25e anniversaire de l'Accord du Vendredi saint

Le gouvernement britannique tente d'empêcher le peuple irlandais d'exercer sa souveraineté

– Workers' Weekly –

Cette année est le 25e anniversaire de l'Accord du Vendredi saint conclu le 10 avril 1998. Le 25e anniversaire de la signature est largement salué comme un tournant dans la politique irlandaise. Le Sinn Féin et les forces patriotiques irlandaises sont déterminés à ce que la situation actuelle débouche sur l'exercice de la souveraineté par le peuple irlandais dans une Irlande unie, alors que les Britanniques continuent de considérer le nord de l'Irlande comme leur possession, de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Irlande et à encourager tout ce qui bloque l'exercice de la souveraineté irlandaise.


L'Accord du Vendredi saint prévoyait la création de l'Assemblée d'Irlande du Nord et de son exécutif. Il prévoyait également la création d'un Conseil Nord-Sud pour l'Irlande, un conseil similaire pour Londres-Dublin, la réduction de la présence militaire britannique, le désarmement de l'IRA et la libération des prisonniers paramilitaires. Il est entré en vigueur le 2 décembre 1999.

Manifestation du Sinn Féin contre la visite de la Reine en Irlande du Nord en 1977

Cet accord fait suite à la déclaration historique de Downing Street de 1993, à un moment où la Grande-Bretagne était contrainte de modifier sa politique envers l'Irlande du Nord à la suite d'événements survenus à l'intérieur et à l'extérieur du pays. La déclaration de Downing Street reflétait la nécessité pour la Grande-Bretagne d'être perçue comme une force de paix afin de gagner en crédibilité en tant qu'artisan de la paix à l'étranger, en particulier au Moyen-Orient. La déclaration a été signée par John Major au nom du gouvernement britannique et par Albert Reynolds au nom du gouvernement irlandais. Elle est le fruit de la lutte du peuple pour débarrasser le nord de l'armée britannique et, en fin de compte, pour mettre fin à la prétention de la Grande-Bretagne de posséder une quelconque partie de l'île d'Irlande, et pour mettre fin non seulement à son appareil de répression et de prise de décision, mais aussi à son appareil de violation de la prise de décision du peuple d'Irlande, que ce soit dans le nord ou dans les 26 comtés qui constituent actuellement la République d'Irlande.

Aujourd'hui, la lutte historique du peuple irlandais a apporté au Sinn Féin un soutien écrasant pour former le gouvernement du nord de l'Irlande, mais la Grande-Bretagne et les forces politiques dont elle dispose dans le nord ne lèveront pas leur veto sur les nouveaux accords. L'étape cruciale, que ce soit dans le contexte d'une Irlande unie ou dans celui des 26 et 6 comtés encore existants, est que la Grande-Bretagne mette fin à sa prétendue juridiction sur toute partie de l'Irlande. Le peuple irlandais s'efforce d'y parvenir en continuant de développer des formes et des processus politiques qui cimentent son unité dans action et concrétisent son droit à l'autodétermination sans ingérence étrangère dans ses affaires intérieures.

Les peuples d'Irlande, d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de Galles s'opposent à l'utilisation abusive du « processus de paix » pour exploiter le peuple irlandais par d'autres moyens et l'impliquer dans les efforts des impérialistes britanniques et américains en vue de l'hégémonie mondiale, comme en témoigne l'invitation faite par le premier ministre britannique Rishi Sunak au président des États-Unis Joe Biden pour célébrer à Belfast l'anniversaire de l'Accord du Vendredi saint. Rejetant la lutte du peuple irlandais pour la liberté, Joe Biden attribue aux États-Unis le mérite d'avoir apporté la paix à l'Irlande. De son côté, Rishi Sunak veut à tout prix revendiquer une victoire dans l'accord qu'il a négocié avec l'Union européenne. Selon lui, il s'agit d'une « percée décisive » qui met fin à la crise provoquée par le différend sur le « protocole sur l'Irlande du Nord » après l'expiration du traité de Lisbonne. Il a affirmé que les changements permettraient au Royaume-Uni de « reprendre le contrôle » en assurant « la stabilité en Irlande du Nord ». Il a déclaré : « Il s'agit de montrer que notre union, qui dure depuis des siècles, peut perdurer et perdurera. »

La Grande-Bretagne devrait cesser de s'immiscer dans les affaires du peuple irlandais. C'est à lui, et à personne d'autre, qu'il appartient de décider de la marche à suivre. Les forces progressistes en Irlande exigent comme principe qu'il n'y ait aucune ingérence du gouvernement britannique ou de l'administration américaine dans les affaires intérieures de l'Irlande.

Ce principe a été inscrit dans la déclaration de Downing Street qui a guidé l'accord du Vendredi saint. Cette déclaration stipulait ce qui suit : « Le gouvernement britannique convient qu'il appartient au seul peuple de l'île d'Irlande, par accord entre les deux parties respectivement, d'exercer son droit à l'autodétermination sur la base du consentement, librement et concurremment donné, au Nord et au Sud, pour aboutir à une Irlande unie, si tel est son souhait. » Malgré cela, Rishi Sunak parle d'« une union qui dure depuis des siècles et qui perdurera », et l'Assemblée d'Irlande du Nord, mise en place par l'Accord du Vendredi Saint, est entachée depuis le début par le diktat britannique, en particulier la division en « deux communautés ».

C'est l'obstination du gouvernement britannique à vouloir que les six comtés du Nord continuent à faire partie du Royaume-Uni qui est à l'origine du dysfonctionnement de l'Assemblée d'Irlande du Nord. Le gouvernement britannique n'a pas le droit de s'ingérer dans le fonctionnement de l'Assemblée d'Irlande du Nord. Il s'agit là d'un principe fondamental. Le peuple irlandais s'efforce de trouver une voie qui lui soit favorable, tant au nord qu'au sud. De même, les opinions de l'ensemble du peuple irlandais qui habite l'île d'Irlande sont cruciales pour une solution permanente de la question de la réunification de l'Irlande.

L'héroïsme du peuple irlandais, qui a résisté à la domination de son pays par la puissance armée de l'empire britannique, est légendaire. Depuis la déclaration de Downing Street en 1993, et en particulier depuis la fin volontaire de la lutte armée en 1998, le peuple irlandais lui-même est impliqué dans la prise de décision et c'est à lui de décider de son avenir. La classe ouvrière anglaise a le devoir d'empêcher le gouvernement britannique de s'ingérer dans les affaires intérieures de l'Irlande et de s'opposer à toutes ses tentatives de fixer l'ordre du jour.

Comme elle l'a fait pendant les années de lutte en Irlande pour la liberté irlandaise contre l'occupation, l'impunité et la cruauté britanniques, la classe ouvrière d'Angleterre, d'Écosse et du Pays de Galles se tient aujourd'hui aux côtés du peuple irlandais en tant que créateurs de l'histoire. Leur cause commune est de s'opposer et de bloquer l'usurpation de leur pouvoir de décision par le capital financier international et les intérêts privés étroits qui opèrent en tant que cartels et coalitions d'oligopoles, ce qui inclut la configuration États-Unis/OTAN.

C'est tout à leur honneur que les députés du Sinn Féin élus au Parlement de Westminster ont toujours refusé de siéger, parce qu'ils refusent de prêter allégeance au monarque anglais. Cela montre que la réunification pacifique de l'Irlande est à l'ordre du jour sur la base d'une nouvelle édification de la nation irlandaise. Le patriotisme, l'internationalisme, la créativité, l'initiative et le courage défiant la mort avec lesquels le peuple irlandais a affronté la cruauté de la monarchie britannique qui a envahi et occupé l'Irlande dans le passé et de l'impérialisme britannique au XXe siècle sont en effet légendaires. Il le prouve une fois de plus en s'efforçant d'engager tous les Irlandais, dans leur pays et à l'étranger, dans un projet d'édification nationale qui leur soit favorable et permette l'émergence d'une personnalité démocratique moderne sous la forme d'un État irlandais uni qui défend les droits de tous sans exception.


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Volume 53 Numéro 4 - Avril 2023

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