Des élections générales en Alberta le 29 mai

La classe ouvrière devant la nécessité de prendre le contrôle du processus de prise de décision

– Peggy Askin –


Rassemblement contre les coupures dans les programmes sociaux, Edmonton, le 18 octobre 2019

L'Alberta a fixé une date pour l'élection provinciale et ce sera le dernier lundi de mai au terme d'un mandat de quatre ans, soit le 29 mai. Les élections ont été déclenchées le 1er mai et la date limite pour les mises en candidature est le 11 mai.

Les Albertains font face à plusieurs problèmes sérieux dans cette élection. Le plus gros problème est que le système de gouvernement des partis cartellisés ne leur donne aucun contrôle sur le processus électoral. Ils ne choisissent pas les candidats des partis qui rivalisent pour des sièges et pour former le prochain gouvernement. Ils ne décident pas des plateformes de ces partis, ils ne contrôlent pas ce que l'élite dirigeante et les médias déclarent être les enjeux électoraux et personne ne leur demande leur opinion sur les sujets qu'eux considèrent comme des préoccupations.

Tout ce que les Albertains savent avec certitude, c'est que la définition de la démocratie en tant que pouvoir du peuple et pouvoir de la majorité est une fraude, puisque qu'ils constituent la majorité et n'exercent aucun pouvoir. La fraude consiste à prétendre que les votes exprimés représentent un point de vue donné et qu'un mandat peut être inventé sur cette base. Comment est-il possible d'additionner X nombre de votes pour en faire un seul point de vue ? C'est mathématiquement impossible. Les opinions sont les opinions, les chiffres sont les chiffres.

L'exploit est accompli en prétendant que la démocratie est représentative. Votre vote autorise un représentant à parler et à agir en votre nom et ce représentant, lui, prête allégeance au roi et s'engage à agir au nom du roi. Le parti qui gagne le plus grand nombre de votes est autorisé à brandir les pouvoirs de prérogative du roi et à agir conformément aux valeurs du roi qui, parce que vous avez autorisé ce représentant à agir en votre nom, deviennent par le fait même vos valeurs.

Le défi qui se pose au mouvement ouvrier est comment intervenir dans les élections sur la base de la politique indépendante de la classe ouvrière. Celle-ci repose sur la méthode de la démocratie de masse qui exige des discussions informées parmi le peuple. De tels échanges d'information, de points de vue et de propositions donnent aux participants l'orientation dont ils ont besoin pour un point de vue avantageux, c'est-à-dire, comment intervenir d'une manière qui lui sera avantageuse, qui lui sera favorable. Les travailleurs doivent être une force organisée en toute circonstance, pouvant discuter librement, se munir de l'information voulue pour savoir différencier ce qui est pertinent et ce qui ne l'est pas et décider par eux-mêmes comment ils peuvent parler en leur propre nom.

Les journaux et les sites web du PCC(M-L), du Centre ouvrier du Parti et son Forum ouvrier sont à leur disposition pour communiquer entre eux, partager leurs expériences et adopter des positions qu'ils pensent être les plus appropriées.

Au cours des quatre dernières années, les travailleurs de l'Alberta ont lutté contre toutes sortes de projets de loi anti-ouvriers visant à écraser les syndicats et criminaliser toute action collective pour trouver des solutions aux problèmes de la société. Même les normes d'emploi les plus minimes ainsi que la loi sur la santé et sécurité ont été malmenées par le PCU. Avec sa dirigeante actuelle, Danielle Smith, le PCU est déterminé à poursuivre ce qu'il qualifie de « véritable réforme de la santé » et à continuer de prendre des mesures qui vont poursuivre le démantèlement du système de l'éducation publique.

Plusieurs syndicats ainsi que des organisations communautaires ont mené des campagnes pour exiger les ressources nécessaires pour répondre aux demandes des travailleurs, sans quoi il n'y a pas de solution à la crise de santé, de l'éducation et des autres programmes sociaux. Les conditions de travail dans les hôpitaux, les résidences pour aînés, les résidences de soins de longue durée et les soins communautaires et à domicile continuent de se détériorer, tandis que les salaires sont à la baisse depuis plus de dix ans, avec comme conséquence de fortes pénuries de personnel.

Les préposés paramédicaux mènent une lutte pour des services ambulanciers, lutte qui est devenue littéralement une question de vie ou de mort. Les infirmières et les autres travailleurs demandent une hausse de salaires, sans quoi la crise de pénurie de personnel ne pourra être résolue. Les travailleurs des soins de longue durée exigent des ratios employé/patient obligatoires et pour mettre fin à la privatisation.


Rassemblement pour la santé, Edmonton, le 12 août 2021

Les enseignants continuent d'organiser leur campagne « Ensemble pour l'éducation », pour des programmes qui répondent au besoin des étudiants et d'une société moderne, pour des classes avec un nombre d'élèves leur permettant de répondre aux besoins de leurs étudiants, et pour des salaires qui leurs sont acceptables. Les activistes communautaires mobilisent pour mettre fin à l'itinérance et aux nombre croissant de décès dus aux drogues de la rue.

Les nations autochtones exigent des comptes du gouvernement pour les « fuites » massives des bassins de résidus des sables bitumineux et d'autres cas de pollution massive qui mettent en danger leurs communautés et la terre et l'eau qu'ils protègent.

Les travailleurs des usines de transformation de la viande ont pris l'initiative durant la pandémie et continuent de lutter contre les cadences infernales et pour des conditions de travail sécuritaires. Les travailleurs du rail poursuivent leur lutte pour la sécurité des chemins de fer dans un contexte où un nombre insensé de déraillements ont eu lieu partout au Canada et aux États-Unis et continuent de coûter la vie aux travailleurs du rail. Les travailleurs chargés des entrepôts et des livraisons mènent présentement une lutte pour la syndicalisation face à une commission du travail anti-ouvrière qui répète les balivernes d'Amazon comme quoi les chauffeurs ne sont pas des employés d'Amazon.

Les travailleurs des chantiers de sables bitumineux font face au chantage et aux menaces comme quoi leurs emplois seront donnés en sous-traitance s'ils n'acceptent pas d'énormes baisses de salaires malgré une inflation galopante. Les travailleurs migrants exigent avec courage un statut pour toutes et tous, y compris un statut immédiat de résidence permanente pour tous les travailleurs sans papiers.

Les agriculteurs ont connu d'énormes augmentations dans les coûts des intrants agricoles tels que les fertilisants, le combustible, la machinerie et les aliments commerciaux pour le bétail, et leur part du prix de détail pour les aliments qu'ils produisent n'a jamais été aussi faible, alors que les oligopoles qui contrôlent la transformation et la distribution alimentaire de détail raflent des profits records.

Beaucoup d'Albertains souhaitent débarrasser la province du PCU et de son ordre du jour anti-ouvrier et antisocial, de son racisme, sa misogynie, son homophobie et ses attaques tous azimuts contre les travailleurs. Pour ceux qui détiennent le pouvoir, l'enjeu est d'éviter le pire en divisant le peuple sur la base de politiques et de partis politiques soi-disant de droite ou de gauche, même si en réalité ils font tous partie du même cartel qui empêchent les Albertains d'accéder au pouvoir et de parler en leur propre nom.

L'absence de leadership est telle que pendant le mandat de Jason Kenney, et maintenant celui de Danielle Smith, la société a connu une anarchie et une violence sans précédent, entre autres une violence accrue contre les femmes, des attaques racistes, des milliers de décès qui auraient pu être évités, une pauvreté et une itinérance à la hausse et un refus catégorique du gouvernement d'assumer ses responsabilités sociales. Plutôt que de se voir offrir des solutions aux problèmes soulevés par la classe ouvrière, les Albertains subissent un barrage d'attaques publicitaires et de sondages pour déterminer qui dirige, qui a pris les devants et ce que les chiffres sont censés révéler.

On dit que le PCU va remporter la vaste majorité des sièges ailleurs qu'à Edmonton et Calgary, qu'Edmonton serait une victoire facile pour le NPD et que le résultat final des élections dépendrait de Calgary. Selon cette désinformation, les élections seraient un concours de popularité entre la cheffe du NPD Rachel Notley et la cheffe du PCU Danielle Smith, qui s'accusent mutuellement d'être le diable en personne. Un sondage après l'autre est publié pour mousser l'une ou l'autre comme étant la plus populaire, dans un contexte où le mot populaire tient de la caricature.

Et tout cela avant même que les élections n'aient été déclenchées.

Information

Il y a 87 circonscriptions en Alberta. Lors de l'ajournement de la quatrième session de la 30ème législature le 23 mars, le Parti conservateur uni (PCU) avait 60 sièges, le Nouveau Parti démocratique de l'Alberta, 23, et les indépendants, 2. Un indépendant a été élu en tant que candidat pour le PCU et l'autre pour le NPD. Deux sièges étaient vacants.

Douze partis politiques sont enregistrés. On prévoit que seulement le PCU et le NPD présenteront des candidats dans toutes les circonscriptions. Au 15 avril, huit partis avaient nommé des candidats avant le bref ordonnant la tenue d'une élection.

Advantage Party of Alberta : 3
Alberta Party : 18
Buffalo Party of Alberta : 1
Parti communiste – Alberta : 1
Parti vert : 31
Independence Party of Alberta : 7
Parti libéral : 11
Nouveau parti démocratique : 84
Parti conservateur uni : 87
Wildrose Independence Party: 2

Deux partis enregistrés n'ont pas encore nommé de candidats :
Pro-life Alberta Political Association
Reform Party of Alberta


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Volume 53 Numéro 5 - Mai 2023

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