Numéro 44 - 24
novembre 2015
Les ramifications des mesures
antiterroristes en France
Proposition irrationnelle du président
français de légaliser les mesures d'exception et
violation des droits par
la révision de la Constitution
• Mesures de
sécurité pour
interdire les marches et autres événements sur la place
publique durant la Conférence sur le climat
Commentaires
• Guerre en Syrie, révision de la
constitution et lois discriminatoires:
que cache la fuite en avant de
François Hollande?
- Nicolas Bourgoin -
• Washington affine ses opérations sous
fausse bannière
- Paul Craig Roberts -
• Le conte de deux villes: pourquoi le silence
quand Beyrouth
est
attaquée mais des larmes pour Paris?
- Mahdi Darius Nazemroaya -
À titre d'information
• Déclaration du Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste)
• Crime et châtiment
• Naissance aux Émirats de
l'armée secrète pour le Moyen-Orient et l'Afrique
- Manlio Dinucci, 18 mai 2011 -
Crimes de guerre en
Afghanistan
• Il faut sortir le Canada d'Afghanistan!
- Enver Villamizar -
• Allégations de crimes de guerre
commis par l'armée canadienne
• Le bombardement d'un hôpital est un
crime de guerre
• L'OTAN continue de jouer son rôle
Les peuples en lutte
contre la mondialisation
néolibérale et le terrorisme
d'État
• Les activistes s'opposent au Sommet de
l'APEC
à Manille du 12 au 20 novembre
• Des activistes défient l'interdiction
de manifester au sommet
du G20 à Antalya en Turquie, les 15 et
16 novembre
Réorganiser le
maintien de la paix pour répondre à des objectifs de
guerre
• Les États-Unis convoquent un sommet
sur le maintien de la paix de l'ONU
• Le nouveau Mémorandum du
président des États-Unis
Au calendrier
d'activités
• Rassemblement à Vancouver à la
défense de la révolution bolivarienne à l'occasion
des élections législatives du 6 décembre au
Venezuela
Les ramifications des mesures
antiterroristes en France
Proposition irrationelle du président
français de légaliser les mesures d'exception et
violation des droits par la révision de la Constitution
En France, le pays qui a donné à
l'humanité la Déclaration des droits
de l'homme, la situation se déroule comme on pouvait s'y
attendre avec
de graves atteintes aux libertés civiles et aux droits
à la suite
des attentats terroristes du 13 novembre 2015 à Paris. Dans son
discours du 16 novembre devant le Parlement réuni en
Congrès, la
réunion de l'Assemblée nationale et du Sénat, le
président de la
France, François Hollande, a déclaré que les
pouvoirs publics français
ne peuvent agir contre le terrorisme dans le cadre de l'état de
droit.
Étant donné que la France est un pays qui agit
conformément à l'état de
droit, a-t-il dit, l'état de droit tel qu'inscrit dans la
Constitution
doit être
révisé.
Il a dit que la Constitution lui donnait le pouvoir de
déclarer
l'état d'urgence en vertu de la loi de 1955 relative à
l'état d'urgence
(ce qu'il a fait le 14 novembre) ou de prendre des mesures plus
drastiques et de décréter l'état de siège
en vertu de l'article 36.
Selon un article de la RFI, « l'article 36, qui organise
'l'état de
siège', lorsque
la France est attaquée ou fait l'objet d'une insurrection
armée, permet
au gouvernement de transférer certains pouvoirs à
l'autorité
militaire » et l'article 16 « permet au
président de la République de
s'octroyer des 'pouvoirs exceptionnels' si les institutions et
l'intégrité du territoire de la France sont
menacées d'une manière
grave et
immédiate ». L'article 36 de la Constitution stipule
que la prorogation
de l'état de siège au-delà de douze jours ne peut
être autorisée que
par le Parlement. Aucune de ces options ne lui convient ou n'est
suffisante, a dit Hollande, et il a demandé une révision
de la
Constitution pour que la guerre puisse être menée
légalement.
Dans l'intervalle, Hollande a ordonné le
rétablissement immédiat des
contrôles aux frontières et élargi les pouvoirs
exceptionnels des
forces de sécurité afin qu'elles puissent procéder
à des
« perquisitions administratives » et ordonner des
« assignations à
résidence » comme elles le veulent. Il sollicite
également
l'adoption d'« un régime juridique
complet » qui comprend des
dispositions pour pouvoir déchoir de sa nationalité
française une
personne née française, notamment les citoyens qui ont
une autre
nationalité.
Pour lutter contre la menace terroriste au-delà
des frontières de la
France, Hollande dit qu'une « grande et unique
coalition » est
nécessaire. Tous les moyens doivent être utilisés
en coordination avec
le président russe, Vladimir Poutine, et le président
américain, Barack
Obama. L'Union européenne a un devoir ; l'OTAN a un
devoir et les pays du Moyen-Orient devraient également
participer. La
Syrie doit également être incluse, mais seulement
après avoir renversé
le président Bachar el-Assad, a déclaré Hollande.
La France a intensifé immédiatement ses
bombardements de ce qu'elle
affirme être des sites de l'EIIL en Syrie en même temps
qu'elle déclare
que la source du problème est la
« radicalisation » intérieure. Cette
irrationalité résulte du refus de reconnaître les
droits du peuple à
l'échelle nationale et la souveraineté des nations
à
l'échelle internationale alors même que les destructions
causées par
des décennies d'intrigues, d'agressions, de pillages et de
guerres
coloniales et impérialistes se retournent contre leurs
perpétrateurs.
Le 19 novembre, l'Assemblée nationale a
adopté la prolongation de
l'état d'urgence de trois mois et des amendements à la
loi de l'état
d'urgence par un vote de 551 contre 6. Ces mesures ont
été votées par
le Sénat le 20 novembre.
« Nous élargissons la
possibilité d'y recourir [à l'état d'urgence],
pas seulement sur des activités dangereuses
avérées, mais aussi menaces fondées sur
éléments
sérieux », a déclaré le premier
ministre Manuel Valls.
L'état de droit devient la première
victime d'un État dictatorial
Toutes
ces mesures exposent la crise profonde de l'État-nation
français ainsi
que celle de tous les États-nations anglo-américains et
européens qui
contemplent des mesures similaires. Tout ce que l'autorité
policière ne
peut pas faire en s'appuyant sur un gouvernement
des lois doit être accompli par un gouvernement de pouvoirs de
police.
Mais ce pouvoir ne peut être légitimé tant que les
pouvoirs de police sont considérés comme étant
l'autorité publique, d'où la demande
de révision de la constitution pour faire des pouvoirs de police
un
prétendu gouvernement des lois. Cela va à l'encontre de
toutes les
raisons pour lesquelles les institutions de l'État-nation
bourgeois ont
été créées et de ce qu'elles doivent
garantir : la défense du droit de
propriété individuel et la négation des droits
collectifs des membres
de la société de manière à servir les
intérêts généraux de la
société.
Cet objectif ne peut plus cacher le fait que l'essence de
l'autorité
publique est l'autorité policière parce que c'est tout ce
qui reste de
l'autorité publique. Les libertés et les droits civils
sont réduits à
cette caractéristique essentielle. Quand le président
français dit qu'il peut inscrire cette autorité
policière dans une nouvelle constitution et qu'il peut
rétablir un gouvernement de lois, il nourrit un espoir d'une
irrationnalité flagrante. Cette irrationalité est le
résultat du refus de
renouveler le processus démocratique afin d'éliminer le
rôle du
privilège et fournir une garantie aux droits.
Cette irrationalité dans laquelle les pouvoirs de
police plongent le
monde montre très clairement qu'aucune solution ne sera
apportée aux
problèmes de notre époque sans priver l'autorité
policière de son
privilège de supprimer le mouvement émancipateur du
peuple.
Aujourd'hui, la sécurité des êtres humains est dans
la lutte pour les
droits de
tous, afin de leur fournir une garantie. C'est cette
vérité qui rend irrationnelle la demande du
président
français de réviser la
constitution pour inscrire les pouvoirs de police dans le gouvernement
de lois. Ce n'est pas sans conséquence et cette
conséquence ne sera pas favorable aux dirigeants moribonds qui
président aujourd'hui
aux
massacres des
peuples et s'accordent l'impunité.
L'état d'urgence
L'état d'urgence en France a comme but
officiel de libérer l'armée des contraintes juridiques du
temps de paix
et de renforcer le pouvoir de l'exécutif et des forces de
l'ordre. Un
article de RFI souligne que l'état d'urgence, tel
que défini par une
loi adoptée en 1955, permet de graves restrictions des
libertés civiles et pourrait comprendre des couvre-feu, des
restrictions
de circulation, des assignations à résidence, des
fermetures d'établissements publics, des pouvoirs de police
étendus
permettant de
procéder à des arrestations et de contrôler la
presse et la diffusion
des médias, qui sont tous des libertés que la
constitution est censée
garantir.
Cette mesure d'exception qui réduit les
libertés fondamentales et
renforce les pouvoirs de police n'a été appliquée
qu'à cinq reprises
dans l'histoire de la France, dont quatre dans un contexte de guerre
coloniale : trois fois pendant la guerre d'Algérie (avril
1955, mai
1958 et avril 1961) et une fois pendant la guerre en
Nouvelle-Calédonie
(décembre 1984). Elle a été activée pour la
dernière fois par le président Nicolas
Sarkozy le 8 novembre 2005 lors des émeutes causées par
le racisme et l'exclusion sociale qui frappent les jeunes de
minorités nationales en France.
RFI rapporte que les principales dispositions du projet
de loi adopté par le Parlement de la France sont :
« Assignations à
résidence : Le régime des assignations à
résidence
est élargi à toute personne à l'égard de
laquelle il existe des raisons
sérieuses de penser que son comportement constitue une menace
pour la
sécurité et l'ordre public. L'assigné à
résidence peut être interdit
d'entrer en contact avec certaines personnes soupçonnées
également de préparer des actes portant atteinte à
l'ordre public.
« Les perquisitions administratives : Le
ministre de l'Intérieur
peut procéder à des perquisitions administratives sans
passer par
l'autorité judiciaire et il pourra être fait copie sur
tout support des
données stockées dans tout système informatique ou
équipement,
cependant aucune de ces perquisitions ne pourra viser les locaux
affectés
à l'exercice d'un mandat parlementaire ou à
l'activité professionnelle
des avocats, magistrats ou journalistes.
« Bloquer les sites Internet et comptes de
réseaux sociaux : Le
gouvernement pourra bloquer des sites Internet et réseaux
sociaux
provoquant à la commission d'actes de terrorisme ou en faisant
l'apologie. Le contrôle de la presse et de la radio -
prévu dans le
texte de 1955 mais jamais utilisé - est supprimé.
Un des messages
qui s'affiche sur un site
web
bloqué par le ministère de l'Intérieur
français après l'attentat contre Charlie Hebdo
en janvier 2015
|
« Dissolution de groupes : Les
associations ou groupements qui
participent, facilitent ou incitent à la commission d'actes
portant une
atteinte grave à l'ordre public, et qui comportent en leur sein
des
personnes assignées à résidence peuvent être
dissous.
« Encadrer les radicalisés :
Création d'une structure pour jeunes radicalisés, dont le
site sera choisi d'ici la fin de l'année.
« Extension de la loi à
l'Outre-Mer : l'état d'urgence est étendu
outre-mer : sur le territoire des collectivités de la
Guadeloupe, de la
Guyane, de la Martinique, de La Réunion, de Mayotte, de
Saint-Barthélemy et de Saint-Martin. »
Les restrictions de la liberté de mouvement, les
couvre-feu, la
censure et les entraves aux libertés publiques, toutes ces
mesures
sapent la démocratie en révélant qu'au-dessus du
pouvoir civil se
trouve son essence, l'arbitraire des pouvoirs de police.
Mesures de sécurité pour interdire les
marches
et autres événements sur la place publique durant
la
Conférence sur le climat
Le pays hôte
annonce que les marches pour
le climat n'auront pas lieu,
et que toute activité
extérieure sera annulée.
Marche pour le climat
à New York, le 21 septembre
2014. Ces marches sont présentement interdites en France
où aura lieu la conférence mondiale sur le climat au
cours des prochaines semaines.
La France est l'hôte de la Conférence de
l'ONU sur le changement climatique du 30 novembre au 11 décembre
au Bourget. Il s'agit de la 21e session de la conférence des
parties (COP21) de la Convention-cadre des Nations unies sur les
changements climatiques (CCNUCC) et de la 11e session des
signataires du protocole de Kyoto (CMP11).
Suite aux attentats du 13 novembre à Paris, la
présidence française a annoncé le 16 novembre que
le pays hôte, la France, avait décidé
« d'interdire les marches pour le climat qui devaient avoir
lieu dans les rues de Paris et dans d'autres villes
françaises ». Seront aussi interdits tous les
déplacements scolaires prévus dans les environs de la
conférence COP21,
même les activités intérieures.
La présidence française affirme que
« la mobilisation mondiale pour le climat et la
société civile » seront « fortement
présentes sur le lieu même du Bourget où les
'espaces Générations climat' accueilleront, pendant toute
la durée de la Conférence, plus de 300
événements, débats et
conférences ». Selon le site web de la
conférence COP21, « les espaces
Générations climat (27 000 mètres carrés)
sont le seul site de la conférence Paris climat 2015 accessible
au public. Ces espaces invitent à l'engagement de la
société civile dans toute sa diversité, au travers
de toutes les
générations et ont pour vocation de susciter le
débat sur les solutions à apporter aux
dérèglements climatiques ».
La présidence
française a expliqué
que la France a interdit les événements et les
manifestations sur la place publique à cause des
« attaques
haineuses du 13 novembre et aux enquêtes en cours ».
La présidence a déclaré qu'elle n'est pas certaine
de pouvoir assurer la sécurité des activités
tenues à l'extérieur
contre des attaques » et qu'il s'agit « d'une
décision difficile mais dans le contexte actuel, la
priorité est aux exigences en matière de
sécurité. Cette décision difficile ne remet
aucunement en cause le rôle majeur que la société
civile et ses organisations doivent jouer au COP21. »
Les restrictions imposées à la
conférence COP21 sont une extension de l'état d'urgence
décrété par le gouvernement français. Ces
mêmes mesures qui portent atteinte aux droits du peuple avaient
été aussi prises avec la plus grande barbarie en
1955 pendant la guerre coloniale de la France pour maintenir son
occupation de l'Algérie. La police peut agir et même
à tuer avec impunité. Elle peut procéder à
des fouilles sur des personnes et perquisitionner sans contrôle
des pouvoirs judiciaires et peut détenir les gens sans
porter d'accusations.
Toute personne soupçonnée par la police de
représenter une menace pour l'État peut être
assignée à résidence de façon
indéfinie. Même en étant libérés de
ce confinement, les suspects peuvent être interdits de rencontrer
des personnes que la police a signalées et fichées. On
peut se servir de
marquage électronique
pour surveiller l'assignation à résidence et pour traquer
des individus. Les autorités étatiques bloqueront les
sites internet qu'ils jugent dangereux. Les manifestations publiques
sont interdites et les groupes ciblés par la police peuvent
être dissous.
Les pouvoirs policiers déployés partout en
France en ce moment sont en fait le vrai visage de l'État
impérialiste à la défense du privilège de
classe et de l'élite dominante. Des soldats armés et la
police patrouillent les rues et font des perquisitions dans les logis
et à d'autres endroits. Le représentant
gouvernemental du pays hôte, par la voix de la présidence
de COP21, exprime ses regrets de devoir étaler le pouvoir
policier de façon si explicite, et explique que désormais
c'est malheureusement la norme en France et partout dans le
système impérialiste d'États.
Les peuples du monde prennent acte du fait que
l'État français et d'autres ont une fois de plus
laissé tomber leur façade de démocratie bourgeoise
pour recourir ouvertement à des formes de pouvoir policier que
dans les années 30 on qualifiait de nazisme, de fascisme et de
militarisme.
Le PCC(M-L), réagissant à la violence
à Paris, a dit : « La violence
réactionnaire qui a éclaté à Paris est
dirigée contre le peuple qui n'est pas à blâmer
pour l'instigation du terrorisme d'État mais en est la victime.
Les tentatives de protéger l'État français qui
privent le peuple de ses droits et
font de sections du peuple des cibles d'attaques, sont mues par des
motifs étroits et créent une situation encore plus
dangereuse. Tout ceci illustre l'anarchie et la violence qui ont
été déchaînées par la quête de
domination mondiale des États-Unis au sein de laquelle le bloc
de l'OTAN fait tout ce qu'il peut pour
isoler la Russie et ne pas permettre une solution politique aux
problèmes qui se sont fait jour.
« Le PCC(M-L) réitère son
opposition à l'usage de la force pour régler les
conflits. Nous réitérons notre opposition à
l'utilisation de l'État pour supprimer les droits du peuple au
nom de la sécurité. Tout ceci montre que les solutions
politiques ne font pas partie de l'ordre du jour des États-Unis
et des
puissances européennes ni de celui du Canada. Au lieu de cela,
ce sont des guerres civiles et du terrorisme d'État qui sont
fomentés de façon à prendre le dessus. Cela ne
doit pas passer ! »
Les gens qui convergent vers la conférence COP21
doivent maintenant tenter de discuter de façon calme et avec un
esprit critique dans un climat de terreur d'État. Certains ont
soulevé la nécessité de changer de site afin de
pouvoir discuter ouvertement des enjeux sans l'imposante
ingérence et l'intimidation
de l'État impérialiste.
D'autres soulèvent que la plus importante
institution humaine qui est responsable de pollution et de changement
climatique est la machine de guerre des États
impérialistes et leur pouvoir politique. Par exemple, on
rapporte que la réponse de l'État français
à la violence de Paris a été d'intensifier sa
campagne
de frappes contre la Syrie. Dans ce climat de terreur d'État
entourant la conférence COP21, les participants seront fortement
découragés de s'exprimer ouvertement contre les efforts
militaires des impérialistes étasuniens pour la
domination mondiale, leurs guerres prédatrices sans fin et leurs
préparations de
guerre. Et ce malgré le fait que les forces armées des
États-Unis sont le seul plus important pollueur au monde, sans
parler du gaspillage des ressources et du travail humain engagés
dans les préparatifs de guerre, ni de la mise sur pied et de
l'entretien de sa machine de guerre à l'échelle mondiale
et de sa
mobilisation de dizaines de milliers de jeunes pour la guerre. Cette
présence des forces armées étasuniennes, de ses
agents et espions partout dans le monde, est un facteur qui
empêche les peuples et les nations de résoudre les
problèmes internationaux et nationaux de façon pacifique,
sans avoir recours à la
force.
La réponse de
l'État français
à la violence de Paris n'est pas sans rappeler aux Canadiens
l'imposition de la Loi des mesures de guerre de 1970 comme
réponse à une recrudescence du mouvement souverainiste au
Québec ainsi qu'à la mise en scène d'incidents
terroristes organisés par la police.
C'est alors que le premier ministre Pierre Elliott Trudeau, le
tristement célèbre père du premier ministre
actuel, avait dit sa non moins tristement célèbre
phrase : « Just watch me ! »
(« regardez-moi faire ») pour indiquer comment il
allait ouvertement déchaîner le pouvoir
policier dans les rues du Québec. Il a laissé tomber
toute prétention que les Québécois avaient le
droit
démocratique de choisir s'ils voulait exercer leur droit
souverain d'être indépendants ou pas, et ce, sans
l'ingérence de l'État colonial anglo-canadien.
Le peuple doit tirer les conclusions qui s'imposent de
ces événements et se préparer, lui et ses
organisations, à défendre ses droits contre l'État
impérialiste qui a à son centre le pouvoir policier et
qui n'hésitera pas à s'en servir contre le peuple lorsque
des événements, exceptionnels ou pas, le lui
permettent.
Les mesures de sécurité liées au la
conférence COP21 rappellent à tous que tous les
problèmes mondiaux, que ce soit le changement climatique ou la
direction de l'économie, sont dominés par la question de
qui contrôle. Qui contrôle les décisions qui doivent
être prises sur les questions et les problèmes
auxquels l'humanité est confrontée : le peuple ou
ceux qui possèdent l'immense richesse sociale et le
privilège de classe ?
Les représentants de l'immense richesse sociale
et du privilège de classe vont se réunir à Paris
au Forum organisé à l'intention des décideurs et
ils feront toutes sortes de déclarations douteuses sur la
pollution, les changements climatiques et la
nécessité de rehausser la sécurité, le
tout condensé dans une série de politiques
doucereuses qui serviront avant tout les
intérêts économiques d'un monopole ou d'un autre.
La question d'humaniser l'environnement social et naturel restera dans
l'ombre des déclarations vagues d'un pragmatisme sans principe
qui ne servira que des
intérêts privés étroits.
Les peuples du monde doivent eux-mêmes faire
entendre leur voix pour un changement prosocial et pour une
alternative en s'organisant à
la défense de leurs intérêts et des
intérêts généraux de la
société. Seule la politique indépendante du peuple
sans le contrôle de l'État impérialiste et la
défense de principes centrés sur l'humain peuvent
conduire à l'humanisation de l'environnement social et
naturel et à un gouvernement antiguerre. Le peuple a le droit
d'avancer une alternative prosociale et antiguerre. Le fait que nous
sommes des êtres humains nous confère ce droit et aucun
État impérialiste ne peut le contester. L'effroyable
violence à Paris et la réponse extrémiste de
l'État impérialiste français est
une nouvelle confirmation que la sécurité du peuple est
dans la lutte organisée et déterminée pour
défendre les droits de tous et priver l'État
impérialiste du pouvoir de priver le peuple de ses droits.
Commentaires
Guerre en Syrie,
révision
de la Constitution et
lois discriminatoires
Que cache la fuite en avant de François Hollande?
- Nicolas Bourgoin -
Effet d'aubaine, les attentats du 13 novembre donnent
les mains libres à l'exécutif pour négocier un
virage ultra-sécuritaire en s'assurant du soutien de l'opinion
publique. Le scénario est rodé — acte de terrorisme,
médiatisation à outrance et réaction
sécuritaire — mais la réponse surprend cette fois par sa
brutalité et son ampleur inédite. Constitutionnalisation
de l'état d'urgence, offensive anti-musulmane sur le front
intérieur et guerre militarisée sur le front
extérieur. Au-delà de l'incohérence de la
diplomatie française, de l'islamophobie des responsables
politiques et de l'instrumentalisation de la menace terroriste
à des fins sécuritaires, se cache un projet
désormais avoué par le chef de l'État
lui-même : mener une guerre de civilisation contre le monde
musulman, suivant ainsi le sillon tracé par l'administration
Bush au lendemain des attentats du 11 septembre. Les effets de cette
politique sont connus :
effondrement économique, tensions géopolitiques et chaos
migratoire. Trois maux qui ne font qu'alimenter la menace terroriste.
Mais à qui donc profite le crime ?
Comme on pouvait s'y attendre, le pouvoir
exécutif s'est engouffré dans la fenêtre ouverte
par les attentats du 13 novembre, mettant ainsi à profit les
enseignements de la bonne vieille stratégie du choc :
profiter du désarroi provoqué par un
événement exceptionnel pour faire passer des mesures
inacceptables en temps normal. Le carnage du Bataclan a ouvert ainsi la
porte à une politique de tous les dangers pour la paix, la
sécurité et les libertés publiques.
Poursuite de la stratégie de la tension en Syrie
Après avoir
livré des armes aux
« rebelles » ennemis du régime Syrien, la
France continue de faire de l'éviction de Bachar el-Assad une
priorité expresse, répondant ainsi aux voeux de ses
alliés saoudiens, qataris, turcs et israéliens.
Dans son discours devant le Congrès du Parlement français
à Versailles, François Hollande a déclaré
une nouvelle fois que la recherche d'une solution politique excluait le
président syrien en exercice. Le soutien renouvelé aux
groupes terroristes agissant en Syrie ne pourra que continuer à
susciter des vocations
comme ce fut le cas suite aux déclarations de [ministre des
Affaires étrangères Laurent] Fabius concernant le Front
al-Nosra.[1]
Islamophobe d'État sur le front intérieur
Eternels boucs émissaires, les musulmans sont
à nouveau montrés du doigt par les responsables
politiques. [Le ministre de l'Intérieur] Bernard Cazeneuve
propose la dissolution de nombreuses mosquées jugées
« radicales » — plusieurs
dizaines, voire des centaines pourraient être fermées —
ainsi que des « associations qui s'en prennent aux valeurs
de la république », mesures qui viendraient s'ajouter
à l'expulsion des imams appelant au jihad. Il a
précisé qu'une disposition en ce sens serait
prochainement étudiée en conseil des
ministres. Est également envisagée la création
d'un régime spécial pour les bi-nationaux musulmans
nés français autorisant leur déchéance de
la nationalité française ainsi que leur interdiction de
séjourner sur le territoire français en cas de
radicalisation, une mesure qui avait été
évoquée après les attentats de
janvier pour être abandonnée ensuite sous la pression des
associations de défense des droits de l'homme. Une fois revenus
en France, certains pourront se voir imposer « des
conditions de surveillance draconiennes », comme des
assignations à résidence ou « une
participation à un programme
de déradicalisation ». Loi de Nuremberg des temps
modernes, cette mesure institutionnalise une séparation entre
deux catégories de citoyens français : les citoyens
à part entière dont la nationalité est
définitivement acquise et les musulmans.
Instauration d'un état d'urgence permanent
Mais la mesure la plus lourde de conséquences est
sans doute la création programmée d'un régime
juridique spécial — « l'état de
crise » — permettant la mise en oeuvre de mesures
exceptionnelles attentatoires aux libertés publiques et
contraires à la Constitution mais répondant aux
nécessités de la guerre contre le terrorisme. Il s'agit
ni plus ni moins que de réviser la Constitution afin de
pérenniser le régime de l'état d'urgence qui
autorise le transfert de pouvoirs de police de l'autorité civile
à l'autorité militaire, la création de
juridictions
militaires et l'extension des pouvoirs de police. Selon François
Hollande, cette réforme de la Constitution « devra
permettre aux pouvoirs publics d'agir, conformément à
l'État de droit, contre le terrorisme de guerre » .
Cette loi martiale déjà dans les cartons ira même
au-delà de ce que prévoyait la
loi de 1955 sur l'état d'urgence qu'il veut d'ailleurs prolonger
de trois mois et qui a d'ores et déjà donné lieu
à des centaines de perquisitions et d'assignations à
domicile. Selon les dires du chef de l'État, la nouvelle loi
qu'il souhaite voir adoptée dans les meilleurs délais
sera « plus protectrice, plus
adaptée au développement des nouvelles technologies et
à la menace terroriste ».
La guerre de civilisation, c'est maintenant !
Invoquant la
légitime défense pour
justifier ce chapelet de mesures régressives adoptées sur
fond d'union sacrée, l'exécutif considère que la
France est en guerre et qu'elle devra faire face à de nouvelles
répliques. En guerre contre qui ?
[Le premier ministre Manuel] Valls avait lâché le morceau
en affirmant il y a quelques mois que la France était
engagée « dans une guerre de
civilisation » contre le monde arabe-musulman.
Véritable prophétie auto-créatrice, la guerre
menée contre le terrorisme islamique alimente la menace
même
qu'elle prétend combattre en suscitant des vocations dans le
camp adverse par les dommages collatéraux considérables
qu'elle entraîne. Pour qualifier les attentats de samedi dernier,
Hollande a parlé d'acte de guerre, formule employée en
son temps par George W.Bush au lendemain des attentats du 11 septembre.
Ce choix sémantique qui est tout sauf anodin ouvre la porte
à un régime d'exception comparable à celui du Patriot
Act étasunien.
Comme toutes les idéologies, le modèle du
choc des civilisations présente une image schématique et
falsifiée du réel qui masque les enjeux fondamentaux. La
vision binaire qu'elle propose (civilisation
judéo-chrétienne contre Islam barbare et
conquérant ou « civilisation humaine »
contre
« barbarie » comme dit Bernard Cazeneuve) est
trompeuse car les premières victimes du terrorisme islamiste
sont les musulmans eux-mêmes. Faisant de l'Islam une menace par
essence, elle empêche de comprendre les racines sociales,
économiques et géopolitiques du terrorisme, pourtant le
seul
moyen de le faire reculer efficacement en évitant une fuite en
avant aux coûts faramineux pour toutes les parties en
présence, excepté pour les industriels de l'armement qui
voient leurs profits exploser. La mécanique du bouc
émissaire sert avant tout les intérêts des
dominants qui cherchent à diviser pour mieux
régner. Cette évidence rappelle que la fonction
même de l'idéologie est de protéger le
système de domination : l'oligarchie a évidemment
tout à perdre d'une lecture du terrorisme qui mettrait en cause
la domination occidentale, les prédations néo-coloniales
et les effets déstabilisateurs de la mondialisation
financière dont elle est partie prenante.
Note du LML
1. Le ministre des Affaires étrangères de
France Laurent Fabius fait face à différentes accusations
dans une cour d'appel de Partis, entre autres pour
« provocation à commettre des crimes de
guerre », suite à des propos qu'il a tenus au sujet
du conflit syrien en 2012. Le
chef de la diplomatie française a dit en août 2012 que
« Bachar el-Assad ne mériterait pas d'être sur
terre ». Dans des propos rapportés par Le Monde
en décembre 2012, il aurait affirmé que « le
Front al-Nosra fait du bon boulot », disant que
« tous les Arabes »
s'opposent à l'inclusion de cette branche syrienne
d'Al-Qaïda qui combat l'armée syrienne sur la liste des
organisations terroristes des États-Unis. Les plaignants
sont des Syriens qui ont perdu de la famille ou des amis dans les
massacres par ces soi-disant rebelles soutenus en paroles et en actes
par
Fabius.
Washington affine ses opérations
sous fausse
bannière
- Paul Craig Roberts -
Washington et ses vassaux français ont
affiné la façon dont ils mènent leurs
opérations sous fausse bannière (false flags). Avec
l'opération Charlie Hebdo, ils ont su couler
immédiatement le scénario dans le béton afin
d'éviter les questions de la presse écrite et
télévisuelle, et pour faire en sorte
que le discours officiel tienne lieu d'enquête.
Le scénario établi a fait qu'il s'est
avéré inutile d'expliquer le mystérieux
« suicide » de l'un des principaux
enquêteurs de la police qui collaborait à l'enquête
sur l'événement. Le scénario établi a
également fait en sorte qu'il s'est avéré inutile
d'expliquer pourquoi il était nécessaire d'abattre les
auteurs présumés, plutôt que de les capturer, ou
d'expliquer comment les autorités françaises pouvaient
être si mal informées sur le présumé
conducteur du véhicule ayant servi à prendre la fuite,
mais pas sur les deux hommes armés. Aucune explication n'a
été fournie pour expliquer pourquoi les autorités
croyaient à l'existence de ce conducteur, et celui-ci n'a
été ni capturé ni abattu. En effet, il reste
beaucoup de questions sans réponse qui sont sans
intérêt pour l'ensemble des médias, sauf les
médias alternatifs sur Internet.
Ce que les États-Unis et la France ont appris du
scepticisme circulant sur Internet concernant Charlie Hebdo,
c'est de faire en sorte que le scénario demeure fluide. Charlie
Hebdo
a impliqué deux scènes de violence, et
la
connexion entre les deux actes de terrorisme était vague. Cette
fois-ci, il y a eu plusieurs scènes de violence, et elles ont
été mieux intégrées dans le scénario.
Ce qui est encore plus significatif, c'est que les
événements ont été rapidement suivis par
encore plus d'épisodes dramatiques, comme la poursuite d'un
terroriste présumé en Belgique, un bombardement
français sur l'État islamique, l'envoi d'un porte-avions
français au Moyen-Orient, une déclaration de
guerre contre Daech par le président français, et des
spéculations indiquant que Hollande, sous la pression de
Washington, va invoquer l'article V de l'OTAN, ce qui conduira l'OTAN
à intervenir contre l'État islamique. En faisant suivre
chaque événement par un autre encore plus percutant, le
public est distrait
de l'attaque elle-même et des intérêts servis par
cette attaque. Déjà, l'attaque elle-même est de
l'histoire ancienne. L'attention du public a été
dirigée ailleurs. À quel moment l'OTAN enverra-t-elle des
soldats sur le terrain ?
Les médias occidentaux ont ignoré de
nombreux aspects significatifs des attentats de Paris. Par exemple, de
quoi ont bien pu discuter les directeurs de la CIA et des services de
renseignements français lors de leur réunion quelques
jours à peine avant les attentats de Paris ? Pourquoi
est-ce que de faux
passeports ont été utilisés pour identifier les
assaillants ? Pourquoi les attaques se sont-elles produites le
jour même où se tenaient des simulations d'attaques
terroristes simultanées sur plusieurs sites, avec la
participation des premiers intervenants, de la police, des services
d'urgence et de personnel
médical ? Pour quelles raisons les médias n'ont-ils
pas enquêté sur les révélations indiquant
que la police française a été aveuglée par
une cyberattaque sophistiquée contre son système de suivi
des données mobiles ? Y a-t-il des gens qui croient Daech
capable d'une telle prouesse ?
Les médias occidentaux servent simplement
d'amplificateur pour la propagande gouvernementale. Même les
médias non occidentaux suivent ce modèle en raison de
l'effet émoustillant. C'est une histoire fascinante pour les
médias, et elle ne nécessite aucun effort.
Initialement, même les médias russes se
sont contentés de clamer le scénario établi qui
sauve l'establishment politique occidental d'une défaite
politique sur le plan domestique et la Russie d'une défaite en
Syrie. Mais ça n'a pas été trop long avant que
certains médias russes se souviennent des nombreuses
fausses allégations concernant une invasion de la Russie en
Ukraine, l'emploi d'armes chimiques par Assad, le positionnement de
missiles américains près des frontières de la
Russie pour protéger l'Europe contre d'inexistants missiles
balistiques intercontinentaux nucléaires iraniens. Et ainsi de
suite.
Les médias russes ont commencé à
poser des questions et ont reçu de bonnes réponses de
Gearóid Ó Colmáin.[1]
Pour comprendre les attentats de Paris, il convient de
commencer par cette question : « Qui est
Daech ? » Apparemment, Daech est une création de
la CIA ou d'un organisme de l'État clandestin
protégé par le service des opérations de la CIA.
Daech semble avoir été utilisé pour
renverser Kadhafi en Libye, avant d'être envoyé en Syrie
pour renverser Assad. On pourrait croire que Daech est
entièrement infiltré par la CIA, le Mossad, et les
services de renseignements britanniques et français. Il est
possible que Daech soit en train de réaliser qu'il constitue une
force indépendante et qu'il
s'efforce de remplacer l'ordre du jour de Washington par le sien
propre. Quoi qu'il en soit, Daech semble toujours être au moins
partiellement dépendant de l'aide, active ou passive, de
Washington.
Daech est un nouveau groupe qui est apparu soudainement.
Daech est dépeint comme un groupe de barbares fanatiques
armés de couteaux et issus tout droit de l'époque
médiévale. Comment un tel groupe a-t-il pu
acquérir si rapidement des capacités d'intervention
internationales lui permettant de souffler un
avion de ligne russe du ciel égyptien, d'effectuer des
bombardements au Liban et en Turquie, de déjouer les services de
renseignements français, et de mener plusieurs attaques
simultanées à Paris ? Comment se fait-il que Daech
n'attaque jamais Israël ?
La question suivante est celle-ci : « En
quoi les attentats de Paris sont-ils avantageux pour
Daech ? » Est-ce un avantage pour Daech que les
frontières de l'Europe soient fermées, ce qui
l'empêchera d'infiltrer l'Europe sous guise de
réfugiés ? Est-il utile pour Daech de
provoquer le gouvernement français à bombarder ses
positions au Moyen-Orient, et de susciter une invasion de l'OTAN ?
Qui bénéficie [de ces attaques] ? De
toute évidence, l'establishment politique européen et
américain, à bien des égards. L'establishment
politique en France, en Allemagne et au Royaume-Uni est en
difficulté, car ils ont facilité les guerres de
Washington au Moyen-Orient qui apportent des flots de
réfugiés en Europe. Pegida gagne en popularité en
Allemagne, comme le Parti de l'indépendance de Farage au
Royaume-Uni et le Front national de Marine Le Pen en France. En effet,
un récent sondage a indiqué que Marine Le Pen arrivait en
tête comme favorite aux prochaines élections
présidentielles en
France.
L'attaque de Paris écarte ces partis politiques
dissidents et leur dérobe l'initiative. Parmi les premiers mots
qu'il a prononcés en réponse à l'attaque, le
président français a déclaré que les
frontières de la France étaient fermées. Les
alliés politiques d'Angela Merkel en Allemagne poussent
déjà son
gouvernement dans cette direction. « Paris change
tout », déclarent-ils. Cela a certainement
sauvé l'establishment politique européen de la
défaite et de l'érosion de son pouvoir.
Le même résultat s'est produit aux
États-Unis. Les outsiders Donald Trump et Bernie Sanders
massacraient les autres candidats de l'establishment à la
présidence. Trump et Sanders avaient l'élan. Mais
« Paris change tout ». Trump et Sanders sont
maintenant mis à l'écart, ils ne font plus les
nouvelles. L'élan est perdu. Le scénario a changé.
« Les attaques de Paris prennent le devant de la campagne de
2016 », déclare CNN.[2]
Parmi les autres paroles qu'il a immédiatement
prononcées, sans aucune preuve à l'appui, le
président Hollande a déclaré que l'État
islamique avait attaqué la nation française. De toute
évidence, cela permettra à Hollande d'invoquer l'article
V de l'OTAN, qui enverrait une force d'intervention en Syrie. Ce
serait la façon pour Washington de contrer l'initiative de la
Russie qui a sauvé le gouvernement Assad de la défaite
par l'État islamique. L'invasion de l'OTAN permettrait de
renverser Assad dans le cadre de la guerre contre l'État
islamique.
Le gouvernement russe n'a pas reconnu
immédiatement cette menace. Le gouvernement russe a vu dans
l'attaque de Paris la possibilité d'obtenir la
coopération de l'Ouest dans la lutte contre Daech. La ligne
russe était que nous devions tous combattre Daech ensemble.
La présence russe, bien que très efficace,
demeure minime en Syrie. Que fera le gouvernement russe lorsque sa
politique en Syrie sera contrainte par une invasion de l'OTAN ?
Le seul bénéficiaire de l'attaque de
Paris, c'est l'objectif de l'establishment politique occidental et de
Washington qui consiste à détrôner Assad en Syrie.
L'attaque de Paris a supprimé la menace pour les establishments
politiques français, allemands et britanniques provenant du
Front national, de Pegida, et
du Parti de l'indépendance du Royaume-Uni. L'attaque de Paris a
supprimé la menace pour l'establishment politique
américain de la part de Trump et Sanders. L'attaque de Paris a
fait avancer l'objectif de Washington d'éliminer Assad du
pouvoir.
La réponse à la question latine,
« Cui Bono » (à qui cela
profite-t-il ?), est claire.
Mais ne vous attendez pas à l'entendre dans les
médias occidentaux.
Notes
1. Gearóid
Ó
Colmáin
explique
les
attentats
de
Paris
2. «Paris attacks become focus of 2016
race», Eric Bradner, CNN, 16 novembre 2015
Traduction exclusive de Henri
Thibodeau, Henri's Web Space
Source : Paul
Craig
Roberts
: qui profite des attentats de Paris?
Rediffusé avec la permission de l'auteur
Le conte de deux villes
Pourquoi le silence quand Beyrouth est
attaquée
mais des larmes pour Paris?
- Mahdi Darius Nazemroaya -
Les gouvernements de partout ont condamné les
attentats qui ont eu lieu le 13 novembre 2015 à Paris.
Incontestablement, les meurtres et le chaos qui ont affligé
Paris sont infâmes et tragiques. Nous nous devons, cependant, de
soulever certaines questions dans le cadre de l'importante discussion
qui s'impose
sur la suite des choses.
Un vaste pan du public international a arboré le
drapeau français et a témoigné sa
solidarité envers les Parisiens. Il y a eu une vague de
déclarations et de symboles en guise de solidarité.
Démontrer son appui à Paris est devenu une
tendance majeure dans les médias sociaux et dans les capitales
euro-atlantiques.
Un conte de deux villes... et de deux poids deux mesures
Après l'attentat terroriste à
Beyrouth le 12 novembre 2015
Les attaques de Paris ont eu lieu au lendemain des
attentats du 12 novembre à Dahiyeh, une ville dans la
région sud de Beyrouth. À toutes fins pratiques, les
meurtres et le chaos déchaîné sur Beyrouth ont
été passés sous silence en
Amérique du Nord et dans l'Union européenne. Il est
important d'en prendre note, puisqu'il est clair que nous avons affaire
à deux poids deux mesures.
Le rôle des médias et les messages qu'ils
transmettent ne doivent pas être pris à la
légère. Les principaux médias n'ont pas
parlé des attaques terroristes de Beyrouth de façon qui
soit digne de mention. Par contre, les médias grand public ont
exprimé inquiétude et émotion face à la
tragédie de Paris. Pour ces
mêmes médias, les victimes de Bagdad, de Mogadiscio, de
Damas, de Donetsk, de Tripoli, de Gaza et de Sanaa ne sont pas dignes
de mention. Les chaînes d'information ont diffusé des
images et des reportages sur la violence à Paris sans
arrêt pendant plusieurs jours. Politiciens et porte-parole de
l'empire
étasunien se sont mis à lancer leurs
épithètes, tout en prenant bien soin d'alimenter la peur
et de saturer l'opinion et les sentiments du public. Facebook a mis sa
fonction Safety Check à la disposition de ses usagers à
Paris, mais n'a pas offert un tel service à la population de
Beyrouth. Ce service a-t-il même été
offert ne serait-ce qu'une seule fois à la population de Bagdad
qui a été victime d'attentats terroristes constants
depuis l'invasion anglo-étasunienne illégale de l'Irak en
2003 ?
Les émotions peuvent être dirigées
ou influencées. Par exemple, le chanteur canadien d'origine
libanaise, Sari Abboud, du nom de scène de Massari, était
à Paris le jour des attentats et fut à tel point
absorbé par la tragédie qu'il a publié un
commentaire sur les médias sociaux à l'effet qu'il priait
pour Paris.
Sa propre terre ancestrale ne semblait plus exister et il n'a rien dit
au sujet du Liban, ce que l'un de ses fans lui a immédiatement
reproché. Pourquoi le chanteur ne priait-il aussi pas pour les
victimes de Beyrouth ? Les commentaires de ce dernier ont
rapidement été retirés. De toute évidence,
Massari
s'était laissé emporter par l'émotion du moment.
Ce sont les intérêts politiques qui
définissent le terrorisme et ses atrocités en fonction
des personnes qui en sont victimes. Ils tentent de définir qui
est digne de nos élans d'inquiétudes et de sympathie et
qui ne l'est pas. Le message est clair lorsque les dirigeants
politiques des États-Unis, du Royaume-Uni, de
la France, du Canada et de l'Allemagne émettent des
déclarations de sympathie en solidarité avec les
Parisiens mais ignorent complètement les victimes de Beyrouth,
de la Libye, du Yémen, de la Somalie, de l'Irak, du Niger, de
l'Ukraine de l'est et de la Palestine.
La politique de deux poids deux mesures
Ce n'est pas par hasard si les gens ont
été submergés par les médias de masse au
sujet de la tragédie à Paris tandis que le terrorisme
à Beyrouth a été soit ignoré ou
aseptisé. Un tel traitement à deux poids deux mesures est
promu par les intérêts au
pouvoir. On laisse tacitement entendre que les évènements
de Beyrouth ne sont pas une tragédie et que le peuple libanais
est moins digne de sympathie que le peuple français.
Ce discours est partie intégrante du processus
illusoire et irrationnel de la « Guerre mondiale contre le
terrorisme » dont l'objectif premier est de bien cacher la
conquête et la domination derrière des termes humanitaires
et vertueux. Ainsi, les victimes du terrorisme à Beyrouth
passent inaperçues
parce que les personnes tuées à Beyrouth
représentent un amalgame de citoyenneté libanaise,
d'identité arabe, de foi musulmane, de confession shiite et de
classe ouvrière. En surcroît, elles font partie d'une
population vivant dans une région perçue comme
étant sympathique au Hezbollah. Les victimes civiles de
Beyrouth sont donc, pour ainsi dire, repoussées aux rangs
inférieurs du totem hiérarchique de l'humanité
comparativement aux victimes de Paris.
Aux États-Unis, Everett Stern, un candidat de la
Pennsylvanie qui brigue un siège au Sénat, a
déclaré à plus d'une reprise qu'il appuyait les
attaques terroristes à Beyrouth. Il a gazouillé :
« Bonne nouvelle ! J'espère que les terroristes
du Hezbollah sont parmi les victimes. » Lorsque
confronté, Stern a fait une histoire courte en disant que
l'attaque de Beyrouth était une attaque contre le Hezbollah.
Le Hezbollah combat les escadrons de la mort d'EIIL,
tandis que le gouvernement français appuie ce dernier
En outre, nous nous devons d'examiner comment de tels
évènements ont toujours été
manipulés historiquement. Lorsque de telles attaques ont lieu et
que les gouvernements et les médias de
masse s'enflamment et emportent avec eux la société toute
entière, ils promeuvent, de façon tout à fait
opportuniste, des intérêts bien particuliers. De
façon constante, il y a la suppression des libertés
civiles et les justifications pour la guerre. C'est la voie qu'a suivie
le gouvernement des États-Unis suite aux
événements tragiques du 11 septembre 2001.
Suite à la tragédie de Paris, la France a
immédiatement fermé ses frontières et le
président opportuniste et peu populaire François Hollande
a déjà déclaré une « guerre sans
merci », ce qui n'augure rien de bon. En effet, les migrants
et immigrants sont pointés du doigt et l'Union européenne
alimentera allègrement l'islamophobie et la xénophobie.
Sans doute la tragédie de Paris servira à justifier et
à promouvoir les guerres sales au Moyen-Orient, que le
gouvernement français mène en partenariat avec les
États-Unis. Déjà on véhicule que des
passeports syriens et égyptiens ont été
trouvés sur le site
du Stade de France en mettant l'emphase sur la Syrie. Aussi a-t-on
immédiatement annoncé que le porte-avion Charles de
Gaulle quittait Toulon pour se rendre au Moyen Orient pour
prêter main forte aux opérations militaires qui s'y
mènent, dirigées par les États-Unis.
En fin de compte, doit-on ignorer le fait que les
individus responsables de l'attaque de Paris sont essentiellement les
mêmes que la France avait appuyés, directement ou
indirectement, en Syrie, en Libye, au Liban et au Moyen-Orient en
général ? Le gouvernement français et le
président Hollande ont
appuyé Al-Qaïda, Al-Nursa et EIIL/ISIS/DAESH/ET de maintes
manières. Il s'agit là de groupes que le gouvernement
Français et ses alliés, tels les États-Unis et
l'Arabie saoudite, ont appuyés en leur fournissant armes et
formations militaires et en leur offrant la couverture diplomatique et
politique leur
permettant de s'immiscer dans les opérations de changement de
régime en cours au Moyen-Orient. Lorsque ces agresseurs
criminels agissent de la sorte à Damas ou à Alep, leurs
crimes sont oubliés ou passés sous silence. Le
président syrien, Bachar el-Assad, a vite fait de noter cette
incongruité lors des
évènements du 13 novembre 2015.
Le président Hollande a décrit les
attaques de Paris comme étant une guerre menée de
l'étranger, mais c'est tout à fait le contraire.
L'origine de ces attaques ne se trouve pas à l'étranger,
comme le prétend le gouvernement français. Il y a par
contre un lien précis entre cette violence et la politique
étrangère
française. Le gouvernement français est sans aucun doute
un des auteurs de cette terreur, lui qui offre organisation, appui et
encouragement à ce genre d'activités.
« Aujourd'hui, on les appelle terroristes parce qu'ils ont
tué des Français, mais lorsqu'ils tuaient des Syriens, on
les appelait des
Djihadistes », a dit Bachar Al-Jaari, l'émissaire
syrien à l'ONU.
Il y a moins d'un an, l'attaque contre Charlie Hebdo
a été orchestrée par des individus qui avaient
été appuyés et encouragés par le
gouvernement français à aller combattre en Syrie pour y
renverser le gouvernement de Damas. En fin de compte, le peuple
français devrait tenir le gouvernement
français responsable d'avoir appuyé ces groupes et
individus lorsqu'ils ont fait leurs ravages en Syrie et dans d'autres
pays. D'une façon ou d'une autre, ces attaques à Paris
sont la conséquence des politiques de changement de
régime des alliés des États-Unis, y compris la
France. Si vous encouragez des
individus à aller combattre et tuer outre-mer, ou que vous
encouragez ce genre d'actions, que doit-on attendre de ces mêmes
individus lorsqu'ils reviennent ou se retrouvent dans votre pays ?
À titre d'information
Déclaration du Parti communiste
du Canada
(marxiste-léniniste)
- 14 novembre 2015 -
Le Parti communiste du Canada
(marxiste-léniniste) condamne catégoriquement les crimes
atroces qui ont été commis à Paris, en France,
dans l'après-midi du 13 novembre. Nous transmettons nos
condoléances les plus sincères aux familles, amis et
collègues des victimes et appelons à ce que des mesures
marquées de sobriété soient prises qui ne font pas
de la France et des peuples du monde des cibles de contre-violence. Des
mesures qui privent encore plus le peuple de ses droits au nom de la
sécurité de l'État français ne sont pas une
réponse acceptable.
La violence réactionnaire qui a
éclaté à Paris est dirigée contre le peuple
qui n'est pas à blâmer pour l'instigation du terrorisme
d'État mais en est la victime. Les tentatives de protéger
l'État français qui privent le peuple de ses droits et
font de sections du peuple des cibles d'attaques, sont mues par des
motifs étroits et créent une situation encore plus
dangereuse.
Le PCC(M-L) appelle ses membres et ses supporters
à prendre ces événements très au
sérieux, à demeurer calmes et à mobiliser leurs
pairs pour tirer les conclusions qui s'imposent. Qui est
derrière ces attaques ? Visent-elles à brouiller les
cartes en ce qui concerne l'effort des États-Unis pour un
changement de régime en Syrie, qui a maintenant enclenché
une nouvelle ronde de violence comme on l'a vu avec le bombardement
d'un hôpital d'Afghanistan par les États-Unis et les
bombardements au Liban qui visaient le Hezbollah et d'autres actes du
genre ?
Tout ceci illustre l'anarchie et la violence qui ont
été déchaînées par la quête de
domination mondiale des États-Unis au sein de laquelle le bloc
de l'OTAN fait tout ce qu'il peut pour isoler la Russie et ne pas
permettre une solution politique aux problèmes qui se sont fait
jour.
Le PCC(M-L) réitère son opposition
à l'usage de la force pour régler les conflits. Nous
réitérons notre opposition à l'utilisation de
l'État pour supprimer les droits du peuple au nom de la
sécurité. Tout ceci montre que les solutions politiques
ne font pas partie de l'ordre du jour des États-Unis et des
puissances européennes ni de celui du Canada. Au lieu de cela,
ce sont des guerres civiles et du terrorisme d'État qui sont
fomentés de façon à prendre le dessus. Cela ne
doit pas passer !
Parti communiste du Canada (marxiste-léniniste)
14 novembre 2015
bureau@cpcml.ca
Crime et châtiment
Extraits du livre Le terrorisme d'État
et les droits de l'homme du juge Ajit Singh Bains
(retraité), écrit de la prison de Burail, à
Chandigarh, en juillet 1992.
* * *
Lorsqu'une personne privée tue une autre
personne, elle commet un
crime, reconnu comme tel dans tout pays civilisé. La loi agit
contre
l'auteur du crime. Tout pays ayant un gouvernement constitutionnel et
démocratique possède un code criminel qui prescrit des
sanctions pour
chaque infraction. Mais ce qui est très angoissant dans le monde
aujourd'hui est la prédominance de gouvernements qui nient
à leurs
citoyens les droits de l'homme fondamentaux et qui, souvent, recourent
au terrorisme contre eux.
Les gouvernements dictatoriaux privent habituellement la
citoyenne
et le citoyen de son droit à la vie et à la
liberté, soit par des lois,
soit par des instructions informelles à des officiers ou
à des
organismes. D'un point de vue strictement légal, lorsqu'un
officier
reçoit l'ordre de tuer un suspect en détention
provisoire, il est
protégé par la loi
parce qu'il ne fait qu'obéir à une autorité
supérieure et par
conséquent ne tombe pas sous le coup de la loi. Il s'ensuit
qu'un
officier de loi peut très facilement transgresser le droit
à la vie et
à la liberté, comparé à un citoyen
particulier qui doit réfléchir à la
fois au châtiment que lui réserve la loi et à celui
que lui réserve
l'adversaire dont il a
l'intention de violer les droits.
Dès que le citoyen privé tue et enfreint
l'intégrité physique d'une
autre personne, il commet un acte criminel. La loi peut être
invoquée
contre lui immédiatement et habituellement la victime n'a pas
besoin
d'entamer les poursuites légales pour faire juger l'auteur du
crime
selon la loi. La loi consiste essentiellement à traduire en
justice la
personne qui a commis un acte criminel pour qu'elle soit punie
conformément aux sanctions établies.
En théorie, lorsqu'un représentant du
gouvernement commet un acte
illicite, la loi le punit au même titre qu'un membre du public.
Malheureusement, les actes criminels d'un gouvernement sont difficiles
à détecter puisque dans la routine le gouvernement agit
par l'entremise
d'officiels et de fonctionnaires. Dans la plupart des cas, le
fonctionnaire ne fait qu'obéir aux ordres de ses
supérieurs qui
nourrissent des arrière-pensées ou des
intérêts particuliers. En ce
vingtième siècle, les atteintes aux droits des citoyens
de la planète
ont été commises dans une grande mesure par les
gouvernements. [...]
En théorie, personne n'est au-dessus de la loi et
quiconque commet
un acte illégal doit être puni. La loi est au-dessus de
tous, peu
importe la position occupée dans la hiérarchie
étatique. Ce caractère
essentiel de la loi est une protection pour tous ceux qui veulent mener
une vie normale. Les sanctions et la protection sont des traits
essentiels de
la loi, mais lorsque l'État ne fait pas preuve
d'impartialité dans
l'administration de cette protection, l'autorité de la loi est
mise en
péril. Se placer au-dessus de la loi en raison de sa position
dans
l'État ou agir comme si un individu ou un groupe d'individus
sont
au-dessus de la loi conduit à l'élimination de
l'autorité de la loi.
Naissance aux Émirats de l'armée
secrète pour le Moyen-Orient et l'Afrique
- Manlio Dinucci, 18 mai 2011 -
Vue satellite de 2011 du
camp d'entraînement de Xe
en cours de construction dans les Émirats
À Zayed Military City, un camp
d'entraînement dans une zone désertique des Émirats
arabes unis, est en train de naître une armée
secrète qui sera utilisée non seulement à
l'intérieur du territoire mais aussi dans d'autres pays du Moyen
Orient et de l'Afrique du Nord. C'est Erick Prince qui est en train de
la
mettre sur pied : un ex commando des Navy Seals qui avait
fondé en 1997 la société Blackwater, la plus
grande compagnie militaire privée utilisée par le
Pentagone en Irak, Afghanistan et autres zones de guerre. La compagnie,
qui en 2009 a été renommée Xe Services, (afin,
entre autres motifs,
d'échapper aux actions juridiques pour les massacres de civils
en Irak) dispose aux États-Unis d'un grand camp
d'entraînement où elle a formé plus de 50 000
spécialistes de la guerre et de la répression. Et elle
est en train d'en ouvrir d'autres.
À Abu Dhabi, Erick Prince a stipulé, sans
apparaître personnellement mais à travers la joint-venture
Reflex Responses, un premier contrat de 529 millions de dollars
(l'original, daté du 13 juillet 2010, a été rendu
public maintenant par le New York Times). Sur cette base a
commencé dans divers
pays (Afrique du Sud, Colombie et autres) le recrutement de mercenaires
pour constituer un premier bataillon de 800 hommes. Ils sont
entraînés aux Emirats par des spécialistes
étasuniens, britanniques, français et allemands,
provenant de forces spéciales et de services secrets. Ceux-ci
sont payés 200-300 mille
dollars par an, et les recrues 150 dollars par jour. Une fois
prouvée l'efficience du bataillon dans une « action
réelle », Abu Dhabi financera avec des milliards de
dollars la mise sur pied d'une brigade entière de plusieurs
milliers de mercenaires. On prévoit de construire aux
Émirats un camp
d'entraînement analogue à celui en fonction aux
États-Unis.
Le principal appui de ce projet est le prince
héritier d'Abu Dhabi, Sheik Mohamed bin Zayed al-Nahyan,
formé à l'académie militaire britannique Sandhurst
et homme de confiance du Pentagone, fauteur d'une action militaire
contre l'Iran. Le prince et son ami Erick Prince ne sont cependant que
les
exécutants du projet, qui a sûrement été
décidé dans les hautes sphères de Washington. Son
but réel est révélé par les documents
cités dans le New York Times : l'armée qui
est en train d'être formée aux Emirats conduira
« des missions opérationnelles spéciales pour
réprimer des révoltes
intérieures, du type de celles qui sont en train de secouer le
monde arabe cette année ».
L'armée de mercenaires sera donc utilisée
pour réprimer les révoltes populaires dans les monarchies
du Golfe, avec des interventions comme celle qui a été
menée en mars par les troupes des Émirats, du Qatar et de
l'Arabie saoudite au Bahrein où on a écrasé dans
le sang la demande populaire de
démocratie. « Des missions opérationnelles
spéciales » seront effectuées par
l'armée secrète dans des pays comme l'Égypte et la
Tunisie, pour briser les mouvements populaires et faire en sorte que le
pouvoir reste entre les mains des gouvernements garants des
intérêts des États-Unis et des plus
grandes puissances européennes. Et en Libye aussi, où le
plan USA/OTAN prévoit sûrement l'envoi de troupes
européennes et arabes pour fournir « l'aide
humanitaire aux civils libyens ».
Quel que soit le scénario — soit une Libye
« balkanisée » divisée en deux
territoires opposés dirigés par Tripoli et Benghazi, soit
une situation de type irako-afghan à la suite du renversement du
gouvernement de Tripoli- l'utilisation de l'armée secrète
de mercenaire s'annonce : pour
protéger les implantations pétrolifères qui sont
de fait aux mains des compagnies étasuniennes et
européennes, pour éliminer des adversaires, pour garder
le pays dans un état de faiblesse et de division. Ce sont les
« solutions innovantes » que Xe Services (ex
Blackwater), dans son auto présentation,
se vante de fournir au gouvernement étasunien.
Crimes de guerre en Afghanistan
Il faut sortir le Canada d'Afghanistan!
- Enver Villamizar -
Les Canadiens ont été amenés
à croire que les opérations militaires du Canada en
Afghanistan avaient pris fin. Des livres ont même
été écrits sur les leçons qui ont
été tirées, ce qui donne l'impression que la
destruction barbare de ce pays, commencée juste après le
11 septembre 2001 par les États-Unis, est
terminée. Le mantra est que le Canada a joué un
rôle constructif et qu'un suivi est nécessaire pour
« empêcher l'Afghanistan de redevenir un refuge pour
les terroristes ».
La destruction par l'armée américaine d'un
hôpital de Médecins Sans Frontières le 3 octobre
2015 a révélé ce qui se passe vraiment en
Afghanistan. Au moins 30 employés et patients ont
été tués dans une opération qui a
violé de manière flagrante le droit international
humanitaire. L'événement s'est produit
pendant la récente élection fédérale, mais
aucun des soi-disant grands partis, y compris le Parti libéral
qui a formé le gouvernement, n'a condamné ce crime. Un
nouveau rapport accablant, publié le 5 novembre, contient des
témoignages de survivants qui confirment que l'hôpital a
été délibérément attaqué
à
plusieurs reprises.
Le nouveau ministre de la
Défense, Harjit Singh
Sajjan, a été envoyé trois fois en Afghanistan.
Comme officier du renseignement, il a contribué à
réorienter et à concentrer la campagne pour
détruire la résistance en Afghanistan, qui est
qualifiée de « Taliban » (l'ancien
gouvernement du pays), de bande de « voyous » ou
de « trafiquants de drogue » pour masquer la
véritable nature du conflit dans le pays et que les voyous et
les trafiquants de drogue sont en fait la création des
envahisseurs étrangers ou des gens à leur solde. En
même temps, il y a de
nombreux témoignages de meurtres, de torture et de
déshumanisation du peuple Afghan, en particulier de ceux qui
disent non ! à l'invasion des États-Unis et qui
résistent.
Tout le discours au sujet d'opérations de paix et
d'opérations pour protéger les forces de la coalition
masque l'objectif des armées étrangères, de la
police et des diplomates. L'idée que
« nous » devons « aider »
les Afghans sert à cacher le fait que ce sont les
impérialistes américains,
auxquels s'est joint le Canada sous les libéraux de
Chrétien, qui ont déclenché une guerre d'agression
illégale, immorale et criminelle contre ce pays souverain pour
provoquer un « changement de régime ».
Cela a été fait au nom de faux idéaux sur la base
du mensonge à l'effet que l'Afghanistan
était responsable des attaques du 11 septembre 2001. Cette
campagne de châtiment collectif contre un pays et son peuple, qui
repose sur le mensonge, est un acte barbare auquel le Canada participe
depuis le début.
L'intervention des États-Unis et de l'OTAN n'a
pas apporté la paix ou la stabilité. L'invasion et la
destruction du pays étaient et restent des actes de guerre. Les
Canadiens n'ont jamais accepté la présence du Canada en
Afghanistan et ils exigent que Canada en sorte
immédiatement !
Le maintien de l'engagement du Canada en Afghanistan
Un des fronts des opérations militaires actuelles
du Canada en Afghanistan est celui qui se fait sous couvert d'assurer
la sécurité ou un « soutien » au
personnel de l'ambassade du Canada. C'est une opération
secrète qui
montre que lorsqu'il s'agit des opérations des forces
canadiennes à l'étranger menées au nom des
Canadiens, il n'y a ni transparence ni reddition de comptes qui tienne.
Cependant, cela soulève la question de pourquoi un
élément de sécurité, assuré par les
forces canadiennes à une ambassade, est classé comme
une « opération militaire » secrète
plutôt que comme un élément de
sécurité comme c'est le cas ailleurs ? Il serait
probablement difficile pour le gouvernement canadien de dire
ouvertement que le Canada déploie une force militaire dans une
zone de guerre pour diriger sa diplomatie. Les
Canadiens ne l'accepteraient pas.
Une écrasante majorité de Canadiens
s'oppose à l'agression militaire contre l'Afghanistan. Le
Parlement a voté pour mettre fin à la mission militaire.
La mission de formation du Canada, l'Opération Attention, s'est
terminée officiellement en mars 2014 et la mission de combat
canadienne, l'Opération
Athena, en 2011. Cependant, avec le secret qui entoure le
déploiement actuel d'un nombre inconnu de soldats canadiens en
Afghanistan, il semble que la fin allait se poursuivre !
Dans un article de Marie-Danielle Smith dans le journal
Embassy, on cite une déclaration envoyée par
courriel par le capitaine Kirk Sullivan, un porte-parole des Forces
armées canadiennes, qui indique que c'est à la demande
d'Affaires étrangères, Commerce et Développement
Canada que les
militaires sont déployés. Ils « servent dans
des fonctions de soutien à l'ambassade du Canada » et
« servent également dans différents postes
individuels en remplacement de troupes alliées en
Afghanistan ».
En d'autres termes, il y pas
grand chose à
voir ; nous sommes juste là dans un rôle de soutien
aux diplomates canadiens et pour des échanges avec les forces
alliées. Bien entendu, le genre de soutien et d'échange
ne peut pas être discuté car cela regarde la
« sécurité nationale ». Nous
sommes supposés avoir confiance que c'est fait pour de bonnes
raisons. Le porte-parole a ajouté que des Canadiens sont
régulièrement déployés pour des
affectations avec des groupes multilatéraux comme l'OTAN ou des
échanges avec les troupes alliées.
Le tour est joué. C'est juste une
« affectation de routine » à l'ambassade
ou avec un « groupe multilatéral ».
L'alliance militaire agressive de l'OTAN, le gendarme des
États-Unis en Afghanistan, devient une organisation
multilatérale légitime, comme l'ONU, et non la force
principale de l'agression impérialiste en Asie et Europe de
l'Est et ses activités sont maintenant synonymes de
« diplomatie » et d'« affaires
étrangères » plutôt que de terreur et de
destruction.
« Échange » est le terme
utilisé lorsque des membres des Forces armées canadiennes
sont affectés à un poste au sein des forces armées
d'un autre pays pour une certaine période de temps. Par exemple,
un échange avec l'armée américaine a permis au
Canada de jouer un rôle direct dans la guerre
en Irak tout en « restant en dehors » de la
guerre. Dans le cadre d'un échange en 2004 et 2005, avant de
devenir chef d'état-major de la Défense, Walter Natynczyk
a servi comme général commandant adjoint des 35 000
hommes de la « Coalition » des États-Unis
en Irak. En ce qui
concerne l'opération en cours, on ne sait rien de qui participe
à cet échange et de ce qu'on y fait. Les Canadiens sont
censés attendre et voir ce qui va arriver dans l'espoir qu'on y
fait de bonnes choses et qu'on agit pour « maintenir la
paix » et non « faire la guerre »,
bien que les deux
expressions sont pratiquement synonymes aujourd'hui.
L'article de Embassy continue :
« À la question sur combien de militaires participent
à cette opération secrète, le capitaine Sullivan
n'a pas répondu sauf pour dire que « leur nombre est
limité » et que « pour garantir la
sécurité opérationnelle et la
sécurité du
personnel des Forces armées canadiennes, on ne peut donner plus
d'information en ce moment. »
« Selon un reportage de CTV d'avril 2014, au
moins 16 soldats devaient partir en mai pour un déploiement de
six mois dans le cadre de l'Opération Addenda.
« En supposant qu'il s'agit de la même
opération, qui devait durer six mois, celle-ci s'est
transformée en une mission de plus d'un an et demi. Le capitaine
Sullivan a confirmé qu'aucune date de fin de mission
n'était prévue. »
Mettant en doute la prétention que la mission est
tenue secrète pour des raisons de sécurité,
l'article poursuit : « L'Opération Addenda
semble être la seule pour laquelle aucune information n'est
disponible publiquement, mis à part une adresse postale que les
familles et les amis peuvent utiliser
pour envoyer du courrier aux soldats en mission. »
En juin dernier, Embassy avait parlé
d'un autre rôle que joue le Canada en soutien à ses
alliés en Afghanistan. Une propriété
inoccupée du gouvernement canadien proche de l'ambassade servait
d'aire d'atterrissage aux hélicoptères des armées
occidentales. Est-ce que ces hélicoptères seraient des
Apache utilisés pour des raids nocturnes et des missions de
bombardement ? Nous ne sommes pas supposés le demander
parce que tout cela fait partie d' « aider les
alliés » et d'« être un allié
responsable en matière militaire ».
Le site Web de l'ambassade du Canada à Kaboul ne
fait rien pour éclaircir la situation. Il contient seulement des
informations générales et rien sur ce qu'est
l'Opération Addenda. On y lit que même si la mission
militaire du Canada a pris fin, le Canada continuera à jouer un
rôle important « en
appuyant les efforts visant à assurer un meilleur avenir
à tous les Afghans » et que
l'« engagement » du Canada d'ici à 2017
sera axé sur : « l'avancement des femmes et des
filles afghanes au moyen d'investissements accrus dans
l'éducation, la santé des mères, des
nouveau-nés et
des enfants et les droits et l'habilitation des femmes et des
filles ; l'avancement de la sécurité, de la
démocratie, de la primauté du droit et des droits de la
personne ; et le développement de la capacité de
gestion de l'aide humanitaire ». Le Canada s'engage aussi
à verser, d'ici à 2017, 227
millions de dollars additionnels pour l'aide au développement et
330 millions de dollars pour soutenir les forces de
sécurité nationale afghanes.
Sortons le Canada d'Afghanistan!
Allégations de crimes de guerre commis
par
l'armée canadienne
La Commission d'examen des plaintes concernant la police
militaire du Canada (CPPM) a annoncé qu'elle mène une
enquête d'intérêt public sur des allégations
que des membres de la police militaire ont abusé et
terrorisé des détenus Afghans dans un centre de
détention à l'aérodrome de Kandahar à la
fin
de 2010 et au début de 2011.
Il est
allégué que durant cette
période, l'officier commandant du détachement de police
militaire à l'aérodrome de Kandahar a tenu des
« exercices » dans des cellules de
détention vides voisines de celles contenant des détenus
afin de les terroriser. On suggère aussi qu'au milieu de la nuit
la
police est entrée avec des armes dans les cellules de certains
détenus et les a collés au mur et au sol et leur a
appliqué des clés de bras. « Le plaignant
affirme que la tension était si forte depuis les deux derniers
mois que plusieurs détenus ont déféqué et
uriné sur place », écrit la présidente
de la
CPPM Hilary McCormack dans une décision rendue le 5 novembre.
Selon le rapport, la CPPM enquête aussi sur la
raison pour laquelle l'unité de police censément
indépendante des forces armées, le Service national des
enquêtes des Forces canadiennes (SNEFC) n'a pas
déposé d'accusation dans l'affaire ou convoqué la
cour martiale bien qu'elle en ait le mandat et le
pouvoir. « Les accusations auraient plutôt
été remises au commandant de la force
opérationnelle des Forces armées canadiennes (FAC) qui,
selon le plaignant, les aurait ignorées. »,
écrit McCormack. Le commandant en question était le
général de brigade Dean Milner qui est maintenant
commandant
général et commandant de la Première division
canadienne de l'armée. « Le SNEFC est supposé
exercer son pouvoir d'enquête en dehors de la chaîne de
commandement, sans déférence envers elle et sans
même la consulter » et « l'impression a
été donnée que certaines des décisions
concernant le déroulement et le résultat final des
enquêtes avaient été prises en raison d'ordres
provenant » d'Ottawa » et /ou de
préoccupations reliées à la réputation de
la PM ou des FAC, compte tenu de l'attention publique que peuvent
attirer les questions concernant le traitement des
détenus », écrit James Cudmore de la CBC.
Les allégations d'abus de détenus afghans
et d'une possible dissimulation ont été remises
anonymement à la CPPM dans une lettre dactylographiée
d'une page envoyée d'un hôtel d'aéroport en
février, ce que la commission a considéré comme
une indication que l'auteur craignait des représailles s'il/elle
s'identifiait. Les noms des cinq personnes dites témoins des
événements en question ont été cependant
fournis en tant que référence par l'auteur et elles ont
été contactées par la CPPM qui a ainsi pu
identifier deux autres témoins.
« L'information obtenue auprès de ces
individus a confirmé qu'un incident s'était effectivement
produit au centre de transfert des détenus à Kandahar au
cours de la période mentionnée dans la plainte et a
permis de soulever plusieurs questions », écrit
McCormack.
Au moment où les abus allégués
auraient eu lieu, la CPPM tenait des audiences de haut niveau sur des
allégations que l'armée canadienne avait
transféré des détenus afghans au renseignement
afghan et aux fonctionnaires de la justice sachant qu'ils feraient
vraisemblablement face à la torture. Dans son
rapport final, publié en 2012, la Commission a disculpé
la police militaire de méfait.
On a rapporté que
Paul Champ, un avocat qui a
participé à ces audiences pour le compte d'Amnistie
internationale et de l'Association des libertés civiles de la
Colombie-Britannique, a dit dans une entrevue sur ces nouvelles
allégations que « si ces incidents ont eu lieu tel
que décrit, c'est clairement
une violation des Conventions de Genève et du droit
international. »
« À cette époque, la
chaîne de commandement de la police militaire canadienne
était vraisemblablement très au fait du caractère
sensible du traitement des détenus et il en était de
même du haut commandement des Forces canadiennes, et pourtant il
semble qu'ils ont mené cette opération
complètement
scandaleuse », a dit Champ.
L'armée américaine est connue pour
utiliser la même tactique, a ajouté Champ qui s'est dit
« très surpris » d'apprendre que les
Canadiens aient pu l'adopter.
Le bombardement d'un hôpital est un crime de
guerre
Washington :
Rencontre du Comité des
services armés des États-Unis, 6 octobre 2015. Des
activistes antiguerre protestent contre le bombardement
américain d'un hôpital de Médecins sans
frontières à Kunduz en Afghanistan.
Un rapport accablant a été publié
le 5 novembre à partir d'une enquête interne de
Médecins sans Frontières (MSF) sur le crime de guerre
commis le 3 octobre par les forces des États-Unis à leur
hôpital de Kunduz au nord de l'Afghanistan. Un avion de combat
AC-130 américain a bombardé de manière
répétée l'hôpital de traumatologie
dirigé par MSF, tuant au moins 30 employés et patients
dont trois enfants. Certaines personnes sont toujours disparues alors
que des corps n'ont pas encore été identifiés.
Trente-sept personnes ont été blessées et des
sections importantes de l'établissement ont été
détruites.
Les forces spéciales américaines disent
qu'elles ont ordonné des frappes aériennes contre
l'hôpital pour cibler des « insurgés
Talibans » qui, selon elles, ont ouvert le feu contre les
soldats américains sur le terrain. Cette affirmation constitue
une admission ouverte d'un crime de guerre, une
violation de toutes les normes de la loi humanitaire internationale qui
interdit de cibler des non-combattants, sans mentionner des
non-combattants recevant des traitements médicaux. Le fait qu'il
y avait des ententes entre la résistance et le gouvernement
d'Afghanistan à l'effet que les hôpitaux étaient
neutres et
ne seraient pas ciblés ajoute encore au caractère atroce
et éhonté de ce crime.
Importants
dégâts causés par le
bombardement américain de l'hôpital de Médecins
sans frontières à Kunduz en Afghanistan, 3 octobre 2015
Le rapport de MSF déclare clairement qu'il n'y
avait pas de combattants armés dans l'hôpital, seulement
ceux qui recevaient un traitement, et qu'il n'y avait pas de combat en
provenance ou aux environs de l'installation au moment du bombardement
qui s'est poursuivi pendant au moins une heure. Il déclare
en outre que le bâtiment principal de l'hôpital où
le personnel médical prenait soin des patients a
été « frappé à plusieurs
reprises et avec grande précision à chaque incursion
aérienne ». Le bâtiment spécifique de
l'hôpital qui a été ciblé correspond
exactement aux coordonnées GPS fournies par MSF
aux parties en conflit qui ont toutes préalablement
accepté de respecter la neutralité de
l'établissement médical.
Les frappes se sont poursuivies durant 40 minutes
après que les employés de l'hôpital ont fait le
premier de plusieurs appels aux représentants militaires
américains et afghans à Washington et à Kaboul
leur disant que l'hôpital a été frappé et
les suppliant d'arrêter le bombardement. Le rapport décrit
des
patients en flammes dans leurs lits, des employés
médicaux décapités ou perdant des membres et
d'autres abattus des airs tandis qu'ils fuyaient le bâtiment en
feu.
Le personnel de
MSF à Kunduz poursuit
courageusement son travail suite au bombardement, 3 octobre 2015. |
Fidèles à leur habitude, les
États-Unis ont refusé de consentir à une
enquête indépendante telle que demandée par MSF et
d'autres qui considèrent le bombardement de l'hôpital
comme un crime de guerre et une violation de la loi humanitaire
internationale. Selon les États-Unis, les enquêtes du
Pentagone, de
l'OTAN et des autorités afghanes sont suffisantes pour
établir ce qui s'est passé et pourquoi et pour prendre
une action appropriée.
Ajoutant l'insulte à l'injure, le 15 octobre, un
véhicule blindé rempli de ces enquêteurs est
arrivé sans annonce à l'hôpital détruit et a
défoncé ses barrières pour y entrer. Dans une
déclaration, MSF a dit que les enquêteurs
détruisaient des preuves potentielles, endommageaient la
propriété et causaient du
stress et la peur parmi les membres de son exécutif qui
étaient dans l'édifice à ce moment.
Il revient aux peuples du monde de forcer les
États-Unis à rendre des comptes pour cette attaque
terroriste, qui s'ajoute à la longue liste de crimes qu'ils ont
commis en Afghanistan au nom de la liberté et de la
démocratie. Pendant ce temps, des gouvernements comme ceux du
Canada tolèrent de telles
actions par leur silence et leur propre participation continue
auprès de leur allié les États-Unis. Cela ne doit
pas passer !
La publication publique de l'enquête interne de
MSF (en anglais) est disponible ici .
Le personnel de MSF
à Helmand en Afghanistan se
joint à la demande internationale pour une enquête
indépendante sur le bombardement.
L'OTAN continue de jouer son rôle
L'OTAN poursuit son sale travail en Afghanistan avec sa
nouvelle mission Resolute Support de janvier 2015 qui a pris le relais
de sa mission Force internationale d'assistance et de
sécurité (FIAS). Resolute Support, commandée par
le général Américain John Campbell, mobilise plus
de 13 000 soldats de 42
pays, dont 6 800 des États-Unis. Elle est décrite comme
une mission non combattante mais son commandant américain est
aussi le commandant de l'opération de contre-terrorisme de sa
propre armée dans laquelle participent quelque 3 000 soldats
des forces spéciales, celles qui sont présumément
responsables
du bombardement de l'hôpital de Kunduz le 3 octobre. Ce sont les
escadrons de la mort et les équipes d'assassinat, dont le nombre
véritable et les activités sont le plus souvent couverts
de secret.
Selon l'OTAN, la mission Resolute Support consiste
à « fournir de l'entraînement, des conseils et
de l'assistance dans huit aspects clés :
budgétisation pluriannuelle ; transparence ;
responsabilité et surveillance ; surveillance civile des
institutions de sécurité afghane ;
génération de la force ; maintien de la force ;
stratégie et planification ; ressources et exécution
et renseignement et communications stratégiques. »
Bien sûr, rendre des comptes de leurs crimes n'est pas à
l'ordre du jour des forces de l'OTAN, et c'est cela qui empêche
l'Afghanistan de
tracer sa propre voie.
Les pays membres de l'OTAN, comme le Canada, qui ne
fournissent pas directement de soldats à Resolute Support, font
toujours partie de la mission d'ensemble de l'OTAN de diverses
façons. Cela comprend le financement des Forces nationales
afghanes de défense et de sécurité (ANSF), que les
États-Unis
dirigent sous prétexte de les former, et la mobilisation des
Forces armées canadiennes en Afghanistan dans le cadre de
l'opération en cours dont on ne peut pas parler
« pour raison de sécurité
nationale ».
L'engagement américain
Les États-Unis ont dit qu'ils retireraient toutes
leurs forces de l'Afghanistan d'ici la fin de 2016, sauf un contingent
de 1 000 soldats basé à l'ambassade. Le 14 octobre,
cependant, moins de deux semaines après le massacre de Kunduz,
le président Obama a annoncé que
le nombre de soldats demeurerait à 9 800 pendant la plus grande
partie de 2016 « en raison de menaces
réitérées des Talibans ». Il faut
garder à l'esprit que l'ensemble de la mission de l'OTAN de 42
pays est composée de 13 000 soldats. Clairement, la mission de
l'OTAN est une mission
américaine, qui utilise l'OTAN pour forcer la participation de
ses « alliés ».
L'armée américaine prétend qu'elle
est présentement engagée dans deux missions
séparées : entraîner, conseiller et assister
les ANFS dans le cadre de la mission Resolute Support de l'OTAN et
traquer les restes d'Al-Qaïda. Cette deuxième mission est
régie par une Entente bilatérale de
sécurité (BSA)
États-Unis-Afghanistan qui va rester en vigueur
« jusqu'à la fin de 2024 et
au-delà » à moins qu'elle ne soit
abrogée par une des parties. Selon cette entente, les
opérations américaines de contre-terrorisme sont
destinées à compléter et soutenir celles du
gouvernement afghan. Les forces américaines
continuent d'être à l'abri de la loi afghane si elles
commettent des infractions pénales ou civiles dans le pays.
Décrire les actions des États-Unis et de
l'OTAN en Afghanistan comme des « missions »
c'est chercher à faire croire aux naïfs que dans
l'intervention de l'impérialisme américain il y a du
« bon et du mauvais ». C'est un effort pour
cacher leurs objectifs sinistres et bloquer la
formation de l'opinion publique contre les objectifs de guerre des
États-Unis.
Les peuples en lutte contre la
mondialisation néolibérale
et le terrorisme d'État
Les activistes s'opposent au Sommet de l'APEC
à
Manille du 12 au 20 novembre
Des activistes venus de partout dans le monde se sont
réunis à Manille, la capitale des Philippines, lors de la
tenue de la Semaine de dirigeants économiques de 2015 du 12 au
20 novembre, pour s'opposer à la destruction nationale
néolibérale qui est commise par la Coopération
économique Asie-Pacifique
(APEC).
L'action principale a eu lieu le 19 novembre, la
journée où les dirigeants du monde se sont réunis
dans le cadre du Sommet de l'APEC. Malgré la politique de
« pas de permis, pas de rassemblement » du
gouvernement de la présidente Aquino et la présence d'un
grand nombre de policiers
anti-émeute, les travailleurs, les femmes et les peuples
autochtones ne se sont pas laissés démonter et se sont
assurés de faire entendre leur voix.
Pinoy Weekly a rapporté que
« les forces de sécurité de l'État de
la présidente Aquino ont fait tout [ce qu'elles pouvaient] pour
empêcher les protestations : elles ont déclaré
une « politique de pas de permis, pas de
rassemblement », érigé des barricades de
police dans une
grande partie de la ville de Manille, bloqué et, dans certains
cas, détenu des manifestants provenant des provinces. Dans la
soirée du 18 novembre, les policiers ont bloqué toutes
les issues de l'église rédemptoriste Baclaran, où
700 personnes de Lumad et Mindanao avaient campé après
avoir été chassées du parc
de la liberté Liwasang Bonifacio. [ Elles] ont
déployé des centaines de policiers provenant de
différentes provinces [...] à Liwasang Bonifacio.
« Aquino n'a pas réussi à
freiner les protestations.
« Dans la matinée du 19 novembre, on
estime que 10 000 personnes ont fait irruption d'un seul coup sur
l'avenue Taft et ont défilé de Kalaw à Buendia,
où une phalange armée des forces spéciales de la
PNP [Police nationale des Philippines] leur a bloqué le chemin.
Les manifestants ont marché le
long de Buendia, jusqu'à ce qu'ils soient arrêtés
par une foule de policiers anti-émeute et des fourgons
cellulaires près du coin du boulevard Roxas et
Buendia. »
Beaucoup de gens venus de l'étranger pour
exprimer leur opposition à l'APEC se sont joints aux activistes
locaux. Le site philippin Bulatlat.com a rapporté le 14 novembre
que « 350 activistes provenant de 36 pays sont
[arrivés] dans la capitale des Philippines cette
semaine ».
Lors d'une conférence de presse le 13 novembre
à Quezon City, le réalisateur canadien de
télévision et de cinéma Malcolm Guy a
déclaré aux journalistes qu'ils sont à Manille
pour présenter « un autre point de vue sur
l'économie mondiale, sur la question des peuples autochtones,
une opinion qui est
partagée par les peuples de partout ». Guy est le
secrétaire général de la Ligue internationale de
la lutte des peuples (ILPS). La Ligue a tenu son assemblée
à Manille la semaine dernière avec la participation de
délégués provenant de 91 pays.
Guy a dit que les promesses de l'APEC de
« construire un monde meilleur et une économie
inclusive » sont frauduleuses et que l'APEC sert les
intérêts des riches élites dirigeantes tandis que
le reste du monde est confronté à « la
destruction de l'environnement, à la militarisation
insidieuse, aux catastrophes causées par les changements
climatiques telles que le typhon Yolanda (Haiyan ) ici, aux
Philippines, et à des conditions de travail précaires et
des salaires en baisse ».
Les peuples autochtones luttent pour leur droit
d'être
Une question importante qui est ressortie durant les
manifestations anti-APEC est la situation des peuples autochtones
partout aux Philippines.
Dans le sud des Philippines, les peuples autochtones
sont connus collectivement sous le nom de Lumad. Ils ont
organisé une « caravane et une mobilisation
populaires des communautés rurales de Mindanao au coeur de
Manille afin d'exiger une action immédiate contre les meurtres
commis contre les
Lumad au nom de la militarisation et du pillage par les grandes
entreprises minières et les plantations ». La
caravane a été dénommée
« Manilakbayan ng Mindanao ». Les Lumad ont
dénoncé les attaques contre leurs écoles et leurs
communautés et les meurtres commis contre leurs dirigeants,
qui font partie de l'assaut du gouvernement contre les peuples
autochtones. Les actions des Lumad ont mis en lumière la dure
vérité que les promesses de prospérité de
l'APEC ne sont que pour les monopoles et se font au détriment du
droit d'être des peuples autochtones.
« C'est consternant de voir que notre propre
gouvernement est beaucoup plus disposé à écouter
les investisseurs étrangers au sommet de l'APEC, en agissant
comme un proxénète qui vend la richesse des Philippins,
qui vend nos terres ancestrales aux pays étrangers pour qu'ils
investissent dans notre
pays », a déclaré Datu Jomorito Goaynon,
porte-parole du Manilakbayan.
Bulatlat.com a rapporté que les manifestants
anti-APEC se sont « préparés à
l'intensification des restrictions imposées par les forces de
sécurité cette semaine, dans le sillage des attaques
terroristes à Paris, en France, par des gens
soupçonnés d'appartenir à l'État islamique
(EI), qui ont tué 129
personnes » et que « .... Aquino tente de bien
paraître en offrant ses condoléances aux victimes des
attentats de Paris, alors qu'elle ignore les appels à
arrêter les tueries et les attaques continuelles contre les
communautés des Lumad à Mindanao ».
Une autre caravane provenant du nord des Philippines, de
la région nordique de Luzon, s'est aussi jointe aux
manifestants. Marjo Malubay, du Pinoy Weekly, a
rapporté que « des groupes du nord de Luzon ont
organisé une caravane surnommée 'Martsa ti Amianan' pour
se rendre à
Manille afin de prendre part aux manifestations contre l'APEC.
« La caravane est constituée
essentiellement d'autochtones et de paysans de la région de
Cordillera, de la vallée de Cagayan, Isabela, et Ilocos.
« La caravane s'est unie à celle des
délégués 2015 de Manilakbayan ng Mindanao
provenant de Mindanao afin de se joindre à la Campagne des
peuples contre l'APEC et contre la mondialisation impérialiste
(PCAIG). La campagne de protestation vise à mettre en
lumière, entre autres choses, les
violations des droits humains et la dévastation de
l'environnement causées par des décennies de destruction
aux mains des industries d'extraction des ressources et de leurs
projets miniers à grande échelle et
énergétiques. [...]
« Selon Amianan Salakniban, le réseau
des droits humains et environnementaux du nord de Luzon, les
opérations d'extraction des multinationales n'entraînent
pas seulement d'énormes dégâts environnementaux
mais aussi le déplacement de leurs terres des paysans et des
peuples autochtones.
« Ceux qui se battent pour défendre
leurs terres deviennent des victimes de violations des droits humains
et des exécutions extra-judiciaires », a
déclaré Fernando Mangili, porte-parole du Amianan
Salakniban. Il a ajouté que seulement l'année
dernière, cinq militants écologistes et défenseurs
des
communautés minières ont été tués
par des membres de l'armée.
« Les données du Bureau des Mines et
des géosciences sur les concessions minières montrent que
sur les 999 demandes de concessions minières aux Philippines,
497 sont dans le nord de Luzon. Trois des plus anciennes mines
(Lépante, Benguet Corp et Philex) sont toujours en
opération à
Benguet. »
Parmi les autres sociétés minières
responsables de la destruction de l'environnement social et naturel aux
Philippines se trouve l'entreprise canadienne Barrick Gold qui a
acheté Placer Dome en 2006. Dans un article publié le 31
mars 2014 sur le site earthrights.org, et intitulé,
« Barrick Gold impose
des dispositions de règlement coercitives perpétuant le
legs de dommages causés à l'environnement »,
Michelle Harrison souligne la destruction massive causée par
Placer Dome / Barrick Gold :
« Pendant des décennies, Placer Dome a
exploité deux mines dans la province de Marinduque et
jeté intentionnellement des centaines de millions de tonnes de
déchets miniers toxiques dans les zones de pêche
traditionnelle, entraînant des ruptures catastrophiques de
barrage, qui ont inondé les rivières
de déchets miniers toxiques. Durant une grande partie de cette
période, le partenaire d'affaires de Placer Dome a
été le dictateur notoire Ferdinand Marcos, jusqu'à
ce qu'il soit renversé. La société minière
a quitté l'île peu de temps après un
déversement massif de déchets toxiques en 1996, qui a
rendu la rivière
Boac « biologiquement morte ».
Les habitants de Marinduque se battent depuis ce temps
pour obtenir justice. Harrison écrit : « Depuis
2011, les parties ont entrepris des négociations pour obtenir un
dédommagement et des détails importants de l'offre de
Barrick ont été révélés. Le montant
de dédommagement proposé est
apparemment de 20 millions $US, lesquels, une fois les frais
judiciaires et les honoraires d'avocats acquittés, vont se
réduire à 13 millions $US, ce qui est beaucoup moins
que le coût projeté du nettoyage.
« Mais voici le pire : l'offre à
prendre ou à laisser de Barrick interdirait expressément
à la province d'utiliser quelque fond de règlement que ce
soit pour réhabiliter et assainir les dommages environnementaux
causés par l'exploitation de la mine ou pour stabiliser les
structures dangereuses de la
mine abandonnée par la société il y a plus d'une
décennie. Selon deux législateurs Marinduque qui ont
exprimé leur opposition aux modalités, l'accord
stipulerait 'que les montants provenant du règlement ne peuvent
jamais être utilisés pour la réparation et la
réhabilitation de l'écosystème endommagé
sur
l'île-province [ ...] ' ».
Des activistes défient l'interdiction
de
manifester au sommet du G20 à Antalya
en Turquie, les 15 et 16
novembre
Il y a eu de grandes protestations à Antalya, en
Turquie, près du site du Sommet du G20, malgré une
interdiction de manifester et de nombreuses arrestations durant les
jours qui ont précédé le sommet.
Le site Web turc bianet.org rapportait le 10 novembre
que « le gouvernorat d'Antalya a annoncé avant le
sommet que les manifestations étaient interdites. Selon le
communiqué, les activités comme les assemblées
à l'intérieur ou à l'extérieur, les
rassemblements, les manifestations, les communiqués de
presse, les occupations, la distribution de tracts, le
déploiement de bannières et la pose d'affiches sont
interdites du 9 au 18 novembre 2015 dans la presque totalité de
la ville.
« C'est la première fois dans
l'histoire des sommets du G20 que la liberté d'expression est
bannie sur une aussi grande échelle.
« Antalya est la huitième ville de
Turquie en population et une des plus importantes destinations
touristiques du pays. »
Les agences de presse
rapportent que des dizaines de
personnes ont été détenues le dimanche 15 novembre
durant une série de protestations contre le G20. Une de ces
actions avait été appelée par l'Union des jeunes
de Turquie (Türkiye Gençlik Birligi, TGB), dont beaucoup de
militants ont traversé le pays
pour se rendre à Antalya. Des centaines d'entre eux ont
porté des effigies en carton du président
américain Barack Obama et dénoncé les
interventions américaines au Moyen-Orient. La police a permis au
groupe de marcher brièvement seulement après qu'il ait
accepté d'abandonner les effigies, rapporte
l'Associated Press.
Une autre manifestation a été
organisée par des syndicats et des activistes politiques. Ils
portaient une bannière sur laquelle se lisait en turc et en
anglais : « G20 assassin, colonialiste et organisation
de guerre, hors de Turquie ! »
Plus tôt dans la journée la police a
détenu quatre manifestants qui se rendaient au lieu du sommet,
à quelque 25 km d'Antalya, pour remettre une lettre aux pays
participants. La police a aussi détenu un groupe d'une vingtaine
de manifestants qui ont refusé de subir un contrôle de
sécurité, rapporte l'agence
d'État Anadolu.
La police a arrêté quatre manifestants
à l'extérieur de l'aéroport d'Antalya, près
du lieu du sommet, rapporte l'agence turque. Sur les pancartes des
manifestants on lisait : « États-Unis,
assassins, hors du Moyen-Orient ».
Sept autres personnes ont été
arrêtées à Istanbul alors qu'elles manifestaient
devant les consulats allemand et britannique.
Manifestation à New York
Aux États-Unis, une coalition de groupes a
organisé une manifestation à New York contre le G20 et
ses propositions de guerre en réponse aux attentats de Paris.
L'appel à manifester se lisait en partie comme suit :
« Nous pleurons la mort des victimes de la
tragédie de vendredi à Paris. Mais il n'est pas suffisant
de pleurer ces morts. Nous devons aussi nous rappeler que ce qui s'est
produit à Paris est un autre terrible exemple des fruits amers
de la guerre incessante, de l'occupation, des bombardements chocs et
de la politique de changement de régime.
« Les conséquences de ces politiques
comprennent aussi la destruction de l'Irak et la crise humanitaire aux
proportions épiques en Syrie et en Irak, y compris le
déplacement de millions de personnes. C'est maintenant qu'il
faut se rappeler comment les attentats du 11 septembre 2001 ont
été utilisés
comme prétexte pour la guerre, le racisme et la
répression. »
Réorganiser le maintien de la paix
pour répondre à des objectifs de guerre
Les États-Unis convoquent un sommet
sur le
maintien de la paix de l'ONU
Un sommet des dirigeants sur le maintien de la paix
convoqué par les États-Unis a eu lieu le 28 septembre
2015 en marge de la 70e Assemblée générale
à New York.
Le sommet des dirigeants 2015 a été
précédé par une rencontre similaire l'année
dernière présidée par le vice-président des
États-Unis Joe Biden en marge de l'Assemblée
générale de l'ONU. Un certain nombre d'autres
réunions ont également été
convoquées pour examiner la question de la réforme du
système de maintien de la paix des Nations unies, y compris des
réunions régionales aux Pays-Bas, en Uruguay,
Indonésie et Éthiopie ainsi qu'une réunion des
chefs d'état-major de la défense.
Le sommet des dirigeants 2015 a été
convoqué par le président Barack Obama en
coopération avec le Bangladesh, l'Éthiopie,
l'Indonésie, le Japon, les Pays-Bas, le Rwanda, l'Uruguay et le
secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon. Il a
convoqué seulement les dirigeants de ces pays
« déterminés à
renforcer les opérations de maintien de la paix et prêts
à annoncer des engagements importants, nouveaux et concrets
envers ces objectifs ». Un peu moins de 50 chefs
d'États et de gouvernement ainsi que des agents de l'Union
européenne, de l'Union africaine et de l'OTAN ont
participé à la rencontre.
Une déclaration émise à la fin a été
signée par 43 pays. Le Canada n'en faisait pas partie.
La délégation du Canada à
l'Assemblée générale cette année
était plus petite que d'habitude. Elle était menée
par le ministre du Développement international Christian Paradis
qui ne se représentait pas à l'élection et
n'aurait assisté qu'à certains événements
en marge de l'Assemblée générale. Ni le premier
ministre d'alors Stephen Harper ni le ministre des Affaires
étrangères d'alors Rob Nicholson n'ont assisté
à l'Assemblée générale. Un bureaucrate de
haut niveau du gouvernement, le ministre adjoint des Affaires
étrangères Daniel Jean qui a prononcé une
allocution au nom du Canada, était parmi les trois
derniers orateurs le dernier jour et il n'était pas un
représentant élu.
À l'ouverture du sommet des dirigeants 2015,
Obama a dit que son but était de renforcer et de réformer
le maintien de la paix de l'ONU. « Ce n'est pas quelque
chose que nous faisons pour les autres ; c'est quelque chose que
nous faisons collectivement parce que notre sécurité
collective en
dépend », a-t-il dit. Cela était
reflété dans l'allocution prononcée plus tard par
le premier ministre britannique David Cameron : « Je
crois que ces choses sont dans notre propre intérêt
national. Lorsque les pays se disloquent, nous voyons que les
problèmes de migration peuvent nous affecter
tous. Lorsque les pays deviennent des refuges pour le terrorisme, nous
en souffrons tous. »
Obama a dit que les opérations de maintien de la
paix de l'ONU subissaient des contraintes sans précédent
et que trop peu de nations portaient un fardeau disproportionné
pour ce qui est des troupes à déployer. Il a fait
référence aux nouveaux défis, incluant
« plus de conflits armés, plus d'instabilité
créée par le terrorisme et l'extrémisme violent et
plus de réfugiés », défis auxquels les
Casques bleus n'ont plus la capacité de répondre. Il a
dit que les États-Unis travailleraient à doubler le
nombre de conseillers militaires qu'ils contribuent et à offrir
un appui logistique, incluant pour le transport aérien et
naval, ainsi que l'entraînement. Tandis que les États-Unis
financent environ 28 % du budget de maintien de la paix de l'ONU,
ils n'ont pas été traditionnellement un des pays
fournisseurs de soldats. Ils ont actuellement 39 policiers, 6 experts
militaires et 34 soldats selon le site Web de l'ONU, engagés
dans
des opérations de maintien de la paix en Haïti, au Soudan
du sud et au Liberia.
Le secrétaire
général de l'ONU Ban
Ki-Moon, qui a parlé après le discours d'ouverture
d'Obama, a dit que « les situations dans lesquelles les
Casques bleus sont déployés n'ont jamais
été aussi difficiles, tandis que les tâches se
multiplient et que nous faisons face aux extrémistes, aux
groupes criminels
et à d'autres qui n'ont aucun respect pour les lois
internationales humanitaires et les droits humains ». Il a
parlé du besoin « d'agir de toute urgence, avec
audace et collectivement » et « d'avoir des
capacités militaires prévisibles et efficaces, un
personnel de police qualifié, dont plus de
femmes officiers ainsi qu'une réserve pour demain afin de
veiller à ce que l'ONU soit à la hauteur de ces
défis et de ceux de l'avenir ». Il a dit qu'il y a
actuellement plus de 120 pays contribuant plus de 125 000 militaires,
policiers et membres du personnel civil à 16 opérations
de paix sur quatre
continents.
Le secrétaire général de l'OTAN
Jens Stoltenberg a aussi parlé au sommet des dirigeants.
Stoltenberg a offert les capacités uniques de l'OTAN pour aider
les opérations de paix de l'ONU, selon un rapport sur le site
Web de l'OTAN : « L'OTAN en fait plus avec ses
partenaires et pour eux, les
aidant ainsi à mieux faire face par eux-mêmes à
leurs défis de sécurité. Cette coopération
pour le développement des capacités joue un rôle
central dans la manière dont l'Alliance contribue à la
gestion des crises à travers le monde. » Stoltenberg
a fait valoir que l'OTAN pourrait contribuer à la protection
des forces onusiennes, en particulier dans le domaine de la lutte
contre les engins explosifs improvisés ; offrir des
possibilités renforcées en matière
d'entraînement, de formation et d'exercices ; et apporter un
soutien accru, si nécessaire, pour aider l'ONU à
améliorer ses capacités de déploiement
rapide.
Stoltenberg a évoqué la manière
dont l'OTAN pourrait examiner des demandes spécifiques
émanant de l'ONU dans le contexte de l'initiative de l'OTAN pour
le renforcement ses capacités de défense et de
sécurité s'y rapportant, et développer sa
coopération avec l'ONU pour réformer le secteur de la
défense.
Il a dit que l'OTAN était prête à renforcer son
soutien à l'ONU.
Une déclaration émise à la fin du
sommet a été signée par les gouvernements
d'Arménie, de l'Australie, du Bangladesh, du Cambodge, du Chili,
de la Chine, de la Colombie, de la Croatie, de la République de
Corée, du Danemark, de l'Espagne, des États-Unis, de
l'Éthiopie, de la Finlande, de Fidji, de
France, de la Géorgie, de l'Allemagne, du Ghana, de l'Inde, de
l'Indonésie, de l'Italie, du Japon, de la Malaisie, du
Népal, de la Norvège, du Pakistan, du Pérou, des
Pays-Bas, de la Roumanie, du Royaume-Uni, du Rwanda, du
Sénégal, de la Serbie, du Sierra Leone, de la
République tchèque, de la Turquie, du
Sri Lanka, de la Suède, de la Thaïlande, de l'Ukraine, de
l'Uruguay et du Vietnam.
Les pays signataires s'engagent à soutenir les
réformes sur la façon dont le maintien de la paix de
l'ONU est organisé et pris en charge. Ils « saluent
les efforts pour avancer la cause de la réforme par le rapport
du secrétaire général intitulé 'L'avenir
des opérations de paix : Mise en oeuvre des
recommandations du Groupe d'étude sur les opérations de
maintien de la paix' et le rapport du Groupe d'étude sur les
opérations de maintien de la paix. »
Entre autres choses, la déclaration
réaffirmait la protection des civils en tant que
responsabilité solennelle et commune et
« reconnaît le rôle crucial joué par les
organisations sous-régionales et régionales pour faire
face à certains des défis de stabilisation les plus
difficiles au monde, et de souligner notre
engagement à soutenir les partenariats et la coopération
entre l'ONU et ces organisations pour contrer les menaces à la
paix et à la sécurité internationale. »
Le journal The Guardian rapporte que les
engagements totaux ont été plus de trois fois plus
élevés que la cible originale de la Maison-Blanche. Plus
de 40 000 soldats et policiers, et plus de 40
hélicoptères, 22 compagnies d'ingénierie, 11
unités navales et fluviales, ainsi que 13 hôpitaux de
campagne ont été engagés.
On rapporte que la Chine a pris le plus grand engagement
en disant qu'elle voudrait établir une force de maintien de la
paix de secours de 8 000 soldats et une brigade permanente de police.
Elle s'est aussi engagée à contribuer 100 millions $
en assistance militaire à l'Union africaine. En annonçant
la
contribution de son pays, le président Xi Jinping a dit que la
Chine préconise le respect des principes de base du maintien de
la paix et se plie aux principes établis dans la Charte des
Nations unies. Il a dit que les résolutions du Conseil de
sécurité de l'ONU devraient être
complètement appliquées sans qu'aucune
nation n'agisse en dehors de son autorité.
Une autre contribution importante est venue de la
Colombie. Prenant la parole au Sommet, le président Juan Manuel
Santos a cité les « succès à combattre
le terrorisme, le trafic de drogue, l'insurrection et le crime
international » de son pays, succès que la Colombie
était maintenant prête à
partager avec le monde. Il s'est engagé à fournir trois
bataillons totalisant 5 000 soldats sur une base graduelle durant trois
ans.
Le Sri Lanka a dit qu'il fournirait aussi des soldats.
Selon The Guardian, certains responsables étaient
méfiants étant donné les crimes de guerre de
l'armée sri-lankaise pendant le conflit avec les Tigres Tamouls.
L'Italie aurait offert une contribution significative
mais l'a liée au lancement de l'opération de maintien de
la paix de l'ONU en Libye pour « endiguer le flux de
migrants ».
L'ambassadeur de l'Inde à l'ONU,
représentant le pays ayant le plus de Casques bleus
déployés a dit au Guardian que son gouvernement
demeure résolument engagé envers le maintien de la paix,
« à condition que le maintien de la paix soit ce que
nous savons ». « Les soldats
aux casques bleus, sous le drapeau bleu, sont impartiaux. Ils ne sont
pas censés être partisans. Si quelqu'un veut des soldats
pour aller combattre, il devrait engager des mercenaires, pas prendre
des soldats de l'ONU. Si le maintien de la paix doit être vu
comme une imposition de la paix, là malheureusement
nous ne voyons pas comment la Charte des Nations unies permet un tel
changement radical de l'utilisation du maintien de la
paix », a-t-il dit.
Le nouveau Mémorandum du président des
États-Unis
Une fiche de renseignements publiée sur le site
Web de la Maison-Blanche fait référence au
Mémorandum présidentiel émis par Barack Obama le
28 septembre, à l'intention des départements et des
agences du gouvernement américain, au sujet de l'appui des
États-Unis aux Opérations de paix des Nations
unies. Selon la fiche, la nouvelle politique a pour objectif
« d'assurer le leadership continu des États-Unis dans
l'aide aux opérations de maintien de la paix de l'ONU afin de
juguler les crises actuelles et de faire face aux défis de
demain ». Selon ce que certains ont rapporté, le
Mémorandum est le
premier document d'orientation présidentiel en matière
d'opérations multilatérales de paix en plus de 20 ans. La
fiche de renseignements mentionne que le Sommet des dirigeants sur le
maintien de la paix a été le point culminant d'efforts de
plus d'un an pour combler les manques critiques des missions de
maintien de la paix, des efforts qui ont été
initiés lors de la tenue d'un sommet de dirigeants il y a un an
coprésidé par le vice-président Biden des
États-Unis.
La fiche énumère les actions que les
États-Unis sont prêts à entreprendre pour
« renforcer et moderniser les opérations de l'ONU
d'une façon qui sied à une ère
nouvelle », en bâtissant une capacité de
partenariat, en étendant les contributions des États-Unis
et en étant le moteur de réformes.
Les mesures mentionnées comprennent le renforcement de l'ONU,
des TCC (les pays qui y engagent des troupes), les PCC (les pays qui y
engagent des forces policières), la préparation aux
actions sur le terrain par des exercices militaires,
l'approfondissement des
relations de militaires à militaires entre les partenaires des
TCC et la fourniture de l'expertise des États-Unis à la
formation, la planification, la doctrine, et l'analyse des
situations ; l'appui à une plus grande coopération
entre l'ONU et les organisations régionales de manière
à renforcer les opérations de
paix des États-Unis et les transitions qui s'opèrent au
sein des opérations.
En ce qui concerne la meilleure coopération entre
l'ONU et les organisations régionales, le Mémorandum
d'Obama indique que le département d'État « va
intensifier les consultations avec les partenaires internationaux
concernés sur les moyens de permettre à l'ONU et aux
autres organisations, dont
l'Union africaine, l'Union européenne et le Traité
d'organisation de l'Atlantique nord, de coopérer pour
étendre le bassin collectif de troupes et de forces
policières de haut calibre et déployables rapidement
à la disposition de l'ONU et des autres opérations
multilatérales de paix. Ces consultations vont également
porter sur l'identification des zones où des forces d'appoint
extérieures à l'ONU peuvent être requises pour
créer les conditions au suivi des missions de l'ONU ».
La fiche de renseignements mentionne que les
États-Unis vont « considérer plus activement
et faciliter la mise à la disposition des opérations de
paix de l'ONU de personnel militaire, policier et civil des
États-Unis », tout en indiquant que ces forces
devront toujours être sous commandement
américain. Le Mémorandum nuance cette politique
établie de longue date des États-Unis en disant qu'en
tant que Commandant en Chef, le président est investi de
l'autorité de placer les troupes des États-Unis sous le
contrôle opérationnel d'un commandat étranger s'il
juge que cela sert les intérêts de sécurité
nationale des États-Unis.
Le Mémorandum énumère les
considérations qui guident les États-Unis dans leur
effort de réforme du régime de maintien de la paix, soit
la sécurité nationale des États-Unis, la
réduction des coûts et des risques auxquels ils font face,
les occasions d'améliorer les liens avec les militaires des
autres pays et
l'expérience sur le terrain. Il explique aussi pourquoi les
États-Unis se considèrent « bien placés
pour jouer un rôle dirigeant dans le processus de réformes
et le façonnement de l'avenir des opérations de paix de
l'ONU ».
On y lit :
« Comme l'avait expliqué la
Stratégie de sécurité nationale de 2015, les
États-Unis ont un intérêt de sécurité
nationale vital à la mitigation de la fragilité des
États et à la prévention, au confinement et
à la résolution des conflits armés. Il y a en ce
moment des dizaines d'États fragiles et affectés par des
conflits. Leur nombre augmente et pourrait continuer d'augmenter dans
la prochaine décennie et par après. Laissés
à eux-mêmes, plusieurs de ces États fragiles qui
sont infestés de confits et dont le développement stagne
pourraient devenir un foyer de l'extrémisme violent ; ils
pourraient constituer un
terrain sûr propice à être exploité par les
terroristes et les criminels transnationaux ; cela pourrait
générer de vastes flots de réfugiés et de
personnes déplacées qui pourraient déstabiliser
les pays voisins et semer l'instabilité régionale ;
cela pourrait également créer des urgences humanitaires,
faciliter
la propagation de maladies pandémiques et accroître le
risque d'atrocités commises sur une vaste échelle. Les
États-Unis ont un intérêt de sécurité
nationale pressant à la prévention du
déclenchement, de l'escalade et de la propagation de conflits
qui pourraient contribuer à ces menaces, mais nous ne pouvons
pas
et ne devrions pas assumer nous-mêmes tout ce fardeau. Au
contraire, il est dans notre intérêt de renforcer les
mécanismes de réponse internationale qui font en sorte
que le fardeau est partagé mondialement.
« Les opérations multilatérales
de paix, en particulier les opérations de paix des Nations unies
(ONU), vont donc continuer d'être parmi les premiers outils
internationaux que nous allons utiliser pour faire face aux crises
liées au conflit. Ces opérations comprennent un vaste
éventail d'interventions de
prévention de conflit, de maintien de la paix et de
consolidation de la paix, autorisées par le Conseil de
sécurité de l'ONU. L'étendue et la portée
des activités qui sont menées à l'heure actuelle
dépassent de beaucoup ce qu'elles étaient lorsque le
dernier document formel d'orientation a été émis
par le président
(la Directive décisionnelle présidentielle numéro
25 du 3 mai 1994). Le présent mémorandum tient compte de
l'évolution qu'ont connue les opérations de paix de l'ONU
ces vingt dernières années. La Directive numéro 25
est toujours valide sauf là où elle pourrait être
contredite par ce mémorandum.
[...] »
« Dans certains cas, ces opérations
sont déployées dans des pays comme Haïti et le
Liberia où, s'il n'y avait pas eu d'opération de maintien
de la paix de l'ONU, les liens historiques et autres auraient pu mener
à un déploiement à plus long terme de troupes des
États-Unis, ce qui aurait entraîné des
risques et des coûts plus grands pour le pays. Les
États-Unis tirent d'autres bénéfices indirects de
notre appui aux opérations de paix de l'ONU, notamment la
collaboration accrue de militaires à militaires et les liens
diplomatiques et autres avec les pays auxquels nous fournissons de la
formation. Le personnel
militaire, policier et civil des États-Unis qui est
déployé dans ces missions y gagne une expérience
unique sur le terrain en travaillant côte-à-côte
avec le personnel de plusieurs autres pays. Les forces militaires
participant aux opérations de paix de l'ONU peuvent aussi
remplacer les forces militaires nationales ou
d'une coalition une fois que la région a passé d'une
crise immédiate à un environnement plus permissif.
« Les États-Unis ont des raisons
pressantes d'appuyer une conduite effective des opérations
multilatérales de paix de l'ONU ou d'autres forces mais nous
devons faire preuve de jugement en ce qui concerne leur
déploiement parce qu'elles ne sont pas la réponse
appropriée dans tous les cas. [...]
« En tant que tel, les opérations de
paix ne peuvent pas se substituer aux solutions diplomatiques pour
mettre fin à une guerre, ni aux interventions militaires plus
musclées qui doivent être menées dans des
environnements non permissifs par des États individuels ou des
coalitions qui ont la volonté et la
capacité de le faire. [...]
« Les États-Unis sont bien
placés pour assumer un rôle dirigeant en tant que moteur
des réformes et du façonnement de l'avenir des
opérations de paix de l'ONU, en travaillant étroitement
avec l'ONU et des partenaires dans chaque région. En tant que
membre permanent du Conseil de sécurité de
l'ONU, nous jouons un rôle clé lorsqu'il est question
d'élaborer et d'autoriser le mandat de chaque opération.
En tant que premier contributeur financier au maintien de la paix par
l'ONU, nous examinons le budget de chaque mission, de même que
les règles et les règlements et les politiques qui
gouvernent
l'allocation et le contrôle des ressources. En tant que premier
pourvoyeur de formation et d'équipement pour les contingents
militaires et de police, nous avons un rôle à jouer dans
la promotion des plus hauts standards de conduite et de discipline. En
dernière analyse, les États-Unis ont un
intérêt important et
sont en position d'influence dans les opérations
multilatérales de paix et les systèmes qui les supportent.
« Conséquemment, conformément
à la Stratégie de sécurité nationale de
2015, à l'Examen quadriennal de 2015 de la diplomatie et du
développement, à l'Examen quadriennal de 2014 de la
défense et à la Stratégie militaire nationale de
2015, ce sera la politique des États-Unis de renforcer et de
moderniser les opérations de paix des Nations unies. Nous le
ferons au moyen de trois principaux axes d'efforts :
A. La construction de la capacité de partenariat
pour appuyer les opérations de paix de l'ONU ;
B. La mise à contribution de l'appui
diplomatique, des capacités opérationnelles et du
personnel des États-Unis et
C. La direction et l'appui fournis aux efforts de
réforme systémique à l'ONU.
« Tous les départements et les agences
exécutifs vont faire en sorte que la priorité
présidentielle que les États-Unis attachent à des
opérations multilatérales de paix effectives, et les
grands axes d'efforts qui appuient cet objectif, sont
reflétés de façon adéquate dans les
documents d'orientation en matière
de stratégie, de politique et de planification
nationale. »
Voici ce qui sert de préface à la liste
des réformes que selon Obama les États-Unis vont
promouvoir : « Compte tenu des implications pour les
intérêts de sécurité nationale des
États-Unis et les engagements en terme de ressources, les
États-Unis doivent continuer à être le moteur de la
réforme
des opérations de paix de l'ONU et des opérations
régionales. »
Commentaire sur l'approche des États-Unis en
matière de maintien de la paix
Dans son intervention à un forum sur la
réforme des opérations de maintien de la paix de l'ONU
tenu à Washington en mars 2015, le secrétaire
d'État adjoint Antony J. Blinken a donné un exemple de ce
qui
constitue à ses yeux une opération de paix moderne
effective : « Le mois dernier , le 10 février,
la MINUSCA et les forces françaises [i.e. les forces de l'ancien
dirigeant colonial du pays] ont livré bataille aux rebelles de
la République centrafricaine sans subir de pertes ou de
blessures parmi les
troupes ou les civils. Peu après l'opération, le
dirigeant de la rébellion a ordonné à ses troupes
de quitter les édifices du gouvernement et a ouvert la porte
à la paix en permettant des consultations à la
base. »
Paul D. Williams, une personnalité
académique associée à l'Institut international
pour la paix, basé aux États-Unis, a écrit ce qui
suit dans Foreign Affairs au sujet du maintien de la paix
par l'ONU et de la nouvelle politique des États-Unis :
« Depuis une décennie, l'ordre du jour de
maintien de la paix de l'ONU et du Conseil de sécurité de
l'ONU a été centré principalement sur l'Afrique
subsaharienne. Cela est dû en partie aux multiples crises qui
n'ont cessé d'affecter ce continent. Mais c'est dû aussi
au fait que les décisions de déployer les
opérations de paix de l'ONU en Afrique ont été
moins controversées en général que celles
d'envoyer des troupes dans d'autres régions, notamment au
Moyen-Orient. Malheureusement pour les Nations unies, la plupart des
pays membres considèrent cette région comme leur plus
faible priorité géostratégique et ceci a rendu
très difficile la mobilisation pour les
opérations de maintien de la paix qui y ont été
déployées. Toutefois, si l'on considère l'horizon
stratégique, on voit apparaître des scénarios
plausibles dans lesquels les opérations de maintien de la paix
de l'ONU pourraient se déplacer vers le grand Moyen-Orient, en
Libye par exemple, ou en Syrie, au Yémen,
ou en Europe de l'Est, en Ukraine par exemple. Ces conflits sont
également plus importants stratégiquement pour les
puissances occidentales et la création d'une force robuste y
serait considérée comme étant plus importante pour
elles que pour les pays africains. [...]
« L'administration Obama a bien
évalué la situation quand elle a conclu que le
renforcement du système de maintien de la paix de l'ONU va
dépendre de la possibilité de convaincre les anciens
membres de la Force internationale d'assistance et de
sécurité (FIAS) en Afghanistan de contribuer de
façon
significative aux opérations de paix de l'ONU. Certains pays
membres de la FIAS, comme l'Australie, la Géorgie, l'Allemagne,
la Corée du Sud, la Roumanie et la Turquie, n'ont pas
engagé des troupes et de ressources en quantité dans le
passé dans les opérations de maintien de la paix de
l'ONU. D'autres, dont
le Canada, la Finlande, la France, l'Irlande, les Pays-Bas, la Pologne
et le Royaume-Uni, ont une vaste expérience des lignes de front.
D'une façon ou d'une autre, avec la fin de la campagne en
Afghanistan, plusieurs membres de la FIAS vont se retrouver avec des
troupes qui sont libres pour d'autres missions,
incluant peut-être des missions des Nations unies. »
Au calendrier d'activités
Rassemblement à Vancouver à la
défense de la révolution bolivarienne à l'occasion
des élections législatives du 6 décembre au
Venezuela
Dimanche
6
décembre
à
13
h
Devant le consulat des États-Unis,
1075, rue W. Pender
|
|
Dimanche le 6 décembre ont lieu les
élections à l'Assemblée nationale du Venezuela.
À cette occasion, des rassemblements en appui au peuple du
Venezuela sont organisés.
- Ne touchez pas au Venezuela !
- Respectez la souveraineté du Venezuela !
- Levez toutes les sanctions contre le Venezuela ;
annulez l'Ordonnance exécutive du 9 mars du président
Obama contre le Venezuela
- Mettons fin au financement de l'opposition de droite
par les États-Unis, à la déstabilisation et aux
tentatives de coup
- Mettez fin à la campagne de calomnies des
médias
Rassemblements aux États-Unis
Los Angeles : Samedi 5 décembre à 13
heures devant l'édifice du CNN au 6430 W. Sunset Blvd. Pour
accéder a la page Facebook de l'événement, cliquer
ici.
New York : Dimanche 6 décembre à 13
heures au consulat du Venezuela, 7 East 51st St. Pour
télécharger le tract, cliquer ici.
San Francisco : Dimanche 6 décembre à
13 heures, coin 24th et Mission. Pour télécharger le
tract, cliquer ici.
Les informations sur les autres actions seront
disponibles. Vous pouvez faire parvenir les informations sur votre
événement à info@cuba-venezuela.org qui seront
affichées sur le site Web du Comité de solidarité
États-Unis-Cuba-Venezuela : www.cuba-venezuela.org.
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