Le Marxiste-Léniniste

Numéro 32 - 26 mars 2012

Air Canada et Aveos

Tous à la défense des droits
des travailleurs d'Air Canada!


Débrayage des travailleurs au sol d'Air Canada à l'aéroport Pearson de Toronto, le 23 mars 2012

Air Canada et Aveos
Tous à la défense des droits des travailleurs d'Air Canada!
Condamnons l'abolition brutale de 2600 emplois à Aveos!

L'industrie forestière
NON au vol légalisé des pensions! - Entrevue avec Maurice Lalonde, le président de l'Association des retraités de Papiers Fraser (Québec)
Produits forestiers Résolu en demande encore plus aux travailleurs d'Amos - Entrevue avec Gilles Chapadeau, représentant de la FTQ en Abitibi-Témiscamingue


Air Canada et Aveos

Tous à la défense des droits
des travailleurs d'Air Canada!

LML condamne fermement l'attaque la plus récente perpétrée contre les travailleurs d'Air Canada. Dans la soirée du 22 mars, trois travailleurs au sol d'Air Canada à l'aéroport de Toronto ont été suspendus par la direction d'Air Canada et 37 congédiés par la suite. Les trois travailleurs ont été suspendus pour avoir applaudi par dérision la ministre fédérale du Travail Lisa Raitt qui passait près d'eux lors de sa visite de l'aéroport. Des travailleurs l'ont remerciée ironiquement de leur avoir enlevé leur droit de grève. Dès qu'ils ont eu vent des suspensions, plus de 150 travailleurs au sol et bagagistes ont immédiatement abandonné le travail en signe de protestation. Ils se sont rassemblés devant l'aéroport et ont été rejoints au petit matin par d'autres travailleurs d'Air Canada pendant que les actions d'appui aux travailleurs suspendus et congédiés se répandaient à Montréal et à Québec.

Les travailleurs ont exprimé leur frustration au LML. Ils ont dit que les suspensions ont été la goutte qui a fait déborder le vase suite à une série d'attaques contre eux. Leur droit de faire la grève pour leurs revendications a été criminalisé par une loi passée sous le bâillon par le gouvernement Harper, les pilotes ont été menacés de lockout et frappés par la même loi et les 2600 travailleurs d'Aveos viennent maintenant de perdre leur emploi alors que s'amorce la procédure de fausse faillite d'Aveos. Les travailleurs font remarquer que pendant qu'ils sont étouffés par les concessions, Air Canada paie des centaines de millions de dollars en dividendes à ses actionnaires et des primes à ses dirigeants, dont 5 millions $ à son PDG, Calvin Rovinescu.

Les travailleurs dénoncent cela comme étant complètement injuste. Ils vivent modestement et ils ont fait des concessions considérables depuis dix ans. Leur niveau de vie n'a cessé de se détériorer. Ils ont dit au LML qu'ils ne retourneraient pas au travail tant que les travailleurs suspendus et congédiés ne seraient pas réintégrés.

Les travailleurs ont dénoncé Lisa Raitt pour avoir réagi à leurs actions en exigeant qu'ils soient criminalisés encore plus. Elle détourne l'attention de la nécessité de résoudre les problèmes de l'industrie du transport aérien d'une façon qui serve le bien public, ce qui ne peut se faire sans répondre aux préoccupations des travailleurs de façon satisfaisante pour eux. Elle a menacé de mettre des policiers partout dans l'aéroport. Pour sa part, Air Canada a demandé et immédiatement obtenu une injonction forçant les travailleurs à reprendre le travail. Suite à des négociations avec la direction, un représentant syndical a dit que les deux parties ont conclu une entente qui prévoit la réintégration des travailleurs congédiés, la réintégration sans pénalité supplémentaire des travailleurs suspendus une fois leur période de suspension de 72 heures terminée, et qui assure que les travailleurs ayant débrayé ne recevront aucune pénalité.

Cette nouvelle attaque montre à quel point le régime des relations de travail au Canada est en train de dégénérer. Nous devons tous être vigilants et défendre les droits collectifs. La ministre du Travail Lisa Raitt occupe un poste de responsabilité publique et elle est redevable de ses actions devant le public et les travailleurs en particulier. Plutôt que d'assumer ses responsabilités, elle et le gouvernement Harper font tout en leur pouvoir pour garantir à Air Canada le droit de monopole de faire comme bon lui semble. Le gouvernement Harper le fait au nom des idéaux élevés de la sécurité du public et du bien-être de l'économie nationale alors qu'en fait, c'est la lutte des travailleurs pour des conditions de travail adéquates qui est garante de la sécurité du public et soutient l'économie. Lorsqu'ils rappellent à la ministre Rait qu'elle doit répondre de ses activités antiouvrières, les travailleurs ne font qu'assumer leurs responsabilités.

LML appelle les travailleurs à défendre les droits et la dignité des travailleurs d'Air Canada. C'est le gouvernement Harper et la direction d'Air Canada qui doivent être tenus responsables de la situation intenable qui prévaut à Air Canada. Les travailleurs de tout le pays doivent se préparer à affronter les attaques contre leurs droits dans la période qui vient et doivent s'assurer que personne n'est laissé à lui-même.

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Condamnons l'abolition brutale
de 2600 emplois à Aveos!


Des centaines de travailleurs d'Aveos manifestent devant les portes de la compagnie à Montréal, le 20 mars 2012.

En seulement trois jours, la vie des travailleurs d'entretien d'Aveos Fleet Performance a été mise sens dessus dessous. Le 18 mars, Aveos a fermé ses centres d'entretien de Montréal, Vancouver et Winnipeg et mis à pied plus de 2600 travailleurs sans avertissement et sans qu'ils sachent à quoi s'en tenir. Le 19 mars, la Cour supérieure du Québec a placé Aveos sous la protection de la Loi sur les arrangements avec les créanciers des compagnies. Le 20 mars, Aveos a annoncé qu'elle cessait immédiatement toutes ses opérations au Canada, mettait à pied pour de bon tous ses travailleurs et entreprenait la liquidation de ses actifs sous la protection de la loi sur les faillites. Plus de 2600 travailleurs se sont retrouvés tout à coup sans emploi. Les usines canadiennes d'Aveos font essentiellement de l'entretien lourd (ailes, trains d'atterrissage, moteurs et autres composants) sur les appareils d'Air Canada.


Montréal le 20 mars 2012

Les travailleurs ont aussitôt protesté par des manifestations devant les bureaux d'Aveos et d'Air Canada près de l'aéroport Pierre-Elliott Trudeau à Dorval de même qu'à Winnipeg, Vancouver et le 21 mars devant l'Assemblée nationale à Québec. Les manifestations se poursuivent cette semaine. À Montréal, Air Canada a obtenu une injonction interdisant aux travailleurs de bloquer l'accès à ses bureaux. Les travailleurs ont été assaillis par la police qui a fait usage de poivre de cayenne et de gaz lacrymogènes et arrêté plusieurs manifestants pour le crime de défendre leur emploi, ou, comme dans un cas, ils ont même été assaillis par la police anti-émeute lorsqu'ils ont essayé d'aller récupérer leurs outils et effets personnels à leur travail !

Aveos et Air Canada ne se reconnaissent aucune responsabilité dans ce qui arrive aux travailleurs. Ceux-ci sont censés disparaître au milieu des fraudes et de la violence qui sont perpétrées contre eux. Aveos a tout fait pour cacher sa criminalité en blâmant Air Canada de l'avoir poussée à la faillite en lui envoyant moins de contrats d'entretien et en cherchant à faire faire le travail pour moins cher hors du Canada. Air Canada fait tout en son pouvoir pour nier l'histoire commune qui la lie à ces travailleurs et au travail qu'ils font. En fait Aveos, a longtemps fait partie d'Air Canada et ce n'est qu'à coups de privatisation et de manoeuvres financières que la compagnie est devenue une entité soi-disant indépendante il y a de cela quelques années. Jusqu'en janvier 2011, les travailleurs d'Aveos étaient toujours des employés d'Air Canada et ils ont contesté la décision de transférer leur lien d'emploi à Aveos. C'est toute cette fraude que les travailleurs mettent en lumière lorsqu'ils disent qu'Air Canada contrevient à la Loi sur la participation publique au capital d'Air Canada qui a été adoptée suite à la privatisation d'Air Canada en 1988 et dit que le transporteur aérien privatisé doit maintenir ses centres d'entretien à Montréal, Winnipeg et Mississauga.


Vancouver, le 29 mars 2012

Le gouvernement Harper a scandaleusement abandonné les travailleurs à leur sort en disant que la décision d'Aveos de mettre fin à ses opérations est une « décision d'affaires privée ». Non seulement ce gouvernement démontre-t-il toute sa bassesse en déclarant que cette attaque contre les travailleurs est une affaire privée, mais il cache qu'il y a une très sérieuse question de santé et de sécurité du public qui est soulevée par cette liquidation d'Aveos. Une fois les travailleurs mis à pied et les actifs liquidés, qui va s'occuper de l'entretien des avions d'Air Canada et qui s'en occupe en ce moment-même ? Air Canada de son propre aveu n'est pas en mesure de faire l'entretien lourd et ne fait que l'entretien quotidien. Est-on censé croire Air Canada sur parole quand elle dit qu'elle va veiller à ce que l'entretien des avions soit fait adéquatement ?

Il y a à peine un mois, la ministre du Travail, Lisa Raitt, a référé à toute vapeur au Conseil canadien des relations industrielles le conflit qui opposait Air Canada à ses pilotes et mécaniciens. Elle a invoqué la question de la santé et de la sécurité du public, ce qui a rendu illégale toute action des travailleurs menant à un arrêt de travail. Aujourd'hui tout serait normal, selon Harper, il n'y aurait pas danger pour la santé et la sécurité alors que la main-d'oeuvre expérimentée et les installations qui sont le fruit de décennies de travail disparaissent sans avertissement ! Qui va assumer la responsabilité si une tragédie survient ?

Nous devons tous défendre les travailleurs d'Aveos, leurs emplois et leur droit de se battre pour leurs droits. Cette situation illustre encore une fois les dangers de la privatisation, de la sous-traitance tous azimuts et des autres manigances des intérêts monopolistes privés qui font partie de leur lutte et de la collusion entre les gouvernements et les intérêts monopolistes privés contre l'intérêt public. Les travailleurs perdent leur statut de personnes humaines. Cela ne nous laisse d'autre choix que d'intensifier notre lutte organisée pour forcer les monopoles et les gouvernements à leur service à répondre de leurs actions et forcer les gouvernements à défendre le droit public et non le droit de monopole. Il faut annuler les mises à pied massives des travailleurs d'Aveos, ne pas permettre à Aveos de fermer et liquider ses actifs sous la protection de faillite. Il faut forcer Air Canada à reconnaître ses responsabilités envers ces travailleurs et leurs emplois.


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Les concessions ne sont pas des solutions dans l'industrie forestière

NON au vol légalisé des pensions!

LML s'est entretenu récemment avec Maurice Lalonde, le président de l'Association des retraités de Papiers Fraser et un porte-parole au Québec de l'Association des victimes de Brookfield. L'association, qui a été formée à l'automne 2011, représente les anciens travailleurs de Papiers Fraser au Québec et au Nouveau-Brunswick qui ont perdu environ 40 % de leurs pensions lors de la frauduleuse procédure de la protection de la faillite du monopole forestier. L'association se nomme Victimes de Brookfield, parce que c'est Brookfield Asset Management qui contrôlait Papiers Fraser et a utilisé la procédure de la protection de la faillite pour restructurer l'entreprise, se la revendre à lui-même et la repartir sous un nouveau nom au Nouveau-Brunswick (Twin Rivers) libérée légalement de ses obligations envers les pensionnés. Les anciens travailleurs de Papiers Fraser n'acceptent pas ce vol légalisé de leurs pensions et mènent des actions pour faire entendre leur voix et demander justice. À la fin février, des représentants du Québec et du Nouveau-Brunswick de l'association se sont rendus à Toronto pour manifester à la défense de leurs droits devant les bureaux de Brookfield. Voici l'entrevue avec Maurice Lalonde, qui est lui-même un ancien travailleur de l'usine de Papiers Fraser à Thurso en Outaouais.


Des membres du groupe Victimes de Brookfield et du Syndicat des travailleurs des communications, de l'énergie et
du papier (SCEP) manifestent contre le vol des pensions des retraités de Papiers Fraser devant les bureaux de
Brookfield à Toronto le 20 février dernier (SCEP)

LML : Pouvez-vous brièvement nous rappeler les buts de l'association et nous parler du travail que vous faites en ce moment au Québec ?

Maurice Lalonde : Nous représentons les victimes de Brookfield de tout le Québec, tout le monde qui a travaillé pour Papiers Fraser. L'objectif de l'association c'est d'aider les gens à récupérer au moins en partie les sommes qu'ils ont perdues suite à la procédure de protection de la faillite de Papier Fraser.

Une de nos demandes concerne les barrages hydroélectriques que Brookfield gère dans la région. Brookfield gère 4 barrages sur la Rivière du Lièvre dans la vallée de l'Outaouais. On sait que le ministre Gignac a récemment enlevé le barrage Jim Gray à Produits forestiers Résolu au Saguenay-Lac-St-Jean. On veut examiner avec le ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, la possibilité de faire quelque chose sur la question des barrages de Brookfield.

Nous disons que le jeu que Brookfield fait partout, c'est d'acheter des compagnies de papier, les laisser tomber pour garder strictement la partie électricité. C'est ce qu'ils ont fait chez nous. Ils ont ramassé les 4 barrages qui, au départ, avaient été mis en place sous l'ancien propriétaire MacLaren. Ils ont laissé tomber tout le reste mais ils ont gardé les barrages. Il y a au moins un de ces barrages qui appartient au gouvernement du Québec. Les turbines et les équipements appartiennent à Brookfield, mais le barrage lui-même appartient au gouvernement.

Nous on dit que ces gens-là sont sans morale dans la façon dont ils procèdent et nous voulons que le gouvernement applique la même recette qu'il a appliquée au Saguenay-Lac-St-Jean. Brookfield fait un profit substantiel en acheminant son électricité à Hydro-Québec. C'est difficile d'obtenir les chiffres exacts, mais nous pensons que Brookfield fait plus de 50 millions $ par année en profit avec ses barrages. Il a fait la même chose à Berlin aux États-Unis. Il a fermé l'usine mais gardé la centrale. C'est d'ailleurs largement à cause des profits qu'il touche avec l'électricité que Brookfield est demeuré l'actionnaire principal de Twin Rivers. L'usine de pâte de Twin Rivers à Edmundston possède une grande usine de cogénération qui produit de l'électricité qui est vendue à Énergie Nouveau-Brunswick à des conditions très profitables pour Brookfield.

Nous voulons que le gouvernement prenne une mesure similaire à ce qu'il a fait en reprenant le barrage Jim Gray au Saguenay-Lac-St-Jean ou bien qu'il impose une redevance et la mette directement dans les fonds des retraités pour qu'ils soient financés à 100 %.

LML : Vouz avez déposé votre recours collectif récemment.

ML : Notre recours collectif pour le Québec a été déposé le 28 février et les gens du Nouveau-Brunswick déposeront le leur bientôt. L'étape où nous en sommes au Québec, c'est d'obtenir du juge qu'il accepte que notre demande constitue un recours collectif en bonne et due forme. Cela devrait se faire d'ici la fin mars. Nous avons choisi 3 personnes, un retraité, une bénéficiaire dont le conjoint maintenant décédé était un travailleur de Fraser, et un employé actif à l'usine de Thurso qui est aujourd'hui propriété de Fortress Paper. Ces 3 personnes représentent les retraités syndiqués de même que les travailleurs actifs syndiqués qui ont travaillé pour Fraser pendant 15-20 ans, perdu 40 % de leurs pensions et travaillent maintenant pour Fortress. En tout, cela fait 578 personnes qui sont représentées par le recours collectif. Nous demandons un remboursement de 12 millions $ sur les 24 millions $ que nous avons perdus. Notre recours collectif est contre 2 des administrateurs de Brookfield et nous les poursuivons pour mauvaise gestion des fonds de pension pendant la période de 2004-2009. C'est en 2009 que Fraser Paper s'est placé sous la loi de la protection de la faillite. Au Québec, on n'a pas le droit de poursuivre les gens qui se mettent sous la protection de la faillite sauf si l'on peut prouver qu'il y a eu négligence ou fraude ce qui serait, selon les experts qui nous conseillent, tout un débat juridique qui n'en finirait plus. Notre recours collectif concerne donc la période qui précède le moment où Fraser Paper s'est placé sous la LACC. Nous tenons une assemblée générale fin mars pour informer nos membres de l'état des choses.

Il faut comprendre que chez nous, Papiers Fraser n'a mis aucun argent dans le fonds de pension dès qu'il a pris le contrôle de l'usine, soit le début des années 2000. Jusqu'en 2002, le fonds de pension était financé à 100 %. En 2003, Papiers Fraser a demandé et obtenu du gouvernement un congé de 5 ans de paiements dans le fonds, lequel a été renouvelé pour un autre 5 ans en 2008. En 2009, la compagnie s'est placée sous la loi de la protection de la faillite. Ils ont planifié la faillite.

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Produits forestiers Résolu en demande
encore plus aux travailleurs d'Amos

En début mars, Produits forestiers Résolu a demandé une nouvelle série de concessions aux travailleurs de l'usine de papier-journal d'Amos en Abitibi-Témiscamingue. Ces concessions représentent une réduction de 2,6 millions $ dans la masse salariale à l'usine qui comprend environ 160 travailleurs dans la production et environ 200 employés en tout si on inclut les autres travailleurs et les employés-cadres. Le plan de restructuration de Produits forestiers Résolu entamé en 2009 s'était traduit par des réductions d'effectifs d'un peu plus de 30 postes. Par la suite, les négociations pour un nouveau contrat de travail en 2010 avaient entraîné une baisse de 17 % sur l'ensemble des conditions de travail, incluant le salaire et les avantages sociaux. LML s'est récemment entretenu avec Gilles Chapadeau, le conseiller régional de la FTQ en Abitibi-Témiscamingue au sujet de la réponse des travailleurs.

LML : Cette dernière annonce est un nouveau coup dur pour les travailleurs d‘Amos et de la région

Gilles Chapadeau : Tout à fait et cela se produit alors que la convention collective est encore en cours. Produits forestiers Résolu ne parle pas ouvertement de réouverture de contrat, mais à toute fin pratique c'est de cela qu'il s'agit. La convention collective actuelle a été signée en 2010 et elle comprenait déjà des concessions de l'ordre de 17 %. L'usine d'Amos constitue un apport économique important parce que la région d'Amos a été durement touchée par la crise forestière. Des scieries ont fermé, il y a eu la fermeture de l'usine de poutres Temlan qui comptait une centaine de travailleurs. Et ce n'est pas une région qui a nécessairement profité du boom minier. Il y a des projets miniers à venir, mais la caractéristique principale de la situation dans la région c'est à quel point elle a subi les conséquences de la crise forestière. Alors les travailleurs de l'usine de PFR c'est drôlement important pour la ville et la région d'Amos.

Produits forestiers Résolu s'acharne sur les travailleurs plutôt que de chercher des solutions aux problèmes. Nous avons l'impression que Résolu est en train de jouer travailleurs contre travailleurs et municipalités contre municipalités. Ils s'en prennent à un groupe de travailleurs, puis ils vont voir un autre groupe qui n'est pas aussi mal en point et leur disent « voyez ce que l'autre groupe nous a donné, êtes-vous capables de nous donner plus ? »

Ils essaient de mettre l'odieux sur les travailleurs. Si les travailleurs revendiquent davantage leurs droits, Résolu veut que la pression populaire s'accumule contre eux alors que les travailleurs ont déjà consenti des concessions. C'est à Produits forestiers Résolu de faire son bout de chemin. Les travailleurs tiennent à leurs emplois et à ce que l'usine reste en vie mais on n'a pas l'impression que Résolu y tient tant que ça. On se demande parfois s'il ne cherche pas un moyen de la fermer. On a l'impression d'être un pion sur l'échiquier de Résolu.

En fait, Produits forestiers Résolu profite de la crise pour essayer de mettre le monde à genoux. Pour nous c'est totalement inacceptable.

LML : Dans tes commentaires aux médias, tu blâmes PFR pour son manque de vision et son acharnement contre les travailleurs.

GC : Selon nous il y a une autre façon de faire les choses. PFR veut baisser ses coûts de production, mais il n'abaissera jamais les coûts de production à un niveau compétitif s'il ne fait pas d'investissements, par exemple pour baisser les coûts de l'énergie. On avait parlé d'une co-génératrice et d'un récupérateur de chaleur mais ça ne s'est pas matérialisé. Cela aurait fait en sorte de baisser les coûts de l'énergie et par le fait même les coûts de production. Surtout, ce sont là des baisses importantes qui assureraient la pérennité de l'usine.

Nous sommes convaincus que cette usine est rentable. Qu'elle ne soit pas compétitive avec d'autres usines dans les conditions actuelles c'est autre chose. Si on a modernisé dans une autre usine et qu'on a mis les équipements nécessaires pour baisser les coûts de production, on ne peut rien faire si on ne fait pas la même chose ici. Résolu nous demande des concessions de l'ordre de 2,6 millions $. Pour toi et moi c'est beaucoup, mais pour Résolu c'est de la petite monnaie pour le café. C'est pas vrai qu'on va être capables de sauver l'usine comme ça. On veut travailler sur un projet pour moderniser l'usine et la rendre rentable, pas pour imposer de nouvelles concessions aux travailleurs.

Les gens commencent à en avoir assez. Le maire d'Amos en a assez et dans un commentaire à Abitibi Express il appuie les travailleurs. Les municipalités se font saigner à blanc pour essayer de baisser des comptes de taxes pour aider la compagnie, mais elles ne reçoivent rien en retour.

LML : Dans un commentaire à la presse, tu dis qu'il faut organiser une réponse régionale.

GC : La question est régionale parce qu'on se bat pour des emplois dans la deuxième et troisième transformation. C'est ça qu'on fait à l'usine d'Amos. On fabrique du papier-journal à partir des copeaux qu'on reçoit des scieries. On a une seule usine de papier-journal dans la région, on en est fier et on devrait s'organiser pour la garder. Elle a un impact sur la région parce que les copeaux ne viennent pas seulement d'Amos, mais d'autres places comme Senneterre et Comtois. D'accepter que l'usine pourrait fermer voudrait dire que les copeaux voyageraient vers le sud, ce qui nous apparaît tout à fait inacceptable. La logique des choses c'est de produire le plus près possible de l'endroit où est la ressource.

On l'a vu dans d'autres régions du Québec. Quand les gens se lèvent ensemble solidairement cela fait réfléchir le gouvernement du Québec et ça va faire réfléchir l'entreprise aussi. On ne peut pas dire que ce que nous vivons c'est un conflit de travail. Il n'y a pas de conflit de travail. Les travailleurs ont accepté une première diminution de salaires et de conditions de travail en ayant l'espoir qu'ils avaient sauvé l'usine et aidé l'économie régionale. Ils l'ont fait de façon solidaire. L'entreprise nous demande maintenant de nouvelles concessions, mais elle ne nous donne aucune garantie que l'usine va rester ouverte. On veut mobiliser la population pour démontrer notre préoccupation pour cette usine qui représente un apport économique fort important pour Amos et toute la région.

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