Le
                              Marxiste-Léniniste

Numéro 153 - 21 octobre 2013

Deuxième Discours du trône du gouvernement Harper

De la poudre aux yeux

Deuxième Discours du trône du gouvernement Harper
De la poudre aux yeux

Les gouvernements doivent défendre le droit public et non le droit de monopole!
Le gouvernement Harper transforme l'État canadien en État voyou
Les monopoles de l'énergie intégrés à l'appareil canadien de sécurité
Les préoccupations au sujet du pipeline Enbridge sont accueillies par une démonstration de force de l'État

Le Canada en Asie
Le gouvernement met de l'avant les intérêts des monopoles de l'énergie et de l'infrastructure et le contrôle sur le trafic humain
Opposition aux remarques dérogatoires de Baird lors de l'assemblée du Commonwealth


Deuxième Discours du trône du gouvernement Harper

De la poudre aux yeux

Le gouvernement de Stephen Harper a présenté son deuxième Discours du trône depuis qu'il s'est déclaré gouvernement majoritaire suite au coup électoral du 2 mai 2011. Ce deuxième discours arrive dans un contexte bien différent du premier. Stephen Harper est arrivé au pouvoir en disant qu'il allait rendre le gouvernement responsable et redevable. Aujourd'hui il n'oserait pas faire une telle déclaration par peur de ridicule.

Lors du premier Discours du trône, il y a un peu plus d'un an, l'opposition ouvrière partout au Canada commençait à se faire une idée de ce que voudrait dire une majorité pour ce gouvernement et s'efforçait de ne pas succomber au pessimisme et de plutôt assumer le rôle dirigeant qu'elle devait jouer pour changer la situation. Aujourd'hui la vaste majorité des Canadiens s'est rangée du côté de l'opposition ouvrière partout au pays et considère comme anti-canadien le programme antisocial, antiouvrier, proguerre et annexionniste du gouvernement Harper.

Les Canadiens, comme d'ailleurs le monde entier, ont vu le gouvernement Harper agir comme une dictature des monopoles s'imposant dans tous les aspects de la vie au pays, très contraire à leurs sentiments et croyances sur la démocratie. Il est devenu évident que le gouvernement Harper se sert de sa position de pouvoir pour écarter tous ceux qui s'expriment contre son pouvoir arbitraire de faire ce qu'il veut au pays et à l'échelle internationale, ou même ceux qu'il croit être contre ses politiques. Beaucoup de Canadiens croient sincèrement que le gouvernement Harper représente une menace pour le Canada, pour le bien et la sécurité des Canadiens et pour les relations avec les Premières Nations, les Québécois et les peuples du monde.

Dans ce sens on peut dire que le Discours du trône est une manoeuvre de diversion pour tromper et confondre. Il ne présente pas de programme véritable, quelque chose qui pourrait avoir du sens pour la majorité des gens, mais cherche à cacher à quel point ce gouvernement est en crise. Il sert davantage à détourner l'attention des problèmes du gouvernement qu'à résoudre les problèmes auxquels les Canadiens font face. Il lance des diversions dans tous les sens pour détourner l'attention des scandales qui ne cessent d'éclater et pour cacher le fait qu'avec le gouvernement Harper des monopoles privés ont établi leur dictature dans tous les domaines, en opposition à la volonté populaire.

À lire le deuxième Discours du trône du gouvernement Harper, on pourrait croire qu'il n'existe aucun problème et que ce que pensent les Canadiens est sans importance. À entendre le gouverneur général, on croirait que tout est bien dans le meilleur des mondes. Le gouvernement brosse un tableau tout en rose et se propose de prendre toutes les mesures qu'il veut. Il se justifie en déclarant que les conservateurs ont obtenu de l'électorat le mandat de dicter et d'agir suivant les demandes des monopoles privés peu importe ce que disent et fassent les Canadiens.

Le Discours du trône cherche spécifiquement à détourner l'attention de la réalité que :

1. le Canada est devenu un État voyou qui espionne et attaque des gouvernements et des entreprises dans d'autres pays, en violation de toutes les normes de la diplomatie et du droit international;

2. le gouvernement est enfoncé jusqu'aux oreilles dans les scandales et les infractions à la loi, au point où le premier ministre est lui-même maintenant accusé d'avoir menti au parlement;

3. le gouvernement classe ses propres citoyens, et même des fonctionnaires, en « amis » et « ennemis »;

4. le gouvernement a déclaré la guerre à la science et aux scientifiques et remplace leurs vues et jugements par des dogmes religieux;

5. le pays souffre d'un chômage chronique dont le gouvernement se moque, comme le montrent les remarques désobligeantes à propos des « emplois sans travailleurs » et le fait qu'il attaque les chômeurs plutôt que le chômage avec sa réforme de l'assurance-emploi.

Le gouvernement Harper fait complètement fi de la crise de confiance des Canadiens dans leurs institutions politiques et leurs représentants politiques. Le premier ministre refuse même de reconnaître que son gouvernement est aux prises avec une crise de corruption, comme si cette source de grande préoccupation pour la population était une banalité ou une situation normale.

Ce gouvernement crée tellement de méfiance et de rancoeur que ses représentants et les journalistes s'accusent les uns les autres d'abus et de manipulation. Harper a refusé de laisser les journalistes entendre son discours au caucus en préparation pour le Discours du trône. Les journalistes ont répondu en faisant le silence sur ce qu'il a dit, ce qui a provoqué des scènes de colère de certains représentants du gouvernement.

Le deuxième Discours du trône du gouvernement Harper poursuit dans la même direction désastreuse que suit ce gouvernement depuis le coup électoral de 2011. C'est un gouvernement qui souffre de persévération : il continue contre tout espoir à vouloir détourner l'attention de son usurpation de l'autorité publique. Le problème est qu'il n'a fallu que deux ans pour que les roues commencent à tomber et qu'il pourrait bien ne pas se rendre à l'élection de 1995 sans que son chef ne soit forcé de démissionner.

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Les gouvernements doivent défendre le droit public
et non le droit de monopole!

Le gouvernement Harper transforme l'État
canadien en État voyou

Le gouvernement Harper est en train de transformer le Canada en un État voyou qui va partout dans le monde, attaquant les nations militairement, économiquement et politiquement, tantôt clandestinement, tantôt au grand jour, au sein d'une bande d'alliés voyous ayant comme chef les États-Unis. Ces agissements violent les normes et les lois qui régissent les relations internationales, précisément ce que le gouvernement Harper accuse d'autres pays de faire. À tout moment, que ce soit au pays ou à l'étranger, les harpériens font tout pour diviser le peuple et inciter les peuples et les nations au conflit dans l'unique but d'avancer les intérêts étroits des monopoles avec qui ils sont alignés et de bloquer toute opposition organisée à l'impérialisme et au droit de monopole.

C'est un fait bien connu que les États-Unis espionnent les représentants de gouvernements partout dans le monde, dont la présidente du Brésil, qu'ils se livrent à de l'espionnage contre des organisations internationales comme les Nations unies, dans les bureaux mêmes de l'organisation, et qu'ils font de l'espionnage industriel et espionnent des millions de citoyens à l'échelle de la planète. Voilà maintenant que le Canada est pris la main dans le sac en tant que membre de ce gang d'espionnage mondial.

Le 6 octobre, il a été révélé que le Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) avait espionné le ministre et le ministère de l'Énergie et des Mines au Brésil, ainsi que des communications internes et diplomatiques entre le gouvernement brésilien et d'autres organisations gouvernementales et internationales.

Une émission de la chaîne de télévision brésilienne Globo a présenté des documents officiels du CSTC datés de juin 2012, qui ont été donnés au journaliste du Guardian Glenn Greenwald par l'ancien agent de la CIA, Edward Snowden. Les documents sont des diapositives provenant d'une présentation faite par un espion à ses homologues du réseau d'espionnage du nom de Five Eyes/Echelon dirigé par les États-Unis, un réseau qui comprend les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, l'Australie et la Nouvelle-Zélande. La présentation portait sur l'efficacité d'un logiciel de piratage canadien du nom d'« Olympia » qui sert à percer le cryptage du gouvernement brésilien permettant d'avoir accès aux métadonnées des téléphones et des ordinateurs du ministère brésilien des Mines et de l'Énergie. Selon Globo, le logiciel a permis de tracer les données permettant d'identifier les contacts « faits avec d'autres groupes, à l'intérieur ou à l'extérieur du Brésil, autres que PETROBAS [la société d'État énergétique] ».

Olympia a servi à espionner l'ancien ambassadeur du Brésil au Canada, Paulo Cordeiro, de même que les communications téléphoniques du ministère de l'Énergie vers d'autres pays, y compris avec l'Organisation latino-américaine de l'énergie (OLADE) qui se trouve à Quito, en Équateur, et l'ambassade brésilienne au Pérou. Des communications entre le ministère et des pays du Moyen-Orient, l'Afrique du Sud et le Canada font aussi partie du rapport.

Selon la nouvelle, il est possible que le CSTC ait tenté de pirater un serveur encrypté gouvernemental au Brésil qui gère la correspondance entre les représentants gouvernementaux et les entreprises. L'information soutirée du ministère de l'Énergie a par la suite été partagée avec tous les membres du « Five Eyes ». Les documents révélés par Globo font état d'instructions sur comment le CSTC devait procéder au Brésil et notamment avoir recours à un groupe du nom de code TAO, qui serait une unité d'espionnage étasunienne. Les documents suggèrent aussi une analyse plus poussée des données et l'application de tactiques dont le copiage de toutes les données d'un ordinateur sans en modifier le contenu.

La présidente brésilienne Dilma Rousseff a réagi à cette nouvelle en rejetant ces actes de guerre cybernétique contre son pays : « Cet espionnage porte atteinte à la souveraineté des nations et aux activités privées des individus et des entreprises. Ce sont des agissements inacceptables entre pays qui se disent partenaires, nous rejetons la cyberguerre. » Le ministre brésilien de l'Énergie, Edison Loboa, a dit à Globo : « Ce sont des conversations d'État, des stratégies gouvernementales qui ne doivent pas faire l'objet d'écoutes clandestines. » Il a avoué que la situation était « sérieuse ». « Un grand nombre d'entreprises canadiennes veulent faire des affaires dans notre pays. Est-ce la raison d'un tel espionnage, c'est-à-dire aider les intérêts de certaines entreprises, je ne peux l'affirmer », a-t-il dit.

Suite à l'émission, lors d'une entrevue avec le Globe and Mail, Greenwald a dit que ces révélations ne sont que la pointe de l'iceberg. «  On parle énormément du Canada [...] mais il n'y a vraiment rien de particulier dans ce que le Canada fait au Brésil - ce n'est pas comme si le Brésil était l'unique cible. »

Le premier ministre Stephen Harper était au Sommet de coopération économique pour l'Asie pacifique (APEC) en Malaisie lorsque la nouvelle de l'espionnage canadien au Brésil a éclaté au grand jour. Il a refusé de s'excuser ou de garantir que ce genre d'agissements honteux seraient interdits aux agences du gouvernement canadien et s'est plutôt dit préoccupé par cette nouvelle, ajoutant qu'il « va contacter de façon très proactive » ses homologues brésiliens.

On peut conclure de cette activité criminelle menée par le Canada contre le Brésil que si le gouvernement viole si allègrement les affaires privées et l'intégrité territoriale des nations et de leurs gouvernements et citoyens, il doit certainement faire la même chose à ses propres citoyens, bien que peut-être indirectement. Rob Nicholson, le ministre canadien de la Défense qui est aussi responsable du CSTC, a utilisé la méthode connue du « démenti raisonnable » pour dissiper les craintes des Canadiens en affirmant que le CSTC n'espionne pas ses propres citoyens - du moins, pas directement. « Cette organisation ne peut pas cibler et ne cible pas les Canadiens en vertu des lois canadiennes », a-t-il dit. Le dirigeant du CSTC John Foster, a fait écho à Nicholson: : « Cette organisation ne peut pas cibler et ne cible pas les Canadiens en vertu des lois canadiennes », a-t-il dit.

Devant de telles prétentions, les Canadiens sont censés 1) faire confiance aux lois canadiennes pour défendre leurs droits, ce qui va à l'encontre de leur propre expérience, et 2) conclure qu'il est acceptable pour l'État canadien de transgresser les affaires privées des gouvernements d'autres pays au nom de certains intérêts privés, en autant que ce ne sont pas des « Canadiens », ce que les Canadiens rejettent tout aussi catégoriquement.

Il faut réfléchir au fait que si les harpériens mènent de telles activités contre ceux qu'ils considèrent comme des rivaux internationaux, que font-ils ici même au Canada contre ceux qu'ils considèrent leurs rivaux et leur opposition au pays ? De plus en plus les scandales et les intrigues servent à régler les différences entre factions politiques et sans doute les harpériens ont-ils recours à tous les moyens à leur disposition pour attaquer leurs ennemis au pays autant qu'à l'étranger.

L'effort pour faire dévier la discussion sur l'existence ou non d'espionnage contre les Canadiens est une tentative de cacher que les harpériens agissent en tant que membres d'une bande mondiale d'États voyous - le système impérialiste d'États - qui de plus en plus transgresse les lois et les principes de la diplomatie internationale. On ne doit pas permettre que les harpériens puissent continuer de se servir de leurs positions de pouvoir pour mener de telles activités corrompues et criminelles.

(Avec des fichiers de la Presse canadienne, du Globe and Mail, RT, The Guardian)

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Les monopoles de l'énergie intégrés à l'appareil canadien de sécurité

Dans le cadre des révélations croissantes sur le rôle du Centre de la sécurité des télécommunications Canada (CSTC) au niveau international, le Guardian discute à quel point divers monopoles ont été intégrés aux arrangements de sécurité nationale de l'État canadien, y compris en se voyant donner accès aux séances d'information sur la sécurité. Dans un article du 9 octobre intitulé « Selon un document, des espions canadiens rencontrent des entreprises énergétiques », le Guardian rapporte:

« Selon les documents d'accès à l'information obtenus par le Guardian, les réunions - tenues deux fois par an depuis 2005 - ont impliqué des ministères, des agences fédérales d'espionnage et de la police, de même que des représentants de plusieurs entreprises qui ont été autorisés à obtenir des informations de haute sécurité.

« Des réunions qui avaient pour ordre du jour officiel de discuter de « menaces » à l'infrastructure énergétique ont aussi traité des « défis pour les projets énergétiques que représentent les groupes environnementaux » , des « initiatives en cybersécurité » et de « l'espionnage économique et industriel ».

« Les documents - des ordres du jour lourdement expurgés - n'indiquent pas que l'espionnage international a été abordé par les responsables du CSTC, mais les réunions ont été l'occasion pour les agences gouvernementales et les entreprises de développer des « relations de confiance » qui vont les aider à échanger de l'information « de manière officieuse », a écrit un fonctionnaire du ministère des Ressources naturelles en 2010.

« Lors de la dernière réunion, en mai 2013, qui a porté sur la « sécurité du développement des ressources énergétiques », les repas ont été fournis par Enbridge, une entreprise pétrolière canadienne qui tente de gagner l'approbation pour ses oléoducs controversés de sables bitumineux. »

L'article poursuit: « Harper a transformé la politique étrangère du Canada afin d'offrir un soutien diplomatique complet aux projets d'exploitation minière et pétrolière à l'étranger, faisant de l'aide internationale un instrument de l'avancement de ces projets et finançant des projets conjointement avec les entreprises à travers l'Afrique, l'Amérique du Sud et en Asie.

L'article cite Keith Stewart , un analyste de la politique énergétique de Greenpeace Canada: « Il semble n'y avoir aucune limite à ce que le gouvernement Harper va faire pour aider ses amis dans les industries pétrolières et minières. Ils ont muselé les scientifiques, réduit la portée des lois environnementales, renié nos engagements internationaux envers le climat, montré du doigt les défenseurs de l'environnement comme des criminels et des traîtres, et viennent d'être pris à se livrer à de l'espionnage économique envers un pays ami. Les Canadiens et nos alliés, ont le droit de se demander qui exactement reçoit les renseignements qui sont amassés et quels sont les intérêts qui sont servis. »

Le Guardian poursuit en indiquant que « Les observateurs ont suggéré que l'espionnage canadien au Brésil est lié à la mise aux enchères des découvertes massives de pétrole au large des côtes, la concurrence potentielle aux sables bitumineux du Canada et le désir du Canada d'obtenir un avantage concurrentiel pour plus de 40 sociétés canadiennes oeuvrant dans le secteur minier du Brésil. »

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Les préoccupations au sujet du pipeline
Enbridge sont accueillies par une
démonstration de force de l'État

Le 10 octobre il y a eu une manifestation à Montréal contre le projet d'Enbridge d'inverser le flux de l'oléoduc 9 pour acheminer le pétrole des sables bitumineux de l'Alberta. La manifestation avait lieu devant le Palais des Congrès à Montréal où l'Office national de l'énergie tenait des audiences sur le projet qui permettra d'acheminer du pétrole brut de l'Alberta à Montréal en passant par Sarnia, en Ontario. Il y de grandes préoccupations dans le public, et surtout parmi les peuples autochtones, concernant la sécurité du transport du pétrole par train ou oléoduc, surtout dans les régions écologiquement délicates ou à population dense. L'absence d'une réglementation qui permette d'imputer les monopoles pour les catastrophes naturelles devenue évidente suite au déraillement de Lac-Mégantic a accru les inquiétudes de toute part.

La manifestation à laquelle participaient une cinquantaine de personnes a été déclarée illégale par la police de Montréal. Des dizaines de policiers à chevaux, à vélo et à pied, l'escouade anti-émeute, un grand nombre de voitures de patrouille et deux hélicoptères ont été mobilisés. Selon de nombreux observateurs, la réponse policière était tout à fait démesurée et injustifiée puisque la seule menace à la sécurité publique était l'interruption de la circulation. L'interruption des transports publics et du déplacement des gens se rendant au travail étaient d'ailleurs davantage causée par l'intervention policière.

Deux groupes de manifestants, principalement des jeunes, ont été encerclés et arrêtés. Selon les rapports de médias, une trentaine de personnes ont écopé d'une amende de 637 $. Plusieurs passants ont pris des photos pour documenter la brutalité des forces policières et beaucoup ont tenu à dénoncer ce déploiement démesuré contre les jeunes.

Il y a eu également des manifestations contre l'inversion de l'oléoduc 9 à Hamilton et Waterloo, en Ontario.

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Le Canada en Asie

Le gouvernement met de l'avant les intérêts des monopoles de l'énergie et de l'infrastructure et le contrôle sur le trafic humain

Le premier ministre Stephen Harper a récemment visité l'Asie. Il a fait une visite officielle de deux jours en Malaisie les 5 et 6 octobre, avant de se rendre au Sommet des dirigeants de la coopération économique pour l'Asie pacifique (APEC) à Bali, en Indonésie, les 7 et 8 octobre.

Accords avec la Malaisie

Au cours de la visite de Harper, le gouvernement de la Malaisie a annoncé un investissement de 36 milliards $ sur 30 ans dans le gaz naturel liquéfié (GNL) qui serait exporté de la Colombie-Britannique par le monopole d'État malaisien de l'énergie Petronas. Selon le Globe and Mail, ce chiffre comprend près de 11 milliards $ pour un projet d'usine d'exportation de GNL, 5 milliards $ pour un oléoduc provincial que doit construire TransCanada Corp., plus de 5 milliards $ déjà dépensés pour l'acquisition par Petronas en décembre de Progress Energy Canada Corp. de Calgary. Le reste doit être dépensé sur une base annuelle pour les puits de gaz naturel dans le nord-est de la Colombie-Britannique et pour des installations de transformation de gaz.

Ni le Globe ni Harper n'ont indiqué combien de financement public sera versé par le gouvernement canadien aux divers monopoles de l'énergie impliqués dans ces projets. Il n'a pas été mentionné non plus si cet accord est lié de quelque manière aux changements apportés par le gouvernement Harper et les divers gouvernements provinciaux aux lois et règlements visant à éliminer les évaluations environnementales et les prises de décision fondées sur la science avant d'approuver de tels projets. La question du droit des Premières Nations d'imposer leur véto à de tels développements sur leurs terres n'a pas non plus été discutée.

Les libéraux ont fait miroiter la question des GNL et la promesse de coups d'argent pour la Colombie-Britannique pour influencer l'électorat lors des récentes élections provinciales. Dans l'élection partielle de Westside-Kelona en particulier, ils ont eu recours à ce chantage pour garantir l'élection de Christy Clark après qu'elle eut perdu sa propre circonscription. Sans doute les engagements d'investissements de Petronas serviront-ils aussi à appuyer ces promesses, mais cela se fait sans aucune discussion sur la sorte de développement qui est imposé et dans les intérêts de qui.

En Malaisie, Harper a conclu un protocole d'entente sur la « coopération en matière de sécurité » qui établira « des balises permettant de guider et de faciliter une série de programmes de renforcement des capacités en sécurité entre les deux pays ».

À la lumière des récentes révélations sur le rôle joué par le Canada dans l'espionnage du gouvernement brésilien et de son ministère des Mines et de l'Énergie, il est pertinent de demander comment ces « mesures de coopération en matière de sécurité » avec la Malaisie seront liées à la mise en place par le Canada de ses agences de sécurité et de renseignement en Asie pour qu'elles puissent y opérer librement dans l'intérêt des monopoles sur lesquels le gouvernement Harper est aligné.

Harper a aussi annoncé que le Canada fournirait plus de 2 millions $ en appui à quatre projets qui selon lui « aideront la Malaisie à développer sa capacité de combattre les menaces de trafic humain et de contrer le terrorisme en Malaisie et dans toute la région ».

Quelles sont précisément les qualifications du gouvernement Harper en matière de contrebande et de trafic humains ? Il peut se vanter du programme des travailleurs étrangers temporaires. Non seulement ce programme permet-il au gouvernement fédéral de présenter un semblant de légitimité pour son trafic d'humains, mais il lui a permis de centraliser ses opérations par le biais de ses propres agences. Le but de tout cela est de garantir aux monopoles au Canada l'obtention de travailleurs étrangers temporaires ayant les qualifications requises et disponibles au bon vouloir des monopoles. De surcroît, un tel programme permet aux monopoles de transgresser les droits des travailleurs et de ne pas tenir compte de leur bien-être. Étant donné les références douteuses du gouvernement Harper en la matière, on peut se demander ce qui se cache derrière cet accord avec la Malaisie ?

Un des projets de l'ordre de 1 million $ sera mis en oeuvre par la GRC et la Corporation commerciale canadienne et visera à « améliorer la capacité des agences policières malaisiennes de contrer les opérations de contrebande humaine en leur apportant la formation et l'équipement nécessaire à ces interventions ».

Un autre projet consiste à l'entraînement de policiers malaisiens par la GRC leur permettant de « prévenir la contrebande humaine » - phase II.

Ce projet permettra à la GRC de tenir des camps d'entraînement pour 128 agents de police malaisiens dans divers domaines dont « les techniques d'enquête et d'interrogation ». Selon le gouvernement canadien, ce projet vise à améliorer la capacité de la Police royale malaisienne, l'Agence de garde-côtes de la Malaisie et le Département malaisien de l'Immigration de mener à bien les enquêtes et les opérations visant à cibler des individus ou groupes impliqués dans la contrebande d'êtres humains.

Harper en Indonésie

Le 8 octobre, au cours de sa visite au Bali, en Indonésie, pour le sommet de l'APEC, le premier ministre Harper a annoncé que le gouvernement du Canada fournira 5 millions $ sur cinq ans pour un Centre pilote de Partenariat Public-Privé (PPP) en Indonésie. Selon le Centre des nouvelles du Canada, le centre « offrira un savoir-faire technique au gouvernement indonésien à toutes les étapes du cycle des projets, couvrant les aspects techniques, économiques et financiers; assurera la coordination en élaborant et en examinant la structure des projets, en éliminant les engorgements, en comblant les lacunes et en cernant les problèmes liés à l'exécution de projets d'infrastructure particuliers; aidera à augmenter la capacité des entités concernées de l'économie à créer des PPP. »

Les harpériens espèrent que de tels projets pilotes offriront des possibilités intéressantes aux monopoles canadiens de l'infrastructure qui envisagent de faire des coups d'argent à même la valeur produite par les travailleurs asiatiques. Le gouvernement s'attend à ce que cette nouvelle initiative « aide à créer un réseau de centres PPP régionaux, à partir d'institutions existantes, comme le Centre des partenariats publics-privés des Philippines et le Centre d'excellence de l'infrastructure de l'Association des nations du Sud-Est asiatique (ANASE). Ces deux centres sont déjà soutenus par le Canada et par la Banque asiatique de développement. »

Pour expliquer comment ce projet sera utile à certains monopoles, leur permettant d'accéder à de tels projets d'infrastructure, Harper a dit : « Avec celui de l'Australie, de l'Indonésie, de la Banque asiatique de développement et d'autres partenaires, le soutien du Canada aidera le gouvernement de l'Indonésie à trouver le moyen d'affecter des investissements à des projets prêts à être réalisés dans le pays et à surmonter les difficultés que pose la coordination nationale, projet par projet. » Quelles sont ces « difficultés que pose la coordination nationale » n'est pas élaboré. Nous ne pouvons que présumer qu'il s'agit d'entraves administratives et réglementaires aux monopoles et à leurs ambitions de faire les plus grand coups d'argent possible, aussi vite que possible.

« La qualité de l'infrastructure est critique pour favoriser davantage la croissance et le développement économiques en Indonésie et dans toute la région de l'APEC. Le secteur privé peut jouer un rôle important en bonifiant les montants dépensés par le gouvernement pour ces initiatives, mais il faut que des conditions propices à l'investissement soient en place », a dit le premier ministre Harper. Le soutien annoncé aujourd'hui pour un Centre pilote des PPP en Indonésie aidera le pays à identifier les projets d'infrastructure prioritaires qui ont besoin d'un investissement privé et à surmonter les obstacles d'ordre économique ou liés à la coordination, qui freinent leur réalisation », a-t-il ajouté.

Le Canada devrait certes entretenir des relations positives d'avantage réciproque avec le plus de pays possible. Cependant, cet esprit d'égalité et de respect mutuel ne guide pas le gouvernement Harper dans ses relations internationales et le peuple canadien doit se méfier de ses activités à l'étranger. La classe ouvrière du Canada rejette la destruction néolibérale, antisociale et antinationale que les harpériens font au pays au nom de ce qu'ils appellent les « valeurs canadiennes ». La promotion des soi-disant valeurs canadiennes à l'étranger vise à dissimuler des manoeuvres visant à miner la souveraineté nationale et à promouvoir le droit de monopole au dépens des travailleurs et des peuples d'autres pays, ce qui est également inacceptable.

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Opposition aux remarques dérogatoires de Baird lors de l'assemblée du Commonwealth

Alors que le gouvernement des Maldives va tenir de nouveau un scrutin pour l'élection présidentielle, le gouvernement Harper a tenté de provoquer un conflit et de l'instabilité, par le biais de son ministre des Affaires étrangères John Baird, lors d'une réunion récente des ministres des Affaires étrangères du Commonwealth qui a eu lieu en marge de l'Assemblée générale des Nations unies.

Pour signifier la gravité des actes grossiers du gouvernement Harper, le président des Maldives, Mohamed Waheed, a écrit au premier ministre Stephen Harper pour se plaindre de la conduite de Baird.

Waheed a attiré l'attention du premier ministre sur les « remarques inappropriées et méprisantes » faites à la ministre des Affaires étrangères par intérim des Maldives par le ministre canadien des Affaires étrangères que le président décrit comme « une pression inutile sur ce qui autrement est une excellente relation » entre les Maldives et le Canada.

Le président écrit dans sa lettre que lors de la réunion des ministres des Affaires étrangères du Commonwealth et des réunions ministérielles du Groupe d'action du Commonwealth qui se sont tenues à New York, en septembre dernier, Baird a posé plusieurs questions en termes durement formulés et a tenu des remarques désobligeantes et inappropriées à la ministre par intérim des Affaires étrangères concernant la politique intérieure des Maldives.

Le président a également indiqué dans sa lettre que les Maldives et le Canada ont des intérêts et des préoccupations semblables sur un large éventail de questions concernant la politique internationale et que les Maldives sont « toujours prêtes à travailler avec le Canada sur ces questions et d'accroître [les] relations » entre les deux pays.

Au lieu d'arrêter de s'ingérer dans les affaires intérieures d'un État membre de l'ONU, ce qui est tout à fait inacceptable dans les affaires internationales, le gouvernement Harper a fait monter les enchères dans le but de créer plus de conflits, insultant encore plus le gouvernement des Maldives.

Une déclaration émise par Baird en réponse à la lettre adressée à Harper se lit comme suit:

« Le Canada est extrêmement déçu, mais non étonné, de la décision de la Cour suprême des Maldives d'annuler les résultats du premier tour des élections présidentielles.

« Les observateurs électoraux internationaux, y compris ceux du Commonwealth, considèrent que les élections du 7 septembre 2013 se sont déroulées de façon libre et juste. Le report du second tour est tout à fait inacceptable et va à l'encontre des valeurs démocratiques du Commonwealth.

« La population maldivienne mérite de se faire entendre. Elle s'est exprimée clairement le 7 septembre pour finalement voir ses espoirs anéantis en raison de circonstances mystérieuses.

« Le 26 septembre 2013, en marge de l'Assemblée générale des Nations unies à New York, j'ai de nouveau fait part à mes partenaires du Commonwealth de l'urgente nécessité d'aborder la question de la démocratie aux Maldives. Devant mes collègues ministres, j'ai signifié à la ministre intérimaire des Affaires étrangères des Maldives que le report du second tour des élections était inacceptable et qu'il allait directement à l'encontre des valeurs que le Commonwealth est censé défendre. Je lui ai également indiqué que depuis 19 mois, le Canada se prononce sur cet enjeu et qu'il continuera à défendre haut et fort la démocratie et les droits de la personne jusqu'à ce que la volonté de la population maldivienne soit reconnue au moyen d'un scrutin libre et équitable.

« De nouvelles élections doivent être tenues sans tarder et la Commission électorale doit pouvoir remplir son mandat constitutionnel qui consiste à gérer et à mener les élections sans ingérence extérieure. Toute autre solution suscitera de virulentes critiques ainsi qu'une ferme réaction de la part des pays du Commonwealth.

« Le Canada a clairement indiqué que l'instabilité actuelle ne fera qu'alimenter la violence et l'agitation sociale. Nous condamnons ces actes de violence et nous exhortons toutes les parties aux Maldives à rester calmes et à autoriser la population maldivienne à exprimer sa volonté démocratique. »

C'est précisément l'instabilité et une atmosphère d'anarchie et de chaos que le gouvernement Harper fomente en s'ingérant comme un parfait voyou dans les affaires intérieures d'une nation souveraine. C'est d'autant plus choquant quand on pense aux fonctionnaires du gouvernement Harper qui ont été pris la main dans le sac pour avoir violé toutes sortes de principes démocratiques fondamentaux durant la tenue des élections au Canada pour lesquelles les Canadiens n'ont pas encore été en mesure de tenir le gouvernement responsable. Cela n'empêche pas ce même gouvernement d'aller partout dans le monde sermonner les autres sur la façon d'organiser des élections. Ceci à un moment où le gouvernement a encore une fois fermé le Parlement comme il l'a fait à maintes reprises lorsque cela convient à ses buts étroits. Qu'il s'ingère maintenant dans les Maldives, en faisant appel aux « valeurs du Commonwealth » - une organisation avec à sa tête une reine -, tout cela au nom de la démocratie, c'est vraiment faire déborder la coupe.

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