Les travailleurs d'ABI en lockout vont discuter d'une offre de la compagnie et tenir un vote


Les travailleurs d'ABI devant le bureau de circonscription du
député Donald Martel, le 1er mars 2019

Les travailleurs en lockout de l'aluminerie ABI à Bécancour vont se prononcer en assemblée générale le 11 mars sur l'offre de leur employeur. L'offre que le cartel a déposée le 4 mars comprend une convention collective pour chacune des trois unités d'accréditations syndicales et un protocole de retour au travail.

Le syndicat a annoncé qu'il présentera son analyse et son point de vue sur l'offre en assemblée générale. À la suite de l'analyse que le comité de négociation en a faite, le président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos, qui représente les travailleurs en lockout, a toutefois confirmé que cette offre ressemble beaucoup à ce qui était sur la table lorsqu'ABI a rompu les négociations à la mi-février. Quant au protocole de retour au travail, il n' a jamais fait l'objet de discussions.

« Pour ce qui est du contenu des conventions collectives, cela reprend essentiellement le compte rendu de négociations dont nos membres ont pris connaissance lors de la dernière assemblée générale. Par souci de transparence, l'exécutif syndical a choisi de soumettre l'offre patronale en question au scrutin secret », a expliqué Clément Masse.

La direction d'ABI a émis un communiqué de presse le 4 mars, dont plusieurs disent qu'elle vise à détourner l'attention des questions importantes auxquelles les travailleurs font face.

Dans son communiqué, le cartel met d'abord l'accent sur l'offre d'augmentation salariale, qu'elle chiffre à 2,55 % par année en moyenne. Le syndicat a dit dès le début que les salaires ne sont pas un enjeu de la négociation. L'enjeu est l'insistance de la compagnie à éliminer les emplois syndiqués stables et à les remplacer par du travail à contrat précaire.

Le communiqué du cartel obscurcit la question épineuse de la sécurité d'emploi pour les travailleurs présents et à venir. On y lit : « Cette offre permettra à tous les employés présentement en lockout de revenir au travail. Elle inclut une réorganisation du travail qui respecte l'ancienneté et qui ne prévoit aucune mise à pied. La convention proposée procurera de la flexibilité, capturera l'attrition d'une vague de retraites en cours et améliorera la productivité. »

C'est la formule contournée habituelle du cartel mondial qui ne dit pas franchement ce qui va arriver des emplois syndiqués et de la sécurité et des avantages qu'apporte une position permanente. La vague de prises de retraite est très forte à ABI et elle le sera encore plus dans les mois et les années à venir alors que la main-d'oeuvre va être rajeunie. Cette utilisation de l'attrition comme moyen de réaliser la « flexibilité » et d'« améliorer la productivité » ouvre la porte à l'élimination d'emplois syndiqués à la faveur des prises de retraite, au profit d'une sous-traitance des emplois à des conditions très inférieures à la fois pour les travailleurs contractuels syndiqués et non syndiqués et pour la communauté.

Avec l'accélération de l'attrition, le cartel entend créer une situation où le nombre de travailleurs syndiqués ayant des avantages sociaux inscrits dans des conventions collectives négociées deviendrait inférieur au nombre des travailleurs précaires à contrat ayant peu ou pas d'avantages sociaux et dépourvus de droits syndicaux. Les travailleurs précaires deviennent la cible de l'objectif de « flexibilité » et d' « amélioration de la productivité » du cartel, un objectif qui est au service de ses intérêts privés étroits et non des intérêts des travailleurs du Québec et de leurs communautés. Les attaques contre les travailleurs et leurs droits et contre leur réclamation à la valeur qu'ils produisent, au nom de la productivité et de la compétitivité, sont devenues l'obsession irrationnelle des cartels mondiaux et de leurs propriétaires multimilliardaires. Les cartels se plaignent constamment de la « surproduction » qui existe dans des secteurs comme l'aluminium et l'acier mais demandent quand même un accroissement de la productivité de la part de la classe ouvrière pour défaire la « surproduction » de la concurrence.

La domination qu'exercent les cartels mondiaux sur la vie des travailleurs et sur tout projet d'édification nationale digne de ce nom est au centre de ces conflits. Le lockout brutal imposé par le cartel Alcoa/Rio Tinto aux 1 030 travailleurs d'ABI depuis plus d'un an démontre la nécessité d'une nouvelle direction de l'économie et d'un projet d'édification nationale.

Forum ouvrier félicite les travailleurs d'ABI pour la contribution qu'ils font à la lutte à la défense des droits des travailleurs et des droits de tous dans cette situation difficile. Tous les travailleurs du Québec et du Canada sont avec vous et vous souhaitent une très bonne assemblée générale d'évaluation de la situation.


Cet article est paru dans

Numéro 8 - 7 mars, 2019

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