Numéro 67 - 1er juin
2012
Le gouvernement Charest
déclare une «impasse»
Le gouvernement met fin aux
négociations avec une attaque en règle contre le
mouvement étudiant
Manifestation nationale
Pour défendre le droit à l'éducation et s'opposer
à la loi 78 du gouvernement Charest
MONTRÉAL
Samedi 2 juin - 13 h
Parc Jeanne-Mance
(Amenez vos casseroles!)
Info:
www.bloquonslahausse.com
|
Le
gouvernement Charest déclare une «impasse»
• Le gouvernement met fin aux
négociations avec une attaque en règle contre le
mouvement étudiant
• Lettres à la rédaction
Discussion sur la
hausse des frais de scolarité
• L'argument néolibéral de Charest
• Un institut de recherche expose l'escroquerie
du gouvernement Charest sur les prêts et bourses
• L'utilisation de logiciels libres permettrait
des épargnes importantes
Rapports et photos
• Le mouvement d'appui massif à la lutte
des étudiants continue de prendre de l'ampleur
Le gouvernement Charest déclare
une «impasse»
Le gouvernement met fin aux négociations avec
une attaque en règle contre le mouvement étudiant
La 38e marche nocturne
dans les rues de Montréal le vendredi 31 mai 2012 (A. Guedon)
À 16 h 30 le jeudi 31 mai, la ministre de
l'Éducation Michelle Courchesne quittait les négociations
et déclarait : « Nous venons de vivre quatre jours
d'intenses discussions, où les parties ont
démontré de l'ouverture. Nous avons eu des discussions
franches, très sérieuses. Force est de constater que nous
sommes dans une impasse. » Cela au moment où les
représentants des associations étudiantes étaient
réunis pour soumettre une nouvelle offre qui respectait la
demande de financer les universités, sans que la hausse des
frais de scolarité ne soit un moyen d'y parvenir.
À l'annonce de la ministre, les
représentants de la FEUQ, la FECQ et la CLASSE se sont tous dit
prêts à poursuivre les négociations et
demandé à Courchesne pour revenir à la table.
Exposant
le fait que jamais le gouvernement n'a eu l'intention de
négocier hors de la perspective antisociale de faire payer les
étudiants et leur famille, le premier ministre Jean Charest et
sa ministre de l'Éducation ont fait une conférence de
presse d'une vingtaine de minutes où l'échec des
négociations a été mis sur le dos des
étudiants. La détermination de ces derniers à
exiger que l'éducation soit accessible à tous, sans
égard à la situation économique de leur famille ou
leur capacité à s'endetter, a été
présentée comme créatrice d'une crise sociale au
Québec.
Lorsqu'un journaliste lui a demandé pourquoi il
ne faisait pas intervenir un médiateur, Charest a
répondu: « On s'en va dans une direction, la
création d'un système universitaire de classe mondiale
pour tous les Québécois. » Ainsi, il expose
clairement que rien ne doit faire obstacle au programme antisocial
qu'il impose au Québec depuis 2003, et dont la hausse des frais
de scolarité fait partie.
Rassemblement
devant le lieu des négociations à Québec
le 30 mai 2012
|
Charest a aussi évoqué à plusieurs
reprises le recours à la loi et l'ordre, dont la loi 78, pour
maintenir « la paix ». À un journaliste qui
reprenait l'appel des étudiants à poursuivre les
manifestations et actions d'appui, il a répondu que pour lui, ce
sont des menaces et qu'« un gouvernement ne cède pas
devant les menaces ».
Peu après l'annonce de la rupture des
négociations, les représentants des associations
étudiantes ont fait leurs premiers commentaires : « Le
gouvernement fait de la petite politique sur le dos des jeunes et
franchement, c'est déplorable », a dit la
présidente de la FEUQ, Martine Desjardins.
« C'est désillusionnant de voir tout
ça, mais nous on reste disponible pour continuer à
négocier », a pour sa part affirmé le
président de la FECQ, Léo Bureau-Blouin.
Le porte-parole de la CLASSE, Gabriel Nadeau-Dubois, a
invité tous les étudiants et les citoyens à se
rendre dans la rue au cours des prochaines heures et des prochains
jours afin d'augmenter la cadence des manifestations.
Il a aussi lancé l'appel à tous à
se rendre à une grande manifestation nationale, samedi à
13 h, au parc Jeanne-Mance à Montréal, un
événement familial incluant le mouvement des casseroles.
Lettres à la rédaction
La désinformation et les menaces de
représailles
du gouvernement Charest
Après que la ministre de
l'Éducation Michelle Courchesne ait déclaré une
« impasse » et quitté la table de
négociation, les négociateurs étudiants ont dit
qu'elle leur avait dit qu'elle ne pouvait pas « plier » sur
la question des frais de scolarité pour des raisons de «
perception ». Autrement dit, le gouvernement ne peut pas perdre
la face sur l'imposition de la hausse des frais de scolarité.
Cela est important pour lui parce que tout son programme est
basé sur la supplantation de l'intérêt public par
l'intérêt privé dans tous les secteurs, pas
seulement l'éducation. Ça ne doit pas passer !
Défendons l'intérêt public ! Non à la hausse
des frais de scolarité !
(Signé)
Quand le premier ministre a annoncé que les
négociations étaient rompues et qu'il espérait
« une période d'accalmie », du même souffle il
a menacé les étudiants de représailles s'ils font
du tort aux intérêts économiques de Montréal
durant les attractions touristiques estivales. C'est sa façon de
mobiliser la population contre les étudiants tout en disant
vouloir une « accalmie ». C'est malhonnête et tout le
monde le sait. Pourquoi les étudiants renonceraient-ils à
leur droit de résister à la privatisation de
l'éducation pour se donner plutôt comme objectif de
créer le « calme » ? Pourquoi ne pas répondre
à leurs revendications d'une manière raisonnable ?
(Signé)
En réponse à la demande que Charest laisse
la population décider de ce qui est le mieux pour
l'éducation, le premier ministre a répété
qu'il a 18 mois pour déclencher une élection et que cela
ne se fera pas maintenant. Ce qui est intéressant, par contre,
c'est qu'il continue d'essayer de mobiliser la population contre les
étudiants, comme quand il dit qu'une élection permettra
à la « majorité silencieuse » de s'exprimer
et de noyer ce qu'il considère comme une minorité
bruyante. Cela montre encore une fois que le Parti libéral
espère se maintenir au pouvoir en profitant d'un système
électoral qui marginalise l'électorat, s'appuie sur la
désinformation et favorise le privilège des partis au
pouvoir. Ce système électoral créé par les
riches s'appuie sur la dépolitisation de l'électorat et
les jeunes sont clairement en train de changer la donne à cet
égard.
(Signé)
Le gouvernement entend poursuivre la
désinformation pour gagner l'opinion publique. Charest et
Courchesne ont encore repris le refrain que les étudiants
doivent « faire leur juste part ». Ils prétendent
que les étudiants ne font pas leur juste part, ce qui n'est pas
vrai, et qu'ils sont un fardeau pour tous les Québécois
qui, eux, font leur « juste part ». Ce qu'ils ne disent
pas, c'est qu'il veut que les étudiants paient leur «
juste part » pour que le gouvernement puisse placer les avoirs
publics à la disposition d'intérêts privés
par une série de partenariats public-privé. (Signé)
La ministre Courchesne a dit au point de presse
après la rupture des négociations qu'elle était
« choquée» d'entendre les représentants
étudiants proposer l'abolition du régime
enregistré d'épargne-études. «Pour nous, il
n'était absolument pas acceptable qu'on abolisse ce programme
qui incite les familles à investir dans l'éducation de
leurs enfants », a-t-elle déclaré sur un ton
offusqué. Jean Charest s'est dit étonné et a
demandé aux représentants étudiants : qui
défendez-vous ? Ce qui est absurde puisqu'on pourrait
très bien lui retourner la question : qui défend-il ?
En fait, les étudiants ont proposé
l'abolition d'un programme d'investissement qui ne
bénéficie pas à l'ensemble des étudiants.
C'est un programme qui s'inscrit dans la logique de
l'utilisateur-payeur — le principe néolibéral selon
lequel la société abandonne toute responsabilité
envers ses membres et les individus sont laissés à
eux-mêmes.
(Signé)
Quand il a proféré ses menaces de violence
contre les étudiants, Charest a répété que
le gouvernement défend le droit à l'éducation
quand il fait respecter les injonctions qui demandent qu'une
minorité d'étudiants puissent accéder à
leurs cours malgré les décisions majoritaires prises en
assemblée générale. Cette prétention de
défendre l'intérêt individuel contre
l'intérêt collectif est pure hypocrisie puisque les
intérêts individuels que Charest défend sont ceux
de « sociétés de personnes », pas des membres
individuels de la société.
(Signé)
Les médias font beaucoup de cas des «
chiffres » et du fait que tout cela est très
compliqué. C'est le gouvernement qui rend cela compliqué
parce qu'il ne reconnaît pas le droit à
l'éducation. Il préfère donner des crédits
d'impôts et établir des programmes d'épargne pour
les particuliers. Tous les étudiants doivent payer les frais de
scolarité et il fait faire toute sorte d'acrobaties à
ceux qui voudraient profiter de ces programmes.
Les étudiants ont déjà
répondu systématiquement aux chiffres et aux
prétentions du gouvernement, notamment par les études qui
démontrent que la hausse des droits de scolarité est en
fait un volet de l'offensive antisociale mondiale qui consiste à
créer un endettement massif des étudiants des pays
industriels développés pour créer des
possibilités d'enrichissement pour les institutions
financières mondiales privées.
La hausse des droits de scolarité de 1625 $
instituée par le gouvernement libéral de Jean Charest
dans le budget de mars 2011 était la goutte qui fait
déborder le vase et la ligne tracée dans le sable pour
les étudiants qui défendent leur droit à
l'éducation. La hausse fait partie de l'offensive antisociale
des gouvernements au service d'intérêts privés.
Dans leur opposition à la hausse, les étudiants se sont
gagné l'appui du peuple parce qu'ils défendent
l'intérêt public et l'intérêt
général du Québec. L'offensive antisociale qui
détruit les acquis sociaux et qui nie même l'existence de
la société ne doit pas passer !
(Signé)
Discussion sur la hausse des frais de
scolarité
L'argument néolibéral de Charest
Jean Charest présente l'offensive antisociale
pour payer les riches comme une question de survie pour la nation
québécoise. Les escroqueries de son gouvernement pour
payer les riches seraient une question de survie pour le Québec.
C'est ainsi qu'il dit que la décision de hausser les droits de
scolarité est un « acte fondateur » sans lequel la
petite nation de seulement 8 millions de personnes ne pourrait survivre
en Amérique du Nord.
La hausse des droits de scolarité fait partie
d'un « acte fondateur », dit-il, parce que le Québec
a besoin d'un système d'éducation de classe mondiale.
Dans cette logique intéressée, un Québec où
les droits de scolarité sont bas n'attirerait pas le capital et
n'attirerait pas les meilleurs cerveaux de la planète parce
qu'il ne serait pas capable de payer pour les avoir et par
conséquent le système d'éducation
québécois ne serait pas de « classe mondiale
».
Charest présente la libéralisation des
droits de scolarité comme un signal que le Québec donne
au monde qu'il est un endroit où il est profitable d'investir
pour le capital étranger. Sans cela, le Québec est
« sans attrait ».
De cette façon, Harper, Charest et les autres
gouvernements provinciaux ne font pas que permettre le pillage des
ressources naturelles et faire pression sur la
rémunération versée aux travailleurs. Ils mettent
tout à la disposition des monopoles mondiaux et
présentent cela comme un « acte fondateur », une
question de prospérité et donc de sécurité
nationale, c'est-à-dire la nouvelle raison d'État. Cette
logique intéressée et sans principe est à
l'origine de cette insinuation que les forces et organisations qui
luttent pour les droits des leurs représentent un danger pour
l'intérêt national et la sécurité. Elle est
dirigée contre ceux qui s'opposent objectivement aux plans
néolibéraux spécifiquement, et c'est pourquoi le
gouvernement Charest tente de présenter la Coalition large de
l'Association pour une solidarité syndicale étudiante
(CLASSE) comme une organisation devant être
dénigrée et criminalisée.
Stephen Harper et ses ministres présentent le
même argument en disant que le Canada doit devenir une puissance
mondiale importante tandis que pour Charest, il s'agit de la survie de
la petite nation du Québec.
Un lecteur à Montréal
Un institut de recherche expose l'escroquerie du
gouvernement Charest sur les prêts et bourses
Des chercheurs de l'Institut de recherche et
d'informations socio-économiques (IRIS) ont
démontré que non seulement est-ce faux que les
propositions du gouvernement Charest sur la question des prêts et
bourses permettent de compenser la hausse des frais de
scolarité, mais aussi qu'elles mènent à
l'accélération de la privatisation de l'enseignement
postsecondaire au Québec.
Marc Daou de l'IRIS explique dans un article
intitulé « Les parents-étudiants et la hausse
» : « Encore récemment le gouvernement se vantait
d'avoir amélioré l'accès à
l'éducation supérieure en compensant la hausse des frais
de scolarité par une hausse équivalente des bourses. La
logique serait simple : les 1778 $ de plus sur la facture
étudiante seraient complètement couverts par une hausse
équivalente en bourse, du moins pour les étudiants
à faibles revenus. Cette stratégie a été
défendue par certains comme une mesure juste qui épargne
les étudiants à faibles revenus. »
Or, poursuit l'auteur, derrière ce discours se
cache pourtant un impact fiscal qui pénalise gravement les
étudiants à faibles revenus. « Chaque
étudiant qui reçoit une bourse doit l'inscrire dans sa
déclaration de revenus et en principe, aucun impôt n'est
réclamé sur cette bourse. Mais, astuce fiscale,
l'ensemble des revenus, y compris ceux provenant de la bourse, sont
considérées lors du calcul des diverses prestations que
recevront les étudiants. Certes, pour des étudiants
vivant avec leurs parents, il n'y aura que peu d'impact. Par contre, si
l'étudiant vit en couple et a des enfants, la situation peut
devenir très difficile.
« Prenons un exemple, soit un étudiant qui
vit avec deux enfants en bas âge et dont le conjoint a un revenu
de 30 000 $ (taux horaire de 15 $ l'heure). L'étudiant en
question reçoit une bourse de 8 000 $. Les deux enfants
fréquentent une garderie non subventionnée et par
conséquent ont droit au crédit d'impôt pour frais
de garde. Le tableau suivant décrit les répercussions du
versement de la bourse sur les prestations fiscales :
« Par cette astuce fiscale, le gouvernement
récupérait déjà près de 1800 $ de la
bourse de 8000 $ qu'il verse à l'étudiant parent, soit 22
% de cette bourse. En effet, la prime au travail, le crédit de
solidarité ainsi que le crédit pour frais de garde
d'enfants sont réduits. »
Dans l'exemple donné, l'étudiant recevra
une bourse de 9778 $, mais le gouvernement récupérera 2
440 $ de cette bourse en diminuant ses prestations fiscales. « On
s'aperçoit donc qu'il est donc faux de prétendre, comme
certains le font, que la hausse des frais sera entièrement
compensée par la hausse des bourses pour tout le monde qui
recevra plus de bourses », dit l'article en conclusion.
De même, Éric Martin et Simon
Tremblay-Pépin, également chercheurs de l'IRIS, font
remarquer dans un article intitulé « L'endettement
étudiant : une bulle spéculative ? » que les
mécanismes d'aide financière et les systèmes de
prêts destinés aux étudiants ne sont pas uniquement
des mesures d'accessibilité aux études. « En effet,
écrivent-ils, ceux-ci sont également les instruments
d'une privatisation du financement et des finalités des
institutions publiques d'enseignement. Cette transformation s'inscrit
dans le cadre d'une stratégie de relance de l'économie
qui vient faire reposer la croissance sur l'endettement personnel et
sur l'arrimage de l'offre de formation à la demande en 'capital
humain' (main-d'oeuvre hautement qualifiée) exprimée par
les entreprises. Cette opération, qui intervient au moment d'une
crise structurelle des économies avancées, risque fort
d'entraîner une nouvelle 'bulle spéculative' dont les
étudiants et l'ensemble des ménages feront les frais.
»
Ces chercheurs démontrent dans leurs travaux
qu'en plus de détourner la richesse sociale produite par les
Québécois vers des intérêts privés,
privant le système d'éducation d'un important
financement, les prétendues mesures d'aide aux études du
gouvernement sont un moyen de tondre le mouton deux et même trois
fois en augmentant l'endettement des étudiants envers les
banques privées et en facilitant le plan d'ensemble pour
accroître le contrôle privé de l'enseignement
post-secondaire. C'est aller complètement à l'encontre du
devoir du gouvernement, qui est de défendre
l'intérêt public et d'établir des garanties pour le
bien-être de la population.
Cliquer
ici
pour le texte complet de l'étude de l'IRIS
« Note socio-économique : L'endettement étudiant :
un « investissement » rentable ? »
L'utilisation de logiciels libres permettrait
des épargnes importantes
Dans une lettre ouverte du 27 mai adressée
à la ministre de l'éducation et présidente du
conseil du Trésor Michelle Courchesne, la
Fédération québécoise des
communautés et industries du libre (FQCIL), l'Association
professionnelle des entreprises en logiciels libres (APELL) et
l'association pour Facil, pour l'Appropriation collective de
l'informatique libre (FACIL) démontrent que l'utilisation de
logiciels libres au Québec pourrait réduire les frais de
scolarité de plus de 50 %.
Suite à la décision du gouvernement, au
mois de mars dernier, d'approuver un plan de migration vers Windows 7
des 738 000 postes de travail des organismes publics au coût de
1,4 milliard $, les trois associations rappellent que les revenus
générés par la hausse prévue des droits de
scolarité couvriront à peine les 904 millions $
dépensés en logiciels privateurs par le gouvernement pour
la migration des 500 000 postes de travail du secteur de
l'éducation.
Les trois associations et l'ensemble de leurs membres,
experts en technologie de l'information et des communications,
affirment que l'utilisation de logiciels libres pour ce projet de
migration permettrait d'économiser plus de 450 millions $ et
réduirait ainsi la hausse des droits de scolarité de plus
de 50 %.
« L'utilisation de logiciels libres dans le
secteur de l'éducation serait non seulement efficace
économiquement, mais constituerait une main tendue vers les
nouvelles générations. Les valeurs portées par le
logiciel libre s'appuient sur la liberté, le travail, la
transparence, le partage et la collaboration. Elles rencontrent
curieusement les valeurs portées par le mouvement
étudiant et la société québécoise
», écrit Cyrille Béraud, président de la
FQCIL.
Daniel Pascot, président de FACIL,
complète : « Ce projet pourra peut-être contribuer
à résoudre le conflit actuel. Mais il permettra aussi au
Québec de se libérer de l'emprise des multinationales sur
nos systèmes d'information. Pour construire l'État
moderne et ouvert de demain, ça commence par l'éducation.
Le logiciel libre dans l'éducation, c'est donner aux
générations futures les outils pour bâtir la
prospérité de demain. »
Lettre ouverte à Michelle Courchesne
Madame la Ministre de l'Éducation et
présidente du Conseil du Trésor,
À la fin du mois de mars, alors que le mouvement
étudiant contre la hausse des droits de scolarité prenait
son envol, votre gouvernement approuvait un vaste plan de migration de
l'ensemble des postes informatiques de l'État et des organismes
de la santé et de l'éducation vers des logiciels
privateurs de la multinationale Microsoft (Windows 7/Office 2010).
Le coût de la migration a été
évalué par vos services à un milliard quatre cent
millions de dollars. Il concerne 738 000 postes de travail dont
près de 500 000 postes pour l'éducation. Le coût de
ce projet pour le seul secteur de l'éducation est
évalué à 904 millions $.
Les revenus supplémentaires prévus par la
hausse des droits de scolarité pour la période 2012-2017
totalisent 964 millions $.
Ainsi, dans les faits, la hausse des droits de
scolarité pour la période 2012-2017 couvrira
essentiellement des dépenses — récurrentes et sans
plus-value — en frais de migration et de licences logiciels, qui vous
sont imposées par une multinationale étrangère.
Pourtant, pour l'essentiel, les logiciels
nécessaires aux postes de travail, à la collaboration et
plus généralement à l'éducation des
étudiants du primaire, du secondaire des CEGEP et des
universités sont disponibles gratuitement sur Internet : ce sont
des logiciels libres.
Nous, chefs d'entreprises spécialisées en
logiciels libres, professionnels et experts des nouvelles technologies
de l'information et des communications, affirmons que l'utilisation de
logiciels libres dans le secteur de l'éducation, en lieu et
place de logiciels privateurs, permettrait de réaliser des
économies de plus de 450 millions $ et couvrirait la
moitié de la hausse des droits de scolarité.
Nous ne voulons pas seulement affirmer que l'utilisation
de logiciels libres est parfaitement adaptée au contexte de
l'éducation, mais aussi qu'elle est souhaitable puisque les
valeurs de partage, de communauté, d'éthique et de
transparence propres aux logiciels libres sont également celles
que souhaite véhiculer notre système d'éducation.
Les logiciels libres donneront aux nouvelles
générations les outils pour façonner et construire
le Québec de demain. Ils leur permettront de s'approprier la
modernité et de construire un Québec plus libre, plus
juste et plus prospère.
Les logiciels libres permettront d'affranchir le
Québec du contrôle qu'exercent des multinationales sur nos
systèmes d'information, renforceront l'expertise et la
capacité d'exportation des entreprises
québécoises, et contribueront à bâtir
l'économie du futur : l'économie du savoir.
L'avenir de notre culture, des arts, du savoir, de la
vitalité de notre langue seront déterminés par
notre capacité à s'approprier collectivement les
nouvelles technologies de l'information et des communications. Cela
commence par l'éducation.
La liberté, le travail, la collaboration, le
partage et la transparence constituent les valeurs au coeur du
développement du logiciel libre dans le monde.
Ces valeurs rencontrent aujourd'hui celles de la
jeunesse du Québec.
Sans avoir la prétention de penser que cette
proposition puisse résoudre la crise actuelle que le
Québec traverse, nous restons convaincus qu'une proposition de
réduction de 50 % de la hausse des droits de scolarité
pourrait contribuer à sa résolution.
Nous vous prions d'agréer, Madame la Ministre,
l'expression de nos sentiments respectueux.
FQCIL,
Fédération Québécoise des
Communautés et Industries du Libre
Cyrille Béraud, président
APELL, Association
Professionnelle des Entreprises en Logiciels Libres
Benoît des Ligneris, Ph. D., président
FACIL, Facil, pour
l'Appropriation Collective de l'Informatique Libre
Daniel Pascot, président
Rapports et photos
Le mouvement d'appui massif à la lutte
des étudiants continue de prendre de l'ampleur
Le mouvement des casseroles se poursuit et se
répand à tout le Québec, ville après ville,
village après village. Le battement commence à 20 h tous
les soirs. Les gens se rassemblent sur les coins de rue et fusionnent
en des marches improvisées, souvent pour aller rejoindre les
manifestations principales. Des manifestations imposantes ont lieu
à Montréal ainsi que dans la région, notamment
à Repentigny, La Prairie, Beloeil, Longueuil, Laval,
Rosemère et ailleurs. Le concert des casseroles est entendu de
Matane à Gatineau, en passant par Sept-Îles, le Lac
Saint-Jean, Québec, Sherbrooke et Trois-Rivières.
Le
jeudi
31 mai
38e
marche nocturne dans les rues de Montréal
Le lundi 28 mai
34e marche nocturne
dans les rues de Montréal
Des juristes manifestent contre la loi spéciale
Plusieurs centaines de juristes ont marché dans
les rues de Montréal le 28 mai pour exprimer leur opposition
à la loi spéciale en tant qu'officiers de justice et
juristes. Dans une déclaration émise pour l'occasion ils
notent entre autres :
« Nous avons rendez-vous au Palais de justice de
Montréal, lundi 28 mai 2012, à 18 h 30, pour une marche
silencieuse jusqu'au Parc Émilie-Gamelin. Nous serons
vêtus de nos plus beaux apparats afin de rappeler la
dignité inhérente à nos professions et notre
système de justice fondé sur la primauté du droit
et le respect des libertés fondamentales.
« Notre marche a pour but d'exprimer notre
désarroi devant l'adoption d'une loi spéciale qui nous
semble constituer une atteinte disproportionnée aux
libertés d'expression, d'association et de manifestation
pacifique. Nous souhaitons également manifester notre
préoccupation devant la perte de confiance (prévisible)
d'un nombre croissant de citoyens envers nos institutions judiciaires
suite à l'adoption de cette Loi.
« Nous sommes juristes : nous entendons respecter
les exigences de la loi en vigueur. Notre itinéraire a
été remis au Service de police de la ville de
Montréal plus de huit heures à l'avance.
« Nous sommes officiers de justice : certains
d'entre nous serons aux premières lignes du combat pour
invalider les dispositions de la Loi qui nous semblent incompatibles
avec notre Constitution et nos Chartes des droits. Nous sommes d'avis
que cette démarche contribuera à restaurer la confiance
ébranlée des citoyens envers leurs institutions
judiciaires. »
En entrevue à RDI, l'avocate Marylène
Robitaille, l'une des personnes à l'origine de la manifestation
du 28 mai, a expliqué qu'il était important pour les
juristes d'exprimer leurs inquiétudes devant des «
dispositions de la loi assez restrictives » en matière de
liberté d'expression, d'association et de manifestation
pacifique. Elle trouve notamment « problématique »
l'obligation de signaler aux corps policiers toute manifestation d'au
moins 50 personnes huit heures à l'avance, qui «
empêche toute manifestation spontanée ».
Un autre avocat, Rémi Bourget, explique : «
Imaginez les tam-tams du mont Royal, techniquement c'est
illégal. Les amuseurs publics dans le Vieux-Port, techniquement
c'est illégal. Quand les Italiens ou les Portugais remportent
une victoire à l'Euro et qui vont spontanément descendre
dans la rue, ça aussi c'est illégal. Alors, on s'attaque
vraiment à tous les droits des citoyens. »
Les avocats déplorent également que la loi
tienne les associations et même les fédérations
étudiantes « responsables des actes de leurs membres
» qui contreviendraient à la loi, une disposition qui
n'est pas sans conséquence. Le gouvernement « a un droit
de couper leurs cotisations, de leur retirer leur local, leurs meubles
», explique Marylène Robitaille. « On parle de
regroupements qui représentent des membres, mais qui ne les
contrôlent pas », ajoute-t-elle, faisant un
parallèle avec les syndicats.
Québec
Gatineau
Val
d'Or
Saint-Jérôme
Sainte-Agathe-des-Monts
Beloeil
Joliette
Saint-Hubert
Saint-Eustache
Sept-Iles
Dimanche le 27
mai
33e marche nocturne dans les rues de
Montréal
Québec
Sherbrooke
Des manifestations partout au Canada
Nouvelle-Écosse
De haut en bas, de gauche
à droite: Halifax, Tatamagouche, Wolfville.
Alberta
Lethbridge
Colombie-Britannique
Vancouver
Comox
Le samedi 26 mai, à Comox en
Colombie-Britannique, des activistes ont répondu à
l'appel du Comox Valley Peace Group à manifester en appui aux
étudiants du Québec et tous ceux qui sont touchés
par la loi de mesure de guerre qu'est la loi 78.
Des orateurs du groupe ainsi que du Conseil des
Canadiens, du Club compassion de North Island et du Parti
marxiste-léniniste ont exprimé leur appui aux
revendications légitimes des étudiants du Québec
qui réclament une solution politique au conflit qui les oppose
au gouvernement du Québec sur la hausse des frais de
scolarité. Ils ont fait le lien entre ce qui se passe au
Québec et la criminalisation à laquelle on assiste
partout au Canada de quiconque élève la voix contre le
plan néolibéral, y compris les attaques du gouvernement
fédéral contre les droits des travailleurs d'Air Canada,
de Postes Canada et maintenant du Canadien Pacifique, et avec la
situation des enseignants de la Colombie-Britannique et d'autres
travailleurs du secteur public. Les participants se sont engagés
à faire tout en leur pouvoir pour contrer la
désinformation des médias monopolisés sur ce qui
se passe au Québec.
Résolution du Conseil syndical de Courtenay,
Colombie-Britannique
La résolution suivante a été
adoptée à la réunion mensuelle du Conseil syndical
de Courtenay, à Campbell River, en Colombie-Britannique, le 28
mai.
« Attendu que les étudiants du
Québec sont engagés dans une lutte contre la hausse des
frais de scolarité et pour défendre leur droit à
l'éducation ;
« Attendu que le gouvernement Charest refuse de
négocier avec les étudiants, qu'il a adopté la loi
78 qui suspend les libertés civiles au Québec et
criminalise les étudiants et quiconque les aide ;
« Attendu que le mouvement contre les actions
dictatoriales du gouvernement Charest au Québec comprend les
étudiants, des travailleurs de tous les secteurs, jeunes et
vieux qui se sont mobilisés en nombre inégalé pour
défier cette loi injuste ;
« Il est résolu que le Conseil syndical de
Courtenay, Campbell River, se tient du côté des
étudiants et des travailleurs du Québec dans la lutte
contre la hausse des droits de scolarité et contre la suspension
des libertés civiles de tous les Québécois et
appelle ses membres affiliés à faire de même.
« Il est de plus résolu que ce message
d'appui et de solidarité soit communiqué aux centrales
étudiantes, la FECQ, la FEUQ, la CLASSE, et aux centrales
syndicales, la CSN, la CSQ et la FTQ. »
Yukon
Dawson City
Lisez Le
Marxiste-Léniniste
Site web: www.pccml.ca Courriel: redaction@cpcml.ca
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