11 octobre 2018
Augmenter les
investissements en santé et maintenir le système public:
une demande persistante
Grand rassemblement en Ontario
pour rebâtir et améliorer le
système de santé public
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Augmenter
les
investissements
en santé et maintenir le
système public: une demande persistante
Ontario
• Grand rassemblement pour rebâtir et
améliorer le système de santé public
Québec
• Les travailleurs de la santé luttent pour
des revendications immédiates et à long terme contre le
saccage du secteur -
Entrevue avec Jeff Begley, président de la
Fédération de la santé et des services sociaux
• Les professionnelles de la santé
dénoncent les
coupures et la détérioration des conditions de travail
• Pénurie d'infirmières
causée par l'ordre du jour néolibéral
Oui à la base
manufacturière! Non à la destruction nationale!
• Suspension des pourparlers entre les
travailleurs d'ABI et le cartel
Alcoa-Rio Tinto
Augmenter les
investissements en santé et maintenir le système public:
une demande persistante
Ontario
Grand rassemblement pour rebâtir et
améliorer le système de santé public
Mardi le 23 octobre, un rassemblement de masse aura
lieu à Queen's Park, à Toronto, pour avertir le
gouvernement de Doug Ford que le système de
santé public de l'Ontario doit être rebâti et
amélioré, et pour dire non !
aux compressions et
à la privatisation. Le rassemblement est parrainé par la
Coalition
ontarienne de la santé et par plusieurs syndicats, dont le
Conseil des syndicats d'hôpitaux
de l'Ontario/SCFP et le Syndicat des employés de la fonction
publique de l'Ontario.
Dans son communiqué de presse du 21
septembre, la Coalition ontarienne de la santé
écrit : « La Coalition note que l'Ontario a
déjà coupé et réduit ses hôpitaux
publics depuis des décennies. En fait, aucune autre province du
Canada et pratiquement aucun autre pays développé n'a
effectué tant de compressions que cette province.
L'Ontario a déjà le plus faible financement pour les
hôpitaux publics au pays. Il reste moins de lits dans les
hôpitaux que dans toute autre province et l'Ontario enregistre le
plus faible niveau de soins infirmiers par patient, avec des taux
d'occupation (surpeuplement) dans les hôpitaux qui n'ont pas
d'équivalent ailleurs au Canada et en Europe. Ici,
les patients sont renvoyés des hôpitaux plus rapidement
que dans les autres provinces et, par conséquent, l'Ontario
affiche le taux de réadmission à l'hôpital le plus
élevé au pays : un patient sur dix finit par revenir
à l'hôpital. Le surpeuplement a atteint le seuil de crise
et la violence dans les hôpitaux s'est
accrue : 30 000
personnes attendent d'être placées dans un
établissement de soins de longue durée et les niveaux de
soins sont devenus si bas qu'ils ne répondent pas aux besoins.
La coalition demande au gouvernement de reconstruire et de
rétablir les services, pas d'effectuer des compressions et de
privatiser. »
Les organisateurs du rassemblement estiment qu'il faut
s'attendre à ce que le nouveau gouvernement de l'Ontario
démantèle encore davantage les services de santé
et les services publics au moyen de compressions massives et de
privatisation. Ils soulignent notamment son engagement à
réduire de 6 milliards de dollars les dépenses de la
fonction publique sur quatre ans grâce à des « gains
d'efficacité », à équilibrer le budget
de l'Ontario dès son premier mandat et à offrir des
réductions d'impôt massives, principalement à ceux
qui ont les plus hauts revenus et aux entreprises, sous prétexte
de « protéger les contribuables » et que
« l'Ontario est ouverte aux
affaires »,
C'est pourquoi les demandes du rassemblement sont de
rebâtir et d'améliorer le système de santé
publique.
Les demandes sont :
- Le financement des
hôpitaux doit être fixé à un taux qui
protégera les niveaux de service et mettra fin aux compressions.
Cela signifie une augmentation du financement de 5,3 % par an
pour les quatre prochaines années.
- Un plan de capacité
doit être élaboré pour répondre aux besoins
de la population en matière de soins.
- Les salles et les ailes
fermées des hôpitaux doivent être rouvertes, les
salles d'opération fermées doivent être
financées et les services supprimés doivent être
rétablis.
- Les services ambulatoires
fermés et privatisés doivent être rouverts et
rétablis dans nos hôpitaux publics locaux pour
répondre aux besoins de la population, y compris, mais sans s'y
limiter, la physiothérapie ambulatoire, les laboratoires, les
cliniques de jour et autres.
- Les patients doivent
être protégés de la surfacturation et des frais
d'utilisation dans les cliniques privées. Les lois canadiennes
et ontariennes sur l'assurance-maladie doivent être
protégées, renforcées et respectées.
- Un moratoire
immédiat doit être déclaré pour cesser les
fermetures d'hôpitaux locaux, la consolidation des services
locaux et les méga-fusions de nos hôpitaux publics locaux.
- Les nouveaux
hôpitaux doivent être financés par des emprunts
publics plutôt que par une privatisation extrêmement
coûteuse en PPP, avec une gestion saine et une supervision
publique. Les économies substantielles ainsi
générées peuvent être utilisées pour
rétablir la capacité publique et améliorer
l'accès aux soins.
- Nos hôpitaux publics
et nos services de santé doivent être gouvernés
démocratiquement dans l'intérêt public par un
conseil d'administration reflétant la diversité de nos
communautés.
- Les services doivent
être transparents, redevables et adaptés aux patients et
aux communautés. La législation doit être
modifiée pour permettre un accès complet aux informations
sur la qualité des soins dans les hôpitaux publics. Les
employés doivent être protégés lorsqu'ils
défendent des enjeux liés à la qualité et
l'accès dans l'intérêt
général.
- Des mesures
concrètes doivent être prises pour réduire le
financement public d'activités qui n'apportent aucune valeur
ajoutée et n'améliorent pas les soins.
- Réduire les
salaires exorbitants des cadres et le recours aux entreprises de
relations publiques, à la publicité inutile et aux
consultants.
- Cesser les pratiques de
facturation factice et de procédures basées sur les prix
dans les soins cliniques hospitaliers.
La Coalition écrit :
« Le meilleur moyen de protéger les soins
de santé publics est de faire pression pour obtenir ce qui selon
nous est nécessaire et de faire en sorte que ce gouvernement
craigne de faire des compressions et de privatiser les soins de
santé. Nous devons définir l'ordre du jour
nous-mêmes et forcer le
gouvernement à nous rendre des comptes.
« Joignez-vous à nous. Une
démonstration de force est d'une importance vitale à ce
stade. Nous savons que les Ontariens sont avec nous. Personne ne veut
d'autres compressions. La grande majorité des Ontariens s'oppose
à la privatisation des soins de santé. Nous devons nous
mobiliser pour que la demande du public d'améliorer nos soins de
santé publics soit sur toutes les lèvres . Nous devons
inciter les gens à prendre position et à rendre les
compressions et la privatisation impossibles à réaliser.
Nous pouvons le faire. Nous l'avons déjà fait. Mais nous
avons besoin de votre aide. »
Des autobus sont organisés dans les
communautés locales à l'échelle de l'Ontario afin
que les gens puissent participer à l'action. Pour
compléter le formulaire pour le transport par autobus, cliquer
ici.
Québec
Les travailleurs de la santé luttent pour des
revendications immédiates et à long terme
contre le saccage du secteur
- Entrevue avec Jeff Begley,
président de la Fédération de la santé
et des services sociaux (CSN) -
Dans un
communiqué de presse du 4 octobre, la FSSS-CSN demande un
investissement d'urgence de 50 millions de dollars du nouveau
gouvernement du Québec pour éviter ce qu'elle appelle une
rupture dans le réseau de la santé et des services
sociaux..
Forum ouvrier s'est
entretenu récemment avec le président de la
fédération, Jeff Begley, sur les revendications des
travailleurs et des travailleuses de la santé.
***
Forum ouvrier :
Peux-tu nous en
dire plus sur l'évaluation de la fédération que le
système de santé au Québec en est à un
point de rupture ?
Jeff Begley : Il y a plusieurs
éléments qui démontrent que la rupture s'est en
fait produite. On en a l'exemple avec la crise importante qui existe
dans la capacité de retenir et embaucher du personnel. Le
ministère est bien au courant du problème du mouvement de
la main-d'oeuvre dans le réseau. Il y a du monde au
ministère qui a examiné la situation et a constaté
qu'on est devant une crise. À cela s'ajoute le fait
qu'étant donné la pénurie de main d'oeuvre, les
personnes qui restent sont davantage stressées et se retrouvent
dans des situations où il faut donner toujours plus.
Depuis 4 ans, il y a une augmentation de 25 % du nombre
de
personnes qui se retrouvent sur l'assurance-salaire de courte
durée, qui peut aller jusqu'à deux ans. En même
temps, il se fait très peu d'embauche dans le réseau de
la santé parce que les conditions sont devenues
extrêmement
mauvaises . Les gens se disent pourquoi ils iraient travailler dans le
secteur public qui a l'air d'un endroit chaotique. Nous ne
sommes plus capables de retenir notre monde. En moyenne, les nouveaux
et les nouvelles qui sont embauchés restent un maximum de trois
ans. Ce n'était pas comme ça auparavant. Des
préposés avec 20-25 ans d'expérience
c'était monnaie courante dans le passé. Il y en a encore,
des anciens par exemple qui doivent se rendre jusqu'à la
retraite et restent. S'ils avaient d'autres choix, il y en a plusieurs
qui quitteraient. Mais les jeunes qui commencent et qui disent
après une courte période de temps que ça suffit,
et cherchent d'autre chose, il y en a de plus en plus.
La pénurie de main d'oeuvre dans le
réseau de la santé est très réelle et elle
n'affecte pas seulement les infirmières et les
préposés. Elle affecte aussi les gens qui travaillent
dans les postes administratifs, les postes professionnels, et aussi
dans les postes d'entretien et d'ouvriers spécialisés.
C'est clair qu'il y a un lien direct entre cette pénurie et
la détérioration des conditions. Il ne faut pas oublier
aussi que lorsqu'il y a pénurie de gens qui assurent la
salubrité des établissements, il y a récurrence de
maladies infectieuses, un risque accru que les travailleurs et les
patients soient sujets à ces maladies.
FO : Quel
travail la FSSS
fait-elle pour changer cette situation ?
JB : Nous nous sommes dit qu'en
même temps qu'il faut des solutions permanentes pour
réparer les dégâts des 4 ans de règne
du parti libéral et de la réforme Barrette, il faut des
mesures immédiates pour assurer la rétention du personnel
qui est sur place. C'est pourquoi nous demandons un investissement
immédiat de 50 millions $ en attendant les prochaines
négociations et des solutions permanentes. La prochaine ronde de
négociations est en 2020 et si on attend avant d'agir, la
situation va continuer de s'aggraver et on va détruire le
réseau de la santé publique.
Il faut que nos gens qui sont sur place
reçoivent le message qu'on va traiter du problème de fond
tout en garantissant des mesures immédiates pour retenir le
monde qui est déjà sur place pour qu'on cesse de reculer.
Par exemple, il faut injecter de l'argent immédiatement pour
remplacer les gens qui sont sur l'assurance-salaire, et arrêter
de les
harceler pour qu'ils reviennent au travail avant qu'ils soient
guéris. Il faut que, lorsqu'ils reviennent, ils soient capables
de rester. Comme il y a en ce moment une augmentation importante du
nombre de personnes sur l'assurance-salaire, on les harcèle pour
qu'ils reviennent au travail et alors ils redeviennent malades quelques
mois plus tard. Les
solutions peuvent varier en ce qui concerne la rétention selon
les secteurs. Les préposés, les gens assignés au
maintien à domicile, les ouvriers de l'entretien ne vivent pas
exactement les mêmes conditions. Nous sommes prêts à
nous asseoir demain matin pour examiner l'application de mesures
d'urgence tout en sachant que ce n'est pas une solution
permanente.
En ce qui concerne les solutions permanentes, nous
sommes en période de préparation de consultations avec
nos membres. Nous croyons fermement que nos membres sont capables
d'identifier les solutions, et nous allons faire une vaste consultation
de tous nos membres. Les gens qui travaillent et font fonctionner le
système à bout de bras ont
des solutions aux problèmes du secteur et vont participer
à les identifier pour que cela se reflète à la
table de négociation. Il y a entre autres la santé et
sécurité et notre revendication est que le secteur de la
santé et des services sociaux devienne un secteur prioritaire
dans la Loi sur la santé et la sécurité du
travail. À l'heure actuelle, le
secteur de la santé et des services sociaux n'est pas
considéré comme un secteur prioritaire. Pourtant nous
avons un des pires dossiers en fait de santé et
sécurité du personnel. C'est nécessaire qu'il y
ait de la prévention qui se fasse dans le secteur au lieu
d'attendre que les gens tombent malades. Il n'y a aucune
prévention qui se fait à l'heure
actuelle. Si nous étions considérés comme un
secteur prioritaire, nous aurions des représentants en
prévention et des comités conjoints de santé et
sécurité. .
Nous avons un volet immédiat et un volet de
préparation des négociations en vue de solutions
permanentes.
(Chantier politique)
Québec
Les professionnelles de la santé
dénoncent les coupures et la
détérioration des conditions de travail
Le 9 octobre, les infirmières,
infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de
l'Outaouais et leurs alliés, ont
fait une marche symbolique pour dire haut
et fort que pour retenir le personnel, l'employeur doit
améliorer les conditions de travail, en commençant par
l'abolition du temps
supplémentaire obligatoire en vertu duquel les
infirmières
doivent parfois travailler 12 heures et même plus sans
pause. La marche, organisée par le
Syndicat des professionnelles en soins de l'Outaouais (SPSO), s'est
mise en branle symboliquement à l'hôpital La Pieta
à Hull
et a ensuite
traversé le pont Alexandra pour se rendre à Ottawa, pour
souligner l'exode des
infirmières de la province qui pourrait se produire si leurs
conditions de
travail ne cessent de s'aggraver. Tout
au long de la marche, les professionnelles en soins ont scandé
des slogans pour dénoncer différents aspects de leurs
conditions de travail éreintantes que leur employeur, le Centre
intégré de santé et des services sociaux de
l'Outaouais (CISSSO), veut aggraver encore davantage. Parmi les
demandes de concessions faites par le CISSSO pendant la
ronde actuelle de négociations locales pour le renouvellement de
la convention collective, on compte le temps supplémentaire
obligatoire, l'abolition d'une fin de semaine de congé sur deux
pour forcer les professionnelles en soins à être
disponibles toutes les fins de semaine, et la
possibilité de modifier l'horaire de travail à moins
de 48 heures, sans préavis. Il y a aussi la demande que les
infirmières se déplacent sur plusieurs
kilomètres de distance pour aller travailler dans des endroits
différents selon le bon vouloir de l'employeur.
Pénurie d'infirmières causée
par
l'ordre du jour néolibéral
Manifestation des professionnelles de la santé à
Lévis le 1er décembre 2017
Dans une rubrique d'opinion parue dans Le Devoir
du 1er octobre et intitulée « Manque
d'infirmières : pénurie réelle ou
structurelle ? », Mia Laberge, conseillère
syndicale de la Fédération interprofessionnelle de la
santé du Québec (FIQ), critique les employeurs du
réseau de la santé qui invoquent
l'argument de la pénurie d'infirmières pour bloquer la
mise en oeuvre de ratios de professionnelles en soins/patient-es. Ces
ratios, rappelle-t-elle, sont un remède essentiel à
l'épuisement collectif des infirmières.
Elle écrit : « La pénurie de
main-d' oeuvre a le dos large. Les employeurs ne peuvent plus se cacher
derrière cette chimère. Il en va du bien-être de
milliers de travailleuses du Québec et de la qualité des
soins à d'autant plus de patients. »
L'auteure cite des statistiques qui démontrent
que, du 1er avril 2016 au 31 mars 2017, les
infirmières ont été plus nombreuses à
joindre la profession qu'à la quitter, et que les départs
à la retraite ont été pratiquement à la
même hauteur que lors de l'année précédente.
Alors que depuis une quinzaine d'années, écrit-elle,
les infirmières connaissent une situation de plein emploi,
soit 95 %, le taux d'emploi à temps complet diminue.
Il a diminué d'un point de pourcentage depuis le rapport
statistique de 2015-2016, dans la majorité des
régions du Québec. En 2016-2017, 58,4 %
des effectifs infirmiers travaillaient à temps
complet, 33,3 % à temps partiel et 8,3 % sur
une base occasionnelle. Alors que la main-d'oeuvre infirmière
grandit rapidement, surtout depuis 2012-2013, le problème
réside dans la planification de la main-d'oeuvre, laquelle est
marquée idéologiquement par la gestion
néolibérale du secteur de la santé.
Ainsi, écrit-elle, en dépit des besoins
réels et d'un contexte de plein emploi qui favorise
l'augmentation du nombre de postes à temps complet, les
infirmières sont toujours confinées à la
précarité. Elle qualifie la pénurie de
main-d'oeuvre infirmière de structurelle, portée par des
politiques néolibérales, parce que les postes à
temps partiel
prolifèrent au détriment des postes à temps
complet. Tandis que la précarité d'emploi sévit
chez les infirmières, il y a un recours constant aux heures
supplémentaires, aux heures supplémentaires obligatoires
et à la main-d'oeuvre indépendante qui provient des
entreprises privées de placement. Le déficit de postes
à temps complet, écrit-elle, entraîne
inévitablement un manque de personnel et une surcharge des
professionnelles en soins. Il en résulte de sérieuses
conséquences pour tout le réseau, pour les patients et
surtout pour les conditions de travail de milliers de professionnels en
soins, dont la majorité sont des femmes.
Elle ajoute : « La gestion
néolibérale du réseau de la santé s'immisce
ainsi de plus en plus ouvertement dans les soins. Les
infirmières subissent une violence organisationnelle
constante ; ce sont elles qui pallient sans cesse les
échecs des gestionnaires, la gourmandise des médecins,
les réformes Toyota, les programmes Lean, le
manque de volonté politique, le sous-financement du
système public de la santé. On leur demande toujours plus
de flexibilité, de mobilité à travers des
territoires immenses se déployant de Saint-Eustache à
Notre-Dame-du-Laus, de conciliation, utilisant leur vocation contre
elles. »
L'auteure conclut en disant que des ratios
adéquats de professionnelles en soins/patient-es sont un
remède essentiel et urgent à l'épuisement
collectif des infirmières et doivent être mis en oeuvre
immédiatement.
Oui à la base
manufacturière! Non à la destruction nationale!
Suspension des pourparlers entre les travailleurs d'ABI
et le cartel Alcoa-Rio Tinto
Les membres de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos
en assemblée générale
le 9 octobre 2018
La section locale 9700 du Syndicat des
Métallos, qui représente les 1030 travailleurs de
l'aluminerie ABI de Bécancour au Québec en lockout depuis
le 11 janvier, a confirmé l'annonce faite par le
médiateur que les négociations avec ABI sont suspendues.
Dans un communiqué de presse émis le 5 octobre
dernier, la
section locale 9700 confirme que l'écart est trop important
entre les travailleurs et le cartel Alcoa-Rio Tinto, qui est le
propriétaire de l'aluminerie, pour que des négociations
puissent se tenir en vue d'une convention collective acceptable pour
les travailleurs.
Depuis la rencontre de dirigeants des Métallos
avec la haute direction d'Alcoa à Pittsburgh le 6 septembre
dernier, des rencontres en comité restreint formé de
représentants mandatés par les deux parties ont eu lieu
pour évaluer si les négociations pouvaient reprendre. Les
rencontres n'ont abouti à rien à cause du refus de la
compagnie de
reconsidérer ses demandes de concessions.
Le 9 octobre, lors d'une assemblée
générale qui a réuni environ 700
travailleurs, le syndicat a fait une mise à jour de la situation
à ses membres. En point de presse, le matin du 10 octobre,
le syndicat a annoncé que la direction d'ABI a
présenté de nouvelles demandes de concessions sur le
régime de retraite, le régime
d'assurance-maladie court terme et les libérations syndicales.
« C'est une offre encore pire que celle de
décembre dernier », a dit le président de la
section locale Clément Masse à Forum ouvrier .
« Au lieu de nous rapprocher d'un règlement, nous nous en
éloignons. Les travailleurs comprennent qu'il ne peut pas y
avoir de négociations si une des deux parties ne veut pas
négocier. Les
travailleurs veulent que cela se règle et rentrer au travail,
mais pas à reculons. Nous nous tenons debout. Nous sommes
déterminés à rentrer avec une entente
négociée qui est acceptable pour nous. »
Le syndicat soutient toujours que le conflit porte sur
le respect de l'ancienneté dans l'affichage des postes et les
mouvements de main-d'oeuvre au sein de l'usine, et sur le financement
du régime de retraite. Les propriétaires avaient
présenté une offre à cet effet en décembre
dernier que les travailleurs avaient rejetée tout en disant que
l'offre de
l'employeur pourrait servir de base à la poursuite des
négociations et à une entente. L'entreprise a
ignoré cette approche positive et a mis en lockout les
travailleurs tout en demandant encore plus de concessions.
Les travailleurs et leur syndicat n'acceptent pas que
d'autres questions soient maintenant mises sur la table par les
propriétaires. C'est ce que l'entreprise a fait en mars en
annonçant qu'elle exigeait maintenant une restructuration
complète de ses activités au nom de la flexibilité
et de la compétitivité. Dans ce contexte, elle a
exigé la suppression
de 20 % des postes syndiqués de l'usine et leur
remplacement, si elle choisissait de les remplacer, par des postes non
syndiqués à des conditions inférieures à
celles des travailleurs syndiqués actuels.
Le syndicat y voit une attaque contre les conditions de
vie et de travail des travailleurs de l'usine et, par extension, contre
la communauté et la région. Les concessions
exigées
et le lockout brutal visent à réduire la capacité
des travailleurs organisés dans leur syndicat à mener des
luttes effectives à la défense de leurs droits et de
l'économie
régionale, aujourd'hui et dans l'avenir.
Le mur à l'extérieur de l'usine ABI sur lequel sont
remerciés tous ceux qui ont appuyé financièrement
les
Métallos de la section 9700 dès le début du
lockout et qui continuent
de le faire
Les travailleurs n'acceptent pas cet état de
fait et continuent de demander l'intervention du gouvernement compte
tenu du fait que la compagnie refuse de négocier de bonne foi
comme elle est censée le faire selon les arrangements en
vigueur. Les travailleurs veulent que le nouveau gouvernement de la
CAQ, qui est arrivé au
pouvoir lors des élections du 1er octobre, fasse pression
sur la compagnie pour qu'elle mette fin à ses activités
provocatrices et à son insistance à dicter, et pour
qu'elle négocie sérieusement avec les travailleurs.
Force majeure
Les travailleurs d'ABI au rassemblement à l'occasion du «
débat des chefs » pendant l'élection
générale au Québec, le 13 septembre 2018.
Le syndicat demande également la fin des clauses
de « force majeure » dans l'entente sur
l'hydroélectricité entre les propriétaires, le
gouvernement et Hydro-Québec. Selon l'interprétation
unilatérale de ces clauses, le lockout autorisé et
contrôlé par l'entreprise est un cas de « force
majeure » qui libère Alcoa-Rio Tinto de son
obligation de payer le bloc d'énergie qui lui est
réservé à des tarifs préférentiels.
Les Québécois, par l'intermédiaire
d'Hydro-Québec, ont perdu près de 160 millions de
dollars à ce jour à cause de cette entente et de cette
interprétation frauduleuse et opportuniste de ce qu'est une
« force majeure ».
Selon une définition raisonnable et non
biaisée, un cas de « force majeure » est
dû à un événement ou à un effet que
les parties à un contrat n'auraient pu anticiper ou
contrôler. Le lockout de ses travailleurs par Alcoa-Rio Tinto est
sous le contrôle de l'entreprise et le recours à la clause
ne peut qu'avoir été planifié à l'avance
dans un
but très spécifique : permettre à
l'entreprise d'affronter le lockout avec moins de dommages
pécuniaires et d'exercer une pression maximale sur les
travailleurs pour qu'ils fassent des concessions.
Le lockout ne constitue pas un « acte de
Dieu », ni un événement incontrôlable
qui n'est la faute d'aucune partie à l'accord. Le lockout a
été entièrement fomenté par l'entreprise
pour servir ses intérêts privés étroits en
opposition aux intérêts des travailleurs et de leur
communauté. Le gouvernement et Hydro-Québec ne devraient
pas
souscrire à la définition à sens unique de
l'entreprise, qui favorise nettement l'entreprise dans sa lutte pour
imposer des concessions à ses travailleurs, à la
communauté régionale et au Québec en
général, afin qu'elle puisse retirer du Québec une
partie encore plus grande de la valeur que produisent les travailleurs.
Le diktat antisocial de l'entreprise pour des
concessions, ainsi que son refus de négocier et la « force
majeure » visent également à affaiblir la
résistance organisée à long terme des
travailleurs. Ils constituent une activité de destruction contre
le Québec et une atteinte à la dignité des
travailleurs et ne peuvent ni ne doivent être
tolérés par
aucune institution, ni par le peuple ni par le gouvernement du
Québec.
Pendant ce temps, les travailleurs du Québec et
d'ailleurs au Canada intensifient leur appui aux travailleurs en
lockout d'ABI, y compris leur appui financier. Le 5 octobre, les
travailleurs de la section locale 8897 du Syndicat des
Métallos représentant les travailleurs d'ArcelorMittal
à Longueuil, ont annoncé qu'ils doublaient l'aide
financière aux travailleurs d'ABI qu'ils offrent à chaque
semaine et ils appellent les autres sections locales des
Métallos à faire de même.
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Email: forumouvrier@cpcml.ca
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