Vive opposition au Québec au projet de loi sur le logement

Des marches pour affirmer haut et fort que le logement est un droit

À la veille de l'ouverture de la session d'automne de l'Assemblée nationale du Québec, un Sommet sur l'itinérance s'est tenu le 15 septembre à Québec. Le jour suivant, à l'appel du Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), des rassemblements se sont déroulés simultanément à Montréal, Québec, Rimouski, Rouyn-Noranda et Sherbrooke. Les participants ont réclamé l'abandon du projet de loi 31, Loi modifiant diverses dispositions législatives en matière d'habitation, déposé le 9 juin par France-Élaine Duranceau, la ministre responsable de l'Habitation.

Près d'un millier de personnes se sont rassemblées le 16 septembre dans le quartier de Hochelaga-Maisonneuve à Montréal. Ils ont réclamé que l'article 7 du projet de loi, qui donne aux propriétaires le droit de refuser aux locataires de transférer leur bail à quelqu'un d'autre, soit supprimé.

Étaient présents au rassemblement des membres des différents collectifs qui luttent pour le droit au logement, portant fièrement la bannière les identifiant à leur quartier de Montréal et des environs : Ahuntsic-Cartierville, La Petite-Patrie, le Plateau Mont-Royal, Parc-Extension, Pointe-St-Charles, Rosement, Verdun, Ville-Marie et autres. Des représentants des organisations qui oeuvrent à la défense des plus vulnérables dont les assistés-sociaux étaient aussi présents avec leur bannière. Le message qui se répétait sur la majorité des bannières et pancartes tenues par les manifestants était que le logement est un droit et non un privilège.

Des personnes représentant différentes organisations de défense des locataires et des personnes les plus vulnérables dont les personnes itinérantes et les retraités sont venus prendre la parole devant la foule rassemblée à cette occasion.

L'un d'eux, Cédric Dussault, porte-parole du RCLALQ, a mentionné qu'en plus d'exiger l'abandon de l'article 7 du projet de loi 31 qui mettrait fin au droit des locataires de pouvoir céder leur bail et le besoin de mettre en place un registre national des loyers, il faut s'attaquer à la question des évictions. Il a dit que lors du Sommet sur l'itinérance tenue la veille, il a été révélé que les évictions de logements sont la cause principale de l'itinérance, soit 25 % des personnes qui se retrouvent sans logis. Il a rappelé qu'avec les évictions, les propriétaires peuvent contourner le droit de maintien dans les lieux et la Charte des droits et libertés et faire de la discrimination dans l'accès et le maintien à un logement.

Pour illustrer son point il a donné le nom d'un spéculateur immobilier qui passe son temps à acheter des édifices dans le quartier Hochelaga-Maisonneuve pour ensuite évincer les locataires puis rénover les logements et les louer par la suite à des taux exorbitants, tout en déclarant que tout ce qu'il fait est tout à fait légal.

Une porte-parole du Front d'action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU) a dénoncé cette prétention du gouvernement de la CAQ que son projet de loi 31 est là pour « rétablir l'équilibre entre propriétaires et locataires ». Elle a dit que ce projet de loi fait tout sauf cela et va maintenir le marché immobilier et locatif actuel qui cible les personnes les plus vulnérables de la société, que ce soit les locataires à faible et modeste revenu, notamment les femmes qui sont victimes de violence conjugale. Elle a ajouté que le projet de loi va aussi affaiblir l'accès au logement social dont cette question que des habitations à loyer modique (HLM) pourraient être vendus à des intérêts privés pour en faire des soi-disant « logements abordables ». C'est une situation inacceptable alors qu'il y a au Québec 40 000 ménages à faible revenu qui attendent pour un logement à loyer modique, certains depuis 5 ans au point qu'ils se retrouvent dans la rue.

Avec le projet de loi 31, la loi qui définit la communauté métropolitaine de Montréal qui regroupe toutes les villes sur l'Île de Montréal, sera modifiée où l'expression « logement social » sera remplacée par « habitation ». Cela va avoir comme conséquence que les subventions qui allaient exclusivement auparavant aux offices municipaux qui géraient les HLM, aux coopératives d'habitations et aux organismes à but non lucratif (OBNL) puissent maintenant aller à des intérêts privés. Tout cela est fait alors que le ministre du Revenu prétend qu'il va financer le logement social dans sa mise à jour du budget de l'automne.

D'autres porte-parole d'organisations qui oeuvrent à la défense des itinérants et des locataires ont pris la parole pour réitérer par des exemples pourquoi le gouvernement doit abandonner le projet de loi 31.

Par la suite les participants se sont mis à marcher dans les rues du quartier Hochelaga-Maisonneuve où ils étaient accueillis chaleureusement par les résidents du quartier qui avaient déployé à l'occasion des bannières et des affiches dénonçant le projet de loi 31 et les affirmations arrogantes du premier ministre Legault et de la ministre responsable de l'Habitation face à la colère et à l'indignation publique.

Les participants se sont dit prêts à manifester de nouveau.






(Photos : LML)


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Volume 53 Numéro 10 - Octobre 2023

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