Les Canadiens exigent que le gouvernement Trudeau prenne une position de principe contre les crimes de guerre israéliens

Des dizaines de milliers de Canadiennes et de Canadiens ont pris part à des manifestations, des vigiles, des pétitions, des envois de lettres et des immenses rassemblements d'un océan à l'autre pour exiger la fin du siège de Gaza, la fin de l'occupation de la Palestine et la fin des crimes de guerre israéliens contre le peuple palestinien. Des syndicats, des organisations de justice sociale, des organisations religieuses, des travailleurs culturels et d'autres condamnent la violence brutale faite à la population de Gaza et la violence faite aux Palestiniens en Israël et en Cisjordanie et exigent un cessez-le-feu et un espace de négociation pour une résolution pacifique du conflit armé actuel et la fin de l'occupation israélienne illégale.

Justin Trudeau continue de cautionner les crimes de guerre d'Israël en répondant aux appels au cessez-le-feu et à la fin du siège de Gaza par sa proposition de « pauses humanitaires ». Appeler à une « pause » dans une campagne génocidaire revient à la cautionner. Le monde voit et condamne sans réserve la nouvelle Nakba contre le peuple palestinien et demande à l'ONU et à tous les acteurs étatiques de se joindre aux efforts pour y mettre fin. L'insistance du premier ministre, du ministre de la Défense et d'autres à soutenir les crimes de guerre sous couvert du « droit d'Israël de se défendre » est condamnée par l'opinion publique canadienne et mondiale. Les Canadiens disent à juste titre « pas en notre nom » et exigent que le gouvernement canadien change de cap.

La semaine du 16 octobre, plus de 30 députés des partis vert, néodémocrate et libéral ont envoyé une lettre au premier ministre Trudeau dans laquelle ils déclarent : « Nous réclamons que le Canada se joigne au nombre croissant de pays qui demandent un cessez-le-feu immédiat. Le Canada doit agir pour éviter que d'autres enfants ne soient tués. » La lettre demande au Canada de faire tout ce qui est en son pouvoir pour faciliter l'ouverture d'un corridor pour l'acheminement de l'aide humanitaire. Les députés demandent également « au Canada de défendre vigoureusement le respect du droit international ». Le droit international « interdit toute attaque contre des civils ou des personnes qui ne participent pas aux hostilités et qui exige que ces personnes soient épargnées et protégées. Le Canada doit rappeler à toutes les parties au conflit leurs responsabilités en la matière.

« Le Canada doit reconnaître que des générations de Palestiniens ont souffert de l'occupation israélienne. Il doit réaffirmer son engagement envers la coexistence pacifique d'un État palestinien libre et d'un État israélien libre, et faire tout en son pouvoir pour asseoir les parties à la table de négociation. »

Une pétition en ligne adressée au premier ministre a été enregistrée, la pétition e-4649, lancée par Maeva Gaudrault de Montréal et parrainée par le député néodémocrate de Rosemont-La Petite-Patrie, Alexandre Boulerice. La pétition demande au Canada d'exiger un cessez-le-feu immédiat, d'exiger qu'Israël lève le blocus de la bande de Gaza et autorise un corridor humanitaire et d'exiger qu'Israël respecte ses engagements en vertu des conventions de Genève et du droit humanitaire international. Elle demande au Canada de respecter son engagement international de promouvoir et de défendre les droits humains et de prendre toutes les mesures nécessaires pour protéger les civils, tant israéliens que palestiniens, et contribuer à créer un climat propice à l'instauration d'une paix durable. La pétition peut être consultée ici.

Syndicats


Manifestation de Labour for Palestine à Ottawa, 25 octobre 2023

La Fédération du travail de l'Ontario demande un cessez-le-feu immédiat et la fin du blocus de Gaza, le rétablissement de l'aide humanitaire et le retour immédiat de toutes les personnes détenues par le Hamas et des civils détenus sans inculpation. L'Alliance de la fonction publique du Canada demande un cessez-le-feu immédiat et s'oppose à la restriction illégale par Israël de l'accès à l'eau, à l'électricité, à la nourriture et aux médicaments pour les plus de deux millions d'habitants de Gaza, et exige l'établissement immédiat d'un corridor humanitaire. Le Syndicat national de la fonction publique provinciale a également lancé un appel au cessez-le-feu et à l'application du droit international. D'autres syndicats se sont joints à des actions et à des appels conjoints avec des demandes similaires.

Lors du congrès national 2023 du Syndicat canadien de la fonction publique, le 24 octobre, les délégués ont débattu et adopté une résolution selon laquelle le SCFP « exigera que le gouvernement canadien demande un cessez-le-feu immédiat en Israël-Palestine, qu'il cesse de vendre des armes à Israël, qu'il mette fin à l'immunité diplomatique de l'État d'Israël, et pour la fin du blocus israélien de Gaza et le rétablissement de l'aide et des nécessités de base de la vie ». La résolution dit également que « le SCFP mènera une campagne d'éducation des membres sur l'histoire de l'occupation et de la colonisation de la Palestine par Israël, la complicité du Canada et ce que les syndicats peuvent faire pour soutenir une paix juste ».

Groupes antiguerre, pour la justice sociale et religieux

Le 13 octobre, KAIROS Canada et ses églises et agences membres – dont l'Église anglicane du Canada, l'Église évangélique luthérienne du Canada, le Comité central mennonite du Canada, l'Église presbytérienne du Canada et l'Église unie du Canada – ont publié une « Déclaration oecuménique sur la violence entre le Hamas et Israël ». Dans cette lettre, ils appellent « nos membres et toutes les personnes de bonne volonté » à prier et à travailler pour une paix juste et durable pour les Palestiniens et les Israéliens, à écrire à leur député pour exhorter le premier ministre Justin Trudeau et la ministre Mélanie Joly à demander un cessez-le-feu immédiat, un couloir sécuritaire pour l'aide humanitaire à Gaza, la fin du blocus actuel, la libération immédiate et en toute sécurité de toutes les personnes détenues. Ils terminent en écrivant : « En plus de condamner la spirale de la violence et de faire tout ce qui est en son pouvoir pour un cessez-le-feu immédiat, le Canada doit travailler avec un effort renouvelé vers une paix avec justice qui soutient les droits des Palestiniens et des Israéliens à la vie et à la liberté contre la violence et la discrimination, et à la fin de l'occupation. »

Le 15 octobre, la communauté juive de Toronto a organisé l'une des nombreuses actions appelant à un cessez-le-feu à Gaza et à la fin de l'occupation israélienne des territoires palestiniens. Une shiva et une vigile ont été organisées au parc Matt-Cohen pour pleurer la mort d'Israéliens et de Palestiniens et appeler au retour en toute sécurité des personnes détenues par le Hamas à Gaza. Les organisateurs ont entraîné plus d'une centaine de personnes dans des chants et des discussions, ainsi que dans la récitation du Kaddish, une prière de deuil juive, après quoi ils ont traversé la rue pour se rendre au bureau de la vice-première ministre Chrystia Freeland en portant une banderole appelant à un cessez-le-feu. Plusieurs organisations juives ont organisé une action le matin du 23 octobre, au cours de laquelle plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées devant le consulat d'Israël à Toronto pour exiger un cessez-le-feu, que le Canada cesse de financer l'armée israélienne et que fin soit mise à l'occupation de la Palestine.


Toronto, 23 octobre 2023

Des groupes comme Voix juives indépendantes, Jewish Voice for Peace et B'Tselem font campagne pour mettre fin à ce qu'ils appellent à juste titre un régime d'apartheid en Israël. Ils sont actifs depuis des années et leur nombre ne cesse de croître dans le monde entier. (À Washington, le 18 octobre, quelque 10 000 juifs ont manifesté pacifiquement pour demander un cessez-le-feu à Gaza. Selon certaines informations, des centaines d'entre eux ont été arrêtés.)

Le Conseil national des musulmans canadiens a dénoncé les crimes de guerre commis contre la population de Gaza, le refus du gouvernement canadien de prendre position pour défendre les droits des Palestiniens et l'augmentation de plus de 1 000 % des « incidents haineux » qui lui ont été signalés en l'espace d'une semaine. Sur son site web, l'organisation propose une lettre que les lecteurs peuvent envoyer à Justin Trudeau pour demander que le Canada fasse sa part pour un cessez-le-feu urgent et immédiat, dénonce la réaction islamophobe et raciste contre les communautés palestiniennes et musulmanes au Canada et défende le droit des Canadiens d'exprimer leur solidarité avec le peuple de Palestine.

Le 14 octobre, Amnistie internationale Canada a adressé une lettre ouverte au premier ministre Trudeau pour lui demander d'insister sur la levée immédiate du blocus illégal et inhumain de la bande de Gaza par Israël, sur le respect du droit international humanitaire et sur la protection des civils par toutes les parties, en soulignant que « nous sommes alarmés par l'ampleur sans précédent des violations du droit international humanitaire et du droit international relatif aux droits humains commis par les deux parties au conflit ». Amnistie internationale Canada condamne en particulier l'ordre donné par les forces de défense israéliennes d'évacuer le nord de Gaza et la ville de Gaza, ce qui est interdit par le droit international, et rappelle que « le droit international humanitaire impose une interdiction absolue d'attaquer les civils ». Il condamne les actions du Hamas du 7 octobre comme « des violations flagrantes du droit international qui s'apparentent à des crimes de guerre » et affirment que « ces crimes de guerre ne peuvent en aucun cas justifier une punition collective ». Ils demandent au gouvernement canadien d'« exhorter publiquement et sans équivoque les autorités israéliennes à annuler immédiatement l'ordre d''évacuation » , « exhorter les deux parties au conflit à respecter le droit international humanitaire et donner la priorité à la protection des vies civiles, et à mettre fin aux attaques aveugles contre les infrastructures civiles et aux meurtres de civils » et « utiliser tous les efforts diplomatiques à sa disposition pour s'attaquer aux causes profondes des cycles répétés de violence et mettre fin au blocus illégal d'Israël sur Gaza, qui dure depuis 16 ans, et au système d'apartheid imposé par Israël à tous les Palestiniennes et Palestiniens ». La lettre se termine par : « Monsieur le premier ministre, vous avez le devoir, au nom de tous les Canadiens et Canadiennes, de respecter les engagements internationaux du Canada en matière de droits humains et d'exiger d'Israël qu'il respecte ses mêmes obligations. En cette heure critique, nous vous demandons instamment de vous placer du bon côté de l'histoire et d'utiliser sans équivoque la voix et l'influence du Canada pour protéger les plus vulnérables. »

Le 21 octobre, plus de 50 organisations ont lancé un appel intitulé « Pour un cessez-le-feu maintenant, mettez fin au siège, pour une paix juste et durable ». L'appel souligne que « nous soutenons l'appel du gouvernement canadien en faveur d'une aide humanitaire à Gaza et du retour des personnes détenues en toute sécurité. Ces demandes ne peuvent être satisfaites de manière significative sans un cessez-le-feu immédiat et tant que le blocus israélien de Gaza se poursuit. » Appelant à des mesures immédiates pour mettre fin au blocus, fournir une aide humanitaire et empêcher l'escalade de la guerre contre Gaza, la déclaration précise : « Au-delà de ces mesures immédiates, le monde doit soutenir les efforts en faveur d'une paix juste et durable en Israël-Palestine et s'attaquer aux causes profondes de la violence : l'occupation israélienne du territoire palestinien qui dure depuis des décennies. » Parmi les signataires figurent des syndicats, des groupes religieux, des universitaires et des organisations de défense des droits humains et de la justice sociale.

Artistes, universitaires et travailleurs culturels

Des artistes, des universitaires et des travailleurs culturels canadiens expriment leur soutien à la Palestine dans une lettre ouverte qui a recueilli des milliers de signatures, notamment de membres de près de 200 organisations et groupes.

« Nous, les artistes, les universitaires, les intervenants culturels soussignés montrons notre soutien pour les Palestiniennes et Palestiniens qui font face à plus de 75 ans d'apartheid israélien, de colonisation, d'occupation militaire et de purification ethnique », peut-on lire dans cette lettre.

La lettre souligne que « les personnes en solidarité avec la Palestine et les Palestiniennes et Palestiniens dans le monde, particulièrement aux États-Unis, au Canada et dans l'Union Européenne, sont aussi criminalisés, emprisonnés et vivent de l'intimidation, du racisme, et de l'incitation à la violence sans précèdent » et, face aux bombardements israéliens illégaux, ils appellent « toutes les personnes de conscience à montrer leur solidarité avec les Palestiniennes et Palestiniens ».

La déclaration exprime la déception et la honte face à la réponse du gouvernement canadien, des représentants élus et des institutions, « qui ont encore exprimé leur soutien pour le régime d'apartheid d'Israël et pour légitimer leur bombardement actuel de Gaza et l'escalade de violence militaire en Cisjordanie ». Ils déplorent que cela ait créé une « une atmosphère où nous voyons une augmentation du racisme, de la surveillance et de l'intimidation afin de faire peur aux Palestiniennes et Palestiniens et leurs alliés ».

La lettre se lit comme suit : « Comment doivent se sentir les Palestiniennes et Palestiniens à Ottawa de voir le drapeau israélien projeté sur le Parlement en même temps qu'Israël lance des bombes au phosphore blanc dans les quartiers de Gaza, une arme chimique qui est bannie à l'international, en promettant qu'ils vont 'ouvrir les portes de l'enfer' ? Quel message cela envoie-t-il aux Palestiniennes et Palestiniens ? Les voix de conscience sont publiquement condamnées et diffamées, ce qui laisse entendre aux Palestiniennes et Palestiniens parmi nous qu'ils ne peuvent pas exprimer leur deuil publiquement. En attaquant les leaders politiques et syndicaux qui ont exprimé leur solidarité avec les Palestiniennes et Palestiniens, le gouvernement canadien a établi un environnement de peur et a attisé les actions discriminatoires contre les Palestiniennes et Palestiniens et leurs alliés.

« À défaut de documenter les crimes de guerres par le régime israélien ou la souffrance des Palestiniennes et Palestiniens, et en propageant les prétentions racistes provenant d'Israël sans justification, les médias canadiens contribuent à la déshumanisation des Palestiniennes et des Palestiniens de la bande de Gaza et d'au-delà, et fabriquent une fausse légitimation aux massacres continus. »

Les artistes, travailleurs culturels et universitaires répondent à l'appel des artistes et travailleurs culturels palestiniens en faveur d'un boycott culturel d'Israël en déclarant : « Nous nous engageons à n'accepter aucune invitation professionnelle d'Israël ni financement provenant d'institutions liées à son gouvernement, jusqu'à ce que celui-ci se conforme aux lois internationales et aux principes universels des droits humains. Sans la pression internationale par le mouvement palestinien de boycott, de désinvestissement et de sanctions, le régime israélien va continuer à exercer un apartheid et commettre des crimes de guerre contre le peuple palestinien, sans entrave. »

La déclaration se termine :

« Il est facile de regarder l'histoire et de distinguer le bien du mal, mais cela prend du courage de s'exprimer pour la justice dans le moment présent. Joignez-nous en prenant une position de principe. L'apartheid est une menace pour la sécurité de tous et nul ne sera libre jusqu'à ce que nous le soyons tous. »


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Volume 53 Numéro 10 - Octobre 2023

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