Le
                              Marxiste-Léniniste

Numéro 180 - 8 décembre 2013

Nelson Mandela, 1918-2013

Madiba n'est plus ;  la lutte continue


Nelson Mandela s'adresse à un rassemblement exalté de 100 000 personnes à Soweto le 13 février 1990, deux jours après
sa libération. Après 27 ans comme prisonnier politique du régime raciste de l'apartheid en Afrique du Sud, sa libération
était le fruit de l'action politique soutenue et de la lutte armée en Afrique du Sud.



À titre d'information
Biographie de Nelson Mandela
- Le gouvernement de l'Afrique du Sud -

Nous admirons les acquis de la révolution cubaine
- Discours de Nelson Mandela au rassemblement du jour
de la Moncada, Mantanzas, Cuba, le 26 juillet 1991


Nelson Mandela, 1918-2013

Madiba n'est plus ; la lutte continue


À gauche : Marche historique de 20 000 femmes à Pretoria contre les lois racistes le 9 août 1956, commémorée aujourd'hui
par le Jour des femmes en Afrique du Sud. Les marcheuses scandaient : « wathinth' abafazi, wathinth' imbokodo », qui
se traduit par : « Vous frappez une femme, vous frappez une roche. » À droite : Nelson Mandela brûle son passeport.

Le jeudi 5 décembre en soirée, Nelson Mandela est décédé chez lui à Johannesburg, en Afrique du Sud. La vie de l'homme connu dans le mouvement contre l'apartheid sous le nom de Madiba correspond à toute fin pratique aux années du Congrès national africain (ANC). L'ANC a été fondé sous le pouvoir colonial britannique en janvier 1912 et c'est en son sein que Madiba sera appelé plusieurs fois à jouer un rôle prépondérant. L'ANC regroupait tous ceux qui combattaient le pouvoir minoritaire blanc, depuis les communistes révolutionnaires aux syndicalistes, en passant par les jeunes des townships, unis pour mettre au point un plan de lutte pour réaliser le pouvoir majoritaire noir.

Mandela faisait partie de la vague de luttes anticoloniales et de libération nationale qui a déferlé sur l'Afrique, l'Asie, l'Amérique latine et les Caraïbes après la Deuxième Guerre mondiale. Face à la violence implacable de l'État de l'apartheid, le mouvement de libération sud-africain a pris les armes après que tous les moyens pacifiques aient échoué à produire le changement. Nelson Mandela a été incarcéré pendant 27 ans à la prison militaire du régime raciste à Robben Island pour le crime d'avoir participé à l'organisation du Umkhonto ne Sizwe (« Fer de lance de la nation »), l'aile armée de l'ANC. Sa libération en 1990 était le produit de la confluence de deux puissants courants de lutte à la fin des années 1980.


Une affiche qui appelle les femmes à prendre leur place dans la lutte armée contre le régime de l'apartheid. L'aile armée de l'ANC, Umkhonto we Sizwe (Fer de lance de la nation) dont Nelson Mandela fut le commandant en chef, poursuivait une stratégie consistant à saboter des éléments d'importance économique et politique comme les postes, les cabines de téléphone, les bureaux de passeport et les pylônes électriques. (Cliquer sur l'image pour agrandir)

Le courant principal était la lutte pour rendre les townships noirs ingouvernables. En rapportant la mort de Mandela, les médias monopolisés ont encore une fois minimisé l'importance de cet aspect, le considérant comme rien de plus qu'un mouvement terroriste. En effet, Mandela avait été condamné comme terroriste par les mêmes pouvoirs qui lui font des louanges aujourd'hui. La CIA américaine avait fourni au gouvernement fasciste de l'Afrique du Sud des renseignements qui ont mené à sa capture par les forces sud-africaines le 5 août 1962, prélude à 27 années d'emprisonnement. Durant les années 1980, le régime minoritaire blanc était clandestinement soutenu par le gouvernement de Ronald Reagan aux États-Unis et ouvertement par le gouvernement de Margaret Thatcher en Grande-Bretagne.

L'autre courant de la lutte du mouvement anti-apartheid pour la libération de l'Afrique du Sud était la lutte de guérilla armée de l'Organisation du peuple du sud-ouest africain (SWAPO) en Namibie pour mettre fin à l'occupation illégale de ce pays par l'Afrique du Sud, et la lutte de l'Angola combinant les forces armées de l'Angola et de Cuba pour mettre fin à la guerre de terreur du régime de l'apartheid contre ses voisins, les « États du front ». Le but de la campagne terroriste du gouvernement sud-africain était d'instituer son hégémonie dans la région en forçant les peuples de l'Afrique australe à accepter la permanence du pouvoir minoritaire blanc. En Afrique du Sud, les forces populaires étaient bien conscientes de la contribution décisive des forces armées cubaines à Cuito Cuanavale, en Angola, où on a mis fin au mythe de l'invincibilité militaire des forces armées du régime sud-africain raciste.

Dans sa couverture médiatique sur la mort de Mandela, la presse monopolisée prend bien soin de ne pas mentionner le rôle crucial de Cuba dans le renversement de l'apartheid. Mandela, lui, n'a jamais oublié. Après sa libération en février 1990, le premier pays qu'il a visité à l'extérieur de l'Afrique était Cuba.

La lutte pour la libération de l'Afrique du Sud a été soutenue et encouragée par un grand mouvement populaire contre l'apartheid à l'échelle mondiale. La demande de libération de Mandela était au centre de ce mouvement, de pair avec la demande que les pays étrangers cessent de faire le commerce avec le régime fasciste. Le mouvement était mu par le dégoût du monde face à l'apartheid répugnant et s'inspirait de la lutte courageuse des Sud-Africains incarnée par Nelson Mandela.


La police notoire du régime de l'apartheid se livrant au massacre de Sharpeville, la répression brutale d'une grande manifestation contre les lois sur les passeports internes qui a fait 69 victimes le 21 mars 1960.


Le célèbre soulèvement de Soweto de la jeunesse et des étudiants commencé le 16 juin 1976 a provoqué une nouvelle vague de résistance parmi les Sud-Africains noirs.

L'histoire et les peuples du monde ne vont pas de sitôt oublier les réalisations positives d'une valeur durable pour les Sud-Africains et l'ensemble du continent africain avec Mandela comme figure de proue. Le silence des médias monopolisés sur les éléments révolutionnaires et populaires et d'autres aspects de la lutte victorieuse du peuple n'atteindra pas son objectif de conduire les batailles pour la libération d'aujourd'hui dans des voies sans issue.

L'Afrique du Sud post-apartheid est née à la fin de la division bipolaire du monde et dans les conditions de l'offensive néolibérale contre les peuples du monde dans les années 1990. Ce n'est pas un exploit insignifiant pour tout pays de surmonter les obstacles et les pressions de l'impérialisme d'une manière qui favorise son peuple, plutôt que les monopoles mondiaux. C'est d'autant plus le cas pour un pays qui, comme l'Afrique du Sud, porte les cicatrices et les blessures de plus de 300 ans de pouvoir raciste. En tant que dernière colonie à conquérir sa liberté dans l'histoire épique de la lutte continentale pour renverser la domination coloniale, l'Afrique du Sud illustre les défis qui se posent pour un véritable projet d'édification nationale.

Dorénavant, comme on le voit déjà, les fronts de la lutte anti-impérialiste sont engagés dans une reconstitution en vue de batailles prolongées contre les sombres dangers d'une troisième guerre mondiale que préparent les impérialistes américains et les pays à leur service. Aujourd'hui avec la nouvelle ruée sur l'Afrique, les puissances impérialistes du XXIe siècle cherchent à répéter ce qu'ont fait les puissances européennes au XIXe siècle : découper l'Afrique et se la partager. Mais cette nouvelle ruée sur l'Afrique s'accompagne de dangers encore plus graves, puisque l'Afrique serait transformée en une arène où les impérialistes s'affrontent ouvertement tandis que le continent leur sert de plate-forme pour projeter leur pouvoir sur le monde entier. Les Africains seraient sacrifiés en masse dans cette marmite. Dans ce contexte, le caractère anti-impérialiste des luttes de libération nationale africaines du XXe siècle ne peut être ignorées. Les tentatives éhontées des médias monopolisés de présenter la réalisation du pouvoir majoritaire noir en Afrique du Sud, avec Mandela à sa tête, comme une répudiation et un rejet de la lutte anti-impérialiste, notamment de tous ses aspects révolutionnaires, ne passeront plus très longtemps l'examen rigoureux et vont vite s'user à la répétition.

Madiba n'est plus ; la lutte continue.

(Photos a: ANC Archives, Mayibuye Archives, LML, Indymedia)

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À titre d'information

Biographie de Nelson Mandela

Les premières années


Un jeune Nelson Mandela lorsqu'il était avocat

Rolihlahla Mandela voit le jour à Mvezo, un village près de Mthatha au Transkei, le 18 juillet 1918. Ses parents sont Nonqaphi Nosekeni et Henry Mgadla Mandela. Son père est le premier conseiller du chef par intérim de la maison royale de Thembu.

Rolihlahla signifie littéralement « tirer la branche d'un arbre ». Après la mort de son père en 1927, le jeune Rolihlahla devient le protégé de Jongintaba Dalindyebo, le grand chef, et est destiné à une éducation lui permettant d'assumer de hautes fonctions.

Réceptif aux histoires racontées par les aînés décrivant le courage de ses ancêtres pendant les guerres de résistance, il se met à rêver à faire sa propre contribution à la lutte de libération de son peuple.

Au terme de l'enseignement primaire à l'école de mission, où il hérite du nom de Nelson, il est envoyé au Clarkebury Boarding Institute où il obtient son Brevet des Collèges, et ensuite à Healdtown, une école secondaire wesleyenne d'une certaine renommée, où il obtient son diplôme.

Il s'inscrit ensuite au University College de Fort Hare pour obtenir son Baccalauréat ès arts. Il y est élu au conseil étudiant. Lui et Oliver Tambo sont suspendus du collège pour avoir participé à un boycott de protestation.

Ensuite il se rend à Johannesburg accompagné de son cousin Justice pour fuir un mariage forcé et travaille brièvement comme surveillant de mines.

Mandela rencontre Walter Sisulu en 1941 et c'est Sisulu qui lui permet de devenir stagiaire au cabinet d'avocats Lazar Sidelsky.

Il complète son BA à l'Université de l'Afrique du Sud (Unisa) en 1942 et commence ses études pour l'obtention de son Baccalauréat en droit peu après (bien qu'il ait quitté l'Université de Witwatersrand en 1948 sans y obtenir de diplôme.)

Il participe pleinement à la vie politique tout en étant étudiant et devient membre du Congrès national africain (ANC) en 1943.

Son engagement et ses activités politiques ne l'empêchent pas de rencontrer sa future épouse. « C'est dans le salon chez Sisulu que j'ai rencontré Evelyn Mase. C'était une jolie fille tranquille de la campagne qui ne semblait pas perturbée par le va et vient continue... En quelques mois, je l'ai demandée en mariage et elle a accepté. »

Ils se marient en cérémonie civile au Native Commissioner's Court de Johannesburg, puisque « nous ne pouvions nous permettre un mariage ou une réception traditionnelle ». Evelyn et Nelson ont quatre enfants : Thembikile (1946), Makaziwe (1947), décédé neuf mois plus tard, Makgatho (1951) et Makaziwe (1954). Le couple divorce en 1958.

Vers la fin de la deuxième grande guerre, en 1944, un petit groupe d'Africains, membres de l'ANC, se regroupent sous la direction d'Anton Lembede.

Le groupe est composé, entre autres, de William Nkomo, Walter Sisulu, Oliver R. Tambo, Ashby P. Mda et Nelson Mandela. D'un groupe initial de 60 membres qui habitent tous autour du Witwatersrand, ces jeunes se fixent une tâche gigantesque, celle de transformer l'ANC en un mouvement de masse plus radical.

Ils estiment principalement que les tactiques politiques du leadership de la « vieille garde » de l'ANC, formée dans la tradition polie du constitutionnalisme et des pétitions soumises au gouvernement du jour, ne s'avèrent pas à la hauteur des tâches nécessaires à l'émancipation nationale.

En opposition à la vieille garde, Lembede et ses collègues embrassent un nationalisme africain plus radical fondé sur le principe de l'autodétermination nationale. En septembre 1944, ils en viennent à fonder la Ligue de la jeunesse de l'ANC (ANCYL).

Mandela se fait remarquer par ses pairs dès le début par son travail discipliné et par ses efforts constants et est élu secrétaire national de l'ANCYL en 1948.

En travaillant d'arrache-pied, en menant des campagnes à la base et par le biais du journal Inyaniso (Vérité), l'ANCYL réussit à gagner l'appui des membres de l'ANC à ses politiques.

Naissance d'un dirigeant

Fouettés par la victoire du Parti national qui remporte les élections blanches de 1948 sur la base d'un programme d'apartheid et inspirés par la Ligue de la jeunesse, les participants à la Conférence annuelle de 1949 adoptent un programme d'action de boycotts, de grèves, de désobéissance civile et de noncoopération en tant que politique officielle de l'ANC.

Le Programme d'action avait été décidé par un sous-comité de l'ANCYL, composé de David Bopape, Ashby Mda, Nelson Mandela, James Njongwe, Walter Sisulu et Oliver Tambo.

Afin de veiller à ce que le programme soit mis en oeuvre, les membres de l'ANCYL remplacent les anciens dirigeants par de nombreux jeunes. Le Dr. Walter Sisulu, un membre fondateur de la Ligue de la jeunesse, est élu secrétaire-général. Le Dr. AB Xuma, plus conservateur, perd la présidence au profit du Dr. JS Moroka, un homme reconnu pour son grand militantisme.

En décembre, Mandela lui-même est élu au comité exécutif national lors de la Conférence nationale.

Lorsque l'ANC lance sa campagne pour contester les lois injustes en 1952, Mandela, alors président de la Ligue de la jeunesse, est élu dirigeant volontaire national.

La campagne de contestation a comme objectif d'entreprendre une campagne de désobéissance civile de masse qui, à partir d'un noyau de volontaires choisis, doit culminer en une contestation de masse.


Nelson Mandela (deuxième à partir de la droite) de la Ligue des jeunes de l'ANC et le Dr Yusouf Dadoo du Transvaal Indian Congress s'adressent à un forum public sur les marches de l'hôtel de ville de Joannesburg en 1945.

Assumant ses responsabilités en tant que dirigeant volontaire, Mandela parcourt le pays, organisant la résistance aux lois discriminatoires.

Il est alors accusé, ainsi que Moroka, Sisulu et 17 autres, et traduit devant les tribunaux pour son rôle dans la campagne. Le tribunal juge que Mandela et les autres accusés ont en tout moment conseillé à leurs adeptes d'adopter des actions pacifiques et d'éviter toute violence.

Pour le rôle qu'il a joué dans la Campagne de contestation, Mandela est reconnu coupable d'avoir contrevenu à la « loi sur la suppression du communisme », et est condamné à une peine d'emprisonnement avec sursis.

Peu après la fin de la campagne, on lui interdit aussi de participer à des rassemblements et il est forcé de rester à Johannesburg pendant six mois.

Au cours de cette période de restriction, Mandela passe l'examen de droit et devient avocat.

Il ouvre un cabinet à Johannesburg en août 1952 et en décembre, en partenariat avec Oliver Tambo, il ouvre le premier bureau d'avocats noirs au centre de Johannesburg.

De sa pratique d'avocat à cette époque, il dit : « En tant qu'avocat, j'étais quelque peu flamboyant devant les tribunaux. Je n'agissais pas en tant qu'homme noir dans un tribunal blanc. Je traitais chacun - qu'il fusse noir ou blanc - comme un invité de mon tribunal. Lorsque j'argumentais, je faisais souvent de grands gestes majestueux et mon langage était prétentieux. J'avais aussi recours à des tactiques peu orthodoxes envers mes témoins. »

Malgré le fait d'être des professionnels, Mandela et Tambo ne bénéficient d'aucune immunité personnelle face aux lois brutales de l'apartheid.

Ils sont victimes des lois sur la ségrégation foncière, les autorités tentant de les forcer de mener leur pratique ailleurs qu'en ville, dans les arrières-fonds, ou comme Mandela l'a expliqué des années plus tard : « dans des endroits tellement éloignés qu'aucun client ne pouvait nous visiter pendant nos heures d'ouverture. Aussi bien nous demander d'abandonner notre pratique juridique, de mettre fin à nos services juridiques auprès de notre peuple. Aucun avocat digne de ce nom ne saurait se plier à de telles obligations. » Son bureau d'avocat décide de défier la loi.

En 1953, on confie à Nelson Mandela la responsabilité de préparer un plan qui permettrait au leadership du mouvement de maintenir un contact avec les membres sans avoir recours aux réunions publiques.

L'objectif est de se préparer à la possibilité que l'ANC serait, à l'instar du Parti communiste, déclaré illégal et pour veiller à ce que l'organisation puisse fonctionner en toute clandestinité.

Il s'agit du plan M, pour Mandela. « Le plan tel qu'adopté était bien intentionné mais il n'a été mise en oeuvre que de façon mitigée. Il n'a pas été pris en main de façon large. »

Pendant les années cinquante, Mandela joue un rôle important à diriger le mouvement de résistance aux déplacements dans les régions de l'ouest et contre l'introduction de l'enseignement bantou.

Il joue aussi un rôle significatif à populariser la Charte de la liberté, adoptée au Congrès du peuple en 1955.

Ayant été à nouveau frappés d'interdiction de deux ans en 1953, ni Mandela ni Sisulu ne peuvent y participer, mais ils se faufilent « aux confins du rassemblement où nous pouvions observer sans trop nous mêler à la foule et sans nous faire voir ».

Tout au long des années cinquante, Mandela est victime de diverses formes de répression. Il est frappé d'interdiction, arrêté et incarcéré.

Un ordre d'interdiction de cinq ans lui est imposé en mars 1956. « Cette fois, mon attitude envers les interdictions avait changé de façon radicale. Lors de mes premières interdictions, je respectais les règlements que m'imposaient mes persécuteurs. Je considérais maintenant ces restrictions avec mépris. Je n'allais pas permettre à mon adversaire de mettre fin à mes activités, ce qui aurait été pour moi un défaite, et j'étais résolu à ne pas devenir mon propre geôlier. »

Quoique Nelson et Evelyn se soient séparés en 1955, leur divorce ne fut rendu officiel qu'en 1958. Peu après, en juin, il devient l'époux de Nomzamo Winnie Mandela.

Leur première rencontre a lieu dans un restaurant indien près du bureau de Nelson et celui-ci se souvient qu'elle était « ravissante, et même le fait qu'elle n'avait jamais goûté au cari et buvait de l'eau sans cesse la rendait encore plus charmante...Winnie a toujours dit aux gens que je ne l'ai jamais demandée en mariage, mais je lui ai toujours dit que je l'ai fait lors de notre premier rende-vous et que pour moi, depuis ce jour, la question était réglée ».

Contrairement au premier mariage, le couple respecte la plupart des exigences traditionnelles, y compris le paiement d'une dote - lobola - et se marie dans une église locale à Bizana le 14 juin.

Quant à la lune de miel, il n'y avait ni temps ni argent, puisque Nelson devait se présenter en cour pour le procès de trahison et que son interdiction n'avait été suspendue que pour six jours.

Les procès


Manifestation contre les « procès pour trahison » des dirigeants du mouvement contre l'apartheid le 19 décembre 1956

En fait, pour une bonne partie de la décennie, il est l'un des 156 accusés du grand procès de la Trahison, mettant fin à la pratique juridique et à son travail politique, bien qu'il se souvient que, pendant son incarcération dans le Fort, la cellule commune était devenue « en quelque sorte une grande convention de combattants de la liberté réunis en un endroit ».

Après le massacre de Sharpeville le 21 mars 1960, l'ANC est déclaré hors-la-loi et Mandela ainsi que des centaines d'autres sont détenus alors que le procès est toujours en cours.

Le procès de la Trahison cesse subitement en 1961 alors que l'Afrique du Sud est en voie d'adopter une constitution républicaine.

L'ANC étant maintenant illégal, son leadership reprend vie dans ses quartiers généraux clandestins et Nelson Mandela prend alors sa place en tant que personnalité dirigeante de cette nouvelle phase de la lutte.

Fortement inspirés par l'ANC, 1 400 délégués se rassemblent lors d'une conférence de pays africains à Pietermartizburg en mars 1961.

Mandela en est le principal orateur. Dans un discours électrisant, il met le régime d’apartheid au défi de convoquer une convention nationale qui serait représentative de tous les Africains du Sud afin d'en arriver à une nouvelle constitution fondée sur des principes démocratiques.

Advenant une réponse négative, avertit-il, la majorité (noire) se verrait obligée de célébrer l'inauguration imminente de la République par une grève générale de masse.

Il commence immédiatement son travail clandestin pour diriger cette campagne. Bien que la réponse à son appel de grève est plus tiède qu'il ne l'aurait espéré, Mandela reçoit tout de même un appui important dans tout le pays.

La riposte du gouvernement constitue la plus grande mobilisation militaire depuis la guerre. Ainsi naît la République, dans un climat de crainte et d'appréhension.

Forcé de vivre séparé de sa famille (Winnie et lui avaient eu 2 filles, Zezani, née en 1959 et Zindzi, née en 1960), et se déplaçant d'un endroit à l'autre pour éviter d'être repéré par les nombreux informateurs du gouvernement et par les espions de la police, Mandela a recours à de nombreux déguisements. Parfois, il se fait passer pour un ouvrier, parfois pour un chauffeur, sa capacité d'esquiver la police lui méritant le nom de Mouron noir.

Il réussit à voyager partout au pays et à cohabiter avec de nombreux sympathisants - avec une famille de la rue Market au centre de Johannesburg, dans le logis de son camarade Wolfie Kodesh (où il tient à courir sur place tous les jours), dans le logement des domestiques d'une maison de médecin où il se fait passer pour un jardinier, et sur une plantation de canne à sucre à Natal.


Sabotage de la raffinerie de pétrole de Sasolberg par
Umkhonto we Sizwe en juin 1980

C'est au cours de cette période que lui ainsi que d'autres dirigeants de l'ANC, mettent sur pied une nouvelle branche du mouvement de libération, Umkhonto we Sizwe (MK) , en tant que noyau armé dont l'objectif est de se préparer à la lutte armée avec Mandela en tête en tant que commandant en chef.

Au procès de Rivonia, Mandela explique : « Au début de juin 1961, après une évaluation longue et ardue de la situation en Afrique du Sud, des collègues ainsi que moi-même avons conclu que tant que la violence serait inévitable en ce pays, il serait erroné et irréaliste pour les dirigeants africains de continuer à prêcher la paix et la non-violence alors que le gouvernement répond à nos revendications pacifiques par la violence.

« Ce n'est que lorsque nous avions tout essayé, lorsque toutes les voies de contestation pacifique nous avaient été interdites, que nous avons pris la décision d'avoir recours à des formes violentes de lutte politique, et de former le Umkhonto we Sizwe, le gouvernement ne nous ayant laissé aucun choix. »

En 1962, Mandela quitte le pays, sous le nom de David Motsamayi, et voyage à l'étranger pendant plusieurs mois. En Éthiopie, il est orateur à la Conférence du mouvement de liberté pan-africain pour l'Afrique de l'est et l'Afrique centrale, et est chaleureusement accueilli par les dirigeants politiques de haut niveau dans plusieurs pays tels le Tanganyika, le Sénégal, le Ghana et la Sierra Leone.

Il visite Londres où il trouve le temps de visiter les lieux en compagnie d'Oliver Tambo et de rencontrer plusieurs camarades exilés. Au cours de ce voyage, Mandela rencontre le premier groupe de recrues du MK qui transigent vers Addis Ababa pour un entraînement à la guérilla.

Prisonnier numéro 46664

Peu après son retour en Afrique du Sud, Mandela est arrêté le 5 août et accusé d'avoir fui le pays de façon illégale et d'avoir incité à la grève.

Il est à Natal au moment de l'arrestation, passant par Howick de retour vers Johannesburg, se faisant à nouveau passer pour David Motsayami, devenu pour l'occasion le chauffeur d'un directeur de théâtre blanc et membre du MK, Cecil Williams.

Puisque pour lui le procès remet en cause les aspirations mêmes du peuple africain, Mandela décide d'assumer lui-même sa défense.

Il dépose une plainte en récusation du magistrat, sur la base qu'un tel procès où le système judiciaire est entièrement composé de Blancs est en conflit d'intérêt et ne peut par conséquence prétendre à l'impartialité, et sur la base qu'il n'est tenu d'obéir aux lois d'un parlement blanc où il n'a aucune représentation.

Mandela commence son plaidoyer en déclarant : « Je déteste le racisme, parce que je considère que c'est quelque chose de barbare, qu'il provienne d'un Noir ou d'un Blanc. »

Mandela est déclaré coupable et condamné à cinq ans de prison. Il est transféré à Robben Island en mai 1963 mais est retourné à Prétoria en juillet.

Dans un communiqué à la presse, les autorités prétendent que la raison de ce retrait de Robben Island est pour protéger Mandela des autres prisonniers.

« C'était faux de toute évidence. Ils m'ont ramené à Prétoria pour leurs propres raisons, qui très tôt sont devenues claires. »

En peu de temps, il rencontre Thomas Mashifane qui était contremaître à la ferme Liliesleaf à Rivonia où le MK avait installé son quartier général. Mandela se rend vite compte que leur lieu clandestin avait été repéré. Quelques jours plus tard, lui ainsi que dix autres personnes sont accusées de sabotage.


Manifestation contre le jugement de culpabilité des procès
pour trahison de Rivonia contre Nelson Mandela et d'autres
dirigeants de l'ANC à Pretoria le 14 juin 1964

Le procès de Rivonia, comme on l'a appelé, a duré huit mois. La plupart des accusés ont tenu le fort devant les accusations, ayant décidé de façon collective qu'il s'agissait d'un procès politique et ils saisiraient l'occasion pour rendre publique leurs convictions politiques.

Trois des accusés, Mandela, Walter Sisulu et Govan Mbeki, décident aussi qu'avec l'éventualité d'une peine de mort, ils n'en appelleront pas de la décision.

La déclaration de Mandela devant les tribunaux est un classique dans l'histoire de la résistance à l’apartheid et a servi d'inspiration pour tous ceux qui l'ont opposé. Il conclut ainsi : « J'ai combattu la domination blanche et j'ai combattu la domination noire. J'ai embrassé l'idéal d'une société libre et démocratique où toutes personnes vivent ensemble en harmonie et avec des chances égales. C'est un idéal que j'espère atteindre de mon vivant. Et si nécessaire, c'est un idéal pour lequel je suis prêt à mourir. »

Tous les accusés à l'exception de deux sont déclarés coupables et condamnés à la prison à perpétuité le 12 juin 1964. Les prisonniers noirs sont amenés secrètement à Robben Island immédiatement après le procès.

La peine purgée par Nelson Mandela, l'équivalent de près de 27 années, est jonchée de plusieurs évènements, les uns mineurs, les autres majeurs, jouant un rôle important dans la formation du caractère et des attitudes de l'homme qui devait devenir le premier président d'une Afrique du Sud démocratique.

Un grand nombre de prisonniers et de geôliers l'influencent et lui, en retour, les influencent. Pendant qu'il purge sa peine, sa mère et son fils décèdent, sa conjointe est frappée d'interdiction et victime d'arrestations et de harcèlement sans fin, tandis que le mouvement de libération est réduit à quelques groupes d'activistes isolés.

En mars 1982, après 18 ans à Robben Island, Mandela est soudain transféré à la prison de Pollsmoor à Cape Town, avec Walter Sisulu, Raymond Mhlaba et Andrew Mlangeni, et en décembre 1988, il est encore une fois transféré cette fois à la prison de Verster près de Paarl où il sera éventuellement relâché.

En prison, Mandela rejette catégoriquement les offres faites par ses geôliers d'une remise de sa peine s'il accepte la politique des bantoustans en reconnaissant l'indépendance du Transkei et en acceptant de s'y établir.

Aussi, dans les années soixante, Mandela et d'autres rejettent une offre de libération à condition de renoncer à la violence. Mandela déclare alors que seul un homme libre peut négocier.

Néanmoins, Mandela entreprend des pourparlers avec le régime d’apartheid en 1985, alors qu'il écrit au ministre de la justice, Kobie Coetsee.

Les deux hommes se rencontrent plus tard la même année alors que Mandela est hospitalisé pour une intervention chirurgicale à la prostate.

Peu de temps après, il est transféré à une cellule isolée à Pollsmoor, ce qui lui permet de commencer un dialogue avec le gouvernement - qu'on a appelé « des pourparlers au sujet de pourparlers ».

Pendant tout ce processus, il défend le point à l'effet que les négociations doivent être menées avec la pleine participation des dirigeants de l'ANC. Avec le temps, un réseau secret de communication est mis sur pied lui permettant de transmettre des messages à l'ANC à Lusaka. Au sujet des premiers pas de cette entreprise, il a dit : « J'avais choisi de ne pas glisser mot à personne de ce que j'allais entreprendre. Parfois, un dirigeant doit se distancer du collectif et aller de l'avant en toute confiance, sachant qu'il est en train de mener son peuple dans la bonne direction. »

Sitôt libéré le 11 février 1990, Mandela se voue corps et âme à ce qui lui a tenu à coeur toute sa vie, cherchant à atteindre les objectifs que lui et d'autres s'étaient fixés presque quatre décennies plus tôt.

En 1991, la première conférence nationale de l'ANC est organisée en Afrique du Sud après une interdiction de plusieurs décennies, et Nelson Mandela est élu président de l'ANC tandis que son ami et collègue de toujours, Oliver Tambo, devient le président national de l'organisation.

Négociation de la paix


Rassemblement électoral en appui à Nelson Mandela à Mmbatho le 15 mars 1994

Durant une vie qui symbolise le triomphe de l'esprit humain, Nelson Mandela a accepté le Prix Nobel 1993 de la paix (avec F.W. de Klerk ) au nom de tous les Sud-Africains qui ont tant souffert et tant sacrifié pour que la paix soit sur notre pays.

L'ère de l'apartheid a officiellement pris fin le 27 avril 1994, lorsque Nelson Mandela a voté pour la première fois de sa vie — avec son peuple.

Cependant, bien avant cette date, il est devenu évident, avant même le début des négociations au World Trade Centre, à Kempton Park, que l'ANC a de plus en plus planifié l'avenir de l'Afrique du Sud.

Le 10 mai 1994, Rolihlahla Nelson Mandela Dalibunga a été investi comme président d'une Afrique du Sud démocratique.

Dans son discours d'investiture, il a dit : « Nous dédions cette journée à tous les héros et les héroïnes de ce pays et le reste du monde qui ont tout sacrifié à bien des égards, y compris leur vie pour que nous puissions être libres..

« Leurs rêves se sont réalisés. La liberté est leur récompense.

« Nous sommes à la fois humbles et exaltés par l'honneur et le privilège que vous, le peuple d'Afrique du Sud, nous avez fait, en tant que premier président d'un gouvernement uni, démocratique, non racial et non sexiste.

« Nous comprenons qu'il n'y a pas encore de route facile vers la liberté. Nous savons aussi qu'aucun d'entre nous en agissant seul ne peut atteindre le succès. Nous devons donc agir ensemble comme un peuple uni, pour la réconciliation nationale, pour l'édification de la nation, pour la naissance d'un monde nouveau. Qu'il y ait la justice pour tous.

« Que la paix soit pour tous. Qu'il y ait du travail, du pain, de l'eau et du sel pour tous. Que chacun sache que, dans chaque être, l'esprit et l'âme ont été libérés pour se réaliser.

« Jamais, jamais, et plus jamais, il en sera que cette terre magnifique sera à nouveau l'expérience de l'oppression de l'un par l'autre et subira l'humiliation d'être la plaie du monde. Que la liberté règne. »

Mandela a démissionné en 1999 après son premier mandat présidentiel — mais pour lui, il n'y a pas eu de véritable retraite.

Il a mis sur pied trois fondations qui portent son nom : la Fondation Nelson Mandela, le Fonds Nelson Mandela pour les enfants et la Fondation Mandela Rhodes.

Jusqu'à très récemment, son emploi du temps a été implacable. Mais au cours de cette période, il a eu l'amour et le soutien de sa famille — dont son épouse Graça Machel, qu'il a épousée en 1998, lors de son 80e anniversaire.

En avril 2007, Mandla Mandela, le petit-fils de Nelson et fils de Makgatho Mandela qui est mort en 2005, prend la tête du Conseil traditionnel de Mvezo lors d'une « ubeko » (onction), une cérémonie à la Grande Place Mvezo, le siège du clan Madiba.

Nelson Mandela n'a jamais vacillé dans son attachement à la démocratie, l'égalité et l'éducation. Malgré les provocations épouvantables, il n'a jamais répondu au racisme par le racisme. Sa vie a été une source d'inspiration, en Afrique du Sud et partout dans le monde, à tous ceux qui sont opprimés et démunis, à tous ceux qui sont opposés à l'oppression et la dépossession.

(Traduction : LML. Photos : Archives de l'ANC )

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Nous admirons les acquis de la révolution cubaine

Après 27 années d'emprisonnement par le système raciste et fasciste de l'apartheid, Nelson Mandela a choisi Cuba comme premier pays d'Amérique latine à visiter. Il y a livré le discours suivant dans lequel il parle de la contribution décisive de Cuba à la lutte pour la libération de l'Afrique du Sud.

* * *


Nelson Mandela lors de son voyage historique à Cuba en 1991pour rendre hommage au président Fidel Castro et au peuple cubain pour leur contribution et grands sacrifices consentis à la lutte pour mettre fin au régime raciste de l'apartheid.

Premier secrétaire du Parti communiste, président du Conseil d'État et du gouvernement de Cuba, Président de la République socialiste de Cuba, commandant en chef, le camarade Fidel Castro ;

Internationalistes cubains, qui ont tant fait pour libérer notre continent ;

Peuple cubain, camarades et amis ;

C'est un grand plaisir et un honneur d'être présent ici aujourd'hui, surtout pour un si grand jour dans l'histoire révolutionnaire du peuple cubain. Aujourd'hui Cuba commémore le trente-huitième anniversaire de la prise de la Moncada. Sans la Moncada, l'expédition du Granma, la lutte dans la Sierra Maestra, la victoire extraordinaire du 1er Janvier 1959, n'auraient jamais eu lieu.

Aujourd'hui, voici la Cuba révolutionnaire, la Cuba internationaliste, le pays qui a tant fait pour les peuples d'Afrique.

Nous avons longtemps rêvé de visiter votre pays et d'exprimer les nombreux sentiments que nous éprouvons pour la révolution cubaine, sur le rôle de Cuba en Afrique, en Afrique australe et dans le monde.

Le peuple cubain occupe une place particulière dans le coeur des peuples d'Afrique. Les internationalistes cubains ont apporté une contribution à l'indépendance, la liberté et la justice en Afrique sans précédent de par ses principes et son caractère désintéressé.

Dès les premiers jours la Révolution cubaine a elle-même été une source d'inspiration pour tous les peuples épris de liberté. Nous admirons les sacrifices du peuple cubain pour préserver son indépendance et souveraineté face à une campagne impérialiste féroce orchestrée pour détruire les avancées impressionnantes réalisées par la Révolution cubaine.

Nous aussi nous voulons contrôler notre destin. Nous sommes convaincus que le peuple d'Afrique du Sud construira son avenir et qu'il continuera d'exercer ses pleins droits démocratiques après la libération de l'apartheid. Nous ne voulons pas que la participation populaire cesse avec la disparition de l'apartheid. Nous voulons que la libération ouvre la voie à une démocratie toujours plus profonde.

Nous admirons les acquis de la révolution cubaine dans le domaine de la protection sociale. Nous apprécions la transformation d'un pays d'une arriération imposée à l'alphabétisation universelle. Nous reconnaissons vos progrès dans les domaines de la santé, de l'éducation et de la science.

Il y a beaucoup de choses que nous apprenons de votre expérience. En particulier, nous sommes émus par votre affirmation du lien historique avec le continent et les peuples de l'Afrique.

Votre engagement constant à l'éradication systématique du racisme est incomparable.

Mais la leçon la plus importante que vous avez à nous offrir, c'est que peu importe les défis, peu importe les difficultés rencontrées dans la lutte, il ne peut être question d'abandonner ! Il s'agit de choisir entre la liberté ou la mort !

Je sais que votre pays connaît de nombreuses difficultés aujourd'hui, mais nous avons confiance que le peuple résistant de Cuba les surmontera car il a aidé d'autres pays à surmonter les leurs.

Nous savons que l'esprit révolutionnaire d'aujourd'hui est né il y a bien longtemps et que cet esprit fut entretenu par de nombreux combattants de la première heure pour la liberté cubaine, et aussi pour la liberté de tous ceux qui souffrent sous la domination impérialiste.

Nous aussi, nous sommes inspirés par la vie et l'exemple de José Marti, qui est non seulement un héros cubain et latino-américain, mais qui est également honoré à juste titre par tous ceux qui luttent pour leur liberté.

Nous honorons également le grand Che Guevara, dont les exploits révolutionnaires, y compris sur notre propre continent, étaient trop puissants pour pouvoir nous être cachés par les censeurs de la prison. La vie du Che est une inspiration pour tous les êtres humains qui chérissent la liberté. Nous allons toujours honorer sa mémoire.

Les soldats internationalistes cubains luttant côte à côte avec le peuple angolais, en 1980. Cuba a envoyé de nombreux volontaires combattre avec les peuples d'Afrique australe contre le colonialisme et les régimes de l'apartheid.

Nous sommes venus ici avec beaucoup d'humilité. Nous sommes venus ici avec beaucoup d'émotion. Nous sommes venus ici avec le sentiment d'une grande dette envers le peuple cubain. Quel autre pays peut se prévaloir de plus d'altruisme que celui dont Cuba a fait preuve dans ses relations avec l'Afrique ?

Combien de pays dans le monde bénéficient des travailleurs de la santé ou des éducateurs cubains ? Combien d'entre eux se trouvent en Afrique ?

Quel est le pays qui a sollicité une aide à Cuba et se l'est vu refuser ?

Combien de pays sous la menace de l'impérialisme ou en lutte pour leur libération nationale ont pu compter sur le soutien de Cuba ?

J'étais en prison lorsque j'ai entendu parler pour la première fois de l'aide massive que les forces internationalistes cubaines fournissaient à la population de l'Angola, une aide d'une telle ampleur qu'elle était difficile à croire, lorsque les Angolais ont été soumis en 1975 à une attaque coordonnée de troupes d'Afrique du Sud, du FNLA financé par la CIA, de mercenaires, de l'UNITA, et de troupes zaïroises.

En Afrique, nous sommes habitués à être victimes de pays qui veulent dépecer notre territoire ou saper notre souveraineté. Il n'y a pas de précédent dans l'histoire de l'Afrique d'un autre peuple qui se lève pour défendre l'un d'entre nous.

Nous savons également qu'il s'agissait d'une action populaire à Cuba. Nous sommes conscients que ceux qui ont combattu et qui sont morts en Angola ne constituaient qu'une faible proportion de tous ceux qui s'étaient portés volontaires. Pour le peuple cubain, l'internationalisme n'est pas un mot creux, mais quelque chose que nous avons vu mettre en pratique en faveur de larges secteurs de l'humanité.

Nous savons que les forces cubaines étaient prêtes à se retirer peu après avoir repoussé l'invasion de 1975, mais l'agression continue de Pretoria a rendue la chose impossible.

Votre présence et le renforcement de vos forces lors de la bataille de Cuito Cuanavale fut d'une importance véritablement historique.

La défaite de l'armée raciste à Cuito Cuanavale fut une victoire pour toute l'Afrique !

L'écrasante défaite de l'armée raciste à Cuito Cuanavale a offert la possibilité pour l'Angola de connaître la paix et de consolider sa souveraineté !

La défaite de l'armée raciste a permis au peuple en lutte de Namibie de finalement gagner son indépendance !

La défaite décisive des agresseurs de l'apartheid brisa le mythe de l'invincibilité des oppresseurs blancs !

La défaite de l'armée de l'apartheid fut une inspiration pour tous ceux qui luttaient à l'intérieur de l'Afrique du Sud !

Sans la défaite de Cuito Cuanavale nos organisations n'auraient jamais été légalisées !

La défaite de l'armée raciste à Cuito Cuanavale a rendu possible ma présence ici aujourd'hui !

Cuito Cuanavale fut un jalon dans l'histoire de la lutte pour la libération de l'Afrique du Sud !

Cuito Cuanavale fut le point tournant dans la lutte pour libérer le continent et notre pays du fléau de l'apartheid !



Ouverture du symposium international « La guerre inconnue de l'Afrique : la terreur de l'apartheid, Cuba et la lutte pour la libération de l'Afrique du Sud » tenu à Toronto les 27 et 28 septembre 2013. Photo du haut: le docteur Afua Cooper (présidente de la Chaire d'études sur les noirs au Canada) récitant un de ses poèmes très acclamés. Rangée du bas, à gauche : Jorge Risquet, qui fut le négociateur cubain aux pourparlers qui ont mené à l'indépendance de la Namibie et ont accéléré la chute du régime raciste en Afrique du Sud. À droite : Son Excellence Julio Garmendia (ambassadeur de Cuba) ; Miraly Gonzalez (première secrétaire, ambassade cubaine) ; Son Excellence Agostinho Tavares (ambassadeur de l'Angola) ; Javier Domokos (consul général cubain à Toronto).

L’apartheid n'est pas quelque chose qui a commencé hier. Les origines de la domination raciste blanche remontent à 350 ans, au moment où les premiers colons blancs ont entamé un processus de déstabilisation et ensuite de conquête des Khoi, San, et d'autres peuples africains -- les premiers habitants de notre pays.

Le processus de conquête a dès le début suscité une série de guerres de résistance, qui à leur tour ont donné lieu à notre lutte de libération nationale. Dans un rapport de forces extrêmement défavorable, les peuples africains ont essayé de s'accrocher à leurs terres. Mais les conditions matérielles et la puissance de feu conséquente des agresseurs coloniaux ont condamné les chefferies et royaumes tribaux, divisés, à la défaite.

Cette tradition de résistance vit encore et est une source d'inspiration pour notre lutte actuelle. Nous honorons toujours les noms du grand prophète et guerrier Makana, qui est mort alors qu'il tentait de s'échapper de la prison de Robben Island en 1819, Hintsa, Sekhukhune, Dingane, Moshoeshoe, Bambatha, et autres héros de la première résistance à la conquête coloniale.

Ce fut dans le contexte de cette saisie de terres et de conquête que l'Union de l'Afrique du Sud fut créée en 1910. À l'extérieur, l'Afrique du Sud est devenue un État indépendant, mais en réalité le pouvoir avait été remis entre les mains des conquérants britanniques blancs qui s'étaient installés dans le pays. Dans la nouvelle Union d'Afrique du Sud, ils ont pu officialiser l'oppression raciale et l'exploitation économique des Noirs.

Suite à la création de l'Union, l'adoption de la Loi sur les terres, qui prétendait légaliser les saisies de terres du XIXe siècle, a donné une impulsion au processus menant à la formation du Congrès national africain (ANC), le 8 Janvier 1912.


Un rassemblement durant les premiers jours de l'ANC

Je ne vais pas vous raconter toute l'histoire de l'ANC. Qu'il suffise de dire que les quatre-vingts dernières années de notre existence ont vu l'évolution de l'ANC depuis ses débuts visant à unir les peuples africains, pour devenir une force de premier plan dans la lutte des masses opprimées pour mettre fin au racisme et à la création d'un État non sexiste, non racial et démocratique.

Sa composition s'est transformée depuis ses débuts lorsqu'il était un petit groupe de professionnels et de chefs, etc, en une véritable organisation de masse.

Ses objectifs ont changé, de la recherche de l'amélioration du sort des Africains à la recherche d'une transformation fondamentale de toute l'Afrique du Sud en un État démocratique pour tous.

Ses méthodes employées pour réaliser ces objectifs de plus grande envergure ont au fil des décennies pris de plus en plus un caractère de masse, ce qui reflète l'engagement croissant des masses au sein de l'ANC et dans les campagnes menées par l'ANC.

Parfois, les gens se réfèrent aux objectifs initiaux de l'ANC et de sa composition initiale pour laisser entendre qu'il s'agissait d'une organisation réformiste. La vérité est que la naissance de l'ANC a dès le début eu des implications profondément révolutionnaires.

La formation de l'ANC a été la première étape vers la création d'une nouvelle nation sud-africaine. Cette conception a été développée au fil du temps, trouvant son expression claire il y a trente-six ans dans la déclaration de la Charte de la Liberté (Freedom Charter) selon laquelle « l'Afrique du Sud appartient à tous ceux qui y vivent, noir et blanc. » Il s'agissait d'un rejet sans équivoque de l'État raciste qui avait existé et une affirmation de la seule alternative que nous trouvions acceptable, celle où le racisme et ses structures seraient définitivement éradiqués.

Il est bien connu que la réponse de l'État à nos exigences démocratiques légitimes était, entre autres, d'accuser nos dirigeants de trahison et, au début des années 1960, de recourir à des massacres aveugles. C'est ainsi que l'interdiction de nos organisations ne nous a pas laissé d'autre choix que de faire ce que toutes les personnes qui se respectent, y compris les Cubains, ont fait, c'est-à-dire prendre les armes pour arracher notre pays des mains des racistes.

Je dois dire que lorsque nous avons voulu prendre les armes nous avons contacté de nombreux gouvernements occidentaux pour demander de l'aide et que nous n'avons jamais été en mesure de rencontrer plus que des subalternes. Lorsque nous avons visité Cuba, nous avons été reçus par les plus hauts responsables qui nous ont immédiatement proposé tout ce que nous voulions et avions besoin. Ce fut notre première expérience avec l'internationalisme cubain.

Même si nous avons pris les armes, ce n'était pas notre préférence. C'est le régime de l'apartheid qui nous a forcés à prendre les armes. Notre préférence a toujours été pour une résolution pacifique du conflit de l'apartheid.

La combinaison de la lutte de notre peuple à l'intérieur du pays avec la lutte croissante au niveau international contre l'apartheid dans les années 1980, ont créé les conditions d'un règlement négocié du conflit de l'apartheid. La défaite décisive de Cuito Cuanavale a modifié l'équilibre des forces dans la région et sensiblement réduit la capacité du régime de Pretoria à déstabiliser ses voisins. Ceci, en combinaison avec les luttes de notre peuple à l'intérieur du pays, a été crucial pour que Pretoria réalise qu'il devait engager la discussion.

C'est l'ANC qui a initié le processus de paix actuel qui nous espérons aboutira à un transfert négocié de pouvoir au peuple. Nous n'avons pas entamé ce processus pour d'autres objectifs que ceux que nous avions pendant la lutte armée. Nos objectifs sont toujours d'aboutir aux exigences énoncées dans la Charte de la liberté, et nous n'accepterons rien de moins.

Aucun processus de négociation ne pourra aboutir tant que le régime de l'apartheid ne comprendra pas qu'il n'y aura pas de paix s'il n'y a pas de liberté et que nous n'allons pas négocier l'abandon de nos justes revendications. Ils doivent comprendre que nous allons rejeter tout régime constitutionnel qui vise à préserver les privilèges des blancs.

Il y a des raisons de croire que nous n'avons pas encore réussi à le faire comprendre au gouvernement, et nous les avertissons que s'ils n'écoutent pas, nous devrons utiliser notre pouvoir pour les convaincre.

Ce pouvoir, c'est le pouvoir du peuple, et, au final, nous savons que les masses non seulement exigeront, mais obtiendront leurs pleins droits dans une Afrique du Sud non raciale, non sexiste et démocratique.

Mais nous ne sommes pas simplement à la recherche d'un objectif précis. Nous proposons également un chemin précis pour l'atteindre, et c'est un chemin qui tout au long implique le peuple. Nous ne voulons pas d'un processus où un accord serait conclu par-dessus la tête des gens dont le rôle se résumerait à applaudir. Le gouvernement résiste à tout prix parce que la question de comment une constitution est bâtie, comment des négociations se déroulent, est indissociable à une issue démocratique ou pas.


Affiche dénonçant les lois d'urgence imposées par le gouvernement de P.W. Botha pour réprimer le mouvement contre l'apartheid

Le gouvernement actuel veut rester au pouvoir pendant tout le processus de transition. Notre point de vue est qu'une telle situation est inacceptable. Ce gouvernement a des objectifs de négociation précis. Il ne peut être autorisé à utiliser ses pouvoirs en tant que gouvernement pour servir sa propre cause et celle de ses alliés et d'utiliser ces mêmes pouvoirs pour affaiblir l'ANC.

Et c'est exactement ce qu'ils font. Ils ont levé l'interdiction de l'ANC, mais nous fonctionnions dans des conditions sensiblement différentes de celles d'autres organisations. Nous n'avons pas la même liberté de nous organiser comme le fait l'Inkatha et d'autres organisations alliées au régime de l'apartheid. Nos membres sont harcelés et même tués. Nous sommes souvent interdits de tenir des réunions et des manifestations.

Nous croyons que le processus de transition doit être contrôlé par un gouvernement qui est non seulement capable et désireux de créer et maintenir les conditions de la liberté politique, mais qui doit aussi agir en vue de s'assurer que la transition s'effectue vers la création d'une véritable démocratie et rien d'autre.

Le gouvernement actuel s'est montré tout à fait réticent ou incapable de créer un climat propice à des négociations. Il renie des accords pour libérer les prisonniers politiques et permettre le retour des exilés. Ces derniers temps, il a permis la création d'une situation où règnent la terreur et le déchaînement de violence contre les communautés africaines et l'ANC en tant qu'organisation.

Nous avons eu dix mille personnes assassinées dans cette violence depuis 1984 et deux mille rien que cette année. Nous avons toujours dit que ce gouvernement qui se vante de sa force de police professionnelle est parfaitement capable de mettre fin à cette violence et de poursuivre les auteurs. Non seulement ils sont réticents, mais nous avons désormais des preuves concluantes, publiées dans des journaux indépendants, de leur complicité dans cette violence.

La violence a été utilisée dans une tentative systématique pour favoriser l'Inkatha en tant qu'allié potentiel du Parti national. Il y a maintenant des preuves concluantes de fonds fournis par le gouvernement -- c'est-à-dire l'argent des contribuables -- à l'Inkatha.

Tout cela indique la nécessité de créer un gouvernement intérimaire d'unité nationale pour superviser la transition. Il nous faut un gouvernement jouissant de la confiance de larges couches de la population pour diriger cette période délicate, et veiller à ce que les contre-révolutionnaires ne soient pas autorisés à perturber le processus et veiller à ce que la refonte de la Constitution se déroule dans un climat exempt de répression, d'intimidation ou de peur.

Nous croyons que la Constitution elle-même doit être rédigée de la manière la plus démocratique possible. Pour nous, ceci ne peut être réalisé que par l'élection de représentants à une assemblée constituante ayant pour mandat la rédaction de la constitution. Il y a des organisations qui remettent en question l'affirmation de l'ANC d'être l'organisation la plus représentative du pays. Si c'est vrai, qu'ils le démontrent par les urnes.

Afin de s'assurer que les gens ordinaires soient inclus dans ce processus, nous faisons circuler et discuter nos propres propositions constitutionnelles et le projet de Déclaration des droits (Bill of Rights). Nous voulons que ceux-ci soient discutés dans toutes les structures de notre alliance, à savoir l'ANC, le Parti communiste sud-africain, et le Congrès des syndicats sud-africains, et parmi le peuple en général. De cette façon, lorsque les gens voteront pour l'ANC pour les représenter à une assemblée constituante, ils sauront non seulement ce que représente l'ANC en général, mais aussi quelle constitution nous voulons.

Naturellement, ces propositions constitutionnelles sont soumises à révision sur la base de nos consultations auprès de nos membres, de nos alliés, et le public en général. Nous voulons créer une constitution qui bénéficie d'un large soutien, de loyauté et de respect. Cela ne peut être réalisé que si nous allons vraiment vers les gens.


Nelson Mandela et son épouse d'alors, Winnie Mandela, au rassemblement du Parti communiste sud-africain. À droite : le chef du parti Joe Slovo.

Afin d'éviter ces justes revendications, diverses tentatives ont été faites pour affaiblir et déstabiliser l'ANC. La violence est la plus grave, mais il existe d'autres méthodes plus insidieuses. À l'heure actuelle, il y a une obsession dans la presse, parmi nos adversaires politiques, et de nombreux gouvernements occidentaux sur notre alliance avec le Parti communiste sud-africain (SACP). Les journaux ne cessent de spéculer sur le nombre de communistes au sein de notre exécutif national et prétendent que nous sommes dirigés par le Parti communiste.

L'ANC n'est pas un parti communiste mais un large mouvement de libération, qui comprend aussi bien des communistes que des non-communistes. Toute personne qui est un membre loyal de l'ANC, toute personne qui respecte la discipline et les principes de l'organisation, a le droit d'appartenir à l'organisation.

Notre relation avec le SACP en tant qu'organisation est fondée sur le respect mutuel. Nous sommes unis avec le SACP sur des objectifs communs, mais nous respectons l'indépendance de l'autre et nos identités distinctes. Il n'y a eu aucune tentative de la part du Parti communiste sud-africain de subvertir l'ANC. Au contraire, nous tirons une force de cette alliance.

Nous n'avons aucunement l'intention de suivre les conseils de ceux qui suggèrent que nous devrions rompre cette alliance. Qui offre ces conseils que nous n'avons pas demandés ? Pour l'essentiel, ce sont ceux qui ne nous ont jamais fourni la moindre aide. Aucun de ces donneurs de conseils n'a fait les sacrifices pour notre lutte que celles faites par les communistes. Nous sommes fortifiés par cette alliance. Nous allons la rendre encore plus forte.

Nous sommes dans une étape de notre lutte où la victoire est à portée de main. Mais nous devons nous assurer que cette victoire ne nous soit pas arrachée des mains. Nous devons nous assurer que le régime raciste sente un maximum de pression jusqu'à la fin et qu'il comprenne qu'il doit céder la place, que la marche vers la paix, la liberté et la démocratie est irrésistible.

C'est pourquoi les sanctions doivent être maintenues. Ce n'est pas le moment de récompenser le régime d'apartheid. Pourquoi devraient-ils être récompensés pour l'abrogation de lois qui constituent ce qui est reconnu comme un crime international ? L'apartheid est toujours en place. Il faut obliger le régime à le démanteler, et ce n'est que lorsque ce processus deviendra irréversible que nous pourrons envisager la levée de la pression.

Nous sommes très préoccupés par l'attitude adoptée par l'administration Bush à ce sujet. Il était l'un des rares gouvernements à être en contact régulier avec nous sur la question de sanctions, et nous a clairement indiqué que la levée des sanctions était prématurée. Cependant, sans nous consulter, l'administration nous a simplement annoncé que les sanctions américaines allaient être levées. Pour nous, c'est totalement inacceptable.


Fidel Castro accueille Nelson Mandela à son
arrivée à Cuba en 1991.

C'est dans ce contexte que nous apprécions tout particulièrement notre amitié avec Cuba. Lorsque vous, camarade Fidel, avez déclaré hier que notre cause est la vôtre, je sais que cela venait du fond de votre coeur et que c'est le sentiment de tout le peuple de Cuba révolutionnaire.

Vous êtes à nos côtés car nos deux organisations, le Parti communiste de Cuba et l'ANC, se battent pour les masses opprimées, pour veiller à ce que les richesses profitent à ceux qui les produisent. Votre grand apôtre José Marti a déclaré : « Je veux unir mon destin aux pauvres de la terre. »

Nous, à l'ANC, serons toujours aux côtés des pauvres et des sans-droits. Non seulement nous sommes à leurs côtés, mais nous ferons en sorte que tôt ou tard ils gouvernent le pays où ils sont nés, et que selon les termes de la Charte de la Liberté : « C'est le peuple qui gouverne ». Et lorsque ce moment arrivera, il aura été rendu possible non seulement grâce à nos efforts, mais aussi grâce à la solidarité, le soutien et l'encouragement du grand peuple cubain.

Je dois conclure mon intervention sur un événement dont vous avez tous été témoins. Le camarade Fidel Castro m'a honoré de la plus haute distinction que ce pays peut accorder. C'est avec beaucoup d'humilité que je la reçois car je ne pense pas la mériter. C'est une récompense qui devrait être accordée à tous ceux qui ont déjà conquis l'indépendance de leurs peuples. Mais cette reconnaissance que le peuple d'Afrique du Sud est debout et lutte pour sa liberté constitue une source de force et d'espoir. Nous espérons sincèrement que dans les temps à venir nous nous montrerons dignes de la confiance que cette récompense exprime.

Vive la révolution cubaine!
Vive le camarade Fidel Castro!

(Traduction : Le Grand Soir. Photos : ANC Archives ; UDF Archives ; Canadian Network on Cuba ; « Cien Imagenes de la Revolucion Cubana, 1953-1996 », Oficina de Publicaciones del Consejo de Estado ; Instituto Cubano del Libro ; Editorial Arte y Literatura, Havana, 2004.)

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