Numéro 38 - 28
octobre 2015
Résultats de la 42e
élection fédérale
Le coup électoral et le
besoin de
renouveau démocratique pour investir le peuple du pouvoir de
décider
Manifestation
devant le débat des chefs à Montréal le 24
septembre 2015
23e
anniversaire
de
la
défaite
de
l'Accord
de
Charlottetown
• La signification de l'accord de Charlottetown
et de sa défaite il y a 23 ans
- Anna Di Carlo -
• Trois livres de Hardial Bains
20e anniversaire du
référendum de 1995
• Les droits de la nation
québécoise et une constitution moderne
du Québec
et du Canada restent à l'ordre du jour
- Louis Lang -
• Les principes de la nation moderne
- Christine Dandenault -
Le monde exige la fin
du blocus des États-Unis contre Cuba
• L'assemblée générale de
l'ONU vote une résolution
condamnant le blocus américain
À titre
d'information
• Les mesures exécutives adoptées
par le président Barack
Obama et leurs limitations
• Prérogatives dont dispose le
président étasunien pour continuer de
modifier
concrètement le blocus sans avoir à passer par le
Congrès
• Principales mesures relevant du blocus
appliquées
après le 17 décembre 2014
Porto Rico
• Dix ans après
l'assassinat de Filiberto
- Julio A. Muriente Pérez -
70e anniversaire du
Parti des travailleurs de Corée
• Des célébrations marquent cet
anniversaire historique
Opposition au
bellicisme des impérialistes américains
et à leur
occupation du Japon
• Le gouverneur d'Okinawa prend une position
audacieuse
contre l'occupation militaire américaine
• Le gouverneur fait appel aux Nations unies
pour arrêter
la construction de la base américaine d'Henoko
Résultats de la 42e
élection fédérale
Le coup électoral et le besoin
de renouveau
démocratique pour investir
le peuple du pouvoir de décider
Le 42e parlement du Canada
élu le 19 octobre est
constitué de 338 députés, soit 30 de plus que le
41e parlement issu de l'élection générale de 2011.
Le gouvernement libéral majoritaire a 184 sièges. Son
chef, Justin Trudeau, sera premier ministre du nouveau gouvernement.
Les libéraux avaient seulement 36 sièges à la
dissolution du Parlement
le 2 août.
Le Parti conservateur a 99 sièges et formera
l'Opposition officielle. Sa majorité à la dissolution du
41e parlement était de 162 sièges. Le Nouveau Parti
démocratique a fait élire 44 députés,
comparé à 95 dans le dernier parlement, où il
formait l'Opposition officielle. Le Bloc québécois a fait
élire 10 députés, comparé à 2
à la dissolution du
Parlement. Le Parti vert a fait élire une seule
députée, son chef Elizabeth May.
Le taux de participation à cette élection
est de 68,49 %, c'est-à-dire que 17 559 353 des 25 638 379
électeurs enregistrés se sont prévalus de leur
droit de vote. C'est 2 838 773 millions de plus qu'à
l'élection fédérale de 2011.
Le Parti marxiste-léniniste du Canada (PMLC)
écrivait à la veille de l'élection dans son
bulletin Le Renouveau :
« L'histoire de cette élection c'est
comment la caste dirigeante du Canada a décidé des choix
et s'est organisée pour qu'ils se réalisent. Elle veut un
gouvernement libéral majoritaire. Cela ne fait pas l'ombre d'un
doute. Ce sera le statu quo sur tous les grands dossiers en escomptant
qu'une fois l'extrémisme ouvert du gouvernement
Harper mis au rancart, tout reviendra à la 'normale', les
dirigeants vont gouverner et les dirigés vont être tenus
en échec. »
Le PMLC maintient cette opinion après le
dépouillement des votes. Il est intervenu dans cette
élection dans le cadre de son travail de mobilisation des
travailleurs pour qu'ils entreprennent de devenir une force politique
de plein droit, pour ne pas être en proie à la
dépolitisation que les cercles dominants imposent au corps
politique. Le but des
monopoles sur le front politique est de faire de l'électorat un
marché à créneaux tout comme ils le font sur le
front économique. La classe dominante formule les choix et le
but de la campagne électorale est de choisir celui qui
conviendra le mieux. C'est la méthode qui a été
utilisée pour choisir le chef libéral en 2013.
Le PMLC a soulevé le besoin de donner au Canada
un but qui défend les droits du peuple. Il a également
soulevé le besoin de renouveler le processus démocratique
de manière à investir le peuple du pouvoir de
décider. Notre appel à la classe ouvrière, aux
femmes
et aux jeunes était de trouver le moyen d'intervenir dans
l'élection de manière à
garder l'initiative dans leurs mains et que cela pouvait être
fait en votant selon leur conscience, en votant d'une manière
à en faire une déclaration qu'ils sont contre l'offensive
antisociale néolibérale.
Maintenant que l'élection est terminée, on
nous dit que tout le monde doit oublier les affaires politiques pour un
bout de temps et retourner à son train-train quotidien. Certains
disent que le rôle de la classe ouvrière et du peuple
maintenant que l'élection est terminée est de faire des
pressions extraparlementaires sur les députés, surtout
les
députés fédéraux, pour qu'ils donnent suite
à leurs promesses électorales, de les tenir à
l'oeil. Bref, le peuple est censé retourner à son
rôle de spectateur parce que le pouvoir politique ne lui
appartient pas.
Les promesses faites par les libéraux
sont
davantage une expression des nouveaux arrangements que les cercles
dirigeants veulent instituer dans différents domaines. Il faut
les examiner de près et s'assurer que les travailleurs et le
peuple puissent défendre leurs intérêts dans cette
situation. Ils ne peuvent se permettre d'avoir des illusions que les
droits de tous seront défendus sans leur participation. Il n'est
pas suffisant de dire que les libéraux vont faire la même
chose que les conservateurs mais par « des voies
ensoleillées », pour citer Justin Trudeau, qui citait
Wilfrid Laurier. Mais la situation aujourd'hui n'est pas la même
que dans le temps de Laurier, qui est arrivé au
pouvoir au moment de la guerre des Boers. L'analyse doit toujours
partir du présent. Les références au passé
servent à se donner un guide à l'action pour le
présent, pour ouvrir la voie au progrès de la
société dans le présent. La pression sur la
pensée est telle qu'on ne voit pas ce qui est devant nos yeux
mais seulement une idée de ce qui est
devant nos yeux. C'est le voile de l'ignorance qu'il faut lever.
Le désir de changement des Canadiens est
très profond. Ils veulent que les questions de la direction de
l'économie et du pays, de sa souveraineté, de la guerre
et de la paix et toutes celles qui leur sont reliées soient
abordées dans la perspective des intérêts du
peuple, ici et dans le monde. D'où l'importance de ne pas
succomber à la pression de
devenir spectateur de ce que les libéraux décident de
faire et de se contenter de « tenir le gouvernement à
l'oeil » pour qu'il garde ses promesses. La classe
ouvrière et le peuple doivent formuler des positions qui vont
doter les Canadiens d'un projet d'édification nationale qui soit
dans leur propre intérêt et qui favorise la paix dans le
monde.
C'est pour cela que le PMLC organise des rencontres
partout au pays dans les endroits de travail, les maisons
d'éducation, les quartiers et les résidences pour
aînés pour discuter des résultats de
l'élection et des mesures que prendra le nouveau gouvernement.
Ce que veut dire l'élection d'un gouvernement
libéral majoritaire
Le PMLC croit que la chose qui a le plus hanté
les électeurs dans cette élection est le système
de partis qui les marginalise et les empêche d'exercer un
contrôle sur les décisions qui les affectent. Ils ne sont
pas directement organisés politiquement mais sont censés
choisir un parti politique qui formera le gouvernement avec lequel ils
ont peu ou pas de contact.
Les citoyens voient l'élection comme la seule
occasion qu'ils ont de participer aux prises de décisions,
d'être pour ainsi dire les décideurs, mais le
système de partis fait en sorte que leur participation aux
affaires politiques est réduite à celle de spectateurs et
de masse votante.
À cet égard, l'élection
d'un
gouvernement libéral majoritaire n'élimine pas le
désir de changement des Canadiens partout au pays. Deux jours
avant l'élection, les sondages établissaient à
plus de 70 % les électeurs qui voulaient un changement par
rapport au gouvernement et à la direction
néolibérale dans laquelle il entraîne le pays. Le
plan de l'élite politique et économique était de
contrôler la situation pour que les travailleurs n'occupent pas
l'espace du changement avec leur demande d'une nouvelle direction pour
l'économie, pour les affaires politiques et pour le pays. C'est
grosso modo à cela que lui sert l'élection d'un
gouvernement libéral majoritaire.
Le processus électoral a été
adapté pour enchâsser un système de partis de
cartel qui garantit la marginalisation du peuple. Le changement sous
contrôle de l'élite capitaliste dominante consiste
à changer le parti cartel au pouvoir sans changer la direction
de l'économie ou le contenu des relations extérieures.
C'est dans ce contexte qu'il faut voir
les changements que proposeront les libéraux, la mission qu'ils
vont donner au Canada et si cela sert les besoins des Canadiens et si
cela contribue à l'établissement de relations de paix
à l'échelle internationale.
Le processus électoral qui porte des partis au
pouvoir sert à manipuler et à accabler le désir de
changement par rapport à la direction néolibérale.
Le coup électoral qui a donné un gouvernement
libéral majoritaire a essentiellement pour mission de consolider
la direction néolibérale actuelle de l'économie et
tout ce qui en découle. Ce n'est que le
plus récent d'une suite de coups électoraux en faveur des
libéraux au niveau provincial, à commencer par la
Colombie-Britannique avec le gouvernement libéral de Christy
Clark, l'Ontario avec le gouvernement libéral de Kathleen Wynne
et le Québec avec le gouvernement libéral de Philippe
Couillard. Puis dans les provinces atlantiques les
libéraux ont réussi à se faire élire
systématiquement depuis quelques années. Bien qu'ils
promettent le changement, ces gouvernements libéraux poursuivent
à coup sûr dans la direction néolibérale. Le
seul bip sur le radar est l'élection provinciale en Alberta,
où les circonstances ont fait qu'un gouvernement NPD a
été élu, en grande partie parce que
la classe ouvrière s'est mobilisée.
L'élite dominante a façonné le coup
électoral de Trudeau en dépit des nombreuses
rivalités pour le pouvoir dans ses rangs. Le changement de garde
signifie que des postes lucratifs vont aller à des intimes du
Parti libéral. Le changement du parti cartel au pouvoir signifie
également que les contrats fédéraux et les
subventions aux entreprises
devront sans doute être négociés de manière
à donner plus de pouvoir, d'influence et d'accès à
des intimes du parti.
Justin Trudeau a dit qu'un gouvernement libéral
fera de grandes dépenses en infrastructures, ce qui veut dire
qu'il devra déterminer d'où l'argent viendra et quelles
entreprises privées obtiendront les contrats. L'élite
gouvernante a transformé les gouvernements en centres de
distribution de fonds publics et de pouvoirs aux intérêts
privés les
mieux connectés.
La considération première face au
processus électoral dominé par les partis est de
mobiliser le peuple pour réaliser son désir de changement
par un programme qui y mène. C'est en marginalisant le peuple
que le droit de monopole et les intérêts privés
étroits parviennent à supplanter le droit public et
l'intérêt public.
La participation à la politique est un moyen
essentiel de participer à la résolution des
problèmes de la société. L'élite
capitaliste dominante ne veut pas perdre le contrôle des affaires
politiques. Elle a continuellement modifié le système
électoral dans le sens de réduire le plus possible la
participation du peuple dans la sélection du parti de cartel
qui est appelé à prendre les décisions en faveur
de certains monopoles et de leurs intérêts privés.
La classe dominante se sert du processus
électoral dominé par les partis pour brouiller toute
notion que le peuple puisse s'investir du pouvoir de décider
lui-même. C'est la raison d'être première de ce
système. La pré-sélection des candidats par les
partis de cartel va dans le même sens, comme aussi la
présentation des élections comme une
espèce de concours entre les partis de cartel rivalisant pour le
pouvoir. La couverture médiatique incessante des partis de
cartel et de leur chef et les sondages qui déterminent lequel
est en avance sur les autres font de la politique une
compétition sportive.
Les énoncés de principe des partis de
cartel servent à renforcer la notion qu'un de ces partis est
mieux placé que les autres pour résoudre les
problèmes du pays. C'est leur marge de manoeuvre pour accommoder
les variantes de ce que veut l'élite dominante tout en
renforçant le rôle de spectateur du peuple.
Le rôle d'un parti politique moderne est de
mobiliser et d'activer le facteur humain/conscience sociale pour
participer directement et pleinement aux affaires politiques et ainsi
remplacer le système électoral dominé par les
partis.
La nécessité du renouveau
démocratique et
de la politique indépendante de la classe
ouvrière
Le coup électoral libéral fait
encore une
fois la démonstration de la nécessité du renouveau
démocratique. Il amène des changements qui favorisent la
classe dominante mais en même temps cela permet aussi aux
travailleurs de se
mobiliser pour occuper l'espace du changement en renforçant leur
politique indépendante et le mouvement pour investir le peuple
du pouvoir de décider. La résistance au
néolibéralisme exposera Trudeau comme un imposteur du
changement, mais c'est un fait, pas un objectif. Le seul objectif que
les travailleurs peuvent se donner est d'ouvrir la
voie au progrès de la société pour garantir les
droits du peuple. Le parti au pouvoir a changé mais l'opposition
à l'austérité néolibérale va
tôt ou tard remettre à l'ordre du jour la bataille
fondamentale du nouveau contre l'ancien.
L'élection a montré le profond
désir des Canadiens d'un changement prosocial de la direction de
l'économie et du pays. Le coup électoral libéral
n'élimine pas cette aspiration. Il montre la
nécessité du renouveau démocratique et que la
classe ouvrière développe sa politique
indépendante. C'est seulement avec sa propre pensée,
théorie et
politique pratique que la classe ouvrière peut venir à
bout des manoeuvres de l'élite dominante et réaliser le
renouveau démocratique, habiliter le peuple politiquement et
donner une direction prosociale à l'économie et au pays
en se donnant le pouvoir de restreindre le droit de monopole et
d'humaniser l'environnemental naturel et social.
Notre avenir est dans
la défense des
droits de tous !
Tous pour le renouveau du processus
politique !
23e anniversaire de la défaite de
l'Accord de Charlottetown
La signification de l'accord de Charlottetown
et de sa
défaite il y a 23 ans
- Anna Di Carlo -
Le 26 octobre 2015 était le 23e anniversaire du
référendum sur l'Accord de Charlottetown et de la
défaite des forces de l'establishment aux mains du peuple
canadien.
L'Accord de Charlottetown,
intitulé Rapport
du consensus sur la Constitution, est un accord qui a
été signé derrière des portes closes par le
premier ministre du Canada d'alors, Brian Mulroney, les premiers
ministres provinciaux et des territoires et d'autres membres de
l'élite le 28 août 1992 à Charlottetown, suite
à l'échec de
l'Accord du Lac Meech. L'objectif de l'entente était
d'enchâsser le statu quo dans la constitution et de remettre aux
premiers ministres du Canada, le premier ministre fédéral
et ceux des provinces, le droit de prendre les décisions au nom
du peuple canadien. L'accord de Charlottetown leur aurait donné
carte blanche pour faire comme bon leur
semble et le rôle du peuple canadien aurait été
réduit à voter aux quatre ou cinq ans.
Comme c'est encore le cas aujourd'hui, il y avait
à l'époque un très fort mécontentement face
au processus politique et aux politiciens qui venait du sentiment que
le peuple n'exerce aucun contrôle sur ses affaires. La question
de qui est investi de la souveraineté, le peuple ou la
monarchie, se posait dans toute sa profondeur. L'Accord de
Charlottetown préservait la clause qui investit la reine
d'Angleterre de la souveraineté et on était censé
l'accepter sous prétexte que le titre de chef de l'État
conservé par le monarque est une simple formalité. Les
Canadiens ne se sont pas laissés dérouter par cette
manoeuvre et ont maintenu que c'est le peuple qui doit être
investi de la souveraineté.
Loin de vouloir abandonner leur volonté d'être investis du
pouvoir décisionnel, ils ont démontré leur grand
intérêt à s'occuper des affaires constitutionnelles
du Canada et à décider eux-mêmes de la loi
fondamentale du pays.
Cet intérêt s'est reflété
dans les taux de participation au référendum. À
l'échelle du pays, 73 % des électeurs admissibles
ont pris part au vote. À l'élection de 1993, dans
laquelle le gouvernement conservateur de Brian Mulroney a
été réduit à deux sièges à la
Chambre des communes, le taux de participation a été de
69,6 % et il n'a
cessé de chuter depuis, sauf pour des fluctuations mineures,
depuis le creux de 58,8 % à l'élection de 2008 au
taux « élevé » de 68,1 % (non
encore officiel) à l'élection d'octobre 2015.
Le 26 octobre 1992, 7 550 723 électeurs (soit
54,2 %) ont voté non à l'Accord de Charlottetown et
6 185 902 (44,8 %) ont voté oui. Seuls Terre-Neuve, le
Nouveau-Brunswick et les Territoires du Nord-Ouest ont voté
majoritairement oui. Toutes les autres provinces de même que le
Yukon ont voté non. Ce fut presque l'égalité en
Ontario, où 49,8 % des électeurs ont voté oui
et 49, 6 % non.
Suite à leur défaite au
référendum, les élites dirigeantes ont dit qu'on
allait faire « comme si de rien n'était »
(« business as usual » pour citer Brian
Mulroney), c'est-à-dire qu'elles allaient continuer à
gouverner au moyen du pouvoir exécutif, se permettant de faire
les changements qu'elles voulaient sans amender la
constitution puisque rien dans les arrangements en vigueur ne leur
interdisait de le faire.
Depuis ce temps, les élites dirigeantes n'ont
cessé de dire non à la réouverture de la
constitution parce qu'elles ont très peur que l'effort du peuple
pour s'investir du pouvoir ne prenne le dessus. On le voit clairement
dans la plate-forme du Parti libéral à l'élection
du 19 octobre dernier, où on lit que « le
gouvernement doit se concentrer
sur les priorités de la population, et non pas se lancer dans de
nouvelles rondes de négociations constitutionnelles ».
L'abomination universelle des élites dirigeantes
à toute reprise des pourparlers constitutionnels lui vient du
référendum de 1992. Avec le référendum sur
l'Accord de Charlottetown, les Canadiens ont commencé à
établir un lien entre la constitution et les droits politiques
inhérents à la citoyenneté et leur absence de
contrôle sur les décisions qui
affectent leur vie de tous les jours.
Hardial Bains durant la
campagne pour voter non à l'Accord de Charlottetown
Hardial Bains, le dirigeant du Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste) et du Comité pour voter non
le 26 octobre, dont le parti a été le fer de lance,
écrivait :
« Cette question est devenue de plus en plus
centrée sur savoir si la constitution devait garantir ou non les
droits fondamentaux tel le droit à l'éducation ou si ce
droit et les autres droits sociaux allaient rester des
privilèges qui peuvent être retirés selon la
volonté du gouvernement, comme cela était proposé
dans la « charte
sociale » de l'Accord de Charlottetown. » [1]
« Les Canadiens ont commencé à
réaliser que la constitution canadienne ne reconnaissait pas les
citoyens qui forment le corps politique canadien, ni les droits et les
devoirs qui leur reviennent en vertu de leur appartenance au corps
politique. En même temps, cette période a vu
l'émergence des Canadiens en tant que peuple et leur
opposition à la notion raciste de 'deux peuples fondateurs'.
Cela s'est accompagné de leur revendication de la reconnaissance
de l'égalité de tous les citoyens sans distinction de
langue, d'origine nationale, etc. »[2]
Lorsque John A. Macdonald a déclaré qu'au
Canada il n'y avait « pas de droits, seulement des
privilèges », écrivait Hardial Bains, il n'y
avait aucune illusion que le gouvernement défendrait les droits
et les libertés des citoyens. Il a fait remarquer que le
rapatriement de la Constitution et l'inclusion de la Charte des
droits et
libertés en 1982 ont servi à créer
l'illusion que les droits et libertés allaient maintenant
être garantis jusqu'à un certain point. Or, lorsqu'on y
regarde de plus près, écrit Hardial Bains,
« c'est le même diktat : il n'y a pas de droit,
que des privilèges ».[3]
Le peuple canadien ne peut plus opérer dans le
cadre du régime constitutionnel existant, conclut Hardial Bains.
« Les limitations, que lui impose la
constitution par la négation de sa souveraineté et de son
droit de décider de sa constitution, et par un processus
politique et électoral qui ne lui reconnaît aucun
rôle dans le gouvernement du pays, l'empêchent d'agir pour
résoudre les problèmes auxquels il fait face. Ceux qui,
comme le premier ministre
Jean Chrétien, disent qu'il faut 'laisser de côté
la constitution' et s'occuper des 'vrais problèmes des
Canadiens', comme le chômage ou l'économie, feignent
d'ignorer cette loi de la limitation et le fait qu'elle enlève
aux
Canadiens la possibilité de s'attaquer aux multiples
problèmes qui rongent la société. »[4]
Outragés par cet effort de l'establishment
canadien pour écarter la question constitutionnelle, les membres
du Comité pour voter non le 26 octobre ont canalisé leur
colère dans un programme pratique pour investir le peuple du
pouvoir afin qu'il puisse exercer un contrôle sur ses affaires.
Le Conseil national pour le renouveau fut fondé
le 19 décembre 1992 à Toronto. Pendant une campagne de
recueillement de signatures, 25 000 personnes ont donné leur
appui officiel à la fondation du Parti canadien du renouveau en
avril 1993, une association non partisane qui allait continuer le
travail pour le renouveau du processus politique.
Une Campagne pancanadienne pour une constitution moderne et le
renouveau démocratique fut lancée à l'automne 1994.
Les deux positions diamétralement opposées
qui se sont fait jour lors de la campagne référendaire
sur l'Accord de Charlottetown montrent qu'une campagne pancanadienne
n'a rien perdu de son importance et de sa pertinence aujourd'hui. Une
position dit que la Loi sur le Canada de 1982 est quelque
chose sans intérêt pour les
Canadiens ; la démocratie canadienne « telle que
nous la connaissons » est tout à fait suffisante
à condition qu'on ne la mette pas à mal et les
problèmes auxquels les Canadiens et la société
sont confrontés relèvent de domaines non constitutionnels
comme l'économie ou les affaires sociales et culturelles, ou
peuvent être résolus
par des changements aux politiques gouvernementales. L'autre position,
qui est au coeur du programme du PCC(M-L), affirme que la
société canadienne a atteint un point où tout
développement ultérieur est bloqué par son
fondement constitutionnel basé sur l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique de 1867 et par le processus
politique
qui est encore marqué par les concepts en vogue pendant la
Guerre froide.
L'incapacité des cercles dirigeants il y a 23 ans
à résoudre la crise de la gouvernance et à
moderniser les arrangements politiques a mené à la
dégénérescence marquée de la vie politique,
sociale et économique du pays. La situation à laquelle
les Canadiens font face aujourd'hui montre bien à quel point il
est urgent de se joindre au travail pour
le renouveau politique et une constitution moderne pour que cette crise
soit résolue une fois pour toutes dans l'intérêt du
peuple.
Notes
1. « Thèmes de la campagne
nationale
pour une constitution moderne et le renouveau
démocratique : Pourquoi une campagne
pancanadienne ? », LMLQ, 6 octobre 1994, no.
42
2. Ibid.
3. Ibid.
4. Ibid.
Trois livres de Hardial Bains
Trois livres de Hardial Bains ont été
publiés durant la période du référendum sur
l'Accord de Charlottetown. Les trois sont disponibles pour 15,00 $
au Centre national de publications. Faire chèque ou mandat
à l'ordre du Centre national de publications et envoyer
à : CNP, C.P. 521, Station « C »,
Montréal (Québec)
H2L 4K4.
La substance du rapport
du consensus a
été publié au début de septembre 1992 et
offrait aux Canadiens la seule véritable information sur le
contenu et la signification de l'Accord de Charlottetown sur la
Constitution. Il appelait à la discussion dans les endroits de
travail, les maisons d'éducation, les quartiers et les
résidences pour
aînés. C'était proposé comme première
étape vers la formation de comités de citoyens dans les
circonscriptions pour offrir aux citoyens un mécanisme par
lequel affirmer leur droit de participer à la gouvernance.
Ce livre a été la seule source
d'information sur l'Accord de Charlottetown durant presque toute la
période référendaire.
Pour faire face à
l'avenir contient de
l'information sur la constitution canadienne et les problèmes
qui y sont reliés. Durant le référendum sur
l'Accord de Charlottetown, les forces du Oui ont publié des
milliers d'articles, fait des centaines d'émissions de
télévision et mené une propagande
générale pour mettre en garde les
Canadiens contre les conséquences d'un rejet de l'accord. On
disait même que les adversaires de l'accord étaient des
« ennemis du Canada ». Ni le gouvernement
canadien, ni les partis de l'establishment ou les médias n'ont
donné l'information nécessaire ou traité des
questions de fond. Ce livre répondait au besoin et ce faisant
contredisait les efforts des pouvoirs établis pour obtenir un
mandat des Canadiens pour faire ce qu'ils veulent derrière des
portes closes.
Un pouvoir à
partager explique où
réside la souveraineté au Canada et comment le processus
politique fait en sorte que les citoyens sont marginalisés
politiquement et que la société est
ghettoïsée. Il explique qui cela favorise et ce qu'il faut
faire et comprend des propositions pour changer le processus politique
de manière à
habiliter l'électorat.
20e anniversaire du
référendum de 1995
Les droits de la nation québécoise et
une
constitution moderne du Québec et du Canada
restent à
l'ordre du jour
- Louis Lang -
Une question centrale mais qui n'a pas été
abordée par les principaux partis durant la campagne
électorale est leur soi-disant position sur la question
nationale. Avec la défaite du gouvernement Harper et
l'élection d'un gouvernement libéral majoritaire, la
question de la place du Québec dans la
Confédération est loin d'être résolue.
À cet égard,
une autre date importante dans l'histoire du Québec et du Canada
est le 20e anniversaire de l'historique référendum du 30
octobre 1995 sur la souveraineté du Québec. Pour aider
à comprendre la position des pouvoirs en place tant au
Québec qu'au Canada sur cette question et comment le
problème se pose, et pour l'éducation de la
génération qui
n'était pas née au moment du référendum,
nous proposons de revoir les événements et le contexte du
référendum.
À l'été 1995, le gouvernement du
Parti québécois de Jacques Parizeau déposait
à l'Assemblée nationale le projet de loi numéro 1
sur l'avenir du Québec, aussi appelé Loi sur la
souveraineté. C'était un geste audacieux
après vingt années d'échec des pourparlers sur
l'adhésion du Québec à la
Confédération et suite au refus du
gouvernement libéral de répondre aux revendications du
Québec sur la réforme constitutionnelle.
L'élection du Parti québécois de
René Lévesque en 1976 avait clairement signifié le
désir du peuple québécois d'obtenir la
reconnaissance de son droit d'être souverain et de décider
lui-même de ses affaires économiques,
politiques, sociales et culturelles et de consolider les acquis de la
Révolution tranquille.
Au lieu de reconnaître que la constitution avait
besoin d'être modernisée et de répondre aux
revendications légitimes du Québec, les élites
politiques du Canada ont tout fait pour les écarter. Les forces
fédéralistes opposées au changement, avec à
leur tête le Parti libéral de Pierre Trudeau, ont
profité de l'occasion de l'échec essuyé par
René
Lévesque au référendum de 1980 pour rapatrier la
constitution sans le consentement du Québec, un des
« deux peuples fondateurs » du Canada.
Trudeau avait cherché ainsi à diminuer
unilatéralement le rôle de l'Assemblée nationale du
Québec et à dépouiller le Québec de son
veto au sein de la Confédération. Les arrangements en
vigueur dataient de la Confédération de 1867, lorsque le
Québec a été uni à trois autres dominions.
Parce que les trois autres dominions étaient
« à
prédominance anglaise et protestante », l'Acte de
l'Amérique du Nord britannique a accordé au
Québec une juridiction en matière de langue, de
confession et de droit civil pour assurer son adhésion à
la Confédération. Comment un gouvernement du Canada
peut-il, par conséquent, changer les arrangements établis
sans le
soumettre à un vote au Québec ?
Le gouvernement du Parti québécois avait
immédiatement fait appel aux tribunaux pour contester le
rapatriement unilatéral de la Constitution, jusqu'à la
Cour suprême. La Cour suprême a jugé que le
rapatriement était « légal mais
illégitime ». La tentative de réduire le
Québec au statut d'une province parmi dix autres était
une
rupture trop radicale avec les arrangements de 1867 fondés sur
un équilibre des droits tels que pratiqués à
l'époque. Selon la Cour suprême, le rapatriement
était illégitime parce qu'il n'avait pas le consentement
de la majorité des provinces.
La décision de la Cour suprême a
mené à la fameuse « nuit des longs
couteaux » le 4 novembre 1981. Profitant de l'occasion d'une
conférence fédérale-provinciale, Jean
Chrétien, alors ministre de la Justice du gouvernement Trudeau,
a conclu durant la nuit des ententes avec sept provinces à
l'insu des délégués du Québec.
Cette basse manoeuvre du gouvernement Trudeau visait
à isoler davantage le Québec et à rendre
« légitime » par des moyens
contournés ce qui avait été déclaré
illégitime par la Cour suprême. Seul le Québec
s'est opposé au rapatriement de la Constitution.
Ces événements ne peuvent être
oubliés, qu'importe les manoeuvres présentes et futures,
parce que le besoin de modernisation constitutionnelle est objectif. La
brutalité des moyens utilisés par l'establishment
anglo-canadien pour écarter le problème a montré
l'aversion du gouvernement libéral de Pierre Trudeau à
répondre aux justes
revendications du Québec et aux besoins de nouveaux arrangements
et d'une constitution moderne. Cela allait ouvrir un chapitre
particulièrement honteux de tentatives
répétées de marginaliser le Québec par tous
les moyens possibles.
L'objectif déclaré du projet de loi
numéro 1 était de donner à l'Assemblée
nationale le pouvoir de déclarer la souveraineté du
Québec et de réclamer « le pouvoir exclusif de
faire toutes ses lois, de percevoir tous ses impôts et de
conclure tous ses traités ». Il prévoyait
l'ébauche d'une nouvelle constitution du Québec, le
maintien
des frontières actuelles du Québec, la création
d'une citoyenneté québécoise, l'utilisation du
dollar canadien et le maintien des lois et programmes sociaux en
vigueur. Il prévoyait aussi que le gouvernement du Québec
propose un traité de partenariat avec le reste du Canada
basé sur l'entente tripartite signée le 12 juin 1995 par
le chef du Parti
québécois Jacques Parizeau, le chef du Bloc
québécois Lucien Bouchard et le chef de l'Action
démocratique Mario Dumont. Cette entente contenait certaines
propositions convenues par les trois chefs qu'un Québec
souverain ferait au Canada pour définir les relations entre les
deux pays.
Le projet de loi a vite trouvé un grand appui
dans la société québécoise parce que le
moment était opportun et les conditions favorables à la
déclaration de la souveraineté du Québec. Les
forces progressistes du Québec et du Canada ont
également reconnu qu'il y avait urgence à établir
un nouveau partenariat économique et politique entre le
Québec et le Canada. Le référendum de 1995
s'imposait comme façon de briser l'impasse créée
par l'intransigeance libérale envers la souveraineté du
Québec ainsi qu'envers le renouveau démocratique et un
nouveau partenariat économique et politique entre le
Québec et le Canada. Le mécontentement face aux
arrangements constitutionnels avait
pris de l'ampleur partout au Canada, pas seulement au Québec. Le
Forum des citoyens sur l'avenir du Canada de 1990, auquel les gens ont
participé en très grand nombre, a montré que les
Canadiens ne faisaient pas assez confiance aux politiciens pour les
laisser rédiger la constitution et réclamaient des
changements en profondeur du processus
politique.
Le fait que le rapatriement de la Constitution de 1982
ne garantissait pas les droits politiques, sociaux et
économiques avait donné lieu à des protestations
et des contestations judiciaires. Les Premières Nations
réclamaient leurs droits ancestraux. Les enquêtes sur les
traitements abusifs des enfants autochtones dans les écoles
résidentielles pour
« Indiens » au début des années
1990 avaient exposé comme jamais auparavant le legs colonial
raciste du Canada envers les peuples autochtones, la négation de
leurs droits et les conditions de pauvreté et de
négligence dans lesquelles on les avait abandonnés. Les
grandes luttes pour les revendications territoriales que les
arrangements
constitutionnels en place n'avaient pas permis de résoudre
heurtaient directement les grands projets énergétiques
privés et publics, comme ceux d'Hydro-Québec, sur les
terres non cédées.
La crise d'Oka de 1990 avait marqué le début d'un nouveau
mouvement de résistance des Premières Nations pour
l'affirmation de leurs droits.
La nécessité de changement s'était
répandue à toute la société, dans les
cercles politiques et intellectuels comme dans les syndicats et les
régions.
Le Parti conservateur de Brian Mulroney a proposé
l'Accord du Lac Meech, initialement approuvé par les premiers
ministres et qui devait être entériné par les
assemblées législatives des provinces avant
l'échéance du 23 juin 1990. Bien que l'Accord du Lac
Meech fut inadéquat à bien des égards, beaucoup
au Québec l'ont appuyé parce qu'il
rétablissait le droit de veto du Québec et contenait une
clause sur la société distincte qui ouvrait la porte
à d'autres réformes constitutionnelles. Lucien Bouchard,
qui allait fonder le Bloc québécois en 1991, explique
dans son livre À visage découvert qu'il a
rejoint le Parti conservateur en 1988 comme dernière tentative
de
« réconciliation nationale » après
la trahison de Trudeau. Il dit s'être joint aux conservateurs
parce que Brian Mulroney s'était engagé à
« réparer le gros du préjudice infligé
au Québec et lui redonner un siège à la table de
discussions [...] il serait possible ensuite de refaire en profondeur
la répartition des pouvoirs ».
L'Accord de Meech a échoué puisqu'il n'a
pas obtenu le consentement des provinces en temps. Pour le
Québec c'était une autre preuve que les élites
politiques du Canada n'accepteraient jamais ne serait-ce même
qu'une version diluée des droits du Québec. Durant la
période qui a mené à l'échec, le
Nouveau-Brunswick et Terre-Neuve sont
revenus sur leur décision et les élites ont
créé une atmosphère de « Quebec
bashing ». Pour éviter l'échec le Parti
progressiste-conservateur a créé un comité
d'étude présidé par Jean Charest, alors ministre
conservateur fédéral, pour examiner les demandes de
différentes provinces. Plusieurs éléments centraux
de l'accord ont été
modifiés. Les libéraux de Jean Chrétien et
d'autres inspirés par leur ancien chef Trudeau ont accusé
les Québécois d'être racistes et d'être des
traîtres à la nation. Le Québec se voyait
livré à un ultimatum.
Après l'échec de Meech, le premier
ministre du Québec Robert Bourassa, qui préconisait le
renouvellement du fédéralisme, avec la collaboration du
chef du Parti québécois Jacques Parizeau, a
créé la Commission Bélanger-Campeau, un
comité parlementaire élargi qui comprenait des
députés fédéraux, des chefs syndicaux et
des représentants
des entreprises, des élus municipaux et des représentants
culturels. À l'automne 1990 les 36 commissaires ont
examiné 600 mémoires, consulté 35
spécialistes et entendu 235 groupes. Les travaux de la
commission ont clairement démontré que la vaste
majorité des Québécois désirait en finir
avec les vieux arrangements confédéraux.
Dans le contexte des débats au Québec sur
le besoin d'un véritable changement constitutionnel et la
reconnaissance des droits de la nation du Québec, le Bloc
québécois a réussi à se définir un
rôle à défendre les intérêts du
Québec au parlement fédéral. Dans les
circonstances, il a capté l'imagination du peuple
québécois et à l'élection
fédérale
de 1993 il a remporté 54 des 75 sièges de la
députation québécoise et est même devenu
l'opposition officielle à la Chambre des communes. Cette
victoire électorale du peuple québécois, de pair
avec l'anéantissement quasi total du Parti conservateur avec
seulement deux sièges et la formation du Reform Party comme un
bloc dans l'Ouest canadien,
a plongé le parlement fédéral dans une crise dont
il ne s'est jamais remis. Pour la première fois dans l'histoire
du système parlementaire canadien, l'opposition officielle
n'était pas un représentant de l'élite politique
du Canada mais bien le représentant direct de la nation
québécoise. Ni Chrétien, ni aucun autre
libéral ou conservateur ne pouvait
prétendre représenter le Québec et pour la
première fois dans l'histoire du parlement le Québec
était représenté à Ottawa par des
souverainistes.
C'est dans ce climat d'effervescence répandu dans
tout le Québec que le gouvernement du Parti
québécois de Jacques Parizeau, élu en septembre
1994, a pris l'initiative d'appeler un référendum sur la
souveraineté en 1995.
Le projet de loi numéro 1 est passé en
première lecture à l'Assemblée nationale et le
gouvernement en a envoyé une copie à tous les foyers du
Québec accompagnée de l'accord tripartite
Parizeau-Bouchard-Dumont, en préparation pour le
référendum.
En septembre 1995, Jacques Parizeau a annoncé
à l'Assemblée nationale que le référendum
aurait lieu le 30 octobre et que le libellé de la question
posée aux Québécois et Québécoises
serait :
« Acceptez-vous que le Québec devienne
souverain, après avoir offert formellement au Canada un nouveau
partenariat économique et politique, dans le cadre du projet de
loi sur l'avenir du Québec et de l'entente signée le 12
juin 1995 ? Oui ou non. »
Durant la période menant au
référendum, les libéraux menés par Jean
Chrétien et le chef du Parti libéral du Québec
Daniel Johnson ont dressé tous les obstacles possibles à
une discussion sereine sur les besoins de la nation
québécoise et le besoin d'une constitution moderne pour
le
Canada. Ils ont recouru au mensonge, à la déformation,
à la
menace et au chantage pour subvertir tout effort de discussion
raisonnable. Le « camp du non » a commis des
infractions répétées à la Loi
référendaire du Québec, notamment en ce qui
concerne les limites des dépenses.
Plus tard, en 2006, le directeur général
des élections du Québec a demandé au juge Bernard
Grenier d'enquêter sur les allégations de dépenses
illégales du camp du Non et d'Option Canada, un groupe de
pression associé aux grandes entreprises et qui a fait des dons
tant au Parti libéral qu'au Parti conservateur. Le juge a conclu
que 539
000 $ ont été dépensés
illégalement par le comité du Non durant la campagne
référendaire sans compter le « rassemblement
pour l'unité ». Suite à la publication du
rapport du juge Grenier en 2007, des voix se sont élevées
pour exiger une pleine enquête fédérale sur les
entorses à la Loi référendaire du
Québec et la
demande a été soulevée au parlement canadien par
le Bloc québécois et les auteurs du livre Les
secrets d'Option Canada. Toutes les demandes d'enquête ont
été rejetées par le premier ministre Stephen
Harper.
Le résultat du
référendum est bien
connu. Malgré une différence de vote de moins de
1 %, Jean Chrétien a proclamé avec arrogance que
c'était une « victoire contre le
séparatisme » et a par la suite refusé
même de reconnaître que de sérieux problèmes
constitutionnels étaient restés sans solution. À
ce jour, la demande de
nouveaux arrangements et d'une constitution moderne qui convient
à une société moderne reste sans réponse.
Les conservateurs sous Stephen Harper ont
continué, de concert avec les libéraux, de nier les
droits nationaux du peuple québécois et le besoin d'une
constitution moderne. La nouvelle loi antiterroriste C-51 menace
même de criminaliser le mouvement pour la souveraineté du
Québec en faisant passer pour traîtres ceux qui oseraient
menacer
l'« intégrité territoriale du
Canada ».
Durant la récente campagne électorale, les
conservateurs, libéraux, néodémocrates et
même les verts ont refusé de parler du besoin de
changement constitutionnel. Ils prétendent tous que toute
discussion sur la constitution ne ferait que raviver de vieilles
controverses et serait contre-productive. Les questions comme
l'abolition du Sénat,
la réduction des transferts aux
provinces pour la santé et de la péréquation, la Loi
sur
la
clarté
référendaire et les
conférences des premiers ministres sont abordés, mais
uniquement comme autant de problèmes séparés les
uns des autres, ce qui permet de balayer sous le tapis le besoin d'une
constitution moderne et de nouveaux arrangements pour remplacer
l'Acte de l'Amérique du Nord britannique, 1867, les
arrangements archaïques imposés par le colonialisme
britannique au XIXe siècle. Maintenant d'aucuns disent que
l'élection fédérale du 19 octobre dernier a mis la
question de la souveraineté du Québec au rancart une fois
pour toutes.
Le 20e anniversaire du référendum de 1995
arrive à l'heure où les préparatifs sont
lancés pour célébrer en grand le 150e anniversaire
de la Confédération. Cet appel à une grande
discussion sur le besoin d'une constitution moderne qui permettra au
peuple de s'orienter dans la mer de désinformation que ces
célébrations laissent présager est
d'autant plus important.
Les principes de la nation moderne
- Christine Dandenault -
Quand les décisions sont prises d'en haut et que
les intérêts du peuple ne sont pas pris en
considération, rien de bon ne peut en sortir. Que ce soit le Traité
de
Paris
de 1763, ou l'Acte de Québec de 1774,
que ce soit 1791, 1841-48, 1867, 1930 ou 1982 jusqu'à
aujourd'hui, les décisions ont été prises par en
haut. Le
citoyen appartenant au corps politique organisé n'a jamais
été le point de départ de quelque entente ou
proclamation. On a émis des proclamations définissant le
pouvoir exécutif et le partage des pouvoirs, mais il n'y a
jamais eu de déclaration explicite de la démocratie. Si
on ne s'assure pas aujourd'hui qu'il y ait une déclaration
explicite de la
démocratie, nous revivrons la même expérience
négative et serons guidés par la même pensée
qu'on trouve aujourd'hui aux niveaux fédéral et
provincial, la même expérience que le peuple a connue
lorsqu'on lui a imposé l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique en 1867 et qui a été incorporée
à l'État contemporain.
Dans l'édification nationale, il y a des
principes fondamentaux qui déterminent le genre de nation qui
existe ou qui existera. Par exemple, la nation moderne ne peut pas
être fondée, comme l'ont fait les Britanniques en 1867 en
formulant l'AANB, sur des concepts d'ethnicité du XIXe
siècle, suivant la notion de « deux peuples
fondateurs ». Au contraire, nous devons partir de la
définition moderne d'un corps politique qui investit le peuple
de la souveraineté et qui reconnaît les droits individuels
et les droits collectifs de tous et qui détermine et
défend l'intérêt général de la
société. C'est le seul fondement solide d'une
démocratie conséquente.
Dans le cadre de ce corps
politique moderne, on
reconnaîtra le principe des droits de citoyenneté, sans
égard à l'ethnicité, la race, la culture, la
langue, la religion et l'origine nationale. Les droits des femmes en
vertu de leur condition concrète objective doivent être
garantis ansi que les droits des peuples autochtones en vertu de leur
droit de
décider de leurs affaires sur leurs propres terres, les droits
de toutes les minorités nationales et de tous les gens aux
capacités et aux styles de vie différents, les droits des
personnes âgées et des enfants et le droit de conscience.
Parmi ces droits figurent en bonne place les droits collectifs des
travailleurs à la sécurité d'emploi, à des
salaires et des
conditions de travail qui correspondent au travail qu'ils font.
Il faut enchâsser dès le départ une
conception conséquente de la démocratie afin que l'avenir
du Québec, qu'il opte pour l'indépendance ou non, soit un
progrès historique.
Aujourd'hui, le problème de l'édification
nationale concerne tous les peuples du monde. L'offensive
néolibérale qui dilapide les ressources des nations,
surtout leurs ressources humaines et naturelles, pour rendre les
monopoles concurrentiels sur les marchés mondiaux a inscrit
cette question au programme des peuples du monde entier. C'est
une question urgente. On ne peut pas ignorer le problème en
rangeant tout ce qui touche à l'édification nationale
dans la catégorie « séparatisme »
contre « fédéralisme », comme le
font les partis au pouvoir.
Que le Québec opte ou non pour
l'indépendance, l'approche qu'on prend face à
l'édification nationale déterminera notre avenir
collectif. Aujourd'hui, les intérêts de la bourgeoisie ne
s'identifient pas à ceux de la nation. Les intérêts
de la bourgeoisie signifient la mise à l'encan de toutes les
ressources de la nation, en utilisant le pouvoir d'État
pour s'approprier tout le produit social créé par la
classe ouvrière et le peuple travailleur et le remettre à
ceux qui l'investissent pour réaliser le profit maximum. C'est
pourquoi il appartient à la classe ouvrière de se
constituer en la nation et de diriger la société sur la
voie
du progrès.
Dès qu'on avance
dans ce projet
d'édification nationale, il surgit une autre question
importante, une question qui a été au coeur des luttes
des peuples du monde entier tout au long du vingtième
siècle. C'est la question de qui doit être investi de la
souveraineté. Si ce n'est pas le peuple, si le pouvoir de
décision n'est pas remis au peuple mais
aux partis politiques qui rivalisent pour le pouvoir, le peuple et ses
préoccupations continueront d'être marginalisés et
les problèmes qu'il confronte aujourd'hui iront en s'aggravant.
Il faut que tout le pouvoir législatif soit subordonné au
peuple et que le pouvoir exécutif soit subordonné au
pouvoir législatif.
On parle beaucoup des institutions démocratiques
du Québec, comme du reste du Canada. Beaucoup d'illusions sont
créées au sujet du système de démocratie
représentative alors que tous peuvent voir que ce système
ne les représente pas. En vertu des arrangements actuels le
peuple n'exerce aucun contrôle sur les prises de
décisions. Ces
institutions, au Québec comme dans tout le Canada, ont
été établies suivant l'expérience
britannique d'édification nationale du dix-neuvième
siècle qui a conservé la « prérogative
royale » et les privilèges entre les mains d'une
infime minorité, ce qui était l'essence de l'absolutisme
et de la notion archaïque du « droit divin des
rois ». Que cette petite minorité soit dirigée
par un monarque, un président ou un premier ministre, la plupart
des organes du pouvoir ou bien ne sont pas élus, ou bien sont
élus selon un processus qui empêche le peuple d'exercer
une démocratie conséquente selon le principe
« du peuple, par le peuple et pour le peuple ».
La formation de la fédération canadienne
en 1867 et l'expérience de cette confédération
depuis ont fini par créer un vaste mécontentement
populaire, surtout au cours des dernières années. C'est
un fait indéniable. Comment peut-on penser enterrer ce
mécontentement par un barrage de propagande à l'effet que
tout se résume à l'« unité
nationale » ? Ou bien en disant que le seul
problème est qu'il faut éliminer le déficit ?
Le mécontentement face au système politique se voit dans
le manque de crédibilité des politiciens, du processus et
des institutions politiques et du pouvoir du cabinet. Tous les
Canadiennes et Canadiens vivent ce problème, quel que soit
l'endroit où ils habitent. On ne doit pas laisser cette
expérience négative saper le projet de nation du
Québec, du Canada et des Premières Nations aujourd'hui.
Basé sur une
présentation faite à
la Conférence sur l'avenir du Québec à
Montréal le 20 juin 1998.
Le monde exige la fin du blocus des
États-Unis contre Cuba
L'assemblée générale de l'ONU vote
une résolution condamnant le blocus américain
Son Excellence Julio
Garmendia Peña, ambassadeur
de Cuba au Canada lors
de la conférence sur la
nécessité de mettre fin au blocus criminel des
États-Unis
contre Cuba, Ottawa, 22 octobre 2015.
Le 27 octobre 2015, l'Assemblée
générale des Nations unies a adopté, par un vote
record de 191 voix en faveur, deux voix contre et aucune abstention, la
résolution de Cuba intitulée
« Nécessité de lever le blocus
économique, commercial et financier imposé à Cuba
par les États-Unis d'Amérique ». Cela fait
maintenant
vingt-quatre ans d'affilée que l'ONU adopte la résolution
qui condamne les sanctions économiques et les autres mesures
punitives que le gouvernement des États-Unis impose à la
République de Cuba.
La politique étasunienne, qui a une portée
extraterritoriale en ce qu'elle inflige des pénalités
sévères aux entités qui font des affaires avec
Cuba, est reconnue comme une violation flagrante de la Charte de l'ONU
et du droit international coutumier.
Mis à part Israël, les États-Unis ont
été le seul pays à voter contre la
résolution. Le représentant des États-Unis a
déclaré que son gouvernement
« regrette » que Cuba ait présenté
sa résolution. Dans son discours à l'Assemblée
générale, le ministre des Affaires
étrangères de Cuba, Bruno Rodriguez Parilla, a dit que le
président des
États-Unis est en mesure de prendre plusieurs mesures pratiques
qui vont réduire les effets du blocus sur Cuba et que ces
mesures sont une partie intégrante du processus de normalisation
des relations entre les deux pays.
L'objectif du blocus est d'éteindre le droit
à l'autodétermination et l'indépendance de Cuba.
C'est le principal obstacle au développement économique
et social de Cuba et il a coûté plus de 1 billion de
dollars à ce pays. Bref, ce blocus est une grave violation
des droits fondamentaux du peuple de Cuba.
Chaque année, Cuba publie un rapport pour
accompagner la résolution de l'ONU sur le blocus. Le rapport
fournit des détails exhaustifs des conséquences multiples
du blocus sur la vie à Cuba. Cette année, la
résolution et le rapport ont été
présentés dans le contexte des événements
historiques qui ont lieu à la suite de l'annonce conjointe par
les présidents Raúl Castro et Barack Obama du 17
décembre 2014 et du rétablissement des relations
diplomatiques qui ont comme but ultime la normalisation des relations.
Le rapport de cette année sur l'impact du blocus traite
spécifiquement des possibilités pratiques de lever le
blocus par des décrets du président Obama. Le rapport
examine
l'utilisation des pouvoirs présidentiels dans le cadre de la
situation politique actuelle aux États-Unis, de
l'« impasse » dans laquelle se trouverait le
Congrès. Dans son introduction, le rapport indique :
« Dans le cadre de ces changements de la
politique des États-Unis envers Cuba, le président Obama
a annoncé plusieurs mesures destinées à modifier
certains aspects concrets du blocus : ainsi, le 16 janvier 2015,
des amendements ont modifié les réglementations du
département du Trésor et de celui du Commerce. Tout en
constituant des pas dans la bonne direction, ces modifications
s'avèrent limitées et insuffisantes eu égard
à l'ampleur et à la portée des lois du blocus
concernant Cuba et le reste du monde, lesquelles restent absolument en
vigueur et sont appliquées avec rigueur. »
Manifestation de militants
des États-Unis et du
Canada lors des Journées d'action contre le blocus à
Washington, DC, 31 août 2015. (Terresenamos)
Le rapport explique que d'énormes
possibilités existent pour mettre fin au blocus mais que :
« Malgré ce nouveau scénario,
donc, le blocus a été renforcé dans ses dimensions
financière et extraterritoriale, comme le prouvent les amendes
se montant à plusieurs millions imposées à des
banques et à des institutions financières du fait de la
traque à laquelle se livrent les autorités
étasuniennes contre les transactions financières
internationales de Cuba. La radiation de Cuba de la liste
illégitime — et sur laquelle elle n'aurait jamais dû
être inscrite — des États parrainant le terrorisme
international, intervenue le 29 mai 2015, ne concerne pas le reste des
lois et réglementations du blocus. Le harcèlement
financier contre Cuba reste donc tel quel.
« Cuba ne peut toujours pas exporter
librement des biens et services aux États-Unis ni en importer,
ni utiliser le dollar dans ses transactions financières
internationales, ni ouvrir des comptes dans cette monnaie dans des
banques de pays tiers. Elle ne peut non plus accéder à
des crédits de banques situées aux États-Unis ou
de leurs filiales
dans des pays tiers, ni d'institutions financières
internationales comme la Banque mondiale, le Fonds monétaire
international (FMI) ou la Banque interaméricaine de
développement (BID). Ce qui handicape sérieusement le
développement normal de Cuba dans tous les domaines de la vie
économique, sociale et culturelle. »
Il est grand temps que les États-Unis tiennent
compte de l'opinion mondiale et du droit international et
démantèlent leur blocus illégal de Cuba.
À titre d'information, LML publie des
extraits du rapport.
À titre d'information
Les mesures exécutives adoptées par le
président Barack Obama et leurs limitations
Extrait du rapport de Cuba de 2015 sur l'impact du
blocus:
Dans son intervention du 17 décembre 2014, le
président Barack Obama a reconnu l'échec de la politique
étasunienne vis-à-vis de Cuba et s'est engagé
à s'investir dans un débat au Congrès concernant
la levée du blocus. C'est dans le droit fil de cette approche
qu'il a annoncé plusieurs mesures destinées à
modifier certains aspects concrets de celui-ci. Les amendements
relatifs aux réglementations du département du
Trésor et du département du Commerce, entrés en
vigueur le 16 janvier 2015 pour concrétiser cette
décision du président, tout en constituant un pas en
avant, restent cependant limités.
En matière de voyages, les personnes entrant dans
les douze catégories d'Étasuniens autorisés
à se rendre à Cuba pourront désormais le faire en
vertu d'une autorisation générale, et non plus au cas par
cas, pourront y dépenser autant qu'elles le voudront et pourront
utiliser des cartes de crédit et de débit. Les
voyages dits touristiques continuent toutefois d'être interdits,
tandis que les échanges éducationnels (dits
« interpersonnels ») continuent d'être
soumis à un programme d'activités absolument obligatoires
et ne peuvent se faire qu'en groupes.
En matière de télécommunications,
les compagnies étasuniennes ont été
autorisées à exporter des biens et services à
Cuba, et à financer des installations d'infrastructure, la
principale limitation étant que Cuba doit payer en liquide et
à l'avance, même si des banques étasuniennes ou
étrangères installées hors
des États-Unis peuvent financer ces achats. Ceci ne concorde
pas, bien entendu, avec les pratiques commerciales internationales qui
ignorent cette forme de paiement et dans le cadre desquelles ce sont
les compagnies elles-mêmes qui allouent des crédits
à l'acheteur pour garantir la vente de leurs biens et services.
La concrétisation de ces opérations est d'autant plus
compliquée que les banques, compte tenu de la politique de
harcèlement financier appliquée par l'administration
Obama, redoutent de faire des transactions avec Cuba.
En matière de commerce, la liste des produits que
les sociétés étasuniennes sont autorisées
à exporter à Cuba sans autorisation du département
du Commerce à partir des nouvelles mesures se borne à des
biens et services de télécommunications, à des
matériaux de construction et à des équipements et
outils
destinés au secteur non public de l'économie cubaine,
dont l'activité agricole. Tous autres biens et services
étasuniens sont interdits de vente à Cuba, sauf permis
concrets à durée limitée délivrés
par le département du Commerce. Les conditions de paiement
restent discriminatoires si on les compare aux pratiques
commerciales internationales, puisque Cuba ne peut utiliser le dollar
comme devise de paiement et qu'elle ne peut recevoir des crédits
pour acheter lesdits biens et services autorisés. Le pouvoir
exécutif peut éliminer ces deux restrictions sans avoir
à passer par le Congrès.
Par ailleurs, l'autorisation d'importation de biens et
services produits par le secteur non public exclut des postes clefs de
l'économie cubaine, tel le tabac. De même, le fait que le
secteur public cubain ne soit pas pris en considération revient
à éliminer d'emblée d'autres biens et services
cubains au prestige
international solide, tels le rhum, le nickel, les produits
biotechnologiques et les services médicaux et
éducationnels. D'autant que les tarifs appliqués aux
produits cubains au cas où ils seraient autorisés
à entrer aux États-Unis seraient les plus
élevés de l'Harmonized Tariff Schedule (Liste tarifaire
harmonisée) du
département du Trésor, dans la mesure où Cuba et
la République populaire démocratique de Corée sont
les deux seuls pays à être situés dans la
catégorie des tarifs les plus restrictifs en matière
d'exportation aux USA et à ne pas jouir de la clause de la
nation la plus favorisée.
Pareillement, les modifications apportées aux
réglementations concernant le transport maritime et selon
lesquelles les cargos participant au « commerce
humanitaire » avec Cuba pourront désormais accoster
aux USA avant ce délai de cent quatre-vingts jours, resteront
lettre morte car il est peu
probable, comme l'indique clairement la pratique internationale, que
des compagnies maritimes se limitent à transporter des
denrées alimentaires, des médicaments, des
équipements médicaux et d'autres exportations
autorisées.
Les changements financiers se bornent, eux, à
faciliter les transactions autorisées en matière de
voyages, d'exportations et d'envoi de fonds familiaux. Au cas où
ils permettraient à des banques étasuniennes d'ouvrir des
comptes à titre d'intermédiaires sur des institutions
financières cubaines, la réciproque ne
serait pas vraie, car les banques cubaines concernées devraient
obtenir une autorisation.
La décision du président Barack Obama de
radier Cuba de la liste des États parrainant le terrorisme
international a constitué un acte de simple justice historique
à l'égard du peuple cubain, sans qu'elle implique pour
autant un allègement du blocus économique, commercial et
financier qui lui est imposé,
puisque la plupart des lois et réglementations ayant
établi cette politique d'étranglement économique
ont été promulguées avant 1982, date de
l'inscription de Cuba sur ladite liste, et que les sanctions et
restrictions correspondantes existaient déjà. Des
fonctionnaires étasuniens l'ont bel et bien reconnu. Ainsi, Jeff
Rathke, directeur du Bureau des relations avec la presse au
département d'État, qui a déclaré :
« Cette annulation d'État parrainant le terrorisme
n'implique donc pas la levée du blocus, du moins directement
[1]. »
Tout ceci ratifie que le président
étasunien dispose de larges facultés exécutives
pour modifier dans le fond, bien au-delà des mesures
adoptées à ce jour, les réglementations
concrètes du blocus.
Bien que les mesures adoptées par
l'administration étasunienne en janvier 2015 constituent un pas
en avant et modifient certains aspects concrets du blocus, ces
nouvelles réglementations doivent forcément, pour donner
des fruits réels, être adaptées aux conditions
réelles de Cuba et aux pratiques commerciales
internationales. À moins de modifications d'autres aspects du
blocus — entre autres, accès à des crédits,
possibilité d'import-export dans des conditions normales vers et
depuis les USA, autorisation d'emploi du dollar et cessation de la
traque financière déclenchée contre les
transactions internationales de Cuba —
l'encerclement économique auquel les lois et
réglementations du blocus soumettent Cuba ne changera pas dans
le fond.
Note
1. Jeff Rathke, directeur du Bureau des
relations avec
la presse au département d'État, point de presse
quotidien, 29 mai 2015, Washington.
Prérogatives dont dispose le président
étasunien
pour continuer de modifier concrètement
le
blocus sans avoir à passer par le Congrès
Extrait du rapport de Cuba de 2015 sur l'impact du
blocus:
Bien que le Congrès des
États-Unis soit l'organe habilité à
révoquer les législations sous-tendant la politique de
blocus établie contre Cuba et à en décréter
la levée, le pouvoir exécutif peut de toute façon,
par ses propres décisions, démanteler auparavant la
majorité des restrictions qu'elle implique.
S'il est vrai qu'en signant le 12 mars 1996 la loi
Helms-Burton, le président William Clinton a permis de codifier
sous forme de loi tant le blocus en soi que l'entrelacs de
décisions exécutives qui lui sert d'assise, il n'en reste
pas moins que le président étasunien continue de disposer
de larges facultés pour
délivrer des autorisations qui permettent différentes
transactions interdites par le blocus.
On trouvera ci-après différentes
prérogatives exécutives dont jouit le président
étasunien pour modifier la politique de blocus appliquée
contre Cuba :
1. Permettre à Cuba d'utiliser le dollar dans ses
transactions internationales.
2. Permettre que ces transactions internationales se
fassent à travers le système bancaire étasunien.
3. Permettre à des personnes juridiques cubaines
(banques, entreprises, etc.) d'ouvrir des comptes
d'intermédiaire sur des banques étasuniennes.
4. Demander aux représentants des
États-Unis auprès d'institutions financières
internationales de ne pas bloquer l'octroi à Cuba de
crédits ou d'autres facilités financières.
5. Cesser la politique de traque financière
suivie contre Cuba.
6. Autoriser des aéronefs et des bateaux cubains
à transporter des passagers, des marchandises et du courrier
postal entre les deux pays.
7. Autoriser des exportations directes de produits
étasuniens à Cuba.
8. Permettre à Cuba d'importer depuis des pays
tiers des produits contenant plus de 1o p. 100 de composants
étasuniens.
9. Permettre l'importation aux USA de biens et services
cubains constituant des postes d'exportation, tels que le tabac, le
rhum, les produits biotechnologiques, y compris les produits
manufacturés dans des pays tiers contenant des matières
premières cubaines, tels le nickel et le sucre.
10. Autoriser les sociétés
étasuniennes à investir à Cuba.
11. Éliminer le plafond concernant la valeur des
produits cubains que les voyageurs étasuniens peuvent ramener
à des fins personnelles ou à titre de cadeaux.
12. Autoriser les Étasuniens à recevoir
des traitements médicaux à Cuba.
13. Permettre à Cuba de recevoir des
crédits, des prêts et des financements en
général qui lui permettraient d'acheter des produits aux
USA (exception faite des denrées agricoles légalement
interdites).
Ainsi donc, le président des États-Unis
peut modifier substantiellement le lacis des réglementations
constituant le blocus en recourant à des vastes facultés
dont il dispose, ce qui pourrait être la démarche à
suivre pour démanteler une bonne partie des restrictions
économiques, financières et commerciales que
le gouvernement étasunien maintient contre Cuba.
Il n'y a que quatre aspects du blocus sur lesquels le
président étasunien n'a pas prise, car leur suppression
ou leur modification est aux mains du Congrès :
1. Prohibition imposée aux filiales
étasuniennes dans des pays tiers de vendre des biens à
Cuba (loi Torricelli).
2. Prohibition de faire des transactions avec des biens
étasuniens nationalisés à Cuba (loi
Helms-Burton).
3. Prohibition imposée aux Étasuniens de
faire du tourisme à Cuba (Loi relative à la
réforme des sanctions commerciales et à
l'élargissement des exportations, 2000).
4. Obligation de payer en liquide et à l'avance
les produits agricoles que Cuba achète aux USA (Loi relative
à la réforme des sanctions commerciales et à
l'élargissement des exportations, 2000).
En sus de ces aspects laissés à son libre
arbitre, le Congrès pourrait adopter de nouvelles lois qui
renforceraient les réglementations du blocus ou
empêcheraient leur démantèlement, comme le prouvent
les tentatives récentes d'un groupe de législateurs de
promouvoir des initiatives visant à annuler les mesures
présidentielles et à renforcer l'encerclement
économique imposé à Cuba.
La normalisation des relations entre les deux pays passe
forcément par la levée du blocus, car celui-ci constitue
le plus gros obstacle aux relations économiques, commerciales et
financières de Cuba avec les USA et le reste du monde et au
développement de toutes les potentialités de
l'économie cubaine.
Principales mesures relevant du blocus
appliquées après le 17 décembre 2014
Extrait du rapport de Cuba de 2015 sur l'impact du
blocus:
Le blocus s'est maintenu après le 17
décembre 2014, comme le prouvent les différents
préjudices infligés à des personnes juridiques
cubaines et à des tiers :
* La société étasunienne Gen Tech
Scientific a, quelques jours après l'annonce de la
décision concernant le rétablissement des relations entre
Cuba et les USA, refusé de vendre des chromatographes en phase
gazeuse Agilente 5975C, utilisés à des fins de recherche
et de diagnostic dans les domaines
biochimique, pharmaceutique et médical, arguant de
l'interdiction imposée par le département d'État.
* Le 28 janvier 2015, la société
étasunienne PayPal informait qu'elle avait bloqué le
compte de Brian y Jan Ficht, un couple d'horticulteurs canadiens qui
l'avait utilisé pour payer un séjour de trois semaines
qu'il avait fait à Cuba pour y apprendre au sujet de
l'agriculture urbaine.
* Le 11 février 2015, la filiale mexicaine de la
banque Santander refusait d'effectuer un virement de 68 290 euros
provenant de la Banque centrale de Cuba afin de payer sa quote-part de
membre du Centre d'études monétaires
latino-américaines (CEMLA).
* Le 26 février 2015, la société
étasunienne PayPal a refusé d'effectuer un virement de 90
euros fait par le groupe allemand de solidarité avec Cuba,
Cuba-Hilfe-Dortmund, sous prétexte des réglementations du
blocus.
* Le 12 mars 2015, la banque allemande Commerzbank a
accepté, face aux départements du Trésor et de la
Justice, à la Réserve fédérale, au
département des services financiers de New York et au bureau du
procureur de l'arrondissement Sud de New York et au bureau du procureur
de Manhattan, de payer
une amende de 1,712 milliard de dollars pour violations des
réglementations concernant l'Iran, le Soudan, Myanmar et Cuba,
à savoir, selon le rapport de l'Office of Foreign Assets Control
(OFAC), cinquante-six transactions concernant Cuba, de septembre 2005
à décembre 2007, pour un montant de 2 283 456
dollars.
Après avoir interrompu ses opérations avec
Cuba, cette banque allemande n'a pas trouvé le moyen de virer
des fonds cubains s'élevant à 50 000 livres sterling et
à 53 000 francs suisses sur d'autres banques européennes,
parce que celles-ci refusent toute transaction avec Cuba qui ne peut
donc ni les convertir
en euros ni les utiliser pour effectuer des paiements, et n'a pu
disposer d'une capacité de paiement extérieure ces neuf
derniers mois.
* Le 25 mars, l'OFAC a infligé une amende de 7
658 300 dollars à la société étasunienne
PayPal, pour violations des réglementations touchant Cuba et
d'autres programmes de sanctions, à savoir, de décembre
2010 à septembre 2013, quatre-vingt-dix-huit transactions
concernant des biens d'origine cubaine
ou d'intérêt national cubain et se chiffrant à 19
344 dollars.
* Le 26 mars 2015, on apprenait que plusieurs banques
avaient, à cause des réglementations du blocus,
refusé de virer des fonds que Cuba destinait au financement de
ses ambassades à Kiribati, en Guinée équatoriale
et au Kazakhstan.
* Le 1er juin 2015, la société
étasunienne de production chimique et biochimique,
Sigma-Aldrich, l'une des plus importantes au monde, a refusé de
livrer à l'entreprise cubaine Quimimpex des produits chimiques
indispensables au développement de notre industrie chimique, ni
les services ni la documentation
technique nécessaires, parce que Cuba est un pays
sanctionné auquel aucune personne morale ou naturelle des
États-Unis, où qu'elle soit, ne peut, ni directement ni
indirectement, exporter, réexporter, vendre ou livrer des biens,
des technologies ou des services.
* Le 2 juin 2015, la société
étasunienne Columbiana Boiler Company, LLC,
spécialisée dans la fabrication de conteneurs
pressurisés, a refusé de livrer à l'entreprise
cubaine Quimimport les bouteilles nécessaires au transport du
chlore utilisé pour épurer l'eau des aqueducs cubains,
faute d'avoir pu obtenir à
ce jour l'autorisation du département du Commerce.
* En juin 2015, la succursale japonaise de la
chaîne de magasins étasunienne Costco Wholesale a, arguant
des lois étasuniennes, cessé de considérer comme
cliente attitrée une fonctionnaire de l'ambassade cubaine au
Japon.
Pour voir la version intégrale du rapport en
format PDF, cliquez
ici
Porto Rico
Dix ans après l'assassinat
de Filiberto
- Julio A. Muriente Pérez,
coprésident du Mouvement
d'indépendance nationale
hostosien -
Le 23 septembre est le
dixième anniversaire de
l'assassinat du patriote portoricain, Filiberto Ojeda Ríos, qui
était à
ce moment-là le dirigeant principal de l'organisation
clandestine Macheteros. Il a été pris en embuscade par
des dizaines d'agents de la police politique étasunienne, le
FBI, dans sa ville natale de Hormigueros dans l'est de Porto Rico.
Après l'avoir blessé dans une bataille
inégale, les agents fédéraux l'ont laissé
mourir au bout de son sang.
Filiberto a été assassiné en guise
de châtiment contre le peuple de Porto Rico et sa lutte sans
relâche pour l'autodétermination, l'indépendance et
la justice sociale. Ce n'est pas un hasard que cet acte criminel ait
coïncidé avec la célébration du 137e
anniversaire du Grito de Lares, ce jour en 1868 du plus
important soulèvement armé du peuple portoricain contre
la domination coloniale espagnole.
Filiberto Ojeda Rios a joui
et continue de jouir du
respect et de l'appui de larges sections du peuple portoricain en
raison de sa droiture, de ses capacités comme chef et de son
dévouement sans failles à la cause de
l'indépendance. Il s'est également distingué par
son internationalisme profond et son appui
actif aux luttes des peuples de notre Amérique. Ces
dernières décennies, l'organisation armée des
Macheteros a mené de nombreuses actions contre la
présence militaire étasunienne à Porto Rico qui
ont été remarquables par leur détermination et
leur impact politique.
Ayant vu que le contrôle politique,
économique et militaire qu'ils avaient imposé à
Porto Rico depuis plus d'un siècle était menacé,
les autorités étasuniennes ont concentré leur
violence contre les Macheteros et leur dirigeant le plus
émérite. Une fois de plus, ils ont pensé que la
répression et l'assassinat des
patriotes allaient semer la résignation et la peur au sein du
peuple.
Dix ans plus tard, l'assassin de Filiberto est toujours
en liberté. L'identité des voyous du FBI a
été cachée. Mais le peuple n'oublie pas et ne
pardonne pas. Il se souvient et rend hommage à Filiberto en
luttant pour la libération d'Oscar López Rivera, contre
les mesures économiques injustes annoncées par le
gouvernement colonial et pour la souveraineté nationale..
Après dix ans, Filiberto vit encore.
« Regards vers le sud » est la
chronique hebdomadaire du Mouvement d'indépendance nationale
hostosien dans le Correo del Orinoco, le journal du
gouvernement bolivarien du Venezuela.
70e anniversaire du Parti des
travailleurs de Corée
Des célébrations marquent cet
anniversaire historique
Célébrations
à Pyongyang pour
marquer le 70e anniversaire du Parti des travailleurs
de Corée
le 10 octobre 2015
À l'occasion du 70e anniversaire du Parti des
travailleurs de Corée (PTC), des célébrations se
sont tenues en République populaire démocratique de
Corée (RPDC) et dans d'autres pays. Le 10 octobre, des milliers
de personnes ont participé à une parade militaire au
Carré Kim Il Sung à Pyongyang. Elle a été
organisée comme une célébration joyeuse qui
témoigne de la force du PTC et du peuple coréen et de
leur lutte pour tracer leur propre destinée sans
ingérence étrangère.
Le PTC a été fondé par le
président Kim Il Sung suite à la victoire du peuple
coréen contre les envahisseurs japonais et aux contributions de
la Corée à la victoire des forces alliées dans la
Deuxième Guerre mondiale. L'ingérence
étrangère, cependant, s'est poursuivie sans répit
depuis 70 ans mais elle s'est
heurtée au PTC qui a mené le peuple coréen
à la victoire et à l'affirmation de sa
souveraineté.
De 1950 à 1953, peu après sa fondation, le
PTC a affronté ses plus dures épreuves lorsque les
États-Unis ont lancé une guerre d'agression brutale sous
la bannière des Nations unies. L'agression des États-Unis
a dévasté presque tout le pays et causé la mort de
quatre millions de Coréens, principalement des
civils. C'est le PTC, mené par Kim Il Sung, qui a
mobilisé l'Armée populaire de Corée et le peuple
pour défaire les agresseurs américains et les forcer
à signer l'Accord d'armistice en 1953.
Après la guerre, le PTC a mobilisé le
peuple pour reconstruire le pays en un temps record et construire une
économie qui subvient à ses besoins en dépit du
dur embargo et des menaces militaires constantes des États-Unis
qui se poursuivent encore aujourd'hui. Répondant comme toujours
aux conditions en
vigueur, le PTC prend maintenant les positions nécessaires pour
garantir la paix et la sécurité dans la péninsule
coréenne face à l'agression et au chantage
nucléaire des impérialistes américains et de leurs
alliés.
Le PTC est le fer de lance du travail historique pour
réunifier la Corée. Il appelle tous les Coréens
à travailler ensemble pour chasser les troupes militaires
américains de la Corée du sud et réunifier leur
pays de façon pacifique et indépendante sans
ingérence étrangère. En dépit du sabotage
de toutes sortes
des gouvernements fantoches de la Corée du sud, la
défense résolue de la part du PTC du principe et de la
nécessité de la réunification garantit que ce
désir profond du peuple coréen finira par se
réaliser.
Un événement
marquant du 70e
anniversaire : la reconstruction du village de Paekhak-dong dans
le cadre des efforts pour réparer les dommages causés par
l'inondation du district de Sonbong de la ville de Rason
Le 70e anniversaire du PTC a également
été marqué par la tenue d'une réunion
nationale le 9 octobre, rapporte Rodong Sinmun. Y
étaient présents de hauts responsables du parti, de
l'État et de l'armée, le président du
Comité central du Parti social-démocrate de Corée
et les secrétaires principaux
des comités provinciaux du PTC. Les participants comprenaient
aussi des combattants révolutionnaires antijaponais de
même que des délégués aux
célébrations du 70e anniversaire, des
représentants des organisations des travailleurs, de la jeunesse
et des étudiants de Pyongyang et des groupes et
délégations de
compatriotes de l'étranger.
Des délégations de différents pays
ont également visité la RPDC en cette occasion pour
participer aux célébrations aux côtés
d'envoyés diplomatiques étrangers, de
représentants d'organisations internationales, d'attachés
militaires d'ambassades étrangères et d'autres
invités internationaux.
Le Marxiste-Léniniste salue les grandes
réalisations du PTC dans la défense de la nation
coréenne et le travail courageux qu'il mène pour
défendre la paix dans la péninsule coréenne en
dépit des difficultés de toutes sortes. LML appelle
les
Canadiens
à
appuyer
le
travail
pour
la
réunification
de la Corée et la défense de la paix
et de la justice dans la péninsule coréenne.
Opposition au bellicisme des
impérialistes américains
et à leur occupation du
Japon
Le gouverneur d'Okinawa prend une position audacieuse
contre l'occupation militaire américaine
Rassemblement d'urgence au
square devant le bureau du
gouvernement préfectoral d'Okinawa dans la ville de Naha, pour
appuyer le gouverneur Onaga Takeshi dans ses efforts pour faire cesser
les travaux d'enfouissement liés à la construction d'une
nouvelle base américaine dans la préfecture (Japan
Press Weekly)
Le 14 septembre, le gouverneur d'Okinawa, Takeshi Onaga,
a annoncé que les autorités préfectorales avaient
enclenché des procédures judiciaires pour faire annuler
le projet d'enfouissement d'Henoko, le site de la nouvelle base
militaire américaine sur l'île principale. Cette
décision audacieuse du gouverneur
Onaga va directement à l'encontre de la volonté du
gouvernement central militariste de Tokyo, qui refuse de rompre avec
son asservissement envers l'impérialisme américain et son
dangereux «pivot vers l'Asie » qui prépare
la guerre contre la Chine et la République populaire
démocratique de
Corée.
Le peuple d'Okinawa appuie massivement les gestes qui
sont posés pour empêcher la construction de la nouvelle
base militaire américaine et a manifesté à
plusieurs reprises sa volonté populaire à l'effet que
tout le personnel militaire et tout le matériel de guerre des
États-Unis doivent quitter leurs îles. La
majorité des représentants politiques à Okinawa
appuient la décision du gouverneur Onaga.
Le maire de la ville de Nago, Inamine Susumu, dont la
ville abrite le site proposé d'Henoko, a dit aux journalistes
que sa décision d'appuyer sans réserve le gouverneur
Onaga est la conclusion logique de son appui aux demandes du peuple
d'Okinawa. Inamine s'est dit déterminé à tout
faire pour appuyer le
gouverneur. Le maire a déclaré son intention de bloquer
la construction de la base en faisant peser dans la balance sa
situation d'autorité parallèlement à celle du
gouverneur. Inamine a critiqué le gouvernement central pour son
mépris envers l'opposition du peuple à la base militaire
américaine et envers
l'opposition quasi unanime des élus. « Dans un pays
qui est censé être gouverné par la loi, il est
inacceptable qu'un gouvernement ne tienne pas compte de la
décision du gouverneur », a-t-il dit.
L'Assemblée de la ville de Nago a par la suite approuvé
par vote majoritaire une déclaration écrite en
appui à la décision du gouverneur.
Des membres élus de la Diète japonaise
(parlement)
d'Okinawa appuient le gouverneur Onaga
Les cinq membres de la Diète provenant d'Okinawa,
qui ont gagné haut la main leurs élections en
décembre dernier en grande partie en raison de leur ferme
opposition à la construction de la base
militaire américaine, ont tenu une conférence de presse
dans l'édifice de la Diète le 15 septembre. Ils ont
exprimé leur appui inconditionnel à la décision du
gouverneur d'Okinawa d'annuler l'approbation du travail d'enfouissement
pour une nouvelle base militaire américaine à Henoko,
à Okinawa. Ils ont critiqué
le gouvernement national d'avoir repris le travail préparatoire
à la construction de la base au mépris de la ferme
opposition de la population d'Okinawa.
En donnant leur appui officiel à la
décision du gouverneur Onaga Takeshi, les cinq
législateurs ont exprimé leur détermination
à travailler ensemble avec le plus grand nombre de personnes
possible d'Okinawa afin d'arrêter la construction de la base. Un
des cinq membres de la Diète, Seiken Akamine, du
Parti communiste du Japon, a dit : «Le gouvernement
central devrait immédiatement arrêter le projet et
s'apprêter à fermer et à démanteler la base
existante à Futenma. »
L'assemblée préfectorale d'Okinawa appuie
la décision du gouverneur
Le 14 septembre, l'Assemblée préfectorale
d'Okinawa a voté une proposition d'appui à la position
courageuse du gouverneur Onaga Takeshi d'arrêter la construction
d'une nouvelle base militaire américaine dans la ville de
Nago. Okinawa est la préfecture le plus au sud du Japon et
comprend toutes les îles du royaume anciennement
indépendant de Ryukyu. La résolution écrite fait
valoir que le gouverneur a décidé de retirer son
approbation parce que c'est ce que demande la très grande
majorité des résidents. On lit dans la
résolution qu'au cours des discussions intenses entre le
gouvernement d'Okinawa et le gouvernement central, Tokyo s'en est tenu
obstinément à sa décision de construire la base
d'Henoko et a fait fi de l'opposition exprimée clairement par le
résultat des élections récentes à la mairie
de Nago, au poste de
gouverneur d'Okinawa et à la Chambre des représentants.
La déclaration critique aussi le gouvernement Abe pour son
attitude méprisante et pour avoir repris le travail
préparatoire à la construction de la base à Henoko
contre la volonté populaire. L'Assemblée exige que le
gouvernement Abe prenne au sérieux la
décision du gouverneur, qu'il mette fin sans délai aux
travaux à Henoko et qu'il commence à négocier avec
le gouvernement américain pour que soit retirée de la
préfecture sa base aérienne de Futenma.
Élection du gouverneur Onaga
Une femme assise devant
une bannière où on
peut lire « l'opinion publique dit NON à la
construction d'une nouvelle base américaine »
à Henoko, dans la ville de Nago, dans la préfecture
d'Okinawa, au Japon, le 17 novembre 2014. La journée
précédente, l'ancien maire de Naha, Takeshi
Onaga, un fervent adversaire du plan de relocalisation de la base
aérienne américaine de Futenma, a remporté les
élections au poste de gouverneur dans la préfecture la
plus au sud du Japon, Okinawa.
Onaga a été nommé gouverneur
d'Okinawa suite à une élection pour le poste de
gouverneur en novembre 2014. Il a axé sa campagne sur son
opposition au plan du gouvernement central de construire une nouvelle
base militaire à Okinawa. Il a battu
par une majorité de 100 000 voix le gouverneur sortant
d'Okinawa, Nakaima Hirokazu, qui avait accordé son autorisation
aux travaux d'Henoko. Aux élections à la mairie de la
ville de Nago et dans la capitale d'Okinawa, Naha, ainsi qu'aux plus
récentes élections générales à la
Diète et à l'Assemblée
préfectorale locale, les adversaires de la base ont
défait leurs rivaux, qui s'étaient prononcés en sa
faveur.
L'ancien gouverneur Hirokazu Nakaima s'était
aussi fait élire comme candidat opposé à la base
et s'était d'abord opposé à ce que la base de
Futenma soit relocalisée à Henoko. Il avait soutenu que
le projet d'enfouissement d'Henoko ferait en sorte
qu'il «serait impossible » de conserver
l'environnement naturel de la région. Cependant, succombant
à la pression exercée par l'administration Abe et
l'armée américaine, il a fait volte-face à la
grande consternation du peuple d'Okinawa qui s'est retourné
contre lui aux élections suivantes.
Grand gagnant de sa course contre Nakaima qui avait
trahi les attentes de la population d'Okinawa, Onaga a multiplié
les occasions de négocier avec le gouvernement central afin de
faire valoir la ferme opposition du peuple d'Okinawa à la
construction de la base. Il a réussi à obtenir un
moratoire d'un mois
sur les travaux d'enfouissement à Henoko au cours duquel Okinawa
et Tokyo ont tenu cinq sessions de discussions intensives sur la
question. À la fin, lorsqu'Onaga a compris que le gouvernement
central n'avait aucune intention d'exprimer quelque appui aux
résidents Okinawa, il a déclaré :
« J'en
arrive à la conclusion que je dois initier des actions. Je vais
travailler sans relâche pour respecter mon engagement et prendre
toutes les mesures nécessaires pour empêcher les
gouvernements de construire une nouvelle base américaine
à Henoko. »
Le gouverneur fait appel aux Nations unies pour
arrêter la construction de la base américaine d'Henoko
Dans un discours au Conseil des
droits de l'homme des
Nations unies à Genève, en Suisse, le 21 septembre, le
gouverneur d'Okinawa Takeshi Onaga a déclaré que les
résidents d'Okinawa ne sont pas d'accord avec la construction
d'une nouvelle base militaire par les gouvernements du Japon et des
États-Unis à Henoko dans la ville de Nago. Il a dit
qu'imposer la construction de la base constitue une violation des
droits humains et qu'on doit l'empêcher par tous les moyens
possibles et légitimes. Le gouverneur en a appelé
à la communauté internationale : « Je
voudrais attirer l'attention du monde
sur Henoko, où le droit des résidents d'Okinawa à
l'autodétermination est en train d'être
nié », a-t-il dit.
Le gouverneur Onaga a dit que le fardeau énorme
que sont forcés de porter les résidents d'Okinawa en
raison des bases militaires est une question de droits humains et qu'il
espère que la crise grandissante au pays et à
l'étranger va empêcher la construction de la nouvelle
base. Il a qualifié
d'« injuste » la demande des gouvernements des
États-Unis et du Japon qu'une base de remplacement soit
construite à Okinawa si on veut fermer la base existante de
Futenma.
« Suite à la Deuxième Guerre
mondiale, les forces militaires des États-Unis se sont
emparées de notre territoire par la force », a dit
Onaga. « Nous n'avons jamais cédé notre
territoire volontairement... Okinawa ne couvre que 0,6 % du Japon.
Par contre, 73,8 % des bases
militaires des États-Unis au Japon se retrouvent à
Okinawa. Pendant les soixante-dix dernières années, les
bases américaines ont été cause de nombreux
incidents, accidents et problèmes environnementaux à
Okinawa. » Il en a conclu que « notre droit
à l'autodétermination et nos droits humains ont
été niés ».
Le gouverneur Onaga a rappelé encore une fois que
les candidats opposés à la construction d'une nouvelle
base à Henoko ont remporté une série
d'élections importantes l'an dernier, dont l'élection au
poste de gouverneur, de maire de Nago , et l'élection à
la chambre basse du parlement. Il s'est dit déterminé
à empêcher la construction de la base et a
ajouté : « Je suis déterminé
à bloquer la construction de la base par tous les moyens
possibles et légitimes. »
En conférence de presse, le gouverneur Onaga a
dit que c'est en grande partie en raison de son opposition à la
base qu'il a remporté l'élection l'an dernier. Il a
accusé le premier ministre Abe de regarder les îles de
haut et d'ignorer la volonté populaire de leurs
résidents. Il a expliqué que le gouvernement
central a poursuivi ses travaux de réclamation dans les eaux
d'Henoko après leur suspension pendant un mois pour des
pourparlers qui se sont avérés vains parce que le
représentant d'Abe s'est opposé à toute
alternative. « Nous sommes en train de poser les premiers
gestes pour empêcher que cette base
soit construite », a dit Onaga.
« Je crois que la volonté publique
à Okinawa a déjà été exprimée
dans une série d'élections l'an dernier mais le
gouvernement du Japon se refuse à le
reconnaître », a dit Onaga en parlant de sa victoire
écrasante en novembre et de celle du 14 décembre aux
élections à la chambre basse qui ont
été remportées de façon décisive par
les candidats opposés à la construction de la base.
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