Forum ouvrier

12 juillet 2018

Les travailleurs de la mine de sel et la communauté de Goderich luttent pour leurs droits et leur dignité

Les travailleurs mènent des actions
pour empêcher Compass Minerals d'opérer avec des scabs

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Les travailleurs de la mine de sel et la communauté de Goderich luttent pour leurs droits et leur dignité
Les travailleurs mènent des actions pour empêcher Compass Minerals d'opérer avec des scabs

Les propriétaires d'ABI à Bécancour demandent de nouvelles concessions aux travailleurs en lockout
Opposons-nous au diktat antisocial du cartel Alcoa-Rio Tinto - Pierre Chénier
Entrevue avec Clément Masse, président de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos
Alexandre Fréchette, président de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos, parle à Forum ouvrier

La grève à Coquitlam se poursuit
Les travailleurs de casino de Colombie-Britannique rejettent l'entente
de principe
- Brian Sproule


Les travailleurs de la mine de sel et la communauté de Goderich luttent
pour leurs droits et leur dignité

Les travailleurs mènent des actions pour empêcher Compass Minerals d'opérer avec des scabs

Les travailleurs de la mine de Goderich, qui appartient à la firme américaine Compass Minerals, sont en grève depuis le 27 avril. Ils se sont mis en grève pour s'opposer aux demandes de concessions inacceptables de Compass. L'entreprise a refusé de négocier et a fait appel à des briseurs de grève  de l'extérieur de la communauté pour poursuivre ses activités.

Le 4 juillet, les travailleurs ont pris des mesures pour empêcher les scabs d'entrer dans les installations afin de forcer l'entreprise à reprendre les négociations. Les travailleurs ont érigé une barricade avec des palettes en bois et des véhicules pour bloquer l'entrée de la mine. Pendant ce temps, ils se sont également rassemblés sur le quai pour s'assurer qu'il n'y avait pas de scabs qui entraient sur le site par le lac.

La compagnie fait fonctionner la mine par son personnel cadre et des briseurs de grève depuis le 27 avril. Les travailleurs rapportent que chaque jour arrivent des autobus remplis de briseurs de grève en provenance surtout d'une entreprise de forage du Nouveau-Brunswick qui ont été amenés par avion à Goderich alors que d'autres viennent du Québec. Lorsque les travailleurs ont commencé à ériger leur barricade, plus de trente scabs étaient à l'intérieur des installations. Ils ont ensuite été escortés vers la sortie par les travailleurs qui scandaient « Solidarité ! Ne revenez pas ! »

Deux jours plus tard, le 6 juillet, Compass Minerals a demandé et obtenu une ordonnance du tribunal stipulant que les travailleurs en grève devaient retirer leur barricade de palettes et de véhicules le lendemain à 16 h 30. Les travailleurs ont respecté l'ordonnance mais peu de temps après le retrait de la barricade des tracteurs agricoles ont commencé à arriver pour bloquer l'accès à l'installation. Le 9 juillet, Compass Minerals a obtenu une nouvelle ordonnance de la cour qui a forcé l'enlèvement des tracteurs à l'entrée des installations de l'entreprise. Les tracteurs ont été retirés et un accord a été conclu mardi entre Unifor et Compass Minerals selon lequel les négociations reprendront le jeudi 12 juillet et les travailleurs autoriseront l'accès à la mine pendant les négociations.

La détermination des travailleurs est forte car les concessions exigées par l'entreprise auront de graves répercussions sur les conditions de travail, en particulier sur les conditions de santé et de sécurité. Des centaines de travailleurs sont venus de partout en Ontario pour appuyer la juste lutte des travailleurs et participent à des actions qui sont maintenant devenues une vigile 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 à la défense des droits des travailleurs de Goderich. La détermination de la communauté est également forte. La communauté voit la lutte des travailleurs de la mine de Compass comme la sienne et des événements quotidiens sont organisés où un grand nombre de personnes, y compris des enfants, participent.

Gary Lynch, président de la section locale 16-0 d'Unifor, le syndicat qui représente les travailleurs de Goderich, a expliqué dans une vidéo l'enjeu lié à l'imposition d' heures supplémentaires obligatoires, l'une des principales questions en litige : « Une semaine de travail de soixante heures, suivie d'une autre semaine de travail de soixante heures et d'une troisième semaine de travail de soixante heures et la quatrième semaine est de 72 heures. Vous pouvez faire face à des mesures disciplinaires et être renvoyé si vous ne faites pas ces quarts de travail. Ce n'est que la pointe de l'iceberg car nous faisons face à une compagnie des États-Unis d'Amérique qui ne se soucie pas du droit des individus. C'est à cela que nous faisons face en ce moment. C'est à prendre ou à laisser, nous dit-on. C'est ainsi que nous sommes traités. L'usine principale se trouve ici. C'est pour cela qu'ils nous attaquent et ils ont les autres endroits de travail plus petits dans leur mire, Unity (en Saskatchewan - FO ) Amherst (en Nouvelle-Écosse - FO ), notre usine soeur ici en ville, et c'est là qu'ils vont frapper la prochaine fois. »

Un autre travailleur a expliqué dans la même vidéo que dans une installation de Compass en Louisiane, les travailleurs sont forcés de travailler 12 heures avec quatre heures supplémentaires obligatoires, six ou même sept jours par semaine. Les concessions que demande Compass ici à Goderich pourraient y créer une situation semblable si l'entreprise réussit à les imposer.

Appuyons la juste lutte des travailleurs de Goderich et de la communauté pour leurs droits et leur dignité. Suivons l'exemple des travailleurs! Défensons les droits de tous! On peut envoyer des messages d'appui à president@unifor16.ca.


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Les propriétaires d'ABI à Bécancour demandent de nouvelles concessions
aux travailleurs en lockout

Opposons-nous au diktat antisocial du cartel Alcoa-Rio Tinto


Rassemblement de solidarité devant l'aluminerie de Bécancour le 23 mars 2018

Le lockout décrété par Alcoa-Rio Tinto contre les travailleurs de l'aluminerie ABI à Bécancour au Québec dure maintenant depuis six mois. La direction d'ABI vient d'ajouter à ses demandes de concessions. Pendant les pourparlers de médiation qui se tiennent avec le médiateur nommé par le gouvernement, l'ancien premier ministre du Québec et ancien dirigeant national du Bloc québécois Lucien Bouchard, la direction d'ABI a utilisé l'occasion non pas pour en arriver à une entente mais pour présenter des demandes additionnelles aux travailleurs.

Les travailleurs de l'aluminerie rapportent qu'ABI demande une coupure nette de 20 % des emplois qui appartiennent à l'accréditation syndicale en vertu de la convention collective. ABI veut les éliminer et les remplacer par des emplois offerts en sous-traitance ou des emplois occasionnels à des travailleurs qui ne font pas partie du syndicat, à des conditions très inférieures à celles des travailleurs syndiqués. Les travailleurs rapportent aussi que l'entreprise veut revenir en arrière sur des éléments qui avaient déjà été réglés. En assemblée générale, les travailleurs d'ABI ont massivement rejeté cette provocation et exigé que des négociations de bonne foi reprennent pour qu'on en arrive à une entente qui leur est acceptable.

Par cette coupure de 20 % des emplois syndiqués, la direction d'ABI veut commencer tout de suite à mettre à exécution sa menace de restructuration de mars dernier. À ce moment-là, ABI avait retiré subitement son offre de la table de négociation en déclarant que les actions des travailleurs avant le lockout de 2017 avaient causé des dommages à l'aluminerie, sur lesquels elle n'a fourni aucune précision. Au lieu de négocier de bonne foi et de conclure une entente qui était à portée de la main, ABI a menacé de procéder à une restructuration antiouvrière et a déposé un grief en dommages de 19 millions de dollars contre la section locale 9700 et tous ses officiers. Cette diversion délibérée a prolongé le lockout et obligé le syndicat à contester ce grief non fondé et frauduleux.

Après six mois de lockout, cette nouvelle demande de restructuration est une attaque brutale contre les travailleurs et la communauté. La perte de 200 emplois conventionnés réduirait de beaucoup la masse des travailleurs de la section locale. La perte de membres du syndicat aurait notamment pour effet de rendre plus difficile de mener une lutte efficace à la défense des droits des travailleurs pour maintenir un certain équilibre entre ce cartel qui prend ses ordres d'on ne sait où pour servir ses intérêts privés mondiaux, et les travailleurs, la communauté et le peuple québécois.

ABI est le plus grand employeur de la région. Une telle réduction des travailleurs syndiqués signifierait un abaissement très prononcé des conditions à l'usine et un appauvrissement de la région par l'extension des emplois précaires à des salaires inférieurs et sans régime de retraite à prestations déterminées. Il s'agit d'un transfert important de la valeur nouvelle produite par les travailleurs d'ABI hors de la région et vers les coffres du cartel mondial. À cette perte à long terme s'ajouterait la perte de revenus immédiate que subissent les travailleurs des sous-traitants et des fournisseurs qui ont été mis à pied depuis le lockout. Les médias rapportent que plusieurs de ces travailleurs mis à pied ont maintenant épuisé ou sont en train d'épuiser leurs prestations d'assurance-emploi.

En plus de ces pertes énormes subies par la communauté pendant le lockout, le Syndicat des Métallos évalue maintenant à environ 108 millions de dollars le montant qu'ABI a évité de payer à Hydro-Québec. Le contrat d'approvisionnement en électricité entre le gouvernement, Hydro-Québec et ABI stipule entre autres choses qu'une grève ou un lockout est un cas de « force majeure » qui libère l'entreprise de son obligation de payer pour le bloc d'énergie qui lui est réservé, bien que ce bloc ait déjà été planifié et produit.

La liste des actions antisociales du cartel mondial Alcoa-Rio Tinto comprend aussi le refus de l'entreprise de payer les étudiants au même taux que celui des travailleurs occasionnels. Le Tribunal des droits de la personne et de la jeunesse a récemment émis un jugement ordonnant à ABI de payer les étudiants au même taux que les occasionnels et ABI a porté ce jugement en appel.

De toute évidence, les intérêts privés qui contrôlent Alcoa et Rio Tinto sont obsédés par leurs propres intérêts étroits, en contradiction avec les intérêts individuels et collectifs des travailleurs et l'intérêt général de la société. Ils se moquent bien que le lockout nuise aux intérêts de 1030 travailleurs et de leur communauté, du vol d'électricité à Hydro-Québec et de la perte de valeur de l'économie locale, régionale et québécoise.

L'affrontement des intérêts se voit clairement dans un communiqué d'ABI dans lequel la compagnie essaie de justifier sa demande d'une coupure de 20 % des emplois de l'accréditation syndicale :

« Actuellement, l'ABI a une occasion d'ajuster sa structure organisationnelle sans mise à pied en raison d'une vague de départs à la retraite. Cette année, la direction d'ABI a effectué une analyse comparative approfondie afin de tester et de mesurer de nombreuses idées sur la façon d'améliorer l'usine. La partie de l'aluminerie actuellement en opération est efficace et produit un niveau de pureté de métal inégalé. Les changements proposés pour un nouveau contrat sont concurrentiels, équitables et alignés avec l'industrie de l'aluminium au Québec. »

Alcoa-Rio Tinto ont comme seul objectif d'exproprier la valeur de l'aluminerie ABI et d'Hydro-Québec et de s'en emparer afin de servir leurs intérêts privés mondiaux. Ils ne s'intéressent manifestement pas au bien-être du peuple québécois et à l'utilisation de la valeur nouvelle que les travailleurs produisent pour la reproduction élargie de l'économie locale et québécoise.

ABI écrit : « La partie de l'aluminerie actuellement en opération est efficace et produit un niveau de pureté de métal inégalé ». Cette phrase qui se réfère à la production qui est faite pendant le lockout est semblable à ce que Rio Tinto a dit de la production qui a été faite quand il a mis en lockout pendant six mois les travailleurs d'Alma en 2012. Lorsque les travailleurs d'Alma ont repris le travail, cela leur a pris environ un an de lutte soutenue pour rétablir les conditions de santé et de sécurité qui étaient en vigueur avant le lockout. Cette opération « efficace » et d'une pureté inégalée » avait été réalisée en démantelant plusieurs des mesures et des conditions de santé et de sécurité pendant le lockout.

Le caractère frauduleux du communiqué d'ABI provient de l'objectif impérialiste qui guide les demandes visant à garantir la pérennité de l'usine. Les cartels mondiaux comme Alcoa-Rio Tinto utilisent leur pouvoir pour extraire des concessions partout où ils exercent leurs activités. Ils ont recours aux lockouts et à d'autres moyens pour maximiser la quantité de valeur qu'ils exproprient et manipuler les prix de marché à leur avantage. Leurs actions qui servent leur objectif impérialiste provoquent et contribuent aux crises économiques récurrentes et aux problèmes non résolus qui rongent l'économie et la société. Leur obsession pour leurs propres intérêts privés étroits est incompatible avec l'économie socialisée dans laquelle opèrent leurs entreprises. L'économie socialisée requiert une coopération multiforme et une distribution multiforme de la valeur que les travailleurs produisent afin de diversifier et de renforcer l'économie et d'humaniser l'environnement social et naturel.

Réclamer la restructuration de l'entreprise et criminaliser les travailleurs qui défendent leurs droits n'a rien à voir avec la négociation d'une convention collective. Ce sont là les mots et les gestes de dictateurs qui veulent saboter un processus civilisé de négociation qui vise à établir un équilibre dans les relations de production. Ces paroles et ces actions d'Alcoa-Rio Tinto sont une menace directe au bien-être des travailleurs et à la viabilité de l'économie socialisée du Québec. Elles sont tout à fait inacceptables et les travailleurs méritent d'être appuyés alors qu'ils font tout ce qu'ils peuvent pour les faire échouer. Les travailleurs du Québec et d'autres endroits prennent des mesures concrètes pour fournir toute l'aide possible aux travailleurs d'ABI et à leur communauté. En nous appuyant sur notre force collective, nous défaisons le défaitisme. C'est cela qu'il faut faire!

(Photos: FO, Métallos)

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Entrevue avec Clément Masse, président
de la section locale 9700 du Syndicat des Métallos

Forum ouvrier : Le syndicat a tenu une assemblée générale de ses membres le 3 juillet dernier au sujet de nouvelles demandes des propriétaires d'ABI qui maintiennent les travailleurs en lockout depuis le 11 janvier. Peux-tu nous en dire plus ?

Clément Masse : Nous avons prix une pause de la médiation qui se tient en ce moment avec l'ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard comme médiateur. Nous sommes allés en assemblée générale pour faire confirmer par nos membres notre enlignement dans la négociation. Les travailleurs ont confirmé la position que nous avons tenue depuis le 21 décembre dernier quand l'employeur a quitté la table de négociation. Nous avions rejeté l'offre mais nous avions indiqué à ce moment-là que nous étions près d'une entente. À l'assemblée du 3 juillet, les travailleurs ont confirmé que nous voulons retourner à la table et terminer la négociation en la reprenant là où elle était rendue en décembre. Ce vote de confirmation et d'appui au comité de négociation a été pris à 90 % en présence d'environ 80 % des membres du syndicat.

Ce n'est pas habituel d'agir ainsi mais l'employeur est arrivé avec de nouvelles demandes à la table de négociation que l'on trouve inacceptables. Nous sommes allés vérifier notre mandat. Bien que cela fasse six mois que nous sommes en lockout, les travailleurs sont derrière nous, ils sont encore solides. Le moral est bon. Les travailleurs ne sont pas à genoux. Si l'employeur pensait pouvoir tasser le syndicat et semer de la division parmi nos membres, il s'est trompé.

La principale nouvelle demande de l'employeur c'est de faire des coupures de postes de l'ordre de 20 % dans les emplois conventionnés qui appartiennent à l'accréditation syndicale. Ils veulent faire ces coupures de postes par attrition, jusqu'à concurrence de 20 % de postes ABI, couverts par l'accréditation syndicale selon notre convention collective. Cela affecte les travailleurs bien sûr, et cela affecte aussi la communauté, parce que l'employeur veut se donner la discrétion de remplacer ces emplois par de la sous-traitance ou des emplois occasionnels, des emplois précaires. C'est comme faire payer la communauté pour leur mauvaise décision de faire un lockout. C'est eux qui ont pris la décision de faire un lockout, ce n'est pas nous. Ils n'ont pas à faire payer la communauté pour cela. Au mois de décembre, l'employeur avait fait une offre finale pour réaliser ses objectifs de productivité. Cette offre était en discussion et ils n'ont pas besoin de couper 20 % des postes sinon pour punir la communauté et les travailleurs pour leurs mauvaises décisions. L'employeur remet aussi en question plusieurs aspects déjà réglés du contrat de travail. Nous n'acceptons pas cette nouvelle demande ni le retour en arrière sur ce qui avait déjà été réglé. Ce n'est pas sérieux après 6 mois de lockout d'agir comme ça. Nous voulons revenir à la table pour de vrai et mettre fin à ce conflit qui est nuisible à la fois pour l'employeur, les travailleurs et la communauté.

Le 6 juillet, nous avons informé le médiateur des résultats de notre assemblée Nous prenons une pause de la médiation pendant toute la semaine. Nos lignes de piquetage sont fortes et les travailleurs sont calmes.

(Photo: FTQ)

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Alexandre Fréchette, président de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos,
parle à Forum ouvrier


Les métallos en lockout manifestent devant l'assemblée des actionnaires d'ABI à Pittsburgh le 9 mai 2018.

La section locale 9400 représente les travailleurs de l'aluminerie de Rio Tinto à Alma au Québec. Son président Alexandre Fréchette explique les efforts de sa section locale et d'autres syndicats pour défendre leurs collègues en lockout à l'aluminerie de Bécancour (ABI) depuis le 11 janvier.

***

Je crois qu'ABI vient de galvaniser les travailleurs et le syndicat avec sa nouvelle demande d'une coupure de 20 % des postes qui appartiennent à l'accréditation syndicale. Le syndicat a obtenu un vote d'appui à 90 % après six mois de conflit. C'est tout un message que les membres ont envoyé. Il y a une grande détermination qui est affichée par ce vote-là.

Je crois que ce que la compagnie vient de faire va être à son désavantage. Si elle voulait tester l'eau, elle vient de voir que les membres ont envoyé le message que cela va prendre une offre qui les satisfait pleinement. Je crois que c'est une erreur de stratégie de la compagnie. Ce que la compagnie vise à faire, c'est de faire peur aux travailleurs. Elle vise à affaiblir le moral du membership. Avec un vote de 90 %, elle a manqué son coup.

Les travailleurs sont déterminés à obtenir satisfaction de leurs revendications qui selon moi sont pleinement justifiées. La compagnie va se retrouver avec des interlocuteurs syndicaux qui sont encore moins enclins à faire des compromis sur leurs revendications. Elle a mis au défi le comité de négociation syndical et je crois qu'elle s'est tirée dans le pied. Cela rend un règlement plus difficile pour ABI.

Le vote des travailleurs, après six mois de lockout, c'est un sujet de grande fierté en ce qui me concerne. Pour le mouvement syndical, c'est tout un message qui est envoyé à des compagnies comme celle-là. Si la compagnie n'en prend pas acte, cela va être difficile tantôt pour elle parce que le syndicat est de plus en plus appuyé. Je crois que c'est le conflit au Québec ces dix dernières années qui bénéficie du plus large appui de tout ce qui existe en fait de syndicats au Québec. Les travailleurs d'ABI ont mobilisé, ils ont appuyé des gens dans leur lutte et cet appui leur est rendu maintenant.

Le baromètre d'appui financier est là mais en arrière ce n'est pas seulement de l'argent, il y a plein de gens qui suivent ce qui se passe et qui les appuient par plusieurs moyens dont les finances. Alcoa et Rio Tinto (les copropriétaires d'ABI) doivent prendre acte du message très puissant que les syndiqués viennent d'envoyer, se rasseoir à la table de négociations et négocier sérieusement et trouver un règlement parce que cela va juste être plus difficile. Ils doivent arrêter de miser sur le fait que les travailleurs vont s'effondrer parce que cela n'arrivera pas. Il faut qu'ils arrêtent de penser faire peur aux gens, il faut abandonner ces stratégies-là de manipulation, parce que de toute façon cela va se régler à la table.

En ce qui nous concerne, nous avons une fraternité avec les gens d'ABI. On se tient proche, on se tient informé. Ce conflit-là c'est notre conflit. On a levé des appuis partout. Le monde de l'aluminium, d'un océan à l'autre, les appuie. Les travailleurs d'ABI ont reçu des appuis financiers des travailleurs de l'aluminerie de Kitimat sur la côte ouest à l'aluminerie de Baie Comeau qui est la dernière aluminerie syndiquée sur la côte est. L'appui qu'ils ont est un précédent qu'on est en train d'accomplir. En ce qui nous concerne, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour aller chercher des appuis. C'est un réflexe qu'on est train de développer et cela, au-delà d'Alcoa et de Rio Tinto.

Ce qu'on est en train de faire, et pour nous, l'éveil est venu pendant le lockout à Alma en 2012, c'est de dire que cela doit être un automatisme, que quand tu en as un dans ta famille qui se bat, va voir tes membres, explique les enjeux, va chercher de l'argent récurrent. [1] Il faut en venir à un mécanisme selon lequel si tu as le goût de te battre, ne te casse pas la tête, les syndicats de l'aluminium vont être derrière toi. Dans l'aluminium et aussi dans l'acier, chez les autres grosses multinationales.

Même les petites sections locales où il y a du monde qui ne gagne pas cher de l'heure, ils mettent des montants, qui sont récurrents. Avec chaque brique, au bout du compte, on va être capable de faire un mur face à ces compagnies-là. Et il va y en avoir d'autres après. À Alma , nous nous sommes votés un fond d'appui aux autres syndicats pour que cela soit automatique, notre cotisation est majorée pour être capable d'aider les travailleurs qui se battent. On donne 25 dollars par travailleur par semaine, 15 000 dollars en tout par semaine. Arvida donne 20 000 dollars par semaine, tous les syndicats de l'aluminium donnent un montant récurrent. L'important du côté récurrent c'est que tu peux le planifier et les compagnies ne peuvent plus miser sur la capacité financière d'un syndicat individuel de mener de front ces batailles-là. Les travailleurs subissent une perte de revenus mais ils ne sont pas dans la rue, ils peuvent venir voir les choses et tenir le temps qu'il faut. C'est bien ancré au sein des Métallos et à cause de notre conflit de 2012 on a développé des liens dans d'autres syndicats et on essaie de mettre cela en branle partout. Il n'y a pas besoin que ce soit des montants fabuleux, cela peut être des montants modestes mais avec une récurrence. Cela pour éviter qu'un syndicat qui a choisi de se battre soit obligé d'accepter des concessions pour des raisons financières.

En ce qui concerne le conflit chez ABI, le plus vite qu'Alcoa-Rio Tinto vont prendre acte du message qui leur a été envoyé, le plus vite ils vont se rasseoir à la table avec un mandat sérieux, le mieux ce sera. Ils vont faire affaire avec des gens qui ont de l'ouverture d'esprit, qui sont capables de trouver des solutions pour régler le conflit pour que les communautés, les travailleurs, les villes, la Mauricie et éventuellement le Québec arrêtent de souffrir de cette prise d'otages-là.

Note


1. Les travailleurs de l'aluminerie de Rio Tinto à Alma au Lac-Saint-Jean ont vécu un lockout de 6 mois en 2012. Ils ont mobilisé un solide appui au Québec et au Canada, dont l'appui des métallos de US Steel à Hamilton, et à l'échelle internationale. Avec de l'appui financier et différentes formes d'appui d'autres travailleurs, ils ont réussi notamment à restreindre l'octroi des emplois de l'accréditation syndicale en sous-traitance, ce qui aurait forcé des travailleurs accomplissant les mêmes tâches à travailler à des salaires et conditions de travail très inférieurs.

(Photos: Métallos)

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La grève à Coquitlam se poursuit

Les travailleurs de casino de Colombie-Britannique rejettent l'entente de principe


Des travailleurs d'autres syndicats participent à un piquetage de solidarité avec les travailleurs du casino Hard Rock le 25 mai 2018.

Les travailleurs en grève au casino Hard Rock de Coquitlam, en Colombie-Britannique, ont rejeté une entente de principe obtenue par médiation entre leur syndicat, le Syndicat des employés du gouvernement de la Colombie-Britannique (BCGEU) et la société mère, Great Canadian Gaming Corporation. Les quelque 400 travailleurs qui voient au fonctionnement des jeux sur table et aux machines à sous, ainsi que les travailleurs dans les cuisines, aux services aux invités, à la salle de comptabilité des jeux, du théâtre et de la sécurité ont déclenché la grève le 11 mai dernier. Ils demandent des salaires et des avantages sociaux qui leur sont acceptables et l' amélioration des conditions et des horaires de travail. Certains travailleurs n'ont pas eu d'augmentation de salaire depuis plus de dix ans et doivent occuper d'autres emplois pour joindre les deux bouts. Les travailleurs sont souvent renvoyés chez eux au milieu de leur quart de travail. Les travailleurs des casinos de la Colombie-Britannique ne touchent qu'un salaire légèrement supérieur au salaire minimum légal de 12,65 $ l'heure mais vivent dans une province où le logement et le coût de la vie montent en flèche.

Les travailleurs se sont affiliés au BCGEU en mai 2016 et tentent de négocier une première convention collective depuis janvier 2017. La compagnie refuse d'offrir des salaires et des avantages acceptables aux travailleurs malgré l'annonce d'une augmentation de 62 % du revenu brut pour le premier trimestre de cette année par rapport à la même période l'an dernier. En février, les travailleurs ont voté à 99,5 % en faveur d'un mandat de grève.

La présidente du BCGEU, Stephanie Smith, a dit au Tri-City News le 6 juillet : « Ils ont voté pour rejeter l'accord et continuer leur lutte sur les lignes de piquetage et j'appuie leur geste. Il y avait trop d'incertitude en ce qui a trait à la sécurité d'emploi et aux mises à pied. » Les travailleurs croient que la compagnie a l'intention d'éliminer progressivement les jeux sur table en faveur de machines à sous demandant moins de main-d'oeuvre ce qui ouvre la voie à beaucoup de mises à pied et surtout à des emplois moins bien rémunérés.

Plusieurs jours après le début de la grève, l'entreprise a repris ses activités, mais des activistes du Centre ouvrier du PCC (M-L) ont remarqué que de nombreux véhicules ont rebroussé chemin et sont repartis après que les occupants eurent discuté de la situation avec les piqueteurs déterminés. Les aires de stationnement semblent être en grande partie vides et les grévistes rapportent que les affaires sont significativement plus au ralenti que d'habitude.

Pendant ce temps, la résistance aux bas salaires et aux mauvaises conditions de travail dans tout le secteur des casinos s'est étendue à l'Okanagan. Les travailleurs des casinos de Vernon, Kelowna, Penticton et Kamloops, également membres du BCGEU, se sont mis en grève le 29 juin. Les 700 travailleurs ont voté à 93 % en faveur de moyens de pression pour défendre leurs droits et leur dignité contre l'intransigeance des propriétaires, Gateway Casinos and Entertainement.

L'industrie du casino et du divertissement est très rentable mais les propriétaires et les opérateurs sont obsédés par l'objectif d'exproprier autant de profits que possible au détriment de leurs travailleurs. Les propriétaires rejettent les demandes des travailleurs pour des conditions de travail et de vie dignes. Les travailleurs ont tout à fait raison de s'organiser et de lutter pour défendre leurs droits. Les gens devraient appuyer activement les travailleurs en grève et boycotter ces entreprises en respectant les lignes de piquetage jusqu'à ce que les travailleurs aient conclu une entente qui leur convient et qu'ils soient retournés au travail. Par un appui mutuel et la solidarité, les travailleurs peuvent accroître leur force collective et individuelle dans la lutte pour défendre les droits de tous.

Les 400 travailleurs du casino Hard Rock et les 700 travailleurs de l'Okanagan en grève se défendent et défendent leurs droits. Leur refus courageux d'être poussés à abandonner leur juste lutte en inspire d'autres qui font face à une situation similaire en Colombie-Britannique. Les travailleurs des services de la Colombie-Britannique, dans tous les secteurs, sont déterminés à revendiquer de manière puissante ce qui leur revient de droit. C'est ainsi qu'ils défendent leurs droits et les droits de tous. Ils méritent l'appui de tous les syndicats et de tous les travailleurs de Colombie-Britannique.


Piquetage des travailleurs en grève du casino Playtime à Kelowna le 4 juillet 2018

(Photos: BCGEU)

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