Forum ouvrier

11 octobre 2018

Augmenter les investissements en santé et maintenir le système public: une demande persistante

Grand rassemblement en Ontario
pour rebâtir et améliorer le
système de santé public

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Calendrier des événements

Augmenter les investissements en santé et maintenir le système public: une demande persistante

Ontario

Grand rassemblement pour rebâtir et améliorer le système de santé public

Québec
Les travailleurs de la santé luttent pour des revendications immédiates et à long terme contre le saccage du secteur  - Entrevue avec Jeff Begley, président de la Fédération de la santé et des services sociaux
Les professionnelles de la santé dénoncent les coupures et la détérioration des conditions de travail
Pénurie d'infirmières causée par l'ordre du jour néolibéral

Oui à la base manufacturière! Non à la destruction nationale!
Suspension des pourparlers entre les travailleurs d'ABI et le cartel
Alcoa-Rio Tinto



Augmenter les investissements en santé et maintenir le système public:
une demande persistante

Ontario

Grand rassemblement pour rebâtir et
améliorer le système de santé public

Mardi le 23 octobre, un rassemblement de masse aura lieu à Queen's Park, à Toronto, pour avertir le gouvernement de Doug Ford que le système de santé public de l'Ontario doit être rebâti et amélioré, et pour dire non ! aux compressions et à la privatisation. Le rassemblement est parrainé par la Coalition ontarienne de la santé et par plusieurs syndicats, dont le Conseil des syndicats d'hôpitaux de l'Ontario/SCFP et le Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario.

Dans son communiqué de presse du 21 septembre, la Coalition ontarienne de la santé écrit : « La Coalition note que l'Ontario a déjà coupé et réduit ses hôpitaux publics depuis des décennies. En fait, aucune autre province du Canada et pratiquement aucun autre pays développé n'a effectué tant de compressions que cette province. L'Ontario a déjà le plus faible financement pour les hôpitaux publics au pays. Il reste moins de lits dans les hôpitaux que dans toute autre province et l'Ontario enregistre le plus faible niveau de soins infirmiers par patient, avec des taux d'occupation (surpeuplement) dans les hôpitaux qui n'ont pas d'équivalent ailleurs au Canada et en Europe. Ici, les patients sont renvoyés des hôpitaux plus rapidement que dans les autres provinces et, par conséquent, l'Ontario affiche le taux de réadmission à l'hôpital le plus élevé au pays : un patient sur dix finit par revenir à l'hôpital. Le surpeuplement a atteint le seuil de crise et la violence dans les hôpitaux s'est accrue : 30 000 personnes attendent d'être placées dans un établissement de soins de longue durée et les niveaux de soins sont devenus si bas qu'ils ne répondent pas aux besoins. La coalition demande au gouvernement de reconstruire et de rétablir les services, pas d'effectuer des compressions et de privatiser. »

Les organisateurs du rassemblement estiment qu'il faut s'attendre à ce que le nouveau gouvernement de l'Ontario démantèle encore davantage les services de santé et les services publics au moyen de compressions massives et de privatisation. Ils soulignent notamment son engagement à réduire de 6 milliards de dollars les dépenses de la fonction publique sur quatre ans grâce à des « gains d'efficacité », à équilibrer le budget de l'Ontario dès son premier mandat et à offrir des réductions d'impôt massives, principalement à ceux qui ont les plus hauts revenus et aux entreprises, sous prétexte de « protéger les contribuables » et que « l'Ontario est ouverte aux affaires »,

C'est pourquoi les demandes du rassemblement sont de rebâtir et d'améliorer le système de santé publique.

Les demandes sont :

- Le financement des hôpitaux doit être fixé à un taux qui protégera les niveaux de service et mettra fin aux compressions. Cela signifie une augmentation du financement de 5,3 % par an pour les quatre prochaines années.

- Un plan de capacité doit être élaboré pour répondre aux besoins de la population en matière de soins.

- Les salles et les ailes fermées des hôpitaux doivent être rouvertes, les salles d'opération fermées doivent être financées et les services supprimés doivent être rétablis.

- Les services ambulatoires fermés et privatisés doivent être rouverts et rétablis dans nos hôpitaux publics locaux pour répondre aux besoins de la population, y compris, mais sans s'y limiter, la physiothérapie ambulatoire, les laboratoires, les cliniques de jour et autres.

- Les patients doivent être protégés de la surfacturation et des frais d'utilisation dans les cliniques privées. Les lois canadiennes et ontariennes sur l'assurance-maladie doivent être protégées, renforcées et respectées.

- Un moratoire immédiat doit être déclaré pour cesser les fermetures d'hôpitaux locaux, la consolidation des services locaux et les méga-fusions de nos hôpitaux publics locaux.

- Les nouveaux hôpitaux doivent être financés par des emprunts publics plutôt que par une privatisation extrêmement coûteuse en PPP, avec une gestion saine et une supervision publique. Les économies substantielles ainsi générées peuvent être utilisées pour rétablir la capacité publique et améliorer l'accès aux soins.

- Nos hôpitaux publics et nos services de santé doivent être gouvernés démocratiquement dans l'intérêt public par un conseil d'administration reflétant la diversité de nos communautés.

- Les services doivent être transparents, redevables et adaptés aux patients et aux communautés. La législation doit être modifiée pour permettre un accès complet aux informations sur la qualité des soins dans les hôpitaux publics. Les employés doivent être protégés lorsqu'ils défendent des enjeux liés à la qualité et l'accès dans l'intérêt général.

- Des mesures concrètes doivent être prises pour réduire le financement public d'activités qui n'apportent aucune valeur ajoutée et n'améliorent pas les soins.

- Réduire les salaires exorbitants des cadres et le recours aux entreprises de relations publiques, à la publicité inutile et aux consultants.

- Cesser les pratiques de facturation factice et de procédures basées sur les prix dans les soins cliniques hospitaliers.

La Coalition écrit :

« Le meilleur moyen de protéger les soins de santé publics est de faire pression pour obtenir ce qui selon nous est nécessaire et de faire en sorte que ce gouvernement craigne de faire des compressions et de privatiser les soins de santé. Nous devons définir l'ordre du jour nous-mêmes et forcer le gouvernement à nous rendre des comptes.

« Joignez-vous à nous. Une démonstration de force est d'une importance vitale à ce stade. Nous savons que les Ontariens sont avec nous. Personne ne veut d'autres compressions. La grande majorité des Ontariens s'oppose à la privatisation des soins de santé. Nous devons nous mobiliser pour que la demande du public d'améliorer nos soins de santé publics soit sur toutes les lèvres . Nous devons inciter les gens à prendre position et à rendre les compressions et la privatisation impossibles à réaliser. Nous pouvons le faire. Nous l'avons déjà fait. Mais nous avons besoin de votre aide. »

Des autobus sont organisés dans les communautés locales à l'échelle de l'Ontario afin que les gens puissent participer à l'action. Pour compléter le formulaire pour le transport par autobus, cliquer ici.

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Québec

Les travailleurs de la santé luttent pour des revendications immédiates et à long terme
contre le saccage du secteur 

Dans un communiqué de presse du 4 octobre, la FSSS-CSN demande un investissement d'urgence de 50 millions de dollars du nouveau gouvernement du Québec pour éviter ce qu'elle appelle une rupture dans le réseau de la santé et des services sociaux..

Forum ouvrier s'est entretenu récemment avec le président de la fédération, Jeff Begley, sur les revendications des travailleurs et des travailleuses de la santé.

***

Forum ouvrier : Peux-tu nous en dire plus sur l'évaluation de la fédération que le système de santé au Québec en est à un point de rupture ?

Jeff Begley : Il y a plusieurs éléments qui démontrent que la rupture s'est en fait produite. On en a l'exemple avec la crise importante qui existe dans la capacité de retenir et embaucher du personnel. Le ministère est bien au courant du problème du mouvement de la main-d'oeuvre dans le réseau. Il y a du monde au ministère qui a examiné la situation et a constaté qu'on est devant une crise. À cela s'ajoute le fait qu'étant donné la pénurie de main d'oeuvre, les personnes qui restent sont davantage stressées et se retrouvent dans des situations où il faut donner toujours plus. Depuis 4 ans, il y a une augmentation de 25 % du nombre de personnes qui se retrouvent sur l'assurance-salaire de courte durée, qui peut aller jusqu'à deux ans. En même temps, il se fait très peu d'embauche dans le réseau de la santé parce que les conditions sont devenues extrêmement mauvaises . Les gens se disent pourquoi ils iraient travailler dans le secteur public qui a l'air d'un endroit chaotique. Nous ne sommes plus capables de retenir notre monde. En moyenne, les nouveaux et les nouvelles qui sont embauchés restent un maximum de trois ans. Ce n'était pas comme ça auparavant. Des préposés avec 20-25 ans d'expérience c'était monnaie courante dans le passé. Il y en a encore, des anciens par exemple qui doivent se rendre jusqu'à la retraite et restent. S'ils avaient d'autres choix, il y en a plusieurs qui quitteraient. Mais les jeunes qui commencent et qui disent après une courte période de temps que ça suffit, et cherchent d'autre chose, il y en a de plus en plus.

La pénurie de main d'oeuvre dans le réseau de la santé est très réelle et elle n'affecte pas seulement les infirmières et les préposés. Elle affecte aussi les gens qui travaillent dans les postes administratifs, les postes professionnels, et aussi dans les postes d'entretien et d'ouvriers spécialisés. C'est clair qu'il y a un lien direct entre cette pénurie et la détérioration des conditions. Il ne faut pas oublier aussi que lorsqu'il y a pénurie de gens qui assurent la salubrité des établissements, il y a récurrence de maladies infectieuses, un risque accru que les travailleurs et les patients soient sujets à ces maladies.

FO : Quel travail la FSSS fait-elle pour changer cette situation ?

JB : Nous nous sommes dit qu'en même temps qu'il faut des solutions permanentes pour réparer les dégâts des 4 ans de règne du parti libéral et de la réforme Barrette, il faut des mesures immédiates pour assurer la rétention du personnel qui est sur place. C'est pourquoi nous demandons un investissement immédiat de 50 millions $ en attendant les prochaines négociations et des solutions permanentes. La prochaine ronde de négociations est en 2020 et si on attend avant d'agir, la situation va continuer de s'aggraver et on va détruire le réseau de la santé publique.

Il faut que nos gens qui sont sur place reçoivent le message qu'on va traiter du problème de fond tout en garantissant des mesures immédiates pour retenir le monde qui est déjà sur place pour qu'on cesse de reculer. Par exemple, il faut injecter de l'argent immédiatement pour remplacer les gens qui sont sur l'assurance-salaire, et arrêter de les harceler pour qu'ils reviennent au travail avant qu'ils soient guéris. Il faut que, lorsqu'ils reviennent, ils soient capables de rester. Comme il y a en ce moment une augmentation importante du nombre de personnes sur l'assurance-salaire, on les harcèle pour qu'ils reviennent au travail et alors ils redeviennent malades quelques mois plus tard. Les solutions peuvent varier en ce qui concerne la rétention selon les secteurs. Les préposés, les gens assignés au maintien à domicile, les ouvriers de l'entretien ne vivent pas exactement les mêmes conditions. Nous sommes prêts à nous asseoir demain matin pour examiner l'application de mesures d'urgence tout en sachant que ce n'est pas une solution permanente.

En ce qui concerne les solutions permanentes, nous sommes en période de préparation de consultations avec nos membres. Nous croyons fermement que nos membres sont capables d'identifier les solutions, et nous allons faire une vaste consultation de tous nos membres. Les gens qui travaillent et font fonctionner le système à bout de bras ont des solutions aux problèmes du secteur et vont participer à les identifier pour que cela se reflète à la table de négociation. Il y a entre autres la santé et sécurité et notre revendication est que le secteur de la santé et des services sociaux devienne un secteur prioritaire dans la Loi sur la santé et la sécurité du travail. À l'heure actuelle, le secteur de la santé et des services sociaux n'est pas considéré comme un secteur prioritaire. Pourtant nous avons un des pires dossiers en fait de santé et sécurité du personnel. C'est nécessaire qu'il y ait de la prévention qui se fasse dans le secteur au lieu d'attendre que les gens tombent malades. Il n'y a aucune prévention qui se fait à l'heure actuelle. Si nous étions considérés comme un secteur prioritaire, nous aurions des représentants en prévention et des comités conjoints de santé et sécurité. .

Nous avons un volet immédiat et un volet de préparation des négociations en vue de solutions permanentes.

(Chantier politique

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Québec

Les professionnelles de la santé dénoncent les coupures et la détérioration des conditions de travail

Le 9 octobre, les infirmières, infirmières auxiliaires et inhalothérapeutes de l'Outaouais et leurs alliés, ont fait une marche symbolique pour dire haut et fort que pour retenir le personnel, l'employeur doit améliorer les conditions de travail, en commençant par l'abolition du temps supplémentaire obligatoire en vertu duquel les infirmières doivent parfois travailler 12 heures et même plus sans pause. La marche, organisée par le Syndicat des professionnelles en soins de l'Outaouais (SPSO), s'est mise en branle symboliquement à l'hôpital La Pieta à Hull et a ensuite traversé le pont Alexandra pour se rendre à Ottawa, pour souligner l'exode des infirmières de la province qui pourrait se produire si leurs conditions de travail ne cessent de s'aggraver. Tout au long de la marche, les professionnelles en soins ont scandé des slogans pour dénoncer différents aspects de leurs conditions de travail éreintantes que leur employeur, le Centre intégré de santé et des services sociaux de l'Outaouais (CISSSO), veut aggraver encore davantage. Parmi les demandes de concessions faites par le CISSSO pendant la ronde actuelle de négociations locales pour le renouvellement de la convention collective, on compte le temps supplémentaire obligatoire, l'abolition d'une fin de semaine de congé sur deux pour forcer les professionnelles en soins à être disponibles toutes les fins de semaine, et la possibilité de modifier l'horaire de travail à moins de 48 heures, sans préavis. Il y a aussi la demande que les infirmières se déplacent sur plusieurs kilomètres de distance pour aller travailler dans des endroits différents selon le bon vouloir de l'employeur.

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Pénurie d'infirmières causée
par l'ordre du jour néolibéral


Manifestation des professionnelles de la santé à Lévis le 1er décembre 2017

Dans une rubrique d'opinion parue dans Le Devoir du 1er octobre et intitulée « Manque d'infirmières : pénurie réelle ou structurelle ? », Mia Laberge, conseillère syndicale de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), critique les employeurs du réseau de la santé qui invoquent l'argument de la pénurie d'infirmières pour bloquer la mise en oeuvre de ratios de professionnelles en soins/patient-es. Ces ratios, rappelle-t-elle, sont un remède essentiel à l'épuisement collectif des infirmières.

Elle écrit : « La pénurie de main-d' oeuvre a le dos large. Les employeurs ne peuvent plus se cacher derrière cette chimère. Il en va du bien-être de milliers de travailleuses du Québec et de la qualité des soins à d'autant plus de patients. »

L'auteure cite des statistiques qui démontrent que, du 1er avril 2016 au 31 mars 2017, les infirmières ont été plus nombreuses à joindre la profession qu'à la quitter, et que les départs à la retraite ont été pratiquement à la même hauteur que lors de l'année précédente. Alors que depuis une quinzaine d'années, écrit-elle, les infirmières connaissent une situation de plein emploi, soit 95 %, le taux d'emploi à temps complet diminue. Il a diminué d'un point de pourcentage depuis le rapport statistique de 2015-2016, dans la majorité des régions du Québec. En 2016-2017, 58,4 % des effectifs infirmiers travaillaient à temps complet, 33,3 % à temps partiel et 8,3 % sur une base occasionnelle. Alors que la main-d'oeuvre infirmière grandit rapidement, surtout depuis 2012-2013, le problème réside dans la planification de la main-d'oeuvre, laquelle est marquée idéologiquement par la gestion néolibérale du secteur de la santé.

Ainsi, écrit-elle, en dépit des besoins réels et d'un contexte de plein emploi qui favorise l'augmentation du nombre de postes à temps complet, les infirmières sont toujours confinées à la précarité. Elle qualifie la pénurie de main-d'oeuvre infirmière de structurelle, portée par des politiques néolibérales, parce que les postes à temps partiel prolifèrent au détriment des postes à temps complet. Tandis que la précarité d'emploi sévit chez les infirmières, il y a un recours constant aux heures supplémentaires, aux heures supplémentaires obligatoires et à la main-d'oeuvre indépendante qui provient des entreprises privées de placement. Le déficit de postes à temps complet, écrit-elle, entraîne inévitablement un manque de personnel et une surcharge des professionnelles en soins. Il en résulte de sérieuses conséquences pour tout le réseau, pour les patients et surtout pour les conditions de travail de milliers de professionnels en soins, dont la majorité sont des femmes.

Elle ajoute : « La gestion néolibérale du réseau de la santé s'immisce ainsi de plus en plus ouvertement dans les soins. Les infirmières subissent une violence organisationnelle constante ; ce sont elles qui pallient sans cesse les échecs des gestionnaires, la gourmandise des médecins, les réformes Toyota, les programmes Lean, le manque de volonté politique, le sous-financement du système public de la santé. On leur demande toujours plus de flexibilité, de mobilité à travers des territoires immenses se déployant de Saint-Eustache à Notre-Dame-du-Laus, de conciliation, utilisant leur vocation contre elles. »

L'auteure conclut en disant que des ratios adéquats de professionnelles en soins/patient-es sont un remède essentiel et urgent à l'épuisement collectif des infirmières et doivent être mis en oeuvre immédiatement.

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Oui à la base manufacturière! Non à la destruction nationale!

Suspension des pourparlers entre les travailleurs d'ABI et le cartel Alcoa-Rio Tinto


Les membres de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos en assemblée générale
le 9 octobre 2018

La section locale 9700 du Syndicat des Métallos, qui représente les 1030 travailleurs de l'aluminerie ABI de Bécancour au Québec en lockout depuis le 11 janvier, a confirmé l'annonce faite par le médiateur que les négociations avec ABI sont suspendues. Dans un communiqué de presse émis le 5 octobre dernier, la section locale 9700 confirme que l'écart est trop important entre les travailleurs et le cartel Alcoa-Rio Tinto, qui est le propriétaire de l'aluminerie, pour que des négociations puissent se tenir en vue d'une convention collective acceptable pour les travailleurs.

Depuis la rencontre de dirigeants des Métallos avec la haute direction d'Alcoa à Pittsburgh le 6 septembre dernier, des rencontres en comité restreint formé de représentants mandatés par les deux parties ont eu lieu pour évaluer si les négociations pouvaient reprendre. Les rencontres n'ont abouti à rien à cause du refus de la compagnie de reconsidérer ses demandes de concessions. 

Le 9 octobre, lors d'une assemblée générale qui a réuni environ 700 travailleurs, le syndicat a fait une mise à jour de la situation à ses membres. En point de presse, le matin du 10 octobre, le syndicat a annoncé que la direction d'ABI a présenté de nouvelles demandes de concessions sur le régime de retraite, le régime d'assurance-maladie court terme et les libérations syndicales.

« C'est une offre encore pire que celle de décembre dernier », a dit le président de la section locale Clément Masse à Forum ouvrier . « Au lieu de nous rapprocher d'un règlement, nous nous en éloignons. Les travailleurs comprennent qu'il ne peut pas y avoir de négociations si une des deux parties ne veut pas négocier. Les travailleurs veulent que cela se règle et rentrer au travail, mais pas à reculons. Nous nous tenons debout. Nous sommes déterminés à rentrer avec une entente négociée qui est acceptable pour nous. »

Le syndicat soutient toujours que le conflit porte sur le respect de l'ancienneté dans l'affichage des postes et les mouvements de main-d'oeuvre au sein de l'usine, et sur le financement du régime de retraite. Les propriétaires avaient présenté une offre à cet effet en décembre dernier que les travailleurs avaient rejetée tout en disant que l'offre de l'employeur pourrait servir de base à la poursuite des négociations et à une entente. L'entreprise a ignoré cette approche positive et a mis en lockout les travailleurs tout en demandant encore plus de concessions.

Les travailleurs et leur syndicat n'acceptent pas que d'autres questions soient maintenant mises sur la table par les propriétaires. C'est ce que l'entreprise a fait en mars en annonçant qu'elle exigeait maintenant une restructuration complète de ses activités au nom de la flexibilité et de la compétitivité. Dans ce contexte, elle a exigé la suppression de 20 % des postes syndiqués de l'usine et leur remplacement, si elle choisissait de les remplacer, par des postes non syndiqués à des conditions inférieures à celles des travailleurs syndiqués actuels.

Le syndicat y voit une attaque contre les conditions de vie et de travail des travailleurs de l'usine et, par extension, contre la communauté et la région. Les concessions exigées et le lockout brutal visent à réduire la capacité des travailleurs organisés dans leur syndicat à mener des luttes effectives à la défense de leurs droits et de l'économie régionale, aujourd'hui et dans l'avenir.


Le mur à l'extérieur de l'usine ABI sur lequel sont remerciés tous ceux qui ont appuyé financièrement les Métallos de la section 9700 dès le début du lockout et qui continuent
de le faire

Les travailleurs n'acceptent pas cet état de fait et continuent de demander l'intervention du gouvernement compte tenu du fait que la compagnie refuse de négocier de bonne foi comme elle est censée le faire selon les arrangements en vigueur. Les travailleurs veulent que le nouveau gouvernement de la CAQ, qui est arrivé au pouvoir lors des élections du 1er octobre, fasse pression sur la compagnie pour qu'elle mette fin à ses activités provocatrices et à son insistance à dicter, et pour qu'elle négocie sérieusement avec les travailleurs.

Force majeure


Les travailleurs d'ABI au rassemblement à l'occasion du « débat des chefs » pendant l'élection générale au Québec, le 13 septembre 2018.

Le syndicat demande également la fin des clauses de « force majeure » dans l'entente sur l'hydroélectricité entre les propriétaires, le gouvernement et Hydro-Québec. Selon l'interprétation unilatérale de ces clauses, le lockout autorisé et contrôlé par l'entreprise est un cas de « force majeure » qui libère Alcoa-Rio Tinto de son obligation de payer le bloc d'énergie qui lui est réservé à des tarifs préférentiels. Les Québécois, par l'intermédiaire d'Hydro-Québec, ont perdu près de 160 millions de dollars à ce jour à cause de cette entente et de cette interprétation frauduleuse et opportuniste de ce qu'est une « force majeure ».

Selon une définition raisonnable et non biaisée, un cas de « force majeure » est dû à un événement ou à un effet que les parties à un contrat n'auraient pu anticiper ou contrôler. Le lockout de ses travailleurs par Alcoa-Rio Tinto est sous le contrôle de l'entreprise et le recours à la clause ne peut qu'avoir été planifié à l'avance dans un but très spécifique : permettre à l'entreprise d'affronter le lockout avec moins de dommages pécuniaires et d'exercer une pression maximale sur les travailleurs pour qu'ils fassent des concessions.

Le lockout ne constitue pas un « acte de Dieu », ni un événement incontrôlable qui n'est la faute d'aucune partie à l'accord. Le lockout a été entièrement fomenté par l'entreprise pour servir ses intérêts privés étroits en opposition aux intérêts des travailleurs et de leur communauté. Le gouvernement et Hydro-Québec ne devraient pas souscrire à la définition à sens unique de l'entreprise, qui favorise nettement l'entreprise dans sa lutte pour imposer des concessions à ses travailleurs, à la communauté régionale et au Québec en général, afin qu'elle puisse retirer du Québec une partie encore plus grande de la valeur que produisent les travailleurs.

Le diktat antisocial de l'entreprise pour des concessions, ainsi que son refus de négocier et la « force majeure » visent également à affaiblir la résistance organisée à long terme des travailleurs. Ils constituent une activité de destruction contre le Québec et une atteinte à la dignité des travailleurs et ne peuvent ni ne doivent être tolérés par aucune institution, ni par le peuple ni par le gouvernement du Québec.

Pendant ce temps, les travailleurs du Québec et d'ailleurs au Canada intensifient leur appui aux travailleurs en lockout d'ABI, y compris leur appui financier. Le 5 octobre, les travailleurs de la section locale 8897 du Syndicat des Métallos représentant les travailleurs d'ArcelorMittal à Longueuil, ont annoncé qu'ils doublaient l'aide financière aux travailleurs d'ABI qu'ils offrent à chaque semaine et ils appellent les autres sections locales des Métallos à faire de même.

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