12 juillet 2018
Les travailleurs de la mine de sel et
la communauté de Goderich luttent pour leurs droits et leur
dignité
Les travailleurs mènent des
actions
pour empêcher Compass Minerals d'opérer avec des scabs
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Les
travailleurs
de
la
mine
de
sel et la communauté de Goderich luttent pour leurs
droits et leur dignité
• Les travailleurs mènent des actions
pour empêcher Compass Minerals d'opérer avec des scabs
Les
propriétaires d'ABI à Bécancour demandent de
nouvelles concessions aux travailleurs en lockout
• Opposons-nous au diktat antisocial du cartel
Alcoa-Rio Tinto - Pierre
Chénier
• Entrevue avec Clément Masse,
président de la section locale 9700 du Syndicat des
Métallos
• Alexandre Fréchette, président
de la section locale 9490 du Syndicat des Métallos, parle
à Forum ouvrier
La grève
à Coquitlam se poursuit
• Les travailleurs de casino de
Colombie-Britannique rejettent l'entente
de principe - Brian
Sproule
Les travailleurs de la mine de sel et la
communauté de Goderich luttent
pour leurs droits et leur
dignité
Les travailleurs mènent des actions pour
empêcher Compass Minerals d'opérer avec des scabs
Les travailleurs de la mine de Goderich, qui appartient
à la firme américaine Compass Minerals, sont en
grève depuis le 27 avril. Ils se sont mis en grève
pour s'opposer aux demandes de concessions inacceptables de Compass.
L'entreprise a refusé de négocier et a fait appel
à des briseurs de grève de l'extérieur
de la
communauté pour poursuivre ses activités.
Le 4 juillet, les travailleurs ont pris des
mesures pour empêcher les scabs d'entrer dans les installations
afin de forcer l'entreprise à reprendre les négociations.
Les travailleurs ont érigé une barricade avec des
palettes en bois et des véhicules pour bloquer l'entrée
de la mine. Pendant ce temps, ils se sont également
rassemblés sur le quai
pour s'assurer qu'il n'y avait pas de scabs qui entraient sur le site
par le lac.
La compagnie fait fonctionner la mine par son personnel
cadre et des briseurs de grève depuis le 27 avril. Les
travailleurs rapportent que chaque jour arrivent des autobus remplis de
briseurs de grève en provenance surtout d'une entreprise de
forage du Nouveau-Brunswick qui ont été amenés par
avion à Goderich alors que d'autres
viennent du Québec. Lorsque les travailleurs ont commencé
à ériger leur barricade, plus de trente scabs
étaient à l'intérieur des installations. Ils ont
ensuite été escortés vers la sortie par les
travailleurs qui scandaient « Solidarité ! Ne revenez
pas ! »
Deux jours plus tard, le 6 juillet, Compass
Minerals a demandé et obtenu une ordonnance du tribunal
stipulant que les travailleurs en grève devaient retirer leur
barricade de palettes et de véhicules le lendemain
à 16 h 30. Les travailleurs ont respecté
l'ordonnance mais peu de temps après le retrait de la barricade
des tracteurs
agricoles ont commencé à arriver pour bloquer
l'accès à l'installation. Le 9 juillet, Compass
Minerals a obtenu une nouvelle ordonnance de la cour qui a forcé
l'enlèvement des tracteurs à l'entrée des
installations de l'entreprise. Les tracteurs ont été
retirés et un accord a été conclu mardi entre
Unifor et Compass Minerals selon lequel les
négociations reprendront le jeudi 12 juillet et les
travailleurs autoriseront l'accès à la mine pendant les
négociations.
La détermination des travailleurs est forte car
les concessions exigées par l'entreprise auront de graves
répercussions sur les conditions de travail, en particulier sur
les conditions de santé et de sécurité. Des
centaines de travailleurs sont venus de partout en Ontario pour appuyer
la juste lutte des travailleurs et participent à des actions qui
sont
maintenant devenues une vigile 24 heures sur 24 et 7
jours sur 7 à la défense des droits des travailleurs
de Goderich. La détermination de la communauté est
également forte. La communauté voit la lutte des
travailleurs de la mine de Compass comme la sienne et des
événements quotidiens sont organisés où un
grand nombre
de personnes, y compris des enfants, participent.
Gary Lynch, président de la section
locale 16-0 d'Unifor, le syndicat qui représente les
travailleurs de Goderich, a expliqué dans une vidéo
l'enjeu lié à l'imposition d' heures
supplémentaires obligatoires, l'une des principales questions en
litige : « Une semaine de travail de soixante heures, suivie
d'une autre semaine de travail de
soixante heures et d'une troisième semaine de travail de
soixante heures et la quatrième semaine est de 72 heures.
Vous pouvez faire face à des mesures disciplinaires et
être renvoyé si vous ne faites pas ces quarts de travail.
Ce n'est que la pointe de l'iceberg car nous faisons face à une
compagnie des États-Unis d'Amérique qui ne se soucie
pas du droit des individus. C'est à cela que nous faisons face
en ce moment. C'est à prendre ou à laisser, nous dit-on.
C'est ainsi que nous sommes traités. L'usine principale se
trouve ici. C'est pour cela qu'ils nous attaquent et ils ont les autres
endroits de travail plus petits dans leur mire, Unity (en Saskatchewan
- FO ) Amherst (en
Nouvelle-Écosse - FO ), notre usine soeur ici en ville,
et c'est là qu'ils vont frapper la prochaine fois. »
Un autre travailleur a expliqué dans la
même vidéo que dans une installation de Compass en
Louisiane, les travailleurs sont forcés de travailler 12
heures avec quatre heures supplémentaires obligatoires, six ou
même sept jours par semaine. Les concessions que demande Compass
ici à Goderich pourraient y créer une situation semblable
si l'entreprise réussit à les imposer.
Appuyons la juste lutte des travailleurs de Goderich et
de la communauté pour leurs droits et leur dignité.
Suivons l'exemple des travailleurs! Défensons les droits de
tous! On peut envoyer des messages d'appui à
president@unifor16.ca.
Les propriétaires d'ABI à
Bécancour demandent de nouvelles concessions
aux travailleurs en
lockout
Opposons-nous au diktat antisocial du cartel Alcoa-Rio
Tinto
- Pierre Chénier -
Rassemblement de solidarité devant
l'aluminerie de Bécancour le 23 mars 2018
Le lockout décrété par Alcoa-Rio
Tinto contre les travailleurs de l'aluminerie ABI à
Bécancour au Québec dure maintenant depuis six mois. La
direction d'ABI vient d'ajouter à ses demandes de concessions.
Pendant les pourparlers de médiation qui se tiennent avec le
médiateur nommé par le gouvernement, l'ancien premier
ministre du
Québec et ancien dirigeant national du Bloc
québécois Lucien Bouchard, la direction d'ABI a
utilisé
l'occasion non pas pour en arriver à une entente mais pour
présenter des demandes additionnelles aux travailleurs.
Les travailleurs de l'aluminerie rapportent qu'ABI
demande une coupure nette de 20 % des emplois qui
appartiennent à l'accréditation syndicale en vertu de la
convention collective. ABI veut les éliminer et les remplacer
par des emplois offerts en sous-traitance ou des emplois occasionnels
à des travailleurs qui ne font pas partie
du syndicat, à des conditions très inférieures
à celles des travailleurs syndiqués. Les travailleurs
rapportent aussi que l'entreprise veut revenir en arrière sur
des éléments qui avaient déjà
été réglés. En assemblée
générale, les travailleurs d'ABI ont massivement
rejeté cette provocation et exigé que des
négociations de bonne foi reprennent pour qu'on
en arrive à une entente qui leur est acceptable.
Par cette coupure de 20 % des emplois
syndiqués, la direction d'ABI veut commencer tout de suite
à mettre à exécution sa menace de restructuration
de mars dernier. À ce moment-là, ABI avait retiré
subitement son offre de la table de négociation en
déclarant que les actions des travailleurs avant le lockout
de 2017 avaient
causé des dommages à l'aluminerie, sur lesquels elle n'a
fourni aucune précision. Au lieu de négocier de bonne foi
et de
conclure une entente qui était à portée de la
main, ABI a menacé de procéder à une
restructuration antiouvrière et a déposé un grief
en
dommages de 19 millions de dollars contre la section
locale 9700 et tous ses officiers. Cette
diversion délibérée a prolongé le lockout
et obligé le syndicat à contester ce grief non
fondé et frauduleux.
Après six mois de lockout, cette nouvelle
demande de restructuration est une attaque brutale contre les
travailleurs et la communauté. La perte de 200 emplois
conventionnés réduirait de beaucoup la masse des
travailleurs de la section locale. La perte de membres du syndicat
aurait notamment pour effet de rendre plus difficile de mener
une lutte efficace à la défense des droits des
travailleurs pour maintenir un certain équilibre entre ce cartel
qui prend ses ordres d'on ne sait où pour servir ses
intérêts privés mondiaux, et les travailleurs, la
communauté et le peuple québécois.
ABI est le plus grand employeur de la région.
Une telle réduction des travailleurs syndiqués
signifierait un abaissement très prononcé des conditions
à l'usine et un appauvrissement de la région par
l'extension des emplois précaires à des salaires
inférieurs et sans régime de retraite à
prestations déterminées. Il s'agit d'un transfert
important de
la valeur nouvelle produite par les travailleurs d'ABI hors de la
région et vers les coffres du cartel mondial. À cette
perte à long terme s'ajouterait la perte de revenus
immédiate que subissent les travailleurs des sous-traitants et
des fournisseurs qui ont été mis à pied depuis le
lockout. Les médias rapportent que plusieurs de ces travailleurs
mis à
pied ont maintenant épuisé ou sont en train
d'épuiser leurs prestations d'assurance-emploi.
En plus de ces pertes énormes subies par la
communauté pendant le lockout, le Syndicat des Métallos
évalue maintenant à environ 108 millions de
dollars le montant qu'ABI a évité de payer à
Hydro-Québec. Le contrat d'approvisionnement en
électricité entre le gouvernement, Hydro-Québec et
ABI stipule entre autres choses qu'une
grève ou un lockout est un cas de « force
majeure » qui libère l'entreprise de son obligation
de payer pour le bloc d'énergie qui lui est
réservé, bien que ce bloc ait déjà
été planifié et produit.
La liste des actions antisociales du cartel mondial
Alcoa-Rio Tinto comprend aussi le refus de l'entreprise de payer les
étudiants au même taux que celui des travailleurs
occasionnels. Le Tribunal des droits de la personne et de la jeunesse a
récemment émis un jugement ordonnant à ABI de
payer les étudiants au même taux que les occasionnels
et ABI a porté ce jugement en appel.
De toute évidence, les intérêts
privés qui contrôlent Alcoa et Rio Tinto sont
obsédés par leurs propres intérêts
étroits, en contradiction avec les intérêts
individuels et collectifs des travailleurs et l'intérêt
général de la société. Ils se moquent bien
que le lockout nuise aux intérêts de 1030
travailleurs et de leur communauté, du vol
d'électricité à Hydro-Québec et de la perte
de valeur de l'économie locale, régionale et
québécoise.
L'affrontement des intérêts se voit
clairement dans un communiqué d'ABI dans lequel la compagnie
essaie de justifier sa demande d'une coupure de 20 % des
emplois de l'accréditation syndicale :
« Actuellement, l'ABI a une occasion d'ajuster sa
structure organisationnelle sans mise à pied en raison d'une
vague de départs à la retraite. Cette année, la
direction d'ABI a effectué une analyse comparative approfondie
afin de tester et de mesurer de nombreuses idées sur la
façon d'améliorer l'usine. La partie de l'aluminerie
actuellement en
opération est efficace et produit un niveau de pureté de
métal inégalé. Les changements proposés
pour un nouveau contrat sont concurrentiels, équitables et
alignés avec l'industrie de l'aluminium au
Québec. »
Alcoa-Rio Tinto ont comme seul objectif d'exproprier la
valeur de l'aluminerie ABI et d'Hydro-Québec et de s'en emparer
afin de servir leurs intérêts
privés mondiaux. Ils ne s'intéressent manifestement pas
au bien-être du peuple québécois et à
l'utilisation de la valeur nouvelle que les travailleurs produisent
pour la reproduction élargie de l'économie
locale et québécoise.
ABI écrit : « La partie de
l'aluminerie actuellement en opération est efficace et produit
un niveau de pureté de métal
inégalé ». Cette phrase qui se
réfère à la production qui est faite pendant le
lockout est semblable à ce que Rio Tinto a dit de la production
qui a été faite quand il a mis en lockout pendant six
mois les travailleurs
d'Alma en 2012. Lorsque les travailleurs d'Alma ont repris le
travail, cela leur a pris environ un an de lutte soutenue pour
rétablir les conditions de santé et de
sécurité qui étaient en vigueur avant le lockout.
Cette opération « efficace » et d'une
pureté inégalée » avait
été réalisée en démantelant
plusieurs des mesures et des
conditions de santé et de sécurité pendant le
lockout.
Le caractère frauduleux du communiqué
d'ABI provient de l'objectif impérialiste qui guide les demandes
visant à garantir la pérennité de l'usine. Les
cartels mondiaux comme Alcoa-Rio Tinto utilisent leur pouvoir pour
extraire des concessions partout où ils exercent leurs
activités. Ils ont recours aux lockouts et à d'autres
moyens pour
maximiser la quantité de valeur qu'ils exproprient et manipuler
les prix de marché à leur avantage. Leurs actions qui
servent leur objectif impérialiste provoquent et contribuent aux
crises économiques récurrentes et aux problèmes
non résolus qui rongent l'économie et la
société. Leur obsession pour leurs propres
intérêts privés étroits est
incompatible avec l'économie socialisée dans laquelle
opèrent leurs entreprises. L'économie socialisée
requiert une coopération multiforme et une distribution
multiforme de la valeur que les travailleurs produisent afin de
diversifier et de renforcer l'économie et d'humaniser
l'environnement social et naturel.
Réclamer la restructuration de l'entreprise et
criminaliser les travailleurs qui défendent leurs droits
n'a rien à voir avec la négociation d'une convention
collective. Ce sont là les mots et les gestes de dictateurs qui
veulent saboter un processus civilisé de négociation qui
vise à établir un équilibre dans les relations de
production. Ces
paroles et ces actions d'Alcoa-Rio Tinto sont une menace directe au
bien-être des travailleurs et à la viabilité de
l'économie socialisée du Québec. Elles sont tout
à fait inacceptables et les travailleurs méritent
d'être appuyés alors qu'ils font tout ce qu'ils peuvent
pour les faire échouer. Les travailleurs du Québec et
d'autres endroits prennent des mesures concrètes pour fournir
toute l'aide possible aux travailleurs d'ABI et à leur
communauté. En nous appuyant sur notre force collective, nous
défaisons le défaitisme. C'est cela qu'il faut faire!
(Photos: FO,
Métallos)
Entrevue avec Clément Masse, président
de
la section locale 9700 du Syndicat des Métallos
Forum ouvrier : Le
syndicat a tenu une assemblée générale de ses
membres le 3 juillet dernier au sujet de nouvelles demandes des
propriétaires d'ABI qui maintiennent les travailleurs en lockout
depuis le 11 janvier. Peux-tu nous en dire plus ?
Clément Masse :
Nous avons prix une pause de la médiation qui se tient en ce
moment avec l'ancien premier ministre du Québec Lucien Bouchard
comme médiateur. Nous sommes allés en assemblée
générale pour faire confirmer par nos membres notre
enlignement dans la négociation. Les travailleurs ont
confirmé la
position que nous avons tenue depuis le 21 décembre dernier
quand l'employeur a quitté la table de négociation. Nous
avions rejeté l'offre mais nous avions indiqué à
ce moment-là que nous étions près d'une entente.
À l'assemblée du 3 juillet, les travailleurs ont
confirmé que nous voulons retourner à la table et
terminer la négociation
en la reprenant là où elle était rendue en
décembre. Ce vote de confirmation et d'appui au comité de
négociation a été pris à 90 % en
présence d'environ 80 % des membres du syndicat.
Ce n'est pas habituel d'agir ainsi mais l'employeur est
arrivé avec de nouvelles demandes à la table de
négociation que l'on trouve inacceptables. Nous sommes
allés vérifier notre mandat. Bien que cela fasse six mois
que nous sommes en lockout, les travailleurs sont derrière nous,
ils sont encore solides. Le moral est bon. Les travailleurs ne
sont pas à genoux. Si l'employeur pensait pouvoir tasser le
syndicat et semer de la division parmi nos membres, il s'est
trompé.
La principale nouvelle demande de l'employeur c'est de
faire des coupures de postes de l'ordre de 20 % dans les
emplois conventionnés qui appartiennent à
l'accréditation syndicale. Ils veulent faire ces coupures de
postes par attrition, jusqu'à concurrence de 20 % de
postes ABI, couverts par l'accréditation syndicale
selon notre convention collective. Cela affecte les travailleurs bien
sûr, et cela affecte aussi la communauté, parce que
l'employeur veut se donner la discrétion de remplacer ces
emplois par de la sous-traitance ou des emplois occasionnels, des
emplois précaires. C'est comme faire payer la communauté
pour leur mauvaise décision de faire un
lockout. C'est eux qui ont pris la décision de faire un lockout,
ce n'est pas nous. Ils n'ont pas à faire payer la
communauté pour cela. Au mois de décembre, l'employeur
avait fait une offre finale pour réaliser ses objectifs de
productivité. Cette offre était en discussion et ils
n'ont pas besoin de couper 20 % des postes sinon pour punir
la communauté et les travailleurs pour leurs mauvaises
décisions. L'employeur remet aussi en question plusieurs aspects
déjà réglés du contrat de travail. Nous
n'acceptons pas cette nouvelle demande ni le retour en arrière
sur ce qui avait déjà été
réglé. Ce n'est pas sérieux après 6
mois de lockout d'agir comme ça. Nous voulons revenir à
la
table pour de vrai et mettre fin à ce conflit qui est nuisible
à la fois pour l'employeur, les travailleurs et la
communauté.
Le 6 juillet, nous avons informé le
médiateur des résultats de notre assemblée Nous
prenons une pause de la médiation pendant toute la semaine. Nos
lignes de piquetage sont fortes et les travailleurs sont calmes.
Alexandre Fréchette, président de la
section locale 9490 du Syndicat des Métallos,
parle
à Forum ouvrier
Les métallos en lockout manifestent
devant l'assemblée des actionnaires d'ABI à Pittsburgh
le 9 mai 2018.
La section locale 9400
représente les travailleurs de l'aluminerie de Rio Tinto
à Alma au Québec. Son président Alexandre
Fréchette
explique les efforts de sa section locale et d'autres syndicats pour
défendre leurs collègues en lockout à
l'aluminerie de Bécancour (ABI) depuis le 11 janvier.
***
Je crois qu'ABI vient de galvaniser les travailleurs et
le syndicat avec sa nouvelle demande d'une coupure de 20 %
des postes qui appartiennent à l'accréditation syndicale.
Le syndicat a obtenu un vote d'appui à 90 %
après six mois de conflit. C'est tout un message que les membres
ont envoyé. Il y a une grande
détermination qui est affichée par ce vote-là.
Je crois que ce que la compagnie vient de faire va
être à son désavantage. Si elle voulait tester
l'eau, elle vient de voir que les membres ont envoyé le message
que cela va prendre une offre qui les satisfait pleinement. Je crois
que c'est une erreur de stratégie de la compagnie. Ce que la
compagnie vise à faire, c'est de faire peur aux
travailleurs. Elle vise à affaiblir le moral du membership. Avec
un vote de 90 %, elle a manqué son coup.
Les travailleurs sont déterminés à
obtenir satisfaction de leurs revendications qui selon moi sont
pleinement justifiées. La compagnie va se retrouver avec des
interlocuteurs syndicaux qui sont encore moins enclins à faire
des compromis sur leurs revendications. Elle a mis au défi le
comité de négociation syndical et je crois qu'elle s'est
tirée
dans le pied. Cela rend un règlement plus difficile pour ABI.
Le vote des travailleurs, après six mois de
lockout, c'est un sujet de grande fierté en ce qui me concerne.
Pour le mouvement syndical, c'est tout un message qui est envoyé
à des compagnies comme celle-là. Si la compagnie n'en
prend pas acte, cela va être difficile tantôt pour elle
parce que le
syndicat est de plus en plus appuyé. Je crois que c'est le
conflit au Québec ces dix dernières années qui
bénéficie du plus large appui de tout ce qui existe en
fait de syndicats au Québec. Les travailleurs d'ABI ont
mobilisé, ils ont appuyé des gens dans leur lutte et cet
appui leur est rendu maintenant.
Le baromètre d'appui financier est là
mais en arrière ce n'est pas seulement de l'argent, il y a plein
de gens qui suivent ce qui se passe et qui les appuient par plusieurs
moyens dont les finances. Alcoa et Rio Tinto (les
copropriétaires d'ABI) doivent prendre acte du message
très puissant que les syndiqués viennent d'envoyer, se
rasseoir à la
table de négociations et négocier sérieusement et
trouver un règlement parce que cela va juste être plus
difficile. Ils doivent arrêter de miser sur le fait que les
travailleurs vont s'effondrer parce que cela n'arrivera pas. Il faut
qu'ils arrêtent de penser faire peur aux gens, il faut abandonner
ces stratégies-là de manipulation, parce que de toute
façon
cela va se régler à la table.
En ce qui nous concerne, nous avons une
fraternité avec les gens d'ABI. On se tient proche, on se tient
informé. Ce conflit-là c'est notre conflit. On a
levé des appuis partout. Le monde de l'aluminium, d'un
océan à l'autre, les appuie. Les travailleurs d'ABI ont
reçu des appuis financiers des travailleurs de l'aluminerie de
Kitimat sur la côte
ouest à l'aluminerie de Baie Comeau qui est la dernière
aluminerie syndiquée sur la côte est. L'appui qu'ils ont
est un précédent qu'on est en train d'accomplir. En ce
qui nous concerne, nous avons fait tout ce que nous pouvions pour aller
chercher des appuis. C'est un réflexe qu'on est train de
développer et cela, au-delà d'Alcoa et de Rio Tinto.
Ce qu'on est en train de faire, et pour nous, l'éveil est venu
pendant le lockout à Alma en 2012, c'est de dire que cela
doit être un automatisme, que quand tu en as un dans ta famille
qui se bat, va voir tes membres, explique les enjeux, va chercher de
l'argent récurrent. [1]
Il faut en venir à un
mécanisme selon lequel si tu as le goût de te battre, ne
te casse pas la tête, les syndicats de l'aluminium vont
être derrière toi. Dans l'aluminium et aussi dans l'acier,
chez les autres grosses multinationales.
Même les petites sections locales où il y
a du monde qui ne gagne pas cher de l'heure, ils mettent des montants,
qui sont récurrents. Avec chaque brique, au bout du compte, on
va être capable de faire un mur face à ces
compagnies-là. Et il va y en avoir d'autres après.
À Alma , nous nous sommes votés un fond d'appui aux
autres syndicats
pour que cela soit automatique, notre cotisation est majorée
pour être capable d'aider les travailleurs qui se battent. On
donne 25 dollars par travailleur par semaine, 15 000
dollars en tout par semaine. Arvida donne 20 000 dollars par
semaine, tous les syndicats de l'aluminium donnent un montant
récurrent.
L'important du côté récurrent c'est que tu peux le
planifier et les compagnies ne peuvent plus miser sur la
capacité financière d'un syndicat individuel de mener de
front ces batailles-là. Les travailleurs subissent une perte de
revenus mais ils ne sont pas dans la rue, ils peuvent venir voir les
choses et tenir le temps qu'il faut. C'est bien ancré au sein
des Métallos et à cause de notre conflit de 2012 on
a développé des liens dans d'autres syndicats et on
essaie de mettre cela en branle partout. Il n'y a pas besoin que ce
soit des montants fabuleux, cela peut être des montants modestes
mais avec une récurrence. Cela pour éviter qu'un syndicat
qui a choisi de se battre soit obligé d'accepter
des concessions pour des raisons financières.
En ce qui concerne le conflit chez ABI, le plus vite
qu'Alcoa-Rio Tinto vont prendre acte du message qui leur a
été envoyé, le plus vite ils vont se rasseoir
à la table avec un mandat sérieux, le mieux ce sera. Ils
vont faire affaire avec des gens qui ont de l'ouverture d'esprit, qui
sont capables de trouver des solutions pour régler le conflit
pour
que les communautés, les travailleurs, les villes, la Mauricie
et éventuellement le Québec arrêtent de souffrir de
cette prise d'otages-là.
Note
1. Les travailleurs de l'aluminerie de Rio Tinto
à
Alma au Lac-Saint-Jean ont vécu un lockout de 6 mois
en 2012. Ils ont mobilisé un solide appui au Québec
et au Canada, dont l'appui des métallos de US Steel à
Hamilton, et à l'échelle internationale. Avec de l'appui
financier et différentes formes d'appui d'autres travailleurs,
ils
ont réussi notamment à restreindre l'octroi des emplois
de l'accréditation syndicale en sous-traitance, ce qui aurait
forcé des travailleurs accomplissant les mêmes
tâches à travailler à des salaires et conditions de
travail très inférieurs.
La grève à Coquitlam se
poursuit
Les travailleurs de casino de Colombie-Britannique
rejettent l'entente de principe
- Brian Sproule -
Des travailleurs d'autres syndicats
participent à un piquetage de solidarité avec les
travailleurs du casino Hard Rock le 25 mai 2018.
Les travailleurs en grève au casino Hard Rock de
Coquitlam, en Colombie-Britannique, ont rejeté une entente de
principe obtenue par médiation entre leur syndicat, le Syndicat
des employés du gouvernement de la Colombie-Britannique (BCGEU)
et la société mère, Great Canadian Gaming
Corporation. Les quelque 400 travailleurs
qui voient au fonctionnement des jeux sur table et aux machines
à sous, ainsi que les travailleurs dans les cuisines, aux
services aux invités, à la salle de comptabilité
des jeux, du théâtre et de la sécurité ont
déclenché la grève le 11 mai dernier. Ils
demandent des salaires et des avantages sociaux qui leur sont
acceptables et l' amélioration des
conditions et des horaires de travail. Certains travailleurs n'ont pas
eu d'augmentation de salaire depuis plus de dix ans et doivent occuper
d'autres emplois pour joindre les deux bouts. Les travailleurs sont
souvent renvoyés chez eux au milieu de leur quart de travail.
Les travailleurs des casinos de la Colombie-Britannique ne touchent
qu'un salaire
légèrement supérieur au salaire minimum
légal de 12,65 $ l'heure mais vivent dans une province
où le logement et le coût de la vie montent en
flèche.
Les travailleurs se sont affiliés au BCGEU en
mai 2016 et tentent de négocier une première
convention collective depuis janvier 2017. La compagnie refuse
d'offrir des salaires et des avantages acceptables aux travailleurs
malgré l'annonce d'une augmentation de 62 % du revenu
brut pour le premier trimestre de cette
année par rapport à la même période l'an
dernier. En février, les travailleurs ont voté
à 99,5 % en faveur d'un mandat de grève.
La présidente du BCGEU, Stephanie Smith, a dit
au Tri-City News le 6 juillet : « Ils
ont voté pour rejeter l'accord et continuer leur lutte sur les
lignes de piquetage et j'appuie leur geste. Il y avait trop
d'incertitude en ce qui a trait à la sécurité
d'emploi et aux mises à pied. » Les travailleurs
croient que
la compagnie a l'intention d'éliminer progressivement les jeux
sur table en faveur de machines à sous demandant moins de
main-d'oeuvre ce qui ouvre la voie à beaucoup de mises à
pied et surtout à des emplois moins bien
rémunérés.
Plusieurs jours après le début de la
grève, l'entreprise a repris ses activités, mais des
activistes du Centre ouvrier du PCC (M-L) ont remarqué que de
nombreux véhicules ont rebroussé chemin et sont repartis
après que les occupants eurent discuté de la situation
avec les piqueteurs déterminés. Les aires de
stationnement semblent être en grande
partie vides et les grévistes rapportent que les affaires sont
significativement plus au ralenti que d'habitude.
Pendant ce temps, la résistance aux bas salaires
et aux mauvaises conditions de travail dans tout le secteur des casinos
s'est étendue à l'Okanagan. Les travailleurs des casinos
de Vernon, Kelowna, Penticton et Kamloops, également membres du
BCGEU, se sont mis en grève le 29 juin. Les 700
travailleurs ont voté
à 93 % en faveur de moyens de pression pour
défendre leurs droits et leur dignité contre
l'intransigeance des propriétaires, Gateway Casinos and
Entertainement.
L'industrie du casino et du divertissement est
très rentable mais les propriétaires et les
opérateurs sont obsédés par l'objectif
d'exproprier autant de profits que possible au
détriment de leurs travailleurs. Les propriétaires
rejettent les demandes des travailleurs pour des conditions de travail
et de vie dignes. Les travailleurs ont tout à fait raison de
s'organiser et de lutter pour défendre leurs droits. Les gens
devraient appuyer activement les travailleurs en grève et
boycotter ces entreprises en respectant les lignes de
piquetage jusqu'à ce que les travailleurs aient conclu une
entente qui leur convient et qu'ils soient retournés au travail.
Par un appui mutuel et la solidarité, les travailleurs peuvent
accroître leur force collective et individuelle dans la lutte
pour défendre les droits de tous.
Les 400 travailleurs
du casino Hard Rock et les 700 travailleurs de l'Okanagan en
grève se défendent et défendent leurs droits. Leur
refus courageux d'être poussés à abandonner leur
juste
lutte en inspire d'autres qui font face à une situation
similaire en Colombie-Britannique. Les travailleurs des services de la
Colombie-Britannique, dans
tous les secteurs, sont déterminés à revendiquer
de manière puissante ce qui leur revient de droit. C'est ainsi
qu'ils défendent leurs droits et les droits de tous. Ils
méritent l'appui de tous les syndicats et de tous les
travailleurs de Colombie-Britannique.
Piquetage des travailleurs en grève du casino
Playtime à Kelowna le 4 juillet 2018
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