Le Marxiste-Léniniste

Numéro 900 - 3 decembre 2010

Nous ressources, nous décidons!

Pétition pour un moratoire sur le gaz de schiste

Nous ressources, nous décidons!

Pétition pour un moratoire sur le gaz de schiste

Lockout à l'aciérie de Hamilton

Non à l'arrogance dictatoriale de US Steel! Stelco doit continuer à produire!
Importance de l'indexation des pensions et des salaires

Secteur de la construction

«La tolérance zéro pour les grandes entreprises ça veut dire pénaliser les travailleurs!» - Entrevue: Francois Patry, directeur du service santé et sécurité de la FTQ - Construction -

Nouvelles en bref

Nouvelles fermetures et mises à pieds dans la région de Montréal

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Nous ressources, nous décidons!

Pétition pour un moratoire sur le gaz de schiste

CONSIDÉRANT QUE des travaux d'exploration visant à exploiter le gaz de schiste se déroulent au Québec et qu'ils présentent des risques environnementaux importants, notamment pour l'eau en raison des produits chimiques utilisés pour la fracturation ainsi que l'augmentations des GES (gaz à effet de serre) ;

CONSIDÉRANT QUE des conséquences environnementales de cette exploitation ont eu des effets dévastateurs aux États-Unis et en Alberta ;

CONSIDÉRANT QUE ces travaux soulèvent une inquiétude légitime chez les citoyens et les citoyennes, des communautés ainsi que des élus municipaux qui n'ont pas les pouvoirs d'arrêter ces travaux ou n'ont pas les ressources pour gérer les conséquences de tels travaux ;

CONSIDÉRANT QUE le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement a reçu un mandat qui se limite à proposer très rapidement un cadre de développement de la filière des gaz de schiste et que pendant ce temps les forages se poursuivent ;

CONSIDÉRANT QUE le Québec est actuellement apte à entreprendre un virage vers l'exploitation des énergies durables qui contribuerait à la diminution des GES tout en contribuant à l'emploi et à la richesse collective dans une optique nationale ;

CONSIDÉRANT QU'il est fondamental de décider collectivement de l'exploitation de nos ressources et que l'importance de cet enjeu nécessite une large consultation publique visant entre autres à décider de notre avenir énergétique ;

Nous, citoyens québécois, demandons que le gouvernement provincial du Québec ordonne un moratoire complet sur l'exploration et l'exploitation du gaz de schiste.

(Pour signer la pétition, cliquer ici)

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Lockout à l'aciérie de Hamilton

Non à l'arrogance dictatoriale de US Steel!
Stelco doit continuer à produire!


Hamilton, le 19 novembre 2010

Le monopole américain US Steel a décrété un lockout le 7 novembre à son usine de Hamilton Works en Ontario, l'ancienne aciérie Stelco. Plus de 600 métallos et supporters se sont rassemblés aux portes de l'usine au moment où US Steel fermait ses portes. Ils ont commencé à arriver vers 18 heures et à 22 h 30 il y avait tellement de monde que les agents étaient incapables de fermer la clôture. Les gens étaient venus dire Non ! à l'arrogance du monopole américain qui exige des concessions inacceptables, refuse de négocier de bonne foi et a maintenant mis les travailleurs en lockout. US Steel a deux objectifs : briser le syndicat en abandonnant les nouveaux employés à un régime de pension à contributions déterminées et éliminer la clause d'indexation pour les retraités. Les intervenants au rassemblement ont dénoncé l'intransigeance de la compagnie et exprimé leur appui à la position prise par la section locale 1005 du syndicat des Métallos, qui refuse d'abandonner les nouveaux employés et les retraités. La compagnie a embauché la firme AFI Security, le même groupe de briseurs de grève qui a servi contre les mineurs de Vale Inco à Sudbury.

L'appui pour les métallos de Hamilton Works ne s'est pas démenti depuis le début du lockout, que ce soit de la part d'autres travailleurs, des jeunes et autres résidents et de politiciens municipaux, provinciaux ou fédéraux. Deux vidéos ont été réalisées sur les lignes de piquetage par Voice of Steel Productions, un collectif multimédia de jeunes et de travailleurs qui ont entrepris de documenter le point de vue des travailleurs.


Les métallos en lockout de Hamilton reçoivent la visite de retraités et de supporters de la
communauté sur les lignes de piquetage devant les portes de l'aciérie le 10 novembre 2010.

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Importance de l'indexation
des pensions et des salaires

L'augmentation annuelle du coût de la vie de 2,4 % en octobre souligne la nécessité d'indexer les pensions et les salaires. On notera en particulier la hausse de 0,7 % seulement pour le mois d'octobre. Cela se rapproche d'une hausse annuelle de 8,4 %. Cette hausse mensuelle est la plus importante en quatre ans.

Les propriétaires du capital chez US Steel Stelco, à Hamilton, ont mis en lock-out les travailleurs pour les obliger à renoncer à l'indexation des retraites et des pensions à prestations déterminées pour les nouveaux employés. Si le coût de la vie continue d'augmenter au taux d'octobre, les retraités sans indexation vont bientôt subir une érosion importante de leur pouvoir d'achat. La demande de renoncer à l'indexation des pensions est extrêmement injuste et doit être dénoncée par tous les Canadiens. Même nos revenus provenant du Régime des pensions du Canada sont indexés aux hausses du coût de la vie. Cela fait partie de notre culture et des normes canadiennes. Ce monopole des États-Unis n'a pas le droit d'imposer sa culture arriérée aux travailleurs, que ce soit à Stelco ou ailleurs. Le PDG de US Steel, John Surma, qui revendique en salaire plus de 10 millions $ par année, dit que les pensions des travailleurs américains de son empire ne sont pas indexées et que, par conséquent, les Canadiens ne doivent pas en avoir non plus. M. Surma se trompe. Les travailleurs des États-Unis devraient avoir les mêmes pensions indexées que les Canadiens.

Lorsque US Steel a pris le contrôle de Stelco, Surma et les autres cadres de direction ont dit qu'il n'y a de problème avec le régime de retraite de Stelco et qu'ils peuvent s'en accommoder. Maintenant qu'ils possèdent le contrôle, ils attaquent injustement les pensions des métallos de Hamilton Works, comme ils l'ont fait à l'usine de Lake Erie. Toute réduction des réclamations des métallos actifs et retraités de Stelco signifie simplement plus d'argent quittant le Canada vers le sud.

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Secteur de la construction

«La tolérance zéro pour les grandes entreprises
ça veut dire pénaliser les travailleurs!»

LML : Les grands monopoles parlent beaucoup de tolérance zéro en matière de santé et de sécurité. Quelle est ton opinion à ce sujet ?

François Patry : C'est vrai que cela se développe beaucoup actuellement, notamment chez les pétrolières et en général dans les grandes entreprises. On dit qu'on va obtenir la tolérance zéro aux accidents en pénalisant les travailleurs. Certaines opérations sont qualifiées de tolérance zéro comme travailler sans être attaché ou travailler dans des espaces clos (des espaces qui n'ont qu'une sortie) sans avoir reçu de formation. La pétrolière Suncor a pris la décision sans consulter les syndicats que pour en arriver à la tolérance zéro elle allait imposer une suspension de trois à six mois à un travailleur qui est pris par exemple à travailler sans être attaché. Lorsque le travailleur revient au travail après trois ou six mois il doit expliquer devant son employeur pourquoi il n'était pas attaché et ensuite signer un papier comme quoi il accepte que la prochaine fois que ça se produit il est suspendu à vie du chantier. Cela veut dire qu'il aura été suspendu la première fois sans explications.

Je parle ici des grandes entreprises comme Suncor ou Rio Tinto ou Iron Ore qui ont des activités de construction sur leur site. Elles sont les maîtres d'oeuvre sur le chantier et ordonnent aux entreprises de construction de se conformer à leurs règles. On a une situation où l'employeur de la construction va dire au travailleur d'aller travailler dans un espace clos. Le travailleur y va, quelqu'un de Suncor passe par là et demande au travailleur s'il a reçu de la formation. Celui-ci répond non et il est suspendu pour six mois tandis que l'entrepreneur de la construction reçoit une amende symbolique. Le travailleur est prix entre deux feux. Son employeur de la construction lui dit d'aller là, c'est avec lui que le travailleur a son lien d'emploi ; comme patron il devrait savoir que le travailleur doit recevoir une formation, c'est son employé, il sait que celui-ci n'a pas été formé. Il devrait lui dire de ne pas y aller et y envoyer quelqu'un qui a reçu la formation requise.

Les grandes multinationales comme Rio Tinto passent par dessus les employeurs de la construction et cherchent à se donner bonne image en disant qu'il ne doit pas y avoir d'accidents et elles pénalisent les travailleurs. Les accidents sont cachés ; le problème n'est pas résolu. Un climat de crainte est créé parmi les travailleurs qui se mettent à ne pas rapporter leurs accidents L'anxiété et la crainte de la répression deviennent eux-mêmes un facteur d'accidents.

Au lieu de s'attaquer au danger et d'en éliminer la source on s'attaque au travailleur. On blâme son comportement. On ne s'attaque pas au risque qui est lié au danger. On crée un soi-disant portrait de travailleur idéal qui a toutes les chances de ne pas avoir d'accidents même si les conditions sont dangereuses, notamment avec les nouveaux outils comme les girafes qui montent jusqu'à 120 pieds dans les airs ; si l'équipement n'est pas bien installé un simple coup de vent peut faire basculer le travailleur.

Les grandes multinationales imposent leurs règles comme si c'est elles qui font les lois. De plus en plus on demande par exemple des tests d'urine et autres tests à tous les travailleurs supposément pour dépister ceux qui se droguent. Il y a toute une jurisprudence au Québec qui dit que les tests ne doivent pas être généralisés mais limités à des individus déterminés quand il y a une raison sérieuse de croire que quelqu'un se drogue. Ils deviennent de plus en plus généralisés et lorsqu'une place les adopte alors les entreprises de la construction qui y travaillent se font soumettre aux mêmes règles au nom de l'équité. On s'en va vers un modèle où les travailleurs sont de plus en plus fichés, où les grands employeurs vont rechercher les travailleurs qui n'ont jamais eu d'accidents ou n'ont jamais pris de drogue, etc. C'est une nouvelle forme de sélection des travailleurs qui est en train d'être faite.

Nous intervenons sur les chantiers pour défendre le droit des travailleurs à des conditions de travail saines et sécuritaires. Nous les soutenons s'ils refusent un travail dangereux. Nous sommes avantagés du fait que tous les chantiers de travail au Québec sont syndiqués ce qui n'est pas le cas ailleurs. Cela nous aide à faire pression et à faire comprendre aux employeurs que s'ils refusent de fournir des conditions sécuritaires nous pouvons leur rendre difficile d'obtenir des travailleurs sur leur chantier.

La tolérance zéro dans les mains des grandes entreprises c'est une façon de se déresponsabiliser en matière de santé et sécurité et de sur-responsabiliser le travailleur au point de le pénaliser par des mesures arbitraires.

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Nouvelles en bref

Nouvelles fermetures et mises à pieds
dans la région de Montréal

Les médias monopolisés répètent que la crise économique est terminée et que nous sommes en période de relance, mais la réalité pour la classe ouvrière est tout autre. Les fermetures d'usines, les mises à pieds et les demandes de concessions sont incessantes. En voici un bref aperçu :

- La haute direction de la compagnie Transcontinentale a décidé de fermer son usine de Boucherville. Cette fermeture est effective dès le 17 décembre. Les 180 travailleurs de l'imprimerie ont appris la nouvelle par voie d'un communiqué les remerciant pour leur dévouement et leur travail pour la compagnie. Transcontinentale a expliqué sa décision en affirmant que le marché de l'impression de livres, catalogues et magazines était en chute libre et que sa décision était nécessaire pour faire face à la concurrence. Transcontinentale est le quatrième plus grand imprimeur en Amérique du Nord. Il possède deux autres usines dans la région de Montréal, soit une à Rivière-des-prairies et une autre à Boucherville.

- Fermeture de L'imprimerie Quads/Graphics à Saint-Jean-sur-Richelieu. Cette fermeture entraîne la mise à pieds de plus de 100 travailleurs. Quad Graphics, le nouveau propriétaire américain de World Color Press (qui appartenait auparavant au monopole Québecor World de la famille Péladeau), a choisi d'investir 23 millions dans ses usines d'Edmonton en Alberta, où seront transférés les contrats de l'imprimerie de Saint-Jean et d'Aurora en Ontario. Cette fermeture sera effective d'ici la fin de l'année. Cette imprimerie comptait plus de 270 travailleurs au plus fort de sa production, il n'en restera plus qu'une centaine au moment de la fermeture. Quads Graphics exploite trois imprimeries au Québec, soit à Montréal, Ville St-Laurent et Lasalle.

- La société Erickson située à Montréal a mis a pied une centaine d'employés, principalement des ingénieurs, des informaticiens et des techniciens. À la fin juin, 1 645 personnes travaillaient pour cette firme de recherche subventionnée en partie par l'État québécois. Ces subventions sont conditionnelles à un maintien du niveau de l'emploi à 1 600 personnes.

- La société Pharmaceutique MerckFrost a décidé de fermer son centre de Montréal. Cette fermeture effective le 29 octobre dernier touche 180 travailleurs.

- L'usine RHI de Bécancour ferme définitivement ses portes le 17 novembre prochain. RHI est un fabricant de pierre réfractaire pour les aciéries, les fonderies et les alumineries. C'est 115 personnes qui perdront leurs emplois.

- L'entreprise « les viandes Soucy » situé à Saint-Jean-sur-Richelieu a définitivement fermé ses portes le mois dernier. Elle était spécialisée dans la transformation et la surtransformation de aliments à base de viande. 120 personnes travaillaient à cette usine. Viandes Soucy a également fermé son usine de l'Acadie, également située sur la rive sud de Montréal. Les travailleurs de l'usine de Saint-Jean ont également reçu un message pour les remercier de leurs services, affiché à coté du cadenas qui barrait les portes de l'usine.

- Olymel à mis à pied 50 autres personnes à son usine d'Iberville, en Montérégie. Plutôt cette année, la haute direction d'Olymel avait procédé à une restructuration et avait mis à pied de façon permanente 183 personnes de cette usine de surtransformation des aliments. Ces 50 nouvelles mise à pied font en sorte que moins de 100 personnes travaillent dorénavant dans cette usine qui en a déjà comptés près de 400. Ils sont actuellement en période de renouvellement de leur convention collective.

- Les travailleurs de l'usine Kruger de Brompton ont rejeté à 71 % l'entente de principe intervenue entre leur syndicat et la direction de l'entreprise pour le renouvellent de la convention collective. Selon Radio Canada, entre 240 et 345 personnes auraient pris part au vote. La proposition patronale prévoyait de nouvelles concessions de l'ordre de 20 % pour un contrat de 5 ans. Ces diminutions salariales s'ajouteraient aux 10 % accordés par les travailleurs l'an dernier.

- Les retraités de la mine Jeffrey, à Asbestos, viennent de subir un important revers. Le projet de loi C-290, qui visait à protéger les revenus de retraite des travailleurs d'une entreprise en faillite, a été défait par une centaine de voix à la Chambre des Communes. Le projet de loi avait été proposé par le Bloc Québécois. Les libéraux et les conservateurs ont voté contre. Le projet de loi prévoyait un crédit d'impôt remboursable de 22 % pour les pertes de revenus de retraite.

- Les 30 travailleurs de la compagnie Stryrochem Canada ont rejeté la nouvelle offre patronale à plus de 90 %. Un lockout est en vigueur depuis le 6 août dernier lorsque la compagnie avait essayé de présenter une offre aux travailleurs en tentant d'outrepasser le syndicat. L'usine de Montréal Ouest fabrique de la matière première de polystyrène en bille ou en poudre.

- Une manifestation des travailleurs de la compagnie de transport scolaire et urbain Veolia a eu lieu le 1er novembre dernier. Ce terminal en question de Veolia est situé à Saint-Jean-sur-

Richelieu, en Montérégie. La manifestation avait pour but de dénoncer le comportement antisyndical de la direction de Veolia et du climat très lourd que fait régner la compagnie. Selon les dirigeants du local 9414-116 des Mettalos, les décisions arbitraires se multiplient. Ils citent l'exemple d'une travailleuse qui est victime de d'intimidation de la part du syndicat depuis qu'elle siège à l'exécutif syndical. Le représentant Guy Gaudette affirme que le comportement de l'entreprise est aberrant et démesuré. Il espère que la manifestation saura faire corriger la situation pour améliorer le climat de travail.

- Finalement, les 200 travailleurs de Prysmian entament leurs dix neuvièmes mois de grève consécutifs.


Les travailleurs en grève de Prysmian devant l'Assemblée natinoale à Québec le 17 février 2010. (SCEP)

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