Des infirmières font un sit-in dans sept villages de la côte de la baie d'Hudson
Le jeudi 19 janvier, les infirmières des sept villages de la côte de la baie d'Hudson, au Nunavik dans le Nord-du-Québec, ont tenu un sit-in pour protester contre leurs conditions de travail intenables et contre la grave pénurie de personnel de la santé dans leur région.
À la fin du quart de travail de jour, à 17 heures, les infirmières des sept communautés ont refusé de prendre les appels de garde pendant la nuit. Ce sont des médecins, des gestionnaires et des infirmières d'agence qui les ont remplacées. Au Nunavik, les cliniques sont ouvertes la journée, mais à compter de 17 h, des infirmières de garde trient les patients au téléphone. Les infirmières sont membres du Syndicat nordique des infirmières et infirmiers de la baie d'Hudson (SNIIBH-FIQ).
Le Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS) Inuulitsivik de Puvirnituq est le principal centre de services pour les quelque 7 000 résidents du Nunavik qui vivent dans les sept communautés de la côte de la baie d'Hudson : Ivujivik, Salluit, Akulivik, Puvirnituq, Inukjuak, Umiujaq et Kuujjuarapik, où les sit-in ont eu lieu. Le Nunavik est la région inuite de l'Arctique québécois et n'est accessible que par avion, ou par bateau pendant la saison d'eau libre.
Les infirmières sont l'épine dorsale du système de soins de santé dans la région, surtout dans les villages qui n'ont pas de médecin résident. Normalement, 30 infirmières à rôle élargi doivent être en place, réparties entre les communautés de la baie d'Hudson. Mais à certains moments de l'été 2022, le nombre d'infirmières est tombé à 13 seulement. Une infirmière à rôle élargi est une infirmière ayant reçu une formation spéciale. Cette formation lui permet de travailler dans des zones rurales et isolées et de faire des évaluations de patients et d'autres actions que les infirmières ne feraient pas normalement.
Le 18 janvier, les infirmières avaient dénoncé par courriel à la direction du CISSS une situation qui dure depuis des années, notamment le manque de personnel, l'impact désastreux qu'il a sur les infirmières et les services, et l'inaction de la direction. Elles avaient averti la direction qu'à défaut d'obtenir une réponse rapide et adéquate à leurs demandes, elles allaient entamer des moyens d'action, ce qu'elles ont fait le lendemain en refusant de faire leur quart de nuit. Parmi les demandes les plus urgentes, il y a l'élimination de quarts de travail qui peuvent atteindre 32 heures de suite, et qui atteignent souvent 24 heures avec à peine 8 heures de repos entre deux quarts de travail. La côte de la baie d'Hudson connaît une grave pénurie de personnel de la santé, ce qui occasionne une charge de travail extrême pour le personnel qui reste.
Au lieu d'être à l'écoute des infirmières et de leurs revendications, la direction du CISSS s'est immédiatement adressée au Tribunal administratif du travail pour forcer le retour au travail des infirmières. La juge administrative a émis une ordonnance de retour au travail dans la nuit de vendredi.
Le SNIIBH a immédiatement dénoncé la direction du CISSS pour avoir suivi la voie de la criminalisation de la voix des infirmières plutôt que de chercher des solutions avec elles qui améliorent leurs conditions et les services.
Cet article a été publié dans
Numéro 1 - 7 février 2023
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