19 juillet 2018
Les travailleurs de la mine de sel de
Goderich ratifient l'entente
de principe et mettent fin à leur grève
Les mineurs retournent au travail la tête
haute, unis à leur communauté
Rassemblement de la communauté le 14 juillet 2018 en appui
aux travailleurs
de Compass Minerals
Les
travailleurs de la mine de sel de Goderich ratifient l'entente de
principe
et mettent fin à leur grève
• Les mineurs retournent au travail la tête
haute, unis à leur
communauté
Ce saccage du Canada
ne doit pas passer!
• La fermeture de Greyhound doit être présentée
au peuple pour discussion
et action - Dougal MacDonald
Les grutiers du Québec
luttent pour leurs droits et leur sécurité et la sécurité
du public
• La logique et les actions intéressées et
tordues des gouvernants
- Pierre Chénier
• À nos lecteurs
Les travailleurs de la mine de sel de
Goderich ratifient l'entente de principe
et mettent fin à leur grève
Les mineurs retournent au travail la tête haute,
unis à leur communauté
Le 16 juillet, les trois cent cinquante
travailleurs de la mine de sel de Goderich, dans le sud-ouest de
l'Ontario, ont ratifié une entente de principe avec Compass Minerals.
Deux jours plus tôt, la section locale 16-0 d'Unifor avait conclu
cette entente avec la compagnie américaine.
La ratification par les travailleurs a mis fin
officiellement à leur grève à la défense de leurs droits, qui a débuté
le 27 avril. Les travailleurs de la mine de sel, avec l'appui
actif de la communauté, ont mené une lutte résolue contre les demandes
de l'entreprise pour des concessions draconiennes sur presque tous les
aspects significatifs de leur convention collective. La compagnie
réclamait des concessions sur les pensions, les avantages sociaux, les
heures de travail et la capacité d'aller en sous-traitance à volonté,
sur les heures supplémentaires qu'elle voulait rendre obligatoires et
ainsi de suite. La lutte acharnée pendant la grève a inclus, dans la
semaine menant à l'accord de principe, une bataille rangée des ouvriers
et de la communauté pour empêcher la compagnie d'opérer la mine avec
des briseurs de grève et pour la forcer à négocier.
Aucune négociation n'avait eu lieu entre le 27
avril et le 12 juillet. La compagnie refusait de parler aux
travailleurs et continuait de les provoquer de la façon la plus
flagrante avec l'utilisation massive de briseurs de grève amenés par
avion du Nouveau-Brunswick alors que d'autres provenaient du Québec.
Les gens de la communauté sont convaincus que les actions de masse
organisées par les mineurs en grève et leurs partisans pour empêcher
les briseurs de grève d'entrer sur les lieux ont beaucoup contribué à
forcer Compass à retourner à la table de négociation.
Tout au long de la lutte, des centaines de travailleurs de l'Ontario se
sont joints aux travailleurs de Goderich, de même que des familles de
la communauté avec leurs enfants, pour participer à des rassemblements,
des pique-niques et éventuellement à la barricade militante qui a
empêché les briseurs de grève d'entrer et la compagnie de poursuivre la
production. Les actions collectives militantes des travailleurs et de
leurs alliés ont brisé toute atmosphère de défaitisme que l'entreprise
tentait d'instaurer afin de miner la lutte des travailleurs pour
défendre leurs droits.
Des représentants de la section locale 16-0 et des
représentants d'Unifor ont dit que les travailleurs ont été capables de
repousser la concession la plus radicale exigée par les propriétaires
de la mine. Il s'agissait de l'imposition de semaines de travail
mensuelles, soit une semaine de 72 heures et trois semaines
de 60 heures, en plus des heures supplémentaires obligatoires.
Compass a donné les arguments néolibéraux typiques pour cet horaire de
travail punitif, qui rendrait la vie difficile aux travailleurs au nom
de la course de l'entreprise à une plus grande productivité. Les
travailleurs ont refusé d'accepter la logique antisociale tordue de
l'entreprise et se sont défendus en faisant la grève.
Les travailleurs disent que cette nouvelle convention
collective contient des quarts de travail de 8 heures et
de 12 heures sans qu' aucune semaine n'atteigne 72 heures, et
sans heures supplémentaires obligatoires. Le paiement des heures
supplémentaires faites sur une base volontaire sera augmenté pour
atteindre le double du taux horaire régulier. L'accord inclut des
concessions relatives à l'attribution des tâches et aux « pratiques de
travail flexibles », qui permettent à l'entreprise de déplacer les
travailleurs au nom de l'argument antisocial de rendre les opérations
plus productives, efficientes et efficaces aux dépens de ceux qui
effectuent le travail.
Bien que le texte de l'entente n'ait pas été rendu
public, d'autres demandes de concessions de l'entreprise ont été
retirées, selon les travailleurs. L'entreprise voulait notamment
affaiblir les dispositions existantes relatives à la sous-traitance,
réduire la durée d'une invalidité à long terme et éliminer une clause
de retraite anticipée dans la convention collective. Le syndicat a dit
que l'entente de trois ans prévoit une augmentation salariale
de 2,5 % cette année et la suivante, et une augmentation
de 3 % en 2020.
Lorsque les travailleurs ont annoncé à la communauté
qu'ils avaient ratifié l'entente de principe et qu'ils retournaient au
travail la tête haute, les gens les ont salués par de vigoureux
applaudissements. Le sentiment collectif est que, la communauté s'étant
pleinement engagée dans la lutte des travailleurs de la mine de sel
pour défendre leurs droits et leur dignité, le résultat signifie que
toute la communauté minière a défendu sa dignité et s'est bien
positionnée pour de nouvelles batailles avec les oligarques qui
contrôlent présentement les ressources en sel et les activités minières
des gens de la région.
« Nous tenons à remercier les gens de Goderich et tous
les membres des syndicats qui se sont joints à nous sur cette ligne de
piquetage, mais surtout, je tiens à remercier nos membres et leurs
familles qui se sont tenus fermement aux côtés de notre comité de
négociation pendant douze longues semaines », a dit Gary Lynch, le
président de la section locale 16-O.
Ce saccage du Canada ne doit pas passer!
La fermeture de Greyhound doit être présentée au peuple
pour discussion et action
- Dougal MacDonald -
Greyhound Canada a annoncé le 9 juillet la fin
imminente de tous ses circuits d'autobus en Saskatchewan, en Alberta,
au Manitoba et dans le Nord de l'Ontario à l'ouest de Sudbury, sauf un
en Colombie-Britannique. La cessation des activités de transport par
autobus sur ces routes entrera en vigueur le 31 octobre de cette année
si la compagnie parvient à ses fins. Greyhound a attribué sa décision à
une diminution de 41 % du nombre d'usagers depuis 2010, à la
concurrence des transporteurs subventionnés, à l'expansion des
compagnies aériennes à tarifs réduits, aux contraintes réglementaires
et à l'augmentation du nombre de propriétaires de voiture personnelle.
Quatre cent quinze travailleurs perdront leur emploi si cette fermeture
se produit comme prévu.
Greyhound se livre à de la destruction nationale. Une des façons par
laquelle cette destruction nationale opère c'est qu'on en diminue la
portée. On dit par exemple que l'annulation du service est complète
dans les provinces de l'ouest mais que le service est maintenu en
Ontario. Greyhound et les médias nationaux ne disent pas que le service
est maintenu dans le sud de l'Ontario mais annulé dans presque tout le
Nord de l'Ontario (un voyage de nuit vers Toronto et un vers Ottawa
sont maintenus). Les préoccupations et les intérêts des travailleurs et
des peuples autochtones du Nord de l'Ontario sont écartés du revers de
la main et éliminés du corps politique canadien. Cela doit changer.
L'opposition publique à l'annonce a été rapide.
Beaucoup soulignent que les régions rurales perdront un très important
service de transport à tarif réduit touchant les aînés, les étudiants,
les pauvres et les personnes ayant des problèmes de santé. D'autres
soulignent que la fin du service d'autobus mettra davantage en danger
les femmes et les filles autochtones vivant dans des régions éloignées,
les privant d'un moyen de transport sécuritaire et fiable vers leurs
rendez-vous médicaux, d'un moyen de retourner chez elles pour des
funérailles et les affectant de plusieurs autres façons.
La décision la plus récente de Greyhound de fermer des routes dans
l'ouest du Canada est un autre exemple de la façon dont les actions
intéressées de monopoles étrangers qui font des affaires au Canada
peuvent avoir des effets désastreux sur l'économie locale et à plus
grande échelle. D'autres exemples récents comprennent la décision de US
Steel de fermer définitivement le haut fourneau de l'aciérie de
Hamilton Works, l'annonce par l'oligarchie financière américaine de la
fermeture de l'usine de légumes Heinz à Leamington en Ontario et la
fermeture de l'usine de Kellogg à London en Ontario.
Les propriétaires étrangers de Greyhound disent que
leurs décisions sont des affaires privées qui concernent leurs
investissements et ne sont pas négociables. Avec l'arrogance de
dictateurs non redevables, ils déclarent que leurs décisions sont
prises dans le meilleur intérêt des propriétaires privés de
l'entreprise et que toute destruction collatérale de l'économie
canadienne qui porte préjudice à la population est excusable. Selon
eux, leur première responsabilité est envers leurs groupes de
propriétaires qui s'attendent au plus haut rendement possible sur leurs
investissements. Les adeptes du néolibéralisme soutiennent que si les
oligarques deviennent plus riches, les gens finiront par bénéficier du
retour d'ascenseur de la richesse sociale. Lorsque les faits sont
présentés pour réfuter leurs absurdités et que les problèmes sociaux,
environnementaux et économiques s'accumulent et demeurent sans
solutions, les oligarques et leurs représentants politiques se
contentent de se lamenter plus fort et de se replier dans leurs villas
clôturées et protégées par des armées privées et de l'État.
Le monopole britannique FirstGroup a acquis le contrôle
majoritaire de Greyhound en 2007. L'oligarque milliardaire anglais
Sir Moir Lockhead a fondé FirstGroup en 1995 et en a été le chef
de la direction et vice-président jusqu'en l'année 2000, il y a 8 ans.
FirstGroup est le résultat de la déréglementation néolibérale
de 1986 au Royaume-Uni des services d'autobus par la première
ministre Margaret Thatcher, au cours de laquelle les détenteurs de la
richesse sociale sous contrôle privé ont acheté des compagnies
d'autobus nationalisées et municipales. Ceux qui possèdent et
contrôlent actuellement FirstGroup sont les individus qui ont décidé de
fermer les routes de Greyhound dans l'Ouest canadien, bien qu'aucun
d'entre eux n'ait le moindre intérêt ou lien avec les communautés
concernées ou même avec le Canada d'ailleurs, sauf en tant qu'économie
à exploiter.
Pour leur part, les gouvernements fédéral et provinciaux
sont généralement d'avis que ces décisions qui détruisent l'économie et
nuisent à la vie des gens sont des questions d'affaires privées.
L'autorité publique existante défend les intérêts privés dominants et
le droit de propriété monopoliste, et non le droit public. Les
gouvernements déclarent avec insistance qu'ils n'ont aucun droit,
autorité ou inclination pour intervenir ou changer les décisions que
les entreprises privées prennent ou ne prennent pas, même si ces
décisions peuvent dévaster l'économie et nuire au bien-être et aux
droits des gens.
Greyhound a pris la décision de mettre fin au service
d'autobus dans l'ouest du Canada pour servir les intérêts privés
étroits de ceux qui possèdent et contrôlent l'entreprise. Ni Greyhound
ni aucune autorité publique n'ont même pris la peine de présenter pour
discussion une solution de rechange à la fermeture qui servirait
l'économie et les intérêts publics locaux et plus larges du Canada. Si
les gouvernements refusent de prendre des mesures pour défendre le
droit public, il est clair que la classe ouvrière, par le biais de ses
propres organisations et médias, doit mobiliser le peuple pour changer
la situation. Les décisions d'affaires privées qui affectent l'intérêt
public ne doivent pas être couvertes d'impunité et encore moins mises
en oeuvre. Cette décision destructrice de Greyhound et d'autres
démantèlements similaires ne doivent pas passer. Cette décision privée
des oligarques doit devenir la cible de discussions et d'actions
publiques à la recherche d'une alternative qui sert l'intérêt public.
Les travailleurs peuvent changer la situation par des actions
collectives avec analyse qui affirment le droit public en opposition
aux intérêts privés étroits des oligarques.
Les grutiers du Québec luttent pour leurs
droits et leur sécurité
et la sécurité du public
La logique et les actions intéressées et
tordues des gouvernants
- Pierre Chénier -
Rassemblement des grutiers contre les changements à la réglementation
régissant leur formation, devant les bureaux de la Commission de la
construction du Québec à Montréal, le 21 juin 2018
Pour développer l'appui à la juste lutte des grutiers
du Québec, il est important de mettre en lumière et de dénoncer la
logique intéressée et tordue de la Commission de la construction du
Québec et du gouvernement du Québec. Quand on examine le raisonnement
qui a été avancé pour justifier le changement unilatéral de la
réglementation qui gouverne la formation des grutiers, on voit qu'il ne
tient pas la route du tout.
Le document « Analyse d'impact réglementaire »
publié par la CCQ en avril 2017 commence par décrire le métier de
grutier comme étant « verrouillé ». La CCQ suggère ainsi que le
métier est inaccessible aux autres travailleurs de la construction qui
sont déjà sur les chantiers et aux jeunes qui veulent se joindre au
métier sans être détenteur du Diplôme d'études professionnelles (DEP)
de 870 heures offert par le ministère de l'Éducation.
Une fois que la CCQ a déclaré que le métier est
verrouillé, elle saute à la conclusion que les grutiers causent des
problèmes lors des périodes où les entreprises de construction disent
ne pas pouvoir trouver suffisamment de travailleurs dans différents
métiers. Ces entreprises se plaignent que la réglementation qui rend
obligatoire l'obtention du DEP leur crée des difficultés parce qu'un
grand nombre d'entre elles ont acheté des grues d'une capacité
inférieure à 30 tonnes, qu'on appelle camions-flèches, pour
déplacer leur matériel lourd. Elles veulent que tout travailleur de la
construction sur un site puisse opérer ces grues bien qu'elles aient
une histoire terrible d'accidents, surtout à l'époque où le DEP
n'existait pas.
La CCQ écrit : « En raison du caractère ponctuel de
l'utilisation du camion-flèche au courant d'une journée, les
entreprises en construction sont souvent incapables d'embaucher un
grutier quelques heures par jour pour opérer un camion-flèche. Cela
s'explique soit par le manque de disponibilité ou d'intérêt des
grutiers, soit en raison des coûts élevés que cela entraîne pour les
entreprises puisqu'elles doivent alors faire affaire avec des
compagnies de location de grues pour de courtes opérations de
chargement ou de déchargement. Beaucoup d'entrepreneurs utilisent
les services d'une personne détenant un certificat de compétence autre
que celui de grutier pour réaliser leurs travaux et opérer ces
camions de faible tonnage (notre souligné - FO). »
La CCQ admet que les entreprises de
construction violent la loi en toute impunité. Certaines entreprises
demandent à des travailleurs n'ayant aucune formation de conduire ces
grues. À noter que les travailleurs de la construction disent depuis
longtemps que ces « camions de faible tonnage » sont les plus
dangereux et les plus susceptibles de verser et que la plus grande
partie des accidents impliquant des grues se produisent avec des
camions-flèches.
La CCQ ne blâme pas les compagnies pour ces gestes
illégaux et ne fait rien pour faire respecter la loi. Bien au
contraire, la CCQ et le gouvernement se sont dépêchés de changer
unilatéralement la réglementation et de miner l'efficacité du cours
de 870 heures en le rendant optionnel. La CCQ blâme les
travailleurs eux-mêmes en disant qu'ils « manquent d'intérêt »
pour résoudre les problèmes qui surgissent dans l'industrie, ce qui est
une entière fabrication de sa part. Les travailleurs de la
construction et leurs syndicats ont toujours été ouverts au
renforcement de la réglementation relative à la santé et la sécurité et
de son application.
Comment l'obtention d'un Diplôme d'études
professionnelles en conduite de grues, dont on sait qu'il a mené à la
réduction du nombre d'accidents, peut-elle être considérée comme
quelque chose de mauvais qui « verrouille » l'accès du métier aux
aspirants grutiers ? Est-ce qu'un chirurgien ne doit pas obtenir
un diplôme avant de se mettre à découper les gens ? On dira bien
sûr que cela « verrouille » la profession en la réservant aux gens
compétents et autorisés à l'exercer par une autorité publique. Est-ce
que l'autorité publique devrait éliminer ou affaiblir le diplôme de
chirurgie pour accroître le nombre de chirurgiens ? C'est ça que
veut la CCQ ? Cette comparaison n'est pas tirée par les cheveux.
L'industrie de la construction est l'industrie la plus dangereuse au
Québec en ce qui concerne les décès, les blessures et les maladies
professionnelles. L'exigence de qualifications professionnelles et,
dans ce cas-ci, d'un diplôme pour les grutiers garantit un certain
niveau de compétence fondé sur des critères objectifs. En plus, elle
permet aussi aux grutiers d'avoir confiance en leur capacité de dire
Non ! aux pratiques dangereuses que les entreprises peuvent
vouloir leur imposer sous la pression d'augmenter la productivité pour
faire face à la concurrence ou par simple avarice, afin d'exproprier
une plus grande partie de la valeur nouvelle que les travailleurs
produisent.
D'une manière vraiment cynique, la CCQ tourne la vérité
à l'envers pour essayer de justifier son geste unilatéral par lequel
elle a imposé un changement à la réglementation en excluant les
travailleurs du processus de prise de décision et en niant qu'elle se
doit d'obtenir leur consentement. La CCQ écrit :
« Le maintien du statu quo
peut avoir des conséquences importantes, notamment pour la sécurité des
opérateurs des camions-flèches et des équipes qui les entourent. Le
maintien des façons de faire aurait aussi comme effet sur les
entreprises en construction de ne pas réduire la lourdeur
administrative que nécessitent l'embauche et la mise à pied des
salariés pour seulement quelques heures de travail par jour. D'autre
part, cela occasionnerait notamment une perte de productivité sur les
chantiers pour les entrepreneurs et donc une perte de revenu. Outre les
risques associés à un manque de main-d'oeuvre qualifiée à titre de
grutier, l'industrie pourrait maintenir les comportements actuels
l'exposant à faire opérer les équipements visés par des salariés de
l'industrie ne détenant pas la qualification requise. Cela augmenterait
les risques en matière de santé et de sécurité, tant pour eux que pour
les autres travailleurs sur le chantier, et aurait pour effet
d'augmenter les situations où les entreprises se retrouvent en
situation d'infraction à la Loi R-20 et à ses règlements. »
Selon la CCQ, les entreprises sont forcées de violer la
loi et cette violation est justifiée parce que le métier est trop
protégé par sa réglementation de sécurité. Est-ce que les membres de la
CCQ donnent le même argument à un agent de police qui veut leur donner
une contravention pour excès de vitesse ou pour avoir brûlé un feu
rouge ? Les limites de vitesse et la règle du feu rouge sont trop
restrictives ! J'étais en retard pour un important
rendez-vous !
Quelle doit être la solution lorsqu'un problème réel a
été identifié ? Ce n'est certainement pas d'affaiblir ou de ne pas
faire appliquer la loi et la réglementation de sécurité et de refuser
de discuter avec ceux qui sont directement concernés, soit les grutiers
et d'autres parties prenantes sur comment aborder le problème de
l'utilisation plus répandue de grues dans le secteur de la
construction. L'utilisation accrue de grues devrait accroître le souci
que les qualifications professionnelles des grutiers soient respectées
et améliorées pour le bien de tous.
La solution qu'a trouvée la CCQ est de faire sauter le
caractère obligatoire de la formation professionnelle. Vraiment bien
pensé de la part de la CCQ quand on sait que le secteur de la
construction est notoire pour la violation de la réglementation qui
existe déjà !
En ce qui concerne la conduite des camions-flèches, la
nouvelle réglementation, à laquelle les grutiers n'ont pas participé ni
donné leur consentement, élimine tout d'abord la nécessité d'obtenir le
diplôme de 870 heures qui est fourni par des enseignants
professionnels. Elle instaure un cours de 80 heures offert par la
CCQ suite à quoi le nouveau grutier peut conduire le camion sans plus
de surveillance. En ce qui concerne le métier de grutier dans son
ensemble, la CCQ et le gouvernement ont choisi d'instaurer une
formation en entreprise dite de 150 heures qui va faire
concurrence à la formation professionnelle maintenant optionnelle. En
fait, les 150 heures sont constituées de 150 heures de
travail à l'intérieur desquelles se trouvera la formation, ce qui
représente bien moins de formation que comprendrait même un 150
heures qui seraient fournies sur un site fermé par des instructeurs
professionnels.
Cette réglementation affaiblie et ce régime de
formation à deux vitesses sont mis en oeuvre afin d'accroître la
concurrence entre les travailleurs et abaisser les conditions non
seulement de sécurité mais salariales et autres sur les chantiers. En
effet, un grand nombre de ces nouveaux grutiers seront payés aux tarifs
souvent moins élevés de leur premier métier.
Tout ceci, qui est très inférieur en quantité et en
qualité à une formation professionnelle, est imposé à ceux qui font le
travail, sans leur consentement ou celui de leur collectif. Ces
changements n'ont rien à voir avec de soi-disant cas de pénurie de
main-d'oeuvre subite ou ponctuelle puisque cette nouvelle formation et
cette nouvelle réglementation vont s'appliquer en toutes circonstances
et sont permanentes.
Les grutiers ont d'ailleurs déjà par le passé aidé à
pallier à des situations de pénurie spécifique de grutiers formés,
quand elles se sont produites, en interrompant la formation
professionnelle d'étudiants pendant un certain temps par exemple pour
qu'ils se joignent aux grutiers sur les chantiers, avec l'aide du
syndicat. Mais la CCQ et le gouvernement ne sont pas intéressés à des
solutions qui bénéficient aux travailleurs et au public.
La logique néolibérale tordue de la CCQ et du
gouvernement du Québec vise à accroître l'expropriation de la valeur
nouvelle créée par les travailleurs de la construction par les grandes
entreprises de construction. Cette nouvelle norme, qui comprend aussi
la Loi 152 qui vient d'être adoptée, vit d'un climat d'illégalité
où les entreprises et les agences de l'État peuvent commettre des
crimes avec impunité alors que les travailleurs qui résistent sont
criminalisés.
Les travailleurs et leurs organisations dans tous les
secteurs de l'économie doivent exprimer leur ferme appui à la juste
lutte des grutiers et de leur syndicat. Il faut défendre les droits et
la dignité de tous les travailleurs. Il n'y a pas de place pour le
défaitisme dans les rangs du mouvement ouvrier. Cette action
antiouvrière unilatérale de la CCQ et du gouvernement peut être
renversée.
À nos lecteurs
Avec ce numéro, Forum ouvrier prend une pause.
Le prochain numéro paraîtra à la Fête du travail le 3
septembre 2018. Veuillez pendant ce temps continuer à envoyer vos
rapports et vos photos et à nous faire part de vos préoccupations. Nous
vous souhaitons un été plaisant et productif. Soyez prudents !
Tout le succès possible,
Équipe éditoriale et technique de Forum ouvrier
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