20 décembre 2018
Le gouvernement
de l'Alberta limite la production de pétrole
La
nécessité d'un nouveau
point de référence
- Peggy Morton -
PDF
•
La supercherie au sujet des 80
millions de
dollars
• La réduction de la production de
pétrole et la prétention de sauver des emplois -
K.C. Adams
• La tendance de moins de travailleurs
produisant plus de bitume
• La productivité du travail et
l'avenir du travail dans les sables bitumineux
À titre
d'information
• Données sur l'économie et la
population active de Terre-Neuve-et-Labrador
• Note aux lecteurs de Forum ouvrier
Le gouvernement de l'Alberta limite la
production de pétrole
La nécessité d'un nouveau point de
référence
- Peggy Morton -
La première ministre de l'Alberta, Rachel
Notley, a ordonné une réduction de production
de 325 000 barils de pétrole par jour (b/j) à
compter de janvier 2019. Cela représente une
réduction d'environ 8,7 % de la production totale de
pétrole classique et de sables bitumineux, qui sera
calculée au prorata parmi
tous les producteurs, sauf le plus petit dont les
premiers 10 000 b/j sont exemptés.
Rachel Notley a annoncé cette mesure dans une
allocution télévisée le 2 décembre.
Elle a dit que l'application de cette mesure se poursuivra
jusqu'à ce que les stocks de 35 millions de barils de
pétrole soient écoulés, ce qui devrait prendre
trois mois. À ce moment-là, la réduction sera
ramenée à environ 85 000 b/j
jusqu'à la fin de 2019. Le chef de l'opposition du Parti
conservateur uni, Jason Kenney, appuie la réduction
prévue, même s'il a dit qu'elle allait à l'encontre
de ses principes de « libre marché ».
Les cinq grands producteurs, qui
représentent ensemble 80 % de la production des sables
bitumineux, sont divisés sur la décision du gouvernement,
selon leurs intérêts privés. Cenovus et Canadian
Natural Resources Ltd. applaudissent cette annonce. Comme prévu,
les producteurs intégrés, Suncor, Imperial Oil et Husky,
dont les
raffineries et les stations-service leur permettent de profiter des
faibles prix du pétrole brut, s'y opposent, avertissant de
« conséquences imprévues » sur la
compétitivité, le commerce et les dépenses futures
liées aux projets.
Une campagne orchestrée principalement par la
Banque Scotia et Cenovus a précédé l'annonce de
Rachel Notley. Les deux soutiennent que l'économie canadienne
perd 80 millions de dollars par jour en raison du faible prix du
Western Canadian Select (WCS), un mélange de bitume, de
condensat et de pétrole de synthèse. Ils attribuent cette
perte à un manque de pipelines et d'accès aux
côtes pour l'exportation. La campagne a fait appel à
l'opinion publique pour qu'elle soutienne une expansion des
exportations de pétrole qui réduirait la
dépendance
actuelle à l'égard du transport de pétrole non
transformé qui s'en va vers le sud, vers les raffineries
américaines. Elle poursuit la fiction selon laquelle
l'expansion du pipeline Trans Mountain jusqu'à Vancouver vise
à accéder aux marchés asiatiques, alors qu'en
réalité, tout bitume supplémentaire servirait
à alimenter les raffineries de l'État de Washington et de
la Californie, ainsi que la demande insatiable de l'économie de
guerre américaine.
Les travailleurs albertains sont pris dans la
réalité d'une économie exportatrice de
pétrole intégrée à l'économie de
guerre américaine. C'est leur point de référence
et leur vie en dépend, au détriment de toute discussion
ou perspective d'une alternative. L'économie est dominée
par l'extraction du pétrole et du gaz, le raffinage d'une partie
et le
transport pour la consommation en fonction d'une demande et d'un prix
du marché déterminés par d'autres dans le
système d'États dominé par les États-Unis.
La richesse sociale provenant de l'extraction du pétrole et du
gaz n'a pratiquement pas servi à bâtir une économie
plus diversifiée et autosuffisante où l'extraction des
ressources sert et
renforce l'ensemble plutôt qu'un seul secteur
contrôlé de l'extérieur de la province qui domine
l'ensemble avec tous les risques, l'incertitude,
l'insécurité et l'impuissance que cela comprend.
Sans opposition consciente, le point de
référence dominant s'empare de la pensée des
Albertains, y compris du gouvernement. L'oligarchie financière
contrôle la production et la circulation des ressources
pétrolières et s'oppose à toute opposition au
point de référence. Les travailleurs sont la force
productive humaine, mais ils n'ont aucun contrôle
politique ou économique sur l'économie. Ils sont
privés de leur droit de contrôler les questions qui
touchent leur vie et de la possibilité d'introduire la
responsabilité sociale dans l'orientation de l'économie.
La propagande incessante et la désinformation
forcent les travailleurs à ne pas envisager d'alternative et
à accepter la défense du point de référence
établi, qui comprend des propositions pour construire des
pipelines partout, construire des raffineries afin qu'au moins une
partie de la valeur et des emplois soient maintenus en Alberta, aider
les
oligarques qui possèdent et contrôlent la production et la
circulation par les stratagèmes pour payer les riches et
les
changements de réglementation qu'ils exigent, et tolérer
comme inévitable les crises économiques
récurrentes qui bouleversent leur vie.
Comment les gens peuvent-ils trouver et établir
un point de référence différent qui les
favorise ? Cela commence par une mise à nu du point de
référence actuel comme étant antihumain et
anticonscient. Il
ne sert à rien de faire appel aux oligarques pour qu'ils
agissent à l'encontre de leur vision, de leurs
intérêts privés et de leur point de
référence.
Les travailleurs doivent se voir comme les
précurseurs nécessaires d'un nouveau point de
référence et d'une nouvelle direction pour
l'économie. Ils ont besoin de leurs propres institutions,
surtout politiques, qui révèlent constamment les
conditions politiques, économiques et sociales telles qu'elles
existent, défient sur tous les fronts l'élite
privilégiée qui est au contrôle et dirigent la
discussion sur ce qui est nécessaire pour construire le nouveau
en dehors du point de référence de l'oligarchie
financière au pouvoir et de ses institutions, et en opposition
à celui-ci.
La supercherie au sujet des 80 millions de dollars
L'élite dirigeante de l'Alberta répand
une supercherie selon laquelle le problème auquel est
confrontée l'économie est la perte de 80 millions de
dollars par jour parce que le pétrole serait retenu dans la
province par manque d'oléoducs et d'accès à divers
marchés en Asie. On dit que la production dépasse la
capacité des oléoducs de
transporter le pétrole aux raffineries et aux consommateurs
à l'extérieur de la province. Si seulement le
pétrole pouvait être expédié vers les
raffineries au sud et vers les voies maritimes de l'ouest, les
problèmes de l'économie seraient résolus et
les 80 millions de dollars par jour s'accumuleraient au Canada. Du
moins c'est ce qu'on dit.
Terre-Neuve, où
presque aucun pétrole extrait en mer ne reste dans la province
même pour y être raffiné, est un exemple de ce qui
se produit lorsque les oligarques du pétrole ont plein
accès aux voies maritimes. Voir à ce sujet l'article
d'information sur Terre-Neuve et Labrador ci-dessous.
Cette supercherie accepte le
fait que l'économie est dépendante de la production et de
la circulation du pétrole sous le contrôle de l'oligarchie
financière mondiale. Les intérêts de la classe
ouvrière et les intérêts généraux de
la société ne sont pas les mêmes que ceux de
l'oligarchie
financière et les deux ne pourront jamais être
conciliés. Même
si chaque baril de pétrole exploité était
expédié, raffiné ou pas, les problèmes de
l'économie albertaine seraient les mêmes puisque le
contrôle de cette économie n'est pas entre les mains de la
classe ouvrière ni indépendante de l'oligarchie
financière mondiale.
La prétention
de pertes de 80 millions de dollars par jour ne résiste pas
aux faits. Il y a actuellement
d'importants inventaires de pétrole albertain et ils sont dus
principalement à un arrêt prolongé de deux mois
à des fins d'entretien des raffineries qui font partie du plus
important marché d'exportation du Western Canadian Select
(WCS) dans le Midwest américain appelé le District de la
défense de l'administration du pétrole (PADD) II.
Les exportations canadiennes vers le PADD II ont
chuté d'environ 600 000 barils par jour (b/j) pendant
la fermeture de longue durée, alors que l'utilisation des
raffineries a été réduite de 90 %
à 70 %, soit près d'un million de b/j. La
longue fermeture serait due au fait qu'on ait reporté
l'entretien au cours
de la période antérieure pour permettre aux raffineries
de profiter de la demande élevée et des bas prix du
pétrole brut comme matière première.
Un des principaux promoteurs de la supercherie
des 80 millions de dollars est la Banque Scotia qui a l'habitude
de
produire des chiffres au hasard pour appuyer tout ce que certains
oligarques veulent que leurs
représentants politiques et leurs gouvernements fassent. Ces
chiffres sont repris sans fin par ces mêmes gouvernements et les
médias de masse comme si c'était une vérité
qu'il faut croire les yeux fermés pour créer un climat
d'hystérie lié à une économie captive de
l'extraction et de l'expédition du pétrole brut et
raffiné vers les marchés. L'anxiété et
l'insécurité liées aux emplois, qui sont
très réelles pour la classe ouvrière, servent
à justifier les stratagèmes pour payer les
riches au nom de trouver des solutions à la «
crise » et défendre « de bons
emplois ».
En plus de contrôler
les volumes de
production pour un an, le gouvernement Notley a promis un montant
supplémentaire de 2,2 milliards de dollars de
stratagèmes pour payer les riches et a sollicité des
propositions de la part d'intérêts privés pour
construire de nouvelles raffineries, que le gouvernement va
subventionner
et approuver rapidement. Plus d'un milliard de dollars servira
à l'achat auprès de compagnies privées de 80
locomotives et de 700 wagons ferroviaires qui serviront à
transporter le bitume parce que les oligarques ont
déclaré
que les oléoducs existants ne sont pas adéquats et que le
gouvernement fédéral fait face à une opposition
à l'expansion
de l'oléoduc actuel de Trans Mountain vers Vancouver. Un
autre 1,2 milliards de dollars de subventions gouvernementales et
de garanties de prêts sera offert à des oligarques
triés sur le volet au nom de la diversification.
En ce qui concerne le bilan comptable, les
« 80 millions de dollars » de la Banque Scotia
relèvent de la pure fiction. Celle-ci a même reconnu
qu'elle
ne connaît pas et ne peut pas déterminer les
répercussions financières de la réduction du prix
de pétrole pour le pétrole WCS albertain, ni combien de
pétrole a été vendu et à quel prix, ni qui
profite et qui ne profite pas d'un bas prix. La supercherie des 80
millions de dollars existe surtout comme élément de
conversation pour empêcher
toute enquête et toute discussion sur ce qui se passe vraiment
dans l'économie albertaine, à quoi ressemblerait une
nouvelle direction qui favorise le peuple et comment le peuple doit et
peut obtenir le contrôle
politique nécessaire pour mettre en place une alternative
prosociale.
La plus grande partie du pétrole n'est pas
vendue sur le
marché au comptant, mais par le biais de contrats avec les
raffineries. Certains producteurs disent qu'ils n'ont pas subi de
répercussions parce qu'ils avaient réservé de
l'espace dans les pipelines, avaient conclu des contrats en vertu d'un
prix de
livraison fixe et un accès au Golfe du Mexique où les
prix
sont restés comparables au West Texas Intermediate (WTI). Les
grands producteurs intégrés déclarent de vastes
profits pour leurs opérations de raffinerie, où ils se
vendent du pétrole brut à
eux-mêmes, et pour leurs stations-service qu'ils contrôlent
et où les Canadiens continuent de payer cher pour l'essence. Ce
qui est
vrai cependant est que les redevances versées à la
province sont faites en fonction des profits sur la production et la
vente de bitume, et les producteurs ont bénéficié
d'un congé de redevances, qu'ils se vendent du pétrole
bon
marché ou pas.
La décision du gouvernement d'imposer des
restrictions sur la production sera une bénédiction pour
Cenovus et la mesure a été applaudie par Canadian
Natural Resources Ltd (CNRL), MEG Energy et Nexen. Bien que Cenovus ait
des intérêts dans deux raffineries du sud-ouest des
États-Unis, il n'a aucune capacité de raffinage ou de
valorisation au Canada. Cenovus a augmenté sa production sans se
réserver d'espace de transport dans les pipelines et s'est rendu
vulnérable aux prix sur les marchés au comptant à
la suite d'une décision l'été dernier de ne pas
renouveler de contrats avec les raffineries américaines. En
plus, Cenovus est gravement endetté à la suite de son
acquisition des
avoirs de Conoco-Phillips en pétrole et en gaz naturel au
coût de 17,5 milliards de dollars. Ces avoirs comprennent
d'importants champs de gaz naturel dans un environnement où le
prix du gaz naturel est bas.
Le moment choisi pour l'annonce de Notley
soulève plusieurs questions. Le prix du WCS a en fait atteint le
fond du baril le 13 novembre, et a commencé à
augmenter aussitôt que les raffineries du Midwest
américain se sont remises en marche. En attendant que les
raffineries se remettent à produire à nouveau à
pleine capacité, le
prix au comptant allait certainement augmenter, et le
gouvernement a saisi l'occasion pour prétendre qu'il avait
réussi un bon coup et suggérer que la construction de
l'expansion de Trans Mountain donnerait le même résultat.
L'oligarchie financière du
secteur énergétique de l'Alberta réclame de
nombreux stratagèmes pour
payer les riches, le retrait du projet de loi C-69 et son remplacement
par
un cadre réglementaire qui lui donne le champ libre et des
« oléoducs dans toutes les directions ». En ce
qui concerne les divisions entre
les oligarques qui contrôlent l'Alberta et les ressources
énergétiques du Canada, une section en est ressortie
gagnante pour l'instant, mais on ne peut en dire autant de
la classe ouvrière puisque tout se joue strictement dans le
cadre du point de référence d'une économie sur
laquelle la classe ouvrière n'a aucun contrôle.
Les
intérêts privés
étroits des oligarques sont contraires aux intérêts
des travailleurs, aux intérêts généraux de
la
société et d'une économie moderne qui est
socialisée et interreliée, et qui nécessite la
coopération et non la concurrence. Les mesures des oligarques et
de leurs représentants politiques se déploient dans le
contexte
étroit d'une économie
dépendante du pétrole entièrement
contrôlée par eux et dans laquelle la classe
ouvrière n'a pas son mot à dire et une grande partie de
la valeur sociale provenant de la production quitte le pays. Les
solutions
aux problèmes auxquels sont confrontés le peuple et
l'économie se trouvent dans l'opposition à la direction
actuelle de celle-ci et dans la mise en oeuvre de
mesures qui placent les prises de décisions et le contrôle
dans les mains de la classe ouvrière pour qu'elle puisse
appliquer de vraies solutions qui lui sont favorables et sont
favorables aux
intérêts généraux de la
société.
La réduction de la production de pétrole
et la prétention de sauver des emplois
- K.C. Adams -
L'irrationalisme affecte ceux qui n'ont
pas de solution
aux problèmes réels d'une économie
socialisée.
La décision du gouvernement albertain de limiter
la production de bitume et de pétrole classique jusqu'à
que ce que les stocks soient épuisés est
présentée comme un moyen de sauver des emplois. Dans une
lettre
envoyée au réseau CBC avant qu'elle n'annonce ses
mesures, la première ministre de l'Alberta Rachel Notley a dit
ceci des emplois qui seraient sauvegardés en
réduisant la production : « De bons emplois et des
entreprises de l'Alberta sont en jeu. Il ne s'agit pas ici seulement de
chiffres sur un écran ou de discussions d'économistes. Il
s'agit de
travailleurs avec d'énormes compétences qui ont fait de
l'Alberta le meilleur endroit au Canada où vivre. »
Rachel Notley n'est pas
honnête lorsqu'elle fait ces déclarations irrationnelles.
Tout le monde sait que la réduction de la production
mènera à des mises à pied. Elle semble
également oublier que des mises à pied se produisent
régulièrement même quand la production augmente. La
décision de limiter la production est une mince victoire pour
Cenovus et Canadian Natural Resources Ltd. (CNRL) et peut-être
pour quelques petits producteurs. Les producteurs
intégrés, Suncor, Imperial Oil et Husky, s'y opposent. La
réduction n'offre aucune solution aux problèmes
d'ensemble de l'économie albertaine totalement dépendante
du pétrole et n'a absolument rien à voir avec la
sauvegarde des
emplois.
La perte d'emplois dans le secteur
énergétique n'est pas le résultat d'une production
réduite ni d'une pénurie d'oléoducs. La production
dans les sables bitumineux a monté en flèche au XXIe
siècle, augmentant de 250 % de 2010
à 2018 seulement, de 1,3 millions de barils par jour
(b/j) en 2010
à 3,27 millions de b/j en 2018. En ce moment, neuf
projets sont en chantier et d'autres ont été
approuvés. Cette croissance de la production s'est poursuivie en
dépit de la chute des prix du pétrole en 2014, des
engagements du Canada envers une réduction des émissions
de gaz à effet de serre (ÉGES), des dommages
environnementaux, du mantra du gouvernement albertain selon lequel il a
un « plan d'action climatique », des politiques
à long terme non respectées de diversification de
l'économie pour pallier à la dépendance
débilitante à l'exportation du pétrole, et du
danger croissant et de la pratique socialement irresponsable
d'alimenter l'économie de
guerre impérialiste américaine et sa quête
d'hégémonie mondiale à même le
pétrole albertain.
Le nombre d'emplois n'est pas proportionnel à la
croissance de la production. Dans le secteur mécanique et de la
conception, des milliers d'emplois ont été
éliminés depuis 2014, et ce, de façon
vraisemblablement permanente. Les monopoles énergétiques
ont commencé avec force une campagne pour accroître la
productivité ou pour
faire des « économies », comme ils le disent.
Aux yeux des oligarques, les travailleurs qui produisent la richesse
sociale par leur temps de travail représentent un «
coût » qu'il faut réduire peu importe les
conséquences sociales. Pendant ce temps, les riches qui ont
saisi la richesse que les travailleurs produisent sont encensés
par les
gouvernements et leurs experts qui les servent parce qu'ils seraient
les « créateurs d'emplois ».
La désinformation au sujet de la situation
actuelle et des perspectives d'avenir vise à priver les
travailleurs de leur propre conception du monde prosociale, de leur
propre réflexion et de leur politique indépendante. Les
partis cartellisés, qui sont totalement au service des grandes
compagnies de pétrole, tentent de se damer le pion en
prétendant
chacun être celui qui défend les intérêts des
travailleurs, en sauvant des emplois par exemple.
Pour que la classe ouvrière puisse
défendre ses intérêts et évaluer comment se
posent les problèmes réels de l'économie, elle ne
peut partir du point de vue qu'elle est d'accord ou pas avec la
propagande des partis cartellisés qui rivalisent pour le
pouvoir. Le point de départ est l'examen des problèmes
auxquels sont confrontés les travailleurs et
l'économie sans les oeillères et la désinformation
de l'oligarchie financière et de ses représentants. Pour
y arriver, il faut examiner la situation avec objectivité, ce
qui permet de constater comment les problèmes se posent et
quelles solutions existent qui favorisent le peuple et les
intérêts généraux de la
société.
Une perspective ouvrière examine les
problèmes des travailleurs et ceux de l'économie au moyen
d'une conception du monde moderne et scientifique et d'un nouveau
point de référence. Selon cette perspective,
l'économie est socialisée et interreliée et
nécessite des solutions qui ne prennent pas en compte les
intérêts privés et sectoriels de
ceux qui rivalisent les uns avec les autres, mais les
intérêts larges et la sécurité de tous et de
la société ainsi que la reproduction élargie d'une
économie intégrée, et comment les individus et les
collectifs interagissent dans une économie socialisée
moderne de production industrielle de masse.
En se basant sur sa propre perspective en tant que
productrice de la richesse sociale, la classe ouvrière rejette
avec mépris la perspective désuète des oligarques
qui cherchent à accroître leur richesse, leur pouvoir et
leur contrôle privés et leur privilège de classe,
en opposition aux besoins d'ensemble de l'économie et de son
propre fonctionnement
global sans crises, sans égard pour le bien-être des
travailleurs, de l'environnement social et naturel et des
intérêts généraux de la
société.
La perspective étroite des
oligarques est basée sur l'expropriation du profit privé
maximum pour eux-mêmes de la richesse sociale que les
travailleurs produisent. Cet objectif n'est pas compatible avec la
responsabilité sociale. Alors que la production
interreliée à grande échelle engendre des
problèmes inconnus jusqu'ici dans l'économie et
l'environnement social et naturel et dans l'ensemble des relations
humaines, la vieille perspective étroite associée
à la petite production et à la propriété
privée, marquée par la concurrence, des moyens de
production est incapable de résoudre les problèmes
réels auxquels sont confrontés l'économie moderne,
les institutions politiques et la
société.
L'économie socialisée moderne
nécessite la coopération de tous par laquelle ses divers
secteurs agissent en conformité consciente les uns avec les
autres au sein de nouvelles formes sociales et de nouvelles relations
humaines qui défendent les droits de tous. Les soi-disant
solutions de l'oligarchie financière et de ses
représentants politiques sont
irrationnelles parce qu'elles reposent sur des considérations
étroites et subjectives en contradiction avec les conditions
objectives.
Le défi qui se pose aux travailleurs est de
s'organiser sur la base de leurs propres institutions avec leur propre
perspective et leur propre pensée et devenir ainsi une force
irrésistible qui peut arracher le contrôle de
l'économie socialisée et de la société des
mains de l'oligarchie financière. C'est ainsi que la classe
ouvrière peut ouvrir une voie à l'humanisation de
l'économie et de l'environnement social et
naturel.
Le peuple et la société ont besoin de
nouveaux arrangements pour l'ensemble des relations humaines qui se
sont développées à même les conditions
modernes d'une économie socialisée de production
industrielle de masse. Nous sommes des êtres humains pensants et
nous pouvons analyser et trouver une voie qui défende les droits
et les
intérêts du peuple avec une nouvelle direction prosociale
de l'économie. Le défi qui se pose au peuple est de
développer et de consolider sa propre perspective prosociale qui
exige que les producteurs réels de la richesse sociale
contrôlent la politique, l'économie et leur vie. Qui
décide et qui contrôle demeurent les questions les plus
importantes
à prendre en main.
La tendance de moins de travailleurs
produisant plus de bitume
Selon les annonces des oligopoles
énergétiques et leurs experts, la tendance de moins de
travailleurs produisant plus de bitume, de pétrole brut
synthétique et de pétrole brut classique ira en
s'accélérant dans l'avenir. Cette tendance veut dire que
la classe ouvrière doit envisager les problèmes dans le
secteur pétrolier sous l'angle d'une
nouvelle direction prosociale pour l'économie qui fait en sorte
que les producteurs véritables deviennent ceux qui
contrôlent et qui
sont en mesure de trouver des solutions qui sont favorables au peuple
et à la société. Pour ce faire, il faut le pouvoir
de priver les riches oligarques privilégiés et leurs
laquais de leur pouvoir.
Cenovus, un des gagnants de la rivalité
intermonopoliste sur les réductions de production
imposées par le gouvernement, a réduit sa main-d'oeuvre
par un tiers depuis 2014 et affirme qu'il n'aura pas besoin
d'embaucher plus de travailleurs à mesure qu'il développe
de nouveaux projets.
La mise en place de véhicules sans conducteur
à elle seule pourrait éliminer un emploi sur dix sur les
sites d'exploitation des sables bitumineux. Suncor a annoncé
qu'il a l'intention d'utiliser 150 camions à benne sans
conducteur et des systèmes de transport autonomes (STA)
éliminant ainsi près de 400 emplois de conducteur.
Près
de 800 opérateurs de machinerie lourde travaillent à
l'usine de base Suncor et un autre 600 à Fort Hills. Canada
Natural Resources Ltd. (CNRL) et Imperial Oil de leur côté
ont des projets semblables.
Suncor dit aussi qu'entre 2010 et 2015, il a
réduit le temps d'ingénierie nécessaire pour
concevoir une plateforme pour les puits de sables bitumineux par
injection de vapeur à 800 heures comparativement
à 9 100 heures. L'Office national de l'énergie
prévoit qu'une grande partie de la nouvelle production à
venir sera l'expansion des projets existants qui ne nécessitera
pas de nouveaux travaux d'ingénierie. Les cinq grands monopoles
énergétiques — Suncor, Cenovus, CNRL, Imperial Oil et
Husky, contrôlent maintenant 80 % de toute la
production. Cette consolidation a éliminé des
emplois et les analystes s'entendent pour dire que les
emplois dans les sièges sociaux de Calgary ont disparu à
jamais.
En Alberta, les périodes d'expansion de la
production ont été associées à la
construction de sites d'exploitation des sables bitumineux à
grande échelle et de préraffineries liées
à ces sites. Plusieurs milliers de travailleurs ont
été engagés dans leur construction. Mais tout
pointe vers une situation très différente dans l'avenir.
La nouvelle
production des sables bitumineux se fera presque entièrement par
des projets de drainage par gravité au moyen de vapeur (le
DGMV). Par ce processus, le bitume est extrait par pompage plutôt
que par extraction minière. Le nombre de travailleurs requis
pour la construction et la production continue est de beaucoup
inférieur
pour le DGMV que pour
l'extraction minière. Aussi, l'affinement vers le pétrole
brut synthétique a été
décrété désuet par ceux qui prennent les
décisions.
La productivité du travail et l'avenir du
travail
dans les sables bitumineux
La productivité du travail des travailleurs des
secteurs pétroliers et gazifères est mesurée en
nombres de barils de pétrole ou
l'équivalent qu'un travailleur peut produire en moyenne en une
journée (bep/j). La productivité du travail
mesurée ainsi a augmenté de 31 % de 2010
à 2016. Les changements les
plus importants ont eu lieu dans les sables bitumineux alors que le
bep/j y a augmenté de 108,23 en 2010
à 126,75 en 2016 et devrait augmenter
à 137,27 au cours des cinq prochaines années.
Malgré une augmentation de 5 % du
montant de bitume affiné en pétrole synthétique
brut, le nombre de
travailleurs travaillant à l'affinement a baissé
de 8 % en 2015-2016 seulement. Le montant de
pétrole affiné par travailleur devrait augmenter
de 33 % au cours des prochaines années.
Selon une étude commandée par le
gouvernement fédéral, la productivité du travail
pour le pétrole des sites d'exploitation des sables
bitumineux devrait augmenter de 11 % au cours des
prochaines années.[1] En
d'autres mots, en 2010 au Canada, la production et le transport
de 10 000 barils de pétrole ou l'équivalent par
jour (bep/j) nécessitait 288 travailleurs directs du gaz et
du pétrole. En 2016, seulement 233
travailleurs travaillaient directement dans la production et le
transport de ce même volume.
Les travailleurs doivent affronter
la réalité que tous les partis cartellisés qui se
disputent l'obtention du pouvoir sont les instruments des riches
oligarques qui exercent leur contrôle sur les ressources
énergétiques et la
direction de l'économie pour que celles-ci favorisent certains
intérêts privés. Le gouvernement
néodémocrate de Rachel Notley a fait preuve d'un manque
de volonté ou s'est montré inapte à se saisir
d'une alternative. Par moment, il s'en prend au gouvernement de la
Colombie-Britannique ou aux libéraux de Trudeau, ou encore remet
en usage le
concept galvaudé de « Redonner sa grandeur à
l'Alberta ». Rien de cela ne va résoudre le
problème de la nécessité d'une direction
prosociale de l'économie sous le contrôle des producteurs
de fait, les travailleurs.
L'économie socialisée de production
industrielle de masse ne peut rester sous le contrôle
d'oligarques qui se font concurrence
avec leur perspective désuète d'exproprier le plus de
profit privé que possible d'une économie
socialisée dont tout le monde dépend et qui
nécessite une coopération entre ses secteurs et ses
parties et toute l'humanité et non une concurrence
débridée, souvent violente et qui engendre crise
après crise. La classe ouvrière apparaît comme le
plus grand
produit de l'économie socialisée avec sa propre
pensée et sa politique indépendante conformément
aux conditions socialisées modernes. Le défi à
relever est de bâtir les institutions de la classe
ouvrière et de développer une personnalité
démocratique moderne et une conscience sociale qui puissent
devenir assez forte pour contester le pouvoir et le
contrôle politiques de l'oligarchie financière.
Note
1. Canada's
Oil
and
Gas
Workforce :
Distribution,
Work
Patterns
and
Income,
PetroLMI, August 2018
(Sources :
Calgary Herald, CBC, Edmonton Journal, Huffington Post, Financial Post)
À
titre d'information
Données sur l'économie et la population
active
de Terre-Neuve-et-Labrador
Forum ouvrier
présente cette information sur l'économie et la
main-d'oeuvre de Terre-Neuve et Labrador pour combattre la
désinformation répandue par les médias
monopolisés et les partis cartellisés qui mystifie le
rôle central des travailleurs dans la production de toute la
richesse sociale.
***
Le Produit
intérieur brut (PIB) de Terre-Neuve-et-Labrador (T.-N.-L.) pour
toutes les industries = 31,5852 milliards de dollars
(Chiffres relatifs au PIB et à la population
active pour l'année 2017 ; le PIB est calculé
annuellement aux prix de base en dollars des années 2012)
L'effectif total des travailleurs salariés
(T.-N.-L.) = 224 100 personnes (190 900 à plein
temps ; 33 200 à temps partiel)
Le PIB moyen par travailleur
= 140 942,44 $
La production moyenne par travailleur liée au
PIB, à l'échelle canadienne = 102 790,12 $
Le PIB d'industries productrices de biens de
T.-N.-L. = 15,7795 milliards de dollars
Le pourcentage du PIB total de
T.-N.-L.= 49,96 %
La population active engagée dans la production
de biens = 46 800 travailleurs (45 100 à temps
plein)
Le pourcentage de l'ensemble de la population active de
T.-N.-L. = 20,88 %
Ce 20,88 % de la population active a
généré 49,96 % du PIB total.
La production moyenne liée au PIB par
travailleur produisant des biens = 337 168,80 $
(à comparer à la moyenne dans son ensemble
de 140 942,44 $ pour toutes les industries de T.-N.-L.)
La production moyenne liée au PIB par
travailleur produisant des biens dans l'ensemble du Canada
= 144 771,54 $
Le PIB d'industries productrices de services de
T.-N.-L. = 15,9087 milliards de dollars
Le pourcentage du PIB total de T.-N.-L.
= 50,37 %
La population active engagée dans la production
de biens = 177 400 travailleurs (145 800 à temps
plein ; 31 600 à temps partiel)
La production moyenne liée au PIB par
travailleur produisant des services = 89 677 $
La production moyenne liée au PIB par
travailleur produisant des services dans l'ensemble du Canada
= 91 526,43 $
Le pourcentage de la population active de TNL dans les
industries productrices de services = 79 %
Ce 79 % de la population active a
généré 50,37 % du PIB total, même
si le pourcentage de travailleurs à temps partiel était
plus élevé.
La différence en pourcentage du PIB de T.-N.-L.
entre la production de biens et la production de services est
importante et assez différente de la moyenne nationale
de 70 % du PIB producteur de services et de 30 % du
PIB producteur de biens. Cela semble provenir d'un vaste secteur
d'extraction des ressources
extrêmement productif (extraction minière, exploitation
dans des carrières, extraction de pétrole et de gaz) qui
ne s'est pas traduit par une augmentation de l'emploi et des
dépenses consacrées aux programmes sociaux, aux services
publics ou à la fabrication. Le PIB du secteur de l'extraction
des ressources de T.-N.-L. est le troisième plus important
des provinces canadiennes, dépassé seulement par
l'Alberta et la Saskatchewan. Pourtant, T.-N.-L. a la deuxième
population la plus petite, soit 519 716 habitants.
Le PIB à l'échelle du Canada
Toutes les industries (2017) = 1 893,024
milliards de dollars
Les industries productrices de biens = 561,120
milliards de dollars (29,64 % du total)
Les industries productrices de services
= 1 330,840 milliards de dollars (70,30 % du total)
La population active de salariés partout au
Canada (2017)
Le total, pour toutes les industries
= 18 416 400
Les industries productrices de biens
= 3 875 900 (21,05 % de l'ensemble de la population
active)
Les industries productrices de services
= 14 540 500 (78,95 % de l'ensemble de la
population active)
À l'échelle du Canada, 79 % de
la population active produisait 70 % du PIB sous forme de
services, tandis qu'à T.-N.-L, 79 % de la population
active ne produisait que 50,37 % du PIB sous forme de
services. Il faut approfondir cette question, car les programmes
sociaux sont en partie
financés par le Transfert canadien en matière de
santé et le Transfert canadien en matière de programmes
sociaux, et certaines provinces reçoivent des paiements de
péréquation. T.-N.-L a reçu, en 2017, 737
millions de paiements de transfert (1 395 $ par habitant),
mais aucun paiement de péréquation depuis 2012.
Cela révèle la grande rentabilité du secteur des
ressources pour l'oligarchie financière mondiale, en particulier
lorsque les gouvernements se plient et autorisent l'extraction de
ressources avec très peu de valeur retournée au peuple
pour son bien-être et sa sécurité et la
reproduction élargie d'une économie diversifiée,
stable et autonome.
Le secteur des ressources de T.-N.-L.
Le PIB représentant l'extraction minière,
l'exploitation en carrière, et l'extraction de pétrole et
de gaz = 11,1432 milliards de dollars
La population active de salariés employés
dans ce secteur = 8 100 travailleurs (tous à temps
plein)
Le PIB par travailleur
= 1 375 703,70 $
Pour ce secteur, la production énorme
représente un PIB par habitant de la population totale de
T.-N.-L. = 21 440,94 $
La moyenne nationale par habitant pour ce secteur
= 3 785,02 $
Le montant pour le secteur
représentait 35,28 % du PIB total de T.-N.-L.. Ce PIB
a été produit par 4,46 % de la population
active de salariés employés.
Il faut noter que presque toute cette production de
matières premières est expédiée à
l'extérieur de la province et qu'elle est très peu
utilisée dans la production secondaire, encore moins comme base
pour une industrie pétrochimique ou sidérurgique et une
industrie manufacturière tertiaire. Cela apparaît
clairement lorsque l'on examine
séparément l'extraction de pétrole et de gaz.
L'extraction de pétrole et de gaz seulement
= 8,4211 milliards de dollars (tout au large des côtes)
Le PIB représenté par l'extraction de
pétrole et de gaz en pourcentage du PIB des industries
productrices de biens = 53,37 %
PIB représentant l'extraction de pétrole
et de gaz en pourcentage du PIB total = 26,66 %
Tout le pétrole de T.-N.-L. est extrait au large
des côtes. La majeure partie du pétrole est ensuite
acheminée par bateau vers les côtes de Terre-Neuve pour
être expédié par pétrolier vers des
raffineries situées à l'extérieur de la province.
T.-N.-L. ne possède qu'une petite raffinerie, la raffinerie de
l'Atlantique Nord à Come by Chance. La
raffinerie Irving du Nouveau-Brunswick à Saint-Jean est la seule
autre raffinerie en exploitation dans les Maritimes.
Le nombre de travailleurs sur les plateformes
pétrolières en mer se situerait autour de 1 900
pour les quatre opérations[1].
La
seule
production
manufacturière
associée
est
le
soutien
immédiat
à
l'extraction
pétrolière
et
gazière en mer. Inutile de dire que les travailleurs de
T.-N.-L. ont
toujours eu du mal à trouver un travail convenable, et plusieurs
d'entre eux ont immigré vers d'autres provinces, en particulier
après la destruction de la pêche à la
morue.
Avec un énorme PIB représentant
l'extraction de pétrole et de gaz, il semble qu'il ne reste
qu'une fraction du PIB de la province représenté par le
raffinage et éventuellement l'industrie manufacturière
bien que peu de données comptables permettent de
déterminer où va la valeur. La situation
représente le rêve de certains oligarques de
l'énergie de l'Alberta et de leurs représentants
politiques au sein des partis cartellisés : tout le
pétrole extrait et expédié en mer sans jamais
toucher terre.
Le PIB représenté par le raffinage de
pétrole à T.-N.-L. = 27,1 millions de dollars
Le PIB représenté par le raffinage de
pétrole en pourcentage du PIB provenant de l'extraction de
pétrole et de gaz = 0,32 %
Le PIB représenté par le raffinage de
pétrole en pourcentage de l'ensemble du PIB de T.-N.-L.
= 0,086 %
Cela se compare au PIB représenté par
l'extraction de pétrole et de gaz en pourcentage du PIB total
= 26,66 %
L'industrie minière et l'exploitation dans
les carrières, à l'exception de l'extraction du
pétrole et du gaz ; principalement du minerai de fer
et du nickel extraits au Labrador = 2,38684 milliards de dollars
Les travailleurs de la mine de fer de Wabush/Labrador
City, de la mine de nickel de Voisey Bay et de certaines mines plus
petites ont produit en 2010 un total de 3,3 milliards de
dollars de minerai, soit environ 3,5 % du PIB de T.-N.-L.
pour cette année-là. Le minerai de fer transporté
hors du Labrador
représente 55 % de la production totale du Canada.
Presque toute la production minière est expédiée
à l'extérieur de la province.
La différence en dollars d'année en
année du PIB représentant la production de
matières premières illustre un problème
central, soit cette méthode de calcul de la valeur
que les travailleurs produisent. La valeur provient du temps de travail
des travailleurs qui utilisent des moyens de production pour
transformer des matériaux en
produits utiles. Le PIB ne rapporte pas le temps de travail mais sa
représentation en argent et en prix de base, que l'oligarchie
financière manipule pour servir ses intérêts
privés. Lorsque les prix fluctuent, la valeur de la production
varie également selon ce qui est défini comme le produit
intérieur brut. Une année, la production de richesses
minérales peut être évaluée
à 3,3 milliards de dollars et quelques années plus
tard, une quantité similaire de minéraux produits avec
à peu près le même temps de travail tombe, comme
par magie, en valeur du PIB à 2,3 milliards de dollars.
Cela met en évidence la nécessité d'une
méthode et d'une formulation moderne de comptabilité
pour déterminer les prix de production qui placent la classe
ouvrière et son temps de travail au centre de l'économie
socialisée dans laquelle toute la valeur est produite et
calculée. Une comptabilité et une interprétation
scientifiques appropriées de la production profiteraient aux
travailleurs qui produisent la valeur et permettraient
d'améliorer et de
développer leur contrôle de l'économie pour le bien
commun et pour humaniser l'environnement social et naturel. Mettre
l'économie socialisée sous le contrôle des
travailleurs constitue un front important dans la lutte pour le
développement de la personnalité démocratique
moderne.
Les industries productrices de services à
T.-N.-L.
Les services éducatifs à T.-N.-L.
Les travailleurs terre-neuviens oeuvrant dans les
services éducatifs = 15 200
Le pourcentage de la population active totale de
salariés = 6,78 %
Le pourcentage de la population de T.-N.-L.
= 2,9 %
Le PIB de T.-N.-L. représentant les services
éducatifs = 1,1217 milliard de dollars
Le PIB représentant les services
éducatifs en pourcentage du PIB total de T.-N.-L.
= 5,13 %
La production moyenne du PIB représentant les
services éducatifs par travailleur de l'éducation
employé = 106 690,79 $
La production moyenne du PIB représentant des
services éducatifs par travailleur de l'éducation
employé à l'échelle du Canada
= 78 221,01 $
Le PIB de T.-N.-L. représentant des services
éducatifs par habitant = 3 120 $
Le PIB du Canada représentant des services
éducatifs par habitant = 2 821,99 $ (à
partir des chiffres de 2016)
Soins de santé et aide sociale à
T.-N.-L.
Les travailleurs employés dans le secteur des
soins de santé et de l'aide sociale à T.-N.-L.
= 39 400
Le pourcentage de la population active totale de
salariés = 17,58 %
Le pourcentage de la population = 7,58 %
Le PIB représentant les soins de santé et
l'aide sociale = 2,2478 milliards de dollars
Le PIB représentant les soins de santé et
l'aide sociale exprimé en pourcentage du PIB total de
T.-N.-L.= 7,12 %
La production moyenne du PIB représentant les
services de santé et d'aide sociale par travailleur
salarié de T.-N.-L. employé dans ce secteur
= 57 050,76 $
La production moyenne du PIB dans le secteur des
services de santé et d'aide sociale par travailleur dans
l'ensemble du Canada employé dans ce secteur
= 55 145,60 $
Le PIB de T.-N.-L. représenté par les
soins de santé et l'aide sociale par habitant = 4 325 $
Le PIB du Canada représenté par les soins
de santé et l'aide sociale par habitant
= 3 667,84 $
Note
1. L'oligarchie financière
mondiale
possède et contrôle toutes les entreprises actives
à Terre-Neuve-et-Labrador pour l'extraction du pétrole et
du gaz sauf pour 8,5 % de la propriété du
gouvernement fédéral dans Hibernia par le biais de la
Société de gestion Canada Hibernia.
Hibernia — Les champs pétroliers en
mer sont possédés en commun par ExxonMobil
(33,125 %), Chevron Resources (26,875 %), Suncor (20 %),
Société de gestion Canada Hibernia (8,5 %), Murphy
Oil (6,5 %) et Equinor (5 %). Deux cent quatre-vingts
travailleurs travaillent sur la plateforme
pétrolière pendant trois semaines. Des pétroliers
acheminent le pétrole de la plateforme vers une installation de
transbordement terrestre située à Whiffen Head, à
Come By Chance. La capacité de production journalière
= 230 000 barils de pétrole.
Le gouvernement de Terre-Neuve rapporte que la
production totale du gisement Hibernia de 1997 à 2006
s'est élevée à 733 000 000 de
barils, d'une valeur estimée à 36 milliards de
dollars. Les chiffres n'incluent pas la comptabilisation de la valeur
qui reste dans la province ou des profits de l'entreprise
et des intérêts expropriés de la valeur totale
produite par les travailleurs.
Terra Nova — L'ancienne société
d'État, Petro-Canada, a développé le projet de
champ pétrolier en mer Terra Nova, qui appartient maintenant
à Suncor Energy (37,675 %), Exxon Mobil (19,00 %),
Equinor (15,00 %), Husky Energy Operations Ltd. (13,00 %),
Murphy Oil Company Ltd. (10,475 %),
Mosbacher Operating Ltd. (3,85 %) et Chevron Canada Resources
(1,00 %). La capacité de production journalière
= 150 000 barils de pétrole.
White Rose -- Le projet pétrolier en mer
appartient à Husky Energy Operations Ltd. (72,5 %) et
Suncor Energy (27,5 %). La capacité de production
journalière = 75 000 barils de pétrole.
Le champ pétrolier Hebron-Ben Nevis --
Le projet pétrolier en mer détenu par ExxonMobil
(36 %), Chevron Corporation (27 %), Suncor Energy
(23 %), Equinor (10 %) et Nalcor Energy (4 %). La
capacité de production journalière = 150 000
barils de pétrole.
Note aux lecteurs de Forum
ouvrier
Ceci est le dernier numéro de Forum ouvrier cette année.
Nous reprendrons la publication à la mi-janvier 2019.
D’ici là, continuez de visiter le site Web du PCC(M-L) pour des
mises à jour, comme l’annonce récente par l'Alliance de
la fonction publique du Canada sur l'état des
négociations avec le Conseil du Trésor, les
manifestations à Vancouver en appui aux défenseurs de la
terre de la nation Unist'ot'en et d'autres luttes justes. Nous vous
encourageons également à consulter et à partager
la revue de 2018 en photos publiée quotidiennement dans LML.
Félicitations pour cette année militante
dans laquelle nous affirmons les réclamations que le peuple est
en droit de faire à la société. L'année
prochaine, les travailleurs peuvent s'attendre à ce que les
assauts contre eux se poursuivent, ce qui signifie qu'ils doivent
redoubler de détermination pour défendre les droits de
tous. L’année qui vient étant une année
électorale, les travailleurs peuvent également s'attendre
à ce que les partis qui forment le système
cartellisé, ainsi que les médias et les entreprises de
sondage et ceux qui se disent analystes, haussent le volume de la
désinformation pour maintenir les travailleurs à
l’écart. Cela a déjà commencé. Le barrage
de diversions et de sondages de toutes sortes a déjà
commencé. Tous les efforts seront faits pour diviser la classe
ouvrière et le peuple en leur disant qui est digne de leur
soutien afin de les priver de leurs propres pensées et
initiatives. Le temps est venu de développer une politique
indépendante pour résister à cette attaque
maintenant! Les travailleurs ont besoin de leur propre pensée et
leur propre
action fondées sur des analyses pour résoudre la crise en
leur faveur.
Nous vous souhaitons à tous une bonne et heureuse
année.
Le Centre ouvrier du
PCC(M-L)
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Site web: www.pccml.ca
Email: forumouvrier@cpcml.ca
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