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Julia Payson, dirigeante de la société John Howard de la Colombie-Britannique, explique qu'une ségrégation prolongée derrière les barreaux représente un facteur élevé menant au suicide. Selon elle :« L'isolement cellulaire peut exacerber un problème existant de santé mentale et peut même provoquer un tel problème chez quelqu'un. Il est pour le moins cruel et contraire à nos objectifs de réhabilitation que ces pratiques d'isolement cellulaire puissent faire en sorte que les gens quittent nos prisons avec des problèmes de santé mentale ou avec des problèmes de santé mentale encore plus graves qu'avant leur incarcération. » Parmi les récents cas de suicide dûs à l'isolement cellulaire, il y a celui d'Edward Snowshoe, qui s'est enlevé la vie en 2010 après avoir passé 162 jours en ségrégation, ainsi que celui d'Ashley Smith, une adolescente souffrant de troubles affectifs qu'on a retrouvée sans vie en 2007 après qu'elle se soit étouffée alors qu'elle était en isolement cellulaire. On a finalement jugé qu'il s'agissait d'un homicide. Malgré tout, le gouvernement fédéral a rejeté par la suite l'une des principales recommandations de l'enquête, celle de mettre un terme à l'isolement cellulaire et d'interdire toute ségrégation de plus de quinze jours. Jason Tamming, porte-parole du ministre fédéral de la Sécurité publique, Steven Blaney, a dit que le Service correctionnel du Canada avait recours à une panoplie d'outils, y compris la ségrégation, pour veiller à ce que le système réussisse à corriger les comportements criminels. Tamming a aussi dit que le gouvernement Harper « consacrera toujours ses efforts aux victimes des actes criminels ». Pour sa part, Service correctionnel du Canada dit de l'isolement cellulaire qu'il est une mesure de dernier recours. « Nous reconnaissons que dans certaines circonstances très limitées nous puissions avoir recours à l'isolement cellulaire pour un prisonnier », a dit Paterson lorsqu'on lui a demandé si le fait de restreindre le recours à cette mesure pouvait priver les responsables de prison d'un outil indispensable. Il a ajouté : « Par contre, cet isolement doit être de très courte durée et le processus de confinement doit être équitable ». Breese Davies, le vice-président de la Criminal Lawyers' Association et avocat à l'enquête d'Ashley Smith, dans une lettre à la rédaction du Toronto Star du 17 janvier, a énuméré les divers problèmes liés au recours à l'isolement cellulaire dans le système actuel : « Les responsables de prison qualifient l'isolement cellulaire d''isolement préventif', mais il ne faut pas se laisser leurrer. Peu importe le nom qu'on lui prête — isolement cellulaire, isolement préventif, soins psychiatriques intensifs, observation médicale — cette mesure dans les prisons en est une d'isolement intensif et débilitant. « Le recours à l'isolement cellulaire ne date pas d'hier. Cette pratique a été inventée il y a longtemps par des théoriciens de salon et des ecclésiastiques dans l'espoir que les prisonniers profiteraient de ce temps d'isolement pour réfléchir et pour réussir à se prendre en main. Malgré cela, cette mesure n'a toujours été rien de moins qu'un outil de contrôle et de châtiment. En théorie, l'isolement cellulaire est le lot de prisonniers rebelles ou violents. En réalité, c'est un entrepôt pour les vulnérables, pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, ou ayant des problèmes de santé mentales débilitants ou encore celles qu'on a de la difficulté à 'contrôler'. « Dans un rapport récent, l'enquêteur correctionnel a qualifié l'isolement cellulaire de 'stratégie de gestion par défaut de la population'. Et il a raison. Près du quart des 21 000 individus ayant séjourné dans le système incarcéral fédéral en 2014 ont passé du temps en isolement cellulaire. Environ le tiers de ce nombre y a passé plus de soixante jours. « Et ce n'est pas tout. Les lecteurs du Star ont appris la semaine dernière qu'un grand nombre de prisonniers ayant des problèmes de santé physique ou mentale détenus au Centre de détention de Toronto Sud sont placés dans des cellules d'isolement parce que la section de l'institution consacrée à l'infirmerie et à la santé mentale ne sera pas fonctionnelle avant le printemps — plus d'un ans après l'ouverture de la prison. « La situation au Centre de détention de Toronto Sud est particulièrement difficile à défendre du fait que les gens qui s'y trouvent sont en attente de leur procès. Ces individus sont donc présumés innocents. Ils n'ont pas été déclarés coupables de quoi que ce soit et pourtant ils souffrent des conséquences de l'isolement cellulaire parce qu'ils n'ont pu verser la caution exigée. « Pis encore, le système pénitencier fédéral ne prétend même pas tenter d'améliorer la situation, mais se cache volontiers derrière des recherches et la sagesse ambiante en matière de criminologie. En témoigne sa récente réponse aux conclusions longuement attendues du jury d'enquête dans le décès en pénitencier d'Ashley Smith. Le gouvernement a refusé d'importantes recommandations telles la nécessité de retirer des prisons les personnes ayant des problèmes de santé mentale, de ne pas confiner des prisonniers plus de quinze jours à la fois à des cellules d'isolement. Le gouvernement a déclaré que le recours à l'isolement cellulaire était un outil de gestion indispensable. « Ce que le jury d'enquête a fait valoir — et que les porte-parole du système incarcéral semblent vouloir ignorer — c'est que l'opinion voulant que l'isolement cellulaire soit une forme de torture gagne du terrain. Un Rapporteur spécial des Nations unies en est arrivé à cette conclusion en 2011 alors qu'il a souligné que les jeunes et les personnes ayant des problèmes de santé mentale en particulier ne devraient jamais être confinés à des cellules d'isolement, et que le recours à cette mesure est en violation de la Convention internationale contre la torture et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. « Pourquoi cette controverse au sujet d'une pratique datant de 1820 ? Pour la simple raison que nous devenons de plus en plus sensibles au fait que les êtres humains sont des êtres sociaux qui perdent rapidement leurs repères lorsque confinés à l'isolement. Toute prétention à l'effet que l'isolement cellulaire conduit à la réhabilitation est absurde. Il conduit plutôt à la colère, à la paranoia et à un comportement autodestructeur. La capacité de penser se détériore. Le cerveau s'atrophie. L'esprit humain s'éteint pour faire place à l'anxiété et à la dépression. Les conséquences de la ségrégation sont particulièrement pénibles pour les gens ayant des problèmes de santé mentale, qui constituent de 15 à 20 % de la population carcérale. « Nous devons sans tarder arrêter de nier la réalité inhumaine de la ségrégation, malgré le fait que les autorités du milieu carcéral aimeraient bien continuer à s'en prémunir à l'insu du public et loin des débats politiques. Il est difficile d'imaginer comment une mesure aussi inefficace et cruelle ait pu persister aussi longtemps. Il est peu probable que l'élection cette année porte sur la réforme de pratiques incarcérales démodées. Malgré tout, une pression en ce sens se fait de plus en plus ressentir. Dans un pays où certains se targuent d'être un phare de progrès social et de droits humains, les politiciens qui défendent cette dépendance au châtiment et à l'incarcération, en particulier l'isolement cellulaire, doivent être forcés de rendre des comptes. » Cette poursuite judiciaire et la discussion au sujet de la nécessité de mettre fin à l'isolement cellulaire parce que celui-ci constitue une forme de torture ont lieu dans le contexte où le gouvernement Harper a récemment apporté des changements au système judiciaire. Parmi ces changements, il y a la peine minimale obligatoire pour divers délits et la fin des pouvoirs discrétionnaires des procureurs et des juges, pouvoirs qui permettaient à ceux-ci de chercher des peines facilitant la réhabilitation et l'intégration à la société, plutôt que de se concentrer uniquement sur l'incarcération en tant qu'unique solution pour un accusé. Sans aucun doute, le gouvernement Harper et la vision de crime et de châtiment, de vengeance et de sanctions qu'il impose au sytème judiciaire, doit être tenu responsable de la surpopulation dans les prisons et du recours à l'isolement cellulaire dans des situations de longues incarcérations et de pénurie de cellules adéquates. Cette vision nie aussi le fait que les gens sont nés en société, et que non seulement nous sommes des êtres profondément sociaux, comme le fait valoir Breese Davies, mais que la société est responsable du bien-être de ses membres, et se doit de les traiter de façon humaine et de proposer aux détenus des pistes de réhabilitation appropriées. Cette poursuite judiciaire est juste et tombe à point à la lumière du fait que le gouvernement Harper n'hésite pas un instant à appuyer la torture envers ses propres citoyens — pensons entre autres à la brutalisation d'Omar Khadr au camp de torture des États-Unis à Guantanamo ainsi que la reddition à la torture de plusieurs citoyens canadiens dans la guerre étasunienne contre la terreur, ou encore aux citoyens d'autres pays, comme les combattants qui ont été détenus par les forces de l'OTAN et de l'armée afghane au cours de la guerre illégale menée contre ce pays. Le fait que le gouvernement Harper permet que le crime de la torture soit commis au nom de nobles idéaux tels « défendre les victimes du crime » et « défendre les libertés universelles » est inacceptable et il doit en être tenu responsable. (Sources : Presse canadienne, Toronto Star) La liberté d'expression des classes dominantes réactionnaires Hypocrisie, hystérie et falsification historique
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Julius Streicher prononce sa déclaration finale avant sa condamnation au procès de Nuremberg. |
Un des plus beaux exemples du caractère de classe de la caricature est le journal Der Stürmer, un hebdomadaire nazi publié par Julius Streicher à partir de 1923. Der Stürmer utilisait des contenus très divertissants, de la pornographie, des caricatures, et des appels anticapitalistes. De plus, Der Stürmer comportait sur chaque journal et sur chacune de ses éditions, dans le bas de sa première page écrit en grosses lettres : « Die Juden sind unser Unglück », signifiant en français « Les juifs sont notre malheur ». Il a travaillé à l'édification de ce que Jeffrey Herf appelle un consensus antisémite.
Bien que Julius Streicher n'a pas participé à l'appareil gouvernemental nazi ni dans les forces armées allemandes, il a été jugé par le tribunal de Nuremberg où il a été reconnu coupable de crimes contre l'humanité et condamné à mort le 1er octobre 1946. Le jugement dit : « Dans ses discours et articles, semaine après semaine, mois après mois, durant 25 ans, il a infecté l'esprit allemand avec le virus de l'antisémitisme, et a incité le peuple allemand à la persécution active. L'incitation de Streicher au meurtre d'extermination à l'époque où les Juifs à l'est étaient tués dans les conditions les plus horribles constitue clairement de la persécution pour des raisons politiques et raciales dans le cadre de crimes de guerre, tels que définis par la Charte, et constitue un crime contre l'humanité ».
Peut-on alors rire de tout ? Les farces contre les minorités, ceux qui sont persécutés (comme les musulmans aujourd'hui), les gens misérables et abattus, désespérés, sans ressources, sans-abri, ce n'est pas de la satire, c'est de la barbarie. La même chose concerne les farces contre les femmes qui cherchent à projeter la société en arrière, à une époque où les femmes n'étaient pas l'égal des hommes.
Rire de tout comme le fait Charlie Hebdo,
revient aujourd'hui à diviser les peuples du monde. Cela appuie
la théorie bourgeoise de guerre de civilisation lancée
sous Bush et qui a fait tellement de mal à toute
l'humanité.
1. Voir http://rue89.nouvelobs.com
2. Voltaire, Traité sur la
tolérance, 1763
Les falsifications de l'histoire
La
libération d'Auschwitz
La déclaration du ministre des Affaires étrangères polonais, Grzegorz Schetyna, affirmant que ce serait uniquement les Ukrainiens qui auraient libéré les prisonniers d'Auschwitz, ne nécessite pas d'autres commentaires. Nous laisserons l'auteur de cette remarque régler cela avec sa conscience, puisqu'il semble avoir « oublié » les milliers de ses propres compatriotes qui ont combattu héroïquement contre le fascisme dans les rangs de l'Armia Ludowa. En fin de compte, le révisionnisme de Schetyna ne fait que simplement refléter les opinions établies depuis longtemps de certains historiens nationalistes polonais. Par exemple, en 2005, Pawel Wieczorkiewicz, ancien professeur de l'Institut d'histoire de l'Université de Varsovie, avait déclaré au quotidien Rzeczpospolita qu'à son avis il aurait été utile que la Pologne conclue une alliance avec l'Allemagne nazie et la Pologne.
« Nous pourrions avoir trouvé notre place aux côtés du Troisième Reich, presque comme l'Italie et probablement meilleure que la Hongrie ou la Roumanie. Ainsi, nous aurions pu être à Moscou, où Adolf Hitler et notre maréchal Edward Rydz-Smigly auraient pu regarder ensemble le défilé des troupes victorieuses polono-germaniques. »
Ce n'est rien de nouveau, il y a beaucoup de preuves
photographiques de l'amitié entre les nationalistes polonais et
les nazis. À l'époque, les responsables gouvernementaux
avaient souscrit aux conclusions de l'universitaire.
Toutefois, la déclaration de Schetyna nous donne une bonne raison d'examiner de plus près les documents d'archives. Qui sont ceux que l'Armée rouge, qui comprenait des gens de toutes les nationalités vivant en Union soviétique (y compris des Polonais), a chassés du camp de concentration libéré ? Examinons avec les « lunettes » nationalistes de M. Schetyna la composition ethnique des collaborateurs qui gardaient à Auschwitz. Nous voyons immédiatement qu'il y a beaucoup de preuves que des Polonais et des Ukrainiens ethniques (connus comme « les hommes de Trawniki ») se sont portés volontaires pour les groupes d'exécution et comme gardiens des camps. Les Allemands ethniques, même les « fanatiques » de la SS, avaient du mépris pour ce « travail ». Un bon nombre de collaborateurs polono-ukrainiens se sont enfuis au Canada après la guerre. Là, ils vivent en paix et regardent maintenant, sans doute plein de nostalgie heureuse, leurs disciples, portant des flambeaux, marcher triomphalement sous la Wolfsangel à Kiev. Apparemment, ce cadavre dans le placard hantait tellement le professeur et diplomate que le ministère des Affaires étrangères de la Pologne s'est agrippé à une autre version de l'histoire. « Ils préfèrent s'appeler des « victimes » et insister sur leurs propres souffrances sous la domination soviétique, ignorant le fait qu'ils ont eux-mêmes exterminé les juifs en grand nombre », souligne le Dr Efraim Zuroff, un historien respecté et directeur du Centre Simon Wiesenthal en Israël.
Les policiers polonais de la Granatowa Policja, ont aidé les nazis dans les gares et aux frontières. |
Voici quelques faits qui montrent de qui plus précisément les prisonniers d'Auschwitz ont été secourus. Des documents des archives du Musée national Auschwitz-Birkenau prouvent qu'à plusieurs reprises la Police bleu (Granatowa Policja en polonais), qui étaient composée de collaborateurs polonais, a aidé à les nazis au transport des déportés à Auschwitz.
Dans le livre de 1946, L'usine de la mort (Továrna na smrt en tchèque), écrit par des prisonniers tchécoslovaques d'Auschwitz (cité d'après l'édition russe publiée aux Éditions d'État de littérature politique, Moscou,1960), les prisonniers témoignent que « le docteur polonais, Vladislav Doering, lui aussi un prisonnier » (p. 112), a participé à des expériences inhumaines menées sur les prisonniers et que le Kapo Stefan Wierzbic, de Haute-Silésie, préférait tuer les prisonniers de « trois coups de matraque » (p. 53) et décrivent également la méthode unique de soigner les malades avec des passages à tabac « du médecin prisonnier polonais Zenkteller » (p. 82).
Les auteurs de ce livre identifient des fascistes polonais : les Kapos Bruno Bronevich ; Raport Schreiber, Kazimierz Gosk deVarsovie, Julius Miklus et d'autres (p. 252-253). Beaucoup de noms polonais apparaissent sur la liste des SS coupables d'une brutalité particulière envers les prisonniers à Auschwitz (p. 231).
Tadeusz Piotrowski, un célèbre professeur américain d'origine polonaise, donne une bonne sélection de sources sur le sujet de la collaboration polonaise à Auschwitz dans son livre, Poland's Holocaust : Ethnic Strife, Collaboration with Occupying Forces and Genocide in the Second Republic, 1918-1947. Entre autres choses, il parle des « szmalcownicy », ces Polonais qui se livraient au chantage et à la violence à l'encontre des tziganes, des Juifs et des communistes, leur extorquaient de l'argent et les menaçaient de les faire déporter à Auschwitz comme « ennemis du Reich ».
Ainsi, alors que l'Armée rouge et les partisans
de l'Armia Ludowa (qui comptait dans ses rangs des Polonais ethniques
qui luttaient contre les fascistes) libéraient le pays, que
faisaient ces collaborateurs polonais, que le ministère des
Affaires étrangères de Varsovie défend avec tant
de zèle ? Pourquoi M. Schetyna est-il tellement
attaché à
cette défense ? Serait-ce que ses propres parents
collaboraient avec l'occupant nazi à l'époque comme
membres de Granatowa Policja ? Sur cette photo d'archive
ci-dessous prise en mars 1943 à la gare du camp d'extermination
de Sobibor, on voit un policier polonais de la Granatowa Policja
nommé Kazimierz Schetyna (à droite)
Le camp de Sobibor était situé près de la ville de Wlodawa (dans le district de Lublin de la Pologne occupée) et en fonction à partir de mai 1942 jusqu'au soulèvement des déportés, dirigés par le prisonnier de guerre soviétique, Alexander Pechersky, le seul réussi dans l'histoire des camps de concentration en octobre 1943. Selon les estimations officielles, environ 200 000 prisonniers (principalement des juifs polonais et des prisonniers de guerre soviétiques) ont été assassinés dans les chambres à gaz de ce camp d'extermination.
« Les soldats de l'Armée rouge étaient de diverses nationalités, a déclaré maladroitement Schetyna pour essayer de calmer le scandale international qu'il a provoqué. Ils comprenaient des Russes, des Ukrainiens, des Biélorusses, des Kazakhs et des nationalités d'Asie centrale. »
Très probablement, ses aïeux ont en effet gardé en mémoire les nationalités de leurs victimes pendant assez longtemps après la guerre
(24 janvier 2015. Traduction : LML)
Si vous demandez aux prisonniers d'Auschwitz, ou du moins à ceux qui ont déjà visité le Musée-mémorial d'Auschwitz - Birkenau ce qu'ils en pensent, ils vous diront que ce lieu où des centaines de milliers sont morts est maudit. On a l'impression que le silence de mort de ce cimetière est encore brisé par des cris et les pleurs des déportés poussés dans les chambres à gaz ... des tas de chaussures de toutes tailles, de brosses à dents, de lunettes ... tous ces objets semblent encore conserver la chaleur des mains des personnes auxquelles ils appartenaient.
* * *
Grzegorz Schetyna, le ministre des Affaires
étrangères de la Pologne, a suggéré que
l'on devrait célébrer les troupes ukrainiennes qui ont
libéré le camp de la mort d'Hitler et pas l'Armée
rouge soviétique. ( « Car ce fameux jour de janvier,
il y avait donc là des soldats ukrainiens et ce sont eux qui ont
ouvert les portes du camp »,
a dit Schetyna dans une interview le 21 janvier 2015). Ce n'est pas la
première tentative, et probablement pas la dernière, de
déformer les événements liés à la
libération d'Auschwitz et toute l'histoire de la guerre. En
avril 2007, la Pologne avait fermé le pavillon russe à
Auschwitz, ouvert sur le site de l'ancien camp en 1961.
L'administration du
Musée de l'ancien camp de concentration d'Auschwitz a dit qu'il
ne pourrait être rouvert que si la Russie reconnaissait
l'occupation de la Pologne par l'URSS. La partie polonaise exigeait que
soit reconnu que l'Ukraine et la Biélorussie occidentales
étaient des territoires polonais jusqu'en 1939 et que les
prisonniers de ces territoires étaient Polonais
et non Soviétiques.
La Pologne voulait également que les territoires « annexés » par l'URSS en 1939 conformément au pacte germano-soviétique soient indiqués sur la carte à l'entrée de l'exposition.
Maintenant, la Pologne a commencé
« à préciser » les informations sur
les origines et les nationalités des libérateurs du camp.
Les déclarations de Schetyna ont été
réfutées par les utilisateurs des réseaux sociaux
(un utilisateur sous le pseudo 20portal a répondu à un
article controversé paru dans le quotidien polonais Gazeta
Wyborcza, et écrit : « Mon-beau-père
était un survivant d' Auschwitz. S'il était encore
vivant, il giflerait Schetyna ».) Mais le ministre polonais
a maintenu ce qu'il avait dit. Deux jours après sa
déclaration scandaleuse, il est revenu sur le sujet
(« J'ai dit la vérité ») et a
déclaré que le premier char qui a
enfoncé le portail d'Auschwitz-Birkenau était
commandé par l'Ukrainien Igor Pobirchenko. Le ministre se
fichait du fait que des des Russes, des Ukrainiens et des gens de
nombreuses autres nationalités aient combattu dans les rangs du
premier front ukrainien. Il tentait simplement d'expliquer au public
pourquoi le président russe Vladimir Poutine
n'était pas invité à participer à la
cérémonie marquant le 70e anniversaire de la
libération d'Auschwitz.
Sans doute, M. Schetyna n'a pas accès à l'information que, en réalité, le portail du camp a été défoncé par le commandant Anatoliy Shapiro, un juif, et que le bataillon qu'il commandait fut la première unité à entrer dans Auschwitz. Et même si ce n'était pas Shapiro, mais Pobirchenko (un ancien combattant décoré qui est devenu un avocat célèbre et un académicien en Union soviétique), qu'est-ce que cela change à l'histoire de la libération du camp par l'Armée rouge ? Grzegorz Schetyna a besoin d'une petite leçon d'histoire. Les noms des fronts soviétiques étaient modifiés pour refléter les orientations des avancées. Le front en question a été appelé le premier front ukrainien le 16 octobre 1943 pour prendre part à l'opération offensive stratégique de Kiev. Avant novembre 1943, le premier front ukrainien portait le nom officiel de front de Voronej, et avant cela de front de Briansk. Les unités de l'Armée rouge avaient dans leurs rangs des soldats de nombreuses nationalités (à l'exception de quelques dizaines de divisions composées de soldats de certaines nationalités (la 201e lettonne, la 16e lituanienne, etc.) puisque des renforts venaient des quatre coins de l'Union soviétique. La composition du premier front ukrainien suivait le même principe. Selon l'étude réalisée par un groupe de chercheurs de l'état-major soviétique dirigé par le général G. Krivosheev, le front comprenait des soldats de différentes nations : plus de 66 % étaient Russes, environ 16 % Ukrainiens, environ 3 % Biélorusses, environ 2,2 % Tatars, plus de 1.6 % d'origine juive, environ 1,5 % Kazakhs, 1,4 % Ouzbeks, et au moins 1 % d'autres nationalités (quelques dizaines). Auschwitz a été libéré le 27 janvier 1945 au cours de l'offensive Vistule-Oder de l'Armée rouge par les 59e et 60e armées du premier front ukrainien en coordination avec la 38e armée du 4e front ukrainien.
Auschwitz était un réseau de camps de
concentration et de camps d'extermination nazis construit et
opéré par les fascistes allemands. Les 100e et 322e
divisions d'infanterie de la 60e Armée ont libéré
Auschwitz III-Monovitz. C'est vers 3h dans la nuit du 27 janvier que le
454e régiment de la 100e division d'infanterie de Lviv
(commandé par
le général-major F.M. Krasavin) a fait irruption dans
Auschwitz (le camp principal). Le même jour, un autre camp de
concentration, celui de Jaworzno, a été
libéré par la 286e division d'infanterie (commandé
par le général-major M. Grishin) de la 59e armée.
Le lendemain la 107e division d'infanterie (sous le commandement du
colonel V.
Petrenko) a libéré Auschwitz-Birkenau. C'est parfaitement
limpide. Les affirmations que le ministre polonais des Affaires
étrangères n'avait pas ces informations sont peu
convaincantes. Se moquant de l'ignorance du ministre, le journaliste
polonais Mariusz Novik lui a écrit une sorte
d'« aide-mémoire » contenant quelques
informations
historiques qui l'aideront lorsqu'il fait des déclarations
à l'emporte-pièce. Il lui présente les faits qui
montrent que des soldats de plusieurs nationalités ont servi
dans les rangs du premier front ukrainien. Christophe Colomb
n'était pas originaire de Colombie et les Indiens
(d'Amérique) ne viennent pas de l'Inde. Mariusz Novik ne croit
pas à
l'ignorance crasse du ministre. Il s'agit d'autre chose, quelque chose
de beaucoup plus dangereux.
Les tentatives de détruire la mémoire de
la contribution de l'Union soviétique et son armée
à la libération pendant la Deuxième Guerre sont
devenues si fréquentes qu'elles commencent à ressembler
à des actes de vandalisme historique. Kiev fait la même
chose. « Les Ukrainiens constituaient la majorité de
ceux qui ont libéré Auschwitz,
le front ukrainien » a déclaré Valeriy Chaliy,
chef adjoint de l'Administration du président de l'Ukraine,
Petro Poroshenko, le 23 janvier. La déclaration à
l'emporte-pièce du premier ministre ukrainien, Arseni
Iatseniouk, sur l'invasion de l'Allemagne et de l'Ukraine par l'Union
soviétique est bien connue. En réponse, le
ministère allemand
des Affaires étrangères a invoqué le protocole
diplomatique pour refuser de commenter les déclarations
ridicules faites par un haut responsable d'un autre État,
même s'il a complètement déformé les faits
les plus importants liés à l'histoire allemande du XXe
siècle. Voici un autre exemple : La Lettonie a
déclaré il y a déjà longtemps que ses
légionnaires SS étaient des « combattants de
la liberté ». Elle a annulé une exposition sur
l'Holocauste à Paris consacrée à la journée
internationale des victimes de l'Holocauste. Cette exposition,
intitulée « Enfance volée. Victimes de
l'Holocauste vues par les enfants détenus dans le camp de
concentration nazi de
Salaspils » (situé au sud-est de la capitale lettone,
Riga), devrait s'ouvrir le 26 janvier et était
réalisé en coopération avec des historiens russes,
biélorusses et lettons.
Il y a beaucoup d'autres exemples qui montrent qu'une guerre de propagande psychologique a été déclenchée contre la Russie et les Russes. L'objectif est de « réviser » les conclusions de la Deuxième Guerre mondiale et de montrer sous une toute autre lumière la contribution de l'Union soviétique à la victoire sur l'Allemagne et à la libération de l'Europe.
Nous ferions mieux d'écouter les victimes des camps de concentration allemands, qui sont encore en vie et qui ont accueilli les libérateurs soviétiques, plutôt que de prêter attention à ce que ces néo-nazis, parrainés par Washington, Berlin et Kiev, ont à dire en cette occasion. Noah Flug, le regretté président du Centre des organismes Holocauste des survivants en Israël, a dit que les juifs se souviennent qu'il ya soixante-cinq ans, Majdanek et Auschwitz ont été libérés par les soldats soviétiques et l'Armée rouge. Dans les ghettos et les camps de concentration, l'Armée rouge était le dernier espoir du peuple. Elle les a sauvés, a vaincu Hitler et sauvé l'Europe.
(Strategic Culture Foundation, 27 janvier 2015. Traduit par LML.)
Dans l'actualité
Les
élections du 25 janvier en Grèce
Le 25 janvier, la Grèce a tenu une élection législative pour élire les 300 membres du Parlement hellénique conformément à la constitution. [1] La question clé dans l'élection a été de savoir si la Grèce devait poursuivre avec le programme d'austérité qui a causé tant de souffrances au peuple.
Syriza, également connu comme la Coalition de la gauche radicale, a remporté sa première élection législative, avec 149 des 300 sièges, deux sièges de moins que la majorité. Alexis Tsipras, chef du parti Syriza, a été assermenté à titre de premier ministre de la Grèce le 26 janvier, après que Syriza ait conclu un accord de coalition avec l'ANEL (Grecs indépendants), un parti qui partage son opposition aux mesures d'austérité, même si les deux diffèrent sur d'autres questions telles que l'immigration et la religion. Les deux partis ont coopéré dans l'opposition, en bloquant l'élection d'un nouveau président en décembre, ce qui a déclenché l'élection générale.
La résistance et le refus du peuple grec de se
soumettre à l'austérité néolibérale
lui seront d'une grande aide dans la lutte qui se poursuit contre le
chantage, les menaces et les exigences persistantes
d'austérité de la part des créanciers.
Tsipras a déclaré que le nouveau gouvernement va coopérer en vue « d'une solution juste et mutuellement bénéfique » mais a dit que le peuple grec passe en premier. « Notre priorité dès le premier jour sera de traiter les grandes blessures laissées par la crise » a-t-il dit. « Notre première priorité est que notre pays et notre peuple retrouvent leur dignité perdue. » Il a dit que son parti ira à l'encontre des conditions de sauvetage du Fonds monétaire international et de l'UE « en faisant nos propres propositions pour des changements radicaux, y compris un programme de quatre ans de politique budgétaire et un plan de restructuration de la dette. »
Syriza a été très en avance dans
les sondages avant le début de l'élection et on
s'attendait à ce qu'il gagne. [2]. Lorsque les résultats
préliminaires du vote ont commencé à être
diffusés le jour du scrutin, le dirigeant de Syriza Alexis
Tsipras a réaffirmé son appui au maintien de la
Grèce dans l'Union européenne tout en s'opposant à
l'austérité : « Aujourd'hui le peuple
grec écrira l'histoire et le message puissant du peuple grec est
que la Grèce retourne à la démocratie. Le peuple
grec va retrouver la cohésion sociale et la dignité. Le
message est que notre avenir commun au sein de l'Europe n'est pas
l'avenir de l'austérité. C'est l'avenir de la
démocratie, la
solidarité et la coopération. Le temps est venu pour la
gauche ! »
S'adressant à un rassemblement de partisans à Athènes le dimanche soir, Tsipras a dit que « la Grèce laisse derrière elle l'austérité catastrophique, elle laisse derrière elle la peur et l'autoritarisme, elle laisse derrière elle cinq années d'humiliation et d'angoisse. »
Syriza a fait campagne sous le slogan « L'espoir est en marche » avec la plateforme de renégocier la dette qui a été imposée à la Grèce par l'Union européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international. La plate-forme comprend diverses mesures visant à renverser les compressions brutales faites au cours des cinq dernières années, comme l'augmentation du salaire minimum et des pensions qui ont été sévèrement coupées, la création de 300 000 emplois, la réembauche de plus de 10 000 fonctionnaires licenciés, la fourniture d'électricité et de repas gratuits à plusieurs centaines de milliers de ménages appauvris et des soins médicaux gratuits pour ceux qui n'ont pas d'assurance.
Les représentants des intérêts financiers brutaux qui volent sans merci la Grèce font semblant d'accepter de discuter de nouvelles conditions mais en substance ils réitèrent leurs menaces, leur chantage et leurs exigences. Ils ont indiqué clairement qu'ils s'attendent à ce que la Grèce respecte les termes de son accord de sauvetage de 240 milliards d'euros qui comprend un remboursement de prêt de 17 milliards en 2015.
« Nous croyons que la Grèce a accepté des termes qui n'ont pas été annulés par l'élection », a déclaré le 26 janvier Steffen Seibert, porte-parole de la chancelière allemande Angela Merkel. Parallèlement, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble a déclaré : « Il y a des règles, il y a des accords ».
Le chef des ministres des Finances de la zone euro,
Jeroen Dijsselbloem a dit : « Je ne pense pas qu'il y
ait beaucoup d'appui pour [une restructuration] dans la zone
euro. »
UPI rapporte que « les créanciers ont proposé un prolongement du programme de sauvetage existant et rien de plus. La division entre Tsipras et les créanciers de la Grèce est si grande que certains voient une sortie grecque de l'euro d'ici quelques mois, et la marge de la victoire par le parti Syriza préoccupe certains en Europe qui voient plusieurs mouvements de gauche prendre leur essor dans d'autres pays européens, a spéculé le Wall Street Journal »
Les exigences des créanciers violent le droit souverain du peuple grec de décider de ses affaires, y compris de se retirer d'un programme de « sauvetage » qui a seulement endetté et appauvri davantage le peuple pour le faire payer pour une crise qu'il n'a pas créée.
Les exigences incessantes de l'Allemagne sont particulièrement arrogantes et hypocrites. Les lecteurs du LML se souviendront que lorsque la chancelière Angela Merkel a visité la Grèce en 2012, elle a été accueillie par des cris de « Tu n'es pas bienvenue, Imperialisten raus ! » (impérialistes, dehors ! ) et « Non au 4e Reich ». Sur une des bannières on pouvait lire « Hors d'ici, Merkel, la Grèce n'est pas ta colonie » et « Ce n'est pas une Union européenne, c'est de l'esclavage ». Comme l'a écrit Le Marxiste-Léniniste à ce moment-là, « Ces actions ont démontré le profond rejet des mesures brutales d'austérité qui sont imposées au peuple grec et dont Merkel s'enorgueillit. Elles ont aussi exposé le fait que la situation financière actuelle de la Grèce est attribuable au vol de l'or de la Grèce durant la Deuxième Guerre mondiale. Cet or n'a jamais été rendu et est toujours dû au peuple grec avec intérêt accumulé. L'hebdomadaire allemand Die Zeit calcule que les dommages financiers infligés à la Grèce par l'Allemagne durant la guerre se chiffrent à 70 milliards d'euros. L'Accord de Londres de 1953 a reporté le règlement des réparations envers la Grèce jusqu'à ce que l'Allemagne soit réunifiée. Malgré cela, un nouveau traité signé en 1990 a exclu la possibilité de réparations. »
Les terribles effets de l'austérité que subit le peuple grec soulignent le besoin urgent de mettre fin à cette soumission à l'oligarchie financière. Les conséquences en sont une réduction de 40 % des dépenses en santé publique, un taux de pauvreté de 21 %, un taux de pauvreté parmi les enfants de plus de 40 %, un taux de chômage de 26,8 %, un taux de chômage parmi les jeunes de 50 %, un bond de la mortalité à la naissance de 20 %, le retour du paludisme après des compressions dans les programmes d'éradication des moustiques et une augmentation du VIH parce que les programmes d'échange de seringues ont manqué de seringues propres, parmi beaucoup d'autres problèmes graves.
Même la tribune de l'oligarchie financière le Financial Times est forcée d'admettre le caractère frauduleux et insensé d'un programme de sauvetage qui n'a jamais été destiné à aider le peuple grec. Martin Wolf, dans un article du 27 janvier paru dans le Financial Times, souligne que « les prêts fournis par la zone euro et le Fonds monétaire international représentent la somme gigantesque de 226.7 milliards d'euros (environ 125 % du PIB), ce qui est à peu près les deux-tiers de la dette publique totale de 175 % du PIB. La plus grande partie de tout cela n'a pas bénéficié aux Grecs, mais a été prêtée pour éviter la dépréciation des créances douteuses engagées par le gouvernement grec et les banques grecques. Seulement 11 % des prêts ont financé directement les activités du gouvernement. Un autre 16 % est allé aux paiements d'intérêts. Le reste a été canalisé vers des transactions de capitaux de différentes sortes : l'argent est venu et est reparti aussitôt ».
ThinkProgress écrit : « Alors que l'Union européenne, dirigée par l'Allemagne, a imposé l'austérité au nom de la promotion de la stabilité économique, les faits montrent que la réduction des dépenses en pleine crise économique a prolongé la crise et l'a rendue plus douloureuse. L'économie grecque a à peine commencé à renouer avec la croissance, principalement en raison de l'assouplissement de l'austérité au fil du temps. »
1. L'élection s'est tenue suite à l'échec du Parlement grec à élire un président de l'État avant la fin décembre de l'an dernier. Le seul candidat en lice, Stavros Dimas, proposé par le gouvernement pro-austérité du temps dirigé par le parti néolibéral Démocratie nouvelle, a été rejeté par une majorité de députés ce qui a causé la dissolution du parlement et le déclenchement d'une élection anticipée. Le gouvernement précédent avait été élu aux élections générales de mai 2012 pour un mandat de quatre ans.
2. Lors de l'élection, le parti Nouvelle démocratie, l'un des principaux partis de la coalition gouvernementale précédente qui a collaboré avec les créanciers étrangers afin d'imposer l'austérité, a été réduit de 129 sièges à un creux historique de 76 sièges. PASOK, le parti social-démocrate, un partenaire de la coalition avec Nouvelle démocratie, a été réduit de 33 à 13 sièges. Un nouveau parti politique To Potami est entré au Parlement avec 17 sièges. Voici les résultats complets :
Parti |
Sièges |
Changement
de
sièges |
Nombre
de
votes
reçus |
Votes
exprimés |
Variation (%) |
Syriza |
149 |
+78 |
2,246,064 |
36.3 |
+9.4 |
Nouvelle démocratie |
76 |
-53 |
1,718,815 |
27.8 |
-1.9 |
Aube dorée |
17 |
-1 |
388.447 |
6.3 |
-0.6 |
To Potami |
17 |
+17 |
373,868 |
6.1 |
(nouveau parti) |
Parti communiste de Grèce |
15 |
+3 |
338,138 |
5.5 |
+1.0 |
ANEL |
13 |
-7 |
293, 371 |
4.8 |
-2.7 |
PASOK |
13 |
-20 |
289, 482 |
4.7 |
-7.6 |
Le taux de participation a été de 63,9 % des 9 808 760 électeurs admissibles.
(Sources : TeleSUR, Wikipedia, RT, ThinkProgress, Reuters, France24, Financial Times, Le Marxiste-Léniniste)
Écrivant au sujet des élections en Grèce, le Workers' Weekly, publié par le Parti communiste révolutionnaire de Grande-Bretagne (marxiste-léniniste), souligne entre autres :
« Dans l'ensemble les résultats montrent que les Grecs rejettent fermement le statu quo et les forces qui ont ouvertement favorisé l'establishment européen. Les vieilles forces n'ont pas été capables de résoudre les problèmes et ont perpétué le statu quo, et le vieux système de cartel politique s'est effondré, comme en attestent la baisse importante du vote pour les néo-démocrates qui étaient au pouvoir et la pitoyable performance du vieux parti de la gauche officielle, le PASOK, qui n'a remporté que 13 sièges.
« Une des conséquences de cet effondrement a été la formation ou la montée de petits partis. Par exemple, le nouveau parti La Rivière (To Potami), formé en février de l'année dernière, est en troisième place au parlement. On peut donc dire que les résultats sont l'expression de l'instabilité d'un vieux système politique où le vieux modèle de parti ne convient plus et que ce par quoi tout cela va être remplacé reste à consolider.
« Les élections ont été submergées dans la désinformation des médias grecs et internationaux et marquées par l'intervention ouverte de l'establishment européen. On a cherché à discréditer et donner une fausse image de Syriza et à créer la peur pour désorienter le peuple et lui voler l'initiative.
« Un élément central de cette désinformation est la caractérisation de Syriza comme 'extrême gauche'. L'idée qu'on voulait faire passer est qu'il n'y a pas d'alternative à l'austérité. Proposer une alternative et suggérer que les besoins de la population peuvent être plus prioritaires par rapport aux autres réclamations à l'économie de la Grèce seraient des propositions radicales, même extrêmes. Ces politiques extrêmes mèneraient au chaos, alors les électeurs auraient intérêt à se méfier de la montée de ce nouveau parti, selon cette logique.
« La non-ambiguïté du résultat de l'élection est donc l'affirmation d'une prise de position qui s'est formée face à la campagne de peur et à la désinformation. C'est l'affirmation qu'il y a une alternative à l'austérité.
« La Grèce connaît l'austérité dans sa forme la plus brutale et les Grecs commencent à dire qu'assez, c'est assez. La conscience d'une alternative nécessaire grandit, la conscience que la résistance à l'austérité ne peut se limiter à réagir. La nécessité de créer les conditions pour que le peuple puisse commencer à formuler ses propres solutions et développer sa politique indépendante est devenue plus évidente, le besoin de créer un espace pour que le peuple puisse mettre tout son poids dans la balance, pour qu'il soit plus difficile pour les forces favorables à l'austérité de s'imposer et de poursuivre sur la vieille voie.
« Le vote est une expression d'une prise de conscience du besoin de stratégie et tactiques, d'élever le niveau politique de la population. Les élections ont été un champ de bataille de la politique pratique, qui devait se résoudre en faveur du peuple et de sa capacité à s'unir dans l'action pour mettre fin à l'austérité.
« L'élection de Syriza avec une si grande marge de manoeuvre malgré la campagne de peur et de désinformation est donc significative. La plate-forme de Syriza n'est pas en soi révolutionnaire. Mais elle est un obstacle à l'austérité et a donc son importance pour toute l'Europe. »s
(Workers' Weekly, 31 janvier 2015. Traduction : LML)
Le Forum économique mondial de Davos
Commentaires sur le Forum économique mondial et
sa politique
Le Forum économique mondial (FEM) est devenu un ardent défenseur idéologique et politique de la mondialisation impérialiste et du contrôle des institutions publiques par des intérêts monopolistes privés. Avec 500 employés, principalement en Europe et aux États-Unis, et une montagne d'argent provenant de ses membres fortunés, le FEM fait un travail idéologique et politique constant au service de son ordre du jour impérialiste.
Le FEM considère le contrôle de l'autorité publique par des intérêts privés comme le moyen par lequel des monopoles spécifiques peuvent soutenir et faire croître leur richesse sociale accumulée. Cet objectif est résumé dans sa doctrine : « Le FEM est une institution internationale ayant pour but d'améliorer par la coopération public-privé la situation socio-économique mondiale qui réunit des dirigeants d'entreprise, des responsables politiques du monde entier ainsi que des intellectuels et des journalistes et d'autres dirigeants de la société afin de débattre des problèmes les plus urgents de la planète, [...] y compris la mise en place d'un agenda global de libéralisation de l'économie et des règles du commerce mondial. »
Dans ses articles et rapports sur son site web, le FEM pousse constamment sa doctrine de politique pratique axée sur les intérêts monopolistes privés de ses membres. Dans ce but, les rapports et les mesures de politique sont pragmatiques et ouverts à tout ce qui fonctionne ou est nécessaire aux yeux des détenteurs de la richesse sociale. Pour réussir, soutient le FEM, la richesse sociale accumulée dans la structure des monopoles privés dominants doit exercer un contrôle sur l'autorité publique ou l'État et toutes les institutions.
Le contrôle des monopoles privés sur l'État et ses institutions publiques se traduit par une dictature sur le peuple et l'économie. Cela garantit aux monopoles en position dominante, qui contrôlent l'État, le pouvoir et la liberté dont ils ont besoin pour défendre et accroître leur richesse sociale en exploitant la classe ouvrière, les instruments sociaux de production et les ressources naturelles au pays et à l'étranger. Bien entendu, cela provoque des tensions et des luttes constantes entre les monopoles pour le contrôle de l'économie et pour le contrôle de l'État, qui peuvent éclater à tout moment en une guerre civile ouverte. Actuellement, la lutte pour le contrôle de l'État et la rivalité entre les monopoles et les détenteurs individuels de la richesse sociale sont extrêmement prononcées aux États-Unis.
Le Canada fait partie des pays membres du système impérialiste d'États reconnu par le FEM. Les fonds publics et les institutions de l'État canadien sont mobilisés au service de monopoles privilégiés. Toutes les institutions de l'État sont devenues ou en train de devenir des partenariats publics-privés consacrés à l'élargissement de la richesse sociale de certains monopoles privilégiés. La politique officielle est réduite à défendre les intérêts privés des monopoles qui contrôlent l'État. Tout, la société, les citoyens et les ressources, est organisé pour assurer le succès de monopoles privilégiés qui exploitent la classe ouvrière au pays et à l'étranger et rivalisent avec d'autres monopoles du système impérialiste d'États.
Toute opposition à la politique sous contrôle des monopoles est considérée comme illégitime et condamnée tant au pays qu'à l'étranger. Dans les pays, cela se traduit par des lois de plus en plus répressives et des pouvoirs policiers accrus pour réprimer le droit de conscience et le droit de résistance à l'exploitation. Dans leur marche incessante pour imposer la mondialisation impérialiste dans le monde et vaincre leurs concurrents, les monopoles et leurs États entrent en conflit avec les peuple qui refusent l'oppression et l'exploitation et avec d'autres États contrôlés par des intérêts monopolistiques privés rivaux. Le gouvernement Harper est maintenant enferré dans une guerre active en Irak pour prendre le contrôle absolu de la région au nom des monopoles privés qui contrôlent les États américains et canadiens.
Au niveau international, le FEM ne parle que rarement des pays. Il ne reconnaît que les économies, les industries, les entreprises et les régions. Les pays qui se permettent de défendre leurs intérêts contre la mondialisation impérialiste ou en concurrence avec les monopoles du Canada et des États-Unis sont déclarés illégitimes et activement « illégitimés ». Ces États « illicites » deviennent la cible d'un changement de régime comme la Syrie, Cuba, la République populaire démocratique de Corée, le Venezuela et la Russie.
Le FEM ne parle jamais des classes sociales, car cela va à l'encontre des intérêts privés des monopoles qui le patronnent. Le FEM a éliminé la réalité des classes sociales et de la lutte de classe de son vocabulaire, sinon de sa politique pratique. La façon dont les gens gagnent leur vie et la manière de déterminer leur appartenance de classe sociale sont remplacés par le concept de l'inégalité de richesse sociale ou sa position sur une échelle de rémunération. Pour le FEM, l'inégalité de richesse sociale ou de revenu existe en dehors de la condition sociale des classes et de l'oppression de classe, de l'exploitation et de la résistance. Les problèmes d'inégalités doivent être résolus par les détenteurs de la richesse sociale, principalement en faisant la charité, mais aussi par des programmes sociaux qui sont très lucratifs pour certains monopoles.
En ce qui concerne les problèmes de l'économie impérialiste, le FEM est pragmatique et souple dans sa conception du monde. Par exemple, il promeut à la fois l'austérité et l'anti-austérité en autant que l'objectif des mesures proposées reste de servir les intérêts privés des détenteurs privilégiés de la richesse sociale aux commandes. Sur son site web et lors de ses forums, des représentants de la Banque mondiale et du FMI prônent le strict respect de l'orthodoxie de l'austérité et font même la promotion de politiciens comme Larry Summers qui écrit : « la déflation et la stagnation séculaire sont les risques de notre époque », tout en prônant des stimuli économiques, l'assouplissement quantitatif (l'injection des fonds de l'État dans l'économie au-delà de sa croissance) et les dépenses dans l'infrastructure. Le FEM applaudit et encourage tout ce qui sert les objectifs de l'élite privilégiée, qui s'est emparée du contrôle de l'économie et de l'État pour défendre et accroître sa richesse sociale.
Dans certains articles, le FEM prône la fin de toute restriction au droit de monopole pour permettre aux détenteurs de la richesse sociale et à leurs monopoles d'accroître leurs actifs sans avoir à tenir compte des conséquences sociales et naturelles. Dans d'autres articles, le FEM déclare que certaines mesures sont nécessaires, par exemple, pour restreindre les émissions de CO2 afin que des monopoles verts de propriété privée puissent prendre de l'expansion et prospérer. L'ancien vice-président des États-Unis devenu milliardaire vert, Al Gore, président et co-fondateur de Generation Investment Management, est toujours présent aux événements du FEM, contribuant à coup sûr à ses activités. Gore ainsi que Pharrell Williams, directeur artistique, et Bionic Yarn, ambassadeur des monopoles, organisent une série de concerts Live Earth dans le but de faire la promotion de leurs entreprises, et le FEM est un partenaire actif de ces événements.
Le FEM et son collectif privilégié de détenteurs de richesse sociale tentent de consolider leur emprise idéologique sur le peuple et la société en éliminant la classe ouvrière en tant que facteur humain primordial de l'économie moderne, non pas en pratique, bien sûr, mais idéologiquement. Ce sont les entreprises et les consommateurs qui sont présentés comme les forces sociales dynamiques de l'économie, effaçant du revers de la main la classe ouvrière en tant que producteurs réels ayant leur pensée, leur idéologie et leur politique indépendantes. Le FEM considère que « l'alliance entre les entreprises et les consommateurs est la force motrice du changement dans la société ».
En tant que consommatrice, la classe ouvrière entretient des rapports d'égalité avec les entreprises sur le marché. Les entreprises ont des services ou des biens à vendre et les travailleurs ont de l'argent à dépenser. Les deux sont impliqués dans des échanges simples de biens et de services et les deux s'attendent à recevoir la pleine valeur pour leurs échanges. Le fait de promouvoir cette relation en tant que « force motrice du changement » élimine la contradiction fondamentale de l'économie moderne entre la nature sociale de la production de masse et la propriété et le contrôle privés. Est aussi éliminée de la conscience sociale la classe ouvrière en tant que seul facteur organisé en mesure de faire avancer la société afin d'harmoniser les relations entre individus, entre les individus et les collectifs, et entre les individus et les collectifs et la société. À cet égard, le FEM évite de parler de la relation de la classe ouvrière avec les détenteurs de la richesse sociale à l'endroit de travail. Cette relation de production est profondément inégale, instable et est dûe depuis longtemps pour un changement révolutionnaire.
Le FEM réduit son opinion à une question de politique de la nation unique où les classes et les couches sociales abandonnent leurs opinions, leurs intérêts et leur politique indépendants et se plient à la volonté et au diktat des monopoles dominants qui contrôlent l'État. Les producteurs de fait, la classe ouvrière moderne, sont privés de leur droit d'affirmer leur leadership de la société et d'acquérir et de contrôler les moyens de production socialisés ainsi que la distribution des biens et des services de l'économie, que les travailleurs produisent en se servant des instruments de production qu'ils ont d'abord produits.
La contradiction entre les forces sociales de la production et leur propriété et contrôle privés est au coeur même de tous les sérieux problèmes affligeant l'économie, problèmes qui sont toujours sans solution, et la cause des crises économiques récurrentes, de l'inégalité croissante, des guerres prédatrices et inter-impérialistes sans fin et de la nature destructrice et arbitraire du privilège de classe.
Les monopoles les plus dominants ont étendu leur pouvoir et leur privilège de classe de sorte à contrôler directement les institutions publiques de l'État. Dans cette situation, l'État représente et défend les intérêts privés étroits de certains détenteurs de la richesse sociale en contradiction avec tous les autres membres de la société. L'État est devenu l'instrument non seulement de la classe de détenteurs de richesse sociale mais d'une élite privilégiée au sein même de cette classe sociale. Cela ne peut mener qu'à une insécurité croissante, à l'anarchie et à la violence à la fois au sein de la société et dans ses relations avec les autres peuples du monde. Une nouvelle direction est nécessaire pour la politique et l'économie du Canada, une direction qui remet en cause le contrôle de l'État et de ses institutions publiques par une petite élite privilégiée dominante de détenteurs de la richesse sociale et ses représentants.
Troisième
sommet
de
la
Communauté
des États
d'Amérique latine et des
Caraïbes
Le troisième sommet de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes (CELAC) a eu lieu dans la capitale du Costa Rica dans un environnement qui favorisait l'unité et l'intégration régionale, rapporte l'agence de nouvelles Prensa Latina.
La CELAC rassemble 33 nations d'Amérique latine et des Caraïbes, tous les pays des Amériques à l'exception des États-Unis et du Canada, et représente environ 600 millions de personnes. Elle fut créée en 2010 lors du sommet du Groupe de Rio à Cancún, au Mexique, et officiellement inaugurée avec la signature de la Déclaration de Caracas le 3 décembre 2011 au Venezuela.
La réunion a été déclarée ouverte en présence de 21 chefs d'État et de gouvernement et d'autres représentants des pays membres de la CELAC.
Pendant plus de 10 heures, vingt dirigeants ont présenté la position de leurs gouvernements sur les questions cruciales qui affectent la région, incluant le besoin de faire face ensemble aux nouveaux défis, écrit Prensa Latina.
Le président du Costa Rica, Luis Guillermo Solis a dit que la diversité dans la réflexion et l'unité dans l'action doivent être la plus grande force et le point d'appui qui guident la Communauté.
Les progrès qui ont été faits en direction de cet objectif ont été soulignés par le président de Cuba, Raúl Castro, qui a dit que « Notre Amérique est entrée dans une nouvelle ère et a progressé depuis la création de la Communauté des États d'Amérique latine et des Caraïbes ».
Pour développer l'unité dans la diversité, l'action cohérente et le respect des différences resteront notre objectif premier et une nécessité incontournable parce que les problèmes du monde sont devenus plus complexes », a-t-il dit.
Les chefs d'État et de gouvernement ont tous
demandé que cesse le
blocus vieux de plus d'un demi-siècle des États-Unis
contre Cuba.
Les dirigeants ont aussi salué la décision des présidents de Cuba, Raul Castro, et des États-Unis, Barack Obama, de restaurer les relations diplomatiques entre les deux pays, rompues par les États-Unis en 1961.
L'appui au processus de paix en Colombie, la décision d'aller de l'avant dans la lutte contre la pauvreté et les inégalités sociales sont des points communs qui ont été soulevés.
Le sommet s'est conclu par l'adoption d'une déclaration politique, de déclarations à propos de divers sujets et d'un plan d'action pour 2015.
Le président vénézuélien Nicolas Maduro |
Le président vénézuélien Nicolas Maduro a dit que l'Amérique latine vit une « nouvelle ère historique » marquée par l'unité et une grande opportunité. Le président Maduro a aussi prédit que le 21e siècle « marquera la fin de l'impérialisme. »
Il a appelé ses collègues à poursuivre les efforts pour renforcer l'intégration régionale. « J'en appelle à la volonté politique [nécessaire], au respect et à la diversité nécessaire qui permettent de continuer dans la voie de la construction d'une nouvelle Amérique latine et de nouvelles Caraïbes. Du Venezuela, nous continuerons d'apporter notre modeste contribution avec volonté, amour et patience », a dit Maduro.
Il a aussi endossé l'intervention du Nicaragua en faveur de l'indépendance de Puerto Rico et réitéré son appel à la levée du blocus contre Cuba.
Le président Maduro a dénoncé la visite des anciens présidents du Chili, de la Colombie et du Mexique au Venezuela pour y participer à un forum organisé par l'opposition de droite. « Cela n'est pas tolérable dans la vie politique actuelle de l'Amérique latine et des Caraïbes », a dit Maduro. Il a demandé si tout autre chef d'État de la région tolérerait une opposition cherchant à le chasser du pouvoir par des coups et autres moyens antidémocratiques.
Le discours de Maduro fut suivi par celui du président bolivien Evo Morales, qui a aussi centré ses commentaires sur le progrès réalisé par la région face à l'impérialisme nord-américain.
« Cette intégration a eu lieu près de 200 années après la fondation de la république, 200 années sous divers empires », a dit le président Morales, ajoutant qu'il espérait « une libération définitive pour nos peuples. »
Le président bolivien Evo Morales |
Plus tard, le président Morales a souligné l'importance des mouvements sociaux dans la région lors d'une conférence de presse suite à sa rencontre avec divers représentants de ces mouvements. Il a salué leur détermination et leur esprit résolu qui, a-t-il dit, ont aidé à réaliser un profond processus de transformation politique à l'échelle de la région.
« Le capitalisme et le néolibéralisme infligent des dommages à l'humanité et à la nature. Ils ont échoué en tant que modèle, un modèle qui ne bénéficie pas au peuple », a dit Morales dans un discours qui a souligné le besoin de construire un nouveau modèle économique mondial.
Il a ajouté que l'État doit jouer un rôle important dans l'économie en termes de réglementation et de propriété de la production domestique.
Morales a dit que le succès économique de la Bolivie est dû largement à la décision de son gouvernement d'accroître de beaucoup son contrôle sur les ressources naturelles du pays. Cela a mené à des revenus gouvernementaux accrus qui ont permis au pays d'éliminer sa dépendance envers les instituions financières internationales et les agences étrangères d'aide au développement.
Morales a fait valoir l'importance d'être indépendant des institutions financières internationales comme le FMI et la Banque mondiale, ajoutant que le FMI ne possède plus de bureaux à la Banque centrale de Bolivie.
« Pour avoir la liberté économique, vous devez avoir la liberté politique », a-t-il dit.
Dans le cadre des efforts pour atteindre la souveraineté politique, Morales a souligné l'importance de réduire la dépendance de la Bolivie envers les États-Unis et dit qu'auparavant le pays avait permis aux États-Unis d'exercer un contrôle « géo-politique » par la soi-disant guerre contre la drogue.
« Aujourd'hui nous leur montrons comment lutter contre le narcotrafic en s'appuyant sur le peuple », a-t-il dit.
Suite à la décision du président Morales d'expulser l'ambassadeur des États-Unis Phillip Goldberg en 2008 pour « conspiration contre la démocratie et tentative de diviser le peuple » et d'expulser aussi la Drug Enforcement Agency (DEA) et l'USAID en 2013, pour les mêmes motifs, l'aide américaine à la Bolivie a chuté de 99,7 millions $ US en 2008 à 5,2 millions $ en 2013, et à zéro pour l'exercice 2014.
Dans un autre développement lors du sommet, le président du Parti indépendantiste portoricain a appelé la CELAC à aider Puerto Rico, un territoire étasunien, à regagner sa souveraineté. Puerto Rico a été cédé aux États-Unis en 1898 suite à la Guerre hispano-américaine. Le peuple de Puerto Rico a combattu sans relâche pour son indépendance d'abord face à l'Espagne puis aux États-Unis.
« La persistance du colonialisme dans ma patrie Puerto Rico constitue un affront à la dignité de Notre Amérique », a dit Ruben Berrios Martinez. « Le colonialisme est une violation des droits humains les plus fondamentaux. Le droit inaliénable à la libre détermination et à l'indépendance est une règle de droit international absolue. »
Berrios Martinez a demandé à la CELAC d'élaborer un plan pour que l'Assemblée générale de l'ONU prenne position sur le cas de Puerto Rico et demande que le gouvernement américain libère Oscar Lopez Rivera, « le plus ancien prisonnier politique au monde, en prison depuis près de 34 ans ». López Rivera a eu 70 ans récemment. Il a été condamné en 1981 pour conspiration séditieuse en raison de sa participation au mouvement pour l'indépendance porto- ricaine et condamné à 55 années de prison.
Dans sa pétition à la CELAC, Berrios Martinez a souligné la nouvelle relation entre Washington et Cuba et dit que cela signifie qu'« il serait inconcevable de maintenir le statut colonial de Puerto Rico. »
L'Équateur a assumé la présidence pro-tempore de la CELAC au sommet, prenant le relais du Costa Rica. Le président équatorien Rafael Correa a énoncé les mesures radicales que prendra la CELAC en 2015.
« Nous devons avancer et nous développer beaucoup plus rapidement », a-t-il dit avant de détailler cinq secteurs de travail.
Premièrement, Correa a réitéré son engagement à éradiquer la pauvreté et l'inégalité. Deuxièmement, la CELAC visera l'éducation, « le pas le plus important vers le développement. » Il a noté qu'à présent, l'Amérique latine n'a aucune des meilleures universités du monde, mais vise à en avoir 12 dans l'avenir.
La science, la technologie et l'innovation sont la troisième priorité, suivies par l'environnement. « Nous devons élever nos voix contre la catastrophe du changement climatique », a dit Correa aux délégués de la CELAC. Cinquièmement, la CELAC, doit fournir le financement pour l'infrastructure, pour laquelle l'investissement s'est accru de 6,2 % l'année dernière.
Correa a critiqué les fonds d'investissements vautours, comme ceux qui ont menacé l'économie et la souveraineté de l'Argentine. Il a suggéré qu'à l'avenir, les pays du BRICS — Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du sud — pourraient fournir des avenues de financement alternatives, et ajouté que la CELAC pourrait et devrait fournir l'impulsion à un nouvel ordre financier.
Le président équatorien a confirmé que la CELAC « rejette l'agression et la guerre économique contre le Venezuela » et a offert son appui à la Colombie « dans sa quête pour la paix. »
(Sources : Prensa Latina, TeleSUR. Photos : Venezuelan Presidency, AVN)
Voici l'ntervention de Raul Castro Ruz, président
du
Conseil d'État et du Conseil des ministres de la
République de Cuba, au IIIe Sommet de la Communauté des
États latino-américains et caribéens (CELAC) tenu
à San José du Costa Rica le 28 janvier 2015.
Le président cubain Raul Castro Ruz |
Cher président Luis Guillermo Solís ;
Chers chefs d'État ou de gouvernement d'Amérique latine et des Caraïbes ;
Chers chefs de délégations et invités qui nous accompagnez,
Notre Amérique, qui s'est engagée dans une époque nouvelle, a, depuis la création de la Communauté des États latino-américains et caribéens, progressé vers ses objectifs : indépendance, souveraineté sur les ressources naturelles, intégration, mise en place d'un nouvel ordre mondial, justice sociale et démocratie du peuple, par le peuple et pour le peuple. L'attachement à la justice et au droit des peuples est supérieur à celui de n'importe quelle autre période historique.
Ensemble, nous sommes la troisième économie mondiale, nous possédons les deuxièmes plus grandes réserves de pétrole, la plus grande biodiversité de la planète, et concentrons une bonne part des ressources minières mondiales.
Développer l'unité dans la diversité, agir à l'unisson, respecter nos différences restera notre premier objectif et une nécessité incontournable, car les problèmes du monde s'aggravent, tandis que persistent de grands dangers et de terribles problèmes qui dépassent les capacités nationales, voire sous-régionales.
Les politiques économiques et sociales et la croissance soutenue de notre région nous ont permis cette dernière décennie de faire face à la crise économique mondiale et de réduire la pauvreté, le chômage et la distribution inéquitable de la richesse.
Les profondes transformations politiques et sociales opérées dans plusieurs pays de la région ont apporté la dignité à des millions de familles, enfin sorties de la pauvreté.
Pourtant, l'Amérique latine et les Caraïbes restent la région la plus inéquitable de la planète. Ainsi, 20 % des foyers à plus bas revenu possèdent 5 % des revenus totaux ; 167 millions de personnes souffrent encore de la pauvreté ; 1 enfant de moins de quinze ans sur 5 vit dans l'indigence, et plus de 35 millions de personnes sont analphabètes.
La moitié de nos jeunes ne conclut pas le deuxième cycle du second degré, ce chiffre se montant à 78 % dans le secteur à plus bas revenu. Les deux tiers de la nouvelle génération n'entrent pas à l'université.
Le président costaricain Luis Gillermo Solis accueille le président Castro. |
Les victimes de la criminalité organisée et de la violence, lesquelles menacent la stabilité et le progrès des nations, ne cessent de croître.
Que penseront les dizaines de millions de marginaux de la démocratie et des droits de l'homme ? Comment jugeront-ils les modèles politiques ? Que penseront-ils des lois électorales ? Est-ce donc cela la société civile dont tiennent compte les gouvernements et les organisations internationales ? Que diraient-ils des politiques économiques et monétaires si on leur demandait leur avis ?
Dans ce domaine, nombre des États industrialisés n'ont pas grand-chose à montrer à notre région, eux dont la moitié des jeunes sont au chômage, qui font retomber la crise sur les travailleurs et les étudiants qu'ils répriment tout en protégeant les banquiers, qui entravent la syndicalisation, qui paient des salaires inférieurs aux femmes pour un travail égal, qui recourent à des politiques inhumaines contre les immigrants, où croissent le racisme, la xénophobie, la violence extrémiste et les tendances néofascistes, et dont les citoyens ne votent pas parce qu'ils ne voient pas de solution à la corruption des politiciens ou parce qu'ils savent que ceux-ci oublient très vite leurs promesses électorales.
Pour instaurer ce qu'on appelle l'inclusion sociale et la durabilité environnementale, nous devrons créer notre vision à nous des systèmes économiques, des modèles de production et de consommation, du rapport entre croissance économique et développement et des modèles politiques efficaces.
Nous devons combler les écarts structurels, garantir une éducation gratuite et de grande qualité, une couverture de santé universelle et complète, la sécurité sociale pour tous, des chances égales, et la jouissance de tous les droits humains à toutes les personnes.
Dans le cadre de ces efforts, la solidarité avec les pays caribéens, en particulier avec Haïti, et la défense de leurs intérêts constitueront un devoir élémentaire.
Il faut instaurer un nouvel ordre économique,
financier et monétaire international, qui tienne compte, en
priorité, des intérêts et des besoins des pays du
Sud et des majorités, et où ceux qui imposent la
concentration du capital et le néolibéralisme ne
l'emporteront pas.
Le Programme de développement pour l'après-2105 doit offrir des solutions aux problèmes structurels des économies de notre région et engendrer des changements qui conduiront au développement durable.
Il est tout aussi indispensable de bâtir un monde de paix, sans lequel le développement sera impossible et où régiront les principes de la Charte des Nations Unies et du droit international.
La signature par les chefs d'État ou de gouvernement de la Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix a constitué un pas historique et nous sert de référent pour nos relations entre nos pays et avec le reste du monde.
La solidarité dans Notre Amérique sera
décisive pour faire progresser nos intérêts communs.
Nous condamnons énergiquement les sanctions inacceptables et injustifiables imposées unilatéralement à la République bolivarienne du Venezuela, et l'ingérence extérieure permanente qui vise à créer un climat d'instabilité dans cette nation soeur. Cuba, qui connaît par coeur toutes ces histoires parce qu'elle en a souffert pendant plus de cinquante ans, réitère son appui le plus résolu à la Révolution bolivarienne et à son gouvernement légitime conduit par le président Nicolás Maduro Moros.
Nous joignons notre voix à celle de la République argentine quand elle réclame la restitution des îles Malouines, de Georgia du Sud et de Sandwich du Sud, et des espaces maritimes environnants. Nous appuyons cette nation sud-américaine et sa présidente Cristina Fernández quand elles font face aux attaques de fonds spéculatifs et aux sentences de cours vénales qui violent sa souveraineté.
Nous réaffirmons notre solidarité avec le peuple et le gouvernement équatoriens, que préside Rafael Correa, quand ils réclament des indemnisations à la transnationale Chevron pour les dommages environnementaux qu'elle a provoqués dans l'Amazonie équatorienne.
Notre Communauté sera incomplète, je l'ai déjà dit, tant qu'il lui manquera Porto Rico dont la situation coloniale est inadmissible, et dont le caractère latino-américain et caribéen ne fait aucun doute.
En ce qui concerne les conversations visant à instaurer la paix en Colombie, les accords obtenus par le gouvernement et les Forces armées révolutionnaire de Colombie/Armée du peuple à La Havane sont significatifs : jamais on n'était allé sur loin sur la voie de la paix. Cuba, en tant de garant et siège de ces conversations, continuera de fournir toutes les facilités requises et de contribuer dans toute la mesure du possible à la cessation du conflit et à l'édification d'une paix juste et durable dans cette nation soeur.
Nous continuerons d'appuyer résolument la juste réclamation des pays caribéens qui demandent de réparations pour les dommages que leur ont causés l'esclavage et le colonialisme, et nous opposerons tout aussi fermement à la décision de les priver de ressources financières indispensables sous le prétexte technocratique qu'il s'agirait censément de pays à revenu intermédiaire.
Nous nous félicitons des excellents progrès faits au Forum CELAC-Chine et du renforcement des liens de notre région avec le groupe BRICS.
Nous redisons notre inquiétude devant les dépenses militaires énormes et croissantes imposées au monde par les États-Unis et l'OTAN, ainsi que devant leur tentative d'étendre leur présence agressive jusqu'aux frontières de la Russie, un pays avec lequel nous avons des relations historiques, fraternelles et mutuellement avantageuses. Nous nous opposons résolument aux sanctions injustes qui lui ont été imposées unilatéralement.
L'agressivité croissante de la doctrine militaire de l'OTAN et le déroulement de guerres non classiques, qui ont déjà eu des conséquences dévastatrices et de graves séquelles, menacent la paix et la sécurité internationales.
Aux yeux de Cuba, l'égalité souveraine des États-Unis et l'autodétermination des peuples sont des principes incontournables.
L'Assemblée générale de l'Organisation des Nations Unies doit utiliser ses facultés pour préserver la paix et la sécurité internationales face au deux poids deux mesures, aux excès et aux omissions du Conseil de sécurité.
On ne saurait attendre plus longtemps pour reconnaître comme membre de plein droit la Palestine à laquelle je transmets la solidarité du peuple et du gouvernement cubains. C'en est assez de recourir au veto pour garantir que les crimes d'Israël restent impunis.
L'Afrique, où se trouvent aussi nos racines, n'a pas besoin de conseils ni d'ingérence, mais du transfert de ressources financières, de technologie et d'un traitement juste. Nous défendrons toujours les intérêts légitimes des nations avec lesquelles nous avons lutté coude à coude contre le colonialisme et l'apartheid et avec lesquelles nous avons des relations de coopération fraternelles. Nous nous rappellerons toujours leur solidarité et leur appui invariables.
Cuba défendra sans relâche les causes justes et les intérêts des pays du Sud et sera loyale à leurs objectifs et à leurs positions communes, car elle sait que la patrie est l'humanité. La politique extérieure de la Révolution cubaine reste fidèle à ses principes.
Chers collègues,
Le 17 décembre dernier, les militants antiterroristes cubains Gerardo Hernández, Ramón Labañino et Antonio Guerrero, qui sont pour nous un motif de fierté et un exemple de fermeté, sont rentrés dans leur patrie.
Le président des États-Unis a reconnu l'échec de la politique cubaine appliquée pendant plus de cinquante ans et l'isolement absolu qu'elle a provoquée pour son pays, ainsi que les préjudices que le blocus a causés à notre peuple, et il a ordonné de revoir l'inscription de toute évidence injustifiable de notre pays sur la liste des États parrainant le terrorisme international.
Il a également annoncé, ce même jour, sa décision de renouer les relations diplomatiques avec notre pays.
Ces changements sont le fruit de presque un demi-siècle de lutte héroïque du peuple cubain et de fidélité à ses principes. Mais ils ont été aussi possibles grâce à la nouvelle époque que vit notre région et à la demande résolue et courageuse des gouvernements et des peuples de la CELAC.
Notre Amérique l'a réclamé en union étroite à l'Organisation des Nations unies et dans toutes les instances.
Précédés par le Sommet de l'Alliance bolivarienne de Notre Amérique (ALBA) à Cumaná (Venezuela), les débats soutenus en 2009 au Sommet des Amériques de Port-of-Spain (Trinité-et-Tobago) ont poussé le président Obama, récemment élu, à parler de repartir du bon pied avec Cuba.
À Cartagena (Colombie), en 2012, de vives discussions ont conduit à une prise de position unanime et catégorique contre le blocus — ce qui poussa un important dirigeant étasunien à parler du gros échec ou, plus exactement, du grand « désastre » de Cartagena. Les débats ont aussi porté sur l'exclusion de Cuba de ces Sommets. L'Équateur avait déjà exprimé sa protestation en n'y assistant pas. Le Venezuela, le Nicaragua et la Bolivie ont fait savoir qu'ils n'assisteraient pas au prochain si Cuba n'y était pas, attitude soutenue par le Brésil, l'Argentine et l'Uruguay. La Communauté des Caraïbes a adopté la même attitude. Le Mexique et les autres nations ont fait le même genre de déclarations.
Le président panaméen, Juan Carlos Varela, a fait savoir, dès avant son investiture, qu'il inviterait Cuba sur un pied d'égalité au Septième Sommet des Amériques. Ce qu'il a fait. Cuba a aussitôt déclaré qu'elle y assisterait.
Martí avait vu juste en disant qu' « un principe juste du fond d'une caverne peut plus qu'une armée ». (Applaudissements.)
Au nom de Cuba, je vous exprime à tous ma plus profonde gratitude.
Je remercie aussi sincèrement, au nom de la nation, les cent quatre-vingt-huit États qui votent contre le blocus aux Nations Unies, à ceux qui ont appuyé cette même demande à l'Assemblée générale, aux Sommet et aux conférences internationales, et à l'ensemble des mouvements populaires, des forces politiques, des parlements et des personnalités qui se sont mobilisés sans relâche dans ce but.
Je réitère notre gratitude et nos sentiments amicaux au peuple étasunien qui n'a cessé de s'opposer toujours plus à une politique de blocus et d'hostilité datant de plus de cinquante ans.
Ces résultats prouvent que, malgré leurs profondes différences, des gouvernements peuvent, au profit de leurs nations respectives, trouver une solution à des problèmes grâce à un dialogue respectueux et à des échanges fondés sur l'égalité souveraine et sur la réciprocité.
Comme je n'ai cessé de le dire, Cuba et les États-Unis doivent apprendre l'art de coexister d'une manière civilisée, en respectant les différences entre leurs gouvernements et en coopérant sur des points d'intérêt commun, ce qui contribuera à régler les problèmes communs que connaissent le continent et le monde.
Mais qu'on ne prétende pas que Cuba renonce pour autant à ses idéaux d'indépendance et de justice sociale, ni qu'elle renie un seul de ses principes ni qu'elle cède d'un iota dans la défense de sa souveraineté nationale.
Nous ne nous laisserons pas provoquer, mais nous n'accepterons pas non plus qu'on prétende, en opportunistes, nous conseiller ou exercer des pressions sur nous en matière de questions intérieures. Nous avons gagné ce droit souverain au prix de grands sacrifices et des pires risques.
Imagine-t-on que les relations diplomatiques puissent se rétablir sans que la Section des intérêts de Cuba et son office consulaire à Washington retrouvent leurs services financiers coupés à cause du blocus financier ? Comment rétablir des relations diplomatiques sans que Cuba soit ôtée de la liste des États parrainant le terrorisme international ? Quelle sera la conduite des diplomates étasuniens à La Havane quant au respect des normes qu'établissent les conventions internationales relatives aux relations diplomatiques et consulaires ? C'est ce que notre délégation a dit au département d'État lors des conversations bilatérales de la semaine dernière, et d'autres réunions à venir devront aborder ces points.
Nous avons affirmé au président des États-Unis notre disposition de travailler à la normalisation des relations bilatérales, une fois rétablies les relations diplomatiques, ce qui implique l'adoption de mesures réciproques pour améliorer le climat entre nos deux pays, régler d'autres problèmes en souffrance et progresser en matière de coopération.
La situation actuelle offre une modeste occasion à notre continent de trouver des formes de coopération nouvelles et supérieures qui conviennent aux deux Amériques, ce qui permettrait de régler des problèmes brûlants et de frayer de nouvelles voies.
La Proclamation de l'Amérique latine et des Caraïbes comme Zone de paix constitue dans ce sens une plateforme incontournable, y compris la reconnaissance que chaque État a le droit inaliénable de choisir son système politique, économique, social et culturel sans ingérence, de quelque sorte qu'elle soit, d'un autre État, ce qui est là un principe imprescriptible du droit international.
Toutefois, le problème principal se maintient : le blocus économique, commercial et financier, qui cause d'énormes dommages humains et économiques et qui viole le droit international, doit être levé.
Je me rappelle le mémorandum du sous-secrétaire Mallory, d'avril 1960, qui, faute d'une opposition politique réelle, proposait de provoquer à Cuba de la faim et des souffrances pour liquider le Gouvernement révolutionnaire. Tout semble indiquer maintenant que l'objectif est de fomenter artificiellement une opposition politique par des moyens économiques, politiques et de communication.
Le rétablissement des relations diplomatiques marque le début d'un acheminent vers la normalisation des relations bilatérales, mais ce ne sera pas possible tant que le blocus persistera, tant que le territoire occupé illégalement par la base navale dans la baie de Guantánamo ne nous sera pas rendu (applaudissements), tant que les émissions de radio et de télévision qui violent les normes internationales se poursuivront, tant que des réparations justes ne seront pas accordées à notre peuple pour les dommages humains et économiques qu'il a endurés.
Il ne serait ni moral ni juste ni acceptable qu'on demande quoi que ce soit en échange à Cuba. Si ces questions n'étaient pas réglées, ce rapprochement diplomatique entre Cuba et les États-Unis n'aurait pas de sens.
Qu'on n'attende donc pas que Cuba négocie ces points en échange de questions internes qui relèvent de notre souveraineté absolue.
Si nous avons pu progresser lors des récentes négociations, c'est parce que nous nous sommes traités réciproquement avec respect, sur un pied d'égalité. Pour continuer d'avancer, il faudra qu'il en soit ainsi.
Nous avons suivi avec attention l'annonce que le président des États-Unis adoptera des décisions exécutives à même de modifier certains aspects pratiques du blocus.
Pour le moment, les mesures annoncées à ce sujet sont très limitées. L'interdiction d'octroyer des crédits et d'utiliser le dollar dans nos transactions financières internationales persiste ; les voyages individuels d'Étatsuniens dans le cadre de la permission relative aux « échanges interpersonnels » restent interdits, car ces derniers visent des fins subversives, tout comme sont interdits les voyages par voie maritime ; il nous est toujours interdit d'acheter sur des marchés tiers des équipements et des technologies contenant plus de 10 % de composants étasuniens, tandis que les importations par des Étatsuniens de marchandises contenant des matières premières cubaines le restent aussi, parmi bien d'autres prohibitions.
Le président Barack Obama pourrait utiliser avec détermination ses vastes prérogatives exécutives pour modifier en profondeur l'application du blocus, puisque cela est entre ses mains sans avoir à passer par le Congrès.
Tout ce qu'il a autorisé en matière de télécommunications, dans un but évident d'exercer une influence politique à Cuba, il pourrait l'autoriser dans d'autres secteurs de l'économie.
Il est important qu'il ait décidé d'engager un débat au Congrès en vue de supprimer le blocus.
Les porte-parole de l'administration étasunienne n'ont pas caché que les méthodes changent, mais non les objectifs de cette politique, et que l'ingérence dans nos affaires intérieures se poursuivra, ce que nous n'accepterons pas. Les contreparties étasuniennes ne devraient pas se proposer d'entrer en relations avec la société cubaine comme s'il n'existait pas de gouvernement souverain à Cuba ! (Applaudissements.)
Peut-on imaginer que malgré cette nouvelle politique annoncée, les États-Unis acceptent l'existence d'une révolution socialiste à cent quarante kilomètres de la Floride ?
On veut que la société civile soit présente au Sommet du Panama, et Cuba a toujours été d'accord. Mais pas comme à la Conférence de l'Organisation mondiale du commerce à Seattle, pas comme aux Sommets des Amériques de Miami et de Québec, ou au Sommet sur les changements climatiques à Copenhague, ou lors des réunions du G-7 ou du FMI, autrement dit derrière des palissades d'acier, soumise à la répression brutale des forces antiémeutes, confinée à des dizaines de kilomètres des réunions !
La société civile cubaine assistera, bien entendu, et j'espère qu'il n'y aura pas de restrictions à l'encontre des organisations non gouvernementales cubaines qui n'ont aucun statut auprès de l'OEA et qui ne tiennent pas à en avoir un, mais qui l'ont auprès de l'ONU.
J'espère voir au Panama les mouvements populaires et les ONG qui prônent le désarmement nucléaire, les écologistes, les anti-néo-libéralisme, les Occupy Wall Street et les Indignés de notre région, les étudiants et les lycéens, les paysans, les syndicats, les communautés autochtones, les organisations qui s'opposent à la fracturation hydraulique, les défenseurs des droits des immigrants, les associations qui dénoncent la torture, les exécutions extrajudiciaires, les brutalités de la police, les pratiques racistes, celles qui réclament un salaire égal à travail égal pour les femmes, celles qui demandent des réparations aux transnationales.
Néanmoins, la communauté internationale s'est félicitée de ces annonces du 17 décembre. Aux États-Unis mêmes, le président Obama a reçu un très vaste soutien.
Mais de puissantes forces aux États-Unis s'efforceront de faire avorter ce processus qui vient de s'enclencher. Ce sont ces mêmes ennemis qui s'opposent à des relations justes entre les États-Unis et l'Amérique latine et les Caraïbes, qui entravent les relations bilatérales de nombreux pays de notre région avec cette nation-là. Ce sont ceux qui ne cessent de faire du chantage et d'exercer des pressions.
Nous savons que la levée du blocus sera un processus long et difficile qui exigera le soutien, la mobilisation et l'action résolue de tous les gens de bonne volonté aux États-Unis et dans le monde, ainsi que l'adoption à la prochaine session de l'Assemblée générale des Nations Unies de la résolution qui en demande la levée et, tout particulièrement, l'action concertée de Notre Amérique.
Chers chefs d'État ou de gouvernement ;
Chers amis,
Je félicite le Costa Rica, le président Solís et son gouvernement pour le travail qu'ils ont réalisé à la tête de la CELAC. Nous souhaitons la bienvenue à l'Équateur et au président Correa qui présidera notre Communauté en 2015, et les assurons de notre plein appui.
Je vous remercie. (Applaudissements.)
Cuba
Le leader historique de la Révolution cubaine Fidel Castro a fait parvenir le message suivant à la Fédération des étudiants universitaires à l'occasion d'un événement marquant le 70e anniversaire de son admission à l'Université de La Havane.
* * *
Chers camarades,
Depuis 2006, pour des raisons de santé incompatibles avec le temps et l'effort nécessaires pour accomplir un devoir — que je me suis imposé à moi-même quand je suis entré à cette Université, le 4 septembre 1945, il y a 70 ans — j'ai renoncé à mes charges.
Fidel Castro quand il était
étudiant à l'Université de La Havane en 1945-47
|
Je n'étais pas fils d'ouvrier, ni dépourvu de ressources matérielles et sociales pour une existence relativement aisée. Je peux dire que j'ai échappé miraculeusement à la richesse. Bien des années plus tard, le Nord-Américain le plus riche et sans doute le plus compétent, disposant de 100 milliards $, a déclaré — selon une agence de presse le jeudi 22 janvier dernier — que le système de production et de distribution privilégié des richesses transformerait de génération en génération les pauvres en riches.
Depuis les temps de la Grèce antique, pendant presque 3 000 ans, les Grecs, sans aller plus loin, furent brillants dans presque toutes les activités : physique, mathématiques, philosophie, architecture, arts, sciences, politique, astronomie et dans d'autres branches de la connaissance humaine. La Grèce, cependant, était un territoire d'esclaves qui réalisaient les plus durs travaux dans les champs et dans les villes, tandis qu'une oligarchie se consacrait à écrire et à philosopher. La première utopie fut écrite précisément par eux.
Observez bien les réalités de cette planète Terre bien connue, mondialisée et très mal organisée, où l'on connaît chaque ressource vitale fournie en vertu de facteurs historiques : certains avec beaucoup moins que ce dont ils ont besoin, d'autres, avec tellement qu'ils ne savent pas quoi en faire. Aujourd'hui, au milieu de grandes menaces et de grands dangers de guerres, règne le chaos dans la distribution des ressources financières et dans la répartition de la production sociale. La population du monde a augmenté, entre les années 1800 et 2015, d'un milliard à 7 milliards d'habitants. Pourra-t-on résoudre de cette façon la croissance de la population dans les 100 prochaines années, ainsi que les besoins en aliments, santé, eau et logements de la population mondiale, quelles que soient les avancées de la science ?
Bien, mais laissant de côté ces problèmes énigmatiques, il est remarquable de penser que l'Université de La Havane, au moment où j'entrai à cette chère et prestigieuse institution, il y a presque trois quarts de siècle, était la seule qu'il y avait à Cuba.
Certainement, camarades étudiants et professeurs, nous devons rappeler qu'il ne s'agit pas d'une seule, mais que nous avons aujourd'hui plus de 50 centres d'enseignement supérieur répartis dans tout le pays.
Lorsque vous m'avez invité au lancement de la journée pour le 70° anniversaire de mon entrée à l'Université, ce que j'ai appris avec surprise, au milieu de journées particulièrement denses où il y a eu des questions sur lesquelles je pouvais peut-être être encore relativement utile, je décidai de me reposer en consacrant quelques heures au souvenir de ces années.
Je suis sidéré de découvrir que 70 ans ont passé. En réalité, camarades, si je m'inscrivais à nouveau à cet âge, comme certains me le demandent, je leur répondrais sans hésiter que ce serait dans une carrière scientifique. À la fin de mes études, je dirais comme Guayasamin : « Laissez-moi une petite lumière allumée ».
Dans ces années-là, déjà influencé par Marx, je suis parvenu à comprendre davantage et mieux le monde étrange et complexe dans lequel il nous a été donné de vivre. J'ai pu me passer des illusions bourgeoises dont les tentacules ont réussi à prendre au piège de nombreux étudiants qui avaient moins d'expérience et plus d'ardeur. Le sujet serait long et interminable.
Un autre génie de l'action révolutionnaire, fondateur du Parti communiste, fut Lénine. C'est pourquoi je n'ai pas hésité une seconde quand, au procès de la Moncada, auquel ils m'ont permis d'assister, ne serait-ce qu'une seule fois, j'ai déclaré devant les juges et des dizaines de hauts officiels de Batista que nous étions des lecteurs de Lénine.
De Mao Tsé Toung nous n'en avons pas parlé parce qu'il n'avait pas encore achevé la Révolution socialiste en Chine, inspirée par des objectifs identiques.
J'avertis, cependant, que les idées révolutionnaires doivent toujours être sur leur garde à mesure que l'Humanité multiplie ses connaissances.
La nature nous enseigne que des dizaines de milliers de millions d'années peuvent s'être écoulées, et la vie dans n'importe qu'elle de ses manifestations est toujours sujette aux plus incroyables combinaisons de matière et de radiations.
La poignée de main entre les présidents de Cuba et des États-Unis s'est produite aux funérailles de Nelson Mandela, combattant émérite et exemplaire contre l'Apartheid, qui était ami d'Obama.
Il suffit de signaler que déjà, à cette date, il y avait plusieurs années que les troupes cubaines avaient battu à plate couture l'armée raciste d'Afrique du Sud, dirigée par une bourgeoisie riche et dotée d'énormes ressources économiques. C'est l'histoire d'un conflit qui doit être écrite. Le gouvernement d'Afrique du Sud, avec les plus grandes ressources financières de ce continent, possédait des armes nucléaires fournies par l'État raciste d'Israël, en vertu d'un accord entre celui-ci et le président Ronald Reagan qui l'autorisa à remettre les dispositifs pour l'utilisation de telles armes pour frapper les forces cubaines et angolaises qui défendaient la République populaire d'Angola contre l'occupation de ce pays par les racistes. De ce fait, on excluait toute négociation de paix alors que l'Angola était attaqué par les forces de l'apartheid, l'armée la mieux entraînée et équipée du continent africain.
Dans une telle situation, il n'y avait aucune possibilité de solution pacifique. Les efforts incessants pour liquider la République populaire d'Angola, pour la saigner systématiquement avec la puissance de cette armée bien entraînée et équipée, fut ce qui détermina la décision cubaine de frapper un grand coup contre les racistes à Cuito Cuanavale, une ancienne base de l'OTAN que l'Afrique du Sud tenta d'occuper à tout prix.
Ce pays arrogant fut obligé à conclure un accord de paix qui mit fin à l'occupation militaire de l'Angola et à l'Apartheid en Afrique.
Le continent africain fut exempt d'armes nucléaires. Cuba dut faire face pour la seconde fois au risque d'une attaque nucléaire.
Les troupes internationalistes cubaines se retirèrent d'Afrique avec les honneurs. Survint alors la Période spéciale en temps de paix, qui a déjà duré plus de 20 ans sans que nous ayons levé le drapeau blanc. Nous ne l'avons jamais fait et ne le ferons jamais.
Beaucoup d'amis de Cuba connaissent la conduite exemplaire de notre peuple, et je tiens à leur expliquer ma position essentielle en quelques mots.
Je n'ai pas confiance dans la politique des États-Unis et je n'ai pas échangé un mot avec eux, sans que cela signifie, tant s'en faut, un rejet d'une solution pacifique des conflits ou des dangers de guerre. Défendre la paix est un devoir de tous. Toute solution pacifique et négociée aux problèmes entre les États-Unis et les peuples, ou n'importe quel peuple d'Amérique latine, qui n'implique ni la force ni l'emploi de la force, devra être traitée selon les principes et les normes internationales. Nous défendrons toujours la coopération et l'amitié avec tous les peuples du monde et, parmi eux, ceux de nos adversaires politiques. C'est ce que nous réclamons pour tous.
Le président cubain a pris les mesures pertinentes, conformément à ses prérogatives et aux facultés que lui confèrent l'Assemblée nationale et le Parti communiste de Cuba.
Les graves dangers qui menacent aujourd'hui l'Humanité devraient céder le pas à des normes compatibles avec la dignité humaine. Aucun pays n'est exclu de tels droits.
J'ai lutté et je continuerai à lutter dans cet esprit jusqu'à mon dernier souffle.
Fidel Castro Ruz
Le 26 janvier 2015
12h35
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