Le Canada a besoin d'une politique étrangère au service
de la paix et non au service de l'hégémonie des États-Unis

Le Canada multiplie les ingérences dans la péninsule coréenne au nom du partenariat et de la coopération

– Nick Lin –

Du 13 au 15 avril, la ministre canadienne des Affaires étrangères, Mélanie Joly, s'est rendue en République de Corée (RdC). Le communiqué de presse d'Affaires mondiales Canada à propos de la visite soulignait qu'il s'agit du 60e anniversaire des relations diplomatiques entre le Canada et la RdC et indiquait que l'objectif est de « réaffirmer leurs liens solides et historiques et leur amitié inébranlable. Les deux pays s'engagent aussi à soutenir l'ordre international fondé sur des règles et à réaliser le plein potentiel de leur relation ».

En fait, le Canada a une longue histoire d'ingérence dans la péninsule coréenne, qui remonte à plus de 70 ans, au service de l'agression impérialiste américaine contre le peuple coréen pour saper son unité et bloquer son indépendance, à commencer par sa participation à la guerre de Corée de 1950 à 1953. La RdC elle-même n'existerait pas sans la division de la Corée par les États-Unis à la fin de la Deuxième Guerre mondiale et sans le soutien de leur gouvernement fantoche dans le sud. Ainsi, les « relations historiques » et l'« amitié » que le Canada prétend entretenir avec la RdC reposent sur ces crimes contre le peuple coréen.

Aujourd'hui, le Canada participe à un blocus naval illégal contre la République populaire démocratique de Corée (RPDC), tout en collaborant avec le gouvernement de la RdC au service des préparatifs de guerre menés par les États-Unis en Asie, visant la RPDC et la Chine. La RdC est elle-même en train d'être réunie avec un Japon en voie de remilitarisation pour former une alliance militaire de type OTAN sous la tutelle des États-Unis.

La rencontre entre la ministre Joly et son homologue coréen, le ministre Park Jin, a donc encore plus impliqué le Canada dans l'ingérence et le bellicisme dans la péninsule coréenne, dans le cadre d'« un partenariat élargi en matière de défense et de sécurité » et du « lancement des négociations sur un accord général sur la sécurité des informations [qui] contribuera à approfondir la coopération du Canada avec la Corée en matière de sécurité et augmentera le partage d'informations et la collaboration en matière de défense ».

Le communiqué de presse évoque ensuite les stratégies indo-pacifiques des deux pays, un euphémisme pour désigner les relations hostiles avec la Chine sans le dire ouvertement, mais en parlant plutôt de la manière dont les deux pays vont « contrer les menaces à l'ordre international fondé sur des règles, relever les défis régionaux et mondiaux et renforcer la paix, la prospérité, la résilience et la durabilité dans la région ».

Lors d'une rencontre avec Cho Tae-yong, conseiller à la sécurité nationale de la RdeC, Mélanie Joly et le représentant sud-coréen ont repris la désinformation habituelle sur les tirs de missiles de la RPDC comme une menace à la paix dans la région, afin de dissimuler les menaces nucléaires actuelles et les exercices de guerre des États-Unis qui ciblent la RPDC et le refus des États-Unis de signer un traité de paix avec cette dernière pour mettre fin officiellement à la guerre de Corée. Au lieu de cela, Mélanie Joly a profité de l'occasion pour annoncer que le Canada prolongeait son rôle dans le blocus naval de la RPDC, appelé opération NEON, jusqu'en avril 2026.

Les objectifs hostiles du Canada en Corée ont été soulignés par la visite de Mélanie Joly au Monument coréen commémoratif de la guerre où, selon Affaires mondiales, « elle a souligné la contribution durable du Canada à la paix et à la sécurité dans la péninsule coréenne, et a rendu hommage au sacrifice ultime des soldats canadiens qui ont défendu la paix et la liberté lors de la guerre de Corée ». Que la ministre Joly ait parlé par ignorance ou pour induire en erreur n'a pas d'importance. Les peuples du monde, y compris les Canadiens et les Québécois, ne considèrent pas la guerre impérialiste selon cette méthode inhumaine de comptabilisation. L'ancienne secrétaire d'État des États-Unis, Madeleine Albright, a tristement déclaré que les 500 000 enfants irakiens morts à cause de la guerre et des sanctions américaines « en valaient la peine ». Le Canada n'a jamais répondu de ses actes pour sa contribution aux crimes brutaux commis pendant la guerre, notamment la mort de quatre millions de Coréens et l'utilisation de la guerre biologique. Ces faits ne méritent même pas d'être mentionnés par la ministre Joly. Les Canadiens et les Québécois doivent-ils en conclure que le massacre de quatre millions de Coréens par les États-Unis, le Canada et d'autres pays « valait la peine » de maintenir la Corée divisée et sous la menace constante de l'agression américaine ?

La visite de la ministre Joly en RdC souligne la nécessité pour les Canadiens et les Québécois de sortir le Canada de la machine de guerre des États-Unis sous toutes les formes qu'elle revêt – qu'il s'agisse de l'OTAN, de NORAD ou de faux partenariats avec la République de Corée – qui ne représentent pas leurs luttes pour établir des relations de paix et d'amitié avec tous les peuples du monde.


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Volume 53 Numéro 5 - Mai 2023

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