Forum ouvrier

8 novembre 2018

Destruction nationale dans le secteur du détail

L'entreprise américaine Lowe's
consolide son empire

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Destruction nationale dans le secteur du détail
L'entreprise américaine Lowe's consolide son empire
À titre d'information

Réduire la fatigue parmi les travailleurs du transport
Ce sont des gestes pratiques qu'il faut, pas de la rhétorique

Emplois précaires dans les universités canadiennes
La crise dans les relations de production s'étend au travail intellectuel

Territoires du Nord-Ouest
Les travailleurs du secteur public mènent une lutte déterminée pour leurs droits et leur dignité

Québec
De sérieuses préoccupations face à l'automatisation des processus
miniers - André Racicot, président de la section locale 9291du Syndicat des Métallos en Abitibi
Les conducteurs de bétonnières réclament davantage de sécurité pour la population et pour eux-mêmes

Grèves tournantes à Postes Canada
Les travailleurs et travailleuses défient l'intransigeance du gouvernement sur des questions importantes


Destruction nationale dans le secteur du détail

L'entreprise américaine Lowe's
consolide son empire

L'oligopole du secteur du détail Lowe's a annoncé la fermeture prochaine de 27 magasins d'équipement de maison et quincailleries et le licenciement de centaines sinon de milliers de travailleurs. Le communiqué de presse émis par Lowe's ne précise pas le nombre de travailleurs qui seront licenciés. Le communiqué mentionne que seulement deux des magasins qui seront fermés portent la marque Lowe's. Les autres sont principalement des magasins Rona qui sont situés dans de petites municipalités ou sur des terrains dans de grandes villes qui offrent des profits spéculatifs provenant de l'augmentation du prix des terrains. Les oligarques américains ont dit que les centres administratifs et de soutien régionaux de Mississauga en Ontario et de St. John's à Terre-Neuve vont aussi fermer.

En 2016, Lowe's a acquis le contrôle de sa concurrente, la chaîne de quincailleries RONA au Québec et de ses travailleurs, intégrant 630 magasins et 52 000 travailleurs dans son empire. Le géant américain contrôle 2 390 magasins en Amérique du Nord et achète à chaque jour la capacité de travailler de 310 000 travailleurs pour faire fonctionner son entreprise.

Les Canadiens n'ont exercé aucun contrôle sur la décision de vendre la chaîne Rona à Lowe's ou sur la décision actuelle de fermer 27 magasins. L'oligarchie financière américaine a le pouvoir de prendre ces décisions grâce à la complicité de ses représentants politiques au gouvernement. La décision sur quel magasin demeure ouvert et quel est fermé est prise à partir de la considération étroite du taux de rendement maximum sur la richesse sociale investie par les intérêts privés en position de contrôle. Il n'y  aucune considération pour le bien-être et la sécurité des travailleurs affectés ou pour les besoins de l'édification nationale, en ce qui a trait par exemple aux besoins en commerce de détail et pour ce qui concerne le développement des communautés environnantes. Qu'on pense aux petites firmes de construction qui dépendent peut-être beaucoup des magasins RONA pour leurs matériaux, surtout dans les plus petites communautés. La fermeture d'un RONA tout près peut forcer les acheteurs de matériaux à parcourir de plus grandes distances pour combler leurs besoins ou à payer plus cher pour les matériaux requis.

Le communiqué de presse rapporte froidement que l'entreprise a fermé « 27 magasins sous-performants de l'entreprise à travers le pays, qui représentent environ 3 % de la superficie en pieds carrés de son réseau de commerce au détail ». Il ne dit rien à propos de l'insécurité et des inquiétudes que les fermetures causent aux êtres humains ou à propos des dommages causés à l'économie de plusieurs des petites municipalités affectées par la décision. L'oligarchie financière utilise le terme « sous-performants » mais elle évalue la performance en termes de nombres de clients, de volumes de vente par pied carré ou de profit engrangé. Il est possible que ces magasins rendent un service de détail extrêmement précieux aux communautés environnantes. Pour le déterminer, il faut une enquête centrée sur l'être humain.

La prise de contrôle de RONA par Lowe's en 2016 et la concentration plus poussée de la richesse et du pouvoir dans les mains des oligarques des États-Unis représente une tendance constante à un plus grand contrôle par l'oligarchie financière américaine de tous les aspects des affaires économiques, politiques et culturelles du Canada.

Le contrôle par l'oligarchie financière de la richesse sociale du pays et de ses moyens de production et de circulation décourage toute activité économique qui repose sur les besoins et le bien-être de la population et de l'édification nationale. En fait, la disparition de possibilités économiques et culturelles dans les plus petits centres est le fruit d'une politique délibérée pour forcer les gens à converger vers les plus grandes métropoles. Les oligarques voient les régions périphériques du Canada tout au plus comme des occasions temporaires d'exploitation des ressources et non comme des communautés viables dans lesquelles la valeur que produisent les travailleurs est réinvestie localement pour que l'économie locale se développe dans plusieurs secteurs, soit viable et offre le plus haut niveau de culture possible aux résidents.

Les oligarques dominants ont l'habitude de se plaindre du « coût élevé » de faire des affaires dans les petits centres et de porter aux nues les possibilités « extraordinairement performantes » de profit maximum et de coups de fortune spéculatifs dans les grandes villes. On le voit bien à l'heure actuelle avec ce qui se passe dans le secteur immobilier, avec les prix des terrains et dans tous les aspects du commerce de détail. Les projets d'édification nationale du passé, notamment les sociétés ferroviaires et les transporteurs aériens nationaux, l'entreprise Pétro-Canada d'extraction et de distribution pétrolière, la Commission canadienne du blé et Postes Canada, qui servaient le pays dans l'ensemble et pas seulement les plus grandes métropoles, ont été ou bien privatisés, ou bien abandonnés ou sont sérieusement menacés.

Le problème qui se pose pour le peuple est de se donner le pouvoir politique de priver l'oligarchie financière de son pouvoir de contrôler l'économie et la politique du pays, et d'entreprendre un projet d'édification nationale moderne dans lequel les travailleurs auront l'initiative.

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À titre d'information

On lit sur le site web de Lowe's que ses magasins desservent « plus de 18 millions de clients par semaine aux États-Unis, au Canada et au Mexique. Aves des ventes de 68,6 milliards de dollars pendant l'année fiscale de 2017, Lowe's et ses entreprises connexes exploitent ou desservent plus de 2 390 magasins d'équipement de maison et quincailleries et emploient plus de 310 000 personnes... L'entreprise canadienne de Lowe's, de concert avec sa filiale à part entière RONA, exploite ou dessert plus de 630 concessionnaires détenus par l'entreprise ou indépendants affiliés ... Au Canada, les compagnies ont plus de 28 000 employés, en plus des quelque 5 000 employés des magasins des concessionnaires indépendants affiliés RONA. »

Le communiqué de presse émis le 5 novembre, à partir de son quartier général de Caroline du Nord, mentionne que d'ici la fin de 2019, Lowe's fermera 31 établissements dont 27 magasins Lowe's et Rona en Colombie-Britannique, en Alberta, en Ontario, au Québec et à Terre-Neuve-et-Labrador, et 20 établissements aux États-Unis.

Les magasins canadiens qui doivent fermer sont :

Colombie-Britannique

RONA Columbia Square 105-1015 rue Columbia, New Westminster

Alberta

RONA Calgary Douglasdale, 11520 — 24e rue, sud-est
Reno-Depot Calgary West, 12330 Symons Valley Rd, nord-ouest

Ontario

RONA Mississauga Westdale Mall, 1133 rue Dundas ouest
RONA Mississauga Lakeshore, 1692 Lakeshore Rd.
RONA Sault Ste. Marie, 132 Black Rd.
RONA Sudbury, 943 Barry Downe Rd.
RONA Peterborough, 1575 Chemong Rd.
RONA Kingston, 1452 Bath Rd.
RONA Lakefield, 178 rue Water
Lowe's North York, Centerpoint Mall, 6600 rue Yonge
Lowe's Sault Ste. Marie 248 Northern Ave.

Québec

RONA Ste-Clotilde, 335, Route 209, Sainte-Clotilde-de-Chateauguay
RONA Iberville, 870, boulevard d'Iberville, Saint-Jean-sur-Richelieu
RONA L'Assomption, 723, boulevard L'Ange-Gardien
RONA Granby Moeller, 788, rue Moeller
RONA Ste-Rose 134, boulevard Sainte-Rose, Laval
RONA Rivière-des-Prairies, 9200, boulevard Maurice-Duplessis, Montréal
RONA Rouyn-Noranda, 1200, rue Mantha, Rouyn-Noranda
RONA Ange-Gardien, 194, rue Principale, Ange-Gardien
RONA Saint-Elzéar, 100, rue du Parc Industriel, Saint Elzéar

Terre-Neuve

RONA Conception Bay South, Killigrews, 825 Conception Bay Highway
RONA Goulds, 53-59 Main Highway
RONA St. John's, 1297 Topsail Rd.
RONA St. John's, 60 O'Leary Ave.
RONA St. John's, 710 Torbay Rd.
RONA Bay Roberts, 239 Conception Bay

La compagnie dit qu'elle fermera également des centres de soutien régionaux à Mississauga en Ontario et à St John's à Terre-Neuve, de même qu'une usine de préfabriqué à St John's et une usine de matériaux de béton à Kamloops en Colombie-Britannique. En plus des magasins RONA, Lowe's Canada va aussi fermer deux magasins Lowe's et les concessionnaires de l'entreprise et affiliés Reno-Depot, Ace Canada, Dick's Lumber, and Contractor First, qui font partie de son réseau de détaillants, de même que son service d'offres en ligne et de livraison de colis.

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Réduire la fatigue parmi les travailleurs du transport

Ce sont des gestes pratiques qu'il faut,
pas de la rhétorique 

Le 29 octobre, le Bureau de la sécurité des transports (BST), l'agence du gouvernement fédéral responsable de la sécurité des transports au Canada, a publié sa Liste de surveillance 2018.

Chaque année, le BST publie une Liste de surveillance qui identifie des problèmes clés qui doivent être traités pour que le système de transport canadien soit plus sécuritaire. L'inclusion d'enjeux dans la Liste de surveillance s'appuie sur les enquêtes, sur des données et observations et sur les recommandations du BST.

Le BST fait des enquêtes et des recommandations de sécurité sur les quatre modes de transport, aérien, maritime, ferroviaire et transport par pipeline.

Dans sa Liste de surveillance de 2018, le TSB a inclus le problème de la fatigue des travailleurs dans les modes de transport aérien, maritime et ferroviaire. Ce problème est devenu très aigu et un des fronts principaux de la lutte des travailleurs du transport pour leur santé et leur sécurité qui est intrinsèquement liée à celle du peuple.

Lors de sa présentation de la Liste de surveillance 2018 en conférence de presse, la présidente du BST Kathy Fox a dit :

« Je vais maintenant conclure sur un enjeu qui est ressorti dans plus de 90 enquêtes du BST au fil des ans : la fatigue. Elle est omniprésente, particulièrement dans les transports où les activités se poursuivent 24 heures sur 24, 7 jours par semaine. Quel que soit le secteur, les équipages sont appelés à travailler durant de longues heures, selon des horaires irréguliers, parfois dans des conditions difficiles ou à travers plusieurs fuseaux horaires. Ils n'obtiennent donc pas toujours le sommeil réparateur nécessaire, ce qui peut nuire à leur rendement. Pour remédier à cet enjeu, il faut de profonds changements d'attitude et de comportement, tant chez les gestionnaires que chez les employés. Il faut de la formation en sensibilisation, des programmes de gestion de la fatigue, l'actualisation des règles sur les heures de service pour le personnel des trains, les pilotes d'avions et les officiers de quart sur les navires. Et il faut veiller à ce que les règles soient fondées sur des données scientifiques et non seulement sur les façons de faire traditionnelles. »

Les syndicats du transport ont appuyé les recommandations du BST. Dans son communiqué de presse du 30 octobre, l'Association des pilotes d'Air Canada (ACPA) appuie en particulier l'inclusion de la fatigue des pilotes dans la liste.

« Cela fait des années que nos pilotes réclament des règles de repos plus rigoureuses, qui protégeront les passagers et les équipages du Canada contre des conditions de travail fatigantes », déclare le commandant Matt Hogan, président du Conseil des élus nationaux de l'APAC. « Avec cette Liste de surveillance et les conclusions de l'enquête du National Transportation Safety Board des États-Unis selon lesquelles la fatigue a joué un rôle dans l'incident impliquant le vol 759 d'Air Canada, il est temps que le gouvernement agisse. »

Le vol 759 d'Air Canada a connu un incident potentiellement tragique à l'aéroport principal de San Francisco en juillet 2017, quand un avion d'Air Canada arrivant de Toronto a failli atterrir sur une piste secondaire où attendaient quatre gros porteurs remplis de passagers prêts à décoller. Seulement quatre mètres séparaient l'Airbus A320 d'Air Canada de l'un des quatre avions stationnés sur la piste. Les pilotes avaient réussi à remonter à la dernière seconde et à éviter une collision qui, de l'avis des experts, aurait été une des plus grandes catastrophes aériennes de l'histoire du Canada. Le Bureau américain de la sécurité des transports (NTSB) a déclaré que la fatigue des pilotes d'Air Canada a été un des principaux facteurs de ce désastre évité de peu (grâce à l'acuité mentale que les pilotes ont réussi malgré tout à démontrer pour éviter la catastrophe). Selon le NTSB, le pilote responsable du vol était éveillé depuis 19 heures consécutives et son copilote depuis 12 heures. Aucun des deux n'avait fait de sieste pendant le vol et les deux respectaient les règles en vigueur de Transports Canada.

« Avec la Liste de surveillance 2018, le Bureau de la sécurité des transports du Canada adresse une mise en garde au gouvernement », a indiqué Milt Isaacs, président directeur général de l'Association des pilotes d'Air Canada. « Il ne suffit pas d'invoquer la sécurité de l'aviation. Le gouvernement doit agir concrètement pour éliminer l'écart de deux heures entre les règles de repos qu'il propose et les limites recommandées par la science de la NASA. »

Les pilotes critiquent très sévèrement le projet de règlement proposé par Transports Canada qui permettrait aux pilotes de voler jusqu'à 10,5 heures la nuit sur des vols long-courriers, Cette proposition compromet le sommeil des pilotes lors du retour à la base après un vol outre-mer ou pour des périodes de service commençant la nuit. Les pilotes demandent que les périodes de service pour les vols du soir soient fixées à 8,5 heures de temps de vol.

Le ministre fédéral des Transports, Marc Garneau, n'a pas agi en homme d'État dans sa réponse aux recommandations du BST. Il a répondu comme le font les partis cartellisés au Parlement quand ils répondent à des questions ou à des critiques, en disant :

« « Le Bureau de la sécurité des transports du Canada joue un rôle très important pour s'assurer que le secteur des transports du Canada demeure l'un des plus sécuritaires au monde, et j'accueille favorablement la publication de sa liste de surveillance de 2018.

« Je suis heureux de voir que le travail acharné de Transports Canada a permis de réaliser d'importants progrès à de nombreux égards depuis la dernière édition de 2016.

« Transports Canada examine de façon continue les exigences en matière de gestion de la fatigue pour déterminer s'il y a lieu d'apporter des modifications pour mettre à jour le régime, et il travaille avec des partenaires fédéraux et des intervenants clés à élaborer d'autres options. Le Ministère propose de nouvelles règles en matière de fatigue des pilotes pour améliorer la sécurité aérienne des Canadiens, avec l'intention de publier le règlement définitif dans la partie II de la Gazette du Canada en 2018...

« Le Ministère améliore la gestion de la sécurité et la surveillance de tous les modes en évaluant ses outils de surveillance pour garantir leur efficacité continue. Transports Canada travaille activement à renforcer la sécurité des Canadiens en améliorant la sécurité des secteurs aérien, ferroviaire et maritime et le transport des marchandises dangereuses. »

Cette rhétorique détourne l'attention du caractère sérieux de la situation que le BST a identifiée. Elle détourne l'attention en particulier de la critique sévère que les travailleurs du transport, y compris les pilotes, font du soi-disant système de gestion de la sécurité, qui n'est pas normatif et fait partie de l'autoréglementation de l'industrie du transport, et de la critique de la nouvelle réglementation sur la fatigue des pilotes que Transports Canada entend imposer. La rhétorique ne fait pas disparaître la réalité et les véritables problèmes. Elle aggrave les problèmes parce que les personnes en position d'autorité dissimulent ces problèmes et se font l'instrument du diktat des monopoles privés demandant leur profit étroit à tout prix, au prix notamment de la sécurité et même de la vie des travailleurs du transport, des passagers et du public.

Lorsque le ministre Garneau parle des « importants progrès » qui ont été faits sur plusieurs fronts, il se réfère à la décision du BST de retirer certains enjeux de sa Liste de surveillance, comme celui du transport par rail de liquides inflammables. Cette recommandation du TSB est très discutable et elle montre en fait à quel point le diktat néolibéral est envahissant. Cette recommandation ne tient pas compte du vaste discours qui se mène dans la société sur les questions relatives à la sécurité. Les inquiétudes de la population au sujet du transport de liquides hautement inflammables par rail demeurent très fortes et elles le sont toujours plus alors que le transport par rail de ces matières est en augmentation constante.

Quoi qu'il en soit, l'inclusion de la fatigue des travailleurs du transport dans la Liste de surveillance est significative parce que les travailleurs mènent présentement une lutte sérieuse sur cette question.

Les travailleurs demandent des gestes concrets pour réduire la fatigue, qui reposent sur la science, sur leur expérience vécue et sur les solutions qu'ils mettent de l'avant pour résoudre ce problème.

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Emplois précaires dans les universités canadiennes

La crise dans les relations de production s'étend
au travail intellectuel


Les enseignants des collèges communautaires de l'Ontario manifestent le 15 octobre 2018 contre le projet de loi 47 qui abolira les dispositions sur un salaire égal pour un travail égal pour les employés à temps partiel ou à contrat dans les lois du travail en Ontario.

Une étude récente révèle que les emplois précaires parmi les professeurs d'université représentent désormais 53,60 % de tous les postes. En 2016-2017, 38 681 enseignants, soit 53,60 %, travaillaient à contrat, comparativement à 33 490 postes permanents. Parmi les contractuels, les emplois à temps partiel prédominent, représentant près de 80 % de tous les contrats en 2016-2017.

Le Centre canadien de politiques alternatives (CCPA) a obtenu des données au moyen de demandes d'accès à l'information envoyées à 78 universités canadiennes et a produit le rapport Universitaires précaires : Les nominations d'enseignants contractuels, la tendance dans les universités canadiennes. [1]

Les données révèlent qu'au Québec le corps professoral est sous contrat plus que dans toute autre province, avec 61 % des professeurs contractuels, suivi de l'Ontario avec 54 % et de la Colombie-Britannique avec 55 %. L'étude révèle que 13 universités canadiennes utilisent des nominations à contrat pour plus des deux tiers des nominations de professeurs.

Selon le rapport, de nombreux contrats ont une portée limitée et une durée très courte, comprenant un seul cours pour un semestre (ou pour un à quatre mois, selon les conditions). « Certains de ces contrats sont à temps plein et couvrent des périodes plus longues, comme deux à trois ans. Mais ils sont tous caractérisés par une incertitude à long terme pour les personnes qui occupent ces postes. »

Pour beaucoup, le travail irrégulier est un arrangement précaire, qui est devenu une norme pour l'ensemble de la classe ouvrière canadienne. Il y a de nombreux types de relations de travail rémunérées irrégulières et peu sûres : travail à temps partiel, temporaire, occasionnel, à contrat conclu entre un travailleur individuel ou un collectif de travailleurs avec un employeur, ou indirectement par l'intermédiaire d'une agence de placement. De plus, il existe de multiples formes de travail indépendant peu sûr. Le travail précaire se traduit le plus souvent par des salaires bas, peu ou pas d'avantages sociaux et peu de stabilité ou de sécurité pour le travailleur ou l'employé.[2]


Proportion des enseignants contactuels et pernaments par province (SCFP) 

« Nos observations nous amènent à la conclusion que l'importante dépendance aux enseignants contractuels dans les universités canadiennes est un enjeu structurel, non pas une approche temporaire à l'embauche », d'affirmer Chandra Pasma, coauteure de l'étude et agente de recherche au Syndicat canadien de la fonction publique. « Le taux élevé de travail à contrat peut être une stratégie de relations de travail, dans la mesure où vous maintenez des salaires et des avantages sociaux peu élevés lorsque les employés sont sous contrat, mais il s'agit en quelque sorte d'une mesure disciplinaire. Lorsque les employés sont en poste, c'est très difficile de les laisser partir. Lorsque des personnes sont sous contrat, vous n'avez même pas besoin de les licencier, vous n'avez qu'à ne pas renouveler leur contrat. »

Le rapport souligne que pour les professeurs d'université, l'insécurité et la prévalence de ce type d'emploi ont un impact négatif sur les travailleurs et sur la qualité de l'éducation reçue par les étudiants. Le travail sous contrat est souvent synonyme de pauvreté et d'insécurité économique. Le rapport indique que « le salaire par cours peut être aussi bas que 5 000 $, ce qui signifie qu'une personne peut avoir une charge de cours à temps plein dans certaines universités et tout de même vivre dans la pauvreté. Un sondage effectué auprès des enseignants contractuels de la Nouvelle-Écosse a conclu que l'insécurité d'emploi était le principal problème et la principale source de stress pour les enseignants contractuels. « Dans le même ordre d'idées, un sondage effectué auprès des enseignants contractuels de l'Ontario a révélé que deux tiers des enseignants contractuels ont vécu des ‘expériences personnelles extrêmement stressantes' en raison de la nature à court terme de leur emploi. Un sondage national effectué auprès des enseignants contractuels a conclu que plus de la moitié affirment que leur capacité à faire des plans à long terme, comme d'avoir des enfants ou d'acheter une maison, est compromise par la nature contractuelle de leur emploi. Sans sécurité d'emploi, les travailleurs contractuels peuvent avoir de la difficulté à obtenir un prêt bancaire, à signer un contrat de location ou à obtenir une hypothèque. Les travailleurs qui occupent un emploi précaire ont davantage de risque de souffrir de problèmes de santé mentale et physique, dont l'anxiété et la dépression. Les enseignants contractuels sont fréquemment exclus du perfectionnement professionnel, des opportunités offertes par les collèges et du soutien institutionnel pour la recherche, ce qui peut faire en sorte qu'ils se sentent isolés et non soutenus.[3]

« Lorsque des chargés d'enseignement sont informés seulement quelques semaines – et, dans certains cas, seulement un jour ou deux – avant le début du semestre qu'ils enseigneront un cours, il est difficile pour eux d'assurer que le matériel pour le cours est à jour et que toutes les ressources nécessaires, comme les manuels, sont disponibles pour les étudiants. »

Les conditions dans lesquelles les enseignants contractuels sont contraints de travailler peuvent avoir une incidence sur leur capacité à dispenser une éducation de la plus haute qualité. Pour les étudiants, la situation précaire de leurs professeurs signifie souvent un accès limité au corps professoral. Le rapport indique que « parfois le personnel contractuel n'a pas accès à un bureau sur le campus, ce qui fait qu'ils doivent tenir les rencontres avec les étudiants dans des espaces empruntés ou publics ».

Les données révèlent qu'une majorité de professeurs contractuels sont des femmes, poursuit le rapport. « La tendance veut qu'ils soient plus jeunes, mais, dans l'ensemble, ils ne sont plus des étudiants eux-mêmes. Entre la moitié et les deux tiers des enseignants contractuels ont un doctorat. La majorité enseignent à contrat depuis cinq ans ou plus. [...] Mais ils sont également nombreux à enseigner à temps partiel ou à contrat seulement parce qu'ils sont incapables de se trouver un emploi universitaire permanent. Selon un récent sondage national de l'Association canadienne des professeures et professeurs d'université, plus de la moitié des enseignants contractuels souhaitent être nommés à un poste menant à la permanence ou à un emploi permanent. »

« Couper les adresses de courrier électronique des enseignants contractuels dès que le semestre est terminé ou ne pas pouvoir retracer un professeur contractuel dont le contrat n'a pas été renouvelé fait en sorte qu'il est également plus difficile pour les étudiants d'obtenir des lettres de recommandation. »

Le rapport indique également : « L'augmentation du nombre de postes contractuels a également une incidence sur les enseignants permanents et les enseignants occupant un poste menant à la permanence. Réduire le nombre d'enseignants qui travaillent en comité ou font du travail administratif signifie que la charge de travail est démesurément plus lourde pour les autres membres du corps professoral. Pour les enseignants permanents et les enseignants occupant un poste menant à la permanence et les autres travailleurs universitaires, comme les moniteurs de laboratoire et les aides-enseignants, le manque de présence des enseignants contractuels (qui n'ont peut-être pas d'espace de bureau sur le campus ou qui doivent quitter immédiatement après la classe pour se rendre à un autre emploi) peut également signifier des charges de travail accrues pour répondre aux questions et aux préoccupations des étudiants. »

Le rapport ne donne pas de réponse définitive quant à la raison pour laquelle le travail sous contrat a connu une croissance exponentielle ces derniers temps, mais ils propose diverses raisons. Celles-ci incluent des coupes dans le financement public des études postsecondaires pendant l'offensive antisociale et une attitude antagoniste des administrations des universités envers leurs employés, y compris les professeurs. Cette période correspond à une augmentation rapide des frais de scolarité.

Les responsables de l'achat de la capacité de travail des employés ont mis en place une myriade de moyens pour réduire la réclamation des travailleurs à la valeur qu'ils produisent. Le fait d'imposer des contrats de travail à ceux qui vendent leur capacité de travail les place dans une position précaire pour ce qui est de s'organiser avec leurs collègues pour qu'ils obtiennent une réclamation correspondant à leur capacité de travail, qui soit conforme aux normes modernes et puisse leur assurer des conditions de vie et de travail cultivées et leur permettre de faire leur travail au plus haut niveau de qualité.

La situation met en évidence une forte détérioration générale des relations de production entre ceux qui vendent leur capacité de travail et ceux qui l'achètent. La prédominance croissante du travail sous contrat révèle la nécessité pour la classe ouvrière d'intensifier son organisation et sa résistance pour défendre ses droits et revendiquer la valeur qu'elle produit dans les rapports de production existants. Il révèle également la nécessité de renouveler l'ensemble des relations humaines, notamment en établissant de nouveaux rapports de production, afin de responsabiliser la classe ouvrière en tant que facteur humain et décideur sur le lieu de travail, avec une influence décisive sur les conditions de travail.

Notes

 1. Pour le rapport complet, cliquez ici.

 2. Dans un autre rapport, intitulé No Safe Harbour , le CCPA écrit : « Pas de sécurité : travail précaire et insécurité économique parmi les professionnels qualifiés au Canada montre que les professionnels de tout le pays ne sont pas à l'abri des marques du travail précaire : pas de revenu stable, pas de pension, pas d'avantages, pas de salaire.

« Même le travail à temps plein n'est pas un amortisseur contre la précarité : 26 % des professionnels précaires travaillent à temps plein, bien que la plupart vont de contrat à contrat (37 %) ou des emplois à temps partiel (34 %). La majorité (60 %) des professionnels précaires n'ont pas de régime de retraite ou de REER, et n'ont pas droit à des congés de maladie payés.

« Le rapport trouve des professionnels précaires dans les secteurs privé (40 %) et public (30 %). Les professionnels précaires sont dans toutes les professions, mais ils sont concentrés dans trois catégories professionnelles : l'éducation (28 %), la santé (18 %) et les entreprises, la finance et l'administration (19 %). La majorité des professionnels précaires sont des femmes (60 %) et l'incidence est plus élevée parmi les professionnels âgés de 55 ans et plus. »

« Depuis plus de deux décennies, lit-on dans le rapport, des universitaires, des syndicats et des associations de professeurs soulèvent des inquiétudes concernant le passage, dans les universités, de professeurs permanents à des emplois permanents à des professeurs recrutés à contrat. Certains de ces contrats sont limités et de très courte durée : un contrat pour un seul cours pour un seul semestre (ou un mois à quatre mois, selon les conditions), certains à temps plein et couvrant des périodes plus longues, telles que deux à trois années, mais toutes se caractérisent par une incertitude à long terme pour les personnes occupant ces postes. »

« Un nombre croissant de travailleurs précaires occupent des postes hautement qualifiés et professionnels. Le secteur de l'enseignement postsecondaire révèle les tendances observées sur le marché du travail en général. »

« Un nombre croissant de travailleurs précaires occupent des postes hautement qualifiés et professionnels. Le secteur de l'enseignement postsecondaire révèle les tendances observées sur le marché du travail en général. »

Pour le rapport complet (en anglais), cliquez ici.

 

3. Pour des rapports sur la lutte des enseignants du Collège de l'Ontario pour faire valoir leurs droits et leurs conditions d'emploi, consultez les archives récentes du Ontario Political Forum cliquez ici.


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Territoires du Nord-Ouest

Les travailleurs du secteur public mènent une lutte déterminée pour leurs droits et leur dignité

Les quelque 4 000 travailleurs du secteur public à l'emploi du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest (GTNO) mènent une lutte déterminée pour obtenir des améliorations substantielles de leurs conditions de travail afin de combler leurs besoins dans cet environnement nordique où le coût de la vie est beaucoup plus élevé que dans la partie sud du Canada. Ils essaient aussi de résoudre le problème de l'attraction et de la rétention des travailleurs. Ces travailleurs fournissent des services qui sont essentiels au fonctionnement de la société. On les retrouve dans les services de santé, dans les différents corps de métiers, dans l'entretien des routes et des autoroutes et des infrastructures, dans les programmes de santé et sécurité des territoires, dans les services aux collèges, etc. Alors qu'ils créent une valeur immense pour l'économie et que leur travail est essentiel au bien-être de la société, ce n'est pas ainsi que le GTNO les considère. Il les considère plutôt comme un « coût » et un obstacle au financement des projets d'infrastructure que le gouvernement veut mettre sur pied.

Le GTNO a déclaré un surplus de gestion de 200 millions de dollars cette année, et des surplus de 100 millions à chacune des trois dernières années, lesquels ont été largement réalisés par une offensive antisociale contre les services publics. Cela comprend, selon le Syndicat des travailleurs du Nord, l'élimination de 150 positions dans les services publics depuis trois ans, et le recours de plus en plus prononcé à des travailleurs de remplacement qui n'ont pas d'heures régulières de travail ni de congés de maladie (comme les accumulent les travailleurs réguliers) ou de régime de retraite. Le président du Syndicat des travailleurs du Nord, Todd Parsons, a dit à Forum ouvrier que le GTNO a décidé que chaque dollar de surplus déclaré sera dépensé pour les infrastructures tandis que ceux qui les fournissent ne recevront rien du tout.

Cela fait environ deux ans demi que le syndicat négocie, et il a négocié en présence d'un médiateur à la fin du mois d'octobre, et très peu de progrès a été accompli à la table de négociation en ce qui concerne les deux principaux enjeux pour les travailleurs, soit les salaires et la sécurité d'emploi.

Le syndicat a proposé une convention collective de trois ans avec des augmentations de salaire de 3 % par année, alors que le gouvernement voulait une convention de quatre ans avec des augmentations de 0 %, 0 %, 1 % et 1,1 % par année. Le syndicat rapporte que le gouvernement demande maintenant une convention collective de 5 ans, toujours avec 0 % d'augmentation pour les deux premières années.

En ce qui a trait à la sécurité d'empoi, le syndicat tente de renforcer les protections face aux mises à pied et de convertir les positions temporaires en positions régulières à temps plein pour une période indéterminée une fois que le travailleur a occupé une position pendant plus de 24 mois. Le gouvernement veut remplacer les positions à temps plein qui ne sont pas limitées dans le temps par des positions occupées par des travailleurs de remplacement. Le gouvernement le fait déjà dans les services correctionnels et dans la santé. Le GTNO veut aussi pouvoir avoir recours aux travailleurs de remplacement dans tous les secteurs des services publics et le syndicat s'y oppose totalement.

En plus, les Territoires du Nord-Ouest possèdent ce qu'on appelle une prime nordique. Il s'agit d'une prime qui est versée aux employés des communautés des Territoires pour compenser pour le haut coût de la vie et du transport. Cette prime fait partie de la convention collective qui existe entre le syndicat et le GTNO. Selon le syndicat, cette prime n'a pas augmenté depuis plus de 11 ans à Yellowknife et elle a même baissé dans plusieurs communautés. Le syndicat demande une augmentation substantielle de la prime. Il demande aussi qu'aucune position qui appartient à l'unité de négociation ne soit offerte en sous-traitance.

Les travailleurs font remarquer que le coût de la vie dans leur région, en particulier le coût du logement, est beaucoup plus élevé que dans le sud du pays. Le refus du GTNO d'améliorer leurs conditions de vie et de travail rend l'attraction et la rétention de travailleurs du secteur public beaucoup plus difficile.

Le syndicat est maintenant en position légale de grève et a servi un préavis de 48 heures à l'employeur.

« Nous avons dit à nos membres que nous allons tout faire pour éviter d'aller en grève avant les Fêtes afin de leur permettre de se préparer », a dit Todd Parsons à Forum ouvrier. « Nous n'allons pas déclencher la grève à moins que nous soyons provoqués. Nous avons défini ce qui selon nous constituerait une provocation. Nous allons nous mettre en grève si le ministre responsable des services publics change unilatéralement nos conditions de travail, ce que la loi lui permet de faire. Le gouvernement ne peut pas nous mettre en lockout, mais il peut changer unilatéralement nos conditions. Nous avons également dit que nous allons nous mettre en grève si l'employeur se met à prendre des mesures disciplinaires contre nos membres parce qu'ils démontrent leur appui à notre comité de négociation. Nos membres ont commencé à porter des lacets oranges et des cordons très visibles sur leur uniforme de travail et on nous a récemment rapporté que l'employeur a dit à nos membres qu'il leur est interdit de porter ces choses en appui au comité de négociation. Ce type de moyens de pression est parfaitement légal. Si l'employeur se met à prendre des mesures disciplinaires contre nos membres en raison de ces moyens de pression, nous pourrions nous mettre en grève. »

Todd a aussi expliqué que le processus qui gouverne les relations de travail dans les Territoires du Nord-Ouest est très particulier. « Le processus dans les territoires est long et ardu. Il n'y a pas de commission de relations de travail et nous ne sommes pas assujettis non plus au Code canadien du travail. Nous pouvons porter plainte seulement au ministre responsable des services publics. Nous ne possédons pas non plus de code provincial du travail. Il existe des normes relatives à l'emploi dans les Territoires qui régissent les normes minimales pour tout travailleur sauf ceux des services publics. Nous sommes un peu dans les limbes ici, et c'est la première fois en 50 ans que nous sommes en position légale de grève, qui s'appuie sur un mandat de grève de près de 70 %.

Todd a ajouté qu'en plus des lacets et des cordons très visibles, les travailleurs sont engagés dans une campagne dans les médias et à la radio, mettent des pancartes devant leurs maisons et parlent aux membres de l'Assemblée législative.

« C'est une lutte dure. Nous nous battons pour que nos membres signent une convention juste qui fournit de la stabilité à leurs familles afin qu'elles puissent s'épanouir dans cet environnement nordique. »

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Québec

De sérieuses préoccupations face à l'automatisation des processus miniers


Manifestation le 19 septembre 2016 pour exiger la réintégration d'André Racicot qui avait été suspendu par la minière Iamgold en Abitibi pour avoir défendu la santé et la sécurité des travailleurs miniers.

Une de nos grandes préoccupations en ce moment c'est la question de l'automatisation des opérations sous terre dans le secteur minier, la machinerie sous terre. Notre préoccupation est en deux volets. D'une part, c'est le manque de règlementation gouvernementale en ce qui concerne cette nouvelle technologie. D'autre part, c'est la question des emplois que cela va retirer aux travailleurs miniers.

Cela fait deux ou trois ans que nous en parlons à la CNEEST (Commission des normes, de l'équité, de la santé et de la sécurité du travail), comme quoi le manque de règlementation concernant cet équipement est préoccupant. Cela concerne l'équipement téléopéré et l'équipement autonome et semi-autonome. Ces différents processus impliquent un haut niveau d'automatisation. Dans le cas des équipements téléopérés , on parle d'équipements opérés à distance au moyen de télécommandes. Le problème auquel nous faisons face en ce moment, c'est que les technologies avancent mais la règlementation ne suit pas. C'est quelque chose de voulu de la part des entreprises minières, parce qu'elles aiment avoir le champ libre et ne pas avoir trop de règlementation restrictive dans leur chemin. Elles veulent décider elles-mêmes de toute modification qui va se faire. Dans le passé, quand on a laissé ces choses-là aux employeurs, les travailleurs ont payé la note très cher du point de vue notamment de leur santé et de leur sécurité.

Dans ce cas-ci, si on parle d'équipements autonomes ou semi-autonomes, que se passe-t-il si l'équipement ne s'arrête pas lorsqu'il est supposé s'arrêter, est ce qu'il va détecter le travaillleur qui se trouve sur son chemin ? S'il se produit un accident, celui-ci peut être mortel. Il faut comprendre qu'il y a toujours une intervention humaine quelque part. Prenons l'exemple d'un équipement semi-autonome où l'opérateur contrôle l'équipement souterrain à partir de la surface. En théorie, il n'y a pas d'êtres humains qui sont censés être là sur le chemin de l'équipement. Nous savons très bien que c'est impossible qu'il n'y ait aucun être humain dans ces zones où circule l'équipement. Cela prend des mécaniciens pour réparer ces machines, cela prend des électriciens, cela prend des humains pour réparer ces équipements. Il faut entrer dans une zone dangereuse et le travailleur doit s'approcher de la machine. L'équipement a un système de freins qui est opéré à la surface mais qu'est-ce qui nous assure que le système de freins va fonctionner ? En ce moment, nous sommes un peu à la merci des grandes entreprises multinationales qui utilisent ces équipements un peu partout et qui décident elles-mêmes les protocoles qui régissent leur utilisation.

Dans le cas des équipements qui sont téléopérés, on peut avoir un opérateur qui se trouve à des milliers de kilomètres d'ici, en Inde ou au Bangladesh, et qui opère de l'équipement dans une mine en Abitibi. Si on obtient une règlementation, elle sera valable pour le Québec, mais elle ne s'appliquera pas dans le pays où se situe l'opérateur. Le règlement ne sera pas applicable pour la compagnie qui loue les services à un opérateur dans un pays lointain. Cela crée un vide juridique. Le syndicat a soulevé cette problématique devant la CNESST et celle-ci ne semble pas savoir quoi faire d'un tel problème. Nous avons commencé à mettre de la pression auprès du gouvernement pour que le fonctionnement de ces équipements soit réglementé au Québec et, s'ils sont opérés à partir d'un autre pays, pour que l'opérateur soit assujetti au même règlement.

La technologie qui rend possibles ces opérations à grande distance existe. On a juste à penser aux drones américains qui vont bombarder en Irak ou ailleurs et qui sont commandés à partir de l'Arizona.

Nous avons une sérieuse préoccupation en ce qui concerne la santé et sécurité, en ce qui concerne l'interrelation des ces équipements avec les humains.

L'autre préoccupation, ce sont les emplois. Le rêve des minières c'est de faire fonctionner les mines sans les êtres humains. Elles rêvent de cela parce qu'ainsi elles n'ont pas de salaire à payer, pas de régimes de retraite, etc . En plus, un équipement, cela ne dénonce pas, cela ne revendique pas, cela ne prend pas des congés de maladie. Nous sommes très préoccupés des pertes d'emplois. Les minières disent que c'est vrai, il y aura peut-être moins de mineurs, mais il va y avoir plus de personnes qui vont réparer ces équipements et les opérer. Nous savons très bien cependant, à la lumière de ce qui se passe dans le monde, que la strarégie des sociétés minières c'est de faire appel à des opérateurs qui ne sont même plus des mineurs. Ce sont des personnes qui n'ont jamais mis les pieds dans une mine de leur vie. Elles sont capables d'opérer de la technologie, un peu comme un jeu vidéo. Nous pensons qu'au fil du temps, les personnes qui vont opérer ces équipements seront de plus en plus des personnes qui n'ont aucun lien avec l'industrie minière.

Nous proposons des changements réglementaires pour garantir que ce sont des personnes qualifiées, qui ont une connaissance du travail des mineurs sous terre, qui font fonctionner ces équipements-là. Il y a ce cas à Fermont, où on utilise des foreuses semi-autonomes. L'opérateur travaille à partir du bureau-chef alors que la foreuse est dans le fonds du puits. Cette personne quitte son poste pour aller dîner et laisse la machine en téléopérations. Ce processus est déjà enclenché.

Les syndicats, nous sommes là pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs et pour protéger les emplois.

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Les conducteurs de bétonnières réclament davantage de sécurité pour la population
et pour eux-mêmes


Les conducteurs de bétonnières à l'emploi des cinq sections de Demix Contrete à Montréal
en assemblée générale extraordinaire le 8 octobre 2018 à Laval  (FIM-CSN)

Les 200 conducteurs de bétonnières de cinq sections de la compagnie Demix Béton du Grand Montréal, représentés par cinq syndicats affiliés à la Fédération de l'industrie manufacturière (FIM—CSN), réclament depuis juin des mesures pour corriger des problèmes qui ont été créés suite à l'implantation d'un nouveau système informatique appelé Optimizer visant à établir les circuits de livraison du béton sur les chantiers. La compagnie Demix Béton est une division du Groupe CRH Canada inc., lui-même une division de CRH plc, un monopole mondial de matériaux de construction, basé en Irlande, qui a des installations principalement en Europe et en Amérique du Nord.

Le système Optimizer relie depuis peu chaque conducteur de bétonnière à une centrale de distribution par l'intermédiaire d'une tablette électronique. Optimizer analyse en temps réel les trajets à emprunter et les temps de réponse requis pour la livraison du béton en dictant aux conducteurs différents trajets de livraison. Dans certains cas, des trajets en plein quartier populeux peuvent être suggérés par le système, sans égard aux zones pourtant identifiées « Pas de camions » ni aux restrictions prévues au Code de la sécurité routière.

Le système Optimizer connaît régulièrement des ratés informatiques et tombe en panne, ce qui empêche les travailleurs de poursuivre leurs activités et surtout de communiquer avec le centre de répartition, augmentant leur niveau de stress.

En plus, le système oblige régulièrement ces travailleurs à excéder les 50 heures par semaine, minant d'autant leur vigilance et leurs réflexes de conducteur de poids lourds, en plus de devoir sacrifier une partie de leur vie familiale. Les travailleurs exigent de pouvoir s'arrêter à l'heure du dîner, pour une pause dont ils ont grandement besoin et qui est réglementaire selon la loi, ce que le système Optimizer les empêche pratiquement de faire.

Les conducteurs de bétonnières dénoncent le fait que le système Optimizer a été implanté sans qu'ils aient été consultés, bien qu'il affecte directement leurs conditions de travail, dont leur propre santé et leur sécurité. En assemblée générale au début octobre, les travailleurs ont rejeté à l'unanimité les mesures de correction proposées par la compagnie comme étant entièrement inadéquates. Ils ont mandaté leurs dirigeants syndicaux d'interpeller directement les hauts dirigeants de Toronto pour trouver des solutions à ce problème, des solutions qui doivent tenir compte de leur avis et de leur expérience.

On doit noter que les conducteurs de bétonnières ne sont pas en période de négociation de leur convention collective. Des changements aussi significatifs et dommageables pour eux-mêmes et pour la population leur ont simplement été imposés par la compagnie. C'est inacceptable et les travailleurs n'acceptent pas ces changements unilatéraux.

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Grèves tournantes à Postes Canada

Les travailleurs et travailleuses défient l'intransigeance du gouvernement sur
des questions importantes


Tri-Town (Cobalt, Haileybury, New Liskeard), Ontario

Des milliers de travailleurs et travailleuses des postes à travers le Canada continuent de faire valoir leurs juste demande de conditions de travail à la hauteur de leur travail face à l'intransigeance du gouvernement.

« Après plus de dix mois de négociations, l'intervention de deux médiateurs et deux semaines de grèves tournantes, les vraies couleurs de Postes Canada apparaissent, dit Mike Palecek, président national du Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP). Les grandes prétentions de vouloir travailler avec nous pour parvenir à des accords équitables pour nos travailleurs s'avèrent n'être rien que de la fumée et des miroirs. Il faut le dire : Postes Canada parle beaucoup mais ne fait rien. »

Le STTP a demandé une interdiction nationale des heures supplémentaires pour ses deux principales unités de négociation à Postes Canada. Désormais, quel que soit leur emploi, les travailleurs des postes ne feront plus des journées de plus de huit heures et des semaines de plus de quarante heures. « La surcharge, les heures supplémentaires et le travail surchargé sont tous des problèmes majeurs dans cette ronde de négociations. En attendant que les négociateurs de Postes Canada y répondent, nous pouvons nous en occuper nous-mêmes », a déclaré Mike Palecek.

Les membres du STTP n'ont toujours pas conclu d'ententes concernant les unités de négociation des exploitations postales urbaines et des factrices et facteurs ruraux et suburbains (FFRS) après presque un an de négociations.

Le 7 novembre, le syndicat a également annoncé que la ministre du Travail, Patty Hajdu, avait prolongé la nomination de Morton Mitchnick en tant que médiateur, pour une période de quatre jours.


Saint-Jean, Terre-Neuve


Saint-Jean, Terre-neuve; Channel-Port-aux-Baques, Terre-Neuve


Gander, Terre-Neuve


Chateau Richer, Québec


Gananoque, Ontario

Welland, Ontario


St. Catharines, Ontario


Rassemblement de solidarité devant l'hôtel de ville de London, Ontario


Timmins, Ontario


Sault Ste. Marie, Ontario


North Bay, Ontario


Thunder Bay, Ontario


Edmonton, Alberta, piquet de solidarité


Nisku, Alberta, piquet FFRS


Calgary, Alberta

(Sources: STTP. Photos: STTP)

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