Numéro 2 - 14 janvier
2015
En opposition à
l'économie politique centrée sur le capital
L'économie politique
centrée sur l'être humain
• Comment se pose la question de
l'inégalité?
• Pourquoi toute cette agitation au sujet du
livre de Thomas Piketty?
- K.C. Adams -
Dans
l'actualité
France
• La France sombre dans un état
d'anarchie et de violence sans précédent
- Pauline Easton -
• La diabolisation de la résistance
populaire assimilée au «terrorisme»
- Nathan Freeman -
• Les implications réelles de l'attentat
contre l'hebdomadaire français Charlie
Hebdo pour le peuple et
ses droits
- Anne Jamieson -
• Un coup monté?
5e anniversaire du
tremblement de terre en Haïti
• Les Haïtiens intensifient leur lutte
pour l'indépendance et la démocratie
Puerto Rico
• Campagne mondiale pour la libération
d'Oscar López Rivera,
prisonnier politique aux États-Unis
• Oscar López Rivera, combattant pour
l'indépendance portoricaine
En opposition à l'économie
politique centrée sur le capital
L'économie politique centrée sur
l'être humain
Le livre La production et reproduction de la valeur
et sa réalisation de K.C. Adams sera bientôt
publié. Il élabore la théorie économique
centrée sur l'être humain comme alternative à la
théorie politique centrée sur le capital en introduisant
les termes, les expressions et l'approche modernes utilisés par
le Parti communiste du
Canada (marxiste-léniniste). Le livre est une importante
contribution au travail pour changer la direction de l'économie
et inaugurer le nouveau. Par exemple, pour combattre la théorie
impérialiste centrée sur le capital et ses termes et
expressions, il est impératif de mener la lutte
idéologique contre la conception du monde défaitiste du
néolibéralisme lorsqu'on analyse les
développements économiques ou écrit des articles
sur l'économie.
L'économie politique centrée sur le
capital émet l'hypothèse que les instruments de
production que sont les
bâtiments et les machines sont un capital fixe et que la
matière qui est entièrement consommée dans le
processus de production est un capital circulant. Cette
hypothèse est nécessaire pour attaquer la conscience
sociale de la classe ouvrière et des
couches moyennes. Elle fait des moyens de production un capital pour
inculquer aux travailleurs et aux intellectuels la notion que le
capital est la force motrice et nécessaire dans la
création des moyens de production moderne et dans la production
de tous les biens et services. Sans le capital il n'y a pas de
production moderne, répète-t-on sans
cesse aux travailleurs.
Cette hypothèse est fausse. Les moyens de
production sont le produit du temps de travail des êtres humains
qui les produisent. Le capital est un rapport social qui asservit les
véritables producteurs, la classe ouvrière, aux
propriétaires du capital. La classe ouvrière est le
véritable producteur des biens et services dans le rapport
social, notamment des moyens de production, mais elle ne possède
ni ne
contrôle ce qu'elle produit.
Les moyens de production des formations
économiques précapitalistes étaient le produit des
véritables producteurs de ces systèmes depuis la commune
primitive et avant l'existence des classes. Le
capital n'était pas nécessaire à ces
époques pour produire les moyens de production et il ne l'est
pas davantage à notre époque, qui est l'époque de
la
classe ouvrière.
Les propriétaires du capital furent une force
sociale nécessaire uniquement pour sortir la
société de la petite production féodale
dispersée et introduire l'utilisation
généralisée de la science et de la technologie
dans la production. Une fois leur mission accomplie, leur existence
comme classe sociale n'était plus nécessaire. Leur
époque est depuis
longtemps dépassée. La classe ouvrière est la
force sociale nécessaire aujourd'hui pour compléter la
transition de la société de la petite production
éparse à la grande production intégrée
à l'échelle mondiale, régie par de nouveaux
rapports de production en harmonie avec le caractère
socialisé de l'économie.
La terminologie basée sur le capital était
nécessaire pour expliquer la nouvelle économie politique
du capital par opposition aux formations économiques
précapitalistes, notamment aux rapports de production
féodaux. Cette théorie fut développée pour
répondre aux exigences de la classe ouvrière naissante.
Une fois que la classe ouvrière a
assumé sa pleine maturité et a acquis en tant que force
sociale la capacité de faire passer la société au
socialisme au-delà de la formation économique transitoire
du capitalisme, il est devenu nécessaire de développer
une économie politique centrée sur l'être humain.
Aujourd'hui la propagande impérialiste fait
souvent référence au capital fixe comme étant un
coût. Cette dégénérescence reflète la
destruction, la régression, le parasitisme, la
décadence et la guerre qui sont devenus les traits constants de
l'économie impérialiste. La théorie
impérialiste reflète la
dégénérescence dans la base économique et
la
politique impérialiste, qui s'acharne à retenir la forme
transitoire du capitalisme contre son passage nécessaire
à la société nouvelle.
La classe ouvrière est maintenant chargée
de la responsabilité de développer une théorie qui
répond à son besoin d'assumer la position centrale et
dirigeante dans la société sur les plans politique,
économique et social. Dans les formulations économiques
développées jusqu'à présent, qui se
rapportent à une économie politique centrée sur
l'être
humain, les moyens de production ne sont pas un capital fixe et
certainement pas un coût; ils sont une valeur
transférée fixe.
La répétition des termes de
l'économie politique impérialiste et centrée sur
le capital sert à bloquer l'adoption des termes et expressions
et de la théorie de l'économie politique centrée
sur l'être humain. C'est une forme de promotion de
l'anticonscience. Le mouvement de la classe ouvrière ne peut pas
se permettre de rester accroché à la
théorie, aux termes et aux expressions impérialistes
centrés sur le capital et de ne pas participer à
l'élaboration d'une nouvelle théorie qui convienne au
XXIe siècle et à une classe ouvrière mature
prête à diriger le monde dans la transformation au
socialisme, vers son émancipation en tant que classe et vers
l'abolition des classes sociales et de la
société de classes.
Comment se pose la question de
l'inégalité?
Il y a beaucoup de discussion ces jours-ci sur la
création d'une société juste en s'attaquant
à l'inégalité de revenu ou
l'inégalité des chances. Tout cela sert à couvrir
le fait que tant que le but de la société est de payer
les riches, de rendre les monopoles les plus puissants concurrentiels
sur les marchés mondiaux et de mener une offensive
néolibérale et antisociale sauvage pour éliminer
toute trace d'autorité publique en faveur du droit de monopole,
les riches vont continuer
de s'enrichir et les pauvres de s'appauvrir. Une richesse
obscène s'accumule à un pôle, tandis que les rangs
des pauvres grandissent, comme le montre, entre autres,
l'augmentation du pourcentage de personnes vivant dans la
pauvreté extrême. Loin d'être réduites, les
inégalités sont enchâssées.
D'abord, il est important
de comprendre ce que l'on
entend par inégalité. L'inégalité est
naturelle et sociale. Les inégalités découlent de
la grande variété des capacités naturelles des
individus d'une part et des privilèges de classe qui existent
dans le système social capitaliste et sa division entre la
classe ouvrière et les détenteurs de la richesse
sociale accumulée de l'autre. L'inégalité
naturelle est liée aux capacités naturelles.
L'inégalité sociale est liée aux privilèges
de classe hérités par droit héréditaire ou
acquis par droit naturel.
L'inégalité naturelle des personnes n'est
pas quelque chose qu'il faut chercher à changer ou à
exploiter, mais plutôt protéger afin que chacun trouve sa
place dans la société et contribue au meilleur de ses
capacités. La société doit garantir
l'épanouissement des capacités naturelles de tous et
empêcher que par les privilèges de classe elles soient
refoulées ou utilisées à mauvais escient à
des fins intéressées et étroites. Cela ne peut
être fait qu'en s'attaquant aux inégalités sociales
ou en restreignant les privilèges de classe et en privant
l'élite dirigeante du pouvoir d'utiliser l'État et son
pouvoir économique et politique pour opprimer et exploiter les
autres et les priver de leurs droits et
besoins.
Beaucoup d'études statistiques démontrent
que l'appartenance de classe a un impact important sur
l'épanouissement, le refoulement ou la perte des
capacités naturelles. Les inégalités sociales sont
un obstacle au développement général des
capacités individuelles, qui pour beaucoup de gens peuvent
être perdues, pour eux, pour l'intérêt
général de la
société et pour le bien public. La classe ouvrière
et ses représentants politiques refusent ce gaspillage et
luttent pour les droits de tous et le pouvoir de tous d'être
maîtres de leur destin. Tous les êtres humains ont des
droits du fait de leur humanité et à cet égard le
droit de tous et chacun de contribuer à la société
au meilleur de leurs capacités et, en
retour, la garantie de leurs droits et besoins de manière
harmonieuse par la société sont fondamentaux.
Lorsque des membres de la classe ouvrière
parviennent, en raison de leur capacités naturelles ou d'autres
facteurs, à briser le « plafond de verre »
des privilèges de classe, comme le président Obama, ils
sont encouragés par la richesse et le statut à rejoindre
l'élite capitaliste, à adhérer à son
idéologie, à défendre sa politique et à
utiliser leurs privilèges de classe nouvellement acquis pour
consolider leur position et celle des autres membres de la classe
dirigeante en opposition aux intérêts de la classe
ouvrière.
Paradoxalement, la négation de
l'inégalité sociale pour des individus choisis de la
classe ouvrière renforce et consolide les
inégalités sociales au sein de la société
dans son ensemble. Elle nourrit une section de travailleurs
dévoués à leurs privilèges de classe
nouvellement acquis, qui utilisent leurs ressources
considérables et leur influence
nouvellement acquises et le pouvoir de l'État pour priver le
collectif de l'humanité d'exercer son droit d'exister selon les
capacités et besoins de chacun et les intérêts de
la société. Une fois que les membres de cette section ont
par le droit naturel dépassé leur inégalité
sociale individuelle, ils deviennent des idéologues des
inégalités sociales et des
privilèges de classe, partagent le « rêve
américain » ou « canadien » et
défendent leurs privilèges de classe avec un zèle
fanatique.
Le chef du Parti libéral du Canada, Justin
Trudeau, qui a hérité de ses privilèges de classe
sociale, a déclaré au Huffington Post :
« Parmi ces principes [à la base des
politiques libérales], l'égalité des chances
revêt une importance particulière. Elle est garante de
tous les autres. Pour réussir, nous devons, en tant que
libéraux, nous faire la voix des milliers de Canadiens qui
partagent cette valeur, qui croient que dans une société
juste, le travail acharné devrait rapporter.[...]
« Le leadership consiste à
établir des
priorités basées sur des principes. Je ne crois pas qu'il
y ait un principe plus important que l'égalité des
chances - et le progrès qu'elle sous-tend - pour les Canadiens,
et pour le Canada. »
Trudeau veut changer l'inégalité des
chances pour que certains individus par droit naturel puissent
rejoindre les Canadiens comme lui qui ont hérité de
positions de pouvoir et de privilèges de classe par droit
héréditaire ou acquis leurs positions, la richesse et la
puissance par droit naturel. Trudeau dit que l'inégalité
des chances nie aux gens,
surtout ceux qui travaillent fort et possèdent des
capacités, la possibilité de réaliser leur
rêve d'ascension sociale à un statut professionnel avec
des revenus élevés ou de devenir des détenteurs
des richesses sociales accumulées, abandonnant la classe
ouvrière, pas seulement sa position de classe mais aussi et
surtout la pensée, la conception du monde,
l'idéologie et la politique de classe.
Selon Trudeau, l'injuste inégalité des
chances cause encore plus d'inégalités et la perte
d'espoir dans le rêve canadien, l'espoir d'acquérir la
richesse sociale et les privilèges de classe. La solution est
l'« égalité des chances » ou la
« mobilité
intergénérationnelle » pour renforcer le statu
quo des privilèges de classe et des
inégalités collectives en entretenant le rêve qu'il
est possible de surmonter les inégalités sociales en
travaillant fort ou, comme le veut le cliché, en gagnant
à la loterie ou en se livrant à des activités
criminelles ou la corruption.
La position néolibérale sur les
inégalités nie leur réalité dans les
conditions naturelles et sociales. L'inégalité naturelle
n'est pas une faiblesse humaine, mais une source de grande force et de
possibilités d'avancement de tous les êtres humains et des
intérêts généraux de la
société. L'inégalité sociale et les
privilèges de classe sont des expressions
de la division de la société en classes sociales
antagonistes. Ils vont continuer d'être une condition de vie
rétrograde tant et aussi longtemps que les classes sociales et
les privilèges de classe demeureront intacts.
La classe dirigeante utilise sa richesse sociale
accumulée et l'État capitaliste pour priver les
travailleurs de leurs droits et les empêcher d'ouvrir la porte du
progrès de la société, du renouveau
démocratique et du pouvoir souverain. Elle veut les
empêcher de créer les conditions de
l'égalité sociale et de l'épanouissement de
tous : de tous et
chacun selon leurs capacités, à tous et chacun leurs
droits et besoins garantis par la société.
Le néolibéralisme perpétue les
inégalités sociales et les privilèges de classe.
Tous
pour le renouveau démocratique et pour
investir le peuple du pouvoir souverain !
Notre avenir est dans la lutte pour les droits de
tous !
Pourquoi toute cette agitation au sujet
du livre de
Thomas Piketty?
- K.C. Adams -
Les médias bourgeois ont applaudi le livre de
Thomas Piketty Le Capital au XXIe siècle paru en
septembre 2013. Thomas Piketty est directeur d'études à
l'École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et
professeur à l'École d'économie de Paris (EEP),
deux établissements français. La promotion par les
médias de ce livre
de 969 pages sur l'économie politique n'est pas surprenante, car
l'auteur y défend le statu quo capitaliste et la mondialisation
néolibérale. The Guardian a proclamé
Thomas Piketty « l'intellectuel certainement le plus
influent de 2014 », tandis que le Financial Times
a décerné à son livre son prix du meilleur
ouvrage économique de l'année. The Economist
l'a couronné « Marx des temps modernes »
et la presse allemande lui a consacré de pleines pages. L'AFP va
jusqu'à qualifier ces éloges serviles de
« Pikettymania » et souligne que ses colloques
à guichets fermés lui ont valu le surnom de
« rock star de
l'économie », quoi que vaille
l'épithète.
Cette « Pikettymania » ne se
limite pas aux médias monopolisés. Piketty a
également été reçu par des conseillers
d'Obama, adoubé par au moins deux Prix Nobel, Paul Krugman,
Joseph
Stiglitz, et a exposé ses thèses par Skype à Bill
Gates, rapporte l'AFP.
Le plus consternant est sans doute que cette adulation
infantile pour l'homme et son livre s'étende à certaines
forces sociales qui prétendent être progressistes. Elles
semblent n'avoir pas écouté ce qu'a dit Piketty en
entrevue à la CBC et ailleurs. « Faire en sorte que
plus de gens deviennent des capitalistes et des propriétaires,
c'est
exactement ce que je préconise », a-t-il dit dans une
entrevue le 23 mai 2014 avec Amanda Lang à l'émission
« The Lang & O'Leary Exchange » de la CBC.
Alors, pourquoi toute cette agitation autour du livre de
Piketty sur l'économie politique ?
Sa propre description du
contenu et les centaines de
commentaires montrent que ces forces qui prétendent être
progressistes se sont peut-être faites prendre par l'astucieux
stratagème de marketing de l'édition américaine du
livre avec une couverture ressemblant aux premières
éditions du Capital de Karl Marx.
Dans son livre, Piketty fait l'éloge de la
mondialisation néolibérale et du capitalisme monopoliste.
Il ne se gêne pas pour répéter ses opinions
réactionnaires chaque fois qu'on le lui demande. Comme pour
s'excuser auprès des autorités, il montre ses titres de
compétence de membre loyal de l'élite dirigeante en
jurant que son objectif politique
majeur, un impôt mondial sur la richesse, vise à la fois
à réduire la pression venant des très pauvres, qui
menacent d'exploser de colère, et à sauver la
mondialisation néolibérale de ceux qui pourraient
rêver d'une alternative. « Le risque (des
inégalités extrêmes), a ajouté Piketty dans
son entrevue à la CBC, est que certains pays choisissent de
se retourner contre la mondialisation. »
Ces forces qui prétendent être
progressistes ont-elles été tellement assommées
par le repli de la révolution que la simple mention des
« inégalités » dans la
société leur fait perdre leurs repères ? Leur
contribution personnelle et celle des générations
précédentes faites à l'humanité au cours
des cent cinquante dernières années dans
la lutte pour le progrès de la société ne valent
pas un plat de lentilles aux yeux du professeur Piketty. Dans son
univers fantaisiste, il oublie le facteur humain et son rôle
central et déterminant. Pour Thomas Piketty, l'augmentation de
la productivité règle tous les maux de la
société, et si cela ne marche pas et que le capital
monopoliste dépasse les
bornes, une guerre destructrice ou une crise économique
dévastatrice aura vite fait de le corriger. Les rapports de
production ? Il les ignore. Piketty semble croire qu'un esclave
existe sans maître d'esclaves, un serf sans seigneur et, sous le
capitalisme, un ouvrier sans capitaliste.
Ce livre n'a aucun rapport avec la réalité
historique, la classe ouvrière ou avec tous ceux qui luttent
pour leurs droits. Il vise à inspirer ces forces qui sont
coupées des besoins des peuples, de l'histoire et du mouvement
révolutionnaire. Son auteur rejette comme sans importance les
efforts de tous ceux qui ont lutté et luttent dans le mouvement
syndical et le mouvement populaire, sans parler du mouvement
communiste. La Commune de Paris de 1871 et la Grande Révolution
socialiste d'Octobre disparaissent de l'histoire; effacée
de la mémoire la première tentative de bâtir une
nation sous le contrôle de la classe ouvrière et paysans
tel que défini par Lénine et Staline, qui a
conduit à la contradiction directe entre le socialisme et le
capitalisme, à l'essor de la révolution, à la
propagation du mouvement communiste dans le monde entier et une
montée de la résistance populaire. Disparus
également dans la conception du monde centrée sur le
capital de Piketty sont les insurrections dans les colonies ainsi que
la lutte
héroïque de tous ceux qui se sont unis pour se
défendre et défendre les autres contre le fascisme et le
militarisme, couronnés par la victoire des peuples en 1945.
Non seulement tout cela est effacé de la
mémoire mais les conclusions et les avancées
théoriques de la pensée marxiste-léniniste
contemporaine y passent également. Piketty réduit tout
à une étude de la croissance des forces productives par
rapport à ce qui existait avant, sans accorder d'importance
à
l'action des peuples et à leur conscience pour
changer la situation en leur faveur.
Est absente la contradiction fondamentale de
société de classes entre les forces de production et les
rapports sociaux entre ceux qui gagnent leur vie dans des conditions
historiques spécifiques. La dialectique des forces sociales
définies dans des conditions historiques spécifiques est
absente du livre de Piketty et est remplacée par le concept de
l'augmentation continue de la productivité et des
inégalités, avec des épisodes périodiques
de destruction du capital à l'époque moderne par la
guerre et les crises économiques.
Affirmer que des inégalités sociales
existent dans la société de classe n'est certainement pas
une déclaration radicale ou lumineuse. Avec la division
primordiale de l'humanité en classes opposées sont
apparus les inégalités sociales entre les classes et un
État qui a pour rôle de maintenir l'exploitation de la
classe opprimée et la domination de la
classe dirigeante.
L'élimination des inégalités
sociales et des privilèges de classe exige l'émancipation
de la classe ouvrière et l'élimination des classes et de
la société de classes. Piketty affirme sans
hésitation qu'un tel avancement ne serait pas bon parce que,
selon lui, la perspective de pouvoir devenir riche, puissant et
privilégié est à la base de l'inventivité
et
l'entreprenariat des individus. Pour perpétuer le statu quo et
empêcher le facteur humain/conscience sociale de se
développer dans la classe ouvrière, un État
puissant est nécessaire pour maintenir les privilèges et
les inégalités des exploités, bloquer la
résistance de la classe ouvrière, entraver sa maturation
et l'empêcher d'acquérir sa propre vision
indépendante centrée sur l'être humain des
questions politiques, économiques et sociales. Piketty n'imagine
pas qu'une autre force motrice soit possible parce que son esprit est
enfermé dans les rapports capitalistes de production et ne peut
envisager le progrès.
Il est nécessaire et important d'identifier avec
précision la force sociale qui à chaque étape de
l'histoire peut faire progresser la société, changer et
développer de nouveaux rapports sociaux en harmonie avec les
forces productives avancées. C'est ce que Marx a fait dans ses
écrits, il a identifié le prolétariat moderne
comme la seule force capable
de diriger la construction du nouveau. Karl Marx a non seulement
écrit à ce sujet, mais il a dirigé la classe
ouvrière et sa politique pratique pour créer le nouveau,
en lui fournissant une idéologie avancée et la conscience
sociale comme guide à l'action.
C'est ce que Lénine a fait en organisant la
classe ouvrière de Russie pour qu'elle arrache les masses aux
horreurs de la Première Guerre mondiale et dirige le projet de
construction de la nation sous le contrôle de l'État
ouvrier et paysan. C'est ce que Hardial Bains a fait au Canada. Il a
dirigé le mouvement communiste et ouvrier pour rétablir
son côté révolutionnaire marxiste-léniniste
en opposition à la collaboration et à la liquidation
révisionniste. Sur le plan international, ce
révisionnisme et ce liquidationnisme se manifestaient par la
dégénérescence de l'URSS en État
pseudo-socialiste et social- impérialiste dans les
années 1960 et par son effondrement ultérieur. Le
camarade Bains a
dirigé la classe ouvrière et ses alliés dans
l'édification du nouveau en défendant fermement le
facteur humain/conscience sociale dans tous les aspects de leur travail
révolutionnaire.
Le monde est dans la période de repli de
la révolution. Ce n'est pas une raison pour perdre sa confiance,
pour tomber dans l'indifférence et abandonner nos
précurseurs qui nous ont tant donné sur le plan de la
pratique et de la théorie de la révolution. Tout comme
eux
au cours de la période précédente d'essor de la
révolution, il nous appartient
d'analyser les conditions objectives avec calme et de mobiliser la
classe ouvrière pour défendre ses droits et organiser une
alternative en faveur du peuple. Il n'y a aucun mérite à
courir la dernière mode bourgeoise du domaine des affaires
politiques et économiques.
Piketty explique que les données qu'il a
recueillies à l'aide de puissants ordinateurs montrent que le
taux de rendement du capital (r) est supérieur au taux de
croissance économique (g) et conduit inévitablement
à la concentration de la richesse entre moins de mains et
à de plus grandes inégalités. Cela n'a rien de
spectaculaire. Comment cette
évidence aide-t-elle la classe ouvrière à
organiser pour le changement et le nouveau ? Au lieu d'applaudir,
les forces qui se prosternent devant l'autel de Piketty devraient lui
demander d'expliquer comment le taux de rendement du capital pourrait
connaître une telle augmentation face à la loi de la
baisse tendancielle du taux de profit qui
force des rendements décroissants du capital à cause de
la productivité et la rébellion du peuple pour
défendre ses droits et contre l'exploitation.
Sans considération pour les conséquences
dommageables de ses actions, le droit de monopole dicte sa
volonté contre les lois économiques du capitalisme et
utilise le pouvoir de l'État pour s'imposer. Pour contrer la loi
de la baisse tendancielle du taux de profit, défaire ses
concurrents au pays et à l'étranger et ceux qui
résistent à sa domination,
le capital monopoliste se lance dans des guerres prédatrices
pour piller les nations plus faibles, invente toutes sortes de
manigances financières pour flouer les personnes sans
méfiance, notamment des membres de sa classe sociale, s'empare
de marchés et de régions entières, de sources de
matières premières et de main-d'oeuvre pour les
exploiter, et
attaque ses concurrents, les peuples et l'environnement naturel, ce
qui, même Piketty l'admet, finit par se retourner contre lui. Le
capital monopoliste est mu par l'anticonscience tout
particulièrement lorsqu'il s'agit des effets dévastateurs
de ses actions qui provoquent des crises économiques encore plus
graves et des conflits mondiaux. Ses intérêts
privés transcendent toute autre considération et
pensée.
Le capital monopoliste est en lutte constante contre la
classe ouvrière, ses concurrents et la loi de la baisse
tendancielle du taux de profit et il ne soucie pas des torts et des
catastrophes qu'il provoque pour satisfaire ses intérêts
privés étroits. Le capital monopoliste refuse de
résoudre les problèmes auxquels font face les peuples et
l'économie
parce qu'il ne se préoccupe que de contrer la loi de la baisse
tendancielle du taux de profit et d'écraser tous ceux qui
menacent son empire, quelles qu'en soient les conséquences.
Piketty nous entraîne à travers une
description de ce qu'il s'imagine a été le passé
et ce qu'il imagine arrivera dans l'avenir. Toute cette activité
se produit, semble-t-il, sans aucune participation du peuple à
la défense de ses droits, sans lutte de classe consciente
organisée de la classe ouvrière pour obtenir la valeur
qu'elle produit et bâtir le
nouveau, sans soulèvement dans les colonies et sans penser
à comment précisément le capital monopoliste
parvient à contourner la loi de la baisse tendancielle du taux
de profit et les effets désastreux que cela engendre pour la
société.
La seule chose importante pour Piketty est que le
« r » ait été et demeure
supérieur au « g » pour le meilleur ou
pour le pire et soit soumis uniquement à un objectif de
politique ponctuel tel que son impôt mondial sur la fortune
mondiale, la crise économique et la guerre ; c'est la
conclusion finale sur où nous
en sommes et vers où l'humanité se dirige. Dans son
monde, la dialectique de la nature, la lutte des classes et le facteur
humain/conscience sociale n'ont joué et ne jouent aucun
rôle, et certaines personnes, à leur déshonneur,
se sont faites prendre par cette fraude.
Le « r » ne peut être
supérieur au « g » que si le droit de
monopole parvient à ses fins et détruit la
société humaine. Le « r » ne peut
être supérieur au « g » que si la
classe ouvrière ne s'organise pas et ne dirige pas ses
alliés dans la lutte pour défendre le droit public et
priver le droit de
monopole du pouvoir d'empêcher le peuple de bâtir le
nouveau.
La classe ouvrière en a assez de cette
pensée et de cette économie centrée sur le
capital; elle a besoin de sa propre pensée
indépendante et d'une économie centrée sur
l'être humain et elle l'exige. La compréhension de
l'économie et de la politique nécessite des actes de
découvrir par des actes de participation consciente à la
lutte de
classe organisée pour construire le nouveau. C'est dans le feu
de la lutte révolutionnaire organisée que la classe
ouvrière trouvera sa voie vers l'avant.
Dans l'actualité
France
La France sombre dans un état d'anarchie
et de
violence sans précédent
- Pauline Easton -
Aussi horrible que soit l'attentat contre le journal Charlie
Hebdo, il est encore plus alarmant de voir la France sombrer dans
un état d'anarchie et de chaos sans précédent et
de savoir que le peuple est devenu l'otage de mesures de riposte qui ne
font qu'aggraver la crise généralisée dans
laquelle la France est plongée.
Le 7 janvier 2015, selon les rapports de presse, deux
hommes armés ont fait éruption dans les locaux de la
revue satirique Charlie Hebdo et ont ouvert le feu, tuant 12
personnes et en blessant 11 autres. La police française a
lancé une chasse à l'homme et la France a
immédiatement été soumise à des
interdictions, barrages et
arrestations. L'opération s'est terminée deux jours plus
tard par une prise d'otages à Dammartin-en-Goële, à
35 km au nord-est de Paris, à l'issue de laquelle les deux
suspects, qui avaient pris des otages dans un bâtiment
industriel, ont été abattus par les policiers. Durant ce
temps d'autres attaques ont été rapportées partout
au pays : des
alertes à la bombe, des attaques contre les mosquées, des
fusillades. Entre autres, une policière de 25 ans a
été tuée et un travailleur municipal blessé
à Montrouge, en banlieue sud de Paris, et il y a eu une prise
d'otages à la porte de Vincennes, dans l'est de Paris, où
un
homme armé a pris d'assaut un supermarché. À la
conclusion du siège du
supermarché qui a duré trois heures, le suspect a
été abattu par les policiers et quatre des otages
étaient morts.
Attentat
à la grenade contre un restaurant à
Villefrance-sur-Saône le 8 janvier 2015.
Une expression de la descente de la France dans l'anarchie et la
violence
suite à l'attentat contre Charlie
Hebdo
Suite à l'attentat du 7 janvier, les
autorités françaises ont élevé l'alerte
antiterroriste à son niveau le plus élevé. Des
soldats ont été déployés dans les rues de
Paris, dans le réseau de transport public, aux portes des
bureaux des médias, des mosquées et autres lieux de
prière. Des manifestations ont été appelées
sur la Place de la République à
Paris, dont un rassemblement de 35 000 personnes le jour de l'attentat,
mais aussi à Toulouse, Nice, Lyon, Marseille et Rennes. Tout
cela s'est accompagné d'une désinformation
médiatique massive au sujet des motifs, des liens et des
déplacements des suspects et d'hystérie et de confusion
créées par les cercles officiels sur la nature de
l'attaque et
du danger pour le peuple.
Les grandes mobilisations policières, les
interdictions, barrages et occupations de collectivités
entières sont pour le peuple français un rappel tragique
de l'état d'impuissance qu'il a vécu durant l'occupation
de 1940 à 1944.
Que penser de ces événements ? Il y a
un tollé à propos de la nécessité de
protéger la liberté d'expression. Le premier ministre du
Canada a dit que le seul objectif de ceux qui commettent de tels actes
de barbarie est d'« usurper les droits des personnes
éprises de liberté partout, y compris le droit
fondamental à la liberté
d'expression ». « Cet acte barbare,
combiné aux attaques perpétrées à Sydney,
à Saint-Jean-sur-Richelieu et à Ottawa, nous rappelle
cruellement qu'aucun pays n'est à l'abri des attaques
terroristes que nous avons vues ailleurs dans le monde, a-t-il dit dans
son communiqué de presse le 7 janvier. Le Canada et ses
alliés ne seront pas
intimidés, et nous continuerons de faire front commun contre les
terroristes qui voudraient menacer la paix, la liberté et la
démocratie auxquelles tiennent nos pays. Les Canadiens sont
solidaires de la France en ce jour sombre. »
La police
française sur les lieux de l'attaque à la grenade au Mans
le 8 janvier 2015
|
Le premier ministre du Québec Philippe Couillard
s'est joint au concert de condamnation en disant que
« jamais nous ne nous inclinerons devant de tels gestes
d'intimidation, de violence et de haine ». Les médias
francophones du Québec ont participé à ce qu'ils
ont qualifié de geste de solidarité avec le personnel de Charlie
Hebdo en publiant des caricatures profanant le prophète
Mahomet et en affirmant qu'il faut défendre la liberté
d'expression. Les journaux ont titré : « Un acte
de guerre », « La liberté d'expression
sous attaque » et « Vague d'islamophobie à
craindre ». Les experts habituels de Radio-Canada et
TVA ont été amenés sur les plateaux pour justifier
l'offensive de gouvernements, comme celui de Stephen Harper, contre les
droits à la vie privée et d'autres droits des citoyens
sous prétexte de lutte au terrorisme. Les médias
anglophones comme CBC et le Montreal Gazette,
propriété de Postmedia, n'ont pas reproduit les
caricatures
offensantes par « sensibilité à la cause des
musulmans » mais ont qualifié eux-aussi les
événements d'attaque contre la
liberté d'expression. Le Montreal Gazette affirme dans
un éditorial que la meilleure réponse est la
célèbre phrase de Voltaire : « Je ne suis
pas d'accord avec ce
que vous dites, mais je me battrai jusqu'à la mort pour que vous
ayez le droit de le dire. »
Quels que soient les gestes choisis par ces forces pour
exprimer leur solidarité avec les victimes de la fusillade
à Charlie Hebdo, toutes partagent l'opinion qu'
aujourd'hui la lutte des peuples du monde n'est pas entre l'ancien et
le nouveau mais entre « le bien et le mal »,
entre de prétendues forces progressistes et
civilisées du monde, qui se trouvent à être
d'origine européenne, et un soi-disant monde de terrorisme
islamique intégriste non civilisé. Le fait que les
méthodes utilisées par le soi-disant monde
civilisé pour combattre le monde non civilisé soient les
mêmes que celles utilisées par ceux qu'il dénonce
reste caché. Ces méthodes ont depuis longtemps
été répudiées par les peuples du monde, et
pourtant le monde dit civilisé admet l'utilisation de la torture
par les agences de renseignement, l'usage de la violence dans les
règlements des conflits entre nations, les actes de revanche,
les arrestations préventives et les détentions à
durée indéterminée. Ce ne sont pas là des
méthodes permettant d'assurer
la paix. C'est carrément du terrorisme d'État dont
l'objectif est de déstabiliser les adversaires et
conquérir des sphères d'influence. Mais le plus
irrationnel dans tout cela, et c'est le moins qu'on puisse dire, est
qu'on parle de « liberté d'expression »
pour encourager un contenu comme celui de Charlie Hebdo, qui
n'a pas
une once de lumière et d'idées éclairées.
En fait, ce qu'on appelle le contenu satirique
légitime de Charlie Hebdo est à la fois
méprisable, pathétique et antisocial. Il est
méprisable parce qu'il vise à attiser les passions comme
façon de gagner de la notoriété. Il est
pathétique parce qu'il invoque un des grands principes du
mouvement des lumières (la liberté d'expression)
pour répandre l'obscurantisme sur une échelle aussi
grande sinon plus que l'a fait l'Église au moyen-âge. Il
est antisocial parce que son objectif est d'encourager le recul par
rapport aux progrès de l'humanité et d'inciter aux
guerres fratricides.
Tout cela révèle la profonde crise de
l'État-nation européen qui a été
imposé au monde entier. Si cet État-nation
européen est né dans la grande lutte contre le
médiévalisme dans le contexte européen,
aujourd'hui il est en train d'être démantelé pour
faire place à nouveau aux préceptes
médiévaux, comme la raison du plus fort, la
négation de
tout pouvoir du peuple, la substitution du droit par le
privilège, l'abolition des droits de la défense et de la
sûreté, pour ne laisser que la capacité de ceux qui
ont usurpé le pouvoir par la force de déclarer des gens
illégaux et de suspendre leurs droits et de faire la même
aux résidents étrangers et à des pays entiers. Les
valeurs et les arrangements
étatiques par lesquels les forces réactionnaires incitent
l'intelligentsia d'Europe et du monde anglo-américain à
défendre sont complètement en désharmonie avec les
demandes des peuples du monde en ce XXIe siècle. Le
progrès exige des idées éclairées. N'est-ce
pas ce que les hommes et les femmes de la Renaissance nous ont
enseigné lorsqu'ils ont
enclenché le siècle des Lumières ? N'est-ce
pas ce que Voltaire disait quand il a épousé la cause des
droits de l'Homme il y a si longtemps ?[1]
Honte aux cercles officiels, y compris ces journaux au
Canada et au Québec qui font la promotion du recul et de
l'obscurantisme au nom de la liberté d'expression. S'ils croient
si ardemment à cette liberté, pourquoi ne
tolèrent-ils pas ce qu'ils appellent opinions terroristes
islamiques ? Qui décide quelles opinions ont droit à
la liberté
d'expression ? Voilà la question qu'il faut se poser.
Après la Deuxième Guerre mondiale, les
points de vue fascistes n'ont pas eu droit à la liberté
d'expression. C'est l'humanité qui en a décidé
ainsi. L'interdiction a été écrite dans le sang.
Aujourd'hui ceux qui se sont emparés du pouvoir par la force ont
rejeté toutes les valeurs et opinions éclairées
auxquelles l'humanité a donné naissance
depuis le renversement du féodalisme et que les peuples ont
réclamé le pouvoir d'être les décideurs de
leur destin. La bataille pour la démocratie doit être
refaite. Dehors l'ancien, place au nouveau !
Note
1. Voici ce qu'écrit Wikipedia au sujet du
siècle des Lumières :
« Le siècle des Lumières est un
mouvement intellectuel lancé en Europe au XVIIIe siècle
(1715-1789), dont le but était de dépasser
l'obscurantisme et de promouvoir les connaissances. Des philosophes et
des intellectuels encourageaient la science par l'échange
intellectuel, s'opposant à la superstition, à
l'intolérance et aux abus des
Églises et des États. Le terme de
« Lumières » a été
consacré par l'usage pour rassembler la diversité des
manifestations de cet ensemble d'objets, de courants de pensée
ou de sensibilité et d'acteurs historiques. »
Concernant l'origine de la « liberté
d'expression » :
« Il s'agit d'une tradition laïque,
républicaine et démocratique, qui a commencé
à émerger vers la fin du XVIIe siècle. Avant,
c'était une liberté réservée aux
autorités royales, seigneuriales ou religieuses.
« La liberté d'expression est
probablement davantage associée à la Révolution
française. Les révolutionnaires français de 1789
ont revendiqué cette liberté car, pour eux, elle
constituait une liberté fondamentale qui était
indispensable à l'établissement du nouveau régime.
Le peuple français a été ainsi
libéré de la tutelle de la monarchie
absolue. Ses représentants dans l'assemblée nationale
considéraient tout le monde, hommes et femmes, comme
égaux et ayant les mêmes droits fondamentaux. Et dans
cette logique, l'Assemblée nationale a voté la
Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen, le 26
août 1789. À partir de là, tous les actes des
autorités devaient respecter les
règles simples mais fondamentales inscrites dans cette
Déclaration, qui avait pour but d'éviter l'abus du
pouvoir. Le droit français ne reconnaît pas, à
proprement parler, la liberté d'expression, mais on retrouve
dans la Déclaration des articles qui reprennent implicitement
l'idée de « liberté d'expression ».
Dans l'article 10 il est dit
« nul ne doit être inquiété pour ses
opinions [...] pourvu que leurs manifestations ne troublent pas l'ordre
public établit par la loi » et dans l'article 11,
« la libre communication de pensées et des opinions
est un des droits les plus précieux de l'Homme ; tout
citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf
à
répondre de l'abus de cette liberté dans les cas
déterminés par la loi ». (L'ensemble scolaire
le Mirail de Bordeaux)
La diabolisation de la résistance populaire
assimilée au «terrorisme»
- Nathan Freeman -
Face à la diabolisation enragée de la
résistance populaire assimilée au
« terrorisme », en particulier dans les
principales zones de conflit armé du Moyen-Orient, qui
accompagne le climat d'anarchie et la violence
généralisée que nous avons vu en France cette
semaine, il est plus impératif que jamais de continuer à
condamner les
actes terroristes réels comme l'attaque terroriste de Charlie
Hebdo tout en distinguant ces atrocités des actes justes et
nécessaires de résistance populaire comme ceux que nous
voyons en Palestine.
Il y a eu un certain nombre d'attentats semblables
à ceux de Paris au Royaume-Uni au cours des derniers mois,
notamment l'assassinat en plein jour d'un soldat près de sa base
dans le quartier de l'East End de Londres. Le gouvernement et les
médias matraquent systématiquement que ces attentats sont
des actes de « terrorisme
islamique » pour amalgamer les luttes de résistance
légitimes avec les actes de vengeance et de terreur aveugle.
Cette semaine, le chaos en France a été
provoqué par trois événements distincts, suite
à l'attaque contre Charlie Hebdo - un à un
supermarché casher, un près de l'aéroport Charles
de Gaulle et l'autre près de la tour Eiffel. Les
autorités ont fermé le boulevard
périphérique de Paris, l'équivalent serait la
fermeture de l'autoroute 401 à
Toronto. Ces mesures semblent avoir été prises, entre
autres, pour couper la grande banlieue où habitent un grand
nombre de musulmans des « vrais Français »
des arrondissements intérieurs.
Il y a quelques semaines, nous avons vu que les
événements de Saint-Jean-sur-Richelieu et d'Ottawa ont
été utilisés pour créer un climat
d'anarchie, de violence et d'incertitude. Au Québec, à la
suite des événements de Paris de cette semaine, il y a eu
une recrudescence de la diabolisation des
« musulmans » comme des étrangers
malfaisants. L'establishment canadien et américain
prépare quelque chose de terrible. Beaucoup perdent
complètement leurs repères.
Nous condamnons ces derniers attentats terroristes. Nous
condamnons les gouvernements et leurs marionnettes pour leur amalgame
délibéré du terrorisme et des actes de
résistance populaire justes et nécessaires comme la
résistance des Gazaouis à l'agression israélienne.
Bien qu'ils prétendent vouloir défendre la liberté
d'expression, les
gouvernements et leurs agences ont alimenté le climat d'anarchie
et de violence et doivent être condamnés pour cela.
Les implications réelles de l'attentat contre
l'hebdomadaire français Charlie
Hebdo
pour le peuple et ses
droits
- Anne Jamieson -
Que l'État français et/ou
« l'extrême droite » soient
impliqués ou pas dans l'attentat contre Charlie Hebdo
le 7 janvier 2015, cet attentat terroriste a certaines similitudes avec
celui du 11 Septembre 2001 contre le World Trade Centre aux
États-Unis. Comme aux États-Unis en 2001, les sections de
l'oligarchie financière
(ainsi que celle des États-Unis et du Canada) et les
capitalistes monopolistes français profitent pleinement de
l'attaque contre l'hebdomadaire pour semer la confusion. Jusqu'à
présent, ils ont réussi en partie à mobiliser des
gens sur une base raciste pour leur ordre du jour d'ingérence et
d'agression au Moyen-Orient : escalade des agressions
racistes contre des membres spécifiques de la population dans le
pays, et intensification de la surveillance et des contrôles de
l'ensemble de la population, tout en détournant l'attention de
la crise économique et politique de plus en plus grave dans
laquelle ils sont plongés, dans l'espoir de pouvoir faire payer
le peuple pour les crises dont ils sont les
seuls responsables.
Il est intéressant de se pencher sur l'histoire
de Charlie Hebdo (résumée par
Wikipédia),
pour mieux préciser quel a été son rôle,
intentionnellement ou non, dans la promotion de l'ordre du jour
ci-dessus.
L'équipe de rédaction du magazine semble
être composée,
à première vue, de
« gauchistes » progressistes
En 1996, trois membres de sa rédaction
(François Cavanna, Stéphane Charbonnier et Philippe Val)
déposent une pétition de 173 704 signataires qui
demandent l'interdiction du Front national - le parti politique
nationaliste fondé par Jean-Marie Le Pen en 1972,
qualifié d'« extrême droite » et
d'« anti-immigrants » (plus
précisément les immigrants non européens). Cette
pétition réclamant la dissolution du Front national est
précédée de cinq articles de la Déclaration
des droits de l'homme et du citoyen de 1789 (un texte
fondamental de la révolution démocratique bourgeoise de
1789 en France), avec lesquels « le Front national est en
contradiction flagrante ». En plus de ses positions
anti-immigrants, les autres positions majeures de ce parti incluent le
« protectionnisme économique » (soutien
à la nationalisation de certaines
industries) » et un programme strict de « loi et
ordre ». Selon Wikipédia, sa politique d'expulsion
des immigrants est « plus modérée aujourd'hui
qu'elle ne l'était à son point le plus radical dans les
années 1990 ».[1]
Une volte-face
La position apparemment progressiste de l'hebdomadaire,
cependant, a changé brusquement fin 2000, quand une de ses
collaboratrices est renvoyée pour avoir « osé
contester un édito de Val qui qualifiait les Palestiniens de
'non-civilisés' ». Puis, en 2006, l'hebdomadaire
reproduit les douze caricatures
racistes du journal danois Jyllands-Posten qui tournaient en
ridicule le prophète Mahomet et avaient provoqué une
« polémique » qui avait
profondément divisé le Danemark. Ce numéro
contenait également des caricatures du prophète Mahomet
dessinées
par les collaborateurs réguliers du journal. Un certain nombre
d'organisations
islamiques ont poursuivi le directeur de la rédaction, Philippe
Val, pour publication de matériel raciste.
Le président de la République
française de l'époque, Jacques Chirac, condamne par la
suite ces « provocations manifestes » et
déclare : « Tout ce qui peut blesser les
convictions d'autrui, en particulier les convictions religieuses, doit
être évité ». Le futur président,
Nicolas Sarkozy, alors ministre de l'Intérieur et
des Cultes, écrit une lettre au tribunal dans laquelle il
écrit : « Je tiens à apporter clairement
mon soutien à votre journal, qui exprime une vieille tradition
française, celle de la satire », tandis que
François Hollande « exprime son soutien à la
liberté d'expression ». En 2007, Philippe Val est
acquitté par les tribunaux. En
octobre 2011, l'hebdomadaire publie un autre numéro provocateur.
En novembre, les locaux du journal, situés dans le 20e
arrondissement de Paris, sont incendiés par un jet de cocktail
et son site internet piraté. En septembre 2012, l'hebdomadaire
publie d'autres caricatures de Mahomet, certaines pornographiques, et
ses locaux font l'objet d'une
protection policière « pour le protéger contre
les attaques possibles ».
Le 7 janvier 2015, Charb, le directeur de la
rédaction de Charlie Hebdo, publiait une caricature
provocatrice intitulée : « Toujours pas
d'attentats en France » avec un combattant musulman
déclarant : « Attendez, on a jusqu'à la
fin janvier pour présenter ses voeux ». Quelques
heures plus tard,
il était tué dans l'attentat contre la rédaction
du journal.
Selon l'International Business Times,
« la situation pourrait faire grimper Le Pen dans les
sondages, son parti a réitéré sa condamnation de
l'Islam, et demandé le rétablissement de la peine de
mort ».
L'utilisation cynique du principe de la
« liberté d'expression »
Un grand nombre de gens ont condamné l'attentat
contre Charlie Hebdo, mais pas tous sont vraiment
allés au fond des choses pour savoir ce qui s'est passé,
pourquoi et qui sont les responsables. Au contraire, ils sont
mobilisés de manière anticonsciente et hystérique
et conduits à croire qu'ils
soutiennent le principe de la « liberté
d'expression ». La « liberté
d'expression » que la rédaction de ce journal de ce
magazine prétendait défendre, qui était
liée à leur position « d'être contre la
religion en général », était en fait
issue du courant
libertaire datant du XVIIIe siècle en France. Beaucoup de ces
caricatures dans Charlie Hebdo rappellent les romans
libertins du XVIIIe siècle qui contenaient des caricatures et
des écrits pornographiques mettant en scène des
prêtres et des religieuses.
Toutefois, ce soi-disant exercice de la liberté
d'expression de la rédaction de Charlie Hebdo au XXIe
siècle alors que le pouvoir absolu de l'Église et de
l'État a été aboli, est, au mieux, hypocrite.
Peut-on qualifier de « défendre ses
droits » et d'« exercer le droit à la
liberté d'expression » le fait d'attaquer
et de blesser les sentiments d'un groupe minoritaire dans la
société ? Exercer ce « droit »
est plutôt une licence libertaire de faire exactement ce qu'on a
envie de faire, que ce soit ou non au détriment des autres
membres de la société. En dernière analyse, un
appel de libertaire au droit à la liberté d'expression au
XXIe siècle est
un appel aux droits individuels bourgeois au détriment des
droits collectifs.
Les droits humains sont plus que les droits individuels
bourgeois
Dans ses écrits sur la question de
l'édification de la nation au Canada, Hardial Bains aborde la
question de la relation entre les droits individuels et les droits
collectifs des membres de la société au XXIe
siècle :
« À une époque se produisit une
rupture avec l'attitude médiévale, les gens furent
définis suivant leurs droits individuels [...] Tout était
en place pour que les ressources disponibles de la
société soient orientées vers la plus grande
gloire des droits individuels. Cela devint un obstacle à la
satisfaction des droits collectifs. »[2]
L'harmonisation des droits individuels et des droits
collectifs de tous dans la société ne peut être
réalisé que par l'élaboration d'une nouvelle
Constitution et la mise en oeuvre d'un mécanisme politique
nouveau pour rendre cela possible.
Notes
1. Selon le Réseau Voltaire, qui se décrit
comme « un réseau de presse
non-alignée consacré à l'analyse des relations
internationales », Charlie Hebdo a
été créé en 1992, avec un financement
secret du cabinet du président français François
Mitterrand. Charlie Hebdo a été membre du
Réseau Voltaire avant
de s'en retirer en 1997 suite à un désaccord avec le
réseau. À cette époque, Charlie Hebdo faisait
campagne
pour
une interdiction complète du parti d'extrême-droite
Front
National (FN). À cette époque, Réseau Voltaire a
défendu le droit
d'association des membres du FN tout en faisant campagne pour
l'interdiction de son service de
sécurité, le DPS. Par la suite, les relations entre le
réseau et Charlie Hebdo se sont
détériorées. Charlie Hebdo a
attribué les attentats de 9/11 à Al Qaeda et
lançé une campagne
anti-islamique féroce. Pour sa part, le Réseau Voltaire
maintient que
la version officielle des événements était
impossible et a attribué les
attentats à
une faction du lobby militaro-industriel américain. Enfin, en
2007, le
directeur de Charlie Hebdo
se rapproche du président Nicolas Sarkozy, en donnant des
instructions
pour démettre le président du Réseau Voltaire, qui
par la suite s'est
exilé de France.
2. LML, 3 janvier 2015, No. 1.
Références
« L'édification nationale au Canada ne
peut signifier qu'une chose », LML, 3 janvier 2015,
No. 1
Wikipédia.
http ://fr.wikipedia.org/wiki/Charlie_Hebdo
Wikipédia. « Front national (parti
français) » :
http ://fr.wikipedia.org/wiki/Front_national_(parti_fran %C3 %A7ais)
Un coup monté?
Paul Craig Roberts, ancien secrétaire-adjoint au
Trésor de l'administration Reagan et rédacteur adjoint du
Wall Street Journal, dans un article publié
sur son site internet le 8 janvier, affirme que l'attaque terroriste
à Paris a été un coup monté - une
opération sous fausse bannière - « dont
l'objectif est de consolider le statut
d'État vassal de la France vis-à-vis les
États-Unis ».
« Les suspects peuvent être coupables
et boucs émissaires. Rappelons-nous les complots terroristes
faits par le FBI pour rendre la menace terroriste réelle aux
Américains », écrit-il.
Il dit que l'économie française subit les
conséquences des sanctions imposées par les
États-Unis contre la Russie. « Les chantiers navals
sont affectés parce qu'ils ne peuvent pas expédier les
commandes russes en vertu de leur statut d'État vassal
vis-à-vis Washington, et d'autres secteurs de l'économie
française subissent les effets négatifs
des sanctions que Washington oblige ses États vassaux de l'OTAN
à imposer à la Russie. »
Roberts écrit que cette semaine le
président français, François Hollande, a
déclaré que les sanctions contre la Russie devaient
cesser. « Pour Washington, c'est trop d'indépendance
en matière de politique étrangère de la part de la
France. »
Il ajoute que la CIA semble avoir ressuscité une
politique utilisée contre les Européens pendant la
période suivant la Deuxième Guerre mondiale, alors que
l'agence d'espionnage des États-Unis perpétrait des
attaques dans les pays européens et les mettait sur le dos des
groupes communistes.
Selon Roberts, les agences étasuniennes
projettent en ce moment de mener des opérations sous fausse
bannière dans le but d'inciter la haine contre les musulmans et
d'amener les pays d'Europe dans la sphère d'influence des
États-Unis.
Il dit que « l'attaque contre Charlie Hebdo
est un « travail de l'intérieur » et que des
individus
identifiés par l'Agence de Sécurité nationale
comme étant hostiles aux guerres occidentales contre les
musulmans seront victimes d'une machination visant à ramener la
France bien fermement sous la férule de Washington.
Le gouvernement des États-Unis
« raconte aux Américains n'importe quelle histoire
qu'il invente et s'amuse de la naïveté du
peuple », écrit-il.
5e anniversaire du tremblement de terre
en Haïti
Les Haïtiens intensifient leur lutte pour
l'indépendance et la démocratie
Manifestations au Canada
suite au tremblement de terre en Haïti pour dénoncer la
manipulation de la catastrophe par les cercles dirigeants au Canada,
aux États-Unis et
en France pour atteindre leurs fins
Le 7 janvier, Ezili Dantò, présidente du
Réseau du leadership des avocats haïtiens, était en
entrevue à l'émission Discussion à la radio
Vancouver Co-Op. Dantò a fait un survol de la situation en
Haïti et des développements majeurs menant au 12 janvier
2015, le cinquième anniversaire du séisme
dévastateur de 2010 et la date retenue pour la
dissolution de la chambre basse du parlement d'Haïti. Les extraits
suivants de son entrevue décrivent le mouvement grandissant du
peuple haïtien pour regagner son indépendance et sa
démocratie face au joug des États-Unis et les
tâches cruciales du peuple en ce moment. Dantò a
expliqué que le 12 janvier 2015 semble être un point de
convergence
du peuple haïtien dans sa lutte contre la présidence
fantoche et l'occupation militaire imposées par les
États-Unis et que 2015 présente la possibilité de
victoires pour Haïti dans l'affirmation de son droit d'être.
Dantò a décrit l'occupation militaire
américaine depuis le coup d'État de 2004 par les
États-Unis, le Canada et la France contre le président
élu Jean-Bertrand Aristide et a expliqué comment
l'occupation a utilisé le séisme de 2010 pour affermir
son contrôle sur Haïti :
« Nous sommes
sous occupation
américaine en Haïti depuis 2004, une occupation
américaine directe donnée en sous-traitance aux Casques
bleus de l'ONU, dans un pays où il y a moins de violence qu'en
République dominicaine, qui est située de l'autre
côté de l'île, dans un pays qui ne vit pas la
guerre. Les
États-Unis sont en Haïti en
ce moment derrière les fusils de l'ONU et la fausse bienfaisance
d'ONG. En ce moment, nous en sommes à cette conjoncture,
où le 12 janvier 2015, le parlement d'Haïti sera dissous.
Michel Martelly, le président fantoche [a été] mis
au pouvoir par les États-Unis en 2010, tout de suite
après le séisme. Un grave séisme a frappé
Haïti le 12 janvier
2010. Dans le sillage de ce séisme, 316 000 Haïtiens ont
été tués en moins d'une minute, la plus grande
catastrophe que le monde ait connue en fait de décès dans
ce laps de temps.
« C'est à ce moment que la
« doctrine de choc » menée par les
États-Unis a forcé les Haïtiens à aller en
élection, et la personne qui est devenue président
était un chanteur de compas appelé Michel Martelly, qui
faisait partie de la cabale duvaliériste en 1991. Il a
travaillé avec l'armée, c'est un homme de droite,
probablement
quelqu'un qui en temps normal n'aurait pas été élu
par les Haïtiens. Littéralement, moins de 17 % de la
population a voté et sur ces 17 % beaucoup de bulletins
étaient blancs. Hillary Clinton, qui était à cette
époque secrétaire d'État de Barack Obama s'est
rendue
en Haïti et a dit au chef du parlement « Vous ratifiez
cette
[élection] ou perdez vos visas » et c'est comme
çà depuis.
« Nous sommes maintenant en 2015. Depuis que
Martelly a accédé au pouvoir, il a agi en dictateur, les
fusils de l'ONU à son service, lesquels ont remplacé la
vieille armée sanguinaire haïtienne, et il n'a jamais tenu
d'élections pour le parlement. Il a accédé au
pouvoir en mai 2011. Normalement le parlement est composé de 30
sénateurs
et de 99 députés dans la chambre basse. Il y en a eu un
tiers, seulement 20 sénateurs à ce moment qui ont
accédé au pouvoir en mai 2011. Son premier acte
constitutionnel aurait dû être de tenir des
élections pour l'autre tiers du Sénat, pour les postes
locaux et ainsi de suite.
« Depuis que Martelly a accédé
au pouvoir en Haïti, il n'y a eu aucune élection. Les
raisons pour lesquelles nous avons écrit le document appelant
à la destitution de Martelly, c'est que pendant les trois
dernières années, les gens ont pris la rue,
manifesté contre Martelly de différentes façons,
tandis que lui a organisé quatre carnavals mais pas
d'élections. Il a dépensé de l'argent dans les
carnavals, il a dépensé de l'argent pour voyager en
divers lieux, faisant la promotion de beaucoup de choses pour
lesquelles les États-Unis l'avaient mis en place,
c'est-à-dire l'économie néolibérale
où vous privatisez les biens publics et faites une
économie d'exportation, et où le développement se
ramène au tourisme où vous prenez les terres des
pêcheurs et les remettez aux riches touristes. C'est ça
qu'il appelle le développement.
Une manifestation
exigeant la démission du premier ministre Lamothe et du
président Martelly à Port-au-Prince le 13 décembre
2014
|
« Nous en sommes à un point où
il doit y avoir dissolution du parlement le 12 janvier 2015, parce
qu'il n'y a pas eu d'élection. Il y a eu deux avocats en
Haïti et d'autres qui ont porté plusieurs accusations de
corruption contre la famille Martelly. Il y a un juge qui est mort dans
des circonstances suspectes ; il y avait, jusqu'à la
semaine dernière, plusieurs prisonniers politiques.
Alors le peuple se bat pour ces demandes.
« En ce moment nous visons une situation
où le premier ministre d'Haïti a démissionné
en raison de la pression de la rue ; aujourd'hui la Cour
suprême de justice a démissionné à cause de
tout cela. Martelly fait face à seulement 20 sénateurs.
Ils sont en ce moment la seule branche opérationnelle du
parlement parce que les
députés, les 92 restants, ne siègent pas en ce
moment et lorsqu'ils seront de retour, leurs mandats seront
échus. Il n'y aura pas de parlement, il sera dissous.
« Pour beaucoup de manifestants qui
étaient dans la rue, le gouvernement Martelly de pair avec la
police haïtienne entraînée par les États-Unis
et le Canada ont fait ce qui a été fait à
Ferguson, au Missouri. Ils ont militarisé la police qu'ils ont
entraînée, la police haïtienne, et ils ont
jeté de l'eau fétide, des gaz lacrymogènes et
ainsi de
suite, aux étudiants et aux gens qui manifestaient contre la
dictature de type duvaliériste en Haïti qui a
été mise là par la communauté
internationale, par l'OEA et tous ceux qui légitiment les
élections pour avoir une façade de démocratie.
« Ce que nous avons dit, au Réseau du
leadership des avocats haïtiens, c'est que pour éviter un
bain de sang et encore plus d'inconstitutionnalité, la meilleure
chose que le Sénat puisse faire, en tant que seule
autorité légale restante, est de destituer Martelly. Nous
sommes sous occupation, et toute élection, à notre avis,
est dépourvue
d'emblée de légitimité, mais le Sénat est
un des seuls espaces légaux en place où les Haïtiens
pourraient dire : ' Sur la base de la constitution haïtienne,
le peuple a tenu un référendum, cette personne
illégale nous voulons l'expulser, nous voulons en finir avec la
corruption.' Nous pensons qu'afin d'éviter un bain de sang, la
meilleure chose à
faire est que ces 20 sénateurs se rassemblent et destituent
Martelly.
« Mais je pense que la situation a
déjà dépassé cette prise de position. Nous
avons écrit cela il y a deux semaines. Les choses
évoluent très rapidement. En ce moment on nous dit que
des Marines américains ont mis pied hier en Haïti. Nous ne
savons pas s'ils sont là pour garder Martelly au pouvoir ou
s'ils sont là pour le mettre dans un
avion pour le sortir du pays comme ils l'ont fait avec Duvalier en
1986. »
Dantò a décrit l'état des forces
populaires en Haïti aujourd'hui et les demandes du mouvement
populaire contre l'occupation américaine :
« [Jean-Bertrand Aristide] a
été le premier président haïtien élu
démocratiquement. [Fanmi Lavalas] est son parti politique. Mais
depuis 2004, lorsqu'il a été placé dans un avion
par les forces spéciales américaines et
déporté en Afrique, le parti politique Fanmi Lavalas n'a
pas été autorisé à participer aux
élections. Le président Aristide
est retourné en Haïti sept ans après le coup
d'État de 2004. Haïti a un peuple très
politisé ; il participe beaucoup à ce qui se passe
dans son pays. Si nous vivons cette convergence en ce moment, cette
pression pour que Martelly et Lamothe démissionnent et en fait
ils sont près de la démission, c'est en raison du
mouvement populaire. Ce
mouvement populaire inclut ce qui est généralement connu
sous le nom de Mouvement Lavalas, qui est plus grand que le parti
politique du président Aristide. Ce sont toutes les personnes
pro-démocratie en Haïti, qui peuvent provenir de divers
horizons mais ne veulent pas la dictature et veulent institutionnaliser
la règle de droit.
« [Le sénateur Moïse
Jean-Charles] est l'une des personnes les plus actives qui
mènent le peuple dans la rue pour parler de plusieurs choses.
« Ce qu'ils exigent est la démission
du gouvernement fantoche d'Haïti, que la MINUSTAH, les 'Casques
bleus' en Haïti quittent — ils sont le bras militaire de
l'occupation américaine — et ils demandent que les ONG quittent.
[Les ONG sont] en Haïti depuis des décennies et nous avons
toujours une croissance zéro, une infrastructure
zéro en santé publique et ainsi de suite parce qu'elles
n'ont pas de responsabilité envers le public, seulement envers
leurs membres et ceux-ci sont à l'étranger. C'est la
nouvelle façon, en période post-Guerre froide, que les
États-Unis contrôlent les affaires internes de
différents pays, en détruisant les infrastructures et
puis en rendant le pays
dépendant en faisant de la charité la nouvelle
infrastructure. Cette charité est discriminatoire parce qu'elle
est au service de gens qui sont plus à droite, qui sont plus
enclins à appuyer l'impérialisme américain... Les
gens ne comprennent pas que les ONG sont très politisées
parce qu'elles sont financées par les gouvernements pour une
raison
particulière.
« Le mouvement Fanmi Lavalas est très,
très puissant — il est un des mouvements politiques les plus
puissants. Ce serait le parti politique le plus puissant s'il pouvait
participer aujourd'hui aux élections. Il est plus que probable,
à moins qu'il présente quelqu'un de ridicule, qu'il
gagnera, en raison de la lutte que le peuple haïtien a
menée
au sujet du président Aristide. Il y a de jeunes avocats et de
jeunes gens très nouveaux et dynamiques qui se sont
distingués durant les dix dernières années en
dehors du parti Fanmi Lavalas, parce qu'il n'était pas
autorisé à participer aux élections.
« Nous, du Réseau du leadership des
avocats haïtiens, voyons et avons expliqué aux gens dans le
monde que la MINUSTAH, le Chapitre 7 de l'ONU sur la force de maintien
de la paix qui est en Haïti depuis sept ans, nous a laissé
sans développement et a causé beaucoup d'abus des droits
humains et nous a notamment apporté le choléra
en octobre 2010. Cela a mené à la mort de plus de 10 000
Haïtiens pauvres et infecté toutes nos sources d'eau et
plus de 850 000 Haïtiens. Voilà ce que l'humanitarisme de
l'ONU nous a apporté. Tout cela après le séisme et
son incroyable traumatisme. Nous sommes maintenant à une
conjoncture, une convergence, où le 12 janvier 2015 sera le
cinquième anniversaire du séisme et le jour de la
dissolution du parlement. En raison de tout cela nous voyons,
finalement, l'opportunité peut-être de nous
débarrasser de la MINUSTAH, de tenter de reprendre notre
souveraineté et tout le monde pousse dans ce sens en ce
moment. »
Dantò a dit que les événements
indiquent une forte possibilité d'une percée pour les
Haïtiens dans leur lutte pour le pouvoir et un gouvernement
patriotique :
« Bien sûr, c'est toujours
inquiétant lorsque les forces américaines
débarquent en Haïti, et nous sommes à cette
conjoncture. Tant de gens sont morts durant ces 10 dernières
années pour en arriver à ce point. Mais, je vous donne un
exemple : il y a deux jeunes avocats, André Michel et
Newton St-Juste, et c'est intéressant parce
qu'ils demandent à Bill Clinton de rendre compte des 10
milliards $ récoltés depuis 2010. Pendant 18 mois,
il a été coprésident de la Commission
intérimaire pour la reconstruction d'Haïti. Et c'est
très excitant parce que pour la première fois nous
regardons vers l'extérieur. Ce n'est pas une lutte interne,
c'est 'voilà nos ennemis
traditionnels, voilà ce qu'ils font'. C'est clair maintenant,
alors
qu'avant nous n'avions pas cela. Je pense que c'est très
intéressant que cette convergence se produise. Le 12 janvier
approche. Beaucoup de médias ne viennent en Haïti qu'une
fois par année, au moment de l'anniversaire du séisme,
pour faire ces petites histoires qui vous font sentir
bien, mais une des grosses histoires est ce qui va arriver à
l'argent, à ce 10 milliards $.
« Ces deux jeunes avocats haïtiens ont
réussi à libérer beaucoup d'Haïtiens de
prison ces trois dernières semaines en raison du
soulèvement populaire. Les gens prennent la rue et les forces
d'occupation américaines, menées par le gouvernement
Martelly, les arrêtent et les jettent en prison. Martelly a
dirigé par décret depuis le tout début.
La communauté internationale ignore cela et l'enhardit. Mais
aujourd'hui, les gens de tous ces médias vont arriver de partout
dans le monde, pour parler de ce qui se passe — c'est le
cinquième anniversaire : ce qui a été fait,
combien de gens sont toujours dans la rue, combien de logements,
où est allé l'argent, ce qui advient des emplois et
ainsi de suite. Nous avons cette conjoncture, nous avons le Conseil de
sécurité de l'ONU qui se rend en Haïti le 23 janvier
[pour évaluer la MINUSTAH], tout cela arrive et en même
temps, il y a ces jeunes Haïtiens qui prennent la rue presque
quotidiennement.
« Je vois que ce groupe d'Haïtiens est
beaucoup plus au courant de ce qu'il en est de l'économie
d'exportation, comment elle détruit l'économie locale.
Ils sont beaucoup plus au fait qu'avec les ONG, 99 cents de chaque
dollar qu'elles récoltent leur reviennent, seul un cent va au
gouvernement haïtien. Ils comprennent tout cela. Ils ne
veulent pas de ce genre d'aide, ils ne les veulent pas ici. Je pense
que c'est une nouvelle chose et j'espère que cela continue,
j'espère que les États-Unis ne vont pas faire taire
brutalement ces gens en les tuant. Je pense voir un changement. Nous
espérons que pas trop de gens vont mourir. Nous espérons
que ce n'est pas un bain de sang qui va
avoir lieu dans les prochaines trois semaines. »
Tous
en
appui
à
la lutte du peuple haïtien
pour regagner son indépendance et la démocratie !
Puerto Rico
Campagne mondiale pour la libération d'Oscar
López Rivera, prisonnier politique aux États-Unis
Une campagne mondiale pour la libération du
patriote et prisonnier politique portoricain Oscar López Rivera
est en cours. Injustement condamné à 55 années de
prison par le pouvoir colonial américain pour ses positions
justes et de principe à la défense de la dignité
et de la souveraineté du peuple portoricain, López Rivera
a été emprisonné
depuis presque 34 années, dont 12 en isolement. Il s'en est tenu
à ses positions face à cette épreuve tout en
étant un prisonnier modèle. Cette constance et la
fidélité à la cause du peuple portoricain a
été reconnue partout en Amérique latine, dans les
Caraïbes, aux États-Unis et dans le monde par les forces
qui luttent pour la dignité, la justice et
contre l'impérialisme américain.
Le président
uruguayen José Mujica, dans
une lettre ouverte au président américain Barack Obama
envoyée au début de décembre 2014, souligne des
cas significatifs d'emprisonnements injustes par les États-Unis,
incluant López Rivera. Ancien guérillero, Mujica fut
lui-même prisonnier politique durant 13 ans. Cette lettre a
mené aux
négociations en cours avec les États-Unis pour la
libération de López Rivera. Le 24 décembre, Marcia
Rivera, une éminente universitaire et parente de López
Rivera vivant en Uruguay, annonçait par son compte Facebook que
la libération de l'activiste pourrait avoir lieu très
bientôt. Ce même jour, le gouverneur portoricain Alejandro
Garcia Padilla
a dit que son gouvernement presse aussi les États-Unis de
libérer l'activiste politique.
Le 4 janvier, le président
vénézuélien Nicolas Maduro a offert d'envoyer le
dirigeant américain de l'opposition Leopoldo López,
présentement en prison, en échange de la liberté
de López Rivera. Leopoldo López a été
arrêté en février après qu'il ait
aidé à lancer une vague de trois mois de manifestations
violentes d'opposition visant
l'expulsion de Maduro. Cette offre était la réponse aux
remarques du vice-président américain Joe Biden à
Maduro le 4 janvier, que la libération de ce que Biden appelait
« les prisonniers politiques
vénézuéliens » serait un
préalable à tout dégel des relations entre les
deux pays. Lors d'un discours télévisé plus tard
ce jour-là, le
président Maduro a dit que « la seule façon
que je pourrais utiliser mes pouvoirs présidentiels [pour
libérer M. López] serait de le mettre dans un avion pour
les États-Unis, de le laisser là et qu'ils envoient Oscar
López Rivera — homme pour homme. » La porte-parole du
département d'État des États-Unis Jen Psaki a dit
le 7 janvier
que les cas de Leopoldo López et López Rivera ne sont pas
comparables, rejetant l'offre.
Le président du Comité des droits humains
à Puerto Rico, Eduardo Villanueva, dans un article du 5 janvier
de Inter News Service, a dit que l'année passée a
été très productive dans la lutte pour la
libération de López Rivera. Il a souligné que l'an
dernier, plusieurs personnalités politiques nationales ont pu
visiter López Rivera en prison à Terre
Haute, en Indiana. Parmi elles, Alejandro García Padilla du
Parti populaire démocratique, la sénatrice Maria de
Lourdes Santiago du Parti indépendantiste portoricain, de
même que le secrétaire général du parti Juan
Dalmau, les dirigeants du Mouvement Hostos de l'indépendance
nationale, Alejandro Torres Rivera et Wilma Reveron ainsi que le
Révérend Rafael Moreno du Conseil des Églises.
Il a souligné l'importance des
déclarations internationales faites récemment par des
dirigeants politiques tels que les présidents Daniel Ortega du
Nicaragua, Raúl Castro de Cuba, José Mujica de l'Uruguay
en plus de Maduro et du défunt président Hugo
Chávez et de l'ancien juge Espagnol Baltasar Garzón. Il a
aussi souligné les déclarations par la
Communauté d'États latino-américains et
caraïbes (CELAC), le Forum social international à
São Paolo et la Conférence permanente des partis
politiques de l'Amérique latine et des Caraïbes.
« Cela a augmenté la pression sur l'administration
Obama qui sait qu'elle doit être cohérente dans ce qu'elle
dit sur les droits humains », a dit
Villanueva.
Le 6 janvier était le 72e anniversaire de
López Rivera. Le Réseau national Boricua des droits
humains et La Respuesta Magazine ont organisé une
campagne mondiale pour appeler à sa libération. La
campagne « Naissance d'un patriote, étoile d'une
nation » a appelé à l'envoi de 100 000
messages sur les comptes
officiels Twitter du président américain Barack Obama, la
Maison-Blanche et du département américain de la Justice.
Une vibrante célébration a eu lieu à Puerto Rico
pour célébrer son anniversaire, où plusieurs
orateurs ont souligné comment López Rivera est une
inspiration pour eux et un exemple de l'esprit révolutionnaire
du peuple portoricain.
Le 6 janvier est aussi le « Jour des rois mages »
du douzième jour après Noël. À Puerto Rico,
les célébrations de la journée ont
été dédiées à la liberté de
López Rivera.
Célébration
du 72e
anniversaire d'Oscar López Rivera le 6 janvier 2015 à San
Juan, Puerto Rico. Photo du bas : Fête des Rois mages
à San
Juan.
Plusieurs personnalités culturelles, religieuses
et politiques demandent la libération immédiate de
López Rivera. Dans un article du 12 décembre 2014 pour CounterPunch,
Matt
Peppe
en
souligne
quelques-unes : « [Au
début de décembre] à un concert à San Juan,
le chanteur reggaeton René Pérez Joglar du groupe Calle
13 a invité la fille de López Clarissa sur la
scène pour lire une lettre plaidant en faveur de la
libération de son père.
« Après avoir gagné la
médaille d'argent en judo aux jeux de l'Amérique centrale
et des Caraïbes en novembre, Augusto Miranda a
déclaré à la presse : 'Je veux utiliser ce
forum pour tout le peuple de Puerto Rico et des États-Unis.
C'est un abus ce qu'ils ont fait à Oscar López Rivera,
prisonnier politique. Il est temps de lui
rendre sa liberté.'
« Le président de l'Université
de Puerto Rico (UPR), Uroyoán Ramón Emeterio Walker,
s'est joint aux étudiants à l'université pour
appeler à la libération de López, citant des
'raisons humanitaires' pour ce qu'Emeterio appelait une sentence
'disproportionnée'.
« Des activistes des droits humains tels le
lauréat du prix Nobel de la paix l'archevêque Desmond
Tutu, Máiread Corrigan Maguire et Adolfo Pérez Esquivel
ont demandé à Obama de libérer López. [...]
Tutu a dit que le 'crime' de López était 'un complot pour
libérer son peuple du joug de la justice
impériale'. »
D'autre part, le compatriote portoricain prisonnier
politique Norberto Gonzalez Claudio devrait être
relâché d'une prison américaine le 15 janvier.
Condamné à une sentence de cinq années en 2011, il
devait être libéré le 7 septembre 2014.
LML réitère que les
États-Unis doivent libérer Oscar López Rivera
immédiatement et mettre fin à la domination coloniale de
la nation de Puerto Rico.
(Sources :
teleSUR, BBC, Inter News Service, PanAm
Post. Photos : El Nuevo Dia, Réseau national Boricua des
droits humains)
Oscar López Rivera, combattant pour
l'indépendance portoricaine
Né en 1943 à Puerto Rico, Oscar
López Rivera était un vétéran
décoré qui a reçu une médaille pour avoir
combattu lors de la guerre du Vietnam. Après être
rentré à Chicago où vit sa famille, il a joint la
lutte à la défense des droits de Puerto Rico. Il
était un organisateur communautaire bien connu qui a
tenté d'améliorer les conditions de vie
de sa communauté. Il a participé dans des actes de
désobéissance civile et de militantisme pacifique.
En 1976, il a joint la lutte clandestine pour
l'indépendance de Puerto Rico en tant que membre des Forces
armées de libération nationale (FALN).
En 1981, il a été capturé par le
FBI sur des accusations de « conspiration
séditieuse » et pour son appartenance aux FALN. Lors
de sa capture, il s'est déclaré « prisonnier
politique », exerçant son droit sous le Premier
protocole de la Convention de Genève de 1949, qui
reconnaît ce droit aux gens détenus dans un
contexte d'occupation coloniale.
Selon le protocole, un prisonnier de guerre ne peut
être jugé comme un criminel commun, encore moins si la
procédure traite d'actes reliés à la participation
à la lutte anticoloniale. La demande a été
ignorée par le gouvernement américain, qui a
condamné López Rivera à 55 années en prison
fédérale. Après avoir accusé l'activiste
portoricain
emprisonné de tentative d'évasion (« complot
en vue de s'échapper »), les autorités ont
prolongé sa sentence à 70 années, dont 12 pendant
lesquelles López fut maintenu en isolement.
Mai 2014 était la
33e année de
prison pour López Rivera. Il est le seul des 13 prisonniers,
militants du FALN, encore en prison. L'ancien président
américain Bill Clinton a offert un pardon conditionnel en 1999
aux autres membres du FALN mais López Rivera a refusé
parce que la condition pour sa libération incluait 10
années
supplémentaires en prison et que l'offre de pardon ne
s'appliquait pas à 2 de ses camarades.
« Nous n'avions pas d'autre alternative pour
survivre en tant que peuple. Nous parlons d'un moment de grande
persécution et de répression, et nous voulions survivre.
Nous avions utilisé ce qu'ils appellent la 'propagande
armée' pour transmettre le message de notre lutte »,
a dit López Rivera.
Il dit ne pas avoir de regrets malgré tout.
« Mes premières 18 années en prison ont
été terribles, alors je pensais que ce serait impossible
d'être libéré pour bonne conduite après tout
ce qu'ils m'ont fait », a-t-il ajouté.
Le 18 juin 2012, le Comité spécial de la
décolonisation de l'ONU a approuvé une résolution
promue par Cuba appelant à la reconnaissance du droit à
l'indépendance et à l'autodétermination de Puerto
Rico. Elle appelait aussi les États-Unis à libérer
les combattants pour l'indépendance. L'ébauche a
été appuyée par la Bolivie, l'Équateur, le
Nicaragua et le Venezuela. Elle a été adoptée par
le comité par consensus. Les États-Unis ont ignoré
la résolution de l'ONU.
Le Mandela de notre époque ?
La cause de la libération d'Oscar López
Rivera a été célébrée et
appuyée par les artistes de Calle 13, Andy Montañez,
Ricky Martin, Chucho Avellanet, le cinéaste Jacobo Morales et
par des intellectuels et des dirigeants de mouvements politiques et
sociaux dans le monde.
Les défenseurs de López Rivera comparent
son cas au défunt président sud-africain Nelson Mandela,
qui fut emprisonné par un gouvernement qu'il considérait
illégitime.
Récemment, le président
vénézuélien Nicolas Maduro a rendu hommage
à López Rivera.
« Il est en prison depuis 35 années.
Il est le Mandela de notre époque. Son seul crime était
de demander un Puerto Rico indépendant ... On a tenté de
le tourner en ridicule mais il est le Mandela
latino-américain », a dit Maduro à sa sortie
du Sommet 2014 sur les changements climatiques à New York. Le
dirigeant vénézuélien
presse les États-Unis de libérer ce combattant pour la
liberté dont le seul crime a été de
« défendre l'étoile de la dignité sur
le drapeau de notre soeur Puerto Rico. »
(TeleSUR, 24
décembre 2014)
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