parlant de valeurs dans l'abstrait.
Je crois qu'il faut insister
pour que lorsqu'on parle de valeurs, il faut en parler en termes
concrets en tenant compte des conditions concrètes. Parler de
valeurs peut s'avérer très positif dans le renouveau
démocratique si nous partons de définitions modernes.
Ces valeurs qui concernent
objectivement tout le monde devraient s'appeler « valeurs
publiques », mais cela ne veut pas dire qu'elles sont
communes à tous. Par exemple, le fait que les capitalistes
recherchent le profit maximum concerne tout le monde. Le fait que nous
avons ce qu'on appelle une démocratie représentative
concerne tout
le monde. Mais la politique officielle de la nation peut-elle proclamer
que ce sont des valeurs communes sans porter atteinte au droit de
conscience de l'ensemble des citoyennes et citoyens ? [...]
Le problème est que
lorsqu'on parle de valeurs aujourd'hui, on confond ce qui est
privé et ce qui est public. Toute personne a le droit de croire
à ce qu'il ou elle veut et de faire ce qu'il ou elle veut de son
corps tant que cela demeure une affaire privée. Mais dès
que cela devient une affaire publique, la chose se complique.
Concrètement, il y a
des valeurs qui sont publiques parce qu'elles affectent tout le monde
et il y a des valeurs qui sont privées parce qu'elles affectent
seulement ceux pour qui elles représentent quelque chose. Les
valeurs publiques, ce sont celles qui concernent tout le monde. Mais
ça s'arrête là. Proclamer ces valeurs publiques
comme étant
des valeurs communes auxquelles tous et chacun doivent adhérer
peut créer un sérieux conflit.
Pendant 200 ans, les
capitalistes ont fait la promotion de valeurs qui les aidaient à
perpétuer leur pouvoir et ils ont cherché à
imposer ces valeurs à tout le monde par la force des armes. Une
de ces valeurs est la recherche du profit. Partant de cette valeur,
tout le monde est supposé accepter le système
économique qui profite aux
capitalistes, mais qui mène à la concentration de la
richesse à un pôle et de la pauvreté à
l'autre. Si tout le monde devait accepter la recherche du profit
capitaliste maximum comme valeur universelle, cela aurait plusieurs
conséquences. D'abord, les réclamations des capitalistes,
et notamment des créanciers de la dette publique, seraient les
seules
reconnues par la société. Deuxièmement,
l'économie ne serait pas planifiée et continuerait de
progresser de façon anarchique. Troisièmement, les
guerres commerciales qui conduisent à de vraies guerres
interimpérialistes seraient la norme, l'acceptable.
Les capitalistes disent de
leurs valeurs qu'elles sont « universelles ». Pourquoi
tiennent-ils à faire croire à tout le monde qu'elles sont
universelles ? Parce que le capitalisme ne progresse que par la
domination. Prétendre que leurs valeurs sont universelles est un
moyen important pour les capitalistes d'exercer leur domination sur les
autres. Mais lorsqu'on les analyse objectivement, on se rend compte que
ces valeurs ne sont pas universelles. La recherche du profit est une
valeur qui appartient à une époque précise,
l'époque de la bourgeoisie, et disparaîtra avec le
renversement du capitalisme. Comment une valeur universelle peut-elle
être renversée ?
Par contre, la valeur qui
reconnaît les réclamations que toutes les citoyennes et
tous les citoyens sont en droit de faire à la
société du seul fait qu'ils sont des êtres humains
et qui réclame que l'économie soit organisée en
fonction de bénéficier à toutes et tous est
objectivement une valeur universelle qui concerne tout le monde.
Pourquoi les
capitalistes ne reconnaîtraient-ils pas cette valeur ? Parce
que s'ils le faisaient, ils ne seraient pas des capitalistes et le
capitalisme ne serait pas le capitalisme. Bref, les capitalistes ont
des valeurs économiques, politiques et autres qui conviennent
à leur recherche du profit capitaliste maximum. Ces valeurs
privées des capitalistes les aident à
atteindre leur but.
Lorsque les capitalistes
déclarent qu'un pays à des valeurs en commun, ils
cherchent à détourner l'attention des vrais
problèmes, ils cherchent à imposer un débat sur
les valeurs plutôt que sur la façon de faire avancer la
société. [...]
Toutes les valeurs, qu'elles
soient publiques ou privées, apparaissent dans un contexte
historique spécifique. En ce moment la défense des droits
collectifs devient la valeur humaine la plus importante. On ne peut pas
défendre les droits humains sans défendre les droits
collectifs. Les droits collectifs de nombreux peuples dans le monde
sont
foulés aux pieds. Les droits collectifs des peuples autochtones
sont aussi foulés aux pieds dans cette même Constitution
qui
nie les droits collectifs de la nation du Québec. Les droits
collectifs du peuple du Canada sont également niés. [...]
Il est important de discuter
de valeurs en ce moment. Ce faisant, par contre, nous devons
défendre également la valeur qui profite à tous.
C'est une des plus grandes valeurs humaines. Comment est-il possible
d'avoir un genre humain, une race humaine dans le vrai sens du terme,
sans défendre cette valeur qui profite à tous ? Il
nous faut
aussi établir un lien parental moderne. Le lien parental sous le
communisme primitif était fondé sur le sang. Sous le
capitalisme, il était fondé sur le sang et sur les
rapports de classe. Durant la période de transition vers la
société communiste, le lien parental doit être
fondé sur les rapports de classe. Mais dans la
société du futur, il sera fondé
uniquement sur l'espèce humaine. Cette valeur est la plus
universelle de toutes les valeurs et tous doivent la défendre.
[...][1]
Note
1. « Les valeurs », Le
Marxiste-Léniniste, 5 février 1995. Hardial Bains
était le dirigeant du Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) jusqu'à sa mort en
1997.
La méthode antisociale des échelles de
préférence
Le Comité spécial de la Chambre des
communes sur la réforme électorale a déposé
son rapport sur l'examen et les consultations « en vue
d'étudier d'autres modes de scrutin, de remplacer le
système majoritaire uninominal à un tour »
le 1er décembre. Le même jour, la ministre des
Institutions démocratiques, Maryam Monsef, a
dit rejeter ce rapport et a fait référence à la
« prochaine phase » des consultations du gouvernement
libéral, laquelle n'a cependant pas été
annoncée formellement. Elle a dit que ces nouvelles
consultations pourraient commencer dès le lundi 5
décembre et se faire entre autres par le site Web «
mademocratie.ca » qui comprendra
un questionnaire, lequel, selon une source anonyme citée par les
médias, « ne devra pas être interprété
comme un référendum ou un sondage ». Les
visiteurs ne seront pas invités à s'exprimer en faveur
d'une méthode particulière de comptage des votes mais
plutôt à placer différentes « valeurs
canadiennes » dans une échelle de
préférence. Pour attirer l'attention des gens sur
l'existence du site, le gouvernement envoie une carte postale à
plus de 13 millions de ménages canadiens. Selon la ministre
Monsef, le gouvernement ne va adopter aucune réforme «
sans l'appui général de la population de ce
pays ».[1]
Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC) a
souligné avant le lancement des consultations du gouvernement
Trudeau que l'approche du gouvernement et des partis cartels à
la réforme électorale « appelle à une
division du corps politique en différents camps en faveur de
telle ou telle méthode de compter les votes sans jamais aborder
le problème
fondamental de la crise de la démocratie. Il fait l'éloge
du vote comme ' exercice démocratique le plus fondamental '
précisément au moment où les citoyens disent que
voter tous les quatre ou cinq ans n'est pas suffisant. » Les
réformes électorales dignes de ce nom doivent permettre
aux membres du corps politique de participer au
processus décisionnel afin qu'ils puissent exercer un
contrôle sur la direction de l'économie et sur toutes les
affaires sociales, politiques, culturelles et autres. La méthode
de consultation utilisée vise au contraire à ce qu'il n'y
ait de discussion sur aucun des problèmes importants auxquels
est confronté le corps politique. Toute mesure qui
n'élimine
pas les positions de privilège des gouvernants sur les
gouvernés ne fera qu'accroître la marginalisation des
électeurs et approfondir la crise des institutions
démocratiques.
Une bonne partie des spéculations sur ce que le
gouvernement Trudeau manigance tournent autour de l'idée que les
libéraux cherchent un moyen d'imposer leur méthode
préférée de dépouillement des votes, soit
le vote préférentiel. Plusieurs en arrivent à la
conclusion que le problème pour les libéraux est
d'où bien trouver un moyen de
fabriquer un « appui général » au vote
préférentiel, ou bien, si cela n'est pas possible,
prétendre que les Canadiens favorisent le statu quo et veulent
passer à des choses plus importantes.
Le PMLC est d'avis que l'enjeu est plus important que
cela. Les libéraux cherchent à conférer une
légitimité aux élections comme moyen de donner aux
gouvernements des mandats de l'électorat alors que ce qu'on
appelle des mandats expriment moins que jamais la volonté
populaire. Or, ce sont précisément le système
appelé démocratie
représentative et son processus électoral qui ne sont
plus crédibles. Ils ne font que porter au pouvoir des partis qui
servent leurs propres intérêts, les intérêts
des riches qu'ils représentent. Ils marginalisent
complètement le peuple et ne lui permettent même pas de
sélectionner les candidats qui se présentent aux
élections. Ils ne donnent au peuple
aucun moyen de décider de l'ordre du jour de la
société ni aucun autre rôle que de voter tous les
quatre ou cinq ans. Changer la façon de compter des votes ne
changera rien à ces problèmes fondamentaux. Les autres
fonctions de l'élection dans le système appelé
démocratie représentative sont également en crise.
Cela comprend la possibilité pour
les représentants des riches de résoudre les conflits
entre
eux et de maintenir en échec le mouvement de résistance.
Au lieu de chercher les moyens de faire en sorte que le peuple
décide de l'ordre du jour de la société, tous les
partis de cartel cherchent à détruire le mouvement
politique du peuple pour étouffer son désir de s'investir
du pouvoir de
décider.
Le système électoral continue de porter
des gouvernements au pouvoir mais ne permet plus de légitimer
leur action et toutes les consultations et échelles de
préférence n'y changeront rien. C'est un dilemme qui est
en train de pousser le gouvernement libéral à la folie.
Le PMLC croit que les libéraux veulent instituer
le vote préférentiel comme moyen par lequel le
gouvernement peut prétendre avoir un « large appui des
Canadiens » pour une ligne de conduite particulière.
C'est la méthode qui a été utilisée dans le
plébiscite sur la réforme électorale à
l'Île-du-Prince-Édouard le 7 novembre et cela
n'a rien de rassurant. On a conclu par des méthodes
algorithmiques qu'une des options était « le choix de la
majorité » bien qu'aucune des options n'ait
été choisie par la majorité.
Le scrutin préférentiel assigne un ordre
de priorité aux préférences. Sur une liste de x
nombres de choix, on établit une échelle de
préférence en commençant par le choix
préféré, puis le deuxième, le
troisième, et ainsi de suite, jusqu'à l'option la moins
préférée. Un algorithme détermine le
« choix de la majorité » en éliminant
successivement la préférence qui a le moins d'appui parmi
tous les choix tandis que les autres choix passent à la «
prochaine ronde ». L'algorithme est censé aboutir
à une modulation du résultat et à un consensus
parce qu'il produit quelque chose qu'on peut interpréter comme
étant acceptable pour le plus grand nombre de personnes. Le vote
préférentiel et les méthodes qu'il utilise ne
servent
pas seulement à la sélection des représentants
politiques ou même dans un processus électoral public
comme le référendum de
l'Île-du-Prince-Édouard.
C'est aussi la méthode utilisée par
exemple par la firme conseil privée Vox Pop Labs inc., que les
libéraux ont retenue pour un contrat de mise en ligne de leur
questionnaire.[2] Le
questionnaire qu'elle a préparé pour les Canadiens, comme
la plate-forme « boussole électorale » qu'elle
commercialise pendant les élections, est fondé sur
l'assignation de préférences, notamment en demandant au
participant d'indiquer le niveau d'accord ou de désaccord avec
une proposition donnée. Les résultats sont ensuite
interprétés par une manoeuvre algorithmique pour
créer un faux « choix majoritaire » que les
gens n'ont pas choisi et
qui, de toute façon, est basé sur des questions
arbitraires qui « incitent » le participant vers un
choix particulier. Ce n'est « pas un référendum ni
un sondage », c'est plutôt une méthode de
gouvernance par laquelle le gouvernement Trudeau dit vouloir renforcer
la démocratie canadienne, donner aux Canadiens la chance
d'être entendus
et faire la démonstration que le système est viable,
quel que soit le choix de réformes obtenus par le
procédé algorithmique.
Les méthodes que les libéraux proposent
pour rétablir la légitimité s'attaquent au facteur
humain/conscience sociale, à la conscience collective des
Canadiens et à leur besoin de trouver des solutions aux
problèmes
objectifs de la démocratie et de la renouveler afin qu'elle
reflète les conditions sociales d'aujourd'hui. Elles
réduisent également le
problème de jauger la conscience collective du corps politique
à l'établissement d'une échelle de
préférence par des moyens de marketing mais la
conscience collective n'est pas la somme des préférences
personnelles. Prétendre à la légitimité sur
la
base d'assignations préférentielles, de scrutin
préférentiel, n'est pas seulement irrationnel, c'est
antisocial. Le PMLC estime que la situation de plus en plus dangereuse
dans laquelle les gens se retrouvent et l'échec des
gouvernements des riches à légitimer leur règne
montrent que les Canadiens doivent accentuer leurs efforts pour
affirmer leur conscience collective en faveur d'un changement prosocial
et de l'habilitation du peuple.
Notes
1. À la fin du mois de mai,
lors d'une
entrevue parue dans un journal, peu de temps avant la mise sur pied du
Comité spécial, on a demandé à madame
Monsef comment le gouvernement évaluerait l'appui à toute
ligne de conduite. « Franchement, c'est cela le débat, a
dit la ministre. Et nous ne procéderons à aucun
changement sans
l'appui général de la population de ce pays ... C'est une
occasion pour nous de nous engager dans un débat sur la
façon d'aller de l'avant au XXIe siècle. »
Le 19 octobre, lors du premier anniversaire de
l'élection fédérale de 2015, le premier
ministre Trudeau a déclaré : « Sous Stephen
Harper, il y avait tellement de gens mécontents du gouvernement
et de son approche que les gens disaient : 'Ça prend une
réforme électorale pour ne plus avoir de gouvernement
qu'on
n'aime pas'. Or, sous le système actuel, ils ont maintenant un
gouvernement avec lequel ils sont plus satisfaits. Et la motivation de
vouloir changer le système électoral est moins
persuasive. »
Le 27 octobre, lors d'un événement
à Victoria, madame Monsef a exprimé le même
sentiment. « Les gens ne réclament pas de changement comme
c'était le cas sous l'ancien gouvernement ... ils ont d'autres
priorités comme les emplois et des préoccupations
familiales, les enfants et petits-enfants, et ils se soucient de choses
comme
l'environnement. » Elle a déclaré que «
même si le premier ministre a une préférence,
même si je suis arrivée à une
préférence pour un système spécifique avec
certains éléments, nous n'allons pas aller de l'avant si
nous n'avons pas un large appui de la part des Canadiens ».
Quant à son interprétation de ce que veulent les
Canadiens,
la ministre a dit que, à la suite de ses rencontres à
travers le pays, « ce que j'entends, c'est comment les Canadiens
apprécient la représentation locale, autant qu'ils
veulent un système plus légitime et plus efficace, et
qu'avant tout ce qui importe c'est l'inclusion et l'accès
universel. » Elle a ajouté que le fait que les
Canadiens « assignent à
ces principes une préférence est important »
pour que le gouvernement en arrive à une décision.
2. « Le
gouvernement s'apprête à lancer une nouvelle consultation
en ligne sur la réforme électorale »,
LML, 12 novembre 2016.
L'objectif pervers des consultations
sur la réforme électorale
- Sam Heaton -
Presque deux mois après que les consultations
sur la méthode de
dépouillement des suffrages du scrutin étaient
censées se terminer, le
gouvernement libéral de Justin Trudeau continue de rechercher de
nouveaux moyens d'atteindre ses objectifs. L'objectif principal est de
conférer une légitimité au système
électoral par lequel le gouvernement
est porté au pouvoir, mais qui ne sert plus à
légitimer les actions des
gouvernements. Un autre objectif est de trouver un
procédé ou une
méthode qui donne une apparence de légitimité
à une réforme qui,
croyaient les libéraux, servirait leurs intérêts en
garantissant leur
réélection ou du moins les favoriseraient par rapport aux
autres partis
cartellisés.
Le problème majeur du gouvernement Trudeau est
que jusqu'à présent
pour les Canadiens ces consultations semblent être superficielles
et
mener nulle part tout en empêchant toute discussion
sérieuse sur le
type de réformes démocratiques qui serait favorable au
peuple.
Les consultations devaient se terminer au début
d'octobre, avec la
fin des audiences du Comité spécial sur la réforme
électorale de la
Chambre. Les réunions se sont tenues en novembre à huis
clos (elles
n'étaient pas ouvertes au public) et le comité a
déposé son rapport qui
contient les résultats de ses consultations et les rapports des
assemblées publiques des députés.
Les consultations étaient censées
être une étape vers la
réalisation de la promesse électorale des libéraux
sur la réforme
électorale qui était :
1. « Nous sommes déterminés
à faire en sorte que l'élection de 2015
soit la dernière élection fédérale
organisée selon un scrutin
majoritaire uninominal à un tour. »
2. « Nous créerons un comité
parlementaire spécial ... qui se
penchera sur un éventail de mesures de réforme, comme les
bulletins de
vote hiérarchisés, la représentation
proportionnelle, le vote
obligatoire et le vote en ligne. »
3. « Dans les 18 mois suivant notre
arrivée au pouvoir, nous déposerons un projet de loi sur
la réforme électorale. » [1]
Le 19 octobre, juste après que le
Comité spécial ait commencé ses
travaux, le premier ministre Justin Trudeau a déclaré en
entrevue au Devoir
: « Moins d'appuis et un petit changement, ce serait
peut-être
acceptable. Un plus gros changement, ça prendrait un plus gros
appui. »
Le premier ministre a précisé que le
gouvernement n'a pas à
appliquer automatiquement les recommandations du comité, «
mais c'est
un outil essentiel pour encadrer une décision éventuelle
du
gouvernement ». Il a ajouté : « Si on va
changer le système électoral,
il faut que les gens soient ouverts à ça. On va regarder
comment se
déroulent les consultations, les réactions, les
résultats des rapports.
On ne va pas préjuger ce qui serait nécessaire [pour
modifier le mode
de scrutin]. Mais quand on dit un appui substantiel, ça veut
dire
quelque chose. »
Aussitôt qu'il a fait cette déclaration,
l'opposition a soulevé un
tollé et dit que non seulement la consultation frauduleuse
était
légitime, mais que le peuple avait parlé, et
demandé comment Trudeau
osait-il remettre cela en question. Les citoyens ont parlé et
exigent
la représentation proportionnelle mixte, les réformes que
nous voulons,
a dit le
NPD. Les citoyens ont parlé et exigent un
référendum, la position que
nous défendons, ont dit les conservateurs. Les deux partis ont
insisté
sur le fait que les consultations avaient montré dûment
que les
Canadiens veulent la même chose qu'eux. Le 16 novembre, le
NPD a dit
qu'il était disposé à inclure un
référendum dans les
recommandations du comité, si cela permettait au comité
de s'entendre
sur un rapport.
De son côté, la ministre des Institutions
démocratiques, Maryam
Monsef, n'a cessé de répéter que les Canadiens ne
savent pas ce qu'ils
veulent et a créé un mystère sur la façon
d'« évaluer si [une] réforme
a un large soutien des Canadiens ». La ministre a rendu son
propre
verdict dans une lettre au Comité spécial datée
du 16
novembre. Elle écrit : « Les Canadiens qui ont
assisté à nos réunions
ont défendu avec passion divers systèmes. Si j'ai entendu
les
défenseurs de la représentation proportionnelle en parler
avec passion
et les défenseurs du scrutin majoritaire uninominal à un
tour en parler
avec passion, je n'ai pas encore entendu qu'il y avait un consensus sur
un système particulier par rapport à un
autre. »
Tandis que tous les partis cartellisés
s'entendent sur la légitimité
des consultations frauduleuses, les libéraux sont toujours
confrontés
au problème qu'ils sont contre la représentation
proportionnelle mixte
et la tenue d'un référendum mais doivent quand même
trouver une ligne
de conduite acceptable qui puisse être présentée
comme légitime.
Quoi qu'ils décident, appliquer la méthode qu'ils
préfèrent, les
bulletins de vote hiérarchisés ou le vote
préférentiel, ou bien ne rien
faire du tout, il leur faut quand même présenter quelque
chose de
nouveau pour dissimuler la fraude.
L'autre problème est le résultat du
plébiscite du 7 novembre sur la
réforme électorale à
l'Île-du-Prince-Édouard que les libéraux, selon
Monsef, « suivaient de très près ». Le
résultat a été défavorable aux
libéraux à deux égards.
En premier lieu, l'algorithme de vote
préférentiel qui a déterminé
le résultat a déclaré gagnante l'option de la
représentation
proportionnelle. En second lieu, seulement 36,46 % des
participants
admissibles ont voté durant les neuf jours qu'ils avaient pour
classer
leurs préférences. Ni la ministre Monsef, ni le premier
ministre n'ont
pu commenter le résultat sans perdre la face.
Monsef a cependant dit qu'il existe un consensus parmi
les
Canadiens « autour des valeurs démocratiques
partagées ... la
représentation locale et la reddition de comptes, un
système qui
encourage une plus grande participation et un engagement des
électeurs
et préserve l'intégrité de notre système
électoral ». Elle a également
déclaré que
les Canadiens ont « l'idée très nette »
qu'ils veulent un système plus
« accessible et inclusif ».[2]
Pour se sortir du pétrin, le gouvernement lance
un nouveau sondage
en ligne en décembre. Treize millions de cartes seront
postées pour
demander aux Canadiens de visiter un site Web pour « classer les
principes ».[3]
Cette enquête en ligne est gérée par Vox Pop Labs,
l'entreprise
derrière le
logiciel « Boussole électorale », un instrument
pseudo-scientifique qui
classe des réponses à de fausses questions et indique aux
utilisateurs
pour quel parti cartellisé voter lors d'une élection ou
où ils se
trouvent sur l'échiquier politique. Dans ce cas-ci,
l'enquête ne
demandera pas aux gens de choisir une réforme
particulière ou même de
classer ces réformes dans un ordre de préférence.
Non, on leur
demandera d'indiquer dans quelle mesure ils sont d'accord avec un
ensemble de « valeurs » ou de «
principes ». Le gouvernement affirme
que l'enquête permettra aux Canadiens de « comprendre leurs
préférences
et leurs valeurs ».
Les médias ont rapporté le 17
novembre que certains anciens
utilisateurs de la « Boussole électorale »
avaient été contactés par
Vox Pop Labs et invités à participer à un essai de
l'enquête du
gouvernement. Certaines des questions posées, dont Vox Pop Labs
a
déclaré plus tard qu'elles n'étaient pas
définitives, ont été fuitées
aux
médias. Des organisations comme Représentation
équitable au Canada qui
milite pour un système électoral mixte à
représentation proportionnelle
a fait remarquer que les questions de l'enquête semblaient
biaisées de
façon à permettre au gouvernement de prétendre que
ce système manquait
d'appui.
Par exemple, les questions comprenaient :
Que préférez-vous ?
- Avoir quelques grands partis qui tentent d'attirer un
large éventail de personnes.
- Avoir de nombreux petits partis au parlement qui
représentent de nombreux points de vue différents.
Sélectionnez les cinq impératifs du
gouvernement qui sont les plus importants pour vous dans la liste
ci-dessous.
- Une meilleure représentation des groupes qui
sont actuellement sous-représentés au parlement
- Permettre aux électeurs d'exprimer un large
éventail de préférences lors du vote
- Augmenter la présence des petits partis au
parlement
- Renforcement les liens entre l'intention de
l'électeur et l'élection des représentants
- Des députés qui mettent l'accent sur ce
qui est mieux pour le pays
- Des gouvernements qui ont une forte
représentation de toutes les régions
- Garder les partis qui ont des points de vue
extrêmes hors du parlement
- Des gouvernements qui collaborent avec les autres
partis au parlement
- Assurer la sécurité du processus
électoral
- Un parlement où tous les points de vue sont
représentés
- Veiller à ce que les résultats des
élections reflètent les préférences des
électeurs
- Augmenter le taux de participation des
électeurs
- Une plus grande diversité au parlement
- Des députés qui passent la majeure
partie de leur temps dans leur communauté locale
- La possibilité de voter en ligne lors des
élections
Représentation équitable au Canada a
également fait remarquer qu'il
n'y avait pas de questions sur l'allocation des sièges au
parlement aux
partis politiques en fonction du pourcentage de voix. Dans une
question, on demande aux Canadiens de déclarer leur niveau de
confiance
dans une religion organisée, les forces armées, les
écoles
publiques, les tribunaux, la fonction publique, les syndicats, la
police, le gouvernement fédéral, votre gouvernement
provincial, la
grande entreprise et les médias.
Dans une autre question, on demande aux Canadiens
d'indiquer leur degré d'accord ou de désaccord sur les
points suivants :
- Je ne me sens pas à l'aise de prendre des
risques
- Je préfère les situations qui
présentent des résultats prévisibles
- Avant de prendre une décision, je voudrais
être absolument certain de comment les choses vont tourner
- J'évite les situations qui présentent
des résultats incertains
- Je me sens confortable d'improviser dans une
situation nouvelle
- Je me sens nerveux quand je dois prendre des
décisions dans des situations incertaines
Le directeur de Vox Pop Labs, Clifton van der Linden, a
déclaré
dans une lettre aux médias après la publication de
l'enquête que «
ces dernières semaines Vox Pop Labs a effectué un certain
nombre
d'études sur l'opinion publique concentrées sur ce que
pensent les
Canadiens du fonctionnement du parlement. Ce sont des études
pilotes et
les
commentaires que nous recevons des Canadiens servent à
éclairer
l'élaboration d'une initiative en ligne innovante,
parrainée par le
gouvernement du Canada qui sera à la disposition de tous les
Canadiens
en temps opportun. »
« À cause d'une erreur de programmation
dont Vox Pop Labs assume
l'entière responsabilité, un sous-ensemble des
répondants à la dernière
itération de notre étude pilote a été par
inadvertance présenté avec
une batterie d'éléments de sondage de politologie
(tirés d'études
universitaires existantes) qui ne devaient pas être inclus dans
cette
étude. [...] Plusieurs, toutefois pas tous, des
éléments 'fuités'
actuellement diffusés sur les médias sociaux et
présentés dans
différents articles faisaient partie de cette
batterie. » Cependant,
Clifton van der Linden ne précise pas quelles questions «
ne devaient
pas être incluses dans cette étude ».
Les libéraux doivent être en effet dans
une situation difficile
pour avoir recours à des stratagèmes aussi
insensés et absurdes pour se
donner de la légitimité. Les institutions dites
démocratiques et les
méthodes tordues que proposent les libéraux pour
accéder au pouvoir ne
confèrent pas de légitimité à leurs
actions. Le recours à ces stratagèmes et outils
irrationnels par Vox Pop Labs pour attaquer la conscience collective
des Canadiens ne confère aucune légitimité, peu
importe combien de fois les
libéraux répéteront que les
résultats soutiennent leurs actions. Les efforts pour imposer de
nouvelles méthodes de gouvernance dans le dos du peuple sont
autant
futiles
que méprisables.
Notes
1. Les libéraux ont fait d'autres promesses
sur la réforme des lois électorales qui n'ont pas
été incluses dans le
mandat du comité, comme par exemple : « abroger les
mesures
antidémocratiques prévues par la Loi sur
l'intégrité des élections
de Stephen Harper », « Réviser le plafond des
dépenses électorales et limiter les dépenses entre
les élections » et «
donner à Élections Canada les ressources dont elle a
besoin pour
enquêter sur les cas de fraude ou de dissuasion
électoraux, sur le
financement illégal et sur toute autre affaire qui menace
l'intégrité
du processus électoral ».
2. Lors d'une réunion à Victoria, en
Colombie-Britannique, le 28 octobre, madame Monsef a
répété les
commentaires de Justin Trudeau que « personne ne réclame
de changements
comme sous l'ancien gouvernement », et elle a
ajouté : « Même si le
premier ministre a une préférence, même si
j'ai une préférence pour un système
spécifique avec certains éléments,
nous n'irons pas de l'avant sans le soutien des Canadiens. »
En réponse à une personne de l'assistance
qui lui demandait
d'appliquer la représentation proportionnelle mixte, la ministre
Monsef
a déclaré qu'elle ne peut rien promettre parce qu'elle
n'avait pas «
entendu cela venant d'une majorité écrasante dans tout le
pays » et
elle a expliqué que c'est la raison pour laquelle « le
classement des
principes est important » pour le gouvernement avant de
prendre une
décision. Elle a également montré les
difficultés auxquelles le
gouvernement faisait face : « Cette salle est pleine en ce
moment mais
je dois vous dire que dans la plupart des réunions dans le pays,
il n'y
a pas eu que des salles combles. »
La ministre a également dit combien
c'était « décourageant » quand
son engagement et celui du premier ministre envers la réforme
sont
remis en question. « Les gens ont paniqué »
quand les libéraux ont
voulu créer un comité où ils étaient
majoritaires, s'est plainte la
ministre. « Je me démène tous les jours, 24
heures par
jour, pour le changement », a-t-elle fini par dire.
3. « Le
gouvernement s'apprête à lancer une
nouvelle consultation en ligne sur la réforme
électorale », LML,
Numéro 138 - 12 novembre 2016.
À
titre d'information
Le Comité spécial présente son
rapport
Le 1er décembre, le Comité
spécial sur la réforme électorale a
présenté son troisième rapport intitulé Renforcement
de
la
démocratie
au
Canada :
Principes,
processus
et
engagement
du
public
en
vue
de
la
réforme
électorale.
Le rapport a été présenté officiellement
aux médias par le président du Comité, Francis
Scarpalegia, le député conservateur Scott Reid, le
député néodémocrate Nathan Cullen et le
député du Bloc québécois Luc
Thériault. Suite à la présentation officielle du
rapport, les députés du Parti libéral
siégeant au comité ont tenu leur propre conférence
de presse et la chef du Parti Vert Elizabeth May en a fait de
même.
Le comité avait pour mandat « d'identifier
et de mener une étude sur les systèmes de vote alternatif
viable pour remplacer le système de scrutin uninominal et
d'examiner le vote obligatoire et le vote en ligne ».
Le rapport complet des travaux du Comité
comprend 356 pages. Il est composé de neuf chapitres :
1) Introduction
2) La réforme
électorale et la Constitution
3) Leçons
apprises : historique de la réforme du système
électoral aux paliers fédéral et
provincial
4) Valeurs et systèmes électoraux :
vers une solution proprement canadienne
5) Civisme, devoirs et
droits : le vote obligatoire
6)
Le vote en ligne et le vote électronique
7)
Diversité et participation : un parlement à l'image
du Canada
8) La participation des électeurs
9) Se
lancer dans la réforme du système électoral :
une question de processus
Le rapport comporte sept annexes qui
énumèrent et mettent en lumière les témoins
entendus, les mémoires reçus, les rapports des
assemblées tenues par les députés et un
résumé des réponses aux consultations
électroniques du Comité. L'index final contient une
classification des mémoires reçus par le Comité
selon qu'ils étaient pour ou contre
un système électoral particulier ou obligatoire et le
vote en ligne.
Le rapport fait 13 recommandations. Le Parti
libéral du Canada a publié un « avis
complémentaire ». Le Nouveau parti
démocratique et le Parti vert ont également
présenté un « avis
complémentaire » conjoint.
On peut trouver le texte intégral du rapport ici.
Les recommandations mises de l'avant dans le rapport
sont les suivantes :
Recommandation 1 : Le Comité
recommande que le gouvernement, aux fins de l'élaboration d'un
nouveau système électoral, utilise l'indice de Gallagher
pour réduire au minimum la distorsion entre la volonté
populaire de l'électorat et la répartition des
sièges au Parlement. Le gouvernement devrait chercher à
élaborer un
système qui atteint un indice de Gallagher de 5 ou moins.
Recommandation 2 : Le Comité
recommande que, bien que les modes de scrutin de liste pure peuvent
atteindre un indice de Gallagher de 5 ou moins, ils ne doivent pas
être pris en considération par le gouvernement car ceux-ci
rompent le lien entre les électeurs et leur député.
Recommandation 3 : Le Comité
recommande que le vote obligatoire ne soit pas mis en oeuvre pour
l'instant.
Recommandation 4 : Le Comité
recommande que le vote en ligne ne soit pas mis en oeuvre à
l'heure actuelle.
Recommandation 5 : Le Comité
recommande qu'Élections Canada explore, en collaboration avec
les parties prenantes, l'utilisation d'outils technologiques permettant
d'améliorer l'accessibilité du vote, tout en assurant
l'intégrité de l'entièreté du processus
électoral.
Recommandation 6 : Le Comité
recommande que la Chambre des communes renvoie au Comité
permanent de la procédure et des affaires de la Chambre la
question de l'amélioration de l'accessibilité du vote
pour les Canadiens ayant un handicap, tout en assurant
l'intégrité de l'entièreté du processus
électoral.
Recommandation 7 : Le Comité
recommande
que toute réforme électorale vise à
améliorer la possibilité d'augmenter le taux de
participation et à renforcer la capacité de se faire
élire de membres de groupes historiquement
défavorisés et sous-représentés
(c.-à-d. les femmes, les personnes handicapées, les
Autochtones, les minorités
visibles, les jeunes et les Canadiens plus démunis). [cette
recommandation est liée aux chapitres 7 et 8]
Recommandation 8 : Le Comité
recommande que le gouvernement, par modification de la Loi
électorale du Canada, crée un incitatif financier
(par
exemple par le remboursement des dépenses de campagne) qui
encouragera les partis politiques à présenter davantage
de candidates dans une perspective de parité.
Recommandation 7 [répétition]
(sic) ...
Recommandation 9 : Le Comité
recommande que, de concert avec les provinces et les territoires, le
gouvernement examine des manières dont les jeunes de moins
de 18 ans pourraient s'inscrire sur le Registre national des
électeurs, préférablement par
l'intermédiaire du système scolaire, au plus deux ans
avant d'atteindre
l'âge minimal pour voter.
Recommandation 10 : Le Comité
recommande que le gouvernement octroie à Élections Canada
le mandat supplémentaire d'encourager la participation
électorale, notamment au moyen d'initiatives comme Vote
étudiant organisé par Civix, et de meilleurs efforts de
sensibilisation des Canadiens aux options de vote avant le jour
des élections (vote par anticipation, vote par la poste, vote
à n'importe quel bureau d'Élections Canada), et qu'il lui
accorde les ressources nécessaires pour s'en acquitter.
Recommandation 11 : Le Comité
recommande qu'une réforme électorale soit
accompagnée d'une étude exhaustive des effets sur les
autres aspects de l'« écosystème de
gouvernance » du Canada, à savoir : la relation
entre les pouvoirs législatif et exécutif du
gouvernement, et leur fonctionnement respectif ; la
relation entre la Chambre des communes et le Sénat, et leur
fonctionnement respectif ; la procédure et les conventions
parlementaires liées à la formation et à la
dissolution des gouvernements ; le fonctionnement des partis
politiques.
Recommandation 12 : Observation : Le
Comité reconnaît que, de ceux qui
voulaient du changement, la grande majorité des
témoignages était en faveur de la représentation
proportionnelle. Par ailleurs, le Comité reconnaît
l'utilité de l'indice de Gallagher, un outil
développé pour mesurer la disproportion relative entre
les votes reçus et les sièges obtenus à
l'intérieur d'un système électoral.
Par conséquent, le Comité
recommande :
que le gouvernement organise un
référendum dans lequel le système actuel est sur
le bulletin de vote ;
que le référendum propose l'implantation
d'un système électoral proportionnel qui atteint une note
de 5 ou moins sur l'indice 'Gallagher' ;
que le gouvernement complète la conception du
système électoral alternatif proposé au
référendum avant le début de la campagne
référendaire.
Recommandation 13 Le Comité
recommande qu'Élections Canada élabore et rende publique
de la documentation sur tout nouveau système proposé, y
compris des cartes des circonscriptions potentielles selon le nouveau
système et le format du bulletin de vote, et ce, avant le
début de la campagne référendaire.
Opinions complémentaires
L'opinion du Parti libéral
Le Parti libéral dans son opinion
complémentaire explique ses préoccupations quant au
manque « d'engagement » des Canadiens envers les
travaux du Comité ainsi que son opposition à
l'utilisation de l'indice Gallagher et à un
référendum. Les libéraux décrivent les
mesures contenues dans les recommandations qu'ils appuient, en
insistant sur la mise en place d'un système de
préinscription des jeunes pour être inscrits.
Ils soulèvent aussi des inquiétudes quant
aux autres changements au système politique canadien que cela
pourrait entraîner en raison des changements apportés au
système électoral :
« Avant d'envisager la refonte de notre
système électoral, nous sommes convaincus qu'un
pourcentage beaucoup plus élevé de la population
canadienne doit être à la fois conscient des types de
changements préconisés et des effets de ces changements.
Dans le cadre du processus de mobilisation, nous croyons que les
Canadiens et les partis
politiques doivent avoir une compréhension approfondie des
ramifications que des changements fondamentaux au système
électoral apporteraient, non seulement en termes de
conséquences, mais aussi d'incidence sur le gouvernement dans
son ensemble. »
Leur opinion se conclut par cette
déclaration : « En fin de compte, nous
considérons que le niveau de mobilisation sur le processus de
réforme électorale au sein de la population canadienne a
été insuffisant pour définir clairement un mandat.
Nous recommandons en outre que des mesures de nature plus consultative
soient prises pour
présenter une proposition de réforme électorale
conforme à la volonté des Canadiens. »
Opinion conjointe du NPD et du Parti Vert
Les opinions exprimées saluent
généralement les travaux du Comité et leurs
auteurs disent que le Comité a pris la décision d'appuyer
la
représentation proportionnelle, qu'ils ont qualifiée de
« tournant historique et une date déterminante pour le
renforcement de la démocratie canadienne ».
Ils ont également formulé des
recommandations sur des modèles précis qui, selon eux,
devraient être pris en considération par le gouvernement
et
« résulteraient tous deux en un score Gallagher
inférieur à quatre ».
Ils
recommandent :
- La représentation
proportionnelle mixte (RPM) en vertu de laquelle « les deux tiers
des membres de la Chambre des communes sont élus pour
représenter directement des circonscriptions, et le dernier
tiers est constitué de députés régionaux de
compensation. Ces derniers peuvent être élus à
partir d'une liste ouverte et
souple, selon la recommandation de la Commission de réforme du
droit, ou ils peuvent être élus à titre de «
meilleurs deuxièmes », comme dans le système
du Bade-Wurtemberg ».
- La représentation proportionnelle
rurale-urbaine
(PRU) par laquelle « en vertu de ce système, les limites
actuelles des circonscriptions sont conservées, mais les
circonscriptions urbaines sont groupées en circonscriptions
plurinominales de trois à cinq députés
chacune. » Ce système a d'abord été
présenté par l'ancien directeur général des
élections, Jean-Pierre Kingsley, lors de son témoignage
devant le comité.
L'avis a porté également sur la question
de la « validation et participation ». Ils
soulèvent des inquiétudes concernant la tenue d'un
référendum sur la réforme électorale et
affirment que « les témoignages confirment la
nécessité d'un changement, mais non celle d'un
référendum ». « Si le gouvernement
décide qu'il doit tenir un
référendum sur la réforme électorale, la
RPM et le système de représentation PRU devraient figurer
tous deux sur le bulletin de vote, et les Canadiens âgés
de 16 ans et plus devraient être autorisés à
voter. »
L'opinion se termine ainsi :
« Nous croyons que le gouvernement -- fort d'un
solide mandat électoral donné par près des
deux tiers de la population canadienne en 2015 et, après une
consultation nationale de cinq
mois, de la recommandation formulée par un comité
multipartite en faveur de la
représentation proportionnelle -- dispose maintenant du mandat,
du plan et des outils
nécessaires pour faire de l'élection de 2015 la
dernière à avoir lieu avec un système
uninominal majoritaire à un tour, et qu'il a l'obligation d'agir
en ce sens. »
Le gouvernement introduit des modifications
à la
Loi électorale du Canada
Le 24 novembre, la ministre des Institutions
démocratiques, Maryam Monsef, a déposé le projet
de loi C-33, Loi modifiant la Loi électorale du Canada et
d'autres lois en conséquence. Le même jour, en
conférence de presse, la ministre Monsef a dit que le projet de
loi est composé de sept mesures qui mettent fin aux
obstacles inutiles à l'exercice du vote tout en «
renforçant l'efficacité et l'intégrité des
élections ». Elle a dit que le projet de loi est une
réponse aux consultations des libéraux « avant les
élections » et après, et que ses mesures
« représentent un solide engagement envers le
changement ». Quatre des mesures annulent certaines des
modifications apportées à la Loi électorale du
Canada par la loi C-23 du gouvernement Harper, Loi sur
l'intégrité des élections.
Ces mesures modifient la loi pour:
- « éliminer les restrictions
imposées aux activités d'éducation et
d'information du public menées par le directeur
général des élections » ;
-
« retirer l'interdiction au directeur général des
élections d'autoriser l'avis de confirmation d'inscription
(communément appelé 'carte d'information de
l'électeur') comme pièce
d'identité » ;
- « remplacer, dans le
cadre de l'identification de l'électeur, la possibilité
d'une attestation de résidence avec l'option de répondre
de l'identité et du lieu de résidence » ;
et
- « réinstaller le commissaire aux élections
fédérales au sein du Bureau du directeur
général des élections et prévoir que le
commissaire
sera nommé par le directeur général des
élections, après consultation avec le directeur des
poursuites pénales, pour une période non renouvelable de
dix années. »
Une mesure est en réponse à une poursuite
en cours devant les tribunaux, qui conteste une limite de cinq ans au
droit des Canadiens vivant à l'étranger de voter aux
élections fédérales et supprime toute restriction
fondée sur le temps passé à l'extérieur du
Canada.
Les deux autres mesures sont les suivantes :
- « établir un registre des futurs
électeurs dans lequel les citoyens canadiens de 14
à 17 ans peuvent consentir à être
inclus » ; et
- « autoriser le ministre de la
Citoyenneté et de l'Immigration à fournir au directeur
général des élections des renseignements sur les
résidents permanents et les ressortissants étrangers en
vue de la mise à jour du registre des
électeurs ».
Ces deux mesures semblent répondre aux
recommandations du directeur général des élections
d'Élections Canada, Marc Mayrand, à la suite de
la 42e élection générale, décrite dans
un rapport du 27 septembre déposé à la
Chambre des communes. Mayrand a fait un total de 132
recommandations dans le rapport. La
disposition du projet de loi C-33 visant à obtenir des
renseignements sur les résidents permanents et les
ressortissants étrangers correspond à la recommandation
de Mayrand. En ce qui a trait à la création d'un registre
des futurs électeurs, Mayrand avait seulement recommandé
qu'Élections Canada puisse recueillir des renseignements sur les
jeunes
de 16 et 17 ans afin de les «
pré-inscrire » pour faciliter leur ajout au Registre
national des électeurs (RNDE) .
Des mesures de la Loi sur l'intégrité
des élections laissées en place
Le projet de loi C-33 n'abroge pas entièrement
la Loi sur l'intégrité des élections
mais seulement ce que les libéraux appellent ses «
éléments antidémocratiques ». La
myriade d'autres changements intéressés que le
gouvernement Harper a introduits, qui selon le Parti
marxiste-léniniste ont aggravé l'incohérence et
l'irrationalité
des lois électorales canadiennes, sont laissées en place.
Parmi les nombreux changements qui n'ont pas
été renversés dans le projet de loi C-33, sont les
dispositions de la Loi
sur l'intégrité des
élections qui exemptent du
plafond de dépenses permises pendant une campagne
électorale tout ce qui est
déclaré comme une « activité de collecte de
fonds » par les partis cartellisés provenant de gens
ayant déjà donné 20 $ ou plus à
un parti . À ce sujet, le directeur
général des élections , Marc Mayrand, a
déclaré en 2014 : « L'exception
s'appliquant aux activités de financement crée une lacune
potentielle dans le régime de dépenses
électorales. Comme il existe une importante zone grise entre la
promotion et les activités de financement, l'exception pourrait
être utilisée pour éviter d'avoir à
déclarer quelque chose à titre de dépense
électorale. Les partis bénéficiant d'un groupe de
donateurs bien établi auront un avantage sur les autres. Il
serait impossible pour Élections Canada et difficile pour le
vérificateur externe du parti de vérifier si l'on a
communiqué uniquement avec les donateurs ayant
déjà versé une contribution. »
Depuis 2007, Élections Canada a
attribué à chaque électeur un numéro
d'électeur unique et a demandé aux personnes
chargées du scrutin de fournir aux candidats des listes, connues
sous le nom de cartes bingo, montrant ceux qui ont voté
grâce à leur numéro d'identification. Les deux
principaux objectifs ont été d'aider les partis
cartellisés à maintenir des bases de données sur
les électeurs (sans un identificateur unique pour chaque
individu, cela devient fastidieux) et à surmonter le manque de
bénévoles qui surveilleraient qui a voté dans
chaque bureau de scrutin.
La Loi sur l'intégrité des
élections allait plus loin en obligeant les directeurs du
scrutin à fournir aux candidats toutes les cartes bingo
après l'élection, confirmant que le but de la manoeuvre
n'est pas de « faire sortir le vote », mais de faire
du microciblage et du profilage des électeurs. Lorsque la Loi
sur
l'intégrité
des
élections a été débattue, Marc Mayrand
a déclaré : « Le projet de loi propose
d'élargir l'utilisation des cartes bingo au-delà de son
but initial (faire sortir le vote le jour du scrutin). Maintenant les
partis vont être en mesure d'amasser et de documenter
systématiquement, après le vote, tous les Canadiens qui
ont voté et qui n'ont pas voté.
La collecte de cette façon des renseignements personnels
fondamentaux qui permettent de savoir si les gens ont voté ou
pas va au-delà de l'objectif opérationnel lié au
vote le jour du scrutin. »
En ce qui concerne la façon dont les partis
politiques utilisent l'information d'Élections Canada, la
ministre Monsef a déclaré lors de la conférence de
presse du 24 novembre que « les partis politiques,
lorsqu'ils recueillent de l'information, sont guidés par la Loi
sur
la
protection
des
renseignements
personnels
» et
« les
Canadiens à travers le pays ne m'ont pas fait mention de cette
question ». Lors d'une séance d'information technique
pour les journalistes suite à l'annonce, un employé du
Bureau du Conseil privé a précisé que les partis
politiques « ne sont pas assujettis à la Loi sur la
protection des renseignements personnels ». C'est
vrai et
ils ne sont pas guidés par elle non plus, comme le
prétend Monsef. Les partis cartellisés se sont
délibérément assurés de ne pas être
soumis à la Loi sur la protection des renseignements
personnels ou à toute autre mesure législative qui
limiterait leur capacité à recueillir et à
utiliser des renseignements provenant des électeurs ou à
suivre de
près le vote au fil du temps. Les sondages menés par
Élections Canada après les élections
fédérales de 2011 ont révélé
que 69 % des électeurs ne pensent pas qu'il est
important que les partis politiques puissent recueillir des
renseignements personnels provenant des électeurs [1].
Les autres aspects de la Loi sur
l'intégrité des élections qui demeurent en
place sont les suivants :
- l'augmentation calculée au prorata de la
limite de dépenses pour les partis et les candidats si la
période électorale est supérieure à 36
jours, ce qui a donné lieu lors des élections
fédérales de 2015 à des niveaux record de
dépenses des partis et de remboursement public ;
- les restrictions aux capacités du commissaire
aux élections fédérales de fournir au public des
renseignements sur les enquêtes, sauf dans des circonstances
très limitées ;
- les exigences pour le directeur général
des élections d'émettre aux partis politiques, suite
à une demande, des avis écrits sur la mise en oeuvre de
la Loi électorale du Canada qui lient alors les partis
politiques. Le Comité consultatif d'Élections Canada a
observé en 2014 « une préoccupation quant
à l'utilisation du régime à
des fins partisanes », qui pourrait prendre la forme de
demandes d'avis sur la conduite d'autres partis ou d'utiliser la mesure
pour mettre à l'épreuve les limites de la oi
électorale ;
- les exigences imposées au Conseil du
Trésor d'approuver les dépenses du directeur
général des élections pour la
rémunération d'experts techniques ou de
spécialistes ;
- les directeurs du scrutin dans les bureaux de scrutin
sont choisis sur la base d'une recommandation du parti dont les
candidats ont reçu le plus de votes dans leur circonscription
respective au cours de l'élection précédente.
Note
1. L'utilisation
du microciblage et les
réformes actuelles, LML,
15
octobre
2016
Processus visant à «nettoyer les
données»
du Registre des électeurs
Lors de la conférence de presse du 24
novembre et dans les communiqués de presse officiels il est
question de mesures dans le projet de loi C-33 touchant à la
liste des électeurs visant à « aider
Élections Canada à nettoyer les données du
Registre national des électeurs ». Aussi, dans les
reportages au sujet du projet de loi, la
notion de « nettoyer les données » a
constamment été soulevée. Qu'en est-il ?
Au sujet de ses recommandations à l'effet
qu'Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada
(IRCC) partage avec Élections Canada l'information sur les
non-citoyens, le directeur général des élections
Marc Mayrand dit : « Bien qu'il n'y ait
pas de répertoire unique de renseignements sur la
citoyenneté au Canada, IRCC possède des renseignements
sur les
personnes résidant au pays qui n'ont pas la citoyenneté
canadienne. Ces renseignements permettraient à Élections
Canada de veiller à ce que seuls les citoyens canadiens soient
inscrits au Registre national des électeurs. Des études
internes indiquent qu'environ 0,2 % des individus inscrits au
Registre ne sont peut-être pas des citoyens
canadiens. Si Élections Canada avait accès aux
données d'IRCC sur les non-citoyens, il serait possible de
repérer les noms de ces personnes sur la liste du Registre et de
les supprimer de la liste sur une base continue. Élections
Canada pourrait également comparer ces données avec
celles d'autres sources pour confirmer l'exactitude des entrées
dans
le Registre national des électeurs ».
Les mesures prévues dans le projet de loi C-33
sont les premières à fixer un processus dans La loi
électorale du Canada visant à la vérification
ciblée et à la suppression du registre d'individus qui ne
sont plus éligibles, ou qui ne sont plus éligibles en
tant qu'électeurs en vertu de leur statut de citoyenneté.
Le Registre des électeurs est mis à jour
de façon continuelle et de façon générale
les données qui s'y trouvent proviennent d'informations
confiées par les électeurs à Élections
Canada ou par les électeurs qui ont autorisé un
ministère fédéral ou un organisme
fédéral à transmettre ces informations à
Élections Canada.
Un bon exemple de cela est lorsque les citoyens
autorisent qu'ils soient ajoutés au registre lorsqu'ils
produisent leur déclaration de revenu. Le projet de loi C-33
affirme que le ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration
peut désormais, « à la demande écrite du
directeur général, lui communiquer les renseignements sur
une personne qui
sont contenus dans les banques de données que le
ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration tient
concernant les résidents permanents et les
étrangers » - nom, sexe, date de naissance et adresse
- « en vue d'aider celui-ci à mettre à jour le
Registre des électeurs, notamment en y radiant le nom des
personnes qui ne sont pas des
électeurs ».
Selon le libellé de la Loi électorale
du Canada - libellé qui ne changera pas suite aux
amendements - il est affirmé qu'on peut demander à un
individu qui produit une déclaration de revenu d'indiquer s'il
est citoyen canadien « en vue d'aider le directeur des
élections à mettre à jour le Registre des
électeurs ». Toute personne
qui se voit accorder le statut de citoyen canadien peut aussi choisir
si au cours du processus elle veut être inscrite au Registre.(2)
Parmi les autres sources d'information il y a les bureaux
d'immatriculation provinciaux et territoriaux, les agences de
statistiques essentielles, les agences électorales provinciales
et territoriales qui peuvent contribuer de
l'information aux listes d'électeurs permanents. Il y a aussi
les électeurs qui décident de s'inscrire aux listes
d'électeurs ou de mettre à jour leur inscription pendant
ou après les élections. Élections Canada affirme
aussi que le nom d'électeurs décédés peut
être radié du Registre et que quiconque veut demander que
son nom soit radié peut le
faire.
Un registre de futurs électeurs
Le projet de loi C-33 crée un Registre des
futurs électeurs qui fonctionne de pair avec le Registre des
électeurs, à ce point que la section 4 de la Loi
électorale du Canada intitulée « Registre
d'élection » se nommera dorénavant «
Registre des électeurs et Registre des futurs
électeurs ».
La recommandation de Marc Mayrand suite aux
élections fédérales de 2016 était
à l'effet qu'Élections Canada soit autorisée
à recueillir de l'information sur des individus
âgés de 16 et de 17 ans afin de faciliter le
processus visant à les ajouter au Registre des électeurs
« avec leur consentement » lorsqu'ils atteindraient
l'âge de 18 ans. Il avait dit à ce moment-là
qu'une telle mesure permettrait à Élections Canada de
communiquer avec les jeunes, de « mener des campagnes
d'inscription » et de les encourager « à
s'inscrire à l'avance ». La recommandation visait
à relever le défi posé à Élections
Canada de veiller à ce que les jeunes
entre 18 et 34 ans soient inscrits, un groupe d'âge
« sous-représenté dans les listes
électorales comparativement aux autres groupes
d'âge ». Mayrand disait alors : « Il serait
très utile qu'Élections Canada puisse recueillir les
renseignements concernant les jeunes âgés par exemple
de 16 et 17 ans, de façon à
pouvoir, avec leur consentement, activer leur inscription au Registre
national des électeurs lorsqu'ils atteindront l'âge
de 18 ans ».
Le nouveau Registre des futurs électeurs est
défini comme étant un registre de « personnes ayant
qualité de futurs électeurs », ce qui signifie
sans doute des citoyens. Tout comme le Registre des électeurs,
il contiendra « les noms, prénoms, sexe, date de naissance
et adresses municipale et postale » et autres informations.
Le registre
contiendra également un « identificateur unique,
généré de façon
aléatoire » ou autrement dit un numéro
d'identité de l'électeur. On ne précise pas si ce
futur numéro d'identité de l'électeur sera
conservé lorsque le futur électeur deviendra
électeur. Le Registre des futurs électeurs peut «
continuer à contenir des renseignements concernant un
futur électeur après qu'il soit devenu électeur,
et ce, jusqu'à ce qu'il soit inscrit au Registre des
électeurs ». Aussi, l'inscription d'un futur
électeur au Registre des futurs électeurs « n'est
pas subordonnée au consentement de ses mère ou
père ou tuteur ».
La façon de donner son consentement pour
être ajouté au Registre des futurs électeurs se
fera essentiellement de la même façon que lorsque
quelqu'un ajoute son nom au Registre des électeurs,
c'est-à-dire, en cochant une case au moment de remplir un
quelconque formulaire. En réalité, le Registre des futurs
électeurs est mis à jour selon le
même procédé que le Registre des électeurs.
Par exemple, des amendements qui définissent le Registre des
futurs électeurs et son fonctionnement sont faits en ajoutant
simplement « et le Registre des futurs
électeurs » après « Le registre des
électeurs » ou encore, « un futur
électeur » après «
électeur » dans toute la section
quatre de la Loi électorale du Canada. L'utilisation de
l'information obtenue dans le Registre des futurs électeurs se
limiterait à « la mise à jour du Registre des
électeurs », à « la communication d'un
renseignement transmis dans le cadre des programmes d'information et
d'éducation populaire » et à « tout
organisme chargé,
au titre d'une loi provinciale, d'établir une liste
d'électeurs ou de futurs électeurs ».
En d'autres mots, il n'existe pas en ce moment une
cueillette d'information personnelle qui permettrait aux « partis
enregistrés, aux membres et aux candidats de communiquer avec
les électeurs » comme le permet le Registre des
électeurs. Un futur électeur peut demander, par
écrit, que son information serve seulement à la «
mise à jour
du Registre des électeurs et à la communication
d'un renseignement transmis dans le cadre des programmes d'information
et d'éducation populaire ».
Le Canada tient une rencontre
internationale sur la Syrie
Le dilemme du Canada suite
aux
élections américaines
- Pauline Easton -
Lors de la réunion internationale sur la Syrie
tenue à Mont-Tremblant, le ministre des Affaires
étrangères, Stéphane Dion, a lancé l'appel
à la coopération internationale en Syrie. Les
participants à la réunion étaient des
représentants de l'« opposition politique
syrienne » et de la « société
civile » syrienne qui, selon Dion, sont les
groupes d'opposition légitimes en Syrie.
Les commentaires de Dion sur la «
complexité » de la situation et sur la
nécessité d'une « résolution
politique » ne sont rien d'autre qu'une mascarade visant
à perpétuer la fraude à l'effet que les
États-Unis et les forces qui leur sont liées comme le
Canada et l'OTAN sont vraiment intéressés à ce
qu'il y ait des négociations et une
résolution pacifique du conflit en Syrie alors que toutes leurs
« négociations » se ramènent à
une agression au service de leur objectif de changement de
régime.
L'ironie de la chose c'est que ce n'est pas cette voie
que la présidence américaine sous le régime Trump
a dit vouloir emprunter, ce qui laisse en plan le Canada et ses
coconspirateurs contre la paix. Nous verrons dans la période
qui vient s'ils vont ou bien s'accommoder à cette nouvelle
réalité ou poursuivre dans leur voie actuelle. Les
contradictions au sein de la classe dominante aux États-Unis
autour du problème de comment réaliser
l'hégémonie impérialiste américaine sur les
pays d'Asie, d'Afrique, d'Amérique latine et des Caraïbes
sont très aiguës reflétant les contradictions
interimpérialistes au sein des oligopoles qui
bénéficient du commerce de même que de l'agression
et de la guerre.
En dépit de l'angoisse qui habite Dion sur la
suite des choses avec Trump au pouvoir, il affirme que le Canada va
jouer un « rôle constructif » de concert avec
les États-Unis. Quel sera ce rôle ? Le Canada va-t-il
emboîter le pas à tout ce que le nouveau président
des États-Unis va décider, d'une façon «
constructive » bien
sûr ? Est-ce que le Canada va continuer à cultiver
son rôle de « faiseur de paix
déterminé » peu importe ce que le
nouveau président des États-Unis va faire en Syrie et
avec la Russie ? Est-ce que l'image du Canada que le gouvernement
Trudeau a essayé de projeter à l'échelle
internationale, où l'agression et le
changement de régime sont déguisés en «
conviction responsable » et « responsabilité de
protéger », aura sa place sous le régime Trump
de pouvoir sans limites des oligopoles américains ayant recours
aux pouvoirs policiers pour obtenir le « deal » que
Trump recherche pour les États-Unis ?
Afin de cacher le sale rôle que joue le Canada en
Syrie, Dion s'est assuré de dire qu'« aucune issue n'est
possible sans diplomatie et, tout compte fait, sans solution
politique ». Il souffre sans doute d'un choc
post-traumatique dû à l'élection de Trump. La
mascarade entretenue par Dion va s'effondrer devant lui parce que selon
Trump
les seuls qui peuvent faire avancer les choses ce sont les coupe-gorge
capables de conclure des « deals » et non ceux qu'il
méprise comme des diplomates faiblards dont il n'a pas une
très bonne opinion.
Dion dit : « Le Canada ne cesse de
réclamer un cessez-le-feu immédiat et la reprise de
négociations sérieuses entre les groupes d'opposition
légitimes ». Donald Trump n'a pas de temps à
perdre à convaincre quelqu'un de qui est «
légitime » et qui ne l'est pas. Ou bien un adversaire
a le calibre nécessaire pour forcer la conclusion d'un «
deal » ou bien il est mangé tout rond. En ce qui
concerne ce qui va advenir des soi-disant groupes d'opposition «
légitimes » que Dion a réunis à
Mont-Tremblant, les paris sont ouverts.
Un complot contre la paix
- Margaret Villamizar -
Lors d'une réunion internationale sur la Syrie
organisée à Mont-Tremblant, au Québec, le ministre
des Affaires étrangères du Canada, Stéphane Dion,
a appelé à la « coopération
internationale » suite aux élections
américaines. Il a dit de la situation en Syrie qu'elle
était « complexe » et la conséquence de
différends ethniques et
religieux. Ce sont ces différends que les impérialistes
essaient à tout prix d'exploiter afin de dresser les peuples de
la région les uns contre les autres. Tout cela est fait au nom
de la défense des droits de ces groupes, ce qui ne fait que nous
montrer à quel point est usé à la corde le
discours qui nie les droits de citoyenneté en y mêlant des
considérations fondées sur la couleur, l'origine
nationale, la race, la religion et les croyances.
Parmi les « groupes terroristes »
qu'il accuse d'avoir déstabilisé la Syrie, Dion nomme
spécifiquement le Hezbollah, comme s'il était de la
même nature que l'État islamique, afin de masquer le fait
que le Hezbollah est un parti politique du peuple libanais qui dirige
un puissant mouvement de résistance qui entrave l'agression et
l'expansion israéliennes et les efforts actuels d'Israël
pour contrôler les hauteurs du Golan syrien et le Liban
lui-même. C'est inadmissible de dire d'un mouvement de
résistance qu'il est une source de déstabilisation. Le
Hezbollah a joué un rôle dans la défaite de
l'État islamique au Liban et en Syrie, minant les efforts des
États-Unis d'imposer un
changement de régime.
Lorsqu'il nomme le gouvernement syrien, Dion utilise
l'expression « le régime Assad ». Il s'agit
d'une méthode de police qui sert à criminaliser une
« mauvaise chose ». En le détachant des
relations sociales et politiques dans lesquelles s'engage le peuple
syrien, Dion peut transformer le gouvernement syrien en tout ce qu'il
veut.
C'est ainsi qu'il peut déclarer que le « régime
Assad » a perdu depuis longtemps la légitimité
morale de gouverner mais qu'il est appuyé par des forces
puissantes, soit la Russie et l'Iran. Dans ce scénario, le
peuple syrien et les décisions qu'il prend n'existent pas et
tout est ramené à la nécessité d'une action
policière de la part des «
bonnes » forces extérieures pour restaurer la
stabilité, la paix et l'ordre.
Ce discours criminel au sujet de qui est responsable de
la déstabilisation de la Syrie n'est rien d'autre qu'un complot
contre la paix en ces moments où les impérialistes ont
foulé aux pieds la définition de l'après-guerre de
ce qui constitue une agression. Dion continue de déformer
complètement la réalité en affirmant :
« Les gestes commis
à Alep [en Syrie] par ce régime et ses partisans, parmi
lesquels l'on compte le Hezbollah et les milices chiites afghanes, de
même que les bombardements continus et l'absence de
cessez-le-feu, rendent impossible toute négociation de paix
depuis avril ».
D'où provient l'impossibilité de
maintenir un cessez-le-feu ? Pourquoi n'y a-t-il pas eu de
pourparlers de paix depuis avril dernier ? C'est une question
importante pour tous ceux qui désirent la paix. Pourtant elle
est rejetée du revers de la main de la façon la plus
puérile par Dion qui jette le blâme sur tous ceux qui
n'agissent pas
sous le commandement et le contrôle directs des forces
étasuniennes. Il ne reconnaît pas les efforts qui ont
été faits pour en arriver à un cessez-le-feu et
qui ont été détruits par les attaques des
États-Unis au moment même de sa mise en oeuvre. Il ne
reconnaît pas non plus les cessez-le-feu unilatéraux qui
ont été mis en place par les forces syriennes
et russes. Est-ce que ce ne sont pas là des faits ?
Pourtant, toute force qui n'est pas sous le commandement et le
contrôle des États-Unis devient la cause du
problème alors que les actions des États-Unis et de leurs
alliés sont passées sous silence.
Dion a même soulevé les changements
climatiques pour ajouter à la confusion : « Ainsi, le
début du conflit durant le Printemps arabe de 2011 -- outre
ses causes profondes associées au déficit
démocratique et à la lutte pour l'acquisition de droits
--
coïncidait avec une hausse marquée du prix des aliments,
laquelle coïncidait
elle-même avec des modèles climatiques nuisibles à
la production alimentaire, lesquels coïncidaient avec le
réchauffement de la planète ». En d'autres
mots, la situation n'est pas attribuable au conflit entre les
conditions et l'autorité résultant des relations sociales
qui bloquent la voie vers le progrès. Au nom de la «
consolidation résolue de la
paix », le Canada attise les flammes d'une guerre encore
plus grande. Ce qui complique les choses, c'est que le Canada doit
maintenant tenir compte de la présidence de Donald Trump et
s'adapter en conséquence.
Après avoir analysé de façon aussi
pitoyable les forces qui se concertent et qui rivalisent les unes avec
les autres en Asie de l'Ouest, Dion a terminé la réunion
en accusant tout le monde pour les problèmes sauf les
impérialistes
américains et leurs tentatives d'imposer un changement de
régime afin d'établir leur hégémonie dans
cette région stratégique du
monde.
La nécessité pour les peuples du monde de
régler ces questions cruciales de guerre et de paix devient plus
urgente que jamais.
La réunion de Mont-Tremblant
Du 11 au 13 novembre, les gouvernements du
Canada et des Pays-Bas ont organisé conjointement, à
Mont-Tremblant au Québec, une réunion d'«
envoyés spéciaux » de 15 pays à
laquelle ont aussi participé des représentants de
l'« opposition politique syrienne », des Nations unies
et de la « société civile
syrienne » de même que des « universitaires
influents », pour discuter de la situation en Syrie. Le
ministre des Affaires étrangères, Stéphane Dion, a
aussi rencontré les représentants de l'« opposition
syrienne » et de la « société
civile » pour « entendre leurs propositions pour
accélérer la cessation des
hostilités ».
L'identité de ces envoyés spéciaux, de ces «
universitaires influents » ou des autres participants n'a
pas été dévoilée.
Dans ses commentaires à la fin de la
réunion, Dion a dit des participants qu'il s'agissait d'«
experts et de conseillers essentiels oeuvrant à la
résolution d'une des crises les plus pressantes et les plus
horribles du monde, en apparence insoluble ». Il a aussi
parlé de l'importance d'une réflexion « non
seulement sur la façon d'atténuer la
tourmente actuelle, mais aussi sur la résolution pacifique du
conflit en Syrie ». Il a dit que la réunion
permettait de « créer un espace...propice à
l'engagement ».
La réunion a eu lieu presqu'au lendemain de
l'élection de Donald Trump à la présidence des
États-Unis. Dion a évoqué ce contexte en disant
qu'il était certain que ces « derniers jours ont
été mouvementés tant en Syrie et dans la
région que sur la scène politique mondiale. Je suis
convaincu que l'élection d'un nouveau président
américain a
occupé une grande place dans vos pensées, ainsi que dans
vos conversations ici même entre plusieurs d'entre vous. Cela
allait de soi, compte tenu du rôle important que jouent les
États-Unis dans la région ».
Il a ajouté : « L'impact de la
nouvelle administration américaine prendra des semaines et des
mois à se faire sentir, et les inconnues restent nombreuses. Le
premier ministre Justin Trudeau et le gouvernement du Canada assumeront
un rôle constructif avec les États-Unis, sur les plans
bilatéral et multilatéral, y compris dans la quête
de la
paix en Syrie. ».
Par voie de communiqué, le gouvernement a
déclaré que les discussions de la réunion à
Mont-Tremblant « ont surtout porté sur les conditions
nécessaires à une cessation permanente des
hostilités, y compris par le régime Assad appuyé
par la Russie et l'Iran, ainsi qu'à la reprise des pourparlers
de paix » ( le souligné est du
LML). Il est important de rappeler les efforts qu'ont
déployés les États-Unis et leurs alliés
pour imposer comme condition aux pourparlers de paix l'abdication du
président Assad ou son renversement, ce qu'ils appellent une
« transition politique ».
Dans ses remarques de clôture portant le titre de
« Consolidation résolue de la paix », Dion a
dit que la lutte en Syrie et en Irak est menée contre des forces
puissantes qui déstabilisent le monde aujourd'hui. Selon lui,
ces forces sont d'un côté « Daech, al Quaïda,
al Nusra, le Hezbollah et d'autres groupes terroristes », et
de l'autre
le gouvernement syrien de même que la Russie et l'Iran. Pointant
du doigt le gouvernement syrien, qu'il nomme de façon
méprisante le « régime Assad », Dion a
dit qu'il a « depuis longtemps perdu toute
légitimité morale pour gouverner ».
Il a conclu ses remarques en lançant un appel
à la coopération internationale face à cette
« situation complexe » qui afflige la Syrie et toute
la région qu'il a décrite ainsi : «
J'ai déjà parlé du soutien qu'offrent la Russie et
l'Iran au régime Assad. Certains groupes kurdes
inquiètent aussi la Turquie, dont les préoccupations
sont partagées par d'autres dans la région. Il existe des
tensions entre l'Arabie saoudite et l'Iran, ce qui alimente la
méfiance entre de nombreuses communautés sunnites et
chiites. Et la tension monte également entre la Russie et la
majorité de l'Occident, ce qui est ressenti de l'Europe de l'Est
jusqu'en Méditerranée. »
En terminant, Dion a fait porter la
responsabilité de cette situation à tout sauf au
rôle des États-Unis et de leurs alliés et à
leur obsession à provoquer un changement de régime en
Syrie. « Le début du conflit durant le Printemps arabe
de 2011 -- outre ses causes profondes associées au
déficit démocratique et à la lutte pour
l'acquisition de
droits -- coïncidait avec une hausse marquée du prix des
aliments, laquelle coïncidait elle-même avec des
modèles climatiques nuisibles à la production
alimentaire, lesquels coïncidaient avec le réchauffement de
la planète », a-t-il dit.
L'anniversaire des attentats de Paris de
novembre 2015
Les pouvoirs d'exception et la violation des droits
humains deviennent la nouvelle normalité
- Christian Legeais -
Manifestation de Rennes contre l'état d'urgence, 30 janvier
2016. Cette manifestation est l'une des nombreuses manifestations qui
ont eu lieu dans toute la France le 30 janvier 2016 pour exiger la fin
de l'état d'urgence déclaré après les
attentats de Paris.
Le président de la France, François
Hollande, et son premier ministre, Manuel Valls, ont tous deux
indiqué que le gouvernement français allait prolonger
l'état d'urgence en place depuis les attentats du 13
novembre 2015 à Paris.
Dans une interview à la BBC à l'occasion
de cet anniversaire, Valls a évoqué l'attentat du 14
juillet à Nice et dit qu'il y a un risque que de tels attentats
se reproduisent et que le pays doit rester sûr en vue des
élections présidentielles et législatives au
printemps.
« Il est difficile aujourd'hui de mettre fin
à l'état d'urgence. D'autant plus que nous allons nous
engager
dans une campagne présidentielle dans quelques semaines avec des
meetings, avec des réunions publiques. Donc il faut aussi
protéger notre démocratie », a expliqué
Manuel Valls. Le 15 novembre, il a confirmé que son
gouvernement allait demander à l'Assemblée nationale une
nouvelle prolongation de l'état d'urgence.
Le président François Hollande a
déclaré au Figaro le 15 novembre :
« « Je veux prolonger l'état d'urgence
jusqu'à la présidentielle. » Face aux risques
terroristes, « nous avons besoin de mesures qui sont, c'est vrai,
exceptionnelles. Et dès lors qu'il va y avoir ces prochaines
semaines une élection présidentielle, des
rassemblements, le gouvernement m'a fait la proposition de prolonger
l'état d'urgence et ce sera soumis au Parlement »,
a-t-il dit.
Ainsi on voit comment le Parti socialiste a mis en
place une stratégie visant à se présenter comme le
défenseur d'un gouvernement de lois contre la droite (les
républicains) et l'extrême-droite (Marine LePen et le
Front National), dans le cadre de l'état d'urgence et de ses
mesures exceptionnelles. Avec l'annonce faite le 1er
décembre
de
Hollande de ne pas être candidat à l'élection
présidentielle, au renouvellement de son mandat, il est fort
probable que Valls déclarera sa candidature à la primaire
présidentielle socialiste de janvier 2017. [1] Il est également probable qu'il
prendra le relais de Hollande pour la promotion de l'état
d'urgence et l'utilisation accrue des pouvoirs de police en France. Au
sujet de la décision de François Hollande, Manuel Valls a
déclaré le 2 janvier 2016 : «
Nous
devons défendre le bilan de François Hollande, son
action. Je le ferai. »
Lorsque l'état d'urgence a été
déclaré la première fois, LML a
souligné que les pouvoirs de police qui opèrent en dehors
de l'état de droit sont en train d'être codifiés
dans la loi :
« Dans son discours du 16 novembre [2015]
devant le Parlement réuni en Congrès, la réunion
de l'Assemblée nationale et du Sénat, le président
de la France, François Hollande, a déclaré que les
pouvoirs publics français ne peuvent agir contre le terrorisme
dans le cadre de l'état de droit. Étant donné que
la France est un pays qui agit
conformément à l'état de droit, a-t-il dit,
l'état de droit tel qu'inscrit dans la Constitution doit
être révisé. » [2]
Quand Valls dit « Il est difficile aujourd'hui de
mettre fin l'état d'urgence », ce qu'il indique c'est
que le gouvernement va rendre permanentes les violations des droits,
les « constitutionnaliser » sans passer par une
modification de la constitution, et les présente comme «
une protection de la démocratie ». Les
élections
présidentielles vont se dérouler sous l'état
d'urgence avec toutes ses mesures exceptionnelles, comme les
interdictions de manifester, les assignations à
résidence, les
limites de la liberté d'expression, l'espionnage et les
provocations des agences de l'État et leurs pouvoirs policiers.
LML a également souligné que sous
l'état d'urgence :
« La police peut agir et même tuer
avec impunité. Elle peut procéder à des fouilles
sur des personnes et perquisitionner sans contrôle des pouvoirs
judiciaires et peut détenir les gens sans porter d'accusations.
Toute personne soupçonnée par la police de
représenter une menace pour l'État peut être
assignée à résidence de façon
indéfinie.
Même en étant libérés de ce confinement, les
suspects peuvent être interdits de rencontrer des personnes que
la police a signalées et fichées. On peut se servir de
marquage électronique pour surveiller l'assignation à
résidence et pour traquer des individus. Les autorités
étatiques bloqueront les sites internet qu'ils jugent dangereux.
Les manifestations
publiques sont interdites et les groupes ciblés par la police
peuvent être dissous. » [3]
Ce sont les conditions qui existent en France depuis un
an.
Les prolongations répétées de
l'état d'urgence
Manifestation d'Annecy contre l'état d'urgence, 30 janvier 2016
La France vit dans un état d'urgence permanent
depuis plus d'un an. La première période de 12 jours
déclarée 13 novembre 2015, a été
prolongée le 20 novembre 2015 pour une période
de trois mois, jusqu'au 26 février 2016. Le 16
février 2016, l'Assemblée nationale a voté,
à 212 voix pour et 31 contre, la prorogation de
l'état d'urgence pour un autre trois mois après
l'échéance de février. Le premier ministre,
Manuel Valls, avait déclaré à l'époque
qu'il
doit rester en place « jusqu'à ce que nous puissions nous
débarrasser de [l'État islamique] ». En mai,
l'état d'urgence a été reconduit pour deux
autres mois, jusqu'à la fin de juillet, avec la justification
qu'il était nécessaire pour assurer la
sécurité de l'Euro 2016 et du Tour de France.
Le 14 juillet, a lieu l'attaque de Nice où un poids-lourd a
percuté la foule rassemblée pour la fête nationale.
Peu après, Hollande déclare que c'était une
attaque « dont le caractère terroriste ne peut
être nié » alors que son auteur n'était
pas sur les listes de surveillance, n'avait pas de liens connus avec
des organisations terroristes, n'était pas connu pour être
religieux et avait des antécédents de problèmes
psychologiques. L'Assemblée nationale vote la prolongation de
l'état d'urgence pour encore six mois, jusqu'au milieu de
janvier 2017. Le 13 juin, un policier et son épouse
(une agente administrative de la police) sont tués à
Magnanville, une commune située à l'ouest de Paris,
l'ÉI en revendique la responsabilité par la suite.
Le 26 juillet, un prêtre de Rouen est tué par deux
jeunes, l'ÉI revendique plus tard que ces jeunes lui avaient
juré allégeance.
Bien que la prorogation antérieure de l'état d'urgence
soit toujours en vigueur, l'anniversaire des attentats de Paris de
novembre 2015 est utilisé par le gouvernement pour annoncer
qu'il va demander une prorogation jusqu'en mai 2017.
Ce qui ressort, c'est que l'on nous dit que pour que la
vie continue normalement, il faut des mesures d'exception. Des
événements comme le Tour de France et de l'Euro 2016
ont été utilisés pour maintenir ces mesures.
Maintenant, c'est pour que l'élection présidentielle se
déroule en toute sécurité que la prorogation est
imposée malgré
que l'état d'urgence n'a pas empêché les
événements de Nice, de Magnanville et de Rouen.
Compte tenu de tout cela, avec le rôle
infâme des agences de sécurité d'État qui
perpétuent des actes terroristes et en rejettent la
responsabilité sur les autres, il n'est pas difficile de voir
que l'état d'urgence va continuer d'être reconduit
indéfiniment, que l'État français est incapable de
résoudre les problèmes sociaux et économiques
auxquels
fait face le peuple. La crise dans laquelle sont plongés
l'État français et le projet d'édification
nationale, qui l'a engendré à la révolution
française et depuis, s'aggrave rapidement. C'est le refus de
faire face à cette crise qui crée les conditions pour la
promotion du racisme par l'État et ses institutions et celle de
la démagogie xénophobe.
L'utilisation abusive des pouvoirs de police n'est pas
une aberration mais la nouvelle normalité
Manifestation de Lille contre l'état d'urgence, 30 janvier 2016
L'état d'urgence est supposé
protéger le peuple et contrer le problème du
terrorisme. Cependant, depuis la déclaration de l'état
d'urgence, l'État français a abusé du chagrin et
de
l'émotion du peuple face aux événements tragiques
de Paris et l'a détourné vers des objectifs qui
n'avaient rien à voir avec sa sécurité. Un clair
exemple de
cela est l'interdiction de toutes les marches et manifestations sur la
place publique à la Conférence sur le climat COP21
à Paris,
qui s'est tenue du 30 novembre au 15
décembre 2015. Les gens ont de profondes inquiétudes
sur la protection de l'environnement social et naturel, et les actions
de masse lors de ces conférences visent à
s'assurer que ces revendications sont mises à l'ordre du jour
et
reçoivent une attention mondiale, quel que soit l'ordre du jour
que les
États-Unis, la France, le Canada et les autre pays
industrialisés souhaitent imposer au reste du monde.
En plus de la COP21, des syndicalistes français
ont déclaré à la Fédération
internationale des ligues des droits de l'Homme (FIDH) que « au
motif du manque d'effectifs pour assurer la sécurité des
citoyens, certaines manifestations ont été interdites, ou
alors l'autorisation a été donnée la veille, ce
qui fausse complétement l'organisation des
manifestations et empêche concrètement leur
déroulement ». [4]
La Commission nationale consultative des droits de
l'homme (CNCDH), dans son Avis sur le suivi de l'état d'urgence
du18 février 2016, a relevé d'autres exemples
où les dispositions de l'état d'urgence ont
été utilisées pour violer le droit de manifester.
Tel est notamment le cas d'interdictions de manifester dans le
cadre :
- d'une
grève de salariés ayant eu lieu à Paris au sein
d'une entreprise de multimédias ;
- d'un rassemblement de
syndicats de retraités à Toulouse ;
- d'un
rassemblement devant la Direction régionale des entreprises, de
la concurrence, de la consommation, du travail et de l'emploi de la
région Rhône-Alpes, à la suite de la mise en oeuvre
d'une
procédure de licenciement à l'encontre d'un
salarié protégé.
Également, lorsque les travailleurs ont
commencé à manifester contre la Loi Travail
anti-ouvrière en mars 2016, l'état d'urgence a
été utilisé pour interdire aux travailleurs de
participer aux manifestations et restreindre les itinéraires de
celles-ci. De nombreuse manifestions ont été interdites,
parmi ces interdictions, il y a eu :
- le 14 juin 2016, 130 personnes ont
été interdites de manifestation à Paris contre la Loi Travail ;
- le 22 juin, la manifestation contre la Loi
Travail a été interdite à Paris, puis
autorisée sur un parcours restreint ;
- le 22 juin, la
manifestation contre la Loi Travail de
Nantes
a
été
interdite
et 100
manifestants
ont
été
arrêtés.
Dernièrement, d'autres manifestations ont
été interdites en utilisant les mesures de l'état
d'urgence :
- le 1er octobre, la manifestation de la Coalition
internationale des sans-papiers et migrants (CISPM) pour soutenir les
migrants de Calais a été interdite à Calais et
dans les municipalités environnantes ;
- le 22
octobre, à
Saint-Étienne, dans le centre de la France, la manifestation
pour « le désarmement de la police et la
démilitarisation des conflits » a été
interdite.
Le rapport de juin 2016 de la FIDH donne un
aperçu de l'activité policière sous l'état
d'urgence, notamment des descentes et des perquisitions
effectuées par la police. Pour la FIDH, « les entretiens
menés par les chargés de mission ont permis de se rendre
compte que de nombreuses mesures prises dans le cadre de l'état
d'urgence, et
notamment des perquisitions, ont été prises à
d'autres fins que celles de la lutte contre le terrorisme ».
Dans la partie de son rapport intitulée «
L'utilisation des mesures de l'état d'urgence à des fins
étrangères à la lutte contre le
terrorisme », la FIDH écrit : « Un
représentant de la CGT Police rencontré par les
chargés de mission a en effet expliqué que la plupart des
perquisitions avaient été effectuées par des
membres de la brigade
des stupéfiants en particulier dans la région parisienne.
Dès lors les perquisitions administratives prévues par
les dispositions sur l'état d'urgence ont été
utilisées dans le cadre d'enquêtes qui ne sont pas
liées au terrorisme. Selon l'Union syndicale de la magistrature
(USM) : « On nous a dit que le Préfet, pour alimenter
les perquisitions
administratives, s'est rapproché du procureur pour lui demander
quels individus pourraient en faire l'objet, même si elles
n'avaient aucun lien avec le terrorisme. Cette pratique a
été dénoncée comme une volonté des
préfectures de faire du chiffre avec beaucoup de perquisitions
et donc avec une utilisation opportuniste du pouvoir de perquisition
pour des personnes qui relevaient en réalité du droit
commun, en utilisant un supposé lien direct entre trafic de
stupéfiants et terrorisme. »
[...]
« Ainsi, une partie des perquisitions
administratives ont été effectuées dans le cadre
de la lutte contre le trafic de stupéfiants avec comme motif
affiché la supposition que le trafic de stupéfiants
serait une source de financement du terrorisme. »
Plus loin dans son rapport, la FIDH souligne la
violence, les préjugés et l'impunité dont
s'accompagnent les perquisitions : « La violence
inhérente aux perquisitions, notamment de nuit, a
été d'autant plus vivement ressentie que de nombreux
témoignages font état d'humiliations, de propos racistes,
d'une absence totale de précaution à
l'égard des mineurs ou de destructions inutiles. À
plusieurs reprises, aucun document justifiant la perquisition n'a
été notifiée aux intéressés, mettant
ainsi les personnes perquisitionnées dans l'impossibilité
de prouver qu'elles l'ont été.
« Les assignations à résidence ont
souvent eu pour conséquences la perte d'un emploi et/ou un
trouble important de santé ou dans la vie familiale, sans
compter que dans nombre de cas il s'est accompagné d'une
volonté de nuire manifeste (pourquoi faire pointer un individu
à plusieurs kilomètres de distance de son domicile alors
qu'il existe un
lieu plus proche ?).
« Au total, si l'état d'urgence
était justifié durant les 12 premiers jours, les
pouvoirs publics français n'ont pas fait la démonstration
d'une quelconque efficacité de l'état d'urgence au regard
des raisons qui ont entraîné son application : la
lutte
contre les actes de terrorisme. » [5]
Le 13 novembre 2016, le ministère de
l'Intérieur établissait le bilan de l'état
d'urgence à :
- 4 000 perquisitions
administratives ;
- 95 assignation à résidence,
dont 46 en vigueur depuis novembre 2015 (elles étaient
de 405 en février 2016) ;
- 500
interpellations ;
- 80 arrêtés d'expulsion ;
- 600 armes à feu saisies ;
- 430 interdictions de sorties du
territoire ;
- 201 interdictions administratives du territoire
(IAT) ;
- 24 mosquées, salles de prière et
lieux de culte fermés ;
- 54 sites internet
fermés.
L'utilisation abusive des pouvoirs étendus des
agence de sécurité de l'État en France pour faire
des
perquisitions pour lutter contre le trafic des stupéfiants, et
l'utilisation des mesures antiterroristes pour violer le droit de
manifestation conduisent à certaines conclusions sur
l'utilisation
de l'état d'urgence dans son ensemble par l'État
français et les
milieux dirigeants. À savoir, l'état d'urgence est en soi
du terrorisme organisé par l'État et donc n'a pas comme
objectif la lutte au terrorisme. Son but est d'assurer que les pouvoirs
de police aient priorité dans la société tandis
que les violations des droits par l'État deviennent la norme.
L'objectif de ce gouvernement de pouvoirs de police n'est pas de
trouver une solution aux problèmes auxquels font face la France
et la société française mais de réprimer la
lutte du peuple pour exercer le contrôle de sa vie et ouvrir la
voie du progrès sur la base de l'affirmation des droits dans le
présent, comme il l'a fait dans le passé. Cette fois, ce
n'est pas l'affirmation de ce qu'on appelle les droits civils qui
ouvrira la voie du progrès, mais l'affirmation des droits qui
appartiennent aux êtres humains à cause de leur
humanité. Seule la création d'une conscience collective
basée sur l'activation du facteur humain/conscience sociale
permettra d'en finir avec l'emprise terrible des pouvoirs de police sur
la France.
En novembre 2015, LML
écrivait :
« Cette irrationalité dans laquelle les
pouvoirs de police plongent le monde montre très clairement
qu'aucune solution ne sera apportée aux problèmes de
notre époque sans priver l'autorité policière de
son privilège de supprimer le mouvement émancipateur du
peuple. Aujourd'hui, la sécurité des êtres humains
est dans la lutte pour les droits de
tous, afin de leur fournir une garantie. C'est cette
vérité qui rend irrationnelle la demande du
président français de réviser la constitution pour
inscrire les pouvoirs de police dans le gouvernement de lois. Ce n'est
pas sans conséquence et cette conséquence ne sera pas
favorable aux dirigeants moribonds qui président aujourd'hui aux
massacres des
peuples et s'accordent l'impunité. »
Manifestation de Rouen contre l'état d'urgence, 30 janvier 2016
Notes
1. Dans sa déclaration du 1er
décembre 2016, Hollande ne dit pas un mot sur l'état
d'urgence mais déclare que « animé que par
l'intérêt supérieur du pays », il est
fier de son bilan comme président et dit : « Notre
arsenal pénal a été durci sans mettre en cause
à aucun moment nos
libertés. J'ai également procédé à
des recrutements massifs dans nos armées, dans la Gendarmerie,
dans la Police parce que nous en avons besoin et qu'il y a encore
beaucoup à faire. » Il dit également :
« J'ai engagé nos forces armées au Mali, en
Centrafrique, en Irak, en Syrie pour défendre nos
valeurs... »
Comme raison de ne pas se présenter pour un
second mandat, il dit ne pas pouvoir se résoudre à
« l'éclatement de la gauche » parce que cela la
« priverait de tout espoir de l'emporter face au conservatisme et
pire encore, face à l'extrémisme ».
François Hollande est le premier
président en exercice de la Ve République qui renonce
à briguer un second mandat. La date pour se présenter
comme candidat à la présidence aux primaires de la gauche
est le 17
décembre 2016. Le premier tour des élections
présidentielles en France aura lieu le 23
avril 2017 tandis que le second tour aura lieu le 7
mai 2017.
2. Pour un examen complet des mesures contre le
terrorisme mises en place en France en novembre 2015, voir «
Proposition irrationnelle du président français de
légaliser les mesures d'exception et violation des droits par la
révision de la Constitution », LML,
Numéro 44 - 24
novembre 2015
3. «
Mesures de sécurité pour
interdire les marches et autres événements sur la place
publique durant la Conférence sur le climat », LML,
Numéro 44 - 24 novembre 2015
4. France, Rapport de
mission internationale
d'enquête, mesures antiterroristes contraires aux droits
humains : Quand l'exception devient la règle, La
Fédération internationale des ligues des droits de
l'Homme (FIDH), juin 2016.
5. « Avis sur le suivi de l'état
d'urgence », La Commission nationale consultative des droits
de l'homme, 18 février 2016.
Le gouvernement français annonce la
création d'un gigantesque fichier d'informations personnelles
Le gouvernement socialiste de François Hollande
a créé par décret le 30 octobre une
gigantesque base de données pour récolter et emmagasiner
les informations personnelles de quelque 60 millions de personnes
sur une population de 66 millions. Le ministre de
l'Intérieur est responsable de la base de données et a
donné
une justification apparemment inoffensive, disant que c'est une
façon administrativement et financièrement efficiente de
combattre les fraudes d'identité, que le système est
à l'abri du piratage et ne sera utilisé que pour
confirmer l'identité des gens, pas pour enquêter sur eux.
L'annonce de la base de données, connue sous le nom de «
Titres
électroniques sécurisés » (TES) ou
documents électroniques sécurisés, a lieu au
milieu d'un état d'urgence prolongé en France dans lequel
les pouvoirs policiers étendus des agences de
sécurité de l'État ont été
utilisés abusivement à plusieurs reprises pour violer les
droits en toute impunité au nom de la lutte contre le terrorisme.
Le fichier TES est un fichier administratif auquel
pratiquement tous les organes de répression
comme la police, la gendarmerie, les tribunaux peuvent accéder
depuis la Loi Renseignement du 24
juillet 2015.
Les
services
des
douanes
et
de
renseignement
y
auront
aussi
accès
au nom de
la « prévention et de la
répression des atteintes aux intérêts fondamentaux
de la Nation et des actes de terrorisme ». Selon le Code de
la sécurité intérieure, ces «
intérêts fondamentaux » sont larges. Ils vont
de la lutte contre « les atteintes à la forme
républicaine des institutions » à « la
criminalité et la délinquance
organisées » en passant par les «
violences collectives de nature à porter gravement atteinte
à la paix publique », indique Le Monde dans
un article du 2 novembre.
Le TES unifiera toutes les données des
passeports ou des cartes nationales d'identité, dépendant
de lequel une personne détient. Cela inclut son nom et
prénom, son adresse, la couleur des yeux, son poids, son
état matrimonial, une photographie et les empreintes digitales
de presque tout le monde en France (à l'exception des mineurs
de 12 ans et moins). Ce traitement doit être
complété d'ici la fin 2016. Les données des
passeports seront conservées pendant 15 ans et 20 ans
pour les cartes d'identité nationales.
Marc Rees, journaliste au site Web NextINpact, qui a
sorti la nouvelle le 31 octobre, écrit : « Le
décret prévoit d'ailleurs que 'dans le cadre de ces
échanges [d'information entre agences de
sécurité], des données à caractère
personnel [pourront] être transmises aux autorités'
étrangères. [...] Un article 6 autorise cependant la
France à transmettre à Interpol et au SI Schengen
[système d'information Schengen, concernant le système de
voyages sans visa pour l'UE - note du LML]
plusieurs
informations
comme
celles
relatives
aux
numéros
des
titres
perdus,
volés ou
invalidés. Pour Schengen, ce flux pourra d'ailleurs être
complété par les noms, prénoms, date de naissance,
date de
délivrance du titre. »
Rees a exprimé son
scepticisme face aux
affirmations du gouvernement que la base de données sera
à l'abri des pirates, citant le piratage récent de Yahoo
lors d'une entrevue avec CBC. En ce qui concerne la promesse du
gouvernement que l'utilisation des données sera limitée,
il a dit : « C'est systématique : même si
une loi est
limitée à une utilisation spécifique, finalement,
il y aura intérêt à l'utiliser à d'autres
fins. Ce n'est pas une question de savoir si, mais quand. »
Parlant aussi à CBC sur la question, l'activiste
français des droits civils, Yasser Louati, a
précisé le contexte dans lequel interviennent les,
mentionnant les lois de surveillance adoptées
suite à l'attaque de janvier 2015 contre Charlie Hebdo
qui sont disproportionnées à leurs objectifs apparents.
« Nous vivons très certainement dans un
État policier, dit-il. Ce n'est pas une sorte de
déclaration idéologique. C'est le cas.
Rappelez-vous : la Loi
Renseignement a été
adoptée l'année dernière par une écrasante
majorité.
« Et cette loi permet au gouvernement de mettre
sous écoute vos conversations téléphoniques, de
suivre votre navigation sur le Web, les livres que vous lisez, les
films que vous regardez, les personnes que vous rencontrez, votre
compte de messagerie, vos comptes de médias sociaux et votre
localisation en vous suivant sur votre téléphone
cellulaire. Ce n'est pas d'un film. C'est la loi. »
Louati a également souligné les attaques
de l'État contre les musulmans au nom de l'antiterrorisme :
« Prenez l'état d'urgence
lui-même : ils ont ravagé plus de 3 500
domiciles, des domiciles de musulmans, ont saccagé des
mosquées, ont saccagé des entreprises, ce qui a
donné lieu à seulement six enquêtes liées au
terrorisme.
« Alors, ce qu'ils ont fait, c'est d'assigner
à résidence toute personne qui semblait suspecte. Ainsi,
ces lois ont définitivement mis les musulmans sous l'appareil de
sécurité. »
Ajoutant aux doutes sur les intentions du
gouvernement pour la base de données est le fait que la
dernière fois qu'une telle base de données a
existé et a été utilisée en France,
c'était sous le régime collaborationniste de Vichy, qui a
utilisé des informations de recensement pour aider à
expulser les juifs français.
En 2012, les socialistes se sont opposés
à un fichier similaire lorsqu'il a été
proposé par le gouvernement Sarkozy. À cette
époque, Jean-Jacques Urvoas, qui est maintenant ministre de la
Justice dans le gouvernement Hollande et un défenseur du TES, a
mis en garde contre un tel système parce qu'il pourrait
être piraté. « Aucun système
informatique est impénétrable. Toute base de
données peut être piratée. C'est seulement une
question de temps. », écrivait-il. Par la suite, le
Conseil constitutionnel a banni le fichier de Sarkozy, qui aurait
permis à la police de l'utiliser pour enquêter sur les
gens, parce qu'il n'était pas protégé contre le
risque d'une utilisation
arbitraire. »
Cependant, la décision du gouvernement Hollande
de publier un décret pour créer ce fichier au lieu de
soumettre un projet de loi à l'Assemblée nationale a
également soulevé des questions sur la
légalité de la base de données, note
France 24 dans un rapport du 4 novembre.
Antoine Chéron, un avocat
spécialisé dans les technologies émergentes de la
firme française ACBM, a dit à France 24 :
« On pourrait penser que le gouvernement cherche à
contourner le Conseil constitutionnel en adoptant un décret, car
le seul moyen de le contester est de saisir le Conseil d'État
[la plus haute cour administrative
de France]. » Il a ajouté : « D'un point
de vue juridique, rien n'interdit au gouvernement de créer un
tel fichier par décret, mais certains politiques
considèrent qu'un tel fichier, par son ampleur, ne devrait pas
pouvoir exister sans qu'il y ait un grand débat
public. »
Face à la condamnation unanime du décret
du gouvernement et du TES par les organisations de défense des
droits, le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve a
annoncé le 10 novembre que : « les utilisateurs
qui ne souhaitent pas voir leurs empreintes digitales ajoutées
à la base de données nationale sécurisée,
peuvent refuser.
Mais ils ne bénéficieront pas dans ce cas des services
associés à cette collection de
données. » De toute évidence, cela signifie
que ceux qui refusent de donner leurs empreintes digitales auront
toutes les difficultés concevables pour obtenir une carte
d'identité ou un passeport qui, en France, sont essentiels pour
établir leur identité aux
nombreux contrôles de police dans les rues, avoir accès
aux services de santé, aux écoles, collèges et
universités, obtenir un permis de conduire ou passer un examen.
Ils deviendront des sans-papiers et seront marginalisés.
Nouvel accord de paix ratifié en
Colombie
Le processus de paix est défendu
Des jeunes surveillent le vote au Congrès sur l'Accord de paix
définitif et final
le 30 novembre 2016.
Le 12 novembre, les FARC-EP et le gouvernement de
Colombie en sont venus à un accord de paix suite à
l'échec du plébiscite du 2 octobre sur l'accord
conclu à la fin août, après cinq années de
pourparlers. Le plébiscite a été perdu par une
mince marge, résultat d'une campagne
délibérée de désinformation pour
détruire la
capacité des Colombiens de réfléchir d'une
manière calme et rationnelle sur ce que l'accord
représentait.[1]
La réponse des Colombiens à ce
résultat négatif a été de passer
immédiatement à l'action pour s'assurer que la
perspective de mettre fin à plus de cinquante années de
guerre ne soit pas éteinte. Les jeunes et les étudiants
ont pris les devants avec une campagne « C'est à nous
maintenant ». Des gens de tous les milieux sont descendus
dans la rue soir après soir pour défendre l'accord conclu
à La Havane et exiger la reprise des négociations sans
sacrifier les principes fondamentaux de l'accord original. Plusieurs
nouvelles organisations ont vu le jour, les femmes et les victimes de
la guerre se sont mobilisées à plusieurs reprises pour
s'exprimer en faveur de la réconciliation. Un
camp pour la paix a été établi sur la Place
Bolivar à Bogota et est resté sur place jusqu'à la
conclusion du nouvel accord.
Encouragés par l'appui massif, les
équipes de négociation des FARC-EP et du gouvernement se
sont réunies après l'échec du
référendum et après avoir reçu des
propositions et avoir rencontré différentes organisations
sur les façons d'améliorer le premier accord. Cela a
été suivi d'une courte période de
négociations intenses qui ont mené à la
conclusion de l'Accord de paix final et définitif du 12
novembre.
Le nouvel accord a été signé
le 24 novembre par le président Juan Manuel Santos et le
commandant en chef des Forces armées révolutionnaires de
Colombie -- Armée du peuple (FARC-EP), Timoleón
Jiménez (aussi connu sous le nom de Timochenko). Il a
été ensuite ratifié par le Congrès par un
vote le 29 novembre au Sénat et
le 30 novembre à la Chambre des représentants. Il y
a eu de grands rassemblements devant les édifices
gouvernementaux ces deux jours-là pour presser les élus
à voter en faveur du nouvel accord. Des jeunes et
étudiants se sont regroupés dans des organisations de
« surveillance citoyenne » pour tenir les
sénateurs et représentants
responsables de leur vote. Les jeunes ont monté des tableaux des
élus avec photos et renseignements sur chacun, avec l'heure
d'arrivée et s'ils ont voté pour ou contre.
Au Sénat, le vote était de 75
à 0 et à la Chambre des
représentants, 130 à 0, représentant une
majorité de trois-quarts dans les deux chambres. Les membres du
parti Centro Democratico du sénateur et l'ex-président
Alvaro Uribe ont refusé de prendre part au vote,
déclarant qu'il était «
illégitime » et qu'un
second plébiscite était nécessaire pour
évaluer « la volonté populaire ».
Parlant le 24 novembre lors d'une
cérémonie de signature tenue à l'historique Teatro
Colón à Bogota, le dirigeant des FARC-EP Timochenko a
déclaré :
« Pour réaliser la signature de cet accord
définitif, nous avons vécu plus de sept décennies
de violence, un demi-siècle de guerre ouverte, trente-trois ans
de processus de paix, cinq ans de débats à La Havane, le
désenchantement du plébiscite du 2 octobre et
l'effort le plus historique pour atteindre le consensus majoritaire de
la
nation.
« Dans cette dernière étape, nous
avons enrichi et modifié l'Accord précédent, en
tenant compte des préoccupations et des propositions, des
clarifications et des définitions spécifiques des groupes
et des organisations sociales les plus divers, des secteurs d'opinion
ainsi que des partis et mouvements politiques. Nous avons
étudié avec soin et
attention tout ce qui a été mis à l'étude
des parties à la table de négociation par les
différents groupes et nous avons introduit des modifications
importantes et nombreuses, ainsi que des modifications substantielles
des anciens textes jusqu'à ce que l'Accord final devienne
l'Accord définitif. »
Dans ses remarques, le dirigeant des FARC-EP a reconnu
les organisations des femmes colombiennes et la communauté LGBT
pour leurs contributions au nouvel accord. Le nouvel accord contient
plusieurs clarifications et un nouveau libellé pour dissiper les
craintes irrationnelles alimentées dans les secteurs religieux
conservateurs pour les
amener à voter Non au plébiscite basé sur les
mensonges propagés par la campagne du Non de
l'ex-président Alvaro Uribe au sujet d'allégations de
menaces à la famille traditionnelle contenues dans l'Accord.
Il a également rendu hommage aux jeunes et
à d'autres sections de la population dont le soutien a
été crucial pour la conclusion d'un nouvel accord dans un
court laps de temps :
« Notre sentiment de solidarité et
d'admiration pour les milliers de compatriotes qui sont descendus dans
la rue des villes et des villages pour exprimer leur
désapprobation de la guerre, leur appui aux fondements de
l'Accord final et pour obliger les parties assises à la table de
négociation de ne pas s'arrêter avant de signer un accord
définitif.
Notre sentiment de solidarité s'adresse aux jeunes et
étudiants universitaires qui ont réussi à susciter
une véritable mobilisation nationale à la défense
d'une solution politique et qui ont promu et réalisé un
Pacte pour la Paix de la Jeunesse avec le soutien d'une majorité
des représentants politiques des différents partis et
mouvements, y compris le
Parti conservateur et le Centre démocratique.
« Aux communautés autochtones, paysannes
et afro-descendantes, aux leaders agraires et communaux ayant une
longue histoire dans l'oeuvre pour la paix dans les territoires, les
dizaines de milliers de familles qui ont rejoint les FARC dans les
vigiles pour la paix, les personnalités de l'Église
catholique, de la science et du monde de l'art, des
universitaires de différentes universités, des
plateformes pour la paix qui se sont formées dans les villes du
pays, qui ont rejoint les marches du silence, les fleurs, les victimes
de l'Union patriotique, qui ont fondé les camps pour la paix,
à ceux qui ont appelé à des actes pour la paix
dans différentes villes du monde. Cet accord final leur
appartient
parce qu'ils ont contribué à le construire avec leurs
espoirs et leurs actions. »
Timochenko a également tenu à
dénoncer la hausse préoccupante des assassinats de
militants sociaux et communautaires - la plupart d'entre eux membres du
mouvement Marcha Patriotica - probablement par les escadrons de la mort
paramilitaires. Ces forces continuent d'émettre des menaces de
mort contre ceux qu'elles qualifient de «
collaborateurs des FARC », rappelant l'extermination
systématique du Parti Union patriotique qui a commencé
dans les années 80 après que les FARC-EP eurent
déposé leurs armes à la suite d'un processus de
paix antérieur.
« La première exigence nationale est de
mettre un terme à l'utilisation des armes en politique et de
garantir le droit à la dissidence, à s'opposer, à
protester contre les mauvaises administrations, les lois injustes,
l'arbitraire et l'abus de pouvoir, a déclaré Timochenko.
Que la vie, l'intégrité personnelle, la liberté de
mouvement et de pensée
deviennent réelles. C'est pour cela que la Colombie resserre ses
rangs autour de cet accord définitif. »
Célébration de la signature de l'accord de paix à
Bogota le 24 novembre 2016
Avec le nouvel accord ratifié, la phase critique
de la mise en oeuvre commence. Le calendrier établi dans
l'Accord stipule que le mouvement vers les zones spéciales doit
être terminé 30 jours après la ratification de
l'Accord. Le gouvernement maintient que cela a eu lieu et que le jour
« D », qui établit le calendrier, était
le 1er décembre et que le mouvement vers les zones doit
commencer le jour D + 5 comme convenu.
Reste à savoir si les réformes
constitutionnelles nécessaires peuvent être
instituées rapidement pour garantir que les membres des FARC ne
seront pas arrêtés quand ils se rendront dans les zones de
transition désignées. Le gouvernement a dit qu'il
déposera son projet d'amnistie au Congrès le 5
décembre dans l'espoir qu'il soit entériné
par le tribunal constitutionnel. On ne sait pas ce que le tribunal
décidera.
LML félicite les FARC-EP d'avoir conclu
un nouvel accord définitif avec le gouvernement colombien,
malgré les nombreux obstacles qui empêchent cette
réalisation historique. De plus, LML encourage les
Canadiens à continuer de soutenir le peuple colombien au cours
de la période à venir car son processus de paix entre
dans une nouvelle phase critique, exigeant de lui qu'il reste en action
dans les semaines, mois et années qui viennent pour assurer que
l'Accord et ses engagements envers la non-répétition et
la réconciliation soient honorés afin que la paix stable
et
durable à laquelle les Colombiens aspirent puisse être
réalisée.
Note
1. Voir LML du 8
octobre 2016
Un appel urgent du Réseau en
défense de l'humanité
Campagne de pétition pour la libération
d'Oscar López Rivera
Le Réseau d'intellectuels, d'artistes et des
mouvements sociaux en défense de l'humanité se joint
à la campagne lancée par le Réseau national des
droits humains Boricua pour exiger la libération d'Oscar
López Rivera.
Oscar López Rivera, maintenant âgé
de 73 ans, est le prisonnier politique qui a été
détenu le plus longtemps de l'histoire de Porto Rico. Il a
été accusé de conspiration séditieuse, la
même accusation qui avait été portée contre
Nelson Mandela, pour sa participation au mouvement pour
l'indépendance de Porto Rico. Il n'a jamais été
accusé d'avoir blessé qui que ce soit ou d'avoir
participé à un crime violent. Le crime d'Oscar, c'est sa
lutte pour la liberté de son pays. L'an dernier, de nombreux
chefs d'État qui participaient à l'assemblée
générale annuelle de l'OÉA l'ont proclamé
le « Nelson Mandela de l'Amérique latine ».
FAITES CIRCULER CETTE PÉTITION LE PLUS LARGEMENT
POSSIBLE - NOUS AVONS BESOIN DE RECUEILLIR 100 000 SIGNATURES
EN 30 JOURS
Le réseau en défense de l'humanité
appelle toutes les organisations et toutes les communautés et
tous les syndicats, églises, activistes et partis politiques
à DEMANDER À LEURS MEMBRES de signer cette
pétition et de répandre le mot car le temps presse !
Nous devons recueillir 100 000 signatures
d'ici le 11 décembre.
Pour signer la pétition, cliquer ici.
Liberté immédiate pour
Oscar López
Rivera !
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca
Courriel: redaction@cpcml.ca
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