Le plus grand projet de stockage d'énergie par batterie au Canada sur le territoire des Haudenosaunee de Grand River

L'État canadien refuse de traiter les nations autochtones comme des nations. Au contraire, pour les empêcher d'affirmer leurs droits en tant que peuples, il procède en ayant recours à des bandes de conseil imposées en vertu de la Loi sur les Indiens.

Le gouvernement fédéral, le gouvernement de l'Ontario, NRStore, Northland Power et Aecon seraient les « partenaires » dans un projet à Six Nations de la rivière Grand – avec Société de développement des Six Nations of the Grand River (SNGRDC) – visant à construire une grande usine de stockage de l'énergie par batterie. Le premier ministre Doug Ford dit que le projet débutera ses opérations en 2025.

Le 10 février, le gouvernement de l'Ontario a émis un décret et une directive ministérielle à l'intention de la Société indépendante d'exploitation du réseau d'électricité (SIERE) lui demandant de conclure un contrat de 20 ans avec le Projet de stockage de l'énergie par batterie d'Oneida (OES). Le projet est en cours depuis plusieurs années et est présentement à l'étape de la construction. Le projet OES utilisera des batteries de lithium à grande échelle pour retirer et entreposer de l'électricité en dehors des périodes de pointe, lorsque la demande d'électricité est moindre, et la redistribuera lorsque la demande est à la hausse. Le système électrique de l'Ontario sera ainsi approvisionné au moyen d'un Système Tesla Megapack de 250 Mégawatts/1 000 Mégawatt-heures.

La vice-première ministre Chrystia Freeland a dit qu'Ottawa investit 50 millions de dollars supplémentaires – en plus des 170 millions en financement de la part de la Banque de l'infrastructure du Canada – pour construire le « plus grand projet de stockage d'électricité en batteries au Canada et l'un des plus importants au monde ». Elle a dit : « Ce projet contribuera à créer d'excellents emplois pour les citoyennes et les citoyens de l'Ontario. Il permettra de stocker et de fournir de l'électricité propre dont notre province a besoin, et de créer des possibilités économiques pour les communautés autochtones comme les Six Nations. »

Lorsque Chrystia Freeland parle de « communautés autochtones comme les Six Nations », elle cherche à dissimuler le fait que le gouvernement fédéral et ses cliques refusent de traiter avec les peuples autochtones sur une base de nation à nation. Ils ont plutôt recours aux conseils de bande imposés par l'État canadien en vertu de la Loi sur les Indiens afin de pouvoir prétendre qu'ils ont le consentement des peuples autochtones, ce qu'ils n'ont pas.

Le chef du conseil de bande des Six Nations, Mark B. Hill, a dit lors d'une conférence de presse à Ohsweken : « L'annonce d'aujourd'hui est l'une des façons par lesquelles nous contribuons à créer un avenir durable, à réduire les émissions et à fournir une source fiable d'énergie propres pour le mieux-être de toutes nos familles. »

Le président et premier dirigeant de la SNGRDC, Matt Jamieson, a dit : « Il va y avoir un bienfait économique et ces bienfaits économiques joueront un rôle primordial à consolider ce qui a de l'importance pour notre communauté. Par exemple, en ce moment, nous avons un manque à gagner en infrastructure de 1,6 milliards de dollars dans notre communauté. Nous ne pouvons pas attendre les paiements du fédéral. Nous devons prendre notre destin en main et ceci est une façon de le faire. »

Matt Jamieson a dit qu'avec la construction du projet 50 millions de dollars ont été injectés dans la communauté et que la main-d'oeuvre qui le construit est autochtone à 97 %. Il souligne que plusieurs étapes dans la construction de l'usine de stockage de l'énergie dans des batteries seront l'oeuvre de A6N Utilities, une coentreprise de la SNGRDC et du monopole de la construction Aecon, dont la main-d'oeuvre est à 95 % autochtone. La SNGRDC prétend qu'elle « gère les intérêts économiques des Six Nations dans 20 projets d'énergie renouvelable et plusieurs initiatives de développement économique, dans et autour des territoires des Six Nations ».

Colin Martin, co-président du comité des relations extérieures des Haudenosaunee et liaison avec la police pour le conseil des chefs de la Confédération haudenosaunee (CCCH) a dénoncé la politique néfaste de diviser pour régner des gouvernements fédéral et ontarien, lorsqu'il a révélé que le CCCH n'avait pas été consulté au sujet du projet et n'avait entendu l'annonce que le matin même, juste avant la tenue de la conférence de presse.

« Les conseils de bande ont décidé d'aller de l'avant et d'avoir des discussions sur quelque chose pour laquelle ils n'ont ni l'approbation, l'autorité ou la permission du conseil de la Confédération pour en parler », a dit Colin Martin. « Nous étions ici pour exprimer nos opinions et nos pensées à ce sujet mais, malheureusement, ils nous ont fermé la porte. »

La Confédération, composée de Mohawks, d'Oneidas, d'Onondagas, de Cayugas et de Senecas, a été créée pour unir les nations et trouver une façon pacifique de prendre des décisions. Dans la Confédération, chacune des nations des Haudenosaunee est unie par un objectif commun, celui de vivre en harmonie. Chaque nation maintient son propre conseil où les chefs sont choisis par la Mère du Clan et chacune gère les affaires qui lui sont propres, mais autorise le conseil du Grand de traiter des questions qui affectent les nations au sein de la Confédération.

Selon son site web : « Souvent décrite comme la plus ancienne démocratie participative au monde, la constitution de la Confédération haudenosaunee aurait servi de modèle pour la constitution américaine. Ce qui fait son originalité comparativement à d'autres systèmes dans le monde, c'est sa fusion de lois et de valeurs. Pour les Haudenosaunee, la loi, la société et la nature sont des partenaires égaux et chaque élément joue un rôle important. »

Pour lire la déclaration de la Confédération des Haudenosaunee expliquant leur position en regard des conseils de bande élus, cliquer ici.


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Volume 53 Numéro 4 - Avril 2023

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