Numéro 139 -
18 septembre 2013
Non aux menaces d'usage de la
force pour traiter des problèmes!
Ne touchez pas à la Syrie!
Le président Obama
profère de nouvelles
menaces alors que les États-Unis et la
Russie
en arrivent à une entente
Non aux menaces d'usage de la force pour
traiter des problèmes!
Ne touchez pas à la Syrie!
• Le président
Obama profère de nouvelles menaces alors
que les États-Unis et la Russie en
arrivent à une entente
• La déclaration de
Bishkek s'oppose à l'utilisation de la
force
• Entrevue du
président al-Assad avec Rossiya 24TV
À
titre d'information
• La Convention sur
l'interdiction des armes chimiques
Non aux menaces d'usage de la
force pour traiter des problèmes!
Ne touchez pas à la Syrie!
Le président Obama profère de
nouvelles
menaces alors que les États-Unis et la
Russie
en arrivent à une entente
Le 14 septembre dernier, après
3 jours d'intenses négociations, le
ministre russe des Affaires
étrangères Sergey Lavrov et le
secrétaire d'État américain
John Kerry ont annoncé que la Russie et les
États-Unis en sont arrivés à
un accord pour résoudre la crise syrienne.
Les agences de nouvelles rapportent que Lavrov a
dit que l'accord était basé sur
« le consensus et le
compromis ».
On est en droit d'assumer que cet accord
spécifie le processus par lequel un pays
déclare quelles armes chimiques il
possède et suit les protocoles
internationaux compris dans la Convention de
Genève sur l'interdiction de la mise au
point, de la fabrication, du stockage et de
l'emploi des armes chimiques et sur leur
destruction (Convention sur l'interdiction des
armes chimiques). En dépit de cela
et pour semer de la confusion, Kerry s'est tout de
suite mis à donner sa version de l'accord.
La Syrie, a-t-il dit, a une semaine pour
déclarer son stock d'armes chimiques et le
pays doit immédiatement admettre des
inspecteurs internationaux. Les inspecteurs en
armements devraient être sur le terrain en
Syrie d'ici novembre avec comme objectif
d'éliminer les armes chimiques du pays dans
les six premiers mois de 2014.
« Si ce processus est appliqué
dans son entier, cela peut mettre fin à la
menace que posent ces armes non seulement pour le
peuple syrien mais pour ses voisins
également », a dit Kerry aux
journalistes.
« Considérant la menace de
prolifération, ce processus est à
même de fournir plus de protection et de
sécurité dans le monde »,
a-t-il dit.
« Le
monde va maintenant s'attendre à ce que le
régime [du président Bashar]
al-Assad respecte ses engagements. Il ne pourra
pas jouer à un petit jeu. Il n'y a pas de
place pour autre chose que le respect complet par
le régime d'Assad de ses
engagements », a-t-il ajouté.
Les médias occidentaux ont tout de suite
commencé à spéculer sur ce
qu'il adviendra si la Syrie ne respecte pas ses
engagements. Kerry n'a pas manqué
d'alimenter ces scénarios. Il a dit que le
Conseil de sécurité n'a pas en
poches un accord qui dit quelle action il prendra
si la Syrie n'agit pas selon le plan, rapporte Al Jazeera.
Lavrov pour sa part a dit que cette question ne
fait pas partie de l'accord.
En dépit de toute la mésinformation
et de la désinformation, le
13 septembre le président syrien
al-Assad a expliqué le processus en
détail dans une entrevue à la
chaîne de télévision Rossiya
24.
« Dans les jours qui viennent, la
Syrie va écrire à l'ONU et à
l'Organisation pour l'interdiction des armes
chimiques pour leur soumettre tous les
relevés techniques nécessaires afin
que nous puissions signer la convention.
Subséquemment, le travail va commencer pour
signer la convention pour l'interdiction des armes
chimiques qui en interdit la production,
l'entreposage ou l'utilisation. Je crois que
l'accord va entrer en vigueur un mois après
avoir été signé et la Syrie
à ce moment-là va commencer à
soumettre les données sur son stock d'armes
chimiques aux organisations internationales.
« Ce sont là des
procédures standard auxquelles nous nous
préparons à adhérer mais cela
ne veut pas dire pour autant que la Syrie va
signer les documents, remplir ses obligations et
que cela s'arrête là. Ce processus
est un processus bilatéral qui vise
principalement à faire en sorte que les
États-Unis cessent leur politique
d'agression contre la Syrie et respectent
l'initiative russe. Quand nous verrons que les
États-Unis travaillent réellement
à la stabilité dans la région
et cessent de faire des menaces, de vouloir
attaquer et de livrer des armes aux terroristes
alors nous pourrons dire que les processus qui
sont nécessaires peuvent être
finalisés. Dans la perspective syrienne,
cela nous apparaît réalisable et
applicable ; ce n'est pas cependant un
processus à sens unique. Le seul pays qui
soit capable de prendre cette
responsabilité est la Russie parce qu'il
n'y a pas de confiance et de contact entre nous et
les Américains. »
Au même moment, le président
américain Barack Obama continuait de faire
l’inculte, menaçant la Syrie de l'usage de
la force.
« Nous n'avons nullement l'intention
de juste nous fier à la parole d'Assad et
de la Russie. Nous voulons voir des actions
concrètes qui prouvent qu'Assad est
sérieux quand il dit renoncer à ses
armes chimiques », a dit Obama dans son
discours hebdomadaire.
« Et comme ce plan n'a vu le jour que
suite à une menace crédible d'action
de la part des États-Unis, nous allons
maintenir nos positions militaires dans la
région afin de garder la pression sur le
régime Assad », a-t-il ajouté.
« Nous voulons que cela soit clair que
tout cela n'est pas une tactique pour gagner du
temps », a dit Obama au sujet des
discussions de Genève. « Tout
accord doit s'accompagner de vérifications
que le régime d'Assad et la Russie
respectent leurs engagements ; cela veut dire
remettre les armes chimiques de la Syrie au
contrôle international et ultimement les
détruire », a-t-il dit.
« Cela nous permettrait d'accomplir
notre objectif qui est de dissuader le
régime syrien d'utiliser des armes
chimiques, de détruire sa capacité
à les utiliser et de dire clairement au
monde que nous n'allons pas tolérer
qu'elles ne soient utilisées. »
L'échec des médias occidentaux
à expliquer ce que l'accord comporte,
combiné avec les menaces d'Obama d'utiliser
la force, sont une indication de ce qui attend les
peuples du monde en fait de désinformation
de la part des États-Unis. Les
médias sont déjà remplis
d'estimés fournis par les services de
renseignements américains sur le nombre
d'armes chimiques que possède la Syrie.
Cela ne vise pas à créer une
situation calme qui mène à des
solutions politiques à des problèmes
sérieux. Au contraire, la
spéculation rappelle la
désinformation qui a entouré le
programme nucléaire iranien, laquelle
visait à détourner l'attention du
fait que ce sont les États-Unis et les
grandes puissances qui possèdent des armes
nucléaires et en font usage pour menacer
les peuples du monde. Le fait que les
États-Unis sont déjà en train
de préparer le terrain pour lancer des
accusations et des contre-accusations à
l'effet que le régime syrien ne respecte
pas l'accord et de proférer de nouvelles
menaces d'utilisation de la force montre qu'il
faut continuer à s'opposer à la
désinformation et à contrer les
menaces des États-Unis. Pendant ce temps,
on ne dit rien au sujet des stocks d'armes
chimiques des États-Unis ou d'Israël
ou des autres alliés des États-Unis
et de ce qui est fait pour les détruire.
La déclaration de Bishkek s'oppose
à l'utilisation de la force
Lors de leur sommet tenu à Bishkek, au
Kirghizistan, les États membres de
l'Organisation de coopération de Shanghai
(OCS) ont adopté la déclaration de
Bishkek le 13 septembre pour traiter des
dangers qui se posent à la région
suite à la menace d'usage de la force.
Les États membres de l'OCS sont : la
Chine, la Russie, le Kazakhstan, le Kirghizistan,
le Tadjikistan et l'Ouzbékistan. Les pays
suivants ont un statut d'observateurs :
l'Afghanistan, l'Inde, l'Iran, le Pakistan et la
Mongolie.
Le scénario de confrontation est lourd de
conséquences sérieuses et
imprévisibles pour la région et pour
le monde entier et sa sécurité,
lit-on dans la déclaration. Les
États membres de l'OCS, poursuit-elle,
veulent la paix et la stabilité au
Moyen-Orient et en Afrique du Nord, sans
ingérence extérieure, y compris
l'intervention militaire qui n'est pas
sanctionnée par le Conseil de
sécurité de l'ONU.
« Les États membres de l'OCS
expriment leur profonde inquiétude face aux
développements au Moyen-Orient, en Afrique
du Nord et en Syrie en particulier et se
déclarent en faveur de la paix, de la
stabilité, de la prospérité
et du progrès pour la région sans
ingérence externe y compris une
intervention militaire qui n'est pas
sanctionnée par le Conseil de
sécurité de l'ONU. »
Les
États membres affirment dans la
déclaration qu'ils appuient une solution
aussi rapprochée que possible à la
crise syrienne, une solution qui vient des Syriens
eux-mêmes et respecte la souveraineté
de la république, la cessation de la
violence dans le pays, l'instauration d'un vaste
dialogue entre les autorités et
l'opposition sans préconditions sur la base
du communiqué de Genève sur la Syrie
(émis en juin 2012 par les ministres
des Affaires étrangères de plusieurs
pays et les
secrétaires-généraux des
Nations unies et de la Ligue des États
arabes).
Les États membres appuient
également les efforts pour convoquer une
conférence internationale pour jeter les
bases de la réconciliation et de la
normalisation de la situation en Syrie et en
opposition aux actions armées
illégales qui visent à militariser
encore plus le conflit interne dans le pays.
La déclaration traite aussi de la question
nucléaire iranienne :
« Les États membres de l'OCS
sont très inquiets de la situation
entourant l'Iran et son programme
nucléaire. Ils croient que les menaces
d'utilisation de la force militaire et les
sanctions unilatérales prises par certains
pays contre ce pays sont
inacceptables. »
Les États membres de l'OCS croient que la
seule alternative est la résolution
pacifique du problème et appellent tous les
pays à adopter une approche responsable et
à faire preuve de retenue et de ne pas
faire de déclarations ou prendre des
actions qui mènent à l'escalade de
la confrontation.
C'est possible, affirme la déclaration, de
réduire les tensions par des moyens
pacifiques qui reposent sur une approche graduelle
et la réciprocité.
Le président iranien Hassan Rouhani a
quant à lui fait remarquer lors d'une
rencontre avec le président russe Vladimir
Poutine que la Russie est capable de contribuer
à la solution des problèmes qui
entourent la question nucléaire iranienne.
« La Russie a posé des gestes
dans le passé sur cette question et elle
est maintenant en bonne position pour en poser de
nouveaux », a dit Rouhani.
« En ce qui concerne le
problème nucléaire, nous voulons le
résoudre aussi vite que possible à
travers les normes internationales »,
a-t-il ajouté.
Rouhani a également donné son appui
à l'initiative de la Russie.
« L'initiative de la Russie en Syrie et
les gestes posés par les dirigeants de la
Syrie ont créé l'espoir que nous
allons être capables d'éviter une
nouvelle guerre dans la
région », a dit Rouhani lors de
sa rencontre avec Poutine à Bishkek.
Entrevue du président al-Assad avec
Rossiya 24TV
Manifestation
contre une agression américaine en Syrie
devant l'ambassade des États-Unis
à
Moscou le 13 septembre 2013 (SANA)
Voici le texte intégral de l'entrevue que
le réseau de télévision
Rossiya 24 a diffusée avec le
président syrien Bashar al-Assad, tel que
publié par l'Agence de nouvelles arabe
syrienne, le 13 septembre 2013.
Russia 24 : Pourquoi la
Syrie a-t-elle appuyé l'initiative russe
proposant que la Syrie remette ses armes chimiques
à la communauté
internationale ? Et pourquoi si
rapidement ?
Président al-Assad :
Il y a de cela une dizaine d'années, la
Syrie avait soumis à l'ONU une proposition
pour un Moyen-Orient libre d'armes de destruction
massive (ADM). Nous l'avons fait parce que la
région est en proie à la turbulence
et est secouée par des guerres depuis des
décennies. Alors, en retirer les armes non
conventionnelles aurait été un geste
tout à fait rationnel permettant de
créer de la stabilité. Les
États-Unis avaient empêché
l'adoption de la résolution.
D'abord et avant tout, notre principe est
d'aspirer à la paix et à la
stabilité et par conséquent nous ne
croyons pas que les ADM puissent avoir quelque
résultat positif. Aussi, relativement aux
développements actuels, la Syrie en tant
qu'État tente
désespérément d'éviter
une nouvelle guerre démentielle qui la
frapperait de même que d'autres pays,
contrairement aux efforts qui sont
déployés par les fauteurs de guerre
aux États-Unis qui cherchent à
inciter une guerre régionale. Nous payons
encore aujourd'hui le prix des guerres
étasuniennes, que ce soit en Afghanistan,
pourtant éloigné
géographiquement, ou chez notre voisin
l'Irak. Nous sommes convaincus qu'une guerre
contre la Syrie serait désastreuse pour la
région et y créerait un bourbier
d'instabilité pour des décennies et
des générations à venir.
Troisièmement, et c'est quelque chose de
très remarquable, l'initiative russe a
été une très grande source
d'encouragement sans laquelle nous n'aurions pu
poursuivre sur notre voie.
Nos relations avec la Russie sont fondées
sur la confiance qui n'a fait que se consolider au
cours de la crise qui perdure depuis deux ans et
demi. La Russie a démontré de la
perspicacité face aux
événements dans la région et,
comme elle jouit d'une grande
crédibilité dans la région en
tant que grande puissance, elle a convaincu la
Syrie d'entreprendre d'adhérer à la
Convention pour l'interdiction des armes
chimiques.
Russia 24 : À titre
d'exemple, le président américain
Obama et son secrétaire d'État John
Kerry ont affirmé que la Syrie avait
accepté suite à l'initiative russe
de soumettre les armes chimiques à
l'observation internationale par crainte des
menaces de frappes par missiles. Est-ce
vrai ?
Président al-Assad :
C'est de la propagande de la part des
États-Unis. Kerry, Obama et
l'administration américaine tentent de
sortir vainqueurs comme si leurs menaces avaient
donné les résultats
escomptés. Tout cela n'a pas d'importance
pour nous. Pour nous, ce qui compte, c'est que la
décision prise soit basée sur les
convictions que nourrit la Syrie et sur le
rôle important que joue présentement
la Russie. Il y a de cela quelques semaines
à peine, les menaces de frappes
américaines visaient non pas à
désarmer la Syrie de ses armes de
destruction massive, mais étaient
fondées sur les allégations des
États-Unis en ce qui concerne l'utilisation
d'armes chimiques. Les Américains ont
commencé à soulever cette question
après la tenue du sommet du G-20. Qui plus
est, le principal catalyseur de ce processus a
été l'initiative russe
côte-à-côte avec les
discussions que nous tenions avec les porte-parole
russes. Sans cette initiative russe, la question
n'aurait été discutée avec
aucun autre pays.
Russia 24 : Hier, des
déclarations circulaient à l'effet
que la Russie avait soumis un plan aux
États-Unis visant à réaliser
l'initiative d'un contrôle international sur
les armes chimiques syriennes. Son Excellence
pourrait-elle expliquer ce qui a été
discuté en termes de démarches
à suivre ?
Président
al-Assad : « Dans les
jours qui viennent, la Syrie va écrire
à l'ONU et à l'Organisation pour
l'interdiction des armes chimiques pour leur
soumettre tous les relevés techniques
nécessaires afin que nous puissions signer
la convention. Subséquemment, le travail va
commencer pour signer la convention pour
l'interdiction des armes chimiques qui en interdit
la production, l'entreposage ou l'utilisation. Je
crois que l'accord va entrer en vigueur un mois
après avoir été signé
et la Syrie à ce moment-là va
commencer à soumettre les données
sur son stock d'armes chimiques aux organisations
internationales.
Ce sont là des procédures standard
auxquelles nous nous préparons à
adhérer mais cela ne veut pas dire pour
autant que la Syrie va signer les documents,
remplir ses obligations et que cela s'arrête
là. Ce processus est un processus
bilatéral qui vise principalement à
faire en sorte que les États-Unis cessent
leur politique d'agression contre la Syrie et
respectent l'initiative russe. Quand nous verrons
que les États-Unis travaillent
réellement à la stabilité
dans la région et cessent de faire des
menaces, de vouloir attaquer et de livrer des
armes aux terroristes alors nous pourrons dire que
les processus qui sont nécessaires peuvent
être finalisés. Dans la perspective
syrienne, cela nous apparaît
réalisable et applicable ; ce n'est
pas cependant un processus à sens unique.
Le seul pays qui soit capable de prendre cette
responsabilité est la Russie parce qu'il
n'y a pas de confiance et de contact entre nous et
les Américains.
Russia 24 : Advenant que
cette initiative se réalise, quelle
organisation internationale la République
arabe syrienne considère-t-elle la plus
apte à contrôler les armes
chimiques ? La situation en Syrie est tout
sauf ordinaire.
Président al-Assad :
Nous croyons que l'organisation qui est
logiquement la plus appropriée est
l'Organisation pour l'interdiction des armes
chimiques. C'est la seule organisation qui a les
compétences et les experts ayant
veillé à l'application de cette
convention dans tous les pays.
Russia 24 : Nous savons tous
qu'Israël a signé l'entente mais qu'il
n'a jamais ratifié la Convention pour
l'interdiction des armes chimiques. La Syrie
exigera-t-elle qu'Israël la ratifie ?
Président al-Assad :
Lorsque nous avons proposé un projet pour
l'élimination des ADM dans la
région, les États-Unis s'y sont
opposés parce qu'ils voulaient entre autres
choses permettre à Israël d'avoir de
telles armes. Si nous désirons une
stabilité au Moyen-Orient, tous les pays de
la région devront adhérer à
ces ententes, en premier lieu Israël qui
détient une panoplie d'armes de destruction
massive, allant du nucléaire au chimique en
passant par le biologique. Aucun pays ne devrait
posséder d'armes de destruction massive.
Leur élimination protégerait la
région de guerres coûteuses et
dévastatrices dans l'avenir.
Russia 24 : La Syrie
soumettra ses armes chimiques au contrôle
international, cependant nous savons très
bien que des experts russes ont confirmé
que des substances chimiques toxiques avaient
été utilisées dans les
faubourgs d'Aleppo par un groupe terroriste
extrémiste. Qu'en pensez-vous ?
Qu'est-ce que vous proposez qui pourrait
protéger les Syriens et les pays
avoisinants de ces groupes qui pourraient
déclencher des attaques chimiques à
tout moment ?
Président al-Assad :
L'incident que vous évoquez a eu lieu en
mars 2013 alors que les terroristes ont
lancé des missiles portant des
matériaux chimiques toxiques contre des
civils à Khan-al-Asal à
proximité d'Aleppo et que des dizaines de
personnes ont été tuées. Par
la suite, nous avons demandé à l'ONU
d'expédier une commission d'experts afin de
confirmer et de noter les événements
afin d'éventuellement trouver
l'identité des responsables de ces
attaques. Comme nous pouvions affirmer avec
certitude que les terroristes étaient
responsables, les États-Unis sont
intervenus et se sont ingérés pour
retarder le déploiement de la commission en
Syrie.
Alors, de concert avec les experts russes, nous
avons remis tous les détails et les
indications à la Russie. Les preuves ont
confirmé que l'attaque avait
été perpétrée par les
terroristes dans le nord de la Syrie. La
délégation d'experts en armes
chimiques - ceux-là mêmes qui
étaient en Syrie la semaine dernière
- n'est pas encore revenue pour mettre en oeuvre
l'entente que nous avons signée lors de sa
dernière visite et qui stipule que
certaines régions doivent être
inspectées, Khan-al-Asal en premier. Cet
incident doit être examiné
très sérieusement afin qu'on puisse
déterminer la nature des matériaux
utilisés, l'auteur des attaques et, avant
tout, quels pays ont fourni ces matériaux
toxiques aux terroristes pour qu'ils rendent des
comptes.
Russia 24 : M. le
président, est-il possible de saisir des
matériaux toxiques des mains des
terroristes ? Est-ce faisable ?
Président al-Assad :
Cela dépend en fin de compte avec quels
pays sont liés aux terroristes. La plupart
des pays prétendent ne pas transiger avec
les terroristes. Pourtant, nous savons sans
l'ombre d'un doute que les pays de l'Occident les
appuient en leur fournissant un soutien
logistique, sous prétexte que c'est un
appui militaire non offensif ou encore qu'il
s'agit d'aide humanitaire.
Cependant la réalité est toute
autre, alors que l'Occident et des pays
spécifiques de la région, y compris
la Turquie et l'Arabie saoudite, maintiennent un
contact direct avec les terroristes et les
approvisionnent en armes de toutes sortes. Nous
sommes convaincus que l'un de ces pays a fourni
les armes chimiques aux terroristes. Nous pouvons
présumer que ces pays peuvent aussi cesser
de leur fournir ces armes. Par contre, il y a des
terroristes qui ne se plieront à aucune
exigence. Ils ont des armes et l'occasion de semer
le chaos, alors ils ne se soumettront jamais,
même à ceux qui les approvisionnent
en armes et en argent.
Russia 24 : Monsieur
le président, certains médias
américains ont affirmé que des
officiers de l'Armée arabe syrienne ont
demandé à plusieurs reprises votre
permission d'utiliser des armes chimiques dans
leur lutte contre l'opposition armée, que
vous avez refusé de l'accorder et qu'ils
ont fait usage de ces armes de leur propre
initiative ? Est-ce possible ?
Président al-Assad : Cela
fait partie de la propagande américaine qui
n'épargne aucun effort dans sa tentative de
justifier une agression.
Cela nous rappelle les actions de Colin Powell
sous l'administration de Georges W Bush il y a 10
ans, lorsqu'il a présenté ce qu'il a
appelé la preuve que Saddam Hussein
possédait des armes de destruction massive
ce qui s'est avéré faux par la
suite. Ils répètent le même
genre de mensonges aujourd'hui et ce quoi à
vous faites référence en fait
partie. Dans les faits, premièrement, la
question d'approuver l'utilisation d'armes
chimiques n'a jamais été
discutée en Syrie par quelque parti que ce
soit. Deuxièmement, l'utilisation de ces
armes dans divers pays est très
centralisée et elle n'est pas dans les
mains des forces armées. Aucune infanterie
ni division blindée ne possède de
telles armes. Ces sont des armements qui sont
utilisés par des unités
spécialisées. Ces mensonges n'ont
donc rien de crédible ou de logique.
Russia 24 : Monsieur le
président, le Congrès a
présenté tout récemment ce
qu'il a qualifié de preuve crédible
et irréfutable. Ils ont une vidéo
qui prouverait leur affirmation à l'effet
que l'armée syrienne a utilisé des
armes chimiques dans la partie est de Ghouta.
Quelle est votre opinion à ce sujet ?
Président al-Assad : Ils
n'ont pas été capables de
présenter quelque preuve que ce soit au
Congrès ou aux médias ; ils
n'ont donc présenté aucune preuve
à leur propre peuple pas plus qu'à
la Russie avec qui ils sont en pourparlers ou avec
quel qu’autre pays. Ce sont des mots en l'air qui
perpétuent la propagande américaine.
Cela ne se conçoit pas logiquement qu'on
puisse utiliser des armes de destruction massive
à juste quelques centaines de mètres
de ses propres troupes. Ces armes ne peuvent pas
être déployées dans des zones
résidentielles parce qu'elles tueraient des
dizaines de milliers de personnes ; elles ne
peuvent pas être utilisées non plus
quand vous faites des percées sur le
terrain avec des armes conventionnelles. La
rhétorique qui a été
utilisée ne pouvait convaincre personne
alors cela a placé l'administration
américaine dans une position difficile au
pays. Ils ont été moins adroits que
ne l'a été l'administration Bush qui
a été capable de convaincre une
partie du monde avec ses mensonges.
L'administration actuelle a même
échoué à persuader ses
propres alliés avec ses mensonges. Ces
allégations n'ont donc aucune valeur. Elles
ne sont ni réalistes ni crédibles.
Russia 24 : Monsieur
le président, il y a une dernière
question que je ne peux pas éviter car elle
concerne la sécurité et la
sécurité dans un sens
général plus large. Des
spécialistes russes et des médias
ont rapporté que des terroristes
s'apprêteraient à commettre des
attaques aux armes chimiques contre Israël
à partir de zones contrôlées
par le gouvernement. En tant que commandant en
chef pouvez-vous confirmer cette
information ?
Président al-Assad : Tout
d'abord, c'est certain que les groupes terroristes
possèdent des armes chimiques et qu'elles
ont été utilisées contre nos
soldats et contre des civils ; cela montre
que ces armes sont prêtes à
être utilisées immédiatement.
Deuxièmement, nous devons comprendre que
ces groupes terroristes ou ceux qui les mobilisent
cherchaient à provoquer une attaque
américaine et qu'avant cela, ils ont
cherché à impliquer Israël dans
la crise syrienne. C'est pour cette même
raison que ce que vous soulevez est
plausible ; une guerre régionale
pourrait créer plus de chaos ce qui
permettrait à ces groupes terroristes
d'infliger encore plus de destruction et de
sabotage. C'est un grand défi qui nous est
posé du fait que les terroristes
possèdent des armes chimiques et que
certains pays leur en fournissent.
(Traduction:
LML)
À titre d'information
La Convention sur l'interdiction des armes
chimiques
La Convention
sur l'interdiction de la mise au point, de la
fabrication, du stockage et de l'emploi des
armes chimiques et sur leur destruction,
également appelée la Convention sur
l'interdiction des armes chimiques, a
été établie en septembre
1992 et signée en janvier 1993 et
elle est entrée en vigueur le 29 avril
1997. L'accord est administré par
l'Organisation pour l'interdiction des armes
chimiques (OIAC), une organisation
indépendante dont le siège social
est à La Haye aux Pays-Bas.
Tous les États qui ont signé
l'accord ont accepté de se départir
de leurs armes chimiques dans les 10
premières années de son
entrée en vigueur soit 2007 en
détruisant leurs stock d'armements
chimiques et toutes les installations productrices
de ces armes de même que toutes les armes
chimiques qu'ils ont laissées sur le
territoire d'autres États parties. Les
États parties ont également
accepté de mettre sur pied un régime
de vérification pour certains produits
chimiques toxiques et leurs précurseurs (la
liste se trouve dans les sections 1, 2, 3 de
l'annexe sur les produits chimiques de la
Convention) afin de s'assurer qu'ils ne sont
utilisés que pour des fins qui ne sont pas
interdites.
Les États qui ne font pas partie de la
Convention sont : l'Angola, l'Égypte,
la République populaire démocratique
de Corée, le Soudan du Sud et la Syrie.
Israël et le Myanmar ont signé la
Convention, mais ne l'ont jamais ratifiée.
Les États parties qui ont signé
l'accord mais n'ont pas encore respecté
l'échéancier de destruction de leurs
armes sont : les États-Unis, la Russie
et la Libye. Ils ont obtenu un prolongement
jusqu'en avril 2012. La Convention ne permettant
pas un second prolongement, en avril
2013 l'OIAC s'est trouvée dans la
situation embarrassante de ne pas pouvoir offrir
un nouveau délai. Les États membres
ont alors mandaté le Conseil
exécutif de l'organisation à
demander aux États qui n'ont pas rempli
leurs obligations de donner une date à
laquelle ils vont les avoir remplies et le Conseil
exécutif a aussi reçu le mandat de
faire des visites annuelles dans ces pays pour
vérifier qu'ils appliquent leur
échéancier. Selon des
représentants de l'OIAC, les
États-Unis ont donné 2023 comme
date et la Fédération de Russie
2015. On s'attend à ce que la Libye
élimine ses armes chimiques de
Catégorie 1 dans un avenir
rapproché.
Les armes de catégorie 1, qui sont
considérées comme étant les
plus dangereuses, sont celles dont les dispositifs
sont déjà armés et
prêts à être utilisés.
Les catégories 2 et 3 se
réfèrent aux dispositifs qui peuvent
être équipés d'armes
chimiques.
Les États-Unis ont attaché une
condition à leur ratification de la
Convention, selon laquelle les États-Unis
vont ratifier l'accord « à
condition, en rapport à l'Annexe sur
l'application et la vérification, qu'aucun
échantillon recueilli aux
États-Unis en rapport à la
Convention ne peut être
transféré pour analyse à un
laboratoire situé à
l'extérieur du territoire des
États-Unis (notre souligné - ndlr).
Cela empêche toute intervention de l'OIAC
à l'échelle internationale visant
à déterminer si les
États-Unis respectent ou enfreignent la
Convention. En d'autres mots, les
États-Unis, en tant que possesseurs de
stock d'armements chimiques, sont formellement
membres de la Convention pour l'interdiction des
armes chimiques mais ils y sont comme des
hors-la-loi.
La Convention interdit l'usage ou la menace
de l'utilisation de la force
Les États-Unis disent que leur menace
d'attaquer la Syrie est basée sur la
Convention mais son préambule affirme
clairement que son but est de contribuer à
la réalisation des principes de la Charte
des Nations Unies.[1]
On lit au préambule :
« Résolus à agir en vue
de réaliser des progrès effectifs
vers un désarmement général
et complet sous un contrôle international
strict et efficace, y compris l'interdiction et
l'élimination de tous les types d'armes de
destruction massive,
« Désireux de contribuer
à la réalisation des buts et
principes de la Charte des Nations Unies [...]
»
L'article 14 de la Convention se rapportant
au règlement des différends
stipule :
« 1. Les différends qui
naîtraient au sujet de l'application ou de
l'interprétation de la présente
Convention sont réglés suivant les
dispositions pertinentes de la Convention et d'une
manière conforme aux dispositions de la
Charte des Nations Unies.
« 2. En cas de différend entre deux
ou plusieurs États parties, ou entre un ou
plusieurs États parties et l'Organisation,
quant à l'interprétation ou à
l'application de la présente Convention,
les parties se consultent en vue de régler
rapidement ce différend par la voie de
négociations ou par tout autre moyen
pacifique de leur choix, y compris en ayant
recours aux organes appropriés de la
Convention et, par consentement mutuel, en
saisissant la Cour internationale de Justice
conformément au Statut de cette
dernière. Les États parties en cause
tiennent le Conseil exécutif informé
des mesures prises. »
Note
L'article 1 de la Charte des Nations
Unies stipule :
« Les buts des Nations Unies sont
les suivants :
« Maintenir la paix et la
sécurité internationales et
à cette fin : prendre des mesures
collectives efficaces en vue de prévenir
et d'écarter les menaces à la paix
et de réprimer tout acte d'agression ou
autre rupture de la paix, et réaliser,
par des moyens pacifiques, conformément
aux principes de la justice et du droit
international, l'ajustement ou le
règlement de différends ou de
situations, de caractère international,
susceptibles de mener à une rupture de la
paix ;
« Développer entre les
nations des relations amicales fondées
sur le respect du principe de
l'égalité de droits des peuples et
de leur droit à disposer
d'eux-mêmes, et prendre toutes autres
mesures propres à consolider la paix du
monde ;
« Réaliser la
coopération internationale en
résolvant les problèmes
internationaux d'ordre économique,
social, intellectuel ou humanitaire, en
développant et en encourageant le respect
des droits de l'homme et des libertés
fondamentales pour tous, sans distinctions de
race, de sexe, de langue ou de religion ;
« Être un centre où
s'harmonisent les efforts des nations vers ces
fins communes. »
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Marxiste-Léniniste
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