Vaillante bataille des travailleurs de la santé du Québec contre les conditions intenables dans le réseau

Les infirmières de Maisonneuve-Rosemont défendent la vie des patients

La crise est très sérieuse en ce moment à l'urgence de l'Hôpital Maisonneuve-Rosemont (HMR) dans l'est de Montréal. L'HMR est le seul gros hôpital dans l'est et il dessert presque le tiers de la ville. Le manque d'infirmières est tel que le CIUSSS (Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux) de l'Est-de-l'Île-de-Montréal a pris comme mesure de lancer l'appel aux infirmières de partout dans le réseau de venir prêter main-forte à l'urgence de l'HMR. Environ 25 % moins d'ambulances sont maintenant dirigées vers l'urgence et de nombreux patients sont redirigés vers des cliniques de la région ou des médecins de famille. Face à cette situation, beaucoup de gens décident aussi de ne pas se rendre à l'hôpital. Rien de tout cela ne règle le problème de base du nombre entièrement insuffisant d'infirmières à l'urgence de l'HMR.

Le vendredi 13 janvier, près d'une centaine d'infirmières ont menacé de démissionner en bloc de l'HMR si l'imposition du Temps supplémentaire obligatoire (TSO) ne cesse pas. Le TSO est non seulement devenu un outil de gestion dans les hôpitaux mais les données à son sujet sont faussées parce que si une infirmière accepte de faire du temps supplémentaire sous le chantage que, sinon, le soin aux patients va être sérieusement mis en danger, cela est considéré comme du temps supplémentaire volontaire. Radio-Canada a rapporté que 400 heures supplémentaires obligatoires ont été effectuées au cours du premier week-end de janvier et que la grande majorité des infirmières ont été appelées au travail.

Le lundi 16 janvier, les infirmières ont refusé de faire leur quart de nuit parce qu'on voulait les obliger à travailler en équipes réduites, ce qui met à risque la vie des patients. Pendant toute la nuit, les ambulances ont été détournées de l'urgence de l'hôpital, sauf dans des cas de vie ou de mort. Au cours de la semaine précédant l'action des infirmières, l'administration de l'HMR a informé que le taux d'occupation des urgences avait fluctué entre 94 et 141 %.

Annie Fournier, infirmière de l'urgence, a déclaré à Radio-Canada : « C'est notre dilemme. Est-ce qu'on perd notre permis parce qu'on refuse de travailler, ou est-ce qu'on perd notre permis parce qu'on va tuer quelqu'un ? ».

Le ministre de la Santé, Christian Dubé, a parlé de façon provocatrice de la situation en déclarant à la presse que son rôle n'était pas d'« éteindre des feux », mais de développer des « solutions structurantes ». Il a déclaré que la situation à l'HMR est une question de gestion locale des horaires, comme si le problème est une mésentente entre la direction du CIUSSS et le syndicat, et il a nommé une conciliatrice comme si c'est une question de rapprocher « les deux parties ».


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Numéro 1 - 7 février 2023

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