Les travailleurs migrants demandent des comptes


Devant les bureaux de la CSPAAT à Toronto le 21 mars 2023

Le 21 mars 2023, Action pour la justice aux travailleurs accidentés (IWA4J) et Justice pour les travailleurs migrants (J4MW) ont tenu une action pour défendre le droit des travailleurs migrants d'être indemnisés par la Commission de la sécurité professionnelle et de l'assurance contre les accidents du travail (CSPAAT) de l'Ontario pour les accidents du travail et les maladies professionnelles. La CSPAAT est réputée pour refuser l'indemnisation et le traitement des travailleurs blessés et pour favoriser les intérêts des employeurs.

Lors de l'action organisée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la discrimination raciale, 21 travailleurs migrants accidentés ont raconté des cas qui montrent que le processus de la CSPAAT est raciste et aggrave l'état physique, mental et émotionnel des travailleurs qui ont subi un accident au travail. L'année dernière, ces mêmes travailleurs ont écrit une lettre ouverte pour demander un changement du système discriminatoire d'indemnisation des travailleurs de l'Ontario et du racisme systémique auquel ils sont confrontés à la CSPAAT. Depuis cette lettre, la CSPAAT n'a rien changé et n'a pas rendu de comptes. Cette année, les travailleurs ont appelé au téléphone la CSPAAT parce que de nombreux travailleurs migrants blessés ne sont plus au Canada. À la suite d'un accident du travail, de nombreux travailleurs migrants blessés sont rapatriés et contraints de se remettre de leurs blessures dans leur pays d'origine. Les lois racistes du Canada en matière d'immigration et les pratiques discriminatoires de la CSPAAT donnent aux travailleurs accidentés un sentiment d'impuissance en les isolant et en brisant les communautés de travailleurs accidentés. Le soutien et la solidarité des travailleurs accidentés ne connaissent pas de frontières, souligne l'organisation. Les travailleurs le comprennent et renforcent leur pouvoir par le biais d'une solidarité et d'actions transnationales.

Lors de l'appel au président de la CSPAAT, les travailleurs vont aborder deux questions importantes : leurs expériences horribles de soins de santé inadéquats et la réalité du racisme dans la pratique de « présomption ».



La CSPAAT doit offrir de véritables soins de santé aux travailleurs accidentés

En raison de l'exploitation et des pratiques de travail dangereuses, les travailleurs migrants courent un risque accru de blessure au travail.

Une fois blessés, de nombreux travailleurs accidentés, et en particulier les travailleurs migrants, ont de la difficulté à obtenir des soins adéquats pour se remettre. La CSPAAT ne finance pas adéquatement les traitements médicaux et les médicaments nécessaires au bon rétablissement des travailleurs. La CSPAAT n'écoute pas non plus les recommandations des prestataires de soins. Elle remplace souvent la recommandation du médecin par l'avis de son propre médecin. Cette opinion n'est pas favorable au travailleur car les médecins de la CSPAAT n'ont pas établi de relation clinique solide avec la situation. En fait, les médecins de la CSPAAT donnent souvent leur avis sans même avoir rencontré le travailleur accidenté.

Pour les travailleurs migrants accidentés, qui sont souvent racialisés, ces problèmes sont amplifiés. À la suite d'un accident, ils sont souvent renvoyés de force dans leur pays d'origine par leur employeur. La CSPAAT ne leur fournit pas l'aide et le support qui leur permettraient de rester au Canada. Ils sont contraints de trouver eux-mêmes un traitement dans leur pays d'origine. Souvent, ces pays ne disposent pas de soins accessibles pour les aider à se remettre des lésions professionnelles complexes qu'ils ont subies en travaillant ici au Canada.

En réalité, lorsqu'un travailleur migrant est accidenté, le Canada et la CSPAAT l'enfoncent encore plus dans la pauvreté et se déchargent de toute responsabilité sur le dos du Sud Global.

La CSPAAT doit abolir la pratique honteuse et raciste de la « présomption »

La pratique de la présomption permet à la CSPAAT de réduire les prestations des travailleurs accidentés en présumant (« la présomption ») qu'ils travaillent et gagnent de l'argent dans un emploi convenable en Ontario. Cette pratique de réduire les prestations en utilisant de faux salaires comme calcul donne aux travailleurs accidentés l'impression d'être jetables et plonge de nombreux travailleurs accidentés dans la pauvreté. C'est encore pire pour les travailleurs migrants. Pour les travailleurs migrants accidentés, ces emplois en Ontario ne sont pas réellement disponibles car ils ont été rapatriés et contraints de retourner dans leur pays d'origine.


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Volume 53 Numéro 5 - Mai 2023

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