Numéro 33 - 22
juillet 2015
Opposons-nous à la
destruction
nationale
et au bellicisme du gouvernement Harper
La direction de l'économie
doit
être changée
• Le Canada
rejette l'entente nucléaire
historique avec l'Iran
- Dougal MacDonald -
• Ingérence flagrante dans les affaires
intérieures de l'Ukraine
- George Allen -
25e anniversaire de
l'assaut contre Kanehsatà:ke
• L'incapacité à
reconnaître les relations de nation à nation
montre la
nécessité du renouveau politique
- Fernand Deschamps -
• Déclaration au sujet de la
«Crise mohawk de 1990»
- Kanonsonni:onwe, Territoire kahnawake, le 14 octobre
1992 -
La résistance
du courageux peuple grec
• La Grèce sous le poids de
l'austérité et
du diktat des grandes puissances
• L'accord de Bruxelles
- www.german-foreign-policy.com -
Nouvelles importantes
de Cuba
• Les ambassades de Cuba et des
États-Unis rouvrent
à Washington et à La Havane
• Déclaration du gouvernement
révolutionnaire de Cuba
• 11e Plenum du Comité central du
Parti communiste de Cuba
• La tendance à la
décélération économique s'est
inversée
Les
conséquences du coup d'État de 2009 au Honduras
• La lutte contre la corruption et
l'impunité et pour la restauration
de l'État de droit
- Front national de résistance populaire -
États-Unis,
hors de Porto Rico!
• Annulez la dette! Mettons fin au
colonialisme des États-Unis!
- Voice of Revolution -
• Des appels à l'annulation de la dette
• Crise économique et
financière: fabriquée aux États- Unis
- Victor Rodriguez -
• Le Comité spécial de la
décolonisation de l'ONU affirme le droit
à l'autodétermination de Porto Rico
Opposons-nous à la destruction
nationale et
au bellicisme du gouvernement Harper
La direction de l'économie doit être
changée
La situation économique au Canada est très
inquiétante. Cependant, malgré le ralentissement
annoncé et le fait que le Canada ne s'est toujours pas remis du
grave ralentissement de 2008, le premier ministre affirme qu'il n'y a
pas de quoi s'inquiéter et que tout peut s'arranger avec
d'autres mesures d'austérité. De toute façon,
dit-il, on ne peut
pas faire grand-chose au Canada parce que les problèmes viennent
de l'étranger.
Statistique Canada rapporte que l'économie
canadienne s'est contractée en avril, le quatrième mois
consécutif de déclin. Des économistes disent que
le ralentissement s'est poursuivi en mai et en juin, ce qui placerait
l'économie en récession. L'agence de statistiques
rapporte aussi que le déficit commercial du Canada est
passé à 3,34
milliards $ en mai, ce qui représente une autre tendance
inquiétante - le fait que la valeur quitte le pays mois
après mois et que par conséquent il y a moins d'argent
pour acheter des produits et services canadiens.
Le premier ministre est dans le déni. Lorsqu'on
lui a demandé de réagir aux propos des économistes
de la Banque TD selon qui les perspectives économiques se sont
assombries, M. Harper a prétendu ne pas entendre.
« La perspective pour l'économie canadienne est
favorable pour le reste de l'année... Tous les experts du monde
croient
que ce pays va continuer sur la voie de la croissance avec le temps et
qu'il est parmi les pays avec les meilleures perspectives de croissance
au monde. Tant que nous poursuivons nos réductions de taxes et
impôts, que nous continuons à viser l'équilibre
budgétaire et à diminuer notre dette, le Canada va
continuer de croître. »
Le premier ministre refuse d'admettre que
l'économie n'est pas en croissance et qu'elle a besoin d'une
nouvelle direction. Il se contente plutôt de
répéter son dogme habituel que la solution est de
maintenir « une discipline fiscale solide » et
que les problèmes de l'économie sont dus à la
situation internationale.
« C'est vraiment aussi simple, dit-il.
Regardez ce qui se passe dans le monde. Il y a une autre crise du
ralentissement en Europe, il y a un ralentissement important et
d'autres problèmes économiques graves en Chine. Il y a eu
une croissance négative au premier trimestre aux
États-Unis. Alors, évidemment, ces choses ont des
répercussions au Canada et en particulier à cause du prix
du pétrole et de certaines marchandises. »
Le gouvernement canadien ne va pas
« s'enfoncer dans la spirale du déficit »,
déclare Stephen Harper.
Exaspéré par les reporters qui
ramènent constamment la réalité plutôt que
d'accepter ses prédictions aveugles, le premier ministre
répète : « Nous maintenons une discipline
budgétaire solide. »
Le premier ministre et ses courtisans n'ont aucune
idée de comment corriger la situation. Ils s'insurgent contre la
moindre suggestion que la direction actuelle ne fonctionne pas et qu'il
faut quelque chose d'autre que l'austérité et maintenir
le cap, quelque chose de nouveau. Les monopoles mondiaux et les
intérêts privés ne peuvent pas
continuer de fouler au pied la souveraineté du pays et de priver
ses citoyens du droit de décider de ce qui est dans leur
meilleur intérêt. Le Canada a été
annexé aux États-Unis des Monopoles d'Amérique du
Nord et cela n'est pas durable ou soutenable.
Dans ce monde moderne, l'édification nationale
appartient aux peuples eux-mêmes ; ils doivent saisir
l'initiative, s'inventer une voie vers l'avant et surmonter le refus de
changement des monopoles.
Pour amener l'économie dans une nouvelle
direction il faut une autorité publique capable d'assumer un
rôle dirigeant, ce qui veut évidemment dire
défendre les droits de tous et voir à leur
bien-être comme condition essentielle d'avancement et avoir le
courage de restreindre le droit de monopole et de défendre le
droit public. Il faudra
d'importants investissements dans les programmes sociaux et les
services publics et emprunter de l'argent de l'État lorsque
nécessaire pour augmenter l'accumulation de la production
existante. Il faudra une autorité publique qui préside au
secteur du gros, surtout en ce qui concerne l'importation et
l'exportation des produits et leur prix de
production, et une restructuration complète du secteur financier
basée sur l'entreprise publique au service d'entreprises locales
et des citoyens.
En protégeant les programmes sociaux, les
services publics et les droits, on fait en sorte que les gens
répondent positivement et sont prêts à assumer leur
responsabilité sociale, à travailler pour
eux-mêmes, leur communauté et la société. Au
Canada, cette restructuration interne pour favoriser l'investissement
dans les programmes sociaux et les
services publics devra être suppléée par une
transformation des matières premières ici au pays et une
industrie manufacturière dont le rendement est garanti par
l'État. Il faut pour cela mobiliser toutes les classes et
couches de la société pour que tous investissent leurs
épargnes, les investissements privés autant que les
pensions, dans ce projet
d'édification nationale, et que tous deviennent convaincus que
nous sommes capables de bâtir quelque chose de nous-mêmes
en tant que pays et en tant que peuple, en tant que personnes
désirant vivre, désirant être, désirant
s'appuyer sur leurs deux jambes et désirant un avenir,
désirant un contrôle sur leurs affaires, leur
économie et les affaires
politiques.
Le Canada rejette l'entente nucléaire
historique
avec l'Iran
- Dougal MacDonald -
Célébrations
le 14 juillet à
Téhéran suite à la signature de l'entente
sur le
programme d'énergie nucléaire
Le 14 juillet, l'Iran et le groupe qui porte le nom de
P5+1 ont réglé une dispute, inventée et
interminable, portant sur le programme pacifique d'énergie
nucléaire de longue date de l'Iran. P5+1, ce sont les cinq
membres permanents du Conseil de sécurité de l'ONU :
la Chine, la France, la Russie, le Royaume-Uni et les États-Unis
ainsi
que l'Allemagne, le partenaire commercial le plus important de l'Iran.
Depuis toujours, les États-Unis, le Canada et Israël
accusent à tort l'Iran de vouloir mettre au point des armes
nucléaires, bien qu'il n'existe aucune preuve à cet
effet. En fait, l'enrichissement de l'uranium de l'Iran est depuis
longtemps inspecté par l'Agence internationale de
l'énergie atomique (AIEA), laquelle n'a jamais conclu que l'Iran
cherchait à réorienter son programme nucléaire
à des fins militaires. Qui plus est, l'Iran a le droit
inaliénable de développer sa puissance nucléaire
de façon pacifique en vertu de l'article 4,1 du Traité de
non-prolifération nucléaire, auquel il a
adhéré en 1968.
L'Iran a tout à gagner de cette entente
signée le 14 juillet et les avantages économiques pour
lui sont énormes. D'abord, il pourrait bénéficier
de plus de 100 milliards $ en avoirs gelés outre-mer. Il
verra la fin de l'embargo européen imposé au
pétrole iranien ainsi que de nombreuses restrictions
financières imposées aux banques
iraniennes. Le président iranien, Hassan Rouhani, a dit que
c'était « une bonne entente ». Aussi
a-t-il dit : « Aujourd'hui nous sommes à
l'apogée du progrès de notre pays, couronnée par
douze années de négociations nucléaires avec les
puissances mondiales. » Lors de son intervention publique,
Rouhani a dit :
« Nous voulions atteindre quatre objectifs dès le
début de ces négociations : poursuivre
l'activité nucléaire au pays, faire en sorte que les
sanctions inhumaines soient retirées, que les sanctions
illégales imposées par le Conseil de
sécurité de l'ONU soient retirées, et que l'Iran
soit libre de toutes accusations en vertu du chapitre 7 de la
Charte de l'ONU.[1] Nous avons réussi à atteindre chacun
de ces objectifs... Nous voulons édifier un pays qui
développe l'énergie nucléaire de façon
pacifique tout en prônant des idéaux démocratiques
pour notre société. Dès mes premiers jours au
pouvoir j'ai annoncé que notre programme nucléaire
était pacifique et j'ai eu la confiance du
peuple », a dit Rouhani.
De grand intérêt est l'hypocrisie flagrante
des cinq membres du Conseil de sécurité qui ont
élaboré l'entente dans le but d'empêcher l'Iran de
développer des armes nucléaires alors que les cinq
possèdent déjà eux-mêmes des armes
nucléaires. Pour ce qui est de l'Allemagne, elle est le pays
d'accueil d'armes nucléaires étasuniennes en Europe. Les
cinq grandes puissances du Conseil de sécurité se sont
toujours déclarées un club nucléaire exclusif qui
se caractérise par son monopole nucléaire et qui
décide qui peut et qui ne peut pas posséder des armes
nucléaires et même utiliser la technologie
nucléaire à des fins pacifiques.
Qui plus est, les grandes
puissances membres du conseil
qui font partie du système impérialiste d'États
des États-Unis et de l'Union européenne — les
États-Unis, le Royaume-Uni et la France — ont même
aidé Israël, leur allié, à fabriquer des
armes nucléaires, un fait confirmé en 1986 par un ancien
technicien nucléaire israélien, Mordechai
Vananu. Malgré tout, ils continuent de dénoncer tout
autre pays qui cherche sa propre voie ou qui cherche à
développer sa technologie nucléaire de façon
pacifique comme étant un « pays
délinquant ». En vertu de ces critères, des
pays tels l'Iran sont constamment menacés d'annihilation.
Les États-Unis, qui représentent le plus
grand danger pour la paix mondiale, possèdent le plus grand
nombre d'armes nucléaires au monde, soit entre 2 000 et 5 000
ogives nucléaires. Ils sont aussi le seul pays à avoir eu
recours aux armes nucléaires pour attaquer d'autres pays. En
1945, les bombes larguées par les États-Unis sur
Hiroshima et
Nagasaki ont fait pas moins de 200 000 victimes. Plusieurs personnes
ont été tuées instantanément et un grand
nombre sont décédées suite à des
brûlures atroces ou sont devenues malades suite aux radiations et
au cancer. Les États-Unis ont aussi eu recours au chantage
nucléaire et ont proféré des menaces de
destruction contre un grand nombre de
pays, entre autres,
en 1947 contre l'Union soviétique sur la question de l'Iran, en
1953 contre la République populaire démocratique de
Corée (RPDC), en 1954 contre le gouvernement Arbenz au Guatemala
lorsque les États-Unis ont appuyé le coup d'État
contre ce pays (les bombardiers nucléaires étasuniens
étaient en vol), dans les années 50 et 60 contre la
Chine,
en 1962 contre Cuba au moment de la « crise des
missiles », en 1969 contre le Vietnam, en 1975, encore une
fois contre la RPDC, en 1990-91 contre l'Irak, en 1996 contre la Libye
et depuis 2008, contre l'Iran en vertu de la doctrine
« toutes les options sont sur la table ».
Ce qui rend la situation encore plus ironique est le
fait que le programme nucléaire de l'Iran a été
mis en oeuvre avec l'aide des États-Unis. Il faisait partie du
programme « Atomes pour la paix » lancé en
1953 par Eisenhower et qui visait à détourner l'attention
des crimes de guerre des États-Unis contre le Japon et de
l'arsenal
d'armes nucléaires offensives en croissance aux
États-Unis. C'était au moment du règne du chah
Reza Pahlevi, qui avait été restitué en 1953 par
les États-Unis et le Royaume-Uni après qu'ils eurent
renversé le premier ministre élu, Mohammed Mosaddegh,
lequel avait nationalisé l'industrie du pétrole
propriété des Britanniques. En 1967, les
États-Unis ont doté l'Iran d'un réacteur de
recherche nucléaire de cinq mégawatts ainsi que d'uranium
fortement enrichi. Aussi, c'est sous le règne du chah fantoche
qu'il y a eu de réelles tentatives de développer des
armes nucléaires. Pendant ce temps, les États-Unis
fermaient les yeux. En février 1974, suite à une entente
franco-iranienne en matière de
coopération en uranium enrichi, le chah avait annoncé au
quotidien Le Monde qu'un jour, « dans un avenir
plus rapproché qu'on ne pourrait s'imaginer », l'Iran
serait « en possession d'une bombe
nucléaire ». La participation des États-Unis
et des gouvernements européens occidentaux au programme
nucléaire
de l'Iran s'est poursuivie jusqu'à la Révolution
iranienne de 1979 qui a renversé le chah. Celui-ci s'est enfui
vers les États-Unis, apportant avec lui des centaines de
millions de dollars volés au peuple iranien.
Suite à la Révolution de 1979, l'Iran
s'est libéré de la domination des États-Unis et
suite à cette rupture une grande partie de la coopération
nucléaire internationale a cessé. Les États-Unis
ont plutôt commencé à imposer
à l'Iran des sanctions très onéreuses, y compris
un gel d'avoirs iraniens aux États-Unis de l'ordre de 12
milliards $. À leur tour, l'Union européenne, le
Japon et la Corée du Sud ont aussi imposé des sanctions.
De nouvelles sanctions furent imposées en 1995, suite à
l'élection du président iranien
Akbar Hashemi Rafsanjani. Il a été interdit aux
compagnies de transiger avec le gouvernement iranien. Par exemple, tout
commerce des États-Unis touchant à l'industrie du
pétrole iranien fut interdit. En 2013, l'Iran a donné son
accord à une entente provisoire lui permettant d'alléger
les sanctions de près de 7 milliards $ s'il suspendait
l'enrichissement d'uranium et s'il autorisait les inspecteurs de l'ONU
à avoir davantage accès à ses installations. Les
puissances mondiales se sont aussi engagées à faciliter
l'accès de l'Iran à 4,2 milliards $ de
liquidités jusque là interdites.
Comme si les graves sanctions étasuniennes ne
suffisaient pas, le Conseil de sécurité de l'ONU, sous la
direction des États-Unis, a adopté huit
résolutions entre 2006 et 2012 pour imposer de nouvelles
sanctions à l'Iran pour « non-respect des garanties
promises ». Par contre, pas une seule sanction n'a
été adoptée contre la
puissance nucléaire qu'est Israël, grâce à la
protection constante des États-Unis. Parmi les sanctions
imposées à l'Iran il y a l'interdiction de toute
importation de technologie nucléaire, le gel des avoirs
d'individus et de compagnies iraniens, l'imposition d'un embargo sur
les armes, la surveillance des banques iraniennes, l'inspection de
cargos
entrant au pays, la surveillance d'individus et l'interdiction de
services financiers. Bien que les sanctions aient occasionné des
difficultés au peuple iranien, elles n'ont jamais réussi
à forcer l'Iran à plier l'échine au diktat
étranger sur les affaires du pays et sur son droit souverain de
posséder son propre programme de technologie nucléaire.
Au cours de ces négociations qui
s'éternisent sur le programme nucléaire iranien,
Israël, qui refuse lui-même d'admettre qu'il possède
des armes nucléaires, est le premier à accuser à
tort l'Iran de vouloir développer des armes nucléaires.
Or, l'Iran est signataire du Traité de non-prolifération
nucléaire. Israël, lui, ne l'est pas. En 1981,
après
avoir procédé au bombardement illégal de la
centrale nucléaire irakienne, Israël a adopté la
doctrine Begin de « frappe préventive de
non-prolifération » selon laquelle seul Israël
est autorisé à posséder et à utiliser des
armes nucléaires au Moyen-Orient. Les États-Unis ne
s'opposent aucunement à cette doctrine. En mai 2015,
appuyés
par le Canada, ils ont empêché l'adoption d'un projet de
l'ONU qui aurait fait du Moyen-Orient une zone
dénucléarisée. Israël a toujours tenté
de faire échouer les négociations portant sur le
programme nucléaire iranien et cherche à convaincre qui
veut l'entendre que toutes négociations avec l'Iran sont peine
perdue. Il cherche aussi à forcer l'Iran
à détruire ses centrifugeuses et à abandonner
complètement son programme d'énergie nucléaire.
Israël réclame aussi l'imposition de nouvelles sanctions
économiques contre l'Iran. L'objectif caché d'Israël
est d'ultimement déclencher une guerre ouverte, ce qu'il
souhaite depuis longtemps, ne cherchant qu'un prétexte pour
lancer une attaque directe
contre l'Iran.
Le gouvernement canadien
entretient envers l'Iran une
attitude à la fois agressive et belliciste, attitude qu'elle
nourrit depuis la Révolution de 1979, alors que six diplomates
étasuniens se sont réfugiés à l'ambassade
canadienne au cours de l'insurrection. Le gouvernement canadien, en
collaboration avec la Central Intelligence Agency des
États-Unis, les a aidés à sortir du pays avec
des passeports canadiens et des faux visas iraniens, une
ingérence illégale flagrante dans les affaires
intérieures de l'Iran. En septembre 2012, le porte-parole de
Harper, John Baird, a fait cette déclaration ridicule :
« Le Canada considère
qu'aujourd'hui le gouvernement de l'Iran représente la menace
la plus importante à la paix et à la
sécurité mondiales. » Il a ensuite
annoncé la fermeture de l'ambassade iranienne et l'expulsion de
tous les diplomates iraniens du Canada. Cette politique
interventionniste de Harper est toujours la même. La toute
récente version de cette politique est la
« diplomatie directe », qui n'a rien à
voir
avec la négociation et le dialogue comme moyens de
résoudre les problèmes, mais est une politique dangereuse
qui vise à passer outre le gouvernement élu de l'Iran
pour s'ingérer directement dans les affaires intérieures
de la société iranienne. Ce programme ne vise rien de
moins qu'un changement de régime en Iran, obtenu en fomentant
des
manifestations et une opposition violente, comme pour les
« révolutions oranges » instiguées
par les États-Unis en Ukraine et dans d'autres pays.
Même si les pays du P5+1 ont signé
l'entente avec l'Iran le 14 juillet, le gouvernement Harper refuse de
l'accepter et de retirer ses propres sanctions plutôt
insignifiantes. Harper rejette la voie suivie par l'administration
Obama aux États-Unis, en Grande-Bretagne, en France et dans
l'Union européenne. Il s'allie une fois de plus avec les
républicains étasuniens et Netanyahu d'Israël.
Celui-ci a dénoncé l'entente du 14 juillet comme
étant « une importante erreur historique »
et a affirmé une fois de plus le soi-disant droit d'Israël
d'attaquer unilatéralement l'Iran. Ceci met une fois de plus en
lumière que les Canadiens ont besoin d'un gouvernement
antiguerre. Un tel
gouvernement retirerait toutes sanctions et rétablirait
immédiatement les relations diplomatiques avec l'Iran ainsi
qu'avec tous les pays. Il reconnaîtrait que tout pays a le droit
à l'autodétermination et que les pays sont égaux
entre eux, qu'ils soient petits ou grands, et qu'ils ont le droit de se
défendre. Un tel gouvernement chercherait à
résoudre les
problèmes entre les pays non pas par la force mais par le
dialogue et les négociations et tiendrait compte des
intérêts de tous les partis ainsi que de toute la
communauté mondiale.
Note
1. Le chapitre 7 de la Charte de l'ONU s'intitule
« Action en cas de menace contre la paix, de rupture de la
paix et d'acte d'agression ».
Ingérence flagrante dans les affaires
intérieures de l'Ukraine
- George Allen -
Manifestation sur la
Colline du parlement contre le
soutien du gouvernement Harper aux néonazis en Ukraine, 10
octobre 2014
Une enquête récente a permis de
découvrir d'autres faits sur comment des manifestants
antigouvernementaux armés ont fait irruption dans l'ambassade du
Canada à Kiev le 18 février 2014 et l'ont utilisée
comme refuge lors du coup d'État perpétré par les
États-Unis et l'Union européenne contre le
gouvernement élu de l'Ukraine de l'époque
(« Euromaïdan »). L'actuel ambassadeur du
Canada à Kiev, Roman Waschuk, a confirmé dans une
récente interview que des manifestants avaient bien campé
dans le hall principal de l'ambassade durant au moins une semaine, une
information que le gouvernement de Stephen Harper n'avait pas
dévoilée publiquement auparavant. Cette
chaîne d'événements constitue une ingérence
flagrante dans les affaires intérieures de l'Ukraine par la
bande à Harper.
Le gouvernement Harper et les médias
monopolisés à son service ont essayé de minimiser
l'événement comme étant un incident sans
importance. Selon les informations publiées à
l'époque, les manifestants qui sont entrés dans
l'ambassade n'étaient qu'« une
poignée »[1], tout au plus « une dizaine
de manifestants
antigouvernementaux ».[2]
L'ambassade a été fermée le 19
février et est restée fermée pendant les
événements qui ont abouti au coup d'État contre
l'ancien président Viktor Ianoukovytch le 22 février.[3]
Le fait que les nombreux manifestants antigouvernementaux de
Kiev sont restés dans l'ambassade du Canada pendant sept jours
au cours de cette période expose la
bande à Harper comme des participants actifs au changement
régime et non seulement comme des « fournisseurs de
refuge ».
Les justifications non officielles du gouvernement pour
avoir permis aux manifestants de camper dans l'ambassade sont
complètement fausses. La bande à Harper affirme qu'un
premier manifestant « a brandi un passeport
canadien » et que d'autres manifestants se sont
alors précipités à l'intérieur. Le
gouvernement affirme
également que puisque tous les manifestants étaient
pro-Union européenne et contre la Russie, ils devaient
être « pro-démocratie », même
s'il est de notoriété publique que des groupes
néonazis ont participé à ces manifestations et les
ont instiguées.
À l'époque, les médias ont
signalé que « le bureau du ministre des Affaires
étrangères John Baird indique que les manifestants
présents à l'ambassade sont pacifiques et n'ont pas
causé de dommage ou préjudice au personnel
diplomatique ». Le porte-parole de l'ambassade du Canada,
Adam Hodge, avait déclaré :
« Nous espérons que la situation s'améliore
rapidement afin qu'ils puissent quitter en toute sécurité
les locaux de l'ambassade le plus rapidement possible. Nous nous
attendons à ce que ces personnes soient en mesure de quitter
l'ambassade en toute sécurité, sans intimidation,
arrestation ou encore harcèlement. »[4]
On peut seulement imaginer le tollé qu'aurait
fait la bande à Harper si une mission diplomatique
étrangère à Toronto avait abrité des
manifestants anti-G8 pour une semaine en 2012 ou, plus
récemment, des militants d'Idle No More - Jamais plus
l'inaction. Le pays concerné aurait été
publiquement dénoncé pour s'être
ingéré dans les affaires
intérieures du Canada, son ambassade fermée et ses
diplomates expulsés.
Le modèle du Canada pour ce qui s'est
passé à l'ambassade du Canada en Ukraine sont les
ambassades des États-Unis qui depuis longtemps s'ingèrent
dans les affaires intérieures des pays souverains pour porter et
garder au pouvoir des gouvernements pro-américains, notamment en
provoquant des changements de régime violents. Les agents de
la CIA dirigent les ambassades sous couvert diplomatique. Un exemple de
cela est le rôle joué par l'ambassade américaine
pour fomenter le coup d'État militaire de 1973 contre le
gouvernement Allende au Chili. Un autre sont les efforts
déployés par l'ambassade des États-Unis au
Venezuela pour renverser le gouvernement anti-impérialiste de
Maduro.
Les événements du Maïdan de
février ont mené au renversement de l'ancien
président Viktor Ianoukovytch après qu'il eut
rejeté un accord de libre-échange de grande envergure
avec l'Union européenne pour des relations mutuellement
avantageuses tant avec la Russie qu'avec les pays membres de l'UE.
Cela a conduit finalement le 7 juin à
la nomination au poste de président du milliardaire
pro-européen et anti-russe Petro Porochenko, que le gouvernement
Harper violemment anticommuniste soutient inconditionnellement.
À l'invitation de Harper, Poroshenko a prononcé un
discours à la Chambre des communes du Canada le 17 septembre
2014, le lendemain de la signature d'un
accord avec l'Union européenne et quelques jours avant sa
rencontre avec le président américain Obama. Le
gouvernement Harper a également consenti un prêt de 200
millions $ à l'Ukraine, promis des équipements
militaires et plus de sanctions contre la Russie ; en tout, le
Canada a prêté près de trois quarts de milliards
à l'Ukraine
ces dernières années. Actuellement, le gouvernement
Harper envoie 200 militaires pour former l'armée ukrainienne,
dont, comme on le sait, font partie le bataillon Azov et d'autres
bataillons néonazis.
Les événements de
l'ambassade font
également partie du problème plus vaste du rôle
perturbateur délibéré et soutenu du gouvernement
Harper dans la région. Il ne représente pas la
volonté des Canadiens qui est de contribuer à
régler par la médiation le conflit qui oppose le
régime Poroshenko à la Russie et aux citoyens de l'Est
de l'Ukraine
qui sont attaqués par le gouvernement de Kiev. Alors qu'il est
dans l'intérêt du peuple de l'Ukraine et de la Russie
ainsi que des peuples du monde que les différends soient
réglés de manière pacifique par la
négociation dans la région, la bande à Harper
semble déterminée à provoquer autant de troubles
que possible avec son attitude
belliqueuse.
Il ne fait aucun doute que la bande à Harper
espère une récompense sous la forme du vote, lors des
prochaines élections fédérales, des 1,2 million de
Canadiens d'origine ukrainienne, (que la bande à Harper suppose
à tort être tous des partisans du fascisme) et sous la
forme d'avantages commerciaux importants pour les monopoles que
représente Harper. Le 14 juillet, le Canada a annoncé la
signature l'Accord de libre-échange Canada-Ukraine (ALECU) qui
va « offrir d'importants avantages commerciaux aux
entreprises canadiennes ».[5] Après la signature, le
premier ministre ukrainien, Arseni Iatseniouk, a demandé aux
entreprises canadiennes de jouer un rôle
majeur dans la privatisation massive des actifs de l'État
ukrainien qui comprend 342 entreprises publiques, notamment le secteur
de l'énergie de propriété publique.
Notes
1. CBC, 18 février 2014.
2. Globe and Mail, 18
février 2014
3. Presse Canadienne, 18 février 2014
4. CBC, 12 juillet 2015.
5. Le texte de l'ALECU peut être trouvé ici.
25e anniversaire de l'assaut contre
Kanehsatà:ke
L'incapacité à reconnaître les
relations de nation à nation montre la nécessité
du renouveau politique
- Fernand Deschamps -
Marche marquant le 25e
anniversaire du soulèvement d'Oka le 11 juillet 2015 (K.
David)
Le 11 juillet 2015 était le 25e anniversaire
de ce que les médias monopolisés appellent
« la crise d'Oka ». C'est une
référence aux événements de 1990, lorsque
l'État canadien a impitoyablement
assailli les Mohawks de Kanehsatà:ke, une nation membre de la
Confédération iroquoise des Six Nations, qui
défendaient leur droit ancestral et
leur droit issu de traités d'exercer leur souveraineté
et leur autodétermination sur leur territoire traditionnel dans
un endroit connu comme la Pinède, dans la région
aujourd'hui appelée Oka. L'endroit en question, où se
trouve un cimetière sacré, était convoité
par les promoteurs d'un club de golf local qui planifiaient l'ajout de
neuf trous sur des
terres ancestrales que les Mohawks revendiquent depuis 300 ans. Pour
défendre leur cause sacrée, les Mohawks ont
érigé une barricade sur une route menant à la
Pinède.
Occupation
symbolique du terrain de golf d'Oka durant la
commémoration du 25e anniversaire de l'assaut contre
Kanehsatà:ke
|
Le 30 juin 1990, un tribunal du Québec a
accordé à la municipalité d'Oka une injonction
l'autorisant à démanteler la barricade
érigée pacifiquement. Devant le refus des Mohawks de
céder à la pression, la Sûreté du
Québec a lancé le 11 juillet un assaut digne de la
Gestapo dans la Pinède. Les policiers sont arrivés en
formation
complète de combat, armés de grenades assourdissantes, de
gaz lacrymogènes et de fusils d'assaut.
Lorsque les guerriers mohawks se sont armés de
leur mieux pour défendre leur territoire traditionnel, ils
agissaient conformément à la Grande loi de la paix qui
est
considérée
comme
la
plus
ancienne constitution
vivante au monde. La Grande loi de la paix précède
de
quelques
siècles
l'Acte de l'Amérique du Nord
britannique de 1867. Elle est le cadre juridique régissant
les relations entre les six nations de la Confédération
iroquoise - Mohawk, Oneida, Onondaga, Cayuga, Seneca et Tuscarora. Les
« Warriors » tels que définis par la Grande
loi
de
la
paix
ont la responsabilité de
« porter le fardeau de la paix », qui
est à l'opposé de la façon dont les médias
monopolisés ont présenté les warriors mohawks
pendant la « crise d'Oka ». Pour les
criminaliser, pour criminaliser leur cause, briser l'unité
politique entre les Mohawks et les peuples canadien et
québécois et justifier la violence brutale de
l'État contre les manifestants, ils ont présenté
les
warriors mohawks comme des terroristes et des bandits.
Un mois plus tard, le gouvernement conservateur de
Brian Mulroney, qui avait laissé la situation
dégénérer, a mobilisé quelque 4
000 soldats armés soutenus par des véhicules
blindés et des hélicoptères pour terroriser jour
et nuit Kanehsatà:ke et la communauté mohawk
voisine de Kahnawà:ke afin de les forcer à
capituler. Au cours du siège d'Oka par le gouvernement, un
aîné, Joe Armstrong, âgé de 71 ans, a
été frappé à la poitrine par un gros bloc
de roche lors d'une confrontation avec une foule incitée
à commettre des attaques racistes. Il est mort une semaine plus
tard d'une crise cardiaque. En tout, plus de 100 Mohawks et leurs
alliés ont été arrêtés au
cours de ces événements. Beaucoup des personnes
arrêtées ont allégué avoir été
maltraitées par la police. Beaucoup de Mohawks ont
été blessés, y compris de jeunes enfants.
Les Mohawks, avec le soutien d'autres Premières
Nations et de gens partout au Québec et au Canada ont tenu bon
durant 78
jours de négociations, confrontés à la force
supérieure en nombre et en puissance de feu de l'État
canadien ainsi qu'à une campagne pernicieuse de
désinformation des médias visant à
présenter leur juste lutte comme un problème
de « loi et d'ordre ». Ils se sont
défendus en tant que nation avec honneur et dignité et
sont sortis vainqueurs dans la mesure où les autorités
municipales d'Oka n'ont pas été capables de poursuivre
leur développement commercial prévu dans la
Pinède. Malgré cela, la criminalisation s'est poursuivie
sans relâche.
Le 12 août 1990,
face à la
résistance résolue des Mohawks, le ministre
fédéral des Affaires indiennes, Tom Siddon, et le
ministre québécois des Affaires autochtones, John
Ciaccia, ont signé des ententes leur garantissant l'accès
à la nourriture, à des fournitures médicales,
à des conseillers spirituels et à des observateurs
juridiques.
La « crise d'Oka » a une fois de
plus mis en évidence le problème des justes
revendications des Premières Nations pour le contrôle de
leurs territoires traditionnels et la nécessité pour le
Canada d'entamer des relations avec les Premières Nations sur
une base moderne, de nation à nation.
En prenant position, les Mohawks de
Kanehsatà:ke et Kahnawà:ke ont
également inspiré d'autres Premières Nations au
Canada et des peuples autochtones à l'échelle
internationale à intensifier la lutte pour leurs droits. Leur
résistance a forcé le gouvernement conservateur de Brian
Mulroney à mettre en place la Commission royale
sur les peuples autochtones en 1991. Son volumineux rapport a
été déposé en 1996 et contient plus de 400
recommandations pour l'amélioration des relations entre le
Canada et les Premières Nations, mais presque toutes continuent
d'être ignorées par le Canada qui continue à
piétiner en toute impunité leurs droits ancestraux,
constitutionnels et issus des
traités.
Le besoin de renouvellement pour mettre fin à
l'impunité et au mépris du gouvernement envers les droits
des Premières Nations
Cette attitude coloniale raciste envers les peuples
autochtones est plus nettement exprimée par le gouvernement
Harper qui, depuis son arrivée au pouvoir en 2006, a
adopté une loi après l'autre pour éteindre les
titres ancestraux relatifs aux terres des autochtones en faveur des
monopoles et aussi s'assurer que le gouvernement n'a pas
à rendre des comptes pour les crimes passés et
présents commis contre eux. Le refus du gouvernement Harper de
mettre en place une enquête nationale sur le cas des femmes et
filles autochtones disparues et assassinées est un exemple de
cette attitude criminelle insensible envers les peuples autochtones.
Ellen Gabriel
prenant la parole lors des
commémorations du 23e anniversaire du soulèvement d'Oka
en 2013
|
L'adoption du projet de loi antiterroriste C-51 par les
conservateurs et les libéraux est un autre exemple de la
façon dont les gouvernements agissent en toute impunité.
Comme l'affirme Ellen Gabriel, l'une des porte-parole des Mohawks
pendant la « crise d'Oka », le projet de loi
« ne tient pas compte des questions de longue
date et de graves problèmes non résolus de la
dépossession des terres des peuples autochtones en vertu de la Loi
sur
les
Indiens ».[1]
Au lieu de répondre à la
nécessité d'une nouvelle relation entre les peuples
autochtones et le Canada, le gouvernement Harper continue de faciliter
le pillage des ressources des peuples autochtones au nom des plus
grands monopoles pétroliers, gaziers, d'exploitation
forestière et minière. Par exemple, le projet
d'oléoduc Énergie Est de
l'entreprise TransCanada va traverser Kanehsatà:ke pour
transporter le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. Le
gouvernement Couillard se prépare à fournir un certificat
de conformité environnementale pour le monopole d'exploitation
minière Niocan pour son projet sur le territoire de
Kanehsatà:ke. Ici, Niocan planifie
d'extraire du sous-sol le minerai de pyrochlore, duquel est
soutiré le tantale, un métal très en demande par
l'industrie aéronautique, et des éléments de
terres rares très recherchés par l'industrie
électronique.
Ce projet particulier a été
dénoncé
dès le début par les Mohawks de Kanehsatà:ke
et par les peuples québécois et canadiens. Cela
inquiète beaucoup parce que ces projets vont gravement
compromettre la sécurité des résidents autochtones
et des autres résidents de la région, que ce soit par des
déversements d'hydrocarbures toxiques ou la
contamination des eaux souterraines par les sous-produits radioactifs
de la mine.
Toutes ces questions non résolues
révèlent l'affrontement entre deux visions distinctes du
monde : la première qui est celle des peuples autochtones
avec leur profond respect de la Terre-Mère à partir de
laquelle ils ont toujours assuré leur subsistance
traditionnelle,
et la seconde, la vision eurocentriste qui depuis l'époque
coloniale
déclare la Terre-Mère une propriété
privée. Devant la résistance des Premières Nations
et de leurs alliés face au diktat de l'État canadien, des
projets de loi omnibus sont adoptés (C-38 et C-45 en 2012, C-4
et C-43 en 2014 par les conservateurs de Harper et le projet de loi 28
par les libéraux de Couillard en avril 2015). Ces lois veulent
donner une
légitimité aux intérêts privés des
monopoles au détriment des Premières Nations et des
peuples du Canada et du Québec.
Au coeur de ce conflit sont les vieux arrangements
constitutionnels archaïques de 1867. La Charte canadienne des
droits et libertés adoptée en 1982 ne fait que
confirmer que les droits énoncés dans la Charte sont en
réalité des privilèges, puisqu'ils ne peuvent
être exercés que dans des limites
« raisonnables », ce qui
signifie que quelqu'un d'autre a le pouvoir de décider quelles
sont ces limites raisonnables. Ainsi, la réponse de
l'État colonial canadien face aux actions politiques des
Premières Nations pour leurs droits est la criminalisation de
leurs luttes justes et la répression violente,
comme cela a été fait durant la « crise
d'Oka ». Ces
arrangements n'ont plus leur place. Ils représentent un
système économique et politique qui est désuet, en
crise constante et qui ne peut résoudre les problèmes
auxquels sont confrontés les peuples autochtones, les Canadiens
ou les Québécois. Devant cette réalité, les
Premières Nations et les peuples canadien et
québécois ont le devoir de
renouveler les arrangements politiques et constitutionnels au Canada
afin que les droits de tous soient garantis dans une constitution
nouvelle et moderne qui facilite les relations de nation à
nation entre les peuples autochtones, le Canada et le Québec.
À l'occasion du 25e anniversaire de la victoire
historique des Mohawks à Oka, LML envoie ses
salutations les plus chaleureuses aux Mohawks de
Kanehsatà:ke et Kahnawà:ke et à leurs
alliés qui ont courageusement défendu leurs
droits ancestraux et issus de traités face à l'agression
brutale de l'État canadien. LML appelle
également à un
dédommagement pour les crimes que l'État canadien a
commis contre les Mohawks pendant et après la « crise
d'Oka » et invite les citoyens à défaire le
gouvernement Harper à l'élection fédérale
d'octobre.
Note
1. Mémoire soumis par Ellen Gabriel à la
commission parlementaire sur le projet de loi C-51. La commission
parlementaire ne lui a pas permis de témoigner et de le
présenter. Pour le document complet en anglais,
cliquez ici.
Déclaration au sujet de la «Crise mohawk
de 1990»
- Kanonsonni:onwe, Territoire kahnawake,
le 14 octobre 1992 -
Le Wampum à deux
rangs, ici en tête de la
manifestation du 30 mai 2015 à Ottawa contre le projet de loi
C-51, affirme la revendication des travailleurs du Canada de nouvelles
relations entre le Canada et les nations autochtones fondées sur
le respect de leur souveraineté.
Les Rotinonson:ni sont un peuple souverain. Avec
l'arrivée des puissances européennes en Amérique
du Nord, la paix fut établie selon une entente, le Traité
du wampum à deux rangs. Ce traité fut établi entre
les Rotinonson:ni et les Hollandais et les Britanniques en
Amérique du Nord. Cette entente est un traité de paix,
d'amitié
et de respect. Une grande paix fut ainsi établie entre nations
souveraines.
Il fut aussi entendu qu'advenant qu'une autre puissance
ou nation vienne à menacer cette paix, les nations participantes
à ce pacte interviendraient pour protéger le peuple et
rétablir la paix. Avec la formation du Dominion du Canada, le
peuple canadien hérita naturellement de la responsabilité
de ses prédécesseurs britanniques envers cette
entente de paix. Notre peuple, les Rotinonson:ni, a
continué de favoriser cette entente initiale avec les nouvelles
autorités canadiennes. Nos nations demeuraient en paix mutuelle
et il n'y avait pas lieu d'attendre une menace de la part de nos
voisins pacifiques puisque le Traité du wampum à deux
rangs était et est toujours perçu comme
sacré. Tous les membres de cette entente avaient
prêté serment de soutenir et de protéger cette
Grande Paix advenant une menace potentielle.
Le temps passa et, présumant que notre
traité international nous protégerait, les
Rotinonson:ni devinrent victimes malgré eux
d'assujettissement aux mains de la nouvelle Autorité canadienne.
Le système des Conseils de bande élus fut imposé
à notre peuple avec l'aide de la police du Dominion et par le
recours à la force des armes, ce
qui força notre gouvernement traditionnel et nos gens
traditionnels à fonctionner dans la clandestinité.
Depuis ce temps, des méthodes encore plus
exécrables ont été utilisées pour
éliminer la souveraineté légitime des
Rotinonson:ni et de leur gouvernement. Ces méthodes
entravent jusqu'à ce jour notre capacité de voir à
nos affaires. Les principes de paix qui avaient inspiré nos lois
originales et nos institutions gouvernementales avaient
aussi inspiré l'entente sacrée du Traité du wampum
à deux rangs à laquelle adhéraient toutes les
nations participantes.
Un terrain d'entente fut établi lorsque nos
ancêtres comprirent et acceptèrent que ce traité
serait garant de paix et du bien-être des peuples de nos nations.
Force est de conclure que l'agression armée
contre notre peuple à Kanesatake le matin du 11 juillet 1990,
par un détachement d'agents de la Sûreté du
Québec armés jusqu'aux dents, était en violation
de notre entente historique, le Traité de paix et
d'amitié du wampum à deux rangs.
Les Rotiskenenkehte ont immédiatement
réagi afin de protéger la paix et empêcher une
autre attaque contre notre peuple à Kanesatake. L'accès
au pont Mercier fut bloqué à partir des routes 138, 132,
297 et du vieux chemin de Châteauguay. L'accès à
ces routes à partir du pont Mercier fut aussi bloqué,
avec pour conséquence pratique
d'empêcher tout passage sur ces routes à l'exception des
véhicules d'urgence tels les ambulances et les camions de
pompiers. Tout véhicule appartenant à la
Sûreté du Québec et à la GRC se vit aussi
refuser accès à ces routes. Cette mesure fut prise en
réaction à l'assaut contre notre peuple à
Kanesatake et en tant que mesure dissuasive.
Dû à l'absence de relations formelles entre
nos deux nations, relations qui relèvent d'une
responsabilité mutuelle selon notre Traité sacré
du wampum à deux rangs, aucune autre alternative était
envisageable qui permettait d'assurer la sécurité de nos
deux peuples en conflit à Kanesatake.
Vu l'escalade de la violence contre notre peuple, vu
l'utilisation d'armes et le recours à l'agression armée
par les agresseurs, et face à l'indifférence à
l'égard du principe de coopération dans le maintien de la
paix et de la sécurité dans l'enceinte de nos territoires
prévu par nos traités, il était et demeure
justifié que les Rotiskenenkehte prennent
les mesures nécessaires contre un recours à la force qui
pourrait menacer la paix et la sécurité de notre peuple,
nos lois et nos territoires, y inclus le recours à des armes de
défense, à des fins défensives, tel que
stipulé par les lois de notre peuple concernant les
restrictions, l'usage et l'entreposage de telles armes.
Les Rotiskenenkehte eurent aussi recours à des
barricades et à des équipements à cet effet dans
l'unique but de maintenir la sécurité et la paix et de
dissuader tout assaut violent contre notre peuple. Ces mesures furent
aussi justifiées en raison de la violence utilisée contre
nous par la Sûreté du Québec, la Gendarmerie royale
et les Forces
armées canadiennes tout au long de cette situation difficile.
La
Sûreté du Québec devant les barricades le 11
juillet 1990, avant l'assaut
|
Ces actes ainsi que ceux commis par nos forces de
réserve pour éliminer et dissuader les menaces à
la paix contre notre peuple furent et demeurent justifiés aux
yeux de notre constitution (Kaienerekowa) et nos lois (articles
concernant spécifiquement les responsabilités de nos
hommes et de nos femmes), et selon les traités historiques entre
nos
deux nations.
Nous insistons aujourd'hui sur l'importance de
renouveler les relations pacifiques entre nos deux nations. Nous
souhaitons que des négociations pacifiques commencent dans le
but de trouver un cadre à ces discussions. Nous invitons les
autorités canadiennes à prendre note des intentions
pacifiques des Mohawks de Kahnawake à assurer et à
maintenir la paix au sein de nos communautés et à
éviter des situations qui pourraient remettre en cause la paix
qui existe entre Kahnawake et le peuple du Québec et du Canada.
Il est proposé que toute action menée en
violation de la juridiction des Mohawks de Kahnawake cède la
place aux négociations de paix que nous proposons, en tant que
mesure conforme à notre traité sacré, lequel est
conforme aux principes universels de paix et de coopération.
Tel que résolu en ce jour, le 14 octobre 1992,
à Kahnawake, comme en fait foi notre procès-verbal.
Les Mères de clan et le Conseil des chefs,
Rotinonson:ni, Kahnawake
La résistance du courageux peuple
grec
La Grèce sous le poids de
l'austérité et du diktat des grandes puissances
Les Grecs
célèbrent la victoire du non à l'annonce des
résultats du référendum le 5 juillet 2015.
L'Europe est en crise. L'économie
européenne des monopoles ne fonctionne pas. Les grandes
puissances et l'élite dirigeante à Washington, Berlin,
Londres, Paris et Bruxelles ne proposent pas de solution, sauf plus de
souffrances, en particulier pour les peuples de la
périphérie tels que la Grèce, le Portugal,
l'Irlande, l'Espagne, l'Ukraine et
ailleurs. Pas d'alternative à l'austérité, la
misère et la domination des grandes puissances est permise,
puisque toute autre direction nuirait aux intérêts des
propriétaires de la grande richesse sociale et leurs monopoles.
L'incohérence associée à la ruine d'une
économie et la destruction d'un pays pour sauver le statu quo et
les privilèges des riches est
imposée de force aux Européens dans un pays après
l'autre.
Le peuple grec s'est fait dire directement et à
maintes reprises qu'il doit accepter l'austérité et la
domination des grandes puissances sinon il sera écrasé
par des moyens jamais vus depuis les atrocités nazies de la
Deuxième Guerre mondiale. Aucune solution à l'angoisse
n'est offerte sauf de continuer le même programme cruel
d'austérité
antisociale. Le rejet courageux par le peuple grec de
l'austérité dans un référendum national ne
signifie rien pour les grandes puissances. L'élite dirigeante
aux États-Unis et en Allemagne a rejeté le verdict avant
même le dépouillement du vote.
La situation est telle que même une section de
l'élite dirigeante s'alarme de se voir tourner en rond et se
diriger vers un échec. Elle voit que l'austérité
ne fonctionne tout simplement pas pour elle en tant que gouvernants et
ne fait qu'aggraver la situation. L'austérité est
allée trop loin et cela ne fait que confirmer à quel
point elle détruit la
richesse sociale et l'incapacité à faire croître
l'économie.
Manifestation
contre l'austérité le 15 juillet 2015 |
Par exemple, l'économiste américain
Jeffrey Sachs reconnaît que la situation est insoutenable et
quelque chose d'autre que l'austérité doit être
tenté. Sachs est tristement célèbre pour sa
thérapie de choc imposée à l'Europe de l'Est dans
les années 1990, une politique que la plupart juge responsable
de l'effondrement économique généralisé de
cette époque. Juste avant un récent sommet de
l'Eurogroupe, dans une lettre ouverte rédigée par Sachs,
Heiner Flassbeck, l'ex-secrétaire d'État au
ministère allemand des Finances, ainsi que plusieurs autres
éminents économistes, ont appelé la
chancelière allemande Angela Merkel à « voir
dans le référendum grec une occasion de corriger le
tir dans les politiques envers la Grèce ....
L'austérité sans fin que l'Europe impose au peuple grec
ne fonctionne tout simplement pas. Comme la plupart du monde l'avait
prédit, les demandes financières faites par l'Europe ont
écrasé l'économie grecque et ont empiré la
crise de la dette extérieure.... L'impact humanitaire a
été colossal. Quarante
pour cent des enfants vivent maintenant dans la pauvreté et la
mortalité infantile est montée en
flèche. » [...] « Le remède
prescrit par Berlin et Bruxelles a saigné le
patient », écrivent les auteurs, et ne guérit
pas la maladie. « Cela a un impact sur ceux qui
n'étaient même pas nés au début de la
crise. » Voilà pourquoi il
faut mettre fin au diktat d'austérité, concluent-ils.
Ce conseil provenant de leurs propres milieux n'a
même pas fait broncher d'un pouce ceux qui détiennent
aujourd'hui le pouvoir politique. Ils ont poursuivi sur leur voie
désastreuse et tentent d'imposer la même
médecine antisociale aux Grecs mais à d'autres aussi.
L'élite dirigeante impose à tout le monde
le diktat de ne pas parler d'une nouvelle direction pour
l'économie ; il faudrait au contraire plus de la même
chose : l'austérité, les sauvetages, les prêts
bancaires, l'Euro et la sortie de la Grèce de l'Union
européenne. Ce discours ne mène nulle part car il porte
sur la redistribution de la
richesse sociale existante. Aucun de ces exposés ne traite des
problèmes et des contradictions économiques auxquels elle
confrontée l'Europe et la question importante d'une nouvelle
direction pour générer une nouvelle richesse sociale et
faire travailler les gens, défendre les droits de tous et
reconstruire en surmontant finalement la crise de
2008.
De larges pans de l'économie européenne ne
produisent pas. Les riches et leurs monopoles ont mis toute leur
attention sur les moyens de s'emparer de la richesse sociale des
autres. Ils utilisent la puissance des institutions de l'État
pour s'assurer que la richesse sociale soit redirigée vers
eux-mêmes de diverses manières, y compris par la guerre,
l'occupation et les spéculations parasitaires. Les prêts
du FMI et de la Banque centrale européenne (BCE) à la
Grèce et aux autres n'ont rien à voir avec la
création d'une nouvelle production ; ils sont la plupart du
temps octroyés pour mettre la main sur les prêts existants
et comme une excuse pour les
« conditionnalités », qui est
un terme poli de l'Europe pour soutirer des pays tous les actifs
nationaux et les fonds publics affectés à des programmes
sociaux tels que les pensions, l'assurance-chômage et l'aide
sociale. Le FMI, la BCE et la Banque mondiale ont pris l'habitude
médiévale de l'usure et en ont fait une magouille de
gangsters avec un profit inégalé.
Les économies de l'Europe sont toutes des
économies capitalistes matures modernes, intégrées
au système impérialiste d'États. Les
problèmes économiques auxquels elles sont
confrontées
proviennent de cette réalité. L'Euro, les banques et la
possibilité de prêter ou de ne pas prêter et tous
les bavardages qui l'accompagnent sont autant de façon de
détourner l'attention des contradictions profondes qui existent.
L'élite dirigeante ne veut pas admettre que les problèmes
fondamentaux du capitalisme monopoliste découlent d'une
économie socialisée dominée par des sections
privées qui sont en concurrence pour bâtir les empires des
monopoles. Les intérêts privés étroits
éclipsent le grand intérêt
public. Le droit de monopole supplante le droit public.
L'économie n'a aucune chance de mettre en valeur sa plus grande
force, qui est sa productivité, parce que tous les biens et
services produits doivent servir les maîtres privés et la
construction de leur empire monopolisé et non pas
l'édification nationale. Sans restreindre le droit de monopole,
les
économies n'ont aucune chance de rebondir.
Cette offensive antihumaine contre le peuple ne peut pas
continuer. Les Grecs ne l'acceptent pas. Les Européens ne
l'acceptent pas. La domination du droit public et du grand
intérêt public par le droit de monopole et ses
intérêts privés étroits doit cesser. Il faut
une nouvelle direction, une direction prosociale, pour
l'économie de la Grèce et du
reste de l'Europe pour mettre fin à la souffrance. Une voie vers
l'avant pour une alternative prosociale n'attend qu'à être
révélée par le rejet de l'ancien.
Non
au droit de monopole ! Oui au droit
public ! Défendons l'intérêt public !
Organisons-nous et luttons pour une alternative prosociale !
L'accord de Bruxelles
- www.german-foreign-policy.com -
Les manifestations contre
l'austérité se
poursuivent en Grèce. Sur la photo : manifestation contre
les nouvelles mesures d'austérité imposées
à la Grèce, 13 juillet 2015.
Le poids de l'histoire
Les commentateurs de diverses orientations politiques
parlent d'une résurgence des ambitions
hégémoniques de l'Allemagne. En Italie, par exemple,
après les négociations [sur la dette de la Grèce]
de Bruxelles, les libéraux de La Repubblica ont
titré « La Grèce a le dos au mur »
et
ont souligné que « l'Eurogroupe est entre les mains
des faucons allemands ». Athènes est
confrontée à « une série de diktats,
plus sévères les un que les autres ».
« Les faucons sillonnent triomphants le ciel
européen, lit-on dans l'article. Ils imposent un ultimatum
impossible à Tsipras similaire à celui que l'Autriche a
imposé aux Serbes, et qui a déclenché la
Première Guerre mondiale. »[1] « La fin de
l'innocence a été atteinte, car tout le monde [dans l'UE,
gfp.com] sait parfaitement qui est le véritable le maître
de piste », écrit le journal conservateur italien Il
Messaggero. « Le véritable maître de piste
est l'Allemagne,
poursuit le journal. Sedan est de retour, quand l'Allemagne a
violé la France en 1870 et n'a pas suivi les conseils de
Bismarck » de ne pas se faire d'ennemis à l'Ouest et
à l'Est en même temps. En fait l'Allemagne s'est
« fait des ennemis partout » après la
Première Guerre mondiale, rappelle Il Messaggero »,
sauf
peut-être
dans
les
« États
vassaux »
du
nord de l'Europe ou, dans les années 1930, temporairement en
Pologne « qui en raison de sa propre histoire douloureuse a
estimé qu'elle ne pouvait faire autrement que de diriger sa
haine contre les Russes ». Le commentateur conclut :
« Le poids de l'histoire est de
retour et semble insurmontable. »[2]
La même arrogance
Des avertissements, fondés sur
l'expérience historique, sont également lancés en
France. « L'Allemagne veut écraser la Grèce en
lui faisant accepter sous la menace d'un Grexit un plan mortel de
soumission totale ! », a twitté pendant la fin
de semaine Jean-Luc Mélenchon, le chef du Parti de gauche.[3]
Auparavant,
sur une chaîne télévisée, il avait
déclaré : « Pour la troisième fois
dans l'histoire, l'obstination d'un gouvernement allemand est en train
de détruire l'Europe ». Bien sûr, on ne peut
pas accuser la République fédérale d'Allemagne
d'aujourd'hui d'être idéologiquement sur le même
plan que son régime prédécesseur. Berlin affiche
encore « la même arrogance, le même
aveuglement » que dans les phases précédentes
de son règne historique.[4]
Une politique financière agressive
Cependant, un fait qui est passé largement
inaperçu est que ce n'est pas en 2015 que Berlin a
commencé à menacer de durcir davantage sa politique
économique et financière agressive. En effet, les
événements actuels sont directement liés à
la mise en oeuvre de la politique étrangère allemande
dans les années 1990 et à l'expansion
territoriale de la base économique de l'Allemagne avec la
« réunification ». Selon un mythe
populaire, cette dernière a été acquise parce que
Helmut Kohl, le chancelier de l'époque, a accepté
l'introduction d'une monnaie unique, l'euro, entre les États
membres de l'Union européenne. En fait, Bonn n'a consenti
à une monnaie unique
qu'à une condition, comme un observateur contemporain de
l'événement le rappelle, à savoir que
« les règles qui régissent l'union
monétaire et le système européen de banques
centrales soient modelées presque entièrement sur la
réglementation allemande et la Banque fédérale
allemande ». « L'euro parle
allemand », a
déclaré le ministre des Finances allemand, Theo Waigel,
en 1998.[5] Grâce à l'euro, avec son brevet d'invention
spécifiquement allemand, la République
fédérale d'Allemagne a été en mesure de
profiter pleinement de sa force économique par rapport aux
autres pays de la zone euro et d'en forcer plusieurs à un
déficit excessif de la balance commerciale
générateur de dette. En 2014, environ 34,5 milliards
d'euros sont
sortis de France et ont pris le chemin de l'Allemagne et la
Grèce lui transférait plus de 3,2 milliards d'euros.
Le diktat d'austérité de l'Allemagne, qui
assure le flux de devises vers la République
fédérale d'Allemagne, est le résultat du brevet
allemand de l'euro, imposé dans les années 1990.
Le noyau dur européen
Dans les années 1990, Wolfgang Schäuble,
qui, aujourd'hui, veille à la mise en oeuvre du diktat
d'austérité comme ministre des Finances de l'Allemagne, a
également contribué à bâtir la puissance
allemande qui a permis à Berlin de s'imposer. Dans les
années 1980, en tant que président de l'Association des
régions frontalières
européennes (ARFE), Schäuble a mis en place les
premières mesures économiques qui visaient la France et
d'autres pays. Theodor Veiter[6] un ancien spécialiste nazi de
la subversion des frontières, était l'un des conseillers
de Schäuble quand il était président de l'ARFE.
Après l'effondrement du système socialiste en Europe et
l'annexion de la
République démocratique allemande qui ont
consolidé la puissance de l'Allemagne, Schäuble a
contribué à imposer l'élargissement de l'UE.[7]
Cette expansion a donné à l'Allemagne un net avantage sur
la France, dont la zone traditionnelle d'influence, le pourtour du
bassin méditerranéen et l'Afrique francophone, ne pouvait
se comparer à l'Union
européenne.
C'est également Schäuble qui, dans le milieu
des années 1990, a développé le concept du
« noyau dur européen »,
c'est-à-dire d'un « point central solide »
au sein de l'Union européenne axé sur l'Allemagne, qui
constitue un « noyau » soudé
« core », qui non seulement préservera
l'unité de
l'Union européenne mais déterminera également sa
politique.[8] Aujourd'hui, une partie de ce noyau est constitué
par l'Eurogroupe, qui dimanche [le 12 juillet] a pris des
décisions très radicales sur pas moins que le maintien de
l'Union européenne sous sa forme actuelle. Neuf pays membres de
l'UE, notamment la Grande-Bretagne, la Suède et
Pologne, n'ont pu participer à ces décisions. Le noyau de
l'Eurogroupe est l'une des formes qui permet à Berlin d'apposer
son sceau sur cette Confédération.
Ils n'ont rien accompli
L'espoir d'être en mesure d'influencer
l'« histoire de l'Europe » en étant membre
du « noyau » de l'UE s'il devait se produire une
rupture avec un membre individuel ou un groupe de pays membres de la
zone euro, par exemple, la Grèce ou plusieurs autres pays
d'Europe méridionale, a caractérisé la
politique de la France et de l'Italie jusqu'à présent.
Ces deux pays sont économiquement de plus en plus en perte de
vitesse sur le plan économique par rapport à l'Allemagne
et craignent, en particulier l'Italie, de s'enfoncer davantage dans un
contexte d'austérité similaire à celui de la
Grèce.
Par conséquent, le président de la France,
François Hollande, a annoncé à plusieurs reprises
avant le sommet de l'Eurogroupe de dimanche dernier qu'il demanderait
des mesures d'atténuation et l'annulation d'une partie de la
dette de la Grèce. Le premier ministre italien, Matteo Renz, a
déclaré : « Je dis à
l'Allemagne : ça
suffit maintenant. »[9] Mais à la fin, les deux
devaient céder aux pressions de l'Allemagne. Ils n'ont rien
accompli. Il est douteux que leur soumission à Berlin consolide
leurs positions à long terme compte tenu de l'évolution
de l'économie de leur pays. Ce ne serait pas la première
fois que cela arrive dans l'histoire. L'espoir d'éviter
l'agression allemande a été l'excuse des Accords de
Munich de septembre 1938 quand la Grande-Bretagne, la France et
l'Italie, pour apaiser le Reich allemand, ont accepté
l'occupation des « territoires des
Sudètes » par ce dernier.[10] Il n'a pas fallu
longtemps avant qu'elles ne soient elles aussi victimes de l'agression
allemande.
Sans ou contre les États-Unis
Il Messaggero a commenté la
perspective des résultats de l'Italie. « Aujourd'hui,
la perte de l'innocence s'est accompagnée de l'horrible silence
[de l'Italie] sur la scène internationale. » En
même temps, l'Allemagne « croit qu'elle peut
régner sur l'Europe ». Au sujet des ambitions
politiques
mondiales de Berlin, le commentateur du Messaggero souligne
que cela a lieu « sans ou contre les
États-Unis ».[11]
Notes
1. Andrea Bonanni, La Repubblica 13.07.2015.
2. Giulio Sapelli, Il Messaggero 13.07.2015.
3. Grèce : Quand l'Allemagne de Merkel est
comparée à celle d'Hitler. www.lefigaro.fr 13.07.2015.
4. Mélenchon : « Pour la 3e fois,
un gouvernement allemand est en train de détruire
l'Europe ». bfmbusiness.bfmtv.com 12.07.2015.
5. Beat Gygi : Der Euro spricht neudeutsch.
www.nzz.ch 28.09.2013.
6. Voir : Hintergrundbericht :
Arbeitsgemeinschaft Europäischer Grenzregionen (AGEG).
7. Dans un article publié lors du 55e
anniversaire de l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, Wolfgang
Schäuble justifiait ainsi sa demande que les concepts allemands
soient appliqués : « Sans une intégration
plus poussée de l'Europe (occidentale), l'Allemagne pourrait
être appelée ou être tentée, à cause
de
ses propres impératifs
de sécurité, d'entreprendre seule la stabilisation de
l'Europe et de le faire de la manière
traditionnelle ». Wolfgang Schäuble, Karl Lamers :
Überlegungen zur europäischen Politik. 01.09.1994.
8. Wolfgang Schäuble, Karl Lamers :
Überlegungen zur europäischen Politik. 01.09.1994.
9. Voir : Die Politik des Staatsstreichs.
10. En réponse à l'Accord de Munich, Kamil
Krofta, alors ministre des Affaires étrangères de la
Tchécoslovaquie, a déclaré : « Au
nom du président de la République, ainsi que de mon
gouvernement, je déclare que nous nous soumettons aux conditions
de l'Accord de Munich qui a vu le jour sans la Tchécoslovaquie
et contre elle
[...] Je ne veux pas critiquer, mais il s'agit d'une catastrophe que
nous ne méritons pas. Nous nous soumettons et nous nous
efforcerons
de garantir à notre peuple une vie pacifique Je ne sais pas si
les décisions prises à Munich seront avantageuses pour
vos pays. En outre, nous ne serons pas les derniers, d'autres seront
touchés après nous. » Cité
par Boris Celovsky : Das Münchner Abkommen 1938.
Stuttgart en 1958.
11. Giulio Sapelli : Il Messaggero 13.07.2015.
Nouvelles importantes de Cuba
Les ambassades de Cuba et des États-Unis
rouvrent à Washington et à La Havane
Ouverture de l'ambassade
de Cuba à Washington le 20 juillet 2015
Le lundi 20 juillet, les gouvernements de Cuba et des
États-Unis ont poursuivi le rétablissement officiel des
relations diplomatiques en procédant à la
réouverture de l'ambassade de Cuba à Washington, en
présence du ministre des Affaires étrangères de
Cuba, Bruno Rodriguez Parilla, du secrétaire d'État des
États-Unis, John Kerry, et à la réouverture de
l'ambassade des États-Unis à La
Havane. Le secrétaire d'État américain se rendra
à La Havane le 14 août pour une cérémonie
officielle.
LML salue ce progrès important rendu
possible par la position de principe résolue du peuple cubain
révolutionnaire. Ce sont cette force morale et cette
ténacité qui feront triompher la justice au cours des
prochaines étapes de la normalisation des relations.
Le 1er juillet 2015, le président Raúl
Castro Ruz et le président Barack Obama, ont
échangé des lettres dans lesquelles ils
réaffirment le respect de la Charte des Nations unies et la
Convention de Vienne régissant les relations diplomatiques. Le
même jour, le gouvernement cubain a émis une
déclaration, dont le texte intégral est publié
ci-dessous,
dans laquelle il présente les principes de respect mutuel, de
souveraineté et de non-ingérence qui guident les
relations internationales. Le gouvernement cubain a aussi
indiqué clairement qu'il reste beaucoup de points à
aplanir et qu'une normalisation complète des relations exige la
fin du blocus des États-Unis et le retour de la baie de
Guantanamo
à Cuba.
Pour sa part, le président Obama a fait une
déclaration le 1er juillet dans laquelle il s'est
félicité des possibilités d'échanges et de
coopération avec Cuba sur divers fronts et a souligné la
nécessité de respecter ce que chaque pays a de
différent. Il a cependant dépeint les Cubains comme des
victimes qui attendent d'être secourues par « le
soutien durable des États-Unis aux valeurs universelles, comme
la liberté d'expression et d'association et l'accès
à l'information ».
Autrement dit, bien qu'Obama déclare que les
États-Unis ne devraient pas restés prisonniers du
passé en ce qui concerne leurs relations avec Cuba, les
définitions anti-humaines de guerre froide des droits de l'homme
et les soi-disant valeurs universelles qui sont utilisées comme
une arme contre d'autres pays par le système impérialiste
d'États
des États-Unis et de l'Union européenne
imprégnaient toute sa déclaration. Il a souligné
que les tentatives américaines d'isoler Cuba ont
échoué et qu'une nouvelle méthode pour transmettre
les valeurs et les droits américains est nécessaire pour
exercer une influence sur Cuba et dans la région. Sans que cela
soit dit explicitement, le but ultime des
impérialistes américains reste la destruction de la
révolution.
Au Congrès américain, la majorité
républicaine a interdit tout financement pour l'ouverture de
l'ambassade de Cuba. Cependant, la directrice générale du
département chargé des États-Unis au
ministère cubain des Affaires étrangères, Josefina
Vidal, a confirmé le 11 juillet que le processus pour ouvrir
l'ambassade le 20 Juillet est sur la bonne
voie. « À partir de ce jour [le 20 juillet], nous
terminerons la première phase du processus que nous avons
commencé avec les États-Unis, et à partir de ce
moment, nous allons commencer à travailler sur la
deuxième phase, qui est ce que nous appelons « le
processus vers la normalisation des relations », a-t-elle
déclaré.
La réouverture des ambassades est bien accueillie
dans le monde entier. Les organisations qui composent l'Alliance
Martí (AM) à Miami ont elles aussi exprimé leur
satisfaction et réaffirmé leur solidarité avec le
gouvernement et le peuple cubains. « Nous saluons avec
enthousiasme, mais avec la prudence que demandent ces
événements,
ces accords qui concluent une partie du processus de rapprochement
entre les deux pays », lit-on dans un communiqué de
la direction de l'Alliance.
Le secrétaire général de l'ONU,
Ban-Ki-Moon, a salué cette annonce comme étant un
développement historique des relations basées sur
l'avantage réciproque pour les peuples des deux pays.
La présidente de
l'Argentine Cristina
Fernández a salué cet événement important
et souligné que Washington doit mettre fin au blocus
économique, financier et commercial que les États-Unis
font subir à Cuba depuis 1962.
La présidente brésilienne Dilma Rousseff a
exprimé sa satisfaction devant « la nouvelle ligne de
marche des États-Unis envers Cuba ».
Le vice-président de la Bolivie, Álvaro
García Linera, a dit que cette nouvelle avancée est une
victoire de Cuba. Cela aurait dû être fait il y a 40 ans,
a-t-il déclaré au cours de sa visite au Chili.
Au Chili, le gouvernement de la présidente
Michelle Bachelet a félicité Cuba et les
États-Unis pour « la volonté d'entente et
d'engagement politique dont ils ont fait preuve pour créer un
climat de dialogue, de consensus et de coopération ».
L'Uruguay a aussi salué cette nouvelle et
indiqué que ce pas consolidera la paix et contribuera à
renforcer le dialogue et la coopération sur tout le continent
américain.
Cette décision a été saluée
également par des pays plus lointains comme l'Afrique du Sud et
le Pakistan, dit Prensa Latina
Déclaration du gouvernement
révolutionnaire de Cuba
Avec le rétablissement des relations
diplomatiques avec les États-Unis, la levée du blocus,
entre autres aspects, sera vitale pour la normalisation.
Le 1er juillet 2015, le président du Conseil
d'État et du Conseil des ministres de la République de
Cuba, le général d'armée Raul Castro Ruz, et le
président des États-Unis d'Amérique, Barack Obama,
ont échangé des lettres dans lesquelles ils ont
confirmé leur décision de rétablir les relations
diplomatiques entre les deux pays et d'ouvrir des
représentations diplomatiques permanentes dans les capitales
respectives à partir du 20 juillet 2015.
Ce même jour aura lieu la cérémonie
officielle d'ouverture de l'ambassade de Cuba à Washington, en
présence d'une délégation cubaine conduite par le
ministre des Relations extérieures, Bruno Rodriguez Parrilla, et
composée de personnalités de la société
cubaine.
En franchissant ce pas, Cuba et les États-Unis
ont ratifié leur intention de développer des relations
respectueuses et de coopération entre les deux peuples et
gouvernements, basées sur les principes et les objectifs
consacrés par la Charte des Nations unies et le Droit
international, notamment par les Conventions de Vienne sur les
relations
diplomatiques et consulaires.
Le gouvernement de Cuba a pris la décision de
rétablir les relations diplomatiques avec les États-Unis
dans le plein exercice de sa souveraineté, invariablement
engagé envers ses idéaux d'indépendance et de
justice sociale, et de solidarité avec les causes justes du
monde, et en réaffirmation de chacun des principes pour lesquels
notre peuple a
versé son sang et encouru tous les risques, sous la conduite du
leader historique de la Révolution, Fidel Castro Ruz.
Avec le rétablissement des relations
diplomatiques et l'ouverture des ambassades s'achève la
première étape de ce qui sera un processus long et
complexe vers la normalisation des liens bilatéraux, dans le
cadre duquel il faudra apporter des solutions à une série
de questions dérivées des politiques du passé,
toujours en vigueur, qui affectent le
peuple et la nation cubaine.
Il ne pourra y avoir de relations normales entre Cuba et
les États-Unis tant qu'il existera un blocus économique,
commercial et financier, appliqué dans toute sa rigueur, blocus
qui provoque des dommages et des pénuries au peuple cubain et
qui est le principal obstacle au développement de notre
économie, constitue une violation du droit
international et affecte les intérêts de tous les pays, y
compris des États-Unis.
Pour atteindre la normalisation, il sera
également indispensable de restituer le territoire
illégalement occupé par la base navale de Guantanamo, que
cessent les transmissions radiophoniques et télévisuelles
vers Cuba, qui violent les normes internationales et portent atteinte
à notre souveraineté, que les programmes visant à
promouvoir la
subversion et la déstabilisation internes soient
éliminés, et d'accorder une compensation au peuple cubain
pour les dommages humains et économiques provoqués par
les politiques des États-Unis.
En évoquant les questions en suspens entre les
deux pays, le gouvernement cubain salue les décisions
adoptées jusqu'à présent par le président
Obama de retirer Cuba de la liste des États soutenant le
terrorisme, d'exhorter le Congrès de son pays à lever le
blocus et de commencer à adopter des mesures pour modifier
l'application d'aspects de
cette politique, en faisant usage de ses facultés
exécutives.
Par ailleurs, dans le cadre du processus vers la
normalisation des relations, il s'imposera de construire les bases de
liens qui n'ont pas existé entre nos pays durant toute leur
histoire, en particulier depuis l'intervention des États-Unis,
il y a 117 ans, dans la guerre d'indépendance que Cuba livra
pendant près de trois décennies contre le
colonialisme espagnol.
Ces relations devront reposer sur le respect absolu de
notre indépendance et de notre souveraineté ; sur le
droit inaliénable de tout État à choisir son
système politique, économique, social et culturel, sans
ingérence d'aucune sorte et sur l'égalité
souveraine et la réciprocité, qui constituent les
principes irrévocables du Droit
international.
Le Gouvernement de Cuba réaffirme sa disposition
à maintenir un dialogue respectueux avec le Gouvernement des
États-Unis et à entretenir des relations de coexistence
civilisée, basées sur le respect des différences
entre les deux gouvernements et sur la coopération sur des
questions d'intérêt mutuel.
Cuba continuera d'être engagée dans le
processus de mise à jour de son modèle économique
et social, visant à construire un socialisme prospère et
durable, d'avancer dans le développement du pays et de
consolider les acquis de la Révolution.
La Havane, le 1er juillet 2015
Le 11e Plenum du Comité central
du Parti
communiste de Cuba
Le Comité central du Parti communiste de Cuba a
tenu son 11e Plenum le 14 juillet 2015. Au cours de la réunion
du 11e Plenum, deux rapports sur le travail accompli durant les six
premiers mois de l'année par le Bureau politique et le
Secrétariat du Comité central ont été
analysés.
Ces rapports maintiennent comme priorités de
conduire l'application des politiques et autres décisions qui
ont été adoptées dans le cadre de la mise en
oeuvre des orientations économiques et sociales, ainsi que
l'accomplissement des objectifs fixés lors de la Première
Conférence nationale du PCC.
Les membres du Comité central ont approuvé
le rapport sur l'exécution du Plan de l'économie et du
budget de l'État pour le premier semestre 2015, des questions
qui seront examinées par les députés le 15 juillet
lors du Plenum de l'Assemblée nationale du Pouvoir populaire.
Le 11e Plenum du Comité central du Parti
communiste de Cuba a décidé de convoquer son 7e
Congrès, pour le 16 avril 2016, 55e anniversaire de la
Déclaration du caractère socialiste de la
Révolution et date de la fondation de notre Parti. Les
délégués au congrès évalueront la
mise en oeuvre des accords du 6e Congrès et de la
première
Conférence nationale du Parti, définiront la voie pour
poursuivre le perfectionnement de notre modèle économique
et social et éliront les membres du Comité central.
La tendance à la
décélération économique
s'est
inversée
L'Assemblée nationale du Pouvoir populaire de
Cuba a tenu le 15 juillet 2015 sa séance plénière
de la 5e Période de Sessions de la 8e Législature. Les
députés se sont réunis pour
délibérer sur les performances dans différents
secteurs de l'économie nationale dans la première
moitié de l'année et les perspectives pour le
deuxième semestre de
l'année.
Le président Raúl Castro a
clôturé la séance avec un discours dans lequel il a
fait le bilan de la situation actuelle. Il a souligné que Cuba a
réussi à inverser la tendance de croissance lente du
produit intérieur brut (PIB) des dernières années
avec une croissance de 4,7 % au premier semestre de l'année
par rapport à 1 % l'an dernier.
Il a souligné la nécessité de poursuivre sans
relâche les efforts pour atteindre la croissance du PIB de
4 % cette année. Il a souligné que cette reprise a
été réalisée malgré le blocus
économique, commercial et financier des États-Unis contre
Cuba, qui demeure pleinement en vigueur.
Parmi les autres thèmes abordés par le
président Castro, il y avait le travail pour élaborer la
conceptualisation théorique du socialisme à Cuba, un
domaine qui a été négligé depuis un certain
temps. Un autre dossier important présenté a
été celui de la politique étrangère de
Cuba, notamment la participation de Cuba aux instances
régionales et
l'affirmation du soutien de Cuba aux pays frères de la
région qui font face à l'agression de
l'impérialisme américain.
Nous publions ci-dessous le texte intégral de
l'allocution du président Raul Castro Ruz.
Allocution prononcée par le président
Raul Castro Ruz à l'Assemblée nationale du Pouvoir
populaire.
(Version
sténographique du Conseil d'État)
Camarades,
Ces derniers mois nous avons été
témoins de plusieurs événements d'une grande
importance pour le pays, dont vous et notre peuple, avez
été informés en temps opportun.
Comme de coutume, les députés ont
reçu ces jours-ci de nombreuses informations sur la marche de
l'économie au premier semestre et sur les estimations
jusqu'à la fin de l'année.
Assurément, il a été possible
d'inverser la tendance à la décélération de
la croissance du produit intérieur brut — connu par le sigle PIB
— qui s'était manifestée ces dernières
années. Jusqu'au 30 juin, le PIB a augmenté de 4,7 %
et nous estimons qu'à la fin de l'année, il se
maintiendra autour de 4 %. Et c'est une très bonne chose,
si l'on tient compte que l'année dernière, le taux de
croissance n'a été que de 1 %. Cependant, pour
obtenir ce 4 % espéré, il faut travailler dur et
avec beaucoup de discipline, surtout sur le plan économique,
comme le signalait le ministre de l'économie, Marino Murillo.
Je dois insister, à ce propos, sur la
nécessité d'une utilisation plus rationnelle de cette
ressource vitale, comme l'ont signalé plusieurs camarades.
À la fin juin, les eaux stockées dans les barrages
n'atteignaient que 38 % de la capacité totale, comme l'a
indiqué la présidente de l'Institut des Ressources
hydrauliques, Inés Maria Chapman, la
situation la plus défavorable se présentant dans les
provinces de Guantanamo, Santiago de Cuba, Granma, Las Tunas, Ciego de
Avila, de Sancti Spiritus et Pinar del Rio.
L'une des plus grandes insatisfactions dans
l'exécution du plan concerne le secteur du transport, ce qui a
provoqué des difficultés dans le comportement de
l'économie, du fait de déficiences d'organisation et de
faible disponibilité technique dans le système
ferroviaire et dans le transport automobile, associées au manque
de pièces de rechange et
à des problèmes d'entretien et de réparation.
Cette situation s'est trouvée aggravée par le retard de
l'arrivée à Cuba des équipements prévus au
plan de l'année dernière et de cette année, dont
la plupart doivent arriver en 2015.
À cela s'ajoute la décision prise lors de
la récente réunion du Conseil des ministres de remettre
des moyens de transport et également des engins de construction
de la Réserve de l'État, ainsi que d'anticiper l'achat
des équipements qui, initialement, étaient prévus
au plan 2016.
Au premier semestre, nous avons fait face à de
sévères restrictions financières externes.
Cependant, notre pays a continué d'honorer rigoureusement ses
obligations de remboursement aux créanciers et aux fournisseurs
étrangers, une pratique qui favorise le rétablissement
progressif de la crédibilité de l'économie
nationale, bien que le blocus
nord-américain se maintienne dans toute sa rigueur.
En dépit de ces difficultés, nous avons
réussi à préserver les services sociaux
destinés à la population — une question que nous ne
négligerons jamais — et à titre de preuve, nous pouvons
signaler que la situation épidémiologique de notre pays
s'est considérablement améliorée.
Par ailleurs, l'équilibre monétaire et
financier se maintient. L'inflation, en général, reste
contenue aux niveaux prévus, entre 3 % et 5 %, bien
que nous n'ignorions pas la juste préoccupation de la population
concernant les prix élevés des produits de l'agriculture
et de l'élevage, qui augmentent plus que le salaire moyen.
Vous avez pu constater que, contrairement aux sessions
antérieures de l'Assemblée nationale, à cette
occasion il n'a pas été inclus d'informations sur la
situation de la mise en oeuvre des Orientations de la politique
économique et sociale, adoptées au 6e Congrès du
Parti, car nous avons jugé opportun de centrer notre attention
sur l'élaboration
du projet du rapport qui sera présenté sur cette question
au 7e Congrès, en avril 2016, comme l'a indiqué dans sa
convocation le Plenum du Comité central qui s'est tenu hier.
Cependant, je vais me référer
brièvement aux principales tâches menées à
bien dans le cadre de la mise à jour de notre modèle
économique et social. Parmi elles se trouve l'élaboration
de la conceptualisation théorique du socialisme à Cuba et
les lignes et les secteurs stratégiques qui constitueront le
programme de développement économique et
social jusqu'en 2030. Ces deux documents feront partie des
thèmes qui seront examinés lors du prochain
Congrès du Parti.
Parallèlement, nous avons continué
à avancer dans le renforcement du rôle qui revient
l'entreprise d'État socialiste en tant que figure fondamentale
de l'économie nationale, en appliquant des mesures
adoptées préalablement et en en incorporant d'autres
relatives à son fonctionnement plus flexible et à des
systèmes salariaux associés aux résultats
du travail.
Plusieurs modifications dans le processus de
planification économique ont été
effectuées, en accord avec le perfectionnement du système
d'entreprises, ce qui a permis d'incorporer au plan, avec une plus
grande intégralité, les politiques adoptées dans
le cadre de la mise en oeuvre des Orientations et de la programmation
des équilibres
monétaires dans le Plan et dans le Budget de l'État.
Nous continuons d'avancer dans l'exécution de
l'ensemble des mesures visant l'unification monétaire, un
processus d'une extrême complexité et qui se
révèle indispensable pour un fonctionnement efficace de
l'économie. Il convient de rappeler ce qui a été
dit à plusieurs reprises devant notre Parlement, sur le fait que
les comptes en banque en
devises internationales, en pesos convertibles (CUC) et en pesos
cubains (CUP) seront garantis, ainsi que l'argent en espèces
détenu par la population et les personnes juridiques nationales
et étrangères.
Le processus expérimental de création de
coopératives non agricoles se poursuit, avec comme
priorités de consolider le fonctionnement de celles qui existent
déjà et d'avancer de façon graduelle dans la
création de nouvelles coopératives, sans
répéter les distorsions déjà
identifiées.
À cela s'ajoute le fait qu'un peu plus d'un demi
million de Cubains travaillent à leur compte dans de multiples
activités, un chiffre qui continuera d'augmenter
progressivement, cette forme de gestion devant s'étendre
à un ensemble d'établissements gastronomiques et de
services à la population, l'État conservant la
propriété des immeubles.
Nous poursuivrons à notre rythme le processus de
transformations dans la société cubaine, lequel a
été décidé souverainement, avec le soutien
majoritaire du peuple, afin de construire un socialisme prospère
et durable, garantie essentielle de notre indépendance.
Le premier semestre de l'année s'est
caractérisé par une activité internationale
intense.
Le 3e Sommet de la Communauté des États
latino-américains et caribéens (CELAC), qui s'est tenu en
janvier au Costa Rica, a demandé avec fermeté la fin du
blocus économique, commercial et financier et il a
exhorté le président Obama à user
résolument de ses vastes prérogatives exécutives
pour modifier de façon substantielle l'application
de cette politique. Quelques jours plus tard, le Sommet de l'Union
africaine s'est prononcé dans des termes similaires.
Le 7e Sommet des Amériques, auquel Cuba a
assisté pour la première fois, qui s'est tenu au Panama
en avril, a été un espace propice pour que la
région renouvelle le soutien à la juste lutte de notre
peuple contre le blocus et insiste sur la nécessité de
modifier la nature des relations hémisphériques à
l'époque actuelle où l'on ne peut plus nous
traiter comme une arrière-cour.
Précisément au Panama, nous avons eu une
réunion avec le président des États-Unis.
Les propos que j'ai tenus à ces deux rencontres
recueillent la position invariable de principes de la politique
extérieure de la Révolution cubaine et expriment la
fidélité aux idées que notre peuple a
défendues, face à tous les risques et défis, sous
la direction du commandant en chef Fidel Castro Ruz. Cela me dispense
de les répéter aujourd'hui
ici, car vous les connaissez bien.
Cependant, je dois réaffirmer notre
solidarité avec la Révolution bolivarienne et avec le
gouvernement que dirige le président Nicolas Maduro, face aux
tentatives de déstabilisation et à tout acte
d'ingérence externe. Nous avons appris avec satisfaction les
résultats des élections primaires du Parti socialiste uni
du Venezuela et nous suivons avec
attention le processus de dialogue entre ce pays et les
États-Unis.
Nous dénonçons les campagnes de
déstabilisation contre le gouvernement du président
Rafael Correa et contre la Révolution citoyenne en
Équateur, auxquels nous renouvelons la solidarité de Cuba.
Nous constatons que l'on a lancé une offensive
impérialiste et oligarchique contre les processus
révolutionnaires et progressistes latino-américains,
à laquelle nos peuples feront face avec détermination.
Que parviennent, depuis ce Parlement, nos salutations
solidaires à la présidente Dilma Rousseff et au peuple
brésilien qui défendent les importants acquis sociaux et
politiques d'intégration régionale et des pays du Sud
face aux tentatives de les détruire.
Très tôt, nous avons été
alertés, dans cette même salle, sur le fait que la
tentative d'étendre l'OTAN jusqu'aux frontières de la
Russie entraînerait de graves menaces pour la paix et la
sécurité internationales.
Aujourd'hui, nous réaffirmons que l'application
de sanctions contre la Russie nuira aux intérêts de
l'Europe et entraînera une plus grande instabilité et de
nouveaux dangers.
Cette position a de nouveau été
exprimée par Cuba au 2e Sommet CELAC-Union Européenne,
où nous avons réaffirmé également notre
disposition au dialogue et à la coopération avec le bloc
communautaire, avec lequel nous sommes en train de négocier un
accord à ce sujet. À cette occasion, notre
délégation était présidée par le
Premier
vice-président, le camarade Miguel Díaz-Canel.
Nous saluons l'accord auquel sont parvenus la
République islamique d'Iran et le groupe des pays membres
permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU plus
l'Allemagne. Nous réaffirmons notre appui au droit
inaliénable de tout État à l'utilisation de
l'énergie atomique à des fins pacifiques. Ce
résultat démontre que le dialogue et la
négociation sont le seul moyen efficace pour résoudre les
différends entre les États.
Dès maintenant, nous nous préparons
à accueillir, en septembre prochain, le Pape François,
avec affection, avec respect et hospitalité, comme il le
mérite. Son prêche en faveur de la paix et de
l'équité, de l'éradication de la pauvreté,
de la défense de l'environnement et son analyse des causes des
problèmes de l'humanité, que nous avons tous
suivi avec attention, spécialement lors de son voyage
mémorable en Équateur, en Bolivie et au Paraguay,
éveillent l'admiration mondiale.
Il a été déjà informé
que le 20 juillet prochain, comme résultat des
négociations qui se sont déroulées de façon
respectueuse et sur un pied d'égalité, les relations
diplomatiques entre Cuba et les États-Unis seront officiellement
rétablies et que des ambassades seront rouvertes dans les
capitales respectives ; d'abord la nôtre.
Ainsi aura pris fin la première phase du
processus amorcé le 17 décembre et commencera alors une
nouvelle étape, longue et complexe, sur le chemin conduisant
à la normalisation des relations, qui exigera de la
volonté pour trouver des solutions aux problèmes qui se
sont accumulés durant plus de 5 décennies et qui
affectent les liens entre nos
pays et peuples. Comme nous l'avons dit, il s'agit de créer un
nouveau type de liens entre nos deux États, différents de
ceux de toute notre histoire commune.
Comme le signale la Déclaration du gouvernement
révolutionnaire du 1er juillet, il est impossible de concevoir,
tant que le blocus sera maintenu, des relations normales entre Cuba et
les États-Unis.
Nous saluons l'appel du président Obama au
Congrès nord-américain à lever le blocus contre
Cuba, réitéré dans sa déclaration du 1er
juillet dernier et nous espérons qu'il continuera d'user de ses
facultés exécutives, c'est-à-dire, celles qu'il
peut exercer, sans la participation du Congrès, pour
démanteler certains aspects de cette politique qui
cause des dommages et des carences à notre peuple. Le reste des
mesures du blocus sont, comme c'est normal, du ressort du Parlement,
à savoir de son Congrès.
Pour normaliser les liens bilatéraux, il faudra
aussi restituer le territoire illégalement occupé par la
Base navale à Guantanamo ; mettre fin aux émissions
de radio et de télévision en direction de Cuba ;
éliminer les programmes destinés à promouvoir la
subversion et la déstabilisation internes et indemniser le
peuple cubain pour les
dommages humains et économiques provoqués par les
politiques des États-Unis.
Changer tout qui doit être changé est une
question souveraine et exclusive des Cubains. Le gouvernement
révolutionnaire est dans la disposition d'avancer sur la voie de
la normalisation des relations, avec la conviction que nos deux pays
peuvent coopérer et coexister de façon civilisée,
dans l'intérêt mutuel, au-delà des divergences que
nous
avons et que nous aurons, et contribuer ainsi à la paix,
à la sécurité, à la stabilité, au
développement et à l'équité dans notre
continent et dans le monde.
Camarades,
Il y a quelques semaines, nous avons accueilli dans la
Patrie, les membres du Contingent Henry Reeve qui ont participé
à la bataille contre la maladie du virus Ébola en Afrique
de l'Ouest, où ils ont donné un exemple extraordinaire de
solidarité, d'altruisme et de courage en faisant face à
cette épidémie meurtrière. Notre hommage
éternel à
Jorge Juan Guerra Rodriguez et à Reynaldo Villafranca Antigua,
les deux collaborateurs qui sont décédés d'autres
maladies contractées dans l'accomplissement de cette mission.
Par ailleurs, une brigade médicale, qui rentre
dans les jours prochains, a pris en charge, avec un grand esprit
solidaire, les victimes des tremblements de terre dans les montagnes du
Népal.
Notre pays continuera à s'acquitter, selon ses
possibilités, du devoir internationaliste d'appuyer les peuples
qui en ont besoin comme le font aujourd'hui des dizaines de milliers de
compatriotes dans plus de 80 pays d'Amérique latine, des
Caraïbes, d'Afrique et d'Asie, sur la base du principe que ceux
qui pourront financer la collaboration le
feront et que nous continuerons d'apporter notre aide à ceux qui
ne disposent pas des ressources nécessaires.
Dans 10 jours à peine, nous
célébrerons le 62e anniversaire des attaques des casernes
Moncada et Carlos Manuel de Céspedes, ainsi que le 500e
anniversaire de la fondation de la ville de Santiago de Cuba. Nous y
partagerons avec ce peuple aguerri la joie pour ces
événements — aguerri de même que le reste du pays y
compris l'Île de la
Jeunesse et ses îlots adjacents — (Applaudissements) et nous
écouterons l'allocution du Deuxième secrétaire du
Comité central du Parti, le camarade José Ramon Machado
Ventura. (Applaudissements).
Quiconque compare aujourd'hui cette ville
héroïne avec ce qu'il en est resté après le
passage de l'ouragan Sandy, il y a moins de trois ans, pourra
comprendre qu'il n'y a rien d'impossible pour un peuple uni, comme le
nôtre, disposé à lutter et à défendre
l'oeuvre de la Révolution.
Nous nous verrons à Santiago !
Merci beaucoup. (Applaudissements prolongés)
Les conséquences du coup
d'État de 2009 au Honduras
La lutte contre la corruption et l'impunité et
pour la restauration de l'État de droit
- Front national de
résistance
populaire -
Une grande manifestation
dans la capitale Tegucigalpa le
28 juin 2015 pour marquer le 6e anniversaire du coup d'État
La présence au Honduras d'une
délégation des États-Unis pour explorer, in situ,
les points de vue de différents secteurs de la
société hondurienne sur la crise causée par un
haut niveau de corruption et d'impunité, et pour apprendre de
leur position sur le dialogue mené par M. Juan Orlando
Hernández, a ouvert un espace à cette organisation
internationale lui permettant de connaître la véritable
motivation du gouvernement et les conditions concrètes du pays.
Bien que le phénomène de la corruption et
de l'impunité fassent partie de l'évolution historique du
Honduras, un nouvel élément a été
ajouté qui a poussé à bout la tolérance de
notre peuple, provoquant l'indignation
généralisée : l'existence d'une preuve
irréfutable impliquant des hauts fonctionnaires de
l'État, le parti dirigeant et le
président lui-même dans des actes de corruption, de vol et
de pillage des institutions sociales. On a découvert qu'une
partie significative de ces fonds ont été utilisés
pour financer les élections internes du parti [du
président] ainsi que sa campagne présidentielle, qu'il y
a eu maquillage et que les organismes dont le devoir est de prendre les
mesures
appropriées n'ont pas puni les responsables de ces actes.
La crise qui s'est installée depuis le coup
d'État de 2009 a révélé le manque de
confiance total du peuple Hondurien dans les institutions du pays, qui
ont été sous le contrôle complet d'un individu
exerçant le pouvoir exécutif d'une manière
arbitraire, mettant en péril les principes fondamentaux sur
lesquels la règle de droit et la démocratie
reposent, particulièrement en ce qui concerne la division et
l'équilibre des pouvoirs et le respect des droits humains.
Le président actuel a tenté de divertir
l'opinion des cas classiques de corruption et des demandes du mouvement
des Indignados [Indignés] en promouvant les accomplissements
supposés ou réels de son gouvernement, comme si
c'était la question, alors que la question est son obligation de
rendre compte de sa propre responsabilité ainsi que
celle des membres de sa famille dans la corruption, la
négligence du procureur général et
l'inefficacité du système de justice à punir les
personnes impliquées.
Au contraire, face à la dénonciation
documentée de tels actes, il s'est consacré à
discréditer l'opposition politique et à la blâmer
pour bloquer sa capacité à agir, l'accusant d'être
liée au crime organisé et de vouloir boycotter sa
gouvernance. Il a fait cela tout en ayant admis publiquement que son
parti a reçu une partie des fonds volés de
l'Institut hondurien pour la Sécurité sociale et ayant
promis de le rembourser, comme si ce geste bizarre annulerait le crime
commis.
Au milieu de la dénonciation de la corruption et
de la présentation de la preuve, que personne n'a pu
réfuter, les marches aux flambeaux des Indignados ont
commencé, qui ont mobilisé des milliers de gens dans plus
de 75 villes et villages dans le pays ainsi que des Honduriens dans
plus de 20 villes à l'étranger. Une grève de la
faim s'est aussi
entamée sous le harcèlement constant de la police et un
déploiement militaire visant à faire de l'intimidation,
ce que les grévistes de la faim ont rapidement
dénoncé.
La demande de ce mouvement qui cherche à
s'attaquer à la corruption et à l'impunité qui
règnent a été et continue d'être
l'établissement par les Nations unies au Honduras d'une
Commission internationale contre l'impunité, étant
donné le caractère précaire des institutions du
pays et le manque de crédibilité de ceux qui parlent en
son nom.
Les Honduriens manifestent
contre la corruption, pour
les droits et la justice le 10 juillet 2015.
Le chef d'État a fait la sourde oreille aux
plaintes des citoyens outragés. En guide de réponse au
questionnement dont il a été le sujet, il a
organisé un dialogue avec les secteurs alliés à
son gouvernement, demandé des facilitateurs à l'ONU et
à l'OÉA et ignoré complètement le mouvement
des Indignados et sa demande d'une Commission
internationale contre l'impunité pour le Honduras.
Les Indignados ont réitéré leur
revendication et leur refus de participer à un dialogue national
qui débouche sur une proposition différente. Se basant
sur l'expérience des dialogues qui ont échoué, qui
n'ont fait que manipuler l'opinion publique et réduire la
pression des citoyens en temps de crise comme maintenant, ils n'ont pas
été dupes parce
qu'ils savent parfaitement que ceux qui appellent au dialogue font
partie du problème et non de la solution et que ceux qui ont
été invités par le régime à y
participer n'ont pas la crédibilité requise.
Par conséquent, l'opposition Indignado a
appelé à poursuivre les mobilisations, ce qui est la
meilleure façon d'exprimer la volonté populaire pour
qu'elle soit entendue et que tous sachent que sa demande n'est pas
négociable.
Les organisations sociales et politiques qui ont fait
face au coup d'État et proposé à ce moment
là la convocation d'une Assemblée constituante nationale
pour restaurer l'État de droit participent au mouvement
vigoureux des Indignados et endossent sa proposition comme une
première étape pour s'attaquer aux problèmes
structuraux de la
société Hondurienne. Parmi ces problèmes il y a
précisément celui de la destruction des institutions par
le coup d'État que deux élections frauduleuses ont
échoué à résoudre et que l'empressement du
chef de l'exécutif à être réélu a
encore aggravé par la concentration croissante du pouvoir qui
empêche toute solution démocratique.
La restauration de l'État de droit et la
construction d'un nouveau pacte social pour résoudre et non
occulter les problèmes soulevés par la crise requiert
qu'on change radicalement le processus de sélection des juges de
la Cour suprême, l'appareil judiciaire, le bureau du procureur
général, la Cour supérieure des comptes et le
Tribunal électoral
suprême. Il faut que soit démocratisé le
Congrès national qui est présentement pris en otage par
un projet autoritaire provenant des plus hautes sphères du
pouvoir.
Sans la création d'un nouveau cadre
institutionnel avec une vision et des approches redéfinies, des
politiques et des mécanismes pour une transparence effective, le
contrôle et l'imputabilité des fonctionnaires dans la
gestion des affaires publiques, la lutte contre la corruption et
l'impunité va se heurter à de sérieuses
frustrations.
C'est seulement avec un nouveau cadre institutionnel
qu'il sera possible de mener une lutte sérieuse contre la
corruption et l'impunité inhérentes à un
modèle économique d'exclusion et à un
régime politique autoritaire qui favorise la violence dans ses
relations avec le peuple.
La mise sur pied d'une Commission internationale pour
lutter contre l'impunité exige une structure juridique et le
personnel approprié pour veiller à ce que ses objectifs
soient remplis. Elle devrait dans tous les cas faire partie d'un effort
soutenu pour établir un véritable État de droit
sur la base d'un nouveau pacte social qui abordera et fera la
promotion des changements dont le pays a besoin pour sortir du
sous-développement et créer les conditions d'une vie
décente pour les Honduriens.
Nous résistons et nous allons vaincre !
Tegucigalpa, Honduras
8 juin 2015
États-Unis, hors de Porto Rico!
Annulez la dette! Mettons fin
au colonialisme des
États-Unis!
- Voice of Revolution -
Manifestation
étudiante du 13 mai 2015 à
San Juan de Porto Rico contre les coupures du budget de
l'Université de Porto Rico
Les Portoricains réclament leur droit à
l'autodétermination et appellent à la fin du colonialisme
des États-Unis. C'était évident dans les
nombreuses actions récentes, à Porto Rico et aux
États-Unis, contre les coupures budgétaires
imposées par les États-Unis et pour l'annulation de la
dette. Le Comité spécial de la décolonisation de
l'ONU a de
nouveau adopté une résolution demandant que les
États-Unis respectent leur obligation et mènent à
bien le processus de décolonisation internationalement reconnu,
ce qui inclut le retrait de l'armée américaine de
l'île.
C'est le colonialisme américain qui, depuis 117
années, est responsable du viol de l'île, de sa
population, du pillage de ses ressources naturelles et des dettes
massives imposées au pays. Alors que les nombreuses
manifestations et la résistance déterminée des
Portoricains font rarement les nouvelles, les questions concernant la
dette imposée par
les États-Unis le font souvent.
Les financiers de Wall
Street, notoires pour leurs
escroqueries massives contre le public portant sur les prêts
hypothécaires demandent que Porto Rico fasse des paiements sur
la dette une priorité budgétaire. Cela signifie davantage
de coupures budgétaires en plus des années de mises
à pied et de coupures de financement — tout cela a
démontré
que les coupures budgétaires ne sont pas une solution. Ces
dettes sont un lourd tribut payé aux parasites de
l'économie. Ils ne cessent de retirer des milliards de
l'économie, contre l'intérêt public pour
s'enrichir.
Le capital financier américain impose ces tributs sans fin,
inutiles et onéreux.
Les financiers ont réagi fortement lorsque le
gouverneur Padilla de Porto Rico, reflétant la
résistance dans le pays, a annoncé que Porto Rico ne
sera pas capable de payer les dettes et demandé un moratoire. Un
moratoire est une demande juste, tout comme les appels à
augmenter les investissements dans les programmes sociaux, tels
l'éducation et les soins de santé. Comme disait un des
étudiants lors d'une action récente contre les coupures
budgétaires : « Vous ne pouvez continuer
à nous faire payer pour votre gâchis ». Un
moratoire sur la dette est juste, nécessaire maintenant et doit
être massivement appuyé. En effet, à cause des
décennies de vol de la
richesse de Porto Rico par les États-Unis, la dette doit
être annulée maintenant ! [...]
Les États-Unis ont envahi et occupé Porto
Rico le 25 juillet 1898. Depuis presque 120 années, les
impérialistes ont refusé de quitter l'île qui a
été utilisée comme base importante de
l'armée américaine, ce qui a entraîné une
destruction massive de l'environnement humain et naturel.
L'armée est un rappel constant de la domination des
États-Unis et du terrorisme qui peut et a été
lancé contre la résistance. Aussi, les Portoricains sont
forcés de servir dans l'armée bien qu'ils ne peuvent
voter lors des élections aux États-Unis. Et les
Portoricains sont forcés de se soumettre au FBI, notoire pour
ses assassinats et le terrorisme contre les résistants.
L'armée et le FBI n'ont pas leur place
dans le pays, car les deux sont des forces d'occupation. Les
Portoricains doivent aussi se soumettre aux tribunaux
fédéraux, pas à leurs propres tribunaux. C'est
pourquoi les entreprises publiques, comme les sociétés
d'électricité, peuvent être reprises par un syndic
américain si elles ne remboursent pas leurs dettes, et Porto
Rico est supposé
l'accepter. Tout cela expose la criminalité du colonialisme
américain.
Les Portoricains ont une histoire longue de 117
années de résistance et de lutte contre le colonialisme
américain. C'est cette culture de résistance qui
caractérise le peuple et prend de l'ampleur aujourd'hui, comme
le montre l'unité large de tous pour exiger la libération
du prisonnier politique Oscar Lopez Rivera. La liberté pour
Puerto Rico
serait un coup dur pour les États-Unis, son armée et son
diktat. Ce serait un grand accomplissement des Portoricains et des
peuples du monde. Cette grand lutte de libération de notre
temps exige : Puerto Rico aux Portoricains ! Annulez la
dette ! Mettons fin au colonialisme des États-Unis !
Des appels à l'annulation de la dette
Manifestation
étudiante à
l'Université de Porto Rico à San Juan le 13 mai 2015
Le 29 juin 2015, le gouverneur de Porto Rico, Alejandro
Garcia Padilla, reflétant le sentiment des actions de masse
à Porto Rico, a annonce que Porto Rico ne pourra pas payer ses
dettes et a demandé un moratoire sur le remboursement de la
dette. Il a inclus dans ce moratoire le paiement des taux
d'intérêt de 10 % exigés par les fonds
spéculatifs vautours. Ces vautours contrôlent environ la
moitié de la dette de 73 milliards $ de Porto Rico. Ils
sont responsables de l'abaissement de la cote de crédit de Porto
Rico pour justifier l'augmentation des taux
d'intérêts du service de la dette et, plus
récemment, de la dégradation de ses actifs au rang
d'obligations de pacotille afin de
préparer le terrain pour un prise de contrôle par des
intérêts privés.
Faisant face à d'énormes pressions des
financiers américains, Padilla a annoncé le 2
juillet que l'entreprise publique d'électricité de Porto
Rico, Porto Rico Electric Power Authority (PREPA), avait fait un
paiement complet d'intérêt de 415 millions $ qui
arrivait à échéance du 1er juillet et est
arrivé à un accord pour poursuivre les
négociations avec les créanciers afin de restructurer sa
dette de 9 milliards $. PREPA a effectué le paiement en
vendant 128 millions $ de dette à court terme aux
compagnies qui assurent ses obligations, notamment Assured Guaranty
Ltd. Elle a aussi puisé dans les réserves et
utilisé 153 millions $ de son fond général, a
indiqué
l'agence dans un communiqué. Contracter une dette à court
terme signifie généralement payer des taux
d'intérêt encore plus élevés et utiliser son
fonds général et veut dire que les investissements dans
les infrastructures sont coupés. Comme la plupart des dettes de
Wall Street, celles-ci ont été payées plusieurs
fois, mais les banquiers continuent
d'exiger davantage.
Les financiers proposent deux moyens principaux pour
voler davantage les Portoricains de la richesse qu'ils créent.
La première est de permettre de déclarer faillite, afin
de garantir que les financiers obtiennent leurs paiements mais pas les
travailleurs. Cela exigerait une loi du Congrès. Actuellement le
gouvernement de Porto Rico doit environ
37 milliards $ en obligations de régimes de retraite.
L'expérience à Détroit et ailleurs montre que la
faillite est une façon pour que ces fonds de pension soient
remis aux financiers.
Le deuxième scénario plus probable, qui ne
dépend pas du Congrès, est la mise sous séquestre.
Les contrats obligataires de la PREPA permettent aux détenteurs
d'obligations de demander un règlement judiciaire en cas de
défaut de paiement. Les détenteurs d'obligations vivant
aux États-Unis ont qualité pour poursuivre en cour
fédérale pour
la nomination d'un séquestre. Ils ont menacé de le faire
en février et utilisent cela comme moyen de chantage pour
obtenir
leurs paiements. La PREPA a jusqu'au 1er septembre pour garantir ses
paiements de dette ou le séquestre est probable.
Le peuple de Porto Rico continue d'organiser contre
les coupures, exige l'augmentation des investissements dans les
programmes sociaux et l'annulation de la dette afin de pouvoir utiliser
la richesse créée pour le bien public.
Crise économique et financière:
fabriquée aux États- Unis
- Victor Rodriguez -
Mardi le 23 juin, le
Comité spécial sur la
décolonisation des Nations unies a entendu 30
pétitionnaires de divers milieux, venus dénoncer la
situation coloniale de Porto Rico. Pour la 34e fois le comité de
l'ONU a approuvé une résolution demandant que les
États-Unis permettent à Porto Rico d'exercer son droit
à l'autodétermination et
l'indépendance. En 1953, les États-Unis et les
administrateurs coloniaux ont menti à l'ONU pour que Porto Rico
soit retiré de la liste des territoires qui n'ont pas atteint
l'autodétermination. Ils ont dit que Porto Rico a
rédigé un projet de constitution en 1952 et a maintenant
exercé son autodétermination. Cela en dépit des
faits. Jose Trias Monge
qui était le procureur général de Porto Rico de
1953-57 et un acteur central dans le gouvernement colonial,
révélait dans son livre Porto Rico the Trials of
the Oldest Colony in the World (1997) que le gouvernement des
États-Unis, par le département d'État et le
département de l'Intérieur, a dit :
« Porto Rico devrait
encore être considéré un territoire. »
Par la pression politique dans une ONU plus petite, la pétition
des États-Unis pour retirer Porto Rico de la liste fut
approuvée à 26 contre 16 et 18 abstentions.
En dépit du vote et depuis lors, les
Portoricains, aux horizons politiques toujours plus variés, se
sont rendus à l'ONU pour demander que les
États-Unis se conforment à la loi internationale au sujet
de l'île. Dans les années récentes, le nombre de
membres des Nations unies à appuyer la requête de Porto
Rico a augmenté depuis
l'époque où Cuba et l'Union soviétique et ses
alliés étaient les seuls à appuyer ses efforts.
Maintenant, avec les changements politiques et économiques qui
ont eu lieu en Amérique latine et le recul diplomatique partiel
des États-Unis en Amérique latine, la cause a reçu
un vaste appui de l'Équateur, du Nicaragua, du Venezuela, de la
Bolivie et
autres nations qui jusque là étaient restées un
peu à l'écart des efforts pour
dénoncer le statut colonial de Porto Rico. Lors du récent
Sommet des Amériques à Panama en avril dernier, avec la
présence des présidents Obama et Raul Castro,
l'expression d'appui à Porto Rico s'est exprimé avec
force.
La crise fiscale et économique qui afflige
l'île a attiré plus d'attention sur la
situation coloniale du pays. Déjà, certaines actions ont
chuté, surtout celles reliées aux
obligations municipales ou aux assureurs d'obligations municipales. Les
commentaires récents du gouverneur Alejandro Garcia Padilla du
Parti
démocratique populaire (partisan du statut de communauté
d'États) à l'effet que Porto Rico ne pourra payer sa
dette de 73 milliards $ ont causé une forte réaction
sur les marchés de capitaux. Ce manque de liquidité en
raison de revenus fiscaux inférieurs peut même causer une
fermeture du gouvernement comme en 2006. De plus, un défaut
de paiement pourrait avoir lieu en septembre 2015 et frapperait les
investisseurs de Wall Street qui ont joué au casino avec les
actions portoricaines qui ne sont pas sujettes aux impôts
d'État et fédéraux. Par ailleurs, les
élites portoricaines ont servi d'intermédiaires pour les
prédateurs financiers de Wall Street en s'engageant dans la
corruption
et en permettant des politiques rapaces de prêts. Un rapport
récent commandé par le gouvernement par Anne
Krueger et deux autres anciens directeurs du Fonds monétaire
international a présenté un remède qui sera pire
que la maladie qui
afflige l'économie. Un des problèmes auxquels le
gouvernement colonial fait face est que ses revenus fiscaux
continuent de diminuer alors que l'économie stagne et qu'un
grand nombre de Portoricains, incluant des professionnels,
émigrent. Une des suggestions était de réduire le
salaire minimum, ce qui augmenterait la pauvreté et affecterait
la capacité des travailleurs à payer des
taxes et impôts. En somme, le rapport rejette le fardeau de la
crise économique sur le dos des travailleurs de Porto Rico.
Manifestation contre la
hausse des taxes le 1er mars 2015
De plus, certains secteurs politiques,
spécialement les groupes conservateurs qui veulent que Porto
Rico
devienne un État américain, tentent de tirer parti de la
situation. Afin
de gagner de l'appui des membres du Congrès, ils se sont
alliés à ses membres les plus conservateurs qui
participent aux levées de fonds pour leurs campagnes politiques
en
dépit du fait que les Portoricains ne peuvent voter aux
élections pour le
Congrès ou pour élire le président des
États-Unis. En juin,
le sénateur républicain Don Young de l'Alaska
présidait le Comité des ressources naturelles où
il a entendu les pétitionnaires sur la question du statut
politique de Porto Rico. Quelques jours avant, il a participé
à une levée de fonds à San
Juan à Porto Rico tenue par une organisation partisane d'un
État,
Igualdad. La synchronisation de la levée de fonds et de
l'audience fut critiquée par plusieurs; le sénateur Young
a levé près de 147 000 $ de donateurs de l'île
ces deux dernières décennies. Comme ce fut le cas
auparavant, rien de
positif n'est ressorti de cette audience.
Mais les visites aux Nations unies, bien qu'importantes
pour garder l'attention du monde sur la situation coloniale de Porto
Rico, n'ont pas produit de changements dans la politique des
États-Unis. Ironiquement, après 60 années sans
relations diplomatiques avec Cuba, on assiste à
la réouverture des ambassades mais l'impasse à Porto
Rico demeure. Les efforts des partis politiques de la gauche et des
organisations civiques sont devenus des rituels
répétitifs qui n'ont pas mené à la
résolution de 117 années de relation coloniale entre les
États-Unis et Porto Rico. Cette question devient plus pressante
étant donné la situation économique chaotique de
l'île de plus de 3,5 millions
d'habitants qui, tel que défini par la Court suprême,
peuplent un espace légal spécial en tant que
« territoire non incorporé » des
États-Unis.
En termes simples, Porto Rico
« appartient à, mais ne fait pas partie »
des États-Unis. Ce nouvel espace légal fut
créé, le « territoire non
incorporé », pour faciliter l'acquisition de
territoires si les États-Unis le désirent sans devoir
accorder un statut d'État. Les membres de la cour durant la
plupart des cas insulaires étaient presque les mêmes juges
qui ont rendu la décision Plessey vs Ferguson qui
légalisait la
ségrégation aux États-Unis en 1896. Les
conséquences de ces décisions étaient qu'un
territoire non incorporé « pouvait être
gardé indéfiniment en subordination sans la perspective
d'un État. »[1]
Les décisions de la Cour suprême
appelées dossiers insulaires sont la structure légale qui
a légitimé la subordination de Porto Rico ces 117
dernières années et ont servi de généalogie
de la crise économique et sociale à laquelle Porto Rico
est confrontée aujourd'hui. Avec une dette publique de 73
milliards $, soit 96 %
du PIB de Porto Rico, juste pour le service de la dette l'île
doit utiliser 44 % de ses revenus, le chômage est
endémique (14,4 % en 2014), le taux de pauvreté est
à 46 % (plus élevé que tout autre
État). Cette situation économique critique est
aggravée par le fait que Porto Rico est totalement
dépendant de la marine marchande
américaine, la plus dispendieuse au monde. Le Jones Act, adopté
en 1920, interdit à l'île,
qui importe
85 % de sa nourriture, d'utiliser tout autre alternative maritime
moins chère ce qui selon une étude augmente le coût
de la vie pour les résidents d'environ 200 millions $.[2]
Bien qu'on ait fait des comparaisons entre la
Grèce et Porto Rico, la réalité est que ce sont
deux situations totalement différentes. La Grèce est
souveraine, pas Porto Rico. Porto Rico est incapable de déclarer
faillite, ne peut dévaluer sa monnaie et ne peut se
présenter aux institutions financières internationales
sous le présent système
colonial. En fait, une des solutions offertes aux États-Unis
pour résoudre la crise économique chaotique est de placer
l'île entière en séquestre. En d'autres mots,
retourner à un système colonial encore plus rigide afin
que le marché des obligations puisse protéger son
investissement. La croyance en l'infériorité
des Portoricains et en leur incapacité à recevoir des
pouvoirs
pour
trouver des solutions a été exprimée depuis
le début par le président Taft en 1909 ;
c'était au milieu d'un autre conflit économique lorsque
le législateur portoricain dans un acte de résistance au
système colonial a refusé d'approuver le budget de la
colonie. Le président Taft a dit dans un message au
Congrès que « les Portoricains ont
reçu trop de pouvoir pour ce qui est bon pour eux.»[3] Il
semble
que la culture et les attitudes au sujet de Porto Rico n'ont pas
changé.
Victor M. Rodriguez est professeur à
California State University, Long Beach. Il est l'auteur de Latino
Politics in the United States : Race, Ethnicity, Class and Gender
in the Mexican American and Puerto Rican Experience, (Kendall Hunt,
2012).
Notes
1. Gerald Newman »Introduction »
in Reconsidering the Insular Cases : The Past and Present of the
American Empire, Harvard University Press, 2015.
2. La sénatrice portoricaine Rossana
López a présidé une commission de
l'assemblée législative de Porto Rico qui a
approuvé une résolution et un rapport (résolution
du Sénat #237), qui indiquent que la loi sur le cabotage (Jones
Act) coûte 200 millions $ et augmente le coût de la
vie de 40 %.
3. Juan R. Torruella : »The Insular
Cases : A Declaration of their Bankruptcy and My Harvard
Pronouncement » dans Reconsidering the Insular Cases :
The Past and Present of the American Empire, Harvard University Press,
2015.
Le Comité spécial de la
décolonisation de l'ONU affirme le droit à
l'autodétermination de Porto Rico
Le 23 juin le
représentant du Cuba au
Comité spécial de la décolonisation de l'ONU a
présenté le projet de résolution appelant l'ONU
à « garantir aux Portoricains leur droit de
déterminer librement leur propre situation
politique ». Il a dit : « Nous avons
été témoins depuis de nombreuses années de
la demande urgente
de la communauté internationale d'agir au bénéfice
de cette cause juste », notant que le Territoire de Porto
Rico n'a pas été capable d'exercer son droit à
l'autodétermination depuis des générations. Il a
exhorté les États-Unis à assumer leur
responsabilité de se soumettre aux normes de droit international
et de l'ONU pour le processus de
décolonisation.
Il a ajouté que Porto Rico était une
nation latino-américaine et caribéenne dotée de sa
propre identité nationale. La résolution appelle à
respecter la volonté du peuple portoricain, qui a, le 6 novembre
2012, rejeté son statut actuel. La résolution a pris note
des déclarations adoptées par les Sommets de la
Communauté des États
d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC), qui ont
réitéré le caractère de colonie de Porto
Rico et exprimé l'appui fort de ces pays au droit
inaliénable à l'autodétermination et la pleine
indépendance.
De plus, le texte appelle les États-Unis
à restituer l'ensemble des terres anciennement occupées
et des installations de l'île de Vieques et de Ceiba au peuple
portoricain. Il appelle le gouvernement à veiller au respect des
droits fondamentaux, tels que le droit à la santé et le
droit au développement économique, et à
accélérer
l'exécution et la prise en charge financière du nettoyage
et de la dépollution des zones auparavant utilisées pour
des manoeuvres militaires, en employant des méthodes qui
n'aggravent pas davantage les lourdes répercussions de leur
activité militaire. Il inclut un appel à libérer
le prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera. La
résolution a
été adoptée par consensus.
Nous reproduisons ci-dessous des parties du
communiqué de presse de l'ONU au sujet des déclarations
émises au comité par diverses organisations de Porto Rico
et sa diaspora.
* * *
Rassemblement durant la
visite du président Obama à Porto Rico en 2011
Parlant au nom du Mouvement des non-alignés,
Hossein Maleki (Iran), a appelé à réaffirmer le
travail du Comité sur la Situation au sujet de l'Application de
la Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et
aux peuples coloniaux [résolution 1514 (XV) de
l'Assemblée générale en date du 14 décembre
1960], connu sous le
nom de Comité spécial des 24, d'expédier ses
efforts vers la pleine décolonisation partout dans le monde.
« Malheureusement, nous sommes toujours loin de la pleine
réalisation de la déclaration de 1963 [la
déclaration date de 1960] sur la
décolonisation », a-t-il déclaré. Le
Mouvement réaffirme sa position sur Porto Rico, soulignant le
droit de ce peuple à l'autodétermination, a-t-il dit. La
question coloniale là-bas a été sous la
considération du Comité spécial depuis plus de 40
années, qui a adopté 33 résolutions et
décisions sur la question. Le gouvernement des États-Unis
devrait assumer ses responsabilités et mettre rapidement en
place un processus permettant au peuple de
Porto Rico d'exercer son droit à l'autodétermination et
à l'indépendance, ainsi que de rendre à Porto Rico
les territoires et les installations occupées de l'île de
Vieques et de la station navale de Roosevelt Roads.
Porto Rico demeure enfermé dans un cycle de
pauvreté, de fuite des cerveaux et la stagnation du
développement économique causés par les politiques
« impérialistes » des États-Unis.
C'est ce que plus de 30 pétitionnaires ont dit au Comité
spécial des 24 lors des auditions sur la question et il a
approuvé une résolution
pressant les États-Unis de permettre aux Portoricains d'exercer
leur droit inaliénable à l'auto-détermination.
Accueillant à la fois des défenseurs de Porto Rico et de
sa diaspora, le Comité spécial a entendu que plus de la
moitié de la population de l'île vivait dans la
pauvreté, en grande partie grâce à des politiques
commerciales paralysantes
imposées par les États-Unis, la « puissance
coloniale ».
En dépit d'avoir été retiré
de la liste des Nations Unies des territoires non autonomes en 1953,
Porto Rico demeure une colonie de l'« Empire
yankee », ont souligné les pétitionnaires,
appelant à l'indépendance de l'île envers les
États-Unis. Dans le même esprit, le représentant du
Frente Autonomista a exhorté
l'Assemblée générale des Nations Unies à
agir pour s'assurer que les États-Unis remplissent leurs
obligations internationales en matière de décolonisation,
prennent leur responsabilité en ce qui concerne la
décontamination du territoire de Porto Rico. Appelant ce pays
à s'engager dans un processus de décolonisation, il a
demandé que tous les États
aident Porto Rico avec son économie et « se tiennent
du bon côté de l'histoire ».
« C'est une situation
impériale », estimait le représentant de
l'American Association of Jurists, soulignant que le Territoire
était incapable d'établir des relations commerciales avec
d'autres pays, au détriment de son économie. Le statut
d'« état autonome » masque la
véritable situation des Portoricains, ce qui
devrait être énergiquement condamné, a-t-il dit.
La représentante du Movimiento
Puertorriqueño Anticabotaje a dit que certaines restrictions
légales et commerciales — qui ont été mis en place
pour stimuler l'industrie américaine à Porto Rico —
constituaient un « mur » qui bloquait le
développement économique de l'île.
« Nous avons besoin d'accéder aux marchés
qui permettra le flux de matières brutes vers le monde à
prix compétitif », a-t-elle déclaré.
L'économie de l'île s'est
détériorée ces dernières années, a
dit un représentant de Frente Socialista de Porto Rico,
soulignant que la moitié de la population vivait au niveau de la
pauvreté. Les aliments importés étaient
nécessaires, ce qui a mené à des diètes
pauvres et de hauts taux de maladies non transmissibles. Pendant ce
temps,
le gouvernement des États-Unis maintenait la désignation
de « terrorisme domestique » pour les activistes
portoricains, tel que Oscar Lopez Rivera, qui a été
détenu depuis plus de trois décennies dans des prisons
américaines.
M. Lopez Rivera — qui a été
condamné pour conspiration séditieuse aux
États-Unis — était une figure centrale dans la discussion
d'aujourd'hui, plusieurs orateurs appelant à son pardon
immédiat et sa libération. « Il est une
légende vivante à Porto Rico », a dit la
représentante du National Lawyers Guild International
Committee, ajoutant que la « réclamation pour sa
libération est un facteur unificateur, un appel pour la justice
et les droits humains transcendant les lignes de partis, les
frontières nationales et les croyances religieuses et
politiques. »
Participaient aussi aujourd'hui des
représentants de l'Iran (au nom du Mouvement des
non-alignés), Cuba, Équateur (au nom de la
Communauté des États d'Amérique latine et des
Caraïbes), Venezuela, Bolivie, Nicaragua et Syrie.
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