Le Marxiste-Léniniste

Numéro 33 - 22 juillet 2015

Opposons-nous à la destruction nationale
et au bellicisme du gouvernement Harper

La direction de l'économie
doit être changée

Le Canada rejette l'entente nucléaire historique avec l'Iran
- Dougal MacDonald -

Ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l'Ukraine
- George Allen -

  25e anniversaire de l'assaut contre Kanehsatà:ke
L'incapacité à reconnaître les relations de nation à nation
montre la nécessité du renouveau politique

- Fernand Deschamps -
Déclaration au sujet de la «Crise mohawk de 1990»
- Kanonsonni:onwe, Territoire kahnawake, le 14 octobre 1992 -


La résistance du courageux peuple grec
La Grèce sous le poids de l'austérité et
du diktat des grandes puissances

L'accord de Bruxelles
- www.german-foreign-policy.com -

Nouvelles importantes de Cuba
Les ambassades de Cuba et des États-Unis rouvrent
à Washington et à La Havane

Déclaration du gouvernement révolutionnaire de Cuba
11e Plenum du Comité central du Parti communiste de Cuba
La tendance à la décélération économique s'est inversée

Les conséquences du coup d'État de 2009 au Honduras
La lutte contre la corruption et l'impunité et pour la restauration
de l'État de droit

- Front national de résistance populaire -


États-Unis, hors de Porto Rico!
Annulez la dette! Mettons fin au colonialisme des États-Unis!
- Voice of Revolution -

Des appels à l'annulation de la dette
Crise économique et financière: fabriquée aux États- Unis
- Victor Rodriguez -

Le Comité spécial de la décolonisation de l'ONU affirme le droit
à l'autodétermination de Porto Rico


Opposons-nous à la destruction nationale et
au bellicisme du gouvernement Harper

La direction de l'économie doit être changée


La situation économique au Canada est très inquiétante. Cependant, malgré le ralentissement annoncé et le fait que le Canada ne s'est toujours pas remis du grave ralentissement de 2008, le premier ministre affirme qu'il n'y a pas de quoi s'inquiéter et que tout peut s'arranger avec d'autres mesures d'austérité. De toute façon, dit-il, on ne peut pas faire grand-chose au Canada parce que les problèmes viennent de l'étranger.

Statistique Canada rapporte que l'économie canadienne s'est contractée en avril, le quatrième mois consécutif de déclin. Des économistes disent que le ralentissement s'est poursuivi en mai et en juin, ce qui placerait l'économie en récession. L'agence de statistiques rapporte aussi que le déficit commercial du Canada est passé à 3,34 milliards $ en mai, ce qui représente une autre tendance inquiétante - le fait que la valeur quitte le pays mois après mois et que par conséquent il y a moins d'argent pour acheter des produits et services canadiens.

Le premier ministre est dans le déni. Lorsqu'on lui a demandé de réagir aux propos des économistes de la Banque TD selon qui les perspectives économiques se sont assombries, M. Harper a prétendu ne pas entendre. « La perspective pour l'économie canadienne est favorable pour le reste de l'année... Tous les experts du monde croient que ce pays va continuer sur la voie de la croissance avec le temps et qu'il est parmi les pays avec les meilleures perspectives de croissance au monde. Tant que nous poursuivons nos réductions de taxes et impôts, que nous continuons à viser l'équilibre budgétaire et à diminuer notre dette, le Canada va continuer de croître. »

Le premier ministre refuse d'admettre que l'économie n'est pas en croissance et qu'elle a besoin d'une nouvelle direction. Il se contente plutôt de répéter son dogme habituel que la solution est de maintenir « une discipline fiscale solide » et que les problèmes de l'économie sont dus à la situation internationale.

« C'est vraiment aussi simple, dit-il. Regardez ce qui se passe dans le monde. Il y a une autre crise du ralentissement en Europe, il y a un ralentissement important et d'autres problèmes économiques graves en Chine. Il y a eu une croissance négative au premier trimestre aux États-Unis. Alors, évidemment, ces choses ont des répercussions au Canada et en particulier à cause du prix du pétrole et de certaines marchandises. »

Le gouvernement canadien ne va pas « s'enfoncer dans la spirale du déficit », déclare Stephen Harper.

Exaspéré par les reporters qui ramènent constamment la réalité plutôt que d'accepter ses prédictions aveugles, le premier ministre répète : « Nous maintenons une discipline budgétaire solide. »

Le premier ministre et ses courtisans n'ont aucune idée de comment corriger la situation. Ils s'insurgent contre la moindre suggestion que la direction actuelle ne fonctionne pas et qu'il faut quelque chose d'autre que l'austérité et maintenir le cap, quelque chose de nouveau. Les monopoles mondiaux et les intérêts privés ne peuvent pas continuer de fouler au pied la souveraineté du pays et de priver ses citoyens du droit de décider de ce qui est dans leur meilleur intérêt. Le Canada a été annexé aux États-Unis des Monopoles d'Amérique du Nord et cela n'est pas durable ou soutenable.

Dans ce monde moderne, l'édification nationale appartient aux peuples eux-mêmes ; ils doivent saisir l'initiative, s'inventer une voie vers l'avant et surmonter le refus de changement des monopoles.

Pour amener l'économie dans une nouvelle direction il faut une autorité publique capable d'assumer un rôle dirigeant, ce qui veut évidemment dire défendre les droits de tous et voir à leur bien-être comme condition essentielle d'avancement et avoir le courage de restreindre le droit de monopole et de défendre le droit public. Il faudra d'importants investissements dans les programmes sociaux et les services publics et emprunter de l'argent de l'État lorsque nécessaire pour augmenter l'accumulation de la production existante. Il faudra une autorité publique qui préside au secteur du gros, surtout en ce qui concerne l'importation et l'exportation des produits et leur prix de production, et une restructuration complète du secteur financier basée sur l'entreprise publique au service d'entreprises locales et des citoyens.

En protégeant les programmes sociaux, les services publics et les droits, on fait en sorte que les gens répondent positivement et sont prêts à assumer leur responsabilité sociale, à travailler pour eux-mêmes, leur communauté et la société. Au Canada, cette restructuration interne pour favoriser l'investissement dans les programmes sociaux et les services publics devra être suppléée par une transformation des matières premières ici au pays et une industrie manufacturière dont le rendement est garanti par l'État. Il faut pour cela mobiliser toutes les classes et couches de la société pour que tous investissent leurs épargnes, les investissements privés autant que les pensions, dans ce projet d'édification nationale, et que tous deviennent convaincus que nous sommes capables de bâtir quelque chose de nous-mêmes en tant que pays et en tant que peuple, en tant que personnes désirant vivre, désirant être, désirant s'appuyer sur leurs deux jambes et désirant un avenir, désirant un contrôle sur leurs affaires, leur économie et les affaires politiques.

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Le Canada rejette l'entente nucléaire
historique avec l'Iran


Célébrations le 14 juillet à Téhéran suite à la signature de l'entente
sur le programme d'énergie nucléaire

Le 14 juillet, l'Iran et le groupe qui porte le nom de P5+1 ont réglé une dispute, inventée et interminable, portant sur le programme pacifique d'énergie nucléaire de longue date de l'Iran. P5+1, ce sont les cinq membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU : la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis ainsi que l'Allemagne, le partenaire commercial le plus important de l'Iran. Depuis toujours, les États-Unis, le Canada et Israël accusent à tort l'Iran de vouloir mettre au point des armes nucléaires, bien qu'il n'existe aucune preuve à cet effet. En fait, l'enrichissement de l'uranium de l'Iran est depuis longtemps inspecté par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), laquelle n'a jamais conclu que l'Iran cherchait à réorienter son programme nucléaire à des fins militaires. Qui plus est, l'Iran a le droit inaliénable de développer sa puissance nucléaire de façon pacifique en vertu de l'article 4,1 du Traité de non-prolifération nucléaire, auquel il a adhéré en 1968.

L'Iran a tout à gagner de cette entente signée le 14 juillet et les avantages économiques pour lui sont énormes. D'abord, il pourrait bénéficier de plus de 100 milliards $ en avoirs gelés outre-mer. Il verra la fin de l'embargo européen imposé au pétrole iranien ainsi que de nombreuses restrictions financières imposées aux banques iraniennes. Le président iranien, Hassan Rouhani, a dit que c'était « une bonne entente ». Aussi a-t-il dit : « Aujourd'hui nous sommes à l'apogée du progrès de notre pays, couronnée par douze années de négociations nucléaires avec les puissances mondiales. » Lors de son intervention publique, Rouhani a dit : « Nous voulions atteindre quatre objectifs dès le début de ces négociations : poursuivre l'activité nucléaire au pays, faire en sorte que les sanctions inhumaines soient retirées, que les sanctions illégales imposées par le Conseil de sécurité de l'ONU soient retirées, et que l'Iran soit libre de toutes accusations en vertu du chapitre 7 de la Charte de l'ONU.[1] Nous avons réussi à atteindre chacun de ces objectifs... Nous voulons édifier un pays qui développe l'énergie nucléaire de façon pacifique tout en prônant des idéaux démocratiques pour notre société. Dès mes premiers jours au pouvoir j'ai annoncé que notre programme nucléaire était pacifique et j'ai eu la confiance du peuple », a dit Rouhani.

De grand intérêt est l'hypocrisie flagrante des cinq membres du Conseil de sécurité qui ont élaboré l'entente dans le but d'empêcher l'Iran de développer des armes nucléaires alors que les cinq possèdent déjà eux-mêmes des armes nucléaires. Pour ce qui est de l'Allemagne, elle est le pays d'accueil d'armes nucléaires étasuniennes en Europe. Les cinq grandes puissances du Conseil de sécurité se sont toujours déclarées un club nucléaire exclusif qui se caractérise par son monopole nucléaire et qui décide qui peut et qui ne peut pas posséder des armes nucléaires et même utiliser la technologie nucléaire à des fins pacifiques.

Qui plus est, les grandes puissances membres du conseil qui font partie du système impérialiste d'États des États-Unis et de l'Union européenne — les États-Unis, le Royaume-Uni et la France — ont même aidé Israël, leur allié, à fabriquer des armes nucléaires, un fait confirmé en 1986 par un ancien technicien nucléaire israélien, Mordechai Vananu. Malgré tout, ils continuent de dénoncer tout autre pays qui cherche sa propre voie ou qui cherche à développer sa technologie nucléaire de façon pacifique comme étant un « pays délinquant ». En vertu de ces critères, des pays tels l'Iran sont constamment menacés d'annihilation.

Les États-Unis, qui représentent le plus grand danger pour la paix mondiale, possèdent le plus grand nombre d'armes nucléaires au monde, soit entre 2 000 et 5 000 ogives nucléaires. Ils sont aussi le seul pays à avoir eu recours aux armes nucléaires pour attaquer d'autres pays. En 1945, les bombes larguées par les États-Unis sur Hiroshima et Nagasaki ont fait pas moins de 200 000 victimes. Plusieurs personnes ont été tuées instantanément et un grand nombre sont décédées suite à des brûlures atroces ou sont devenues malades suite aux radiations et au cancer. Les États-Unis ont aussi eu recours au chantage nucléaire et ont proféré des menaces de destruction contre un grand nombre de pays, entre autres, en 1947 contre l'Union soviétique sur la question de l'Iran, en 1953 contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), en 1954 contre le gouvernement Arbenz au Guatemala lorsque les États-Unis ont appuyé le coup d'État contre ce pays (les bombardiers nucléaires étasuniens étaient en vol), dans les années 50 et 60 contre la Chine, en 1962 contre Cuba au moment de la « crise des missiles », en 1969 contre le Vietnam, en 1975, encore une fois contre la RPDC, en 1990-91 contre l'Irak, en 1996 contre la Libye et depuis 2008, contre l'Iran en vertu de la doctrine « toutes les options sont sur la table ».

Ce qui rend la situation encore plus ironique est le fait que le programme nucléaire de l'Iran a été mis en oeuvre avec l'aide des États-Unis. Il faisait partie du programme « Atomes pour la paix » lancé en 1953 par Eisenhower et qui visait à détourner l'attention des crimes de guerre des États-Unis contre le Japon et de l'arsenal d'armes nucléaires offensives en croissance aux États-Unis. C'était au moment du règne du chah Reza Pahlevi, qui avait été restitué en 1953 par les États-Unis et le Royaume-Uni après qu'ils eurent renversé le premier ministre élu, Mohammed Mosaddegh, lequel avait nationalisé l'industrie du pétrole propriété des Britanniques. En 1967, les États-Unis ont doté l'Iran d'un réacteur de recherche nucléaire de cinq mégawatts ainsi que d'uranium fortement enrichi. Aussi, c'est sous le règne du chah fantoche qu'il y a eu de réelles tentatives de développer des armes nucléaires. Pendant ce temps, les États-Unis fermaient les yeux. En février 1974, suite à une entente franco-iranienne en matière de coopération en uranium enrichi, le chah avait annoncé au quotidien Le Monde qu'un jour, « dans un avenir plus rapproché qu'on ne pourrait s'imaginer », l'Iran serait « en possession d'une bombe nucléaire ». La participation des États-Unis et des gouvernements européens occidentaux au programme nucléaire de l'Iran s'est poursuivie jusqu'à la Révolution iranienne de 1979 qui a renversé le chah. Celui-ci s'est enfui vers les États-Unis, apportant avec lui des centaines de millions de dollars volés au peuple iranien.

Suite à la Révolution de 1979, l'Iran s'est libéré de la domination des États-Unis et suite à cette rupture une grande partie de la coopération nucléaire internationale a cessé. Les États-Unis ont plutôt commencé à imposer à l'Iran des sanctions très onéreuses, y compris un gel d'avoirs iraniens aux États-Unis de l'ordre de 12 milliards $. À leur tour, l'Union européenne, le Japon et la Corée du Sud ont aussi imposé des sanctions. De nouvelles sanctions furent imposées en 1995, suite à l'élection du président iranien Akbar Hashemi Rafsanjani. Il a été interdit aux compagnies de transiger avec le gouvernement iranien. Par exemple, tout commerce des États-Unis touchant à l'industrie du pétrole iranien fut interdit. En 2013, l'Iran a donné son accord à une entente provisoire lui permettant d'alléger les sanctions de près de 7 milliards $ s'il suspendait l'enrichissement d'uranium et s'il autorisait les inspecteurs de l'ONU à avoir davantage accès à ses installations. Les puissances mondiales se sont aussi engagées à faciliter l'accès de l'Iran à 4,2 milliards $ de liquidités jusque là interdites.

Comme si les graves sanctions étasuniennes ne suffisaient pas, le Conseil de sécurité de l'ONU, sous la direction des États-Unis, a adopté huit résolutions entre 2006 et 2012 pour imposer de nouvelles sanctions à l'Iran pour « non-respect des garanties promises ». Par contre, pas une seule sanction n'a été adoptée contre la puissance nucléaire qu'est Israël, grâce à la protection constante des États-Unis. Parmi les sanctions imposées à l'Iran il y a l'interdiction de toute importation de technologie nucléaire, le gel des avoirs d'individus et de compagnies iraniens, l'imposition d'un embargo sur les armes, la surveillance des banques iraniennes, l'inspection de cargos entrant au pays, la surveillance d'individus et l'interdiction de services financiers. Bien que les sanctions aient occasionné des difficultés au peuple iranien, elles n'ont jamais réussi à forcer l'Iran à plier l'échine au diktat étranger sur les affaires du pays et sur son droit souverain de posséder son propre programme de technologie nucléaire.

Au cours de ces négociations qui s'éternisent sur le programme nucléaire iranien, Israël, qui refuse lui-même d'admettre qu'il possède des armes nucléaires, est le premier à accuser à tort l'Iran de vouloir développer des armes nucléaires. Or, l'Iran est signataire du Traité de non-prolifération nucléaire. Israël, lui, ne l'est pas. En 1981, après avoir procédé au bombardement illégal de la centrale nucléaire irakienne, Israël a adopté la doctrine Begin de « frappe préventive de non-prolifération » selon laquelle seul Israël est autorisé à posséder et à utiliser des armes nucléaires au Moyen-Orient. Les États-Unis ne s'opposent aucunement à cette doctrine. En mai 2015, appuyés par le Canada, ils ont empêché l'adoption d'un projet de l'ONU qui aurait fait du Moyen-Orient une zone dénucléarisée. Israël a toujours tenté de faire échouer les négociations portant sur le programme nucléaire iranien et cherche à convaincre qui veut l'entendre que toutes négociations avec l'Iran sont peine perdue. Il cherche aussi à forcer l'Iran à détruire ses centrifugeuses et à abandonner complètement son programme d'énergie nucléaire. Israël réclame aussi l'imposition de nouvelles sanctions économiques contre l'Iran. L'objectif caché d'Israël est d'ultimement déclencher une guerre ouverte, ce qu'il souhaite depuis longtemps, ne cherchant qu'un prétexte pour lancer une attaque directe contre l'Iran.

Le gouvernement canadien entretient envers l'Iran une attitude à la fois agressive et belliciste, attitude qu'elle nourrit depuis la Révolution de 1979, alors que six diplomates étasuniens se sont réfugiés à l'ambassade canadienne au cours de l'insurrection. Le gouvernement canadien, en collaboration avec la Central Intelligence Agency des États-Unis, les a aidés à sortir du pays avec des passeports canadiens et des faux visas iraniens, une ingérence illégale flagrante dans les affaires intérieures de l'Iran. En septembre 2012, le porte-parole de Harper, John Baird, a fait cette déclaration ridicule : « Le Canada considère qu'aujourd'hui le gouvernement de l'Iran représente la menace la plus importante à la paix et à la sécurité mondiales. » Il a ensuite annoncé la fermeture de l'ambassade iranienne et l'expulsion de tous les diplomates iraniens du Canada. Cette politique interventionniste de Harper est toujours la même. La toute récente version de cette politique est la « diplomatie directe », qui n'a rien à voir avec la négociation et le dialogue comme moyens de résoudre les problèmes, mais est une politique dangereuse qui vise à passer outre le gouvernement élu de l'Iran pour s'ingérer directement dans les affaires intérieures de la société iranienne. Ce programme ne vise rien de moins qu'un changement de régime en Iran, obtenu en fomentant des manifestations et une opposition violente, comme pour les « révolutions oranges » instiguées par les États-Unis en Ukraine et dans d'autres pays.

Même si les pays du P5+1 ont signé l'entente avec l'Iran le 14 juillet, le gouvernement Harper refuse de l'accepter et de retirer ses propres sanctions plutôt insignifiantes. Harper rejette la voie suivie par l'administration Obama aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et dans l'Union européenne. Il s'allie une fois de plus avec les républicains étasuniens et Netanyahu d'Israël. Celui-ci a dénoncé l'entente du 14 juillet comme étant « une importante erreur historique » et a affirmé une fois de plus le soi-disant droit d'Israël d'attaquer unilatéralement l'Iran. Ceci met une fois de plus en lumière que les Canadiens ont besoin d'un gouvernement antiguerre. Un tel gouvernement retirerait toutes sanctions et rétablirait immédiatement les relations diplomatiques avec l'Iran ainsi qu'avec tous les pays. Il reconnaîtrait que tout pays a le droit à l'autodétermination et que les pays sont égaux entre eux, qu'ils soient petits ou grands, et qu'ils ont le droit de se défendre. Un tel gouvernement chercherait à résoudre les problèmes entre les pays non pas par la force mais par le dialogue et les négociations et tiendrait compte des intérêts de tous les partis ainsi que de toute la communauté mondiale.

Note

1. Le chapitre 7 de la Charte de l'ONU s'intitule « Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d'acte d'agression ».

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Ingérence flagrante dans les affaires
intérieures de l'Ukraine


Manifestation sur la Colline du parlement contre le soutien du gouvernement Harper aux néonazis en Ukraine, 10 octobre 2014

Une enquête récente a permis de découvrir d'autres faits sur comment des manifestants antigouvernementaux armés ont fait irruption dans l'ambassade du Canada à Kiev le 18 février 2014 et l'ont utilisée comme refuge lors du coup d'État perpétré par les États-Unis et l'Union européenne contre le gouvernement élu de l'Ukraine de l'époque (« Euromaïdan »). L'actuel ambassadeur du Canada à Kiev, Roman Waschuk, a confirmé dans une récente interview que des manifestants avaient bien campé dans le hall principal de l'ambassade durant au moins une semaine, une information que le gouvernement de Stephen Harper n'avait pas dévoilée publiquement auparavant. Cette chaîne d'événements constitue une ingérence flagrante dans les affaires intérieures de l'Ukraine par la bande à Harper.

Le gouvernement Harper et les médias monopolisés à son service ont essayé de minimiser l'événement comme étant un incident sans importance. Selon les informations publiées à l'époque, les manifestants qui sont entrés dans l'ambassade n'étaient qu'« une poignée »[1], tout au plus « une dizaine de manifestants antigouvernementaux ».[2]

L'ambassade a été fermée le 19 février et est restée fermée pendant les événements qui ont abouti au coup d'État contre l'ancien président Viktor Ianoukovytch le 22 février.[3] Le fait que les nombreux manifestants antigouvernementaux de Kiev sont restés dans l'ambassade du Canada pendant sept jours au cours de cette période expose la bande à Harper comme des participants actifs au changement régime et non seulement comme des « fournisseurs de refuge ».

Les justifications non officielles du gouvernement pour avoir permis aux manifestants de camper dans l'ambassade sont complètement fausses. La bande à Harper affirme qu'un premier manifestant « a brandi un passeport canadien » et que d'autres manifestants se sont alors précipités à l'intérieur. Le gouvernement affirme également que puisque tous les manifestants étaient pro-Union européenne et contre la Russie, ils devaient être « pro-démocratie », même s'il est de notoriété publique que des groupes néonazis ont participé à ces manifestations et les ont instiguées.

À l'époque, les médias ont signalé que « le bureau du ministre des Affaires étrangères John Baird indique que les manifestants présents à l'ambassade sont pacifiques et n'ont pas causé de dommage ou préjudice au personnel diplomatique ». Le porte-parole de l'ambassade du Canada, Adam Hodge, avait déclaré : « Nous espérons que la situation s'améliore rapidement afin qu'ils puissent quitter en toute sécurité les locaux de l'ambassade le plus rapidement possible. Nous nous attendons à ce que ces personnes soient en mesure de quitter l'ambassade en toute sécurité, sans intimidation, arrestation ou encore harcèlement. »[4]

On peut seulement imaginer le tollé qu'aurait fait la bande à Harper si une mission diplomatique étrangère à Toronto avait abrité des manifestants anti-G8 pour une semaine en 2012 ou, plus récemment, des militants d'Idle No More - Jamais plus l'inaction. Le pays concerné aurait été publiquement dénoncé pour s'être ingéré dans les affaires intérieures du Canada, son ambassade fermée et ses diplomates expulsés.

Le modèle du Canada pour ce qui s'est passé à l'ambassade du Canada en Ukraine sont les ambassades des États-Unis qui depuis longtemps s'ingèrent dans les affaires intérieures des pays souverains pour porter et garder au pouvoir des gouvernements pro-américains, notamment en provoquant des changements de régime violents. Les agents de la CIA dirigent les ambassades sous couvert diplomatique. Un exemple de cela est le rôle joué par l'ambassade américaine pour fomenter le coup d'État militaire de 1973 contre le gouvernement Allende au Chili. Un autre sont les efforts déployés par l'ambassade des États-Unis au Venezuela pour renverser le gouvernement anti-impérialiste de Maduro.

Les événements du Maïdan de février ont mené au renversement de l'ancien président Viktor Ianoukovytch après qu'il eut rejeté un accord de libre-échange de grande envergure avec l'Union européenne pour des relations mutuellement avantageuses tant avec la Russie qu'avec les pays membres de l'UE. Cela a conduit finalement le 7 juin à la nomination au poste de président du milliardaire pro-européen et anti-russe Petro Porochenko, que le gouvernement Harper violemment anticommuniste soutient inconditionnellement. À l'invitation de Harper, Poroshenko a prononcé un discours à la Chambre des communes du Canada le 17 septembre 2014, le lendemain de la signature d'un accord avec l'Union européenne et quelques jours avant sa rencontre avec le président américain Obama. Le gouvernement Harper a également consenti un prêt de 200 millions $ à l'Ukraine, promis des équipements militaires et plus de sanctions contre la Russie ; en tout, le Canada a prêté près de trois quarts de milliards à l'Ukraine ces dernières années. Actuellement, le gouvernement Harper envoie 200 militaires pour former l'armée ukrainienne, dont, comme on le sait, font partie le bataillon Azov et d'autres bataillons néonazis.

Les événements de l'ambassade font également partie du problème plus vaste du rôle perturbateur délibéré et soutenu du gouvernement Harper dans la région. Il ne représente pas la volonté des Canadiens qui est de contribuer à régler par la médiation le conflit qui oppose le régime Poroshenko à la Russie et aux citoyens de l'Est de l'Ukraine qui sont attaqués par le gouvernement de Kiev. Alors qu'il est dans l'intérêt du peuple de l'Ukraine et de la Russie ainsi que des peuples du monde que les différends soient réglés de manière pacifique par la négociation dans la région, la bande à Harper semble déterminée à provoquer autant de troubles que possible avec son attitude belliqueuse.

Il ne fait aucun doute que la bande à Harper espère une récompense sous la forme du vote, lors des prochaines élections fédérales, des 1,2 million de Canadiens d'origine ukrainienne, (que la bande à Harper suppose à tort être tous des partisans du fascisme) et sous la forme d'avantages commerciaux importants pour les monopoles que représente Harper. Le 14 juillet, le Canada a annoncé la signature l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine (ALECU) qui va « offrir d'importants avantages commerciaux aux entreprises canadiennes ».[5] Après la signature, le premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a demandé aux entreprises canadiennes de jouer un rôle majeur dans la privatisation massive des actifs de l'État ukrainien qui comprend 342 entreprises publiques, notamment le secteur de l'énergie de propriété publique.

Notes

1. CBC, 18 février 2014.
2. Globe and Mail, 18 février 2014
3. Presse Canadienne, 18 février 2014
4. CBC, 12 juillet 2015.
5. Le texte de l'ALECU peut être trouvé ici.

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25e anniversaire de l'assaut contre Kanehsatà:ke

L'incapacité à reconnaître les relations de nation à nation montre la nécessité du renouveau politique


Marche marquant le 25e anniversaire du soulèvement d'Oka le 11 juillet 2015 (K. David)

Le 11 juillet 2015 était le 25e anniversaire de ce que les médias monopolisés appellent « la crise d'Oka ». C'est une référence aux événements de 1990, lorsque l'État canadien a impitoyablement assailli les Mohawks de Kanehsatà:ke, une nation membre de la Confédération iroquoise des Six Nations, qui défendaient leur droit ancestral et leur droit issu de traités d'exercer leur souveraineté et leur autodétermination sur leur territoire traditionnel dans un endroit connu comme la Pinède, dans la région aujourd'hui appelée Oka. L'endroit en question, où se trouve un cimetière sacré, était convoité par les promoteurs d'un club de golf local qui planifiaient l'ajout de neuf trous sur des terres ancestrales que les Mohawks revendiquent depuis 300 ans. Pour défendre leur cause sacrée, les Mohawks ont érigé une barricade sur une route menant à la Pinède.


Occupation symbolique du terrain de golf d'Oka durant la commémoration du 25e anniversaire de l'assaut contre Kanehsatà:ke

Le 30 juin 1990, un tribunal du Québec a accordé à la municipalité d'Oka une injonction l'autorisant à démanteler la barricade érigée pacifiquement. Devant le refus des Mohawks de céder à la pression, la Sûreté du Québec a lancé le 11 juillet un assaut digne de la Gestapo dans la Pinède. Les policiers sont arrivés en formation complète de combat, armés de grenades assourdissantes, de gaz lacrymogènes et de fusils d'assaut.

Lorsque les guerriers mohawks se sont armés de leur mieux pour défendre leur territoire traditionnel, ils agissaient conformément à la Grande loi de la paix qui est considérée comme la plus ancienne constitution vivante au monde. La Grande loi de la paix précède de quelques siècles l'Acte de l'Amérique du Nord britannique de 1867. Elle est le cadre juridique régissant les relations entre les six nations de la Confédération iroquoise - Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora. Les « Warriors » tels que définis par la Grande loi de la paix ont la responsabilité de « porter le fardeau de la paix », qui est à l'opposé de la façon dont les médias monopolisés ont présenté les warriors mohawks pendant la « crise d'Oka ». Pour les criminaliser, pour criminaliser leur cause, briser l'unité politique entre les Mohawks et les peuples canadien et québécois et justifier la violence brutale de l'État contre les manifestants, ils ont présenté les warriors mohawks comme des terroristes et des bandits.

Un mois plus tard, le gouvernement conservateur de Brian Mulroney, qui avait laissé la situation dégénérer, a mobilisé quelque 4 000 soldats armés soutenus par des véhicules blindés et des hélicoptères pour terroriser jour et nuit Kanehsatà:ke et la communauté mohawk voisine de Kahnawà:ke afin de les forcer à capituler. Au cours du siège d'Oka par le gouvernement, un aîné, Joe Armstrong, âgé de 71 ans, a été frappé à la poitrine par un gros bloc de roche lors d'une confrontation avec une foule incitée à commettre des attaques racistes. Il est mort une semaine plus tard d'une crise cardiaque. En tout, plus de 100 Mohawks et leurs alliés ont été arrêtés au cours de ces événements. Beaucoup des personnes arrêtées ont allégué avoir été maltraitées par la police. Beaucoup de Mohawks ont été blessés, y compris de jeunes enfants.

Les Mohawks, avec le soutien d'autres Premières Nations et de gens partout au Québec et au Canada ont tenu bon durant 78 jours de négociations, confrontés à la force supérieure en nombre et en puissance de feu de l'État canadien ainsi qu'à une campagne pernicieuse de désinformation des médias visant à présenter leur juste lutte comme un problème de « loi et d'ordre ». Ils se sont défendus en tant que nation avec honneur et dignité et sont sortis vainqueurs dans la mesure où les autorités municipales d'Oka n'ont pas été capables de poursuivre leur développement commercial prévu dans la Pinède. Malgré cela, la criminalisation s'est poursuivie sans relâche.


Le 12 août 1990, face à la résistance résolue des Mohawks, le ministre fédéral des Affaires indiennes, Tom Siddon, et le ministre québécois des Affaires autochtones, John Ciaccia, ont signé des ententes leur garantissant l'accès à la nourriture, à des fournitures médicales, à des conseillers spirituels et à des observateurs juridiques.

La « crise d'Oka » a une fois de plus mis en évidence le problème des justes revendications des Premières Nations pour le contrôle de leurs territoires traditionnels et la nécessité pour le Canada d'entamer des relations avec les Premières Nations sur une base moderne, de nation à nation.

En prenant position, les Mohawks de Kanehsatà:ke et Kahnawà:ke ont également inspiré d'autres Premières Nations au Canada et des peuples autochtones à l'échelle internationale à intensifier la lutte pour leurs droits. Leur résistance a forcé le gouvernement conservateur de Brian Mulroney à mettre en place la Commission royale sur les peuples autochtones en 1991. Son volumineux rapport a été déposé en 1996 et contient plus de 400 recommandations pour l'amélioration des relations entre le Canada et les Premières Nations, mais presque toutes continuent d'être ignorées par le Canada qui continue à piétiner en toute impunité leurs droits ancestraux, constitutionnels et issus des traités.

Le besoin de renouvellement pour mettre fin à l'impunité et au mépris du gouvernement envers les droits des Premières Nations

Cette attitude coloniale raciste envers les peuples autochtones est plus nettement exprimée par le gouvernement Harper qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2006, a adopté une loi après l'autre pour éteindre les titres ancestraux relatifs aux terres des autochtones en faveur des monopoles et aussi s'assurer que le gouvernement n'a pas à rendre des comptes pour les crimes passés et présents commis contre eux. Le refus du gouvernement Harper de mettre en place une enquête nationale sur le cas des femmes et filles autochtones disparues et assassinées est un exemple de cette attitude criminelle insensible envers les peuples autochtones.


Ellen Gabriel prenant la parole lors des commémorations du 23e anniversaire du soulèvement d'Oka en 2013

L'adoption du projet de loi antiterroriste C-51 par les conservateurs et les libéraux est un autre exemple de la façon dont les gouvernements agissent en toute impunité. Comme l'affirme Ellen Gabriel, l'une des porte-parole des Mohawks pendant la « crise d'Oka », le projet de loi « ne tient pas compte des questions de longue date et de graves problèmes non résolus de la dépossession des terres des peuples autochtones en vertu de la Loi sur les Indiens ».[1]

Au lieu de répondre à la nécessité d'une nouvelle relation entre les peuples autochtones et le Canada, le gouvernement Harper continue de faciliter le pillage des ressources des peuples autochtones au nom des plus grands monopoles pétroliers, gaziers, d'exploitation forestière et minière. Par exemple, le projet d'oléoduc Énergie Est de l'entreprise TransCanada va traverser Kanehsatà:ke pour transporter le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. Le gouvernement Couillard se prépare à fournir un certificat de conformité environnementale pour le monopole d'exploitation minière Niocan pour son projet sur le territoire de Kanehsatà:ke. Ici, Niocan planifie d'extraire du sous-sol le minerai de pyrochlore, duquel est soutiré le tantale, un métal très en demande par l'industrie aéronautique, et des éléments de terres rares très recherchés par l'industrie électronique.

Ce projet particulier a été dénoncé dès le début par les Mohawks de Kanehsatà:ke et par les peuples québécois et canadiens. Cela inquiète beaucoup parce que ces projets vont gravement compromettre la sécurité des résidents autochtones et des autres résidents de la région, que ce soit par des déversements d'hydrocarbures toxiques ou la contamination des eaux souterraines par les sous-produits radioactifs de la mine.

Toutes ces questions non résolues révèlent l'affrontement entre deux visions distinctes du monde : la première qui est celle des peuples autochtones avec leur profond respect de la Terre-Mère à partir de laquelle ils ont toujours assuré leur subsistance traditionnelle, et la seconde, la vision eurocentriste qui depuis l'époque coloniale déclare la Terre-Mère une propriété privée. Devant la résistance des Premières Nations et de leurs alliés face au diktat de l'État canadien, des projets de loi omnibus sont adoptés (C-38 et C-45 en 2012, C-4 et C-43 en 2014 par les conservateurs de Harper et le projet de loi 28 par les libéraux de Couillard en avril 2015). Ces lois veulent donner une légitimité aux intérêts privés des monopoles au détriment des Premières Nations et des peuples du Canada et du Québec.

Au coeur de ce conflit sont les vieux arrangements constitutionnels archaïques de 1867. La Charte canadienne des droits et libertés adoptée en 1982 ne fait que confirmer que les droits énoncés dans la Charte sont en réalité des privilèges, puisqu'ils ne peuvent être exercés que dans des limites « raisonnables », ce qui signifie que quelqu'un d'autre a le pouvoir de décider quelles sont ces limites raisonnables. Ainsi, la réponse de l'État colonial canadien face aux actions politiques des Premières Nations pour leurs droits est la criminalisation de leurs luttes justes et la répression violente, comme cela a été fait durant la « crise d'Oka ». Ces arrangements n'ont plus leur place. Ils représentent un système économique et politique qui est désuet, en crise constante et qui ne peut résoudre les problèmes auxquels sont confrontés les peuples autochtones, les Canadiens ou les Québécois. Devant cette réalité, les Premières Nations et les peuples canadien et québécois ont le devoir de renouveler les arrangements politiques et constitutionnels au Canada afin que les droits de tous soient garantis dans une constitution nouvelle et moderne qui facilite les relations de nation à nation entre les peuples autochtones, le Canada et le Québec.

À l'occasion du 25e anniversaire de la victoire historique des Mohawks à Oka, LML envoie ses salutations les plus chaleureuses aux Mohawks de Kanehsatà:ke et Kahnawà:ke et à leurs alliés qui ont courageusement défendu leurs droits ancestraux et issus de traités face à l'agression brutale de l'État canadien. LML appelle également à un dédommagement pour les crimes que l'État canadien a commis contre les Mohawks pendant et après la « crise d'Oka » et invite les citoyens à défaire le gouvernement Harper à l'élection fédérale d'octobre.

Note

1. Mémoire soumis par Ellen Gabriel à la commission parlementaire sur le projet de loi C-51. La commission parlementaire ne lui a pas permis de témoigner et de le présenter. Pour le document complet en anglais, cliquez ici.

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Déclaration au sujet de la «Crise mohawk de 1990»


Le Wampum à deux rangs, ici en tête de la manifestation du 30 mai 2015 à Ottawa contre le projet de loi C-51, affirme la revendication des travailleurs du Canada de nouvelles relations entre le Canada et les nations autochtones fondées sur le respect de leur souveraineté.

Les Rotinonson:ni sont un peuple souverain. Avec l'arrivée des puissances européennes en Amérique du Nord, la paix fut établie selon une entente, le Traité du wampum à deux rangs. Ce traité fut établi entre les Rotinonson:ni et les Hollandais et les Britanniques en Amérique du Nord. Cette entente est un traité de paix, d'amitié et de respect. Une grande paix fut ainsi établie entre nations souveraines.

Il fut aussi entendu qu'advenant qu'une autre puissance ou nation vienne à menacer cette paix, les nations participantes à ce pacte interviendraient pour protéger le peuple et rétablir la paix. Avec la formation du Dominion du Canada, le peuple canadien hérita naturellement de la responsabilité de ses prédécesseurs britanniques envers cette entente de paix. Notre peuple, les Rotinonson:ni, a continué de favoriser cette entente initiale avec les nouvelles autorités canadiennes. Nos nations demeuraient en paix mutuelle et il n'y avait pas lieu d'attendre une menace de la part de nos voisins pacifiques puisque le Traité du wampum à deux rangs était et est toujours perçu comme sacré. Tous les membres de cette entente avaient prêté serment de soutenir et de protéger cette Grande Paix advenant une menace potentielle.

Le temps passa et, présumant que notre traité international nous protégerait, les Rotinonson:ni devinrent victimes malgré eux d'assujettissement aux mains de la nouvelle Autorité canadienne. Le système des Conseils de bande élus fut imposé à notre peuple avec l'aide de la police du Dominion et par le recours à la force des armes, ce qui força notre gouvernement traditionnel et nos gens traditionnels à fonctionner dans la clandestinité.

Depuis ce temps, des méthodes encore plus exécrables ont été utilisées pour éliminer la souveraineté légitime des Rotinonson:ni et de leur gouvernement. Ces méthodes entravent jusqu'à ce jour notre capacité de voir à nos affaires. Les principes de paix qui avaient inspiré nos lois originales et nos institutions gouvernementales avaient aussi inspiré l'entente sacrée du Traité du wampum à deux rangs à laquelle adhéraient toutes les nations participantes.

Un terrain d'entente fut établi lorsque nos ancêtres comprirent et acceptèrent que ce traité serait garant de paix et du bien-être des peuples de nos nations.

Force est de conclure que l'agression armée contre notre peuple à Kanesatake le matin du 11 juillet 1990, par un détachement d'agents de la Sûreté du Québec armés jusqu'aux dents, était en violation de notre entente historique, le Traité de paix et d'amitié du wampum à deux rangs.

Les Rotiskenenkehte ont immédiatement réagi afin de protéger la paix et empêcher une autre attaque contre notre peuple à Kanesatake. L'accès au pont Mercier fut bloqué à partir des routes 138, 132, 297 et du vieux chemin de Châteauguay. L'accès à ces routes à partir du pont Mercier fut aussi bloqué, avec pour conséquence pratique d'empêcher tout passage sur ces routes à l'exception des véhicules d'urgence tels les ambulances et les camions de pompiers. Tout véhicule appartenant à la Sûreté du Québec et à la GRC se vit aussi refuser accès à ces routes. Cette mesure fut prise en réaction à l'assaut contre notre peuple à Kanesatake et en tant que mesure dissuasive.

Dû à l'absence de relations formelles entre nos deux nations, relations qui relèvent d'une responsabilité mutuelle selon notre Traité sacré du wampum à deux rangs, aucune autre alternative était envisageable qui permettait d'assurer la sécurité de nos deux peuples en conflit à Kanesatake.

Vu l'escalade de la violence contre notre peuple, vu l'utilisation d'armes et le recours à l'agression armée par les agresseurs, et face à l'indifférence à l'égard du principe de coopération dans le maintien de la paix et de la sécurité dans l'enceinte de nos territoires prévu par nos traités, il était et demeure justifié que les Rotiskenenkehte prennent les mesures nécessaires contre un recours à la force qui pourrait menacer la paix et la sécurité de notre peuple, nos lois et nos territoires, y inclus le recours à des armes de défense, à des fins défensives, tel que stipulé par les lois de notre peuple concernant les restrictions, l'usage et l'entreposage de telles armes.

Les Rotiskenenkehte eurent aussi recours à des barricades et à des équipements à cet effet dans l'unique but de maintenir la sécurité et la paix et de dissuader tout assaut violent contre notre peuple. Ces mesures furent aussi justifiées en raison de la violence utilisée contre nous par la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale et les Forces armées canadiennes tout au long de cette situation difficile.


La Sûreté du Québec devant les barricades le 11 juillet 1990, avant l'assaut

Ces actes ainsi que ceux commis par nos forces de réserve pour éliminer et dissuader les menaces à la paix contre notre peuple furent et demeurent justifiés aux yeux de notre constitution (Kaienerekowa) et nos lois (articles concernant spécifiquement les responsabilités de nos hommes et de nos femmes), et selon les traités historiques entre nos deux nations.

Nous insistons aujourd'hui sur l'importance de renouveler les relations pacifiques entre nos deux nations. Nous souhaitons que des négociations pacifiques commencent dans le but de trouver un cadre à ces discussions. Nous invitons les autorités canadiennes à prendre note des intentions pacifiques des Mohawks de Kahnawake à assurer et à maintenir la paix au sein de nos communautés et à éviter des situations qui pourraient remettre en cause la paix qui existe entre Kahnawake et le peuple du Québec et du Canada.

Il est proposé que toute action menée en violation de la juridiction des Mohawks de Kahnawake cède la place aux négociations de paix que nous proposons, en tant que mesure conforme à notre traité sacré, lequel est conforme aux principes universels de paix et de coopération.

Tel que résolu en ce jour, le 14 octobre 1992, à Kahnawake, comme en fait foi notre procès-verbal.

Les Mères de clan et le Conseil des chefs, Rotinonson:ni, Kahnawake

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La résistance du courageux peuple grec

La Grèce sous le poids de l'austérité et du diktat des grandes puissances


Les Grecs célèbrent la victoire du non à l'annonce des résultats du référendum le 5 juillet 2015.

L'Europe est en crise. L'économie européenne des monopoles ne fonctionne pas. Les grandes puissances et l'élite dirigeante à Washington, Berlin, Londres, Paris et Bruxelles ne proposent pas de solution, sauf plus de souffrances, en particulier pour les peuples de la périphérie tels que la Grèce, le Portugal, l'Irlande, l'Espagne, l'Ukraine et ailleurs. Pas d'alternative à l'austérité, la misère et la domination des grandes puissances est permise, puisque toute autre direction nuirait aux intérêts des propriétaires de la grande richesse sociale et leurs monopoles. L'incohérence associée à la ruine d'une économie et la destruction d'un pays pour sauver le statu quo et les privilèges des riches est imposée de force aux Européens dans un pays après l'autre.

Le peuple grec s'est fait dire directement et à maintes reprises qu'il doit accepter l'austérité et la domination des grandes puissances sinon il sera écrasé par des moyens jamais vus depuis les atrocités nazies de la Deuxième Guerre mondiale. Aucune solution à l'angoisse n'est offerte sauf de continuer le même programme cruel d'austérité antisociale. Le rejet courageux par le peuple grec de l'austérité dans un référendum national ne signifie rien pour les grandes puissances. L'élite dirigeante aux États-Unis et en Allemagne a rejeté le verdict avant même le dépouillement du vote.

La situation est telle que même une section de l'élite dirigeante s'alarme de se voir tourner en rond et se diriger vers un échec. Elle voit que l'austérité ne fonctionne tout simplement pas pour elle en tant que gouvernants et ne fait qu'aggraver la situation. L'austérité est allée trop loin et cela ne fait que confirmer à quel point elle détruit la richesse sociale et l'incapacité à faire croître l'économie.


Manifestation contre l'austérité le 15 juillet 2015

Par exemple, l'économiste américain Jeffrey Sachs reconnaît que la situation est insoutenable et quelque chose d'autre que l'austérité doit être tenté. Sachs est tristement célèbre pour sa thérapie de choc imposée à l'Europe de l'Est dans les années 1990, une politique que la plupart juge responsable de l'effondrement économique généralisé de cette époque. Juste avant un récent sommet de l'Eurogroupe, dans une lettre ouverte rédigée par Sachs, Heiner Flassbeck, l'ex-secrétaire d'État au ministère allemand des Finances, ainsi que plusieurs autres éminents économistes, ont appelé la chancelière allemande Angela Merkel à « voir dans le référendum grec une occasion de corriger le tir dans les politiques envers la Grèce .... L'austérité sans fin que l'Europe impose au peuple grec ne fonctionne tout simplement pas. Comme la plupart du monde l'avait prédit, les demandes financières faites par l'Europe ont écrasé l'économie grecque et ont empiré la crise de la dette extérieure.... L'impact humanitaire a été colossal. Quarante pour cent des enfants vivent maintenant dans la pauvreté et la mortalité infantile est montée en flèche. » [...] « Le remède prescrit par Berlin et Bruxelles a saigné le patient », écrivent les auteurs, et ne guérit pas la maladie. « Cela a un impact sur ceux qui n'étaient même pas nés au début de la crise. » Voilà pourquoi il faut mettre fin au diktat d'austérité, concluent-ils.

Ce conseil provenant de leurs propres milieux n'a même pas fait broncher d'un pouce ceux qui détiennent aujourd'hui le pouvoir politique. Ils ont poursuivi sur leur voie désastreuse et tentent d'imposer la même médecine antisociale aux Grecs mais à d'autres aussi.

L'élite dirigeante impose à tout le monde le diktat de ne pas parler d'une nouvelle direction pour l'économie ; il faudrait au contraire plus de la même chose : l'austérité, les sauvetages, les prêts bancaires, l'Euro et la sortie de la Grèce de l'Union européenne. Ce discours ne mène nulle part car il porte sur la redistribution de la richesse sociale existante. Aucun de ces exposés ne traite des problèmes et des contradictions économiques auxquels elle confrontée l'Europe et la question importante d'une nouvelle direction pour générer une nouvelle richesse sociale et faire travailler les gens, défendre les droits de tous et reconstruire en surmontant finalement la crise de 2008.

De larges pans de l'économie européenne ne produisent pas. Les riches et leurs monopoles ont mis toute leur attention sur les moyens de s'emparer de la richesse sociale des autres. Ils utilisent la puissance des institutions de l'État pour s'assurer que la richesse sociale soit redirigée vers eux-mêmes de diverses manières, y compris par la guerre, l'occupation et les spéculations parasitaires. Les prêts du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE) à la Grèce et aux autres n'ont rien à voir avec la création d'une nouvelle production ; ils sont la plupart du temps octroyés pour mettre la main sur les prêts existants et comme une excuse pour les « conditionnalités », qui est un terme poli de l'Europe pour soutirer des pays tous les actifs nationaux et les fonds publics affectés à des programmes sociaux tels que les pensions, l'assurance-chômage et l'aide sociale. Le FMI, la BCE et la Banque mondiale ont pris l'habitude médiévale de l'usure et en ont fait une magouille de gangsters avec un profit inégalé.

Les économies de l'Europe sont toutes des économies capitalistes matures modernes, intégrées au système impérialiste d'États. Les problèmes économiques auxquels elles sont confrontées proviennent de cette réalité. L'Euro, les banques et la possibilité de prêter ou de ne pas prêter et tous les bavardages qui l'accompagnent sont autant de façon de détourner l'attention des contradictions profondes qui existent. L'élite dirigeante ne veut pas admettre que les problèmes fondamentaux du capitalisme monopoliste découlent d'une économie socialisée dominée par des sections privées qui sont en concurrence pour bâtir les empires des monopoles. Les intérêts privés étroits éclipsent le grand intérêt public. Le droit de monopole supplante le droit public. L'économie n'a aucune chance de mettre en valeur sa plus grande force, qui est sa productivité, parce que tous les biens et services produits doivent servir les maîtres privés et la construction de leur empire monopolisé et non pas l'édification nationale. Sans restreindre le droit de monopole, les économies n'ont aucune chance de rebondir.

Cette offensive antihumaine contre le peuple ne peut pas continuer. Les Grecs ne l'acceptent pas. Les Européens ne l'acceptent pas. La domination du droit public et du grand intérêt public par le droit de monopole et ses intérêts privés étroits doit cesser. Il faut une nouvelle direction, une direction prosociale, pour l'économie de la Grèce et du reste de l'Europe pour mettre fin à la souffrance. Une voie vers l'avant pour une alternative prosociale n'attend qu'à être révélée par le rejet de l'ancien.

Non au droit de monopole ! Oui au droit public ! Défendons l'intérêt public !
Organisons-nous et luttons pour une alternative prosociale !

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L'accord de Bruxelles


Les manifestations contre l'austérité se poursuivent en Grèce. Sur la photo : manifestation contre les nouvelles mesures d'austérité imposées à la Grèce, 13 juillet 2015.

Le poids de l'histoire

Les commentateurs de diverses orientations politiques parlent d'une résurgence des ambitions hégémoniques de l'Allemagne. En Italie, par exemple, après les négociations [sur la dette de la Grèce] de Bruxelles, les libéraux de La Repubblica ont titré « La Grèce a le dos au mur » et ont souligné que « l'Eurogroupe est entre les mains des faucons allemands ». Athènes est confrontée à « une série de diktats, plus sévères les un que les autres ». « Les faucons sillonnent triomphants le ciel européen, lit-on dans l'article. Ils imposent un ultimatum impossible à Tsipras similaire à celui que l'Autriche a imposé aux Serbes, et qui a déclenché la Première Guerre mondiale. »[1] « La fin de l'innocence a été atteinte, car tout le monde [dans l'UE, gfp.com] sait parfaitement qui est le véritable le maître de piste », écrit le journal conservateur italien Il Messaggero. « Le véritable maître de piste est l'Allemagne, poursuit le journal. Sedan est de retour, quand l'Allemagne a violé la France en 1870 et n'a pas suivi les conseils de Bismarck » de ne pas se faire d'ennemis à l'Ouest et à l'Est en même temps. En fait l'Allemagne s'est « fait des ennemis partout » après la Première Guerre mondiale, rappelle Il Messaggero », sauf peut-être dans les « États vassaux » du nord de l'Europe ou, dans les années 1930, temporairement en Pologne « qui en raison de sa propre histoire douloureuse a estimé qu'elle ne pouvait faire autrement que de diriger sa haine contre les Russes ». Le commentateur conclut : « Le poids de l'histoire est de retour et semble insurmontable. »[2]

La même arrogance

Des avertissements, fondés sur l'expérience historique, sont également lancés en France. « L'Allemagne veut écraser la Grèce en lui faisant accepter sous la menace d'un Grexit un plan mortel de soumission totale ! », a twitté pendant la fin de semaine Jean-Luc Mélenchon, le chef du Parti de gauche.[3] Auparavant, sur une chaîne télévisée, il avait déclaré : « Pour la troisième fois dans l'histoire, l'obstination d'un gouvernement allemand est en train de détruire l'Europe ». Bien sûr, on ne peut pas accuser la République fédérale d'Allemagne d'aujourd'hui d'être idéologiquement sur le même plan que son régime prédécesseur. Berlin affiche encore « la même arrogance, le même aveuglement » que dans les phases précédentes de son règne historique.[4]

Une politique financière agressive

Cependant, un fait qui est passé largement inaperçu est que ce n'est pas en 2015 que Berlin a commencé à menacer de durcir davantage sa politique économique et financière agressive. En effet, les événements actuels sont directement liés à la mise en oeuvre de la politique étrangère allemande dans les années 1990 et à l'expansion territoriale de la base économique de l'Allemagne avec la « réunification ». Selon un mythe populaire, cette dernière a été acquise parce que Helmut Kohl, le chancelier de l'époque, a accepté l'introduction d'une monnaie unique, l'euro, entre les États membres de l'Union européenne. En fait, Bonn n'a consenti à une monnaie unique qu'à une condition, comme un observateur contemporain de l'événement le rappelle, à savoir que « les règles qui régissent l'union monétaire et le système européen de banques centrales soient modelées presque entièrement sur la réglementation allemande et la Banque fédérale allemande ». « L'euro parle allemand », a déclaré le ministre des Finances allemand, Theo Waigel, en 1998.[5] Grâce à l'euro, avec son brevet d'invention spécifiquement allemand, la République fédérale d'Allemagne a été en mesure de profiter pleinement de sa force économique par rapport aux autres pays de la zone euro et d'en forcer plusieurs à un déficit excessif de la balance commerciale générateur de dette. En 2014, environ 34,5 milliards d'euros sont sortis de France et ont pris le chemin de l'Allemagne et la Grèce lui transférait plus de 3,2 milliards d'euros.

Le diktat d'austérité de l'Allemagne, qui assure le flux de devises vers la République fédérale d'Allemagne, est le résultat du brevet allemand de l'euro, imposé dans les années 1990.

Le noyau dur européen

Dans les années 1990, Wolfgang Schäuble, qui, aujourd'hui, veille à la mise en oeuvre du diktat d'austérité comme ministre des Finances de l'Allemagne, a également contribué à bâtir la puissance allemande qui a permis à Berlin de s'imposer. Dans les années 1980, en tant que président de l'Association des régions frontalières européennes (ARFE), Schäuble a mis en place les premières mesures économiques qui visaient la France et d'autres pays. Theodor Veiter[6] un ancien spécialiste nazi de la subversion des frontières, était l'un des conseillers de Schäuble quand il était président de l'ARFE. Après l'effondrement du système socialiste en Europe et l'annexion de la République démocratique allemande qui ont consolidé la puissance de l'Allemagne, Schäuble a contribué à imposer l'élargissement de l'UE.[7] Cette expansion a donné à l'Allemagne un net avantage sur la France, dont la zone traditionnelle d'influence, le pourtour du bassin méditerranéen et l'Afrique francophone, ne pouvait se comparer à l'Union européenne.

C'est également Schäuble qui, dans le milieu des années 1990, a développé le concept du « noyau dur européen », c'est-à-dire d'un « point central solide » au sein de l'Union européenne axé sur l'Allemagne, qui constitue un « noyau » soudé « core », qui non seulement préservera l'unité de l'Union européenne mais déterminera également sa politique.[8] Aujourd'hui, une partie de ce noyau est constitué par l'Eurogroupe, qui dimanche [le 12 juillet] a pris des décisions très radicales sur pas moins que le maintien de l'Union européenne sous sa forme actuelle. Neuf pays membres de l'UE, notamment la Grande-Bretagne, la Suède et Pologne, n'ont pu participer à ces décisions. Le noyau de l'Eurogroupe est l'une des formes qui permet à Berlin d'apposer son sceau sur cette Confédération.

Ils n'ont rien accompli

L'espoir d'être en mesure d'influencer l'« histoire de l'Europe » en étant membre du « noyau » de l'UE s'il devait se produire une rupture avec un membre individuel ou un groupe de pays membres de la zone euro, par exemple, la Grèce ou plusieurs autres pays d'Europe méridionale, a caractérisé la politique de la France et de l'Italie jusqu'à présent. Ces deux pays sont économiquement de plus en plus en perte de vitesse sur le plan économique par rapport à l'Allemagne et craignent, en particulier l'Italie, de s'enfoncer davantage dans un contexte d'austérité similaire à celui de la Grèce.

Par conséquent, le président de la France, François Hollande, a annoncé à plusieurs reprises avant le sommet de l'Eurogroupe de dimanche dernier qu'il demanderait des mesures d'atténuation et l'annulation d'une partie de la dette de la Grèce. Le premier ministre italien, Matteo Renz, a déclaré : « Je dis à l'Allemagne : ça suffit maintenant. »[9] Mais à la fin, les deux devaient céder aux pressions de l'Allemagne. Ils n'ont rien accompli. Il est douteux que leur soumission à Berlin consolide leurs positions à long terme compte tenu de l'évolution de l'économie de leur pays. Ce ne serait pas la première fois que cela arrive dans l'histoire. L'espoir d'éviter l'agression allemande a été l'excuse des Accords de Munich de septembre 1938 quand la Grande-Bretagne, la France et l'Italie, pour apaiser le Reich allemand, ont accepté l'occupation des « territoires des Sudètes » par ce dernier.[10] Il n'a pas fallu longtemps avant qu'elles ne soient elles aussi victimes de l'agression allemande.

Sans ou contre les États-Unis

Il Messaggero a commenté la perspective des résultats de l'Italie. « Aujourd'hui, la perte de l'innocence s'est accompagnée de l'horrible silence [de l'Italie] sur la scène internationale. » En même temps, l'Allemagne « croit qu'elle peut régner sur l'Europe ». Au sujet des ambitions politiques mondiales de Berlin, le commentateur du Messaggero souligne que cela a lieu « sans ou contre les États-Unis ».[11]

Notes

1. Andrea Bonanni, La Repubblica 13.07.2015.
2. Giulio Sapelli, Il Messaggero 13.07.2015.
3. Grèce : Quand l'Allemagne de Merkel est comparée à celle d'Hitler. www.lefigaro.fr 13.07.2015.
4. Mélenchon : « Pour la 3e fois, un gouvernement allemand est en train de détruire l'Europe ». bfmbusiness.bfmtv.com 12.07.2015.
5. Beat Gygi : Der Euro spricht neudeutsch. www.nzz.ch 28.09.2013.
6. Voir : Hintergrundbericht : Arbeitsgemeinschaft Europäischer Grenzregionen (AGEG).
7. Dans un article publié lors du 55e anniversaire de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, Wolfgang Schäuble justifiait ainsi sa demande que les concepts allemands soient appliqués : « Sans une intégration plus poussée de l'Europe (occidentale), l'Allemagne pourrait être appelée ou être tentée, à cause de ses propres impératifs de sécurité, d'entreprendre seule la stabilisation de l'Europe et de le faire de la manière traditionnelle ». Wolfgang Schäuble, Karl Lamers : Überlegungen zur europäischen Politik. 01.09.1994.
8. Wolfgang Schäuble, Karl Lamers : Überlegungen zur europäischen Politik. 01.09.1994.
9. Voir : Die Politik des Staatsstreichs.
10. En réponse à l'Accord de Munich, Kamil Krofta, alors ministre des Affaires étrangères de la Tchécoslovaquie, a déclaré : « Au nom du président de la République, ainsi que de mon gouvernement, je déclare que nous nous soumettons aux conditions de l'Accord de Munich qui a vu le jour sans la Tchécoslovaquie et contre elle [...] Je ne veux pas critiquer, mais il s'agit d'une catastrophe que nous ne méritons pas. Nous nous soumettons et nous nous efforcerons de garantir à notre peuple une vie pacifique Je ne sais pas si les décisions prises à Munich seront avantageuses pour vos pays. En outre, nous ne serons pas les derniers, d'autres seront touchés après nous. » Cité par Boris Celovsky : Das Münchner Abkommen 1938. Stuttgart en 1958.
11. Giulio Sapelli : Il Messaggero 13.07.2015.

(Traduction : LML)

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Nouvelles importantes de Cuba

Les ambassades de Cuba et des États-Unis rouvrent à Washington et à La Havane


Ouverture de l'ambassade de Cuba à Washington le 20 juillet 2015

Le lundi 20 juillet, les gouvernements de Cuba et des États-Unis ont poursuivi le rétablissement officiel des relations diplomatiques en procédant à la réouverture de l'ambassade de Cuba à Washington, en présence du ministre des Affaires étrangères de Cuba, Bruno Rodriguez Parilla, du secrétaire d'État des États-Unis, John Kerry, et à la réouverture de l'ambassade des États-Unis à La Havane. Le secrétaire d'État américain se rendra à La Havane le 14 août pour une cérémonie officielle.

LML salue ce progrès important rendu possible par la position de principe résolue du peuple cubain révolutionnaire. Ce sont cette force morale et cette ténacité qui feront triompher la justice au cours des prochaines étapes de la normalisation des relations.

Le 1er juillet 2015, le président Raúl Castro Ruz et le président Barack Obama, ont échangé des lettres dans lesquelles ils réaffirment le respect de la Charte des Nations unies et la Convention de Vienne régissant les relations diplomatiques. Le même jour, le gouvernement cubain a émis une déclaration, dont le texte intégral est publié ci-dessous, dans laquelle il présente les principes de respect mutuel, de souveraineté et de non-ingérence qui guident les relations internationales. Le gouvernement cubain a aussi indiqué clairement qu'il reste beaucoup de points à aplanir et qu'une normalisation complète des relations exige la fin du blocus des États-Unis et le retour de la baie de Guantanamo à Cuba.

Pour sa part, le président Obama a fait une déclaration le 1er juillet dans laquelle il s'est félicité des possibilités d'échanges et de coopération avec Cuba sur divers fronts et a souligné la nécessité de respecter ce que chaque pays a de différent. Il a cependant dépeint les Cubains comme des victimes qui attendent d'être secourues par « le soutien durable des États-Unis aux valeurs universelles, comme la liberté d'expression et d'association et l'accès à l'information ».

Autrement dit, bien qu'Obama déclare que les États-Unis ne devraient pas restés prisonniers du passé en ce qui concerne leurs relations avec Cuba, les définitions anti-humaines de guerre froide des droits de l'homme et les soi-disant valeurs universelles qui sont utilisées comme une arme contre d'autres pays par le système impérialiste d'États des États-Unis et de l'Union européenne imprégnaient toute sa déclaration. Il a souligné que les tentatives américaines d'isoler Cuba ont échoué et qu'une nouvelle méthode pour transmettre les valeurs et les droits américains est nécessaire pour exercer une influence sur Cuba et dans la région. Sans que cela soit dit explicitement, le but ultime des impérialistes américains reste la destruction de la révolution.

Au Congrès américain, la majorité républicaine a interdit tout financement pour l'ouverture de l'ambassade de Cuba. Cependant, la directrice générale du département chargé des États-Unis au ministère cubain des Affaires étrangères, Josefina Vidal, a confirmé le 11 juillet que le processus pour ouvrir l'ambassade le 20 Juillet est sur la bonne voie. « À partir de ce jour [le 20 juillet], nous terminerons la première phase du processus que nous avons commencé avec les États-Unis, et à partir de ce moment, nous allons commencer à travailler sur la deuxième phase, qui est ce que nous appelons « le processus vers la normalisation des relations », a-t-elle déclaré.

La réouverture des ambassades est bien accueillie dans le monde entier. Les organisations qui composent l'Alliance Martí (AM) à Miami ont elles aussi exprimé leur satisfaction et réaffirmé leur solidarité avec le gouvernement et le peuple cubains. « Nous saluons avec enthousiasme, mais avec la prudence que demandent ces événements, ces accords qui concluent une partie du processus de rapprochement entre les deux pays », lit-on dans un communiqué de la direction de l'Alliance.

Le secrétaire général de l'ONU, Ban-Ki-Moon, a salué cette annonce comme étant un développement historique des relations basées sur l'avantage réciproque pour les peuples des deux pays.

La présidente de l'Argentine Cristina Fernández a salué cet événement important et souligné que Washington doit mettre fin au blocus économique, financier et commercial que les États-Unis font subir à Cuba depuis 1962.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a exprimé sa satisfaction devant « la nouvelle ligne de marche des États-Unis envers Cuba ».

Le vice-président de la Bolivie, Álvaro García Linera, a dit que cette nouvelle avancée est une victoire de Cuba. Cela aurait dû être fait il y a 40 ans, a-t-il déclaré au cours de sa visite au Chili.

Au Chili, le gouvernement de la présidente Michelle Bachelet a félicité Cuba et les États-Unis pour « la volonté d'entente et d'engagement politique dont ils ont fait preuve pour créer un climat de dialogue, de consensus et de coopération ».

L'Uruguay a aussi salué cette nouvelle et indiqué que ce pas consolidera la paix et contribuera à renforcer le dialogue et la coopération sur tout le continent américain.

Cette décision a été saluée également par des pays plus lointains comme l'Afrique du Sud et le Pakistan, dit Prensa Latina

(Source : Prensa Latina, TeleSUR)

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Déclaration du gouvernement révolutionnaire de Cuba

Avec le rétablissement des relations diplomatiques avec les États-Unis, la levée du blocus, entre autres aspects, sera vitale pour la normalisation.

Le 1er juillet 2015, le président du Conseil d'État et du Conseil des ministres de la République de Cuba, le général d'armée Raul Castro Ruz, et le président des États-Unis d'Amérique, Barack Obama, ont échangé des lettres dans lesquelles ils ont confirmé leur décision de rétablir les relations diplomatiques entre les deux pays et d'ouvrir des représentations diplomatiques permanentes dans les capitales respectives à partir du 20 juillet 2015.

Ce même jour aura lieu la cérémonie officielle d'ouverture de l'ambassade de Cuba à Washington, en présence d'une délégation cubaine conduite par le ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, et composée de personnalités de la société cubaine.

En franchissant ce pas, Cuba et les États-Unis ont ratifié leur intention de développer des relations respectueuses et de coopération entre les deux peuples et gouvernements, basées sur les principes et les objectifs consacrés par la Charte des Nations unies et le Droit international, notamment par les Conventions de Vienne sur les relations diplomatiques et consulaires.

Le gouvernement de Cuba a pris la décision de rétablir les relations diplomatiques avec les États-Unis dans le plein exercice de sa souveraineté, invariablement engagé envers ses idéaux d'indépendance et de justice sociale, et de solidarité avec les causes justes du monde, et en réaffirmation de chacun des principes pour lesquels notre peuple a versé son sang et encouru tous les risques, sous la conduite du leader historique de la Révolution, Fidel Castro Ruz.

Avec le rétablissement des relations diplomatiques et l'ouverture des ambassades s'achève la première étape de ce qui sera un processus long et complexe vers la normalisation des liens bilatéraux, dans le cadre duquel il faudra apporter des solutions à une série de questions dérivées des politiques du passé, toujours en vigueur, qui affectent le peuple et la nation cubaine.

Il ne pourra y avoir de relations normales entre Cuba et les États-Unis tant qu'il existera un blocus économique, commercial et financier, appliqué dans toute sa rigueur, blocus qui provoque des dommages et des pénuries au peuple cubain et qui est le principal obstacle au développement de notre économie, constitue une violation du droit international et affecte les intérêts de tous les pays, y compris des États-Unis.

Pour atteindre la normalisation, il sera également indispensable de restituer le territoire illégalement occupé par la base navale de Guantanamo, que cessent les transmissions radiophoniques et télévisuelles vers Cuba, qui violent les normes internationales et portent atteinte à notre souveraineté, que les programmes visant à promouvoir la subversion et la déstabilisation internes soient éliminés, et d'accorder une compensation au peuple cubain pour les dommages humains et économiques provoqués par les politiques des États-Unis.

En évoquant les questions en suspens entre les deux pays, le gouvernement cubain salue les décisions adoptées jusqu'à présent par le président Obama de retirer Cuba de la liste des États soutenant le terrorisme, d'exhorter le Congrès de son pays à lever le blocus et de commencer à adopter des mesures pour modifier l'application d'aspects de cette politique, en faisant usage de ses facultés exécutives.

Par ailleurs, dans le cadre du processus vers la normalisation des relations, il s'imposera de construire les bases de liens qui n'ont pas existé entre nos pays durant toute leur histoire, en particulier depuis l'intervention des États-Unis, il y a 117 ans, dans la guerre d'indépendance que Cuba livra pendant près de trois décennies contre le colonialisme espagnol.

Ces relations devront reposer sur le respect absolu de notre indépendance et de notre souveraineté ; sur le droit inaliénable de tout État à choisir son système politique, économique, social et culturel, sans ingérence d'aucune sorte et sur l'égalité souveraine et la réciprocité, qui constituent les principes irrévocables du Droit international.

Le Gouvernement de Cuba réaffirme sa disposition à maintenir un dialogue respectueux avec le Gouvernement des États-Unis et à entretenir des relations de coexistence civilisée, basées sur le respect des différences entre les deux gouvernements et sur la coopération sur des questions d'intérêt mutuel.

Cuba continuera d'être engagée dans le processus de mise à jour de son modèle économique et social, visant à construire un socialisme prospère et durable, d'avancer dans le développement du pays et de consolider les acquis de la Révolution.

La Havane, le 1er juillet 2015

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Le 11e Plenum du Comité central
du Parti communiste de Cuba


Le Comité central du Parti communiste de Cuba a tenu son 11e Plenum le 14 juillet 2015. Au cours de la réunion du 11e Plenum, deux rapports sur le travail accompli durant les six premiers mois de l'année par le Bureau politique et le Secrétariat du Comité central ont été analysés.

Ces rapports maintiennent comme priorités de conduire l'application des politiques et autres décisions qui ont été adoptées dans le cadre de la mise en oeuvre des orientations économiques et sociales, ainsi que l'accomplissement des objectifs fixés lors de la Première Conférence nationale du PCC.

Les membres du Comité central ont approuvé le rapport sur l'exécution du Plan de l'économie et du budget de l'État pour le premier semestre 2015, des questions qui seront examinées par les députés le 15 juillet lors du Plenum de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire.

Le 11e Plenum du Comité central du Parti communiste de Cuba a décidé de convoquer son 7e Congrès, pour le 16 avril 2016, 55e anniversaire de la Déclaration du caractère socialiste de la Révolution et date de la fondation de notre Parti. Les délégués au congrès évalueront la mise en oeuvre des accords du 6e Congrès et de la première Conférence nationale du Parti, définiront la voie pour poursuivre le perfectionnement de notre modèle économique et social et éliront les membres du Comité central.

(Granma)

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La tendance à la décélération économique
s'est inversée


L'Assemblée nationale du Pouvoir populaire de Cuba a tenu le 15 juillet 2015 sa séance plénière de la 5e Période de Sessions de la 8e Législature. Les députés se sont réunis pour délibérer sur les performances dans différents secteurs de l'économie nationale dans la première moitié de l'année et les perspectives pour le deuxième semestre de l'année.

Le président Raúl Castro a clôturé la séance avec un discours dans lequel il a fait le bilan de la situation actuelle. Il a souligné que Cuba a réussi à inverser la tendance de croissance lente du produit intérieur brut (PIB) des dernières années avec une croissance de 4,7 % au premier semestre de l'année par rapport à 1 % l'an dernier. Il a souligné la nécessité de poursuivre sans relâche les efforts pour atteindre la croissance du PIB de 4 % cette année. Il a souligné que cette reprise a été réalisée malgré le blocus économique, commercial et financier des États-Unis contre Cuba, qui demeure pleinement en vigueur.

Parmi les autres thèmes abordés par le président Castro, il y avait le travail pour élaborer la conceptualisation théorique du socialisme à Cuba, un domaine qui a été négligé depuis un certain temps. Un autre dossier important présenté a été celui de la politique étrangère de Cuba, notamment la participation de Cuba aux instances régionales et l'affirmation du soutien de Cuba aux pays frères de la région qui font face à l'agression de l'impérialisme américain.

Nous publions ci-dessous le texte intégral de l'allocution du président Raul Castro Ruz.

Allocution prononcée par le président Raul Castro Ruz à l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire.

(Version sténographique du Conseil d'État)

Camarades,

Ces derniers mois nous avons été témoins de plusieurs événements d'une grande importance pour le pays, dont vous et notre peuple, avez été informés en temps opportun.

Comme de coutume, les députés ont reçu ces jours-ci de nombreuses informations sur la marche de l'économie au premier semestre et sur les estimations jusqu'à la fin de l'année.

Assurément, il a été possible d'inverser la tendance à la décélération de la croissance du produit intérieur brut — connu par le sigle PIB — qui s'était manifestée ces dernières années. Jusqu'au 30 juin, le PIB a augmenté de 4,7 % et nous estimons qu'à la fin de l'année, il se maintiendra autour de 4 %. Et c'est une très bonne chose, si l'on tient compte que l'année dernière, le taux de croissance n'a été que de 1 %. Cependant, pour obtenir ce 4 % espéré, il faut travailler dur et avec beaucoup de discipline, surtout sur le plan économique, comme le signalait le ministre de l'économie, Marino Murillo.

Je dois insister, à ce propos, sur la nécessité d'une utilisation plus rationnelle de cette ressource vitale, comme l'ont signalé plusieurs camarades. À la fin juin, les eaux stockées dans les barrages n'atteignaient que 38 % de la capacité totale, comme l'a indiqué la présidente de l'Institut des Ressources hydrauliques, Inés Maria Chapman, la situation la plus défavorable se présentant dans les provinces de Guantanamo, Santiago de Cuba, Granma, Las Tunas, Ciego de Avila, de Sancti Spiritus et Pinar del Rio.

L'une des plus grandes insatisfactions dans l'exécution du plan concerne le secteur du transport, ce qui a provoqué des difficultés dans le comportement de l'économie, du fait de déficiences d'organisation et de faible disponibilité technique dans le système ferroviaire et dans le transport automobile, associées au manque de pièces de rechange et à des problèmes d'entretien et de réparation. Cette situation s'est trouvée aggravée par le retard de l'arrivée à Cuba des équipements prévus au plan de l'année dernière et de cette année, dont la plupart doivent arriver en 2015.

À cela s'ajoute la décision prise lors de la récente réunion du Conseil des ministres de remettre des moyens de transport et également des engins de construction de la Réserve de l'État, ainsi que d'anticiper l'achat des équipements qui, initialement, étaient prévus au plan 2016.

Au premier semestre, nous avons fait face à de sévères restrictions financières externes. Cependant, notre pays a continué d'honorer rigoureusement ses obligations de remboursement aux créanciers et aux fournisseurs étrangers, une pratique qui favorise le rétablissement progressif de la crédibilité de l'économie nationale, bien que le blocus nord-américain se maintienne dans toute sa rigueur.

En dépit de ces difficultés, nous avons réussi à préserver les services sociaux destinés à la population — une question que nous ne négligerons jamais — et à titre de preuve, nous pouvons signaler que la situation épidémiologique de notre pays s'est considérablement améliorée.

Par ailleurs, l'équilibre monétaire et financier se maintient. L'inflation, en général, reste contenue aux niveaux prévus, entre 3 % et 5 %, bien que nous n'ignorions pas la juste préoccupation de la population concernant les prix élevés des produits de l'agriculture et de l'élevage, qui augmentent plus que le salaire moyen.

Vous avez pu constater que, contrairement aux sessions antérieures de l'Assemblée nationale, à cette occasion il n'a pas été inclus d'informations sur la situation de la mise en oeuvre des Orientations de la politique économique et sociale, adoptées au 6e Congrès du Parti, car nous avons jugé opportun de centrer notre attention sur l'élaboration du projet du rapport qui sera présenté sur cette question au 7e Congrès, en avril 2016, comme l'a indiqué dans sa convocation le Plenum du Comité central qui s'est tenu hier.

Cependant, je vais me référer brièvement aux principales tâches menées à bien dans le cadre de la mise à jour de notre modèle économique et social. Parmi elles se trouve l'élaboration de la conceptualisation théorique du socialisme à Cuba et les lignes et les secteurs stratégiques qui constitueront le programme de développement économique et social jusqu'en 2030. Ces deux documents feront partie des thèmes qui seront examinés lors du prochain Congrès du Parti.

Parallèlement, nous avons continué à avancer dans le renforcement du rôle qui revient l'entreprise d'État socialiste en tant que figure fondamentale de l'économie nationale, en appliquant des mesures adoptées préalablement et en en incorporant d'autres relatives à son fonctionnement plus flexible et à des systèmes salariaux associés aux résultats du travail.

Plusieurs modifications dans le processus de planification économique ont été effectuées, en accord avec le perfectionnement du système d'entreprises, ce qui a permis d'incorporer au plan, avec une plus grande intégralité, les politiques adoptées dans le cadre de la mise en oeuvre des Orientations et de la programmation des équilibres monétaires dans le Plan et dans le Budget de l'État.

Nous continuons d'avancer dans l'exécution de l'ensemble des mesures visant l'unification monétaire, un processus d'une extrême complexité et qui se révèle indispensable pour un fonctionnement efficace de l'économie. Il convient de rappeler ce qui a été dit à plusieurs reprises devant notre Parlement, sur le fait que les comptes en banque en devises internationales, en pesos convertibles (CUC) et en pesos cubains (CUP) seront garantis, ainsi que l'argent en espèces détenu par la population et les personnes juridiques nationales et étrangères.

Le processus expérimental de création de coopératives non agricoles se poursuit, avec comme priorités de consolider le fonctionnement de celles qui existent déjà et d'avancer de façon graduelle dans la création de nouvelles coopératives, sans répéter les distorsions déjà identifiées.

À cela s'ajoute le fait qu'un peu plus d'un demi million de Cubains travaillent à leur compte dans de multiples activités, un chiffre qui continuera d'augmenter progressivement, cette forme de gestion devant s'étendre à un ensemble d'établissements gastronomiques et de services à la population, l'État conservant la propriété des immeubles.

Nous poursuivrons à notre rythme le processus de transformations dans la société cubaine, lequel a été décidé souverainement, avec le soutien majoritaire du peuple, afin de construire un socialisme prospère et durable, garantie essentielle de notre indépendance.

Le premier semestre de l'année s'est caractérisé par une activité internationale intense.

Le 3e Sommet de la Communauté des États latino-américains et caribéens (CELAC), qui s'est tenu en janvier au Costa Rica, a demandé avec fermeté la fin du blocus économique, commercial et financier et il a exhorté le président Obama à user résolument de ses vastes prérogatives exécutives pour modifier de façon substantielle l'application de cette politique. Quelques jours plus tard, le Sommet de l'Union africaine s'est prononcé dans des termes similaires.

Le 7e Sommet des Amériques, auquel Cuba a assisté pour la première fois, qui s'est tenu au Panama en avril, a été un espace propice pour que la région renouvelle le soutien à la juste lutte de notre peuple contre le blocus et insiste sur la nécessité de modifier la nature des relations hémisphériques à l'époque actuelle où l'on ne peut plus nous traiter comme une arrière-cour.

Précisément au Panama, nous avons eu une réunion avec le président des États-Unis.

Les propos que j'ai tenus à ces deux rencontres recueillent la position invariable de principes de la politique extérieure de la Révolution cubaine et expriment la fidélité aux idées que notre peuple a défendues, face à tous les risques et défis, sous la direction du commandant en chef Fidel Castro Ruz. Cela me dispense de les répéter aujourd'hui ici, car vous les connaissez bien.

Cependant, je dois réaffirmer notre solidarité avec la Révolution bolivarienne et avec le gouvernement que dirige le président Nicolas Maduro, face aux tentatives de déstabilisation et à tout acte d'ingérence externe. Nous avons appris avec satisfaction les résultats des élections primaires du Parti socialiste uni du Venezuela et nous suivons avec attention le processus de dialogue entre ce pays et les États-Unis.

Nous dénonçons les campagnes de déstabilisation contre le gouvernement du président Rafael Correa et contre la Révolution citoyenne en Équateur, auxquels nous renouvelons la solidarité de Cuba.

Nous constatons que l'on a lancé une offensive impérialiste et oligarchique contre les processus révolutionnaires et progressistes latino-américains, à laquelle nos peuples feront face avec détermination.

Que parviennent, depuis ce Parlement, nos salutations solidaires à la présidente Dilma Rousseff et au peuple brésilien qui défendent les importants acquis sociaux et politiques d'intégration régionale et des pays du Sud face aux tentatives de les détruire.

Très tôt, nous avons été alertés, dans cette même salle, sur le fait que la tentative d'étendre l'OTAN jusqu'aux frontières de la Russie entraînerait de graves menaces pour la paix et la sécurité internationales.

Aujourd'hui, nous réaffirmons que l'application de sanctions contre la Russie nuira aux intérêts de l'Europe et entraînera une plus grande instabilité et de nouveaux dangers.

Cette position a de nouveau été exprimée par Cuba au 2e Sommet CELAC-Union Européenne, où nous avons réaffirmé également notre disposition au dialogue et à la coopération avec le bloc communautaire, avec lequel nous sommes en train de négocier un accord à ce sujet. À cette occasion, notre délégation était présidée par le Premier vice-président, le camarade Miguel Díaz-Canel.

Nous saluons l'accord auquel sont parvenus la République islamique d'Iran et le groupe des pays membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU plus l'Allemagne. Nous réaffirmons notre appui au droit inaliénable de tout État à l'utilisation de l'énergie atomique à des fins pacifiques. Ce résultat démontre que le dialogue et la négociation sont le seul moyen efficace pour résoudre les différends entre les États.

Dès maintenant, nous nous préparons à accueillir, en septembre prochain, le Pape François, avec affection, avec respect et hospitalité, comme il le mérite. Son prêche en faveur de la paix et de l'équité, de l'éradication de la pauvreté, de la défense de l'environnement et son analyse des causes des problèmes de l'humanité, que nous avons tous suivi avec attention, spécialement lors de son voyage mémorable en Équateur, en Bolivie et au Paraguay, éveillent l'admiration mondiale.

Il a été déjà informé que le 20 juillet prochain, comme résultat des négociations qui se sont déroulées de façon respectueuse et sur un pied d'égalité, les relations diplomatiques entre Cuba et les États-Unis seront officiellement rétablies et que des ambassades seront rouvertes dans les capitales respectives ; d'abord la nôtre.

Ainsi aura pris fin la première phase du processus amorcé le 17 décembre et commencera alors une nouvelle étape, longue et complexe, sur le chemin conduisant à la normalisation des relations, qui exigera de la volonté pour trouver des solutions aux problèmes qui se sont accumulés durant plus de 5 décennies et qui affectent les liens entre nos pays et peuples. Comme nous l'avons dit, il s'agit de créer un nouveau type de liens entre nos deux États, différents de ceux de toute notre histoire commune.

Comme le signale la Déclaration du gouvernement révolutionnaire du 1er juillet, il est impossible de concevoir, tant que le blocus sera maintenu, des relations normales entre Cuba et les États-Unis.

Nous saluons l'appel du président Obama au Congrès nord-américain à lever le blocus contre Cuba, réitéré dans sa déclaration du 1er juillet dernier et nous espérons qu'il continuera d'user de ses facultés exécutives, c'est-à-dire, celles qu'il peut exercer, sans la participation du Congrès, pour démanteler certains aspects de cette politique qui cause des dommages et des carences à notre peuple. Le reste des mesures du blocus sont, comme c'est normal, du ressort du Parlement, à savoir de son Congrès.

Pour normaliser les liens bilatéraux, il faudra aussi restituer le territoire illégalement occupé par la Base navale à Guantanamo ; mettre fin aux émissions de radio et de télévision en direction de Cuba ; éliminer les programmes destinés à promouvoir la subversion et la déstabilisation internes et indemniser le peuple cubain pour les dommages humains et économiques provoqués par les politiques des États-Unis.

Changer tout qui doit être changé est une question souveraine et exclusive des Cubains. Le gouvernement révolutionnaire est dans la disposition d'avancer sur la voie de la normalisation des relations, avec la conviction que nos deux pays peuvent coopérer et coexister de façon civilisée, dans l'intérêt mutuel, au-delà des divergences que nous avons et que nous aurons, et contribuer ainsi à la paix, à la sécurité, à la stabilité, au développement et à l'équité dans notre continent et dans le monde.

Camarades,

Il y a quelques semaines, nous avons accueilli dans la Patrie, les membres du Contingent Henry Reeve qui ont participé à la bataille contre la maladie du virus Ébola en Afrique de l'Ouest, où ils ont donné un exemple extraordinaire de solidarité, d'altruisme et de courage en faisant face à cette épidémie meurtrière. Notre hommage éternel à Jorge Juan Guerra Rodriguez et à Reynaldo Villafranca Antigua, les deux collaborateurs qui sont décédés d'autres maladies contractées dans l'accomplissement de cette mission.

Par ailleurs, une brigade médicale, qui rentre dans les jours prochains, a pris en charge, avec un grand esprit solidaire, les victimes des tremblements de terre dans les montagnes du Népal.

Notre pays continuera à s'acquitter, selon ses possibilités, du devoir internationaliste d'appuyer les peuples qui en ont besoin comme le font aujourd'hui des dizaines de milliers de compatriotes dans plus de 80 pays d'Amérique latine, des Caraïbes, d'Afrique et d'Asie, sur la base du principe que ceux qui pourront financer la collaboration le feront et que nous continuerons d'apporter notre aide à ceux qui ne disposent pas des ressources nécessaires.

Dans 10 jours à peine, nous célébrerons le 62e anniversaire des attaques des casernes Moncada et Carlos Manuel de Céspedes, ainsi que le 500e anniversaire de la fondation de la ville de Santiago de Cuba. Nous y partagerons avec ce peuple aguerri la joie pour ces événements — aguerri de même que le reste du pays y compris l'Île de la Jeunesse et ses îlots adjacents — (Applaudissements) et nous écouterons l'allocution du Deuxième secrétaire du Comité central du Parti, le camarade José Ramon Machado Ventura. (Applaudissements).

Quiconque compare aujourd'hui cette ville héroïne avec ce qu'il en est resté après le passage de l'ouragan Sandy, il y a moins de trois ans, pourra comprendre qu'il n'y a rien d'impossible pour un peuple uni, comme le nôtre, disposé à lutter et à défendre l'oeuvre de la Révolution.

Nous nous verrons à Santiago !

Merci beaucoup. (Applaudissements prolongés)

(Granma)

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Les conséquences du coup d'État de 2009 au Honduras

La lutte contre la corruption et l'impunité et pour la restauration de l'État de droit


Une grande manifestation dans la capitale Tegucigalpa le 28 juin 2015 pour marquer le 6e anniversaire du coup d'État

La présence au Honduras d'une délégation des États-Unis pour explorer, in situ, les points de vue de différents secteurs de la société hondurienne sur la crise causée par un haut niveau de corruption et d'impunité, et pour apprendre de leur position sur le dialogue mené par M. Juan Orlando Hernández, a ouvert un espace à cette organisation internationale lui permettant de connaître la véritable motivation du gouvernement et les conditions concrètes du pays.

Bien que le phénomène de la corruption et de l'impunité fassent partie de l'évolution historique du Honduras, un nouvel élément a été ajouté qui a poussé à bout la tolérance de notre peuple, provoquant l'indignation généralisée : l'existence d'une preuve irréfutable impliquant des hauts fonctionnaires de l'État, le parti dirigeant et le président lui-même dans des actes de corruption, de vol et de pillage des institutions sociales. On a découvert qu'une partie significative de ces fonds ont été utilisés pour financer les élections internes du parti [du président] ainsi que sa campagne présidentielle, qu'il y a eu maquillage et que les organismes dont le devoir est de prendre les mesures appropriées n'ont pas puni les responsables de ces actes.

La crise qui s'est installée depuis le coup d'État de 2009 a révélé le manque de confiance total du peuple Hondurien dans les institutions du pays, qui ont été sous le contrôle complet d'un individu exerçant le pouvoir exécutif d'une manière arbitraire, mettant en péril les principes fondamentaux sur lesquels la règle de droit et la démocratie reposent, particulièrement en ce qui concerne la division et l'équilibre des pouvoirs et le respect des droits humains.

Le président actuel a tenté de divertir l'opinion des cas classiques de corruption et des demandes du mouvement des Indignados [Indignés] en promouvant les accomplissements supposés ou réels de son gouvernement, comme si c'était la question, alors que la question est son obligation de rendre compte de sa propre responsabilité ainsi que celle des membres de sa famille dans la corruption, la négligence du procureur général et l'inefficacité du système de justice à punir les personnes impliquées.

Au contraire, face à la dénonciation documentée de tels actes, il s'est consacré à discréditer l'opposition politique et à la blâmer pour bloquer sa capacité à agir, l'accusant d'être liée au crime organisé et de vouloir boycotter sa gouvernance. Il a fait cela tout en ayant admis publiquement que son parti a reçu une partie des fonds volés de l'Institut hondurien pour la Sécurité sociale et ayant promis de le rembourser, comme si ce geste bizarre annulerait le crime commis.

Au milieu de la dénonciation de la corruption et de la présentation de la preuve, que personne n'a pu réfuter, les marches aux flambeaux des Indignados ont commencé, qui ont mobilisé des milliers de gens dans plus de 75 villes et villages dans le pays ainsi que des Honduriens dans plus de 20 villes à l'étranger. Une grève de la faim s'est aussi entamée sous le harcèlement constant de la police et un déploiement militaire visant à faire de l'intimidation, ce que les grévistes de la faim ont rapidement dénoncé.

La demande de ce mouvement qui cherche à s'attaquer à la corruption et à l'impunité qui règnent a été et continue d'être l'établissement par les Nations unies au Honduras d'une Commission internationale contre l'impunité, étant donné le caractère précaire des institutions du pays et le manque de crédibilité de ceux qui parlent en son nom.


Les Honduriens manifestent contre la corruption, pour les droits et la justice le 10 juillet 2015.

Le chef d'État a fait la sourde oreille aux plaintes des citoyens outragés. En guide de réponse au questionnement dont il a été le sujet, il a organisé un dialogue avec les secteurs alliés à son gouvernement, demandé des facilitateurs à l'ONU et à l'OÉA et ignoré complètement le mouvement des Indignados et sa demande d'une Commission internationale contre l'impunité pour le Honduras.

Les Indignados ont réitéré leur revendication et leur refus de participer à un dialogue national qui débouche sur une proposition différente. Se basant sur l'expérience des dialogues qui ont échoué, qui n'ont fait que manipuler l'opinion publique et réduire la pression des citoyens en temps de crise comme maintenant, ils n'ont pas été dupes parce qu'ils savent parfaitement que ceux qui appellent au dialogue font partie du problème et non de la solution et que ceux qui ont été invités par le régime à y participer n'ont pas la crédibilité requise.

Par conséquent, l'opposition Indignado a appelé à poursuivre les mobilisations, ce qui est la meilleure façon d'exprimer la volonté populaire pour qu'elle soit entendue et que tous sachent que sa demande n'est pas négociable.

Les organisations sociales et politiques qui ont fait face au coup d'État et proposé à ce moment là la convocation d'une Assemblée constituante nationale pour restaurer l'État de droit participent au mouvement vigoureux des Indignados et endossent sa proposition comme une première étape pour s'attaquer aux problèmes structuraux de la société Hondurienne. Parmi ces problèmes il y a précisément celui de la destruction des institutions par le coup d'État que deux élections frauduleuses ont échoué à résoudre et que l'empressement du chef de l'exécutif à être réélu a encore aggravé par la concentration croissante du pouvoir qui empêche toute solution démocratique.

La restauration de l'État de droit et la construction d'un nouveau pacte social pour résoudre et non occulter les problèmes soulevés par la crise requiert qu'on change radicalement le processus de sélection des juges de la Cour suprême, l'appareil judiciaire, le bureau du procureur général, la Cour supérieure des comptes et le Tribunal électoral suprême. Il faut que soit démocratisé le Congrès national qui est présentement pris en otage par un projet autoritaire provenant des plus hautes sphères du pouvoir.

Sans la création d'un nouveau cadre institutionnel avec une vision et des approches redéfinies, des politiques et des mécanismes pour une transparence effective, le contrôle et l'imputabilité des fonctionnaires dans la gestion des affaires publiques, la lutte contre la corruption et l'impunité va se heurter à de sérieuses frustrations.

C'est seulement avec un nouveau cadre institutionnel qu'il sera possible de mener une lutte sérieuse contre la corruption et l'impunité inhérentes à un modèle économique d'exclusion et à un régime politique autoritaire qui favorise la violence dans ses relations avec le peuple.

La mise sur pied d'une Commission internationale pour lutter contre l'impunité exige une structure juridique et le personnel approprié pour veiller à ce que ses objectifs soient remplis. Elle devrait dans tous les cas faire partie d'un effort soutenu pour établir un véritable État de droit sur la base d'un nouveau pacte social qui abordera et fera la promotion des changements dont le pays a besoin pour sortir du sous-développement et créer les conditions d'une vie décente pour les Honduriens.

Nous résistons et nous allons vaincre !

Tegucigalpa, Honduras
8 juin 2015

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États-Unis, hors de Porto Rico!

Annulez la dette! Mettons fin
au colonialisme des États-Unis!


Manifestation étudiante du 13 mai 2015 à San Juan de Porto Rico contre les coupures du budget de l'Université de Porto Rico

Les Portoricains réclament leur droit à l'autodétermination et appellent à la fin du colonialisme des États-Unis. C'était évident dans les nombreuses actions récentes, à Porto Rico et aux États-Unis, contre les coupures budgétaires imposées par les États-Unis et pour l'annulation de la dette. Le Comité spécial de la décolonisation de l'ONU a de nouveau adopté une résolution demandant que les États-Unis respectent leur obligation et mènent à bien le processus de décolonisation internationalement reconnu, ce qui inclut le retrait de l'armée américaine de l'île.

C'est le colonialisme américain qui, depuis 117 années, est responsable du viol de l'île, de sa population, du pillage de ses ressources naturelles et des dettes massives imposées au pays. Alors que les nombreuses manifestations et la résistance déterminée des Portoricains font rarement les nouvelles, les questions concernant la dette imposée par les États-Unis le font souvent.

Les financiers de Wall Street, notoires pour leurs escroqueries massives contre le public portant sur les prêts hypothécaires demandent que Porto Rico fasse des paiements sur la dette une priorité budgétaire. Cela signifie davantage de coupures budgétaires en plus des années de mises à pied et de coupures de financement — tout cela a démontré que les coupures budgétaires ne sont pas une solution. Ces dettes sont un lourd tribut payé aux parasites de l'économie. Ils ne cessent de retirer des milliards de l'économie, contre l'intérêt public pour s'enrichir. Le capital financier américain impose ces tributs sans fin, inutiles et onéreux.

Les financiers ont réagi fortement lorsque le gouverneur Padilla de Porto Rico, reflétant la résistance dans le pays, a annoncé que Porto Rico ne sera pas capable de payer les dettes et demandé un moratoire. Un moratoire est une demande juste, tout comme les appels à augmenter les investissements dans les programmes sociaux, tels l'éducation et les soins de santé. Comme disait un des étudiants lors d'une action récente contre les coupures budgétaires : « Vous ne pouvez continuer à nous faire payer pour votre gâchis ». Un moratoire sur la dette est juste, nécessaire maintenant et doit être massivement appuyé. En effet, à cause des décennies de vol de la richesse de Porto Rico par les États-Unis, la dette doit être annulée maintenant ! [...]

Les États-Unis ont envahi et occupé Porto Rico le 25 juillet 1898. Depuis presque 120 années, les impérialistes ont refusé de quitter l'île qui a été utilisée comme base importante de l'armée américaine, ce qui a entraîné une destruction massive de l'environnement humain et naturel. L'armée est un rappel constant de la domination des États-Unis et du terrorisme qui peut et a été lancé contre la résistance. Aussi, les Portoricains sont forcés de servir dans l'armée bien qu'ils ne peuvent voter lors des élections aux États-Unis. Et les Portoricains sont forcés de se soumettre au FBI, notoire pour ses assassinats et le terrorisme contre les résistants. L'armée et le FBI n'ont pas leur place dans le pays, car les deux sont des forces d'occupation. Les Portoricains doivent aussi se soumettre aux tribunaux fédéraux, pas à leurs propres tribunaux. C'est pourquoi les entreprises publiques, comme les sociétés d'électricité, peuvent être reprises par un syndic américain si elles ne remboursent pas leurs dettes, et Porto Rico est supposé l'accepter. Tout cela expose la criminalité du colonialisme américain.

Les Portoricains ont une histoire longue de 117 années de résistance et de lutte contre le colonialisme américain. C'est cette culture de résistance qui caractérise le peuple et prend de l'ampleur aujourd'hui, comme le montre l'unité large de tous pour exiger la libération du prisonnier politique Oscar Lopez Rivera. La liberté pour Puerto Rico serait un coup dur pour les États-Unis, son armée et son diktat. Ce serait un grand accomplissement des Portoricains et des peuples du monde. Cette grand lutte de libération de notre temps exige : Puerto Rico aux Portoricains ! Annulez la dette ! Mettons fin au colonialisme des États-Unis !

Voice of Revolution est une publication de l'Organisation marxiste-léniniste des États-Unis. Traduction : LML

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Des appels à l'annulation de la dette


Manifestation étudiante à l'Université de Porto Rico à San Juan le 13 mai 2015

Le 29 juin 2015, le gouverneur de Porto Rico, Alejandro Garcia Padilla, reflétant le sentiment des actions de masse à Porto Rico, a annonce que Porto Rico ne pourra pas payer ses dettes et a demandé un moratoire sur le remboursement de la dette. Il a inclus dans ce moratoire le paiement des taux d'intérêt de 10 % exigés par les fonds spéculatifs vautours. Ces vautours contrôlent environ la moitié de la dette de 73 milliards $ de Porto Rico. Ils sont responsables de l'abaissement de la cote de crédit de Porto Rico pour justifier l'augmentation des taux d'intérêts du service de la dette et, plus récemment, de la dégradation de ses actifs au rang d'obligations de pacotille afin de préparer le terrain pour un prise de contrôle par des intérêts privés.

Faisant face à d'énormes pressions des financiers américains, Padilla a annoncé le 2 juillet que l'entreprise publique d'électricité de Porto Rico, Porto Rico Electric Power Authority (PREPA), avait fait un paiement complet d'intérêt de 415 millions $ qui arrivait à échéance du 1er juillet et est arrivé à un accord pour poursuivre les négociations avec les créanciers afin de restructurer sa dette de 9 milliards $. PREPA a effectué le paiement en vendant 128 millions $ de dette à court terme aux compagnies qui assurent ses obligations, notamment Assured Guaranty Ltd. Elle a aussi puisé dans les réserves et utilisé 153 millions $ de son fond général, a indiqué l'agence dans un communiqué. Contracter une dette à court terme signifie généralement payer des taux d'intérêt encore plus élevés et utiliser son fonds général et veut dire que les investissements dans les infrastructures sont coupés. Comme la plupart des dettes de Wall Street, celles-ci ont été payées plusieurs fois, mais les banquiers continuent d'exiger davantage.

Les financiers proposent deux moyens principaux pour voler davantage les Portoricains de la richesse qu'ils créent. La première est de permettre de déclarer faillite, afin de garantir que les financiers obtiennent leurs paiements mais pas les travailleurs. Cela exigerait une loi du Congrès. Actuellement le gouvernement de Porto Rico doit environ 37 milliards $ en obligations de régimes de retraite. L'expérience à Détroit et ailleurs montre que la faillite est une façon pour que ces fonds de pension soient remis aux financiers.

Le deuxième scénario plus probable, qui ne dépend pas du Congrès, est la mise sous séquestre. Les contrats obligataires de la PREPA permettent aux détenteurs d'obligations de demander un règlement judiciaire en cas de défaut de paiement. Les détenteurs d'obligations vivant aux États-Unis ont qualité pour poursuivre en cour fédérale pour la nomination d'un séquestre. Ils ont menacé de le faire en février et utilisent cela comme moyen de chantage pour obtenir leurs paiements. La PREPA a jusqu'au 1er septembre pour garantir ses paiements de dette ou le séquestre est probable.

Le peuple de Porto Rico continue d'organiser contre les coupures, exige l'augmentation des investissements dans les programmes sociaux et l'annulation de la dette afin de pouvoir utiliser la richesse créée pour le bien public.

(Voice of Revolution)

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Crise économique et financière:
fabriquée aux États- Unis

Mardi le 23 juin, le Comité spécial sur la décolonisation des Nations unies a entendu 30 pétitionnaires de divers  milieux, venus dénoncer la situation coloniale de Porto Rico. Pour la 34e fois le comité de l'ONU a approuvé une résolution demandant que les États-Unis permettent à Porto Rico d'exercer son droit à l'autodétermination et l'indépendance. En 1953, les États-Unis et les administrateurs coloniaux ont menti à l'ONU pour que Porto Rico soit retiré de la liste des territoires qui n'ont pas atteint l'autodétermination. Ils ont dit que Porto Rico a rédigé un projet de constitution en 1952 et a maintenant exercé son autodétermination. Cela en dépit des faits. Jose Trias Monge qui était le procureur général de Porto Rico de 1953-57 et un acteur central dans le gouvernement colonial, révélait dans son livre Porto Rico the Trials of the Oldest Colony in the World (1997) que le gouvernement des États-Unis, par le département d'État et le département de l'Intérieur, a dit : « Porto Rico devrait encore être considéré un territoire. » Par la pression politique dans une ONU plus petite, la pétition des États-Unis pour retirer Porto Rico de la liste fut approuvée à 26 contre 16 et 18 abstentions.

En dépit du vote et depuis lors, les Portoricains, aux horizons politiques toujours plus variés, se sont rendus à l'ONU pour demander que les États-Unis se conforment à la loi internationale au sujet de l'île. Dans les années récentes, le nombre de membres des Nations unies à appuyer la requête de Porto Rico a augmenté depuis l'époque où Cuba et l'Union soviétique et ses alliés étaient les seuls à appuyer ses efforts. Maintenant, avec les changements politiques et économiques qui ont eu lieu en Amérique latine et le recul diplomatique partiel des États-Unis en Amérique latine, la cause a reçu un vaste appui de l'Équateur, du Nicaragua, du Venezuela, de la Bolivie et autres nations qui jusque là étaient restées un peu à l'écart des efforts pour dénoncer le statut colonial de Porto Rico. Lors du récent Sommet des Amériques à Panama en avril dernier, avec la présence des présidents Obama et Raul Castro, l'expression d'appui à Porto Rico s'est exprimé avec force.

La crise fiscale et économique qui afflige l'île a attiré plus d'attention sur la situation coloniale du pays. Déjà, certaines actions ont chuté, surtout  celles reliées aux obligations municipales ou aux assureurs d'obligations municipales. Les commentaires récents du gouverneur Alejandro Garcia Padilla du Parti démocratique populaire (partisan du statut de communauté d'États) à l'effet que Porto Rico ne pourra payer sa dette de 73 milliards $ ont causé une forte réaction sur les marchés de capitaux. Ce manque de liquidité en raison de revenus fiscaux inférieurs peut même causer une fermeture du gouvernement comme en 2006. De plus, un défaut de paiement pourrait avoir lieu en septembre 2015 et frapperait les investisseurs de Wall Street qui ont joué au casino avec les actions portoricaines qui ne sont pas sujettes aux impôts d'État et fédéraux. Par ailleurs, les élites portoricaines ont servi d'intermédiaires pour les prédateurs financiers de Wall Street en s'engageant dans la corruption et en permettant des politiques rapaces de prêts. Un rapport récent commandé par le gouvernement par Anne Krueger et deux autres anciens directeurs du Fonds monétaire international a présenté un remède qui sera pire que la maladie qui afflige l'économie. Un des problèmes auxquels le gouvernement colonial fait face est que ses revenus fiscaux continuent de diminuer alors que l'économie stagne et qu'un grand nombre de Portoricains, incluant des professionnels, émigrent. Une des suggestions était de réduire le salaire minimum, ce qui augmenterait la pauvreté et affecterait la capacité des travailleurs à payer des taxes et impôts. En somme, le rapport rejette le fardeau de la crise économique sur le dos des travailleurs de Porto Rico.


Manifestation contre la hausse des taxes le 1er mars 2015

De plus, certains secteurs politiques, spécialement les groupes conservateurs qui veulent que Porto Rico devienne un État américain, tentent de tirer parti de la situation. Afin de gagner de l'appui des membres du Congrès, ils se sont alliés à ses membres les plus conservateurs qui participent aux levées de fonds pour leurs campagnes politiques en dépit du fait que les Portoricains ne peuvent voter aux élections pour le Congrès ou pour élire le président des États-Unis. En juin, le sénateur républicain Don Young de l'Alaska présidait le Comité des ressources naturelles où il a entendu les pétitionnaires sur la question du statut politique de Porto Rico. Quelques jours avant, il a participé à une levée de fonds à San Juan à Porto Rico tenue par une organisation partisane d'un État, Igualdad. La synchronisation de la levée de fonds et de l'audience fut critiquée par plusieurs; le sénateur Young a levé près de 147 000 $ de donateurs de l'île ces deux dernières décennies. Comme ce fut le cas auparavant, rien de positif n'est ressorti de cette audience.

Mais les visites aux Nations unies, bien qu'importantes pour garder l'attention du monde sur la situation coloniale de Porto Rico, n'ont pas produit de changements dans la politique des États-Unis. Ironiquement, après 60 années sans relations diplomatiques avec Cuba, on assiste à la réouverture des ambassades mais l'impasse à Porto Rico demeure. Les efforts des partis politiques de la gauche et des organisations civiques sont devenus des rituels répétitifs qui n'ont pas mené à la résolution de 117 années de relation coloniale entre les États-Unis et Porto Rico. Cette question devient plus pressante étant donné la situation économique chaotique de l'île de plus de 3,5 millions d'habitants qui, tel que défini par la Court suprême, peuplent un espace légal spécial en tant que « territoire non incorporé » des États-Unis.

En termes simples, Porto Rico « appartient à, mais ne fait pas partie » des États-Unis. Ce nouvel espace légal fut créé, le « territoire non incorporé », pour faciliter l'acquisition de territoires si les États-Unis le désirent sans devoir accorder un statut d'État. Les membres de la cour durant la plupart des cas insulaires étaient presque les mêmes juges qui ont rendu la décision Plessey vs Ferguson qui légalisait la ségrégation aux États-Unis en 1896. Les conséquences de ces décisions étaient qu'un territoire non incorporé « pouvait être gardé indéfiniment en subordination sans la perspective d'un État. »[1]

Les décisions de la Cour suprême appelées dossiers insulaires sont la structure légale qui a légitimé la subordination de Porto Rico ces 117 dernières années et ont servi de généalogie de la crise économique et sociale à laquelle Porto Rico est confrontée aujourd'hui. Avec une dette publique de 73 milliards $, soit 96 % du PIB de Porto Rico, juste pour le service de la dette l'île doit utiliser 44 % de ses revenus, le chômage est endémique (14,4 % en 2014), le taux de pauvreté est à 46 % (plus élevé que tout autre État). Cette situation économique critique est aggravée par le fait que Porto Rico est totalement dépendant de la marine marchande américaine, la plus dispendieuse au monde. Le Jones Act, adopté en 1920, interdit à l'île, qui importe 85 % de sa nourriture, d'utiliser tout autre alternative maritime moins chère ce qui selon une étude augmente le coût de la vie pour les résidents d'environ 200 millions $.[2]

Bien qu'on ait fait des comparaisons entre la Grèce et Porto Rico, la réalité est que ce sont deux situations totalement différentes. La Grèce est souveraine, pas Porto Rico. Porto Rico est incapable de déclarer faillite, ne peut dévaluer sa monnaie et ne peut se présenter aux institutions financières internationales sous le présent système colonial. En fait, une des solutions offertes aux États-Unis pour résoudre la crise économique chaotique est de placer l'île entière en séquestre. En d'autres mots, retourner à un système colonial encore plus rigide afin que le marché des obligations puisse protéger son investissement.  La croyance en l'infériorité des Portoricains et en leur incapacité à recevoir des pouvoirs pour trouver des solutions a été exprimée depuis le début par le président Taft en 1909 ; c'était au milieu d'un autre conflit économique lorsque le législateur portoricain dans un acte de résistance au système colonial a refusé d'approuver le budget de la colonie. Le président Taft a dit dans un message au Congrès que « les Portoricains ont reçu trop de pouvoir pour ce qui est bon pour eux.»[3] Il semble que la culture et les attitudes au sujet de Porto Rico n'ont pas changé.

Victor M. Rodriguez est professeur à California State University, Long Beach. Il est l'auteur de Latino Politics in the United States : Race, Ethnicity, Class and Gender in the Mexican American and Puerto Rican Experience, (Kendall Hunt, 2012).

Notes

1. Gerald Newman »Introduction » in Reconsidering the Insular Cases : The Past and Present of the American Empire, Harvard University Press, 2015.

2. La sénatrice portoricaine Rossana López a présidé une commission de l'assemblée législative de Porto Rico qui a approuvé une résolution et un rapport (résolution du Sénat #237), qui indiquent que la loi sur le cabotage (Jones Act) coûte 200 millions $ et augmente le coût de la vie de 40 %.

3. Juan R. Torruella : »The Insular Cases : A Declaration of their Bankruptcy and My Harvard Pronouncement » dans Reconsidering the Insular Cases : The Past and Present of the American Empire, Harvard University Press, 2015.

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Le Comité spécial de la décolonisation de l'ONU affirme le droit à l'autodétermination de Porto Rico

Le 23 juin le représentant du Cuba au Comité spécial de la décolonisation de l'ONU a présenté le projet de résolution appelant l'ONU à « garantir aux Portoricains leur droit de déterminer librement leur propre situation politique ». Il a dit : « Nous avons été témoins depuis de nombreuses années de la demande urgente de la communauté internationale d'agir au bénéfice de cette cause juste », notant que le Territoire de Porto Rico n'a pas été capable d'exercer son droit à l'autodétermination depuis des générations. Il a exhorté les États-Unis à assumer leur responsabilité de se soumettre aux normes de droit international et de l'ONU pour le processus de décolonisation.

Il a ajouté que Porto Rico était une nation latino-américaine et caribéenne dotée de sa propre identité nationale. La résolution appelle à respecter la volonté du peuple portoricain, qui a, le 6 novembre 2012, rejeté son statut actuel. La résolution a pris note des déclarations adoptées par les Sommets de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), qui ont réitéré le caractère de colonie de Porto Rico et exprimé l'appui fort de ces pays au droit inaliénable à l'autodétermination et la pleine indépendance.

De plus, le texte appelle les États-Unis à restituer l'ensemble des terres anciennement occupées et des installations de l'île de Vieques et de Ceiba au peuple portoricain. Il appelle le gouvernement à veiller au respect des droits fondamentaux, tels que le droit à la santé et le droit au développement économique, et à accélérer l'exécution et la prise en charge financière du nettoyage et de la dépollution des zones auparavant utilisées pour des manoeuvres militaires, en employant des méthodes qui n'aggravent pas davantage les lourdes répercussions de leur activité militaire. Il inclut un appel à libérer le prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera. La résolution a été adoptée par consensus.

Nous reproduisons ci-dessous des parties du communiqué de presse de l'ONU au sujet des déclarations émises au comité par diverses organisations de Porto Rico et sa diaspora.

* * *



Rassemblement durant la visite du président Obama à Porto Rico en 2011

Parlant au nom du Mouvement des non-alignés, Hossein Maleki (Iran), a appelé à réaffirmer le travail du Comité sur la Situation au sujet de l'Application de la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux [résolution 1514 (XV) de l'Assemblée générale en date du 14 décembre 1960], connu sous le nom de Comité spécial des 24, d'expédier ses efforts vers la pleine décolonisation partout dans le monde. « Malheureusement, nous sommes toujours loin de la pleine réalisation de la déclaration de 1963 [la déclaration date de 1960] sur la décolonisation », a-t-il déclaré. Le Mouvement réaffirme sa position sur Porto Rico, soulignant le droit de ce peuple à l'autodétermination, a-t-il dit. La question coloniale là-bas a été sous la considération du Comité spécial depuis plus de 40 années, qui a adopté 33 résolutions et décisions sur la question. Le gouvernement des États-Unis devrait assumer ses responsabilités et mettre rapidement en place un processus permettant au peuple de Porto Rico d'exercer son droit à l'autodétermination et à l'indépendance, ainsi que de rendre à Porto Rico les territoires et les installations occupées de l'île de Vieques et de la station navale de Roosevelt Roads.

Porto Rico demeure enfermé dans un cycle de pauvreté, de fuite des cerveaux et la stagnation du développement économique causés par les politiques « impérialistes » des États-Unis. C'est ce que plus de 30 pétitionnaires ont dit au Comité spécial des 24 lors des auditions sur la question et il a approuvé une résolution pressant les États-Unis de permettre aux Portoricains d'exercer leur droit inaliénable à l'auto-détermination. Accueillant à la fois des défenseurs de Porto Rico et de sa diaspora, le Comité spécial a entendu que plus de la moitié de la population de l'île vivait dans la pauvreté, en grande partie grâce à des politiques commerciales paralysantes imposées par les États-Unis, la « puissance coloniale ».

En dépit d'avoir été retiré de la liste des Nations Unies des territoires non autonomes en 1953, Porto Rico demeure une colonie de l'« Empire yankee », ont souligné les pétitionnaires, appelant à l'indépendance de l'île envers les États-Unis. Dans le même esprit, le représentant du Frente Autonomista a exhorté l'Assemblée générale des Nations Unies à agir pour s'assurer que les États-Unis remplissent leurs obligations internationales en matière de décolonisation, prennent leur responsabilité en ce qui concerne la décontamination du territoire de Porto Rico. Appelant ce pays à s'engager dans un processus de décolonisation, il a demandé que tous les États aident Porto Rico avec son économie et « se tiennent du bon côté de l'histoire ».

« C'est une situation impériale », estimait le représentant de l'American Association of Jurists, soulignant que le Territoire était incapable d'établir des relations commerciales avec d'autres pays, au détriment de son économie. Le statut d'« état autonome » masque la véritable situation des Portoricains, ce qui devrait être énergiquement condamné, a-t-il dit.

La représentante du Movimiento Puertorriqueño Anticabotaje a dit que certaines restrictions légales et commerciales — qui ont été mis en place pour stimuler l'industrie américaine à Porto Rico — constituaient un « mur » qui bloquait le développement économique de l'île. « Nous avons besoin d'accéder aux marchés qui permettra le flux de matières brutes vers le monde à prix compétitif », a-t-elle déclaré.

L'économie de l'île s'est détériorée ces dernières années, a dit un représentant de Frente Socialista de Porto Rico, soulignant que la moitié de la population vivait au niveau de la pauvreté. Les aliments importés étaient nécessaires, ce qui a mené à des diètes pauvres et de hauts taux de maladies non transmissibles. Pendant ce temps, le gouvernement des États-Unis maintenait la désignation de « terrorisme domestique » pour les activistes portoricains, tel que Oscar Lopez Rivera, qui a été détenu depuis plus de trois décennies dans des prisons américaines.

M. Lopez Rivera — qui a été condamné pour conspiration séditieuse aux États-Unis — était une figure centrale dans la discussion d'aujourd'hui, plusieurs orateurs appelant à son pardon immédiat et sa libération. « Il est une légende vivante à Porto Rico », a dit la représentante du National Lawyers Guild International Committee, ajoutant que la « réclamation pour sa libération est un facteur unificateur, un appel pour la justice et les droits humains transcendant les lignes de partis, les frontières nationales et les croyances religieuses et politiques. »

Participaient aussi aujourd'hui des représentants de l'Iran (au nom du Mouvement des non-alignés), Cuba, Équateur (au nom de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes), Venezuela, Bolivie, Nicaragua et Syrie.

(Voice of Revolution. Traduction : LML)

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