Militarisation inacceptable de l'espace public au Canada

Pas un jeune pour la guerre impérialiste!

– Christine Dandenault –

Les Forces armées canadiennes (FAC) sont à la recherche constante de jeunes pour servir de chairs à canon au service des États-Unis et de l'OTAN. La participation active du Canada en tant que membre de l'OTAN, impliquée dans la guerre par procuration des États-Unis en Ukraine, et en appui aux crimes d'Israël contre le peuple palestinien, entre autres, nécessite un recrutement soutenu parmi la jeunesse.

La Presse publiait le 8 octobre dernier un article indiquant qu'à l'heure actuelle, il manque au total 16 000 militaires, soit 8100 militaires réguliers dans les FAC et 7 900 réservistes. Les FAC ont un effectif autorisé de 71 150 membres. Elles n'en emploient que 63 050.

Toutes sortes de méthodes sont développées pour ce faire : des campagnes publicitaires plus ciblées, des kiosques de recrutement dans les centres d'achat et communautaires, des offres de salaires élevés et de primes, des exercices militaires dans les espaces urbains, etc. Le 16 septembre dernier, à la Place Fleur de Lys, un centre commercial de Québec, les FAC tenaient une activité de recrutement de « style immersif » appelée « Militaire d'un jour ». On pouvait y manipuler des fusils désarmés, faire un lit de camp, goûter aux rations.

Les critères de recrutement ont aussi été assouplis pour la couleur de cheveux, de peau, le style de vie et même le statut migratoire. Depuis le 5 décembre 2022, les résidents permanents peuvent maintenant postuler. Le Canada offre même des voies d'accès simplifiées à la citoyenneté en reconnaissant le service militaire au Canada accompli par des résidents permanents qui s'enrôlent dans les FAC.

Cet automne, des déplacements et exercices militaires pour habituer la population ont aussi été annoncés. Depuis septembre, et ce, jusqu'à décembre en Outaouais, des véhicules militaires, notamment de type véhicule blindé tactique de patrouille, effectuent des mouvements routiers les mardis soir. Le but énoncé est de pratiquer les équipages et de maintenir la flotte en bon état. Des haltes visant spécifiquement le recrutement sont prévues durant cette période, dont 2 à Wakefield secteur de La Pêche, une à Gatineau secteur Angers, une autre à Gatineau même et deux autres à Aylmer.

Le même scénario se déroule dans la région de Montréal depuis le 3 octobre 2023. Tous les mardis en soirée jusqu'au 30 avril 2024, des détachements de quatre à six membres du régiment The Royal Canadian Hussars (RCH) font des mouvements routiers militaires, i.e. que des véhicules blindés tactiques de patrouille circulent sur les voies publiques. Le RCH est un régiment de reconnaissance blindée appartenant au 34e Groupe-Brigade du Canada et fait partie de la réserve canadienne. Les trajets utilisés changent régulièrement.

La fin de semaine du 30 septembre et 1er octobre dernier, des exercices militaires du 34e Régiment de génie de combat, détachement de Rouyn-Noranda, ont eu lieu dans le secteur d'Alembert à Rouyn-Noranda, simulant une situation de combat. D'Alembert est un quartier de Rouyn-Noranda à 17 kilomètres au nord du centre urbain, avec une population d'environ 1000 personnes. Cela implique mettre en place les installations, établir les postes de commandement, soigner les blessés. Des munitions à blanc ont été utilisées, afin de « permettre d'augmenter le réalisme au niveau de l'entraînement », selon le caporal Talbot, un des responsables des exercices. L'entrainement a eu lieu sur les terres de la Couronne, fréquentées par les civils pour la chasse entre autres. De plus, tous les mardis soir, se tiennent des sessions d'information et de recrutement à Rouyn-Noranda, dont une soirée porte ouverte en novembre. En 2003, il y avait 150 membres du 34e régiment et aujourd'hui, il n'y en a que 50.

Les communiqués insistent pour dire que ces activités sont sécuritaires pour la population. Mais comme on a pu le voir le 17 octobre dernier à Montréal, deux chars d'assaut sont entrés au coeur d'une manifestation d'appui au peuple palestinien en réponse aux bombardements par l'armée israélienne de l'hôpital Al-Ahli le même jour. Les manifestants ont répondu en dénonçant fermement le gouvernement canadien et cette activité provocatrice et intimidante.

Raconter que les activités militaires sont sécuritaires et sans danger pour la population, ou encore que l'armée canadienne offre un grand avenir, vise à détourner l'attention des raisons pour lesquelles cela se fait. Les exercices militaires visent à entrainer les militaires à combattre en toute circonstance et à habituer la population au déploiement des militaires dans l'espace public, en plus des 10 bases militaires canadiennes déjà existantes. Elles sont réparties au Québec, dans l'Ouest canadien, et dans les régions centrale et atlantique. Elles visent également à recruter les jeunes dans l'armée, qu'ils soient temps partiel, temps plein, réserviste, futur soldat, professionnel, etc. pour servir le gouvernement du Canada à participer dans les guerres impérialistes au service des États-Unis, au nom de la population du Québec et du Canada, sans son avis, ni son appui.


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Volume 53 Numéro 10 - Octobre 2023

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