Le 23 août 1939, l'Union soviétique signait
ce qu'on a appelé le
Pacte Molotov-Ribbentrop de non-agression avec l'Allemagne, qui
stipulait que l'Allemagne n'attaquerait pas l'Union soviétique
et que
l'Union soviétique n'attaquerait pas l'Allemagne. Les
événements qui
suivirent donnèrent raison à Staline : le pacte
était la meilleure des
alternatives qui s'offraient. Le pacte donna à l'Union
soviétique 22
mois de paix pour se préparer à l'inévitable
invasion allemande et il
mettait un terme aux efforts des Anglo-Américains et des
Français pour
inciter Hitler à avancer vers l'Est et isoler l'Union
soviétique face à
l'agression allemande.
L'invasion allemande de l'Union soviétique fut
ainsi repoussée au 22
juin 1941. Cette offensive fut la plus grande opération
militaire de
l'Allemagne de toute la Deuxième Guerre mondiale. La
résistance
héroïque et prolongée des peuples soviétiques
mena à la grande victoire
de l'Union soviétique à Stalingrad le 2 février
1943, qui mit fin à
l'encerclement et força l'Allemagne et ses 300 000 soldats
à capituler.
Cela fut suivi d'une autre victoire décisive de l'Union
soviétique à
Kursk et marquait le début d'une puissante contre-offensive qui
finit
par repousser les hitlériens jusqu'à la défaite du
IIIe Reich à Berlin.
Le 9 mai 1945, les forces antifascistes du monde, avec l'Union
soviétique et les communistes de tous les pays à la
tête du mouvement
de résistance, proclamèrent la victoire sur les nazis.
L'Allemagne
fasciste concéda la défaite et accepta la capitulation
inconditionnelle.
Aujourd'hui les réactionnaires du monde, faisant
fi des faits
incontestés, utilisent l'anniversaire du pacte de non-agression
non pas
pour célébrer la grande victoire des peuples du monde sur
l'Allemagne
nazie mais pour faire des déclarations comme celle-ci suivant la
méthode de répétition du mensonge de
Goebbels : « Le 25 août
1939, l'Union soviétique et l'Allemagne signèrent le
Pacte
Molotov-Ribbentrop qui entraîna la Deuxième Guerre
mondiale, le
massacre de millions de personnes et l'holocauste. »[1]
Ces mensonges crasses ne doivent laisser personne
indifférent parce
qu'ils ne sont pas inoffensifs. Ils contribuent à créer
un climat
favorable à la montée de forces semblables aux
hitlériens aujourd'hui.
En fait, les colporteurs de cette propagande aujourd'hui sont souvent
des descendants des fascistes.
Dire que la signature du pacte de non-agression par
Staline est la
cause de la Deuxième Guerre mondiale est de la pire bassesse.
D'abord,
il importe de savoir que la Grande-Bretagne et la France avaient
déjà
émis une déclaration commune de non-agression avec
l'Allemagne en 1938.
De toutes les grandes puissances non agressives d'Europe,
l'Union soviétique fut la dernière à accepter un
pacte avec les
Allemands. Deuxièmement, « les
événements de 1938, avant et après la
prise de l'Autriche par Hitler, en mars, montrent que, comme elle
l'avait fait quelques années plus tôt, l'Union
soviétique s'efforçait
de persuader l'Angleterre et la France de maintenir une
sécurité
collective,
et en particulier de prendre des mesures pour défendre la
Tchécoslovaquie contre l'agresseur. Mais tous ses efforts
échouèrent
et, naturellement, le refus des Anglais et Français conduisit
à la
signature des Accords de Munich. L'Union soviétique était
non seulement
disposée à se joindre aux armées françaises
pour défendre la
Tchécoslovaquie, si la
France avait tenu sa parole, mais aussi, dans le cas d'un refus de la
France, elle était prête à défendre seule la
Tchécoslovaquie. »[2]
Tous les efforts échouèrent : la
Grande-Bretagne et la France
refusèrent de signer un pacte d'assistance mutuelle avec l'Union
soviétique. Elles signèrent plutôt le pacte de
Munich avec l'Allemagne
le 29 septembre 1938, lequel permit à l'Allemagne de mettre la
main sur
les Sudètes, ordonna aux Tchèques de ne pas
résister à l'agression
et donna aux nazis le feu vert pour déclencher l'attaque en
Europe.
Bien entendu, les réactionnaires ne veulent
jamais parler des
Accords de Munich. Ce fut une trahison si flagrante des peuples du
monde que même Winston Churchill, au parlement britannique,
dû en
accuser le premier ministre Chamberlain : « Vous aviez
le choix entre
la guerre et le déshonneur. Vous avez choisi le
déshonneur et
vous aurez la guerre. »
Il est incontestable que face à la trahison
britannique et
française, l'Union soviétique n'avait plus le choix que
de prendre les
moyens nécessaires pour se défendre et défendre la
cause de la paix.
Tous ces faits sont vérifiables. On les trouve
dans les rapports,
les discours, les comptes rendus et les documents de l'époque.
Il y a
par exemple ce Mémorandum #8604 envoyé à Moscou
par les services de
renseignement russes à Prague tout juste avant la signature des
Accords
de Munich : « Le 19 septembre, l'ambassadeur
anglais Newton et l'ambassadeur français Delacroix ont transmis
à Milan
Hodza (premier ministre tchécoslovaque de 1935 à 1938),
au nom de
Chamberlain et de Daladier, les dispositions suivantes : "En se
laissant guider par les hauts principes de maintien de la paix en
Europe, ils estiment nécessaire de rattacher les Sudètes
à l'Allemagne.
Les accords d'entraide entre la Tchécoslovaquie et d'autres pays
sont
annulés." »[3]
Les vils agissements des Anglo-Américains et des
Français dans le
dos de l'Union soviétique, qui avait signé des accords
d'assistance
mutuelle avec la Tchécoslovaquie et la France,
entraînèrent la
destruction des éléments de résistance collective
établis contre
l'Allemagne nazie. Ce furent les Accords de Munich, l'acte de
lâcheté
ultime, qui
menèrent à la Deuxième Guerre mondiale, au
massacre de millions de
personnes et à l'holocauste. L'histoire ne laisse aucun doute
sur la
vérité au sujet de la trahison anglo-américaine et
française des
peuples du monde et au sujet du rôle héroïque de
l'Union soviétique et
de Staline dans la victoire contre les nazis. « La
résistance des
peuples
soviétiques sous la direction de Staline et du Parti communiste
vint à
bout de l'agresseur nazi. Cinquante millions de personnes ont
été tuées
et 35 millions gravement blessées durant la Guerre antifasciste
et ce
sont les peuples de l'Union soviétique qui subirent le gros des
pertes. »[4]
Notes
1. Staline « avait prévu
déployer un million de soldats contre
Hitler si la Grande-Bretagne et la France acceptaient le
pacte » :
Staline était « prêt à déployer
plus d'un million de soldats
soviétiques à la frontière allemande pour bloquer
l'agression
hitlérienne juste avant la Deuxième Guerre
mondiale », Nick
Holdsworth, Telegraph UK, 18 octobre 2008. (Notre
traduction — ndlr)
2. Hardial Bains, Les Causes et les leçons de la
Deuxième Guerre mondiale, Institut MELS, Toronto, 1990, p.
59
3. « Accords de Munich de 1938 : Moscou ouvre ses
archives secrètes », Valeri Iarmolenko, RIA Novosti,
30 septembre 2008
4. « Le renversement du système impérialiste
est la seule garantie de paix », Le
Marxiste-Léniniste, 11 mai 2010.
Accords de Munich de 1938:
Moscou ouvre ses archives secrètes
- Valeri Iarmolenko, RIA Novosti, le 30
septembre 2008 -
Le Service des renseignements extérieurs de la
Fédération de Russie
(SVR) a déclassifié les archives relatives aux Accords de
Munich, qui
ont marqué le début des événements les plus
dramatiques du XXe siècle.
« Les documents déclassifiés
reflètent les processus politiques qui
se sont déroulés avant et après la signature des
Accords de Munich, le
30 septembre 1938 », a indiqué à RIA Novosti
le chef du bureau de
presse du SVR, Sergueï Ivanov, qui a permis au correspondant de
l'agence de prendre connaissance de ces documents.
Ces pièces secrètes, collectées par
le service de renseignements
soviétique, sont restées enfermées aux archives
pendant plus de 70 ans.
Elles montrent de quelle manière les dirigeants politiques de
l'URSS
ont été informés des préparatifs de la
rencontre en 1938 de Neville
Chamberlain et Édouard Daladier avec Adolf Hitler et Benito
Mussolini.
Ces documents secrets contiennent des pronostics
concernant les
conséquences éventuelles de cet événement
sur la situation politique et
militaire en Europe.
Ils témoignent de la pression sans
précédent que la Grande-Bretagne
et la France ont exercée sur la Tchécoslovaquie, en
exigeant qu'une
partie du territoire tchécoslovaque soit rattachée
à l'Allemagne.
« Moscou recevait des rapports
spéciaux selon lesquels les
ambassadeurs britannique et français à Prague cherchaient
à persuader
le président tchécoslovaque de la nécessité
d'annexer les Sudètes à
l'Allemagne. En outre, il avait été proposé
à Prague d'annuler les
accords d'entraide conclus avec d'autres pays », a
raconté M.
Ivanov.
Le mémorandum No8604, obtenu quelques jours avant
la signature des
Accords de Munich grâce aux agents secrets présents
à Prague, indique :
« Le 19 septembre, l'ambassadeur anglais Newton et
l'ambassadeur
français Delacroix ont transmis à Milan Hodza (premier
ministre
tchécoslovaque de 1935 à 1938), au nom de
Chamberlain et de Daladier, les dispositions suivantes : 1. En se
laissant guider par les hauts principes de maintien de la paix en
Europe, ils estiment nécessaire de rattacher les Sudètes
à l'Allemagne.
Les accords d'entraide entre la Tchécoslovaquie et d'autres pays
sont
annulés. En remplacement, tous les États voisins de la
Tchécoslovaquie,
en plus de la France et la Grande-Bretagne, garantissent
l'inviolabilité de ses frontières. »
En fait, les éléments déjà
existants du système de sécurité
collective furent annulés. Et les hommes politiques occidentaux
le
firent derrière le dos de l'URSS, qui avait conclu des accords
d'entraide avec la Tchécoslovaquie et la France.
En outre, les documents déclassifiés du
service de renseignements
soviétique datant de 1938 révèlent les
détails de la correspondance des
ambassades européennes avec les ministères des Affaires
étrangères de
leurs pays.
Ainsi, l'ambassadeur britannique à Varsovie avait
prévenu le Foreign
Office dans un télégramme qu'en cas d'intervention de
l'Allemagne en
Tchécoslovaquie, les dirigeants polonais s'empareraient de la
Silésie
de Cieszyn, ce qui se passa finalement en réalité. La
Pologne, après
avoir obtenu le soutien d'Hitler, participa au démembrement de
la
Tchécoslovaquie.
Par la suite, la Pologne fut elle-même victime de
l'Allemagne.
L'ambassadeur finlandais à Londres rapporta que
si Hitler acheminait
ses troupes vers la Tchécoslovaquie, la France n'oserait pas
entreprendre de mesures un tant soit peu efficaces pour accorder
à
celle-ci une assistance militaire.
« Comme vous le savez, l'Union
soviétique était prête à accorder un
tel soutien à la Tchécoslovaquie, mais Prague, sous la
pression de
Londres et de Paris, ne s'est jamais décidé à
adresser une telle
demande à Moscou », a rappelé le
représentant du Service russe des
renseignements extérieurs.
Après la signature des Accords de Munich, la
situation géopolitique
en Europe a également fait l'objet d'une attention soutenue de
la part
de nombreuses capitales, et les agents soviétiques en parlaient
également.
« Déjà en novembre 1938, les
représentations diplomatiques de
certains pays rapportaient à leurs ministères que la
Grande-Bretagne et
la France n'empêcheraient pas l'expansion allemande à
l'Est », raconte
Sergueï Ivanov.
Pour sa part, Lev Sotskov, ancien du SVR, qui s'occupait
de la
gestion des documents d'archives, est convaincu que les Accords de
Munich ont finalement entraîné la destruction du
système de sécurité
collective en Europe et conditionné le début de la
Seconde Guerre
mondiale.
Lev Sotskov a entamé sa carrière au
Service des renseignements
extérieurs en 1956. Il a travaillé à
l'étranger mais également au sein
de l'appareil central de cette structure. À l'heure actuelle, il
s'occupe de l'analyse des archives relatives à l'histoire des
Services
de renseignements. Il est l'auteur des livres Opération
Tarantella, Séparatisme inconnu et le
rédacteur
d'un recueil de documents Les pays baltes et la géopolitique.
Selon lui, les documents déclassifiés par
le SVR poussent à voir
sous un nouveau jour et d'une manière approfondie le rôle
des leaders
des puissances mondiales dans les processus politiques qui se sont
déroulés en Europe à la fin des années 1930.
« Les documents obtenus après la
conclusion des Accords de Munich
sont particulièrement précieux. Ils analysent la
situation qui s'est
formée en Europe après la signature de ces accords. Ils
mettent
clairement à jour la position de la Grande-Bretagne, qui a
tenté
d'entraîner l'Allemagne et l'URSS dans des hostilités
actives », a
souligné M. Sotskov dans une interview à RIA Novosti.
Dans un rapport présenté à Staline,
en date du 21 décembre 1938,
Lavrenti Beria parle de certains documents interceptés par les
agents
secrets, dont des rapports des ambassadeurs finlandais à
Londres, Paris
et Varsovie concernant l'expansion allemande à l'Est et la
position des
cercles dirigeants britanniques, français et polonais à
cet
égard.
Ainsi, le 5 novembre, l'ambassadeur finlandais à
Londres Gripenberg
rapportait à son ministère des Affaires
étrangères : « J'ai entendu
dire ici que la propagande allemande en faveur des colonies n'existait
pas en réalité mais que, comme l'affirment les Anglais,
elle ne
représente qu'un rideau de fumée derrière lequel
on prépare la
mise en oeuvre des plans concernant l'Ukraine soviétique. Hitler
lui-même a confié à l'ambassadeur français
François-Poncet qu'il ne
songeait pas aux colonies. »
Plus tard, le 25 novembre, Gripenberg parla d'un
entretien qu'il
avait eu avec un membre du gouvernement britannique au cours duquel il
lui affirma que la Grande-Bretagne et la France n'empêcheraient
pas
l'expansion allemande à l'Est. « La position de la
Grande-Bretagne est
la suivante : attendons de voir ce qu'il se passera,
attendons jusqu'à ce qu'un grand conflit éclate entre
l'Allemagne et
l'URSS », peut-on lire dans ce document.
En commentant ce texte, Lev Sotskov a expliqué
qu'en dépit des
circonstances, l'URSS avait tout de même essayé de mettre
en place un
certain système de riposte à l'agression
hitlérienne.
Grâce aux efforts déployés par
l'Union soviétique, les Britanniques
et les Français ont envoyé leurs missions militaires
à Moscou, où des
négociations ont été organisées.
« Moscou a présenté des
informations très détaillées à propos des
ressources qu'il pouvait utiliser contre l'Allemagne
hitlérienne. En
cas de conclusion d'un accord antihitlérien avec la
Grande-Bretagne et
la France, l'URSS était prête à mobiliser 120
divisions d'infanterie,
16 divisions de cavalerie, 5 000 chars et 5 000 avions », a
précisé M. Sotskov.
Selon lui, les négociations avec la
Grande-Bretagne et la France
n'ont finalement donné aucun résultat. Il était
devenu évident que
Londres et Paris avaient leurs propres objectifs.
Les documents déclassifiés montrent que
Londres et Paris étaient
tout à fait conscients que leur position mettait l'URSS dans
l'impasse
et que Moscou serait obligé de s'entendre avec les Allemands.
Par conséquent, l'URSS a signé le pacte de
non-agression avec
l'Allemagne, repoussant ainsi sa frontière vers l'Ouest tout en
gagnant
un peu de temps pour se préparer à repousser l'agression,
a indiqué le
vétéran.
« Il était devenu évident que
la politique de pacification d'Hitler
était inefficace et que les concessions ne faisaient que motiver
l'agresseur. Ceci a poussé les dirigeants soviétiques
à chercher le
moyen d'assurer la sécurité de leur pays dans les
conditions politiques
réelles », a noté l'expert.
« Le modèle occidental (de
pacification de l'agresseur), celui de
Munich, ne s'est pas révélé être efficace,
car la guerre débuta en
Occident. La France capitula devant Hitler, le cabinet des ministres
fut modifié en Grande-Bretagne. La formation de la coalition
antihitlérienne eut lieu plus tard, mais selon un schéma
que l'Union
soviétique
avait proposé en 1935 déjà : les
États-Unis, la Grande-Bretagne et
l'URSS, et plus tard la France en la personne de de
Gaulle », a
constaté Lev Sotskov.
D'après lui, l'Europe contemporaine devrait tirer
plusieurs leçons
des événements liés aux Accords de Munich ainsi
que des récents
événements dans le Caucase (en Ossétie du Sud).
« Premièrement, il ne faut en aucun
cas encourager l'agresseur,
qu'il soit grand ou petit. Il existe un pays — il s'agit des
États-Unis
— qui ne se préoccupe que de sa domination mondiale, et peu
importe
quel modèle il utilise pour accomplir sa tâche, celui
d'Hitler ou celui
de Bush », a dit le général.
Il y a là un grand danger que soient entreprises
des actions
agressives. Si ces actions ne sont pas rapidement muselées,
elles
entraîneront de grands malheurs pour la région, voire pour
le
continent, estime-t-il.
La deuxième leçon, d'après lui,
réside dans le fait que l'Europe a besoin d'un système de
sécurité collective.
« Le système de blocs n'est plus
efficace. Or, il paraît évident que
cette leçon n'a pas été intégrée. Au
lieu de museler [l'agresseur] en
la personne de la Géorgie, les États-Unis proposent
d'encercler la
Russie », a conclu Lev Sotskov.